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"Au bonheur d'Elise"
1 décembre 2011

article publié sur le blog FAIREFACE le 30 novembre 2011

Jean-François Chossy veut que son rapport, commandé par le Premier ministre, lance un grand débat sur les personnes handicapées

JF Chossy crédit assemblée nationale.JPG

"Passer de la prise en charge... à la prise en compte". Ce titre résume l'impulsion que Jean-François Chossy espère donner avec son rapport sur "l'évolution des mentalités et le changement de regard de la société sur les personnes handicapées". Un texte de 127 pages qu'il remettra vendredi au gouvernement. Ce travail avait été commandé par le Premier ministre François Fillon en novembre 2010. Au bout de six mois, afin de poursuivre sa mission, Jean-François Chossy avait dû renoncer, c'est la règle, à son siège de député UMP de la Loire qu'il occupait depuis 18 ans. On sent, dans chaque ligne de ce rapport, qu'il s'y est totalement investi.

Faire Face : Quels sont les points-clés de votre rapport ?

Jean-François Chossy : Pour changer les mentalités, il faut d'abord changer le vocabulaire se rapportant au handicap, choisir d'autres mots. Ensuite, je ne voudrais pas que l'on stigmatise encore plus le handicap avec des lois spécifiques. En revanche, tout projet, toute proposition de loi devrait désormais prendre le handicap en considération, au besoin par un article spécifique, lors de son élaboration, sa discussion et son vote. Autre point : il faut redonner aux associations la possibilité d'innover sans contrainte. Je crains pour elles les contraintes que peut représenter le système d'appel à projet des Agences régionales de santé. Le pays n'aurait pas évolué comme on l'a vu après la deuxième guerre mondiale sans la vie associative. Elle a fait évoluer la société et les mentalités.

FF : Quelles mesures préconisez-vous ?

J.-F. C. : Chaque chapitre se termine par des recommandations. L'une des plus fortes consisterait à transformer les MDPH en "Maisons de l'autonomie". Ce qui, entre les personnes âgées et les personnes handicapées, rapprocherait les problèmes. Il y aurait ainsi des passerelles entre personnes handicapées vieillissantes et les autres. On rationaliserait les moyens dans chaque département