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"Au bonheur d'Elise"
26 octobre 2008

ABA et traitement de l’autisme : le point pour mieux comprendre

   

Il me semble important que chacun soit informé autant que faire ce peut sur les différentes méthodes et de ce point de vue l'article rédigé par Karin Alt me semble exemplaire et salutaire ... pour tous ceux qui cherche à se faire une opinion ou sont en quête de solution pour leur enfant - l'info encore une fois je l'ai trouvée grâce à un intervenant du groupe "autisme" de yahoo - (jjdupuis)

Karina Alt

Docteur en Ethnologie de l’Université de Paris X - Nanterre, 1998 Diplôme Universitaire en Analyse du Comportement appliquée aux troubles du Développement de l’Enfant et de l’Adolescent, 2007 Secrétaire Générale de l’Association Léa pour Samy - La Voix de l’Enfant Autiste- Action Internationale pour combattre l’Autisme (...)

Les pratiques thérapeutiques concernant l’autisme en France restent insufisemment évaluées d’après les associations de parents. La méthode ABA (Applied Behavioral Analysis), qui consiste en une analyse du comportement, associée à une intervention intensive visant à obtenir une meilleure intégration des enfants autistes grâce à l’augmentation des comportements jugés adaptés, connait un engouement certain parmi les parents, mais l’absence de règlementation entraîne sur le terrain une confusion de la part des parents qui y ont recours et des abus de certains professionnels.

Le présent article n’a que la prétention de clarifier les choses afin de permettre aux parents intéressés de choisir en toute connaissance de cause, la meilleure voie thérapeutique pour leur enfant, tout en leur évitant les pièges de professionnels peu scrupuleux, qui n’hésitent pas à exploiter ce marché « juteux » que constitue leur détresse, fût-elle induite par les carences thérapeutiques de l’Etat en matière d’autisme, puisque les seules thérapies aujourd’hui remboursées (psycho-dynamiques, psychanalytiques) ne présentent aucun résultat validé par la recherche scientifique internationale.

L’ Autisme et le traitement ABA

Le diagnostic d’autisme* se pose lorsqu’une personne présente au moins 6 sortes de comportement spécifiques dans 3 catégories de déficit : interaction, communication, comportement et intérêt sociaux. * (Selon la DSM-4)

Quelques exemples de déficit :

-Catégorie interaction : contact visuel défaillant, manque de relations avec ses pairs, manque d’attention conjointe,

-Communication : absence de langage, ou stéréotypies verbales sans fonction de communication (écholalies),

-Comportement et intérêts sociaux  : intérêts restreints, mouvements répétitifs ou stéréotypies gestuelles, comportements hétéro ou auto agressifs,

-Ces symptômes se présentent avant l’âge de 3 ans et ne doivent pas être attribués à un autre problème (ex syndrome de Rett).

La science du comportement a démontré par ses applications que les enfants atteints d’autisme pouvaient aussi apprendre de leur environnement, pour peu qu’on l’aménage afin de faciliter leurs apprentissages.

L’ABA (Applied Behavior Analysis) ou analyse comportement, lorsqu’elle est appliquée aux personnes atteintes d’autisme, se fonde sur la réduction des comportements inappropriés, l’augmentation de la communication, des apprentissages et de comportement sociaux appropriés, au moyens de techniques particulières issues de la science du comportement, en vue d’une rééducation des domaines de compétences déficitaires chez les personnes traitées. Nous tenons à souligner que ce qui est définit comme comportement inapproprié, indésirable, inadapté versus approprié, désirable ou adapté, ne découle pas d’un choix arbitraire des comportementalistes, niant les aspects intrinsèques et individuels des personnes atteintes d’autisme, mais plutôt, d’un choix fait en fonction de l’environnement, des contraintes sociales, des besoins directs des personnes par rapport à leur participation harmonieuse dans la société dans laquelle ils évoluent.

