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"Au bonheur d'Elise"
22 novembre 2011

article publié dans la Tribune de Genève - Mise en abyme le 22 novembre 2011

Qui n'est pas pour l'existence et la liberté de choix ? Bas les masques !

Le clivage psys analystes/comportementalistes-cognitivistes même s'il reste d'actualité dans notre canton va être assez vite supplanté par une autre perspective, introduite par des psychanalystes comme Tustin, Hochmann, Golse ou encore Délion, un proche du cercle lacanien romand.

Golse&confrères prônent aujourd'hui une approche intégrative (courant de la neuro psychanalyse mise en place par lui) qui allierait les neurosciences à l'approche psychanalytique. Cette approche qui se veut globalisante discrédite ipso facto les débats qui resteraient cristallisés autour de l'opposition psy/non psy.

Ces psys new age qualifient cette opposition de dogmatique n'ayant plus rien avoir avec leur nouveau courant de pensée, qui est -évidemment - meilleur, proche de la réalité des « sujets autistes » et donc salvateur.

Ne vous y méprenez pas, leur réflexion est d'une très bonne qualité. Je pense que les familles ont en effet tout intérêt à dépasser le stade de la simple opposition psy/non psy si elles veulent bien saisir les nouveaux enjeux du débat qui sont bien plus subtils et apporter leur propre réflexion en matière.

Qu'est-ce que vraiment l'approche intégrative que je qualifie de « globalisante »? Et quelle différence avec une approche que je qualifie de «globale » comme celle de Teacch par exemple ?

Il faut bien, en effet, distinguer globalisante (= qui s'approprie des domaines de compétences divergents pour les concilier, dominer et au final diriger en imposant une méta-explication à une situation concrète) de globale (= qui tient compte de la réalité de la personne autiste et part de ses besoins pour -sa vie durant avec les modulations nécessaires - l'aider). Derrière ces visions se cache l'originelle opposition, qui elle ne disparaît pas, entre maladie psychique -donc guérissable- prônée par les psys et la vision des TSA comme un "handicap" (social) reconnue par l'autre courant, celui neuro-développemental.

Les psys y compris new age accusent d'ailleurs l'autre courant d'être déterministe, de ne pas laisser au « sujet » autiste l'espoir de guérir, grâce au recouvrement de son « moi » (je résume à peine) en libérant sa « voix », mais de l'enfermer dans une vision du tout handicap qui le cloisonnerait sa vie durant.  L'approche de la neuropsychanayse (intégrative), part désormais aussi des résultats de la neuro-imagerie et de la génétique, mais pour affirmer que  l'autisme est bien un trouble psychopathologique !

Pour eux, si les anomalies dévoilées au niveau du lobe temporal supérieur occupent une place centrale, ce n'est pas comme lieu d'une hypothétique cause primaire de l'autisme, mais plutôt comme un maillon intermédiaire et comme un reflet du fonctionnement autistique lui-même. L'accès à l'intersubjectivité (d'où l'impossibilité d'intégrer le fait que l'autre existe en tant qu'autre) pour le « sujet autiste » s'explique pour Golse par un processus « autistisant », concept développé par Hochmann visant à souligner que l'autisme infantile n'est pas une maladie strictement endogène, mais qu'elle se co-construit et s'organise dans le cadre de dysfonctionnements interactifs ou d'une spirale transactionnelle perturbée entre le bébé et les adultes qui en prennent soin, l'origine première du dysfonctionnement pouvant se situer, selon les cas, soit du côté du bébé soit du côté de l'adulte. Dans tous les cas, les dysfonctionnements interactifs de l'un des partenaires de l'interaction décontenancent l'autre qui, de ce fait, va répondre de manière mal adaptée en aggravant ipso facto les difficultés de son partenaire, et ainsi de suite, dans une spirale dangereuse à vocation auto-aggravante rapide.

Bref, Golse et confrères utilisent les résultats apportés par les neurosciences dans le but de valider leur propre vision de l'autisme et surtout leur propre idée de la bonne prise en charge qui se veut, dans leur propos, la seule, l'unique valable.C'est encore une fois une vision assez tentaculaire.

Le débat, vous le voyez bien, se situe à un autre niveau, même si la teneur en reste -au fond- la même. Il oppose maintenant une vision globalisante  à une vision globale, avec comme enjeu -non pas la vie psychique de nos enfants - comme le veulent faire croire les psys new age, mais entre l'idée de la réparation d'un lien originellement brisé (que cela soit de la part du bébé ou de l'adulte) que l'approche intégrative se propose de « réparer » à celle que la personne avec autisme a sa propre identité, due à sa manière constitutivement d'être et de penser que la vision globale respecte tout simplement.

Les données du débat ont évolué, la réflexion doit donc aussi évoluer. Il n'est plus question d'opposer psys analytiques/non psys; le débat est : les TSA sont-ils le fruit d'une psychopathologie ou y-a-t-il une identité « autistique » ? Probablement que la recherche active et féconde dans le domaine de ces troubles apportera des réponses ces prochaines années et que l'étiologie, encore obscure aujourd'hui, sera plus claire.

Au-delà des théories des uns et des autres qui ont le droit d'ailleurs, chacune, d'exister, (nous cultivons une pensée démocratique) ce qu'Autisme Genève revendique c'est LA LIBERTE DE CHOIX ! Le nœud du problème, ce n'est pas les divergences théoriques et d'approches (au fond chacun peut croire ce qu'il pense être juste de croire et le débat peut exister), mais c'est l'absence de choix !

Si vous êtes un parent et que vous pensez que l'approche globale (neuro-développementale, type Teacch) est celle qu'il faut, vous devez aujourd'hui soit partir de Genève (il y a si peu de solutions dans le public),  soit payer des sommes pharaoniques dans le privé ! Voilà où se situe notre vrai combat et le vrai enjeu pour nos enfants : créer des filières de formation et des solutions institutionnelles  qui répondent à une réelle demande !

Alors je lance un appel inédit : psys et non psys analytiques tous ensemble pour plus de démocratie ! Qui n'est pas pour la liberté de choix? Je pense que c'est celui-là qui serait le vrai -non pas dogmatique- mais doctrinaire !

http://miseenabyme.blog.tdg.ch/archive/2011/11/22/33ada243e337c794ff2546c51f9b9433.html

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Commentaires
L
Cet article me remplit d'aise. Bien sûr qu'il est essentiel que les familles aient le choix: dans les praticiens qui vont établir le diagnostic et dans les prises en charge.<br /> Cette nouvelle posture des psychanalystes new age ressemble plus à une tentative de récupération d'un train en marche et qui menaçait de les laisser sur le quai. Mais n'est-ce pas pour mieux occuper toutes les places de 1ères classes et ensuite continuer de déverser leur discours culpabilisants envers les familles. Nos enfants un jour seront des adultes et je préfère une méthode qui fonctionne et avec laquelle je vois mon fils s'épanouir et accéder à plus d'autonomie plutôt que des discours stériles même s'il s'agit de discours nouveaux...<br /> Rien de nouveau dans tout ça et ces psys s'accrochent à des concepts vieux de 150 ans. Il ne suffit pas de badigeonner un mur sale et craquelé avec un malheureuse couche de peinture pour qu'il ait l'air neuf. Il faut un peu plus que ça ! <br /> Je réclame d'avoir le choix pour mon enfant et de ne jamais avoir à me faire imposer des théories que je juge erronées voire dangereuses.<br /> ValérieJ
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