article paru dans LE MATIN.ma du 7 décembre 2009
Une personne sur 165 est autiste.
Nombreuses sont donc les familles qui ont parmi leurs proches une personne autiste.
L'exposition « Autisme en couleurs » initiée par l'association Autisme France-Maroc qui se déroule jusqu'au 12 décembre, à l'Institut Français de Kénitra, est l'occasion de sensibiliser le grand public sur les enfants autistes.Cette manifestation culturelle, qui a débuté en octobre dernier à Casablanca, se dirigera après vers d'autres pays (France, Tunisie).
Elle a
fait appel à la photographe casablancaise Iman Haidar pour présenter un
regard coloré sur ces enfants loin des clichés sombres.
Lors du
vernissage de cette exposition, plusieurs parents d'enfants autistes se
sont plaints de ne pas pouvoir scolariser leur progéniture dans le
privé.
«A Kénitra, il n'existe qu'une seule école privée qui ouvre
ses portes aux enfants autistes, hyperactifs, etc. Aujourd'hui, cet
établissement scolaire est saturé », a lancé amèrement une mère. Pour
remédier à ce déficit, des personnes dans la capitale du Gharb ont créé
l'association «Centre les oiseaux du paradis» (ACOP) pour enfants aux
besoins spécifiques. «Nous accueillons du matin jusqu'à 15h30 autistes,
trisomiques, hyperactifs et malades mentaux.
Nous leur proposons des services en psychomotricité, orthophonie et psychologie. Notre centre d'un budget mensuel de 32.000 DH est financé par des adhérents, des donateurs et emploie 9 personnes. Malgré cet effort, les places restent limitées et nous avons 20 personnes sur la liste d'attente », souligne Rachid Chems Maarif président de l'ACOP. Ce dernier projette d'organiser, en mars prochain, une journée portes-ouvertes pour sensibiliser davantage l'opinion publique aux drames des enfants autistes à Kénitra. Pour leur part, les pouvoirs publics, estiment faire le nécessaire pour faciliter l'intégration des catégories sociales à besoins spécifiques. « Nous avons créé 20 classes pour enfants autistes et 450 classes pour handicapés mental et auditif sur l'ensemble du territoire. Par ailleurs, le projet Equité en faveur des enfants et communautés à besoins spécifiques, réalisé dans le cadre du programme d'urgence de l'éducation nationale 2009-2012, cible les enfants handicapés, les enfants de la rue et les mineurs incarcérés.
Ce
plan vise également les communautés à besoins spécifiques issues des
Marocains résidant à l'étranger et les enfants des nomades », souligne
Boukili Mohamed Anouar, chargé du service de l'éducation des enfants
handicapés au ministère de l'Education nationale.
Aujourd'hui, la
problématique du droit à l'école et plus généralement du droit à la
sécurité et à la dignité dans la vie sociale, économique,
professionnelle et civique, dépassent le simple droit d'être inscrit
dans une école.
Certains enfants sont inscrits dans une école,
mais dans de telles conditions que les parents préfèrent les garder à
la maison. D'autres enfants sont scolarisés dans des classes
spécifiques, avec des outils éducatifs adaptés, mais mis à l'écart de
la société, sans aucune perspective d'orientation vers la vie normale.
«Notre démarche est positive, destinée à dire que les débats sur le
droit des personnes autistes sont déjà derrière nous.
Les
personnes autistes existent, grandissent et évoluent déjà dans la
société. Ces enfants sont dans les jardins d'enfants, et à l'école. Des
jeunes adultes sont au collège, au lycée, à l'université et
travaillent. Nous souhaitons utiliser la visibilité des personnes
autistes dans la société pour construire une image positive sur ces
personnes », explique Pascale Nejjar Pernot de l'Association Autisme
France-Maroc.
Des études pédagogiques adaptées à l'autisme ont
démontré que la prise en charge précoce permet un taux d'intégration
élevé dans l'enseignement scolaire ordinaire. « L'objectif de notre
exposition est de changer le regard sur l'autisme qui en général est
très sombre. L'autisme est assimilé à un handicap et à une souffrance.
Or cette maladie peut être perçue de manière positive et colorée. Un
autiste peut être beau, heureux et intelligent », conclut la
photographe, Iman Haidar.
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Grâce à ses cinq sens, un enfant autiste ressent les choses de façon spécifique. Il reçoit toutes les sensations en même temps et de manière très forte, car il ne peut les trier, d'où une réaction de mal-être. Ces enfants pensent concrètement à partir d'événements vécus. Ils ont une pensée concrète et non abstraite. Parmi les signes qui peuvent révéler un autisme, c'est l'incapacité d'un enfant autiste à tenir une discussion parce qu'il pense différemment. Longtemps ignoré, l'autisme est devenu aujourd'hui sur le devant de la scène grâce au travail de dizaines d'associations au Maroc telles que « Léa pour Samy » dont l'objectif est de mobiliser les parents pour leur transmettre notamment les dernières avancées scientifiques sur cette maladie.
http://www.lematin.ma/Actualite/Journal/Article.asp?idr=116&id=124186