En l’absence de codification officielle, et de la rareté des thérapeutes qualifiés, il est aujourd’hui en France difficile pour un parent de savoir où s’adresser, qui embaucher, pour avoir un traitement de qualité. De même comme il existe différentes variantes dans l’application et différents courants ABA et il est tout aussi difficile pour les parents de déterminer quel sera le meilleur traitement, le meilleur thérapeute, les prix acceptables, le nombre d’heures assurant pour leur enfant un traitement optimum etc...

Le présent article n’a que la prétention de clarifier les choses afin de permettre aux parents intéressés de choisir en toute connaissance de cause, la meilleure voie thérapeutique pour leur enfant, tout en leur évitant les pièges de professionnels peu scrupuleux, qui n’hésitent pas à exploiter ce marché « juteux » que constitue leur détresse, fût-elle induite par les carences thérapeutiques de l’Etat en matière d’autisme, puisque les seules thérapies aujourd’hui remboursées (psycho-dynamiques, psychanalytiques) ne présentent aucun résultat validé par la recherche scientifique internationale.

Dès lors, un bref rappel historique s’avère nécessaire pour faire ainsi un état des lieux des différentes pratiques actuelles de l’ABA. En raison d’une documentation croissante des textes de vulgarisation sur l’ABA, et puisque notre objectif n’est pas de faire un exposé théorique nous ne décrirons pas les principes de l’ABA, et nous nous contenterons d’un simple lexique à la fin de cet article.

1.Un rappel historique : de la science pure aux différentes applications actuelles de la science du comportement

C’est John Watson qui en 1913 fut le premier a proposer l’observation des comportements comme pouvant être un sujet d’étude de la psychologie en montrant que les comportements pouvaient être contrôlés par l’environnement. Ce fut le début du behaviorisme ; ensuite B.F. Skinner, clarifia les différences entre le conditionnement répondant (les recherches de Pavlov sur les réflexes conditionnés) et le conditionnement opérant, qui explique comment le contrôle des conséquences des comportements, permet de faire varier les occurrences d’un comportement, c’est-à-dire augmenter ou diminuer la fréquence d’apparition des comportements en fonction de l’environnement.

Skinner a ainsi défini différents principes scientifiques afin d’y arriver, comme le renforcement, les guidances, l’estompage, le façonnage, les programmes de renforcement, etc ... Mais avec lui, on est là, au niveau de la théorie scientifique pure de l’analyse du comportement. L’ABA (ou analyse du comportement appliqué) est l’application de ces principes scientifiques et si l’on a tendance à dire qu’il existe « différentes méthodes ABA », cela signifie qu’il existe différentes façons d’appliquer les principes décrits en science du comportement.

En 1960, c’est Ivar O. Lovaas qui sera un des premiers à appliquer les principes de la science du comportement à l’enseignement des enfants atteints d’autisme.

Aujourd’hui, différentes confusions persistent, on l’appelle méthode de conditionnement en raison de ces origines historiques, ou bien « méthode Lovaas » du fait qu’il fut le premier à appliquer et à évaluer les principes décrits en science du comportement. Mais s’il est vrai que Lovaas a été un des précurseurs de l’application thérapeutique à l’autisme des théories scientifiques décrites par John Watson au début du 20 siècle et ensuite poursuivies par BF Skinner (SKINNER, 2005) en science du comportement, les progrès scientifiques font que aujourd’hui on n’applique plus des programmes ABA sur des personnes atteintes d’autisme, tels que Lovaas ou d’autres le faisait dans les années 70, un exemple, on a plus recours à l’emploi de techniques aversives systématiques.

Nous rappellerons que le renforcement d’un comportement souhaité est en ABA, un des principes les plus importants. Ce principe indique que n’importe quelle chose qui se passe juste après un comportement et qui augmente sa probabilité de répétition dans le futur est un renforçateur, pour ce comportement. En vertu de ce principe, si l’on veut augmenter un comportement cible, il faut délivrer immédiatement après son apparition un renforçateur. Les procédures de renforcements sont multiples en ABA, les thérapeutes doivent les employer dans des programmes individualisés propres à chaque sujet.

