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"Au bonheur d'Elise"
15 novembre 2011

article publié dans France Soir.fr le 15 novembre 2011

L’appel de Roselyne Bachelot : Le désespoir des parents d’enfant autiste

Une mère de famille a étranglé sa fille de 7 ans, atteinte d’une forme d’autisme, avant de se donner la mort.

Il y a plus de 600 mille autistes en France, dont 180 mille enfants
Il y a plus de 600 mille autistes en France, dont 180 mille enfants SIPA

Il est à peine 19 heures samedi dernier lorsqu’un père de famille, habitant un quartier populaire de Martigues (Bouches-du-Rhône), quitte son domicile pour faire quelques courses. A son retour, il découvre avec effroi les corps sans vies de son épouse, âgée d’une quarantaine d’années, et de sa petite fille autiste, âgée de 7 ans. La fillette est retrouvée étranglée aux côtés de sa mère, qui s’est ensuite donnée la mort par pendaison. Selon une source proche de l’enquête, ce couple d’origine indienne rencontrait des problèmes, notamment « à cause d’un mariage traditionnel mal vécu » par l’épouse, qui était « dépressive ». Une version qui va pourtant à l’encontre de l’image que renvoyait la famille. « Je croisais le mari tous les soirs, un homme très poli. Je voyais rarement son épouse, confie un voisin. La petite fille avait une allure fragile, mais elle n’avait pas l’air malheureuse. » A l’école primaire où la petite fille était scolarisée en classe d’intégration scolaire depuis cette année, une cellule psychologique a été mise en place.

Isolement des parents

Une tragédie qui met en lumière l’extrême détresse et l’isolement des parents d’enfants autistes. Olivia Cattan préside l’association Paroles de femmes et a lancé hier un appel solennel au gouvernement pour que les enfants souffrant de troubles du développement ne soient plus victimes de discriminations. Elle connaît malheureusement bien cette situation car elle est elle-même maman d’un enfant malade de 5 ans. « Comme tous les autres enfants dans son cas, il est mis au ban de la société, même au sein du handicap : on ne parle que du handicap moteur. A l’école, ils ne sont acceptés que s’ils sont accompagnés d’un auxiliaire de vie scolaire (AVS). Or ces AVS sont peu nombreux et souvent insuffisamment formés. Et sans AVS, pas d’école, mais une hospitalisation de jour, où l’enfant n’est absolument pas socialisé, et est traité comme un enfant psychotique. C’est dramatique. Les parents sont seuls, culpabilisés par les médecins qui ne comprennent pas toujours cette maladie, délaissés par l’éducation nationale qui n’a pas assez de moyens pour les aider. »

Ce que confirme M’Hammed Sagidi, président de Vaincre l’autisme, et père d’un garçon autiste de 21 ans. « Les parents sont dépourvus de toute vie sociale, de vie de couple et d’aides extérieures. J’ai rencontré des centaines de familles épuisées moralement et physiquement, et qui en arrivent à des extrémités. Mon fils a commencé à avoir des troubles à l’âge de 8 mois. Le diagnostic n’est arrivé que dix ans plus tard. Entre-temps, on l’a laissé sans soins adaptés, en pensant qu’il souffrait de psychose. Plus tard, on a refusé qu’il soit scolarisé plus de deux heures par semaine. Cela a été une vraie claque pour moi que l’on refuse qu’il soit instruit comme les autres. J’ai dû m’endetter pour faire venir des thérapeutes qui s’occupaient de lui. Aujourd’hui, les enfants autistes dont les parents ne savent pas se défendre ou n’ont pas les moyens se retrouvent soignés en psychiatrie, alors que leur maladie est physiologique. Comment est-ce possible ? »

Les politiques semblent petit à petit prendre conscience de la situation dramatique actuelle. Daniel Fasquelle, député UMP du Pas-de-Calais, avait milité l’an dernier pour que l’autisme devienne une grande cause nationale. Depuis, il a créé un groupe parlementaire d’études sur l’autisme et organise en janvier prochain les premières rencontres à l’Assemblée nationale sur le sujet. « La France est au Moyen Age sur cette question par rapport à d’autres pays. Je suis scandalisé par le dépistage précoce quasi inexistant et la prise en charge insuffisante. Il faut que les Français prennent conscience du gâchis humain que cela représente. Les autistes deviennent aujourd’hui des adultes internés toute leur vie en institution psychiatrique dans des conditions très dures, alors que s’ils avaient été pris en charge dès l’enfance, ils seraient devenus des adultes intégrés normalement dans la société… »


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