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"Au bonheur d'Elise"
16 septembre 2011

article publié sur le site d'Autisme Infantile le 15 septembre 2011

Billet de mauvaise humeur

Vous êtes nombreux à  avoir vu ces derniers jours l’excellent documentaire de Sophie Robert: Le Mur: la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme, visible prioritairement sur le site d’Autistes sans Frontières, qui est à l’initiative de ce reportage.

À l’écoute de ces interviews et de ces théories dispensées par de grand psychiatres et psychanalystes français, les idées et les réflexions se sont bousculées dans ma tête, et je n’ai pas résisté à l’envie de les partager avec vous.

Le syndrôme de la mère crocodile

Pour résumer ce que j’ai compris des thèses exprimées, un enfant devient autiste en raison d’une mère trop glaciale, voire mortifère – trop froide donc -, ou au contraire trop fusionnelle, trop « chaude », voire incestueuse. Le pauvre enfant n’est sauvé que par le père séparateur, le super-héros StyloBic! Si le stylo Bic fait défaut ou est empêché par la mère « psychogène » d’intervenir, c’est foutu, vous avez un enfant autiste! CQFD!

Ces éminents spécialistes faisant référence à Freud, Bettelheim et Lacan, je me suis donc replongée dans mes vieux souvenirs, plus précisément ceux de mes cours de philosophie. Si je me souviens bien, la théorie de Freud, père de la psychanalyse, est basée sur le postulat suivant: la petite fille s’apercevant qu’il lui manque un pénis, toute sa vie psychique ne sera désormais qu’envie et jalousie envers le « mâle » pourvu de cette extension. Lacan a repris le flambeau, et chemin faisant, cette idée, cette théorie est devenue sacro-sainte parole, jamais remise en cause, du moins jusqu’à récemment.

Les bases de la psychanalyse sont donc affreusement misogynes! Tiens, à ce propos, qu’en disent les féministes? Il faudrait leur demander leur opinion, mais ceci est un autre débat… Quant à l’intervention de cette psy, nous assénant que l’inceste paternel est moins grave car « il ne donne que des filles débiles », mais que l’inceste maternel engendre des « psychotiques » (et sachant que pour les psys, les autistes sont des psychotiques), les victimes d’inceste et les associations d’aide aux victimes d’inceste apprécieront!

Raisonner « psychanalyste »

Pour pouvoir contrer, voire combattre, une idée, il faut aussi savoir raisonner comme ceux qui la soutiennent. Arrivée à ce point de mes pensées, me vient une idée subversive: et si, en fait, c’étaient plutôt les hommes qui, s’apercevant qu’ils ne pourront jamais « porter » la vie, étaient les mortifères, les psychogènes, les jaloux incestueux, voulant dévorer leurs enfants tels des ogres, ou comme Chronos, le père de Zeus, qui dévorait ses enfants pour ne pas qu’ils le détrônent (la psychanalyse est pleine de références à la mythologie grecque), et que le fiston a fini par dessouder pour pouvoir lui piquer sa place? Et toc! Je jette les bases d’une nouvelle psychanalyse, à mon sens tout aussi sujette à caution que la précédente!  C’est pratique la psychanalyse, ça marche pour plein de choses, et chacun peut élaborer sa théorie, c’est créatif!

Ne pas être idéologue non plus

Je me moque et j’ironise, car le rire permet d’échapper un peu à ce qui est triste à pleurer. Non,  je ne jette pas le bébé avec l’eau du bain, et je reconnais que la psychanalyse a son utilité. Celle d’avoir donné la parole aux « fous », de les avoir écoutés, eux qui étaient promis à l’enfermement et à la camisole (chimique ou pas). Oui, les psychanalystes ont aidé bien des personnes à se réconcilier avec elles-mêmes, oui ils ont été les premiers à s’intéresser à l’autisme (notamment avec Bettelheim, c’est vrai), quand personne ne s’y intéressait. Mais c’était il y a bien longtemps.

L’évolution que la psychanalyse ne veut pas voir

Il y a déjà plus de trente ans, d’autres psychiatres et psychanalystes ont abordé l’autisme différemment, en s’appuyant sur le constat d’échec de cette pratique (ce n’est pas une science, je me permets de le rappeler) à « soigner » l’autisme,  puis en s’informant sur les avancées de la biologie et des neurosciences. D’autres thérapies, d’autres prises en charge ont vu le jour, portant, elles, leurs fruits, même imparfaits, et ne promettant pas de miracle non plus. Mais qui donnent quand même plus de résultats (enfin, me direz-vous, il est plus facile de donner des résultats quand on part de zéro).

Cependant, quelques psychanalystes français (et pas des moindres, et de plus, en général, enseignants) sont encore les seuls à dire que la cause neurobiologique est réductrice… De leur pouvoir, peut-être?

La mauvaise foi le disputant à l’entêtement, les psychanalyses (du moins, ceux que l’on voit dans le reportage) se font un devoir d’appeler la biologie à leur rescousse – quand ça les arrange, d’ailleurs (voir le passage sur l’origine génétique du placenta, qui tombe à pic pour appuyer la thèse du père séparateur, c’est à se tordre).

Informer, informer, informer !

Dans le diagnostic et la prise en charge de notre fils, on ne nous a jamais tenu ce discours, et les interventions des professionnels sont plutôt pragmatiques et concrètes. Nous avons eu de la chance, mais je sais par les dizaines de témoignages sur les blogs, les forums, les réseaux sociaux, que ce n’est pas encore le cas pour beaucoup d’enfants. Beaucoup trop. Je pense à eux et leurs familles après ce reportage, et cela me renforce dans ma conviction: il faut encore et toujours informer, informer et informer!

Personnellement, c’est ma thérapie, ça me permet d’être de moins mauvaise humeur !

http://autismeinfantile.com/observation/reflexion-sur-lautisme/billet-de-mauvaise-humeur/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+AutismeInfantile+%28Autisme+Infantile%29

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