2.Les différentes pratiques de l’ABA

Il existe en effet différentes façons de travailler en ABA. DTT, VB, NET, ITT, sont autant de sigles que l’on peut rencontrer dans le jargon ABA : nous allons rapidement passer en revue les différents modèles.

Mais il faut garder à l’esprit qu’il s’agit toujours de la même science dans ses différentes applications et que le choix du modèle à appliquer à un enfant doit reposer sur les compétences, les besoins et le niveau, les évaluations de l’enfant lui-même, et non des domaines uniquement maitrisés par les thérapeutes par exemple.

A ) Le modèle Lovaas : le modèle UCLA

La méthode Lovaas, ou DTT Discreat Trial teaching (enseignements par essais distincts) de type de Lovaas, que l’auteur décrit dans son livre « the me book » (Lovaas 1981)

Sommairement quelques particularités qui serviront d’éléments de comparaison avec les autres modèles  : l’essentiel de l’enseignement est donné à table et généralisé dans différents environnements, par différentes personnes. L’environnement naturel est exploité comme des pauses entre deux séances. Les demandes sont considérées comme faisant partie du langage évolué et l’enseignement du langage débute avec le développement des compétences d’imitation verbale. Les compétences sont enseignées en général séparément avant d’être confrontées à différents distracteurs, et/ou environnements.

Mais c’est surtout à Lovaas que l’on doit la première étude scientifique attestant de l’efficacité sur des enfants atteints d’autisme du traitement comportemental. Il a commencé ainsi, une étude sur cette forme d’intervention comportementale intensive et innovante sur des jeunes enfants atteints d’autisme dont les résultats seront publiés en 1987 (Lovaas, 1987). Il y montre que presque la moitié des enfants du groupe expérimental (47%), c’est-à-dire ceux qui reçurent le traitement comportemental intensif (plus de 40 heures semaine), arrivent à un fonctionnement comparable à celui de leurs pairs non autistes leur permettant d’intégrer le système éducatif classique sans nécessiter d’aide et ont un gain de QI de 30 points en moyenne, après trois ans de traitement, contrairement aux enfants du groupe de contrôle ( qui ne sont que 2% à atteindre les mêmes résultats). Et parallèlement, l’autre moitié du groupe expérimental a eu des améliorations significatives. L’étude incluait trois groupes d’enfants qui furent diagnostiqués autistes indépendamment par des médecins ou des psychologues. Tous les enfants avaient moins de 4 ans avant de commencer le traitement.

Des études de suivi faites lorsque ces mêmes enfants avaient 12 ans, (McEachin, Smith & Lovaas, 1993), ou étaient devenus adultes (Smith, Wynn, & Lovaas, 1997) confirmèrent que les personnes du groupe expérimental avaient conservé leurs acquis sans autre intervention contrairement au groupe de contrôle.

Cette étude a été depuis lors, plusieurs fois répliquée, avec différentes variantes entre autres, (Satcher 1999), (Sallows § Graupner, 1999), mais aussi critiquée au niveau de sa méthodologie (mesures d’évaluation et pose de diagnostic) (Schopler, Short & Mesibov , 1989 ; Mesibov , 1993 ; Mundy, 1993).

b) Autism Partnership : Ron Leaf, John McEachin.

Etudiants de Lovaas ayant participé au programme d’intervention clinique Lovaas à l’UCLA (University of California, Los Angeles), Ron Leaf etJohn McEachin ont développé un programme fondé sur le modèle Lovaas mais avec des enfants allant au-delà de l’âge préscolaire (6,7 ans), en collaboration avec des enseignants spécialisés, des orthophonistes, des enseignants et des parents.

Les principales caractéristiques sont un programme basé sur le DTT, de 30 heures minimum pour une durée d’au moins de 2 ans dans un environnement adapté, en incluant les parents comme partenaires de l’équipe thérapeutique. Le but étant que l’enfant soit en interaction constante avec son environnement au lieu de s’engager dans des comportements auto-stimulants. L’intervention commence après un mois de prise de contact et de familiarisation de l’enfant avec le thérapeute. Mois pendant lequel on établit la liste des agents renforçateurs, puis on commence l’enseignement par DTT à la table, en fin de traitement on diminue l’enseignement à table pour passer à l’environnement naturel, puis à l’enseignement au sein d’un groupe .

Les équipes intervenant auprès de l’enfant doivent être convenablement supervisées par un thérapeute qualifié et la fréquence de ces supervisions dépend directement du niveau de compétence et de technique de l’équipe, de la complexité des programmes et du temps de traitement effectif avec les enfants. Leur application de l’ABA est décrite dans leur ouvrage : « Autisme et A.B.A, une pédagogie du progrès »(Ron LEAF, John McEACHIN, 2006). Ils offrent aussi des formations théoriques et pratiques, pour les familles, les thérapeutes, intervenants et enseignants, des évaluations, des consultations et des supervisions.

c) Le modèle PECS : Andrew Bondy & Lori Frost

Le PECS ou Picture Exchange Communication System (ou système de communication par échange d’images) est l’amalgame de l’ABA avec le traitement des pathologies du langage.

Les techniques d’enseignement découlent de l’ABA, on y trouvera le renforcement, les guidances, le façonnage, l’estompage etc... Mais il est surtout un système dit augmentatif de la communication et du langage.

Il existe différentes phases d’enseignements que nous survolerons uniquement car chaque phase a différents niveaux de compétences enseignés afin d’atteindre l’objectif final :

-Phase 1 : afin d’obtenir un objet désiré, l’enfant doit être capable de prendre l’image de l’objet et la donner à une personne en échange de celui-ci ;

-Phase 2 : l’enfant, loin de son classeur d’images et loin de la personne qui a l’objet convoité, doit être capable de se diriger vers l’image de l’objet, la décrocher et la donner au partenaire de communication ;

-Phase 3 : discriminer les différentes images ;

-Phase 4 : utilisation d’une bande phrase : ex « je veux une voiture » ;

-Phase 5 : réponse à la question « qu’est ce que tu veux » ;

-Phase 6 : faire des commentaires et des réponses élaborées.

d) Le Modèle Eden : David Holmes

Inexistant en France pour l’instant. Il a été développé aux alentours de 1975, au sein d’une école privée par un ancien élève de Lovaas : David Holmes. Ce modèle base son enseignement sur des techniques issues de l’ABA en ce qui concerne la réduction ou l’augmentation des comportements et l’enseignement, mais aussi l’utilisation des techniques aversives si nécessaire, tout en s’efforçant d’intégrer à un moindre niveau d’autres approches comme l’intégration sensorielle.

L’enseignement est divisé en 5 niveaux de compétences progressifs, que nous ne détaillerons pas ici mais que David Holmes (1997) décrit dans son ouvrage «  Autism through the Life span ; The Eden Model ». Cette approche offre aussi comme les autres formations, entraînement, évaluation, programmes et supervision des équipes.

e) Verbal Behavior ou comportement verbal

Aujourd’hui, avec la mouvance VB, développée par Jim Partington, Marc Sundberg, Jack Michael et Vince Carbone, de nouvelles techniques d’enseignement ont vu le jour basées sur les théories de Skinner publiées dans son ouvrage sur le comportement verbal. (Skinner, 1957).

Ce livre est plus une interprétation des différents comportements qu’il a observé que des recherches expérimentales, qui ont eu lieu plus tard.

Il y postule l’existence de différents opérants verbaux (mands, tacts, intraverbaux), dont se servent aujourd’hui les thérapeutes ABA VB, pour développer les compétences de langage.

De nos jours, le modèle VB analyse le langage moins dans sa forme (verbes mots, grammaire) que dans sa fonction (ce à quoi il sert). Les propriétés fonctionnelles du langage sont ainsi les stimuli qui précèdent les comportements verbaux, la motivation et les conséquences  contrôlent la réponse.

Les programmes sont faits pour enseigner les comportements verbaux dans leur contexte fonctionnel. Le modèle VB est un modèle de traitement intensif qui s’attaque à développer le langage aussi rapidement que possible en utilisant un enseignement structuré direct et intensif (ITT ou enseignement à table), rapidement couplé à un enseignement dans l’environnement naturel (NET).

Afin d’identifier les compétences de développement langagières Sundberg et Partington ont développé un outil d’évaluation l’ABLLS (The Assessment of Basic Language of Learning Skill en français : évaluations sur le langage basique et les compétences d’apprentissage) qui permet d’établir des programmes éducatifs particuliers, progressifs et correspondant aux compétences non acquises.

L’ABLLS étant une évaluation basée sur l’analyse comportementale du langage, il cherche à identifier les pré-requis au langage que l’enfant a acquis, la qualité la diversité et l’organisation de ses verbalisations, leur fréquence, les contextes dans lesquels il utilise le langage. Mais il est utile surtout si l’on met en place un programme comportemental de type Verbal Behavior par la suite.

Mais la singularité des VB a été d’utiliser motivation naturelle de l’enfant pour s’en servir afin de faciliter les apprentissages ; et lorsque cette motivation n’est pas présente, de la susciter avant d’entreprendre un quelconque traitement. Avant de commencer les programmes, les thérapeutes, les lieux d’enseignement sont associés à des activités plaisantes et renforçantes pour l’enfant (pairing). Le principe posé est que la motivation est le meilleur moteur des apprentissages chez l’individu. Chez les personnes atteintes d’autisme c’est le renforçateur qui va permettre d’arriver à une appétence naturelle pour l’activité enseignée. Le renforçateur dispensé lors des programmes d’apprentissages, n’est ainsi pas une fin en soi, mais un outil permettant de faire émerger une motivation et un désir pour les apprentissages. Mais c’est aussi le cas des autres modèles en ABA.

L’ABA/VB a ainsi permis de démontrer que si lors des séances d’enseignement on développait de nouvelles habiletés, on maintenait une motivation constante chez l’enfant. Autrement dit, si le résultat de cet apprentissage était associé à une expérience positive pour l’enfant, ce dernier aura un désir de plus en plus grand d’apprendre de nouvelles compétences.

Ce n’est pas ainsi uniquement l’adaptation de l’enseignement qui permet aux enfants atteints d’autisme d’apprendre de nouvelles compétences, mais le maintien ou la création d’une motivation qui leur est propre, par le biais de programmes de renforcement spécifiques des comportements.

Depuis les années 90, la mouvance Verbal Behavior se développe constamment surtout aux Etats-Unis, Canada, Europe, mais pour l’instant, il n’y a pas encore d’étude publiée sur les résultats obtenus en VB.

En conclusion, diverses types de pratique dans l’ABA existent et coexistent et tous ces types d’intervention diffèrent dans leur application sur divers aspects comme l’intensité, la participation parentale, la durée dans le temps, les types de procédures privilégiées, la possibilité ou non d’intégrer d’autres thérapies en parallèle... Mais le problème majeur, c’est que les promoteurs de l’ABA, le présentent comme l’unique thérapie valable et toujours efficace pour le traitement des TED, ce qui crée chez beaucoup de familles une croyance en une guérison possible et pour laquelle elles se ruinent littéralement.

3.Vers une certification des formations de thérapeute ABA ?

S’il existe de nombreuses façons de travailler en ABA, tous les analystes comportementaux sont « soumis » à un code de conduite édicté par le comité de certification en ABA : le BACB, ou Behavior Analyst Certification Board (http://www.bacb.com/becom_frame.html ), qui est une organisme à but non lucratif, qui vise à déterminer d’une part, des principes de travail et de formation pour la pratique, pour la qualification et la certification des thérapeutes ABA, et, d’autre part, des recommandations aux usagers. Leur but est aussi de faire coïncider les besoins des professionnels et des clients, via les services offerts par les analystes comportementaux et des gouvernements ou institutions. L’idée est ainsi d’offrir un label international de certification, ceci afin de garantir une prestation de qualité dans l’intérêt des personnes traitées.

Ces recommandations peuvent servir aux parents comme base de réflexion afin de leur permettre de déterminer ce qu’ils doivent avoir comme exigence vis-à-vis des personnes qu’ils engagent, quel type de prestation ils doivent espérer, voire exiger de ceux qui se présentent comme thérapeutes ABA.

En France, pour l’instant aucun diplôme ne prépare à cette certification. Le seul programme ABA fait partie d’un diplôme en Psychologie de l’Université de Lille 3. Et depuis 2 ans, il existe un Diplôme Universitaire en ABA dans la même université. Ces deux formations sont en attente d’éligibilité pour les certifications internationales respectivement de premier et deuxième niveau que nous verrons plus loin.

Aujourd’hui on assiste à une réelle explosion de la demande parentale en traitements ABA pour leurs enfants ou adultes atteints d’autisme, et de ce fait à la multiplication de thérapeutes ABA qui « offrent » ainsi leurs prestations. Il apparaît nécessaire de clarifier les différents niveaux de formation de chacun afin de permettre aux parents de faire un choix éclairé, d’autant plus que les prix pratiqués par certains thérapeutes peuvent s’envoler et conduire beaucoup de familles à l’endettement, pour une prestation qui n’est ni de qualité, ni conforme aux normes des recommandations des analystes certifiés, ni même dans certains cas efficiente et encore moins scientifique.

Pour être analyste certifié, il n’est pas nécessaire d’être psychologue.

Il existe ainsi 2 niveaux de certification ABA selon les nouvelles normes de 2007 :

- Le 1° niveau BCABA, où il est nécessaire d’avoir au moins un niveau de licence (bac +3),d’avoir complété un cycle d’enseignement théorique + une expérience pratique d’un millier d’heures dont 5% doivent être sous supervision directe, et passer l’examen de certification BCABA.

- Le 2° degré de certification : BCBA avoir un niveau Master (bac +5), avoir complété un cycle théorique + un cycle pratique de 1500 heures, dont 5% supervisées, (superviser des programmes sous supervision), rédaction et soutenance d’une thèse en ABA, examen de certification BCBA

Un analyste comportemental est en fait un thérapeute ayant le 1° niveau de certification qui adhère au moins à l’éthique dictée par le BACB, dont on peut trouver les principes ici : http://www.bacb.com/cues/frame_about.html

Mais, tous les thérapeutes sérieux qui se réclament de l’ABA, devraient adhérer à ces règles de conduite.

A l’heure actuelle, selon le site du BACB, il n’y a qu’un seul thérapeute certifié en France. Aucun traitement, aucun centre ne devrait se réclamer de l’ABA, s’il n’est pas au moins supervisé selon les normes édictées par le BACB, par un analyste certifié.

Cela ne met pas en doute les qualifications de tous les autres professionnels ABA existants, mais les parents doivent savoir que s’ils espèrent avoir un degré de qualité optimum, de garantie de traitement scientifique, le recours à l’analyste comportemental certifié est nécessaire. En France, aujourd’hui peu de centres peuvent s’offrir cette expertise de manière suffisante en raison des coûts élevés que cela implique.

Néanmoins le financement récent reçu par le centre Camus donne ainsi un espoir en vue d’une réplication française des expériences faites outre hexagone, et d’un développement financé par l’Etat des traitements ABA.

Et c’est ainsi qu’en attendant, nous assistons actuellement en France à une multiplication de tentatives que nous qualifierons de bricolage en ABA. Ces tentatives, si elles sont loin d’être inutiles et ont le mérite d’exister grâce à l’implication croissante de professionnels, n’ont pas encore le niveau d’efficience optimum, pour de multiples raisons :

- supervisions inexistantes ou insuffisantes,

- traitement non remboursé par le système de soins entraînant une impossibilité pour nombreux parents de payer le nombre d’heures réellement nécessaire,

- le nombre de supervisions, de guidances et de formations des équipes est peu fréquent et non en adéquation avec les nécessités réelles,

- thérapeutes insuffisamment formés,

- flambée des prix des thérapeutes,

- traitements approximatifs et non évalués scientifiquement,

- et, ce qui est plus grave, jusqu’à l’usurpation de titre de thérapeute ABA, psychologue ABA, et cas d’ escroquerie qualifiée des parents par des professionnels ayant quelques formations ou connaissances informelles.

Conclusion

En conclusion, nous remarquerons qu’en France on trouve certaines appellations particulières comme par exemple :

Un éducateur ABA ou un intervenant ABA est une personne ayant travaillé sous la direction d’un analyste certifié ou d’un psychologue ABA, mais sans obtention d’un quelconque diplôme officiel, ni même forcément celui d’Educateur Spécialisé

Ainsi, aujourd’hui en France, en l’absence de codification officielle et malgré d’excellents résultats dans le traitement de l’autisme attestés par des études scientifiques maintes fois répliquées, l’ABA reste marginale car non remboursée par le système de soins. Si elle se développe, c’est essentiellement grâce aux associations de parents et de professionnels de l’Université de Lille 3, qui possède aujourd’hui l’unique formation universitaire en ABA du pays, en l’intégrant à un cursus en psychologie.

D’autres organismes ou associations offrent des formations à l’ABA ponctuelles et introductives, plus théoriques que pratique, mais en aucun cas ces formations feront d’un thérapeute, eût- il le titre de Psychologue ou de Docteur en médecine, un thérapeute ABA expérimenté et encore moins certifié, pouvant conduire en solitaire un programme comportemental à l’efficacité optimale.

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Lexique

Comportement : toute production observable, mesurable d’un organisme, ensemble de ses attitudes, actions et réactions.

Conditionnement opérant : théorie s’intéressant à l’apprentissage dont résulte une action, selon les conséquences de celle-ci rendant plus ou mois probables la reproduction du comportement. Appelé aussi conditioonnement de type II ou conditionnement skinnerien

Conditionnement répondant : théorie s’intéressant aux résultats d’un apprentissage dû à l’association entre des stimuli de l’environnement et les réactions automatiques de l’organisme ou réflexes

DTT : « discreat trial teaching », enseignement par essais distincts

Estompage : réduction des aides ou uidances afin de favoriser les apprentissages

Façonnage, façonnement : procédure de renforcement des approximations successives du comportement cible

Guidance : stimulus ou aide précédent un comportement

ITT : Intensive teaching trials : enseignement intensif à table, idem que DTT

NET, natural environment teaching : enseignement dans l’environnement naturel et non à la table de travail

Pairing : le fait d’associer une activité, une personne, un lieu neutres au départ avec un renforçateur, afin de les rendre renforçants également

Punition : conséquence désagréable consécutive à l’émission d’un comportement, on dit d’une conséquence qu’elle est punitive si on note une diminution du comportement qui la précède

Renforçateur : conséquence agréable consécutive à l’émission d’un comportement, on dit d’une conséquence qu’elle est renforçante si on note une augmentation du comportement qui la précède

Renforcement : procédure d’augmentation de la fréquence d’un comportement par ajout d’une conséquence agréable renforcement positif) ou retrait d’une conséquence désagréable (renforcement négatif)

Stimulus : antécédent d’un comportement, pluriel stimuli

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Sources, Liens et Bibliographie

American Psychiatric Association, (1994), Diagnostic and Statistical Manual - Revision 4

BACB : http://www.bacb.com/becom_frame.html

Brancato Daversa Roberta (May 2001), Applied Behavior Analysis in Autism : Five Models

http://www.ctfeat.org/articles/daversaabafinal.htm

Bondy, A. & Frost, L. (1994) The Picture Exchange Communication System. Focus on Autistic Behaviior, 9:1 – 19

Frost, L. & Bondy, A., (1994). Picture Exchange Communication System Training Manual. Cherry Hill, NJ : Pyramid Educational Consultants, Inc.

Green, G.,(1996). Evaluating Claims About Treatment for Autism. In Maurice et al. (Ed.) Behavioral Intervention for Young Children With Autism (pp. 29-43), Austin, TX : Pro-Ed Inc.

Holmes, David L., (1997). Autism Through the Life Span :The Eden Model, Bethesda, MD : Woodbine House

LEAF, Ron § McEACHIN John - Autisme et A.B.A, une pédagogie du progrès - Pearson Education, 2006- 450

Lovaas, O.I., (1981). Teaching Developmentally Disabled Children : The Me Book. Baltimore : University Park

Lovaas, O.I., (1987), Behavioral Treatment and Normal Educational and Intellectual Functioning in Young Autistic Children. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 55, 3-9

Lovaas, O.I., & Smith, T., & McEachin, J.J. (1989) Clarifying Comments on the Young Autism Study. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 57, 165-167

Lovaas, O. I., (1996). The UCLA Young Autism Model of Service Delivery. In Maurice et al. (Ed.) Behavioral Intervention for Young Children With Autism (pp. 241-248), Austin, TX : Pro-Ed Inc.

McEachin, J.J., Smith, T., & Lovaas, O.I. (1993) Long Term Outcome for Children With Autism Who Received Early Intensive Behavioral Treatment. American Journal on Mental Retardation, 4 : 359-372

MESIBOV G-B , ’Treatment outcome is encouraging’, American journal of Mental Retardation, 1993, 97, p.379-380

MUNDY P , ’Normal versus high-functionning status in children with autism’, American journal of Mental Retardation, 1993, 97, p.381-384

SALLOWS, Glen O. and GRAUPNER, Tamlynn D., 1999, Replicating Lovaas’ Treatment and Findings : Preliminary Results Wisconsin Young Autism Project

http://www.wiautism.com/pdf/ReplicatingLovaas1999.pdf

SATCHER, D. (1999). Mental Health : A Report From the Surgeon General. [http://www.surgeongeneral.gov/library/mentalhealth/chapter3/sec6.html#autism]

SCHOPLER E, SHORT A & MESIBOV G-B , ’Relation of behavioral treatment to ’normal functionning’ : Comment on Lovaas’, Journal of Consulting and Clinical Psychology, 1989, 57, p.162-164

SKINNER, B.F 1957 the verbal behaviour Relié : 478 pages Prentice Hall

SKINNER, B.F 2005, Science et comportement humain. In Press, Paris)

SKINNER, B.F (date inconnue) A Brief Survey of Operant Behavior. B.F. Skinner Foundation Web Site [http://www.bfskinner.org/Operant.asp]

Smith, T., Wynn, J., & Lovaas, O.I. (1997). Outcome in adulthood. Paper presented at the Early Intervention Conference, Los Angeles, CA.

Sundberg, M, & Partington, J, (1998). Teaching Language to Children with Autism or Other Developmental Disabilities, Danville, CA : Behavior Analysts

Sundberg, M, & Partington, J, (1998). The Assessment of Basic Language and Learning Skills, Danville, CA : Behavior Analysts

ABA-UK@yahoogroups.com


Karina Alt Docteur en Ethnologie de l'Université de Paris X - Nanterre

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E
It was a truly remarkable post! Thanks for sharing it. Keep updating your post with valuable information... Regards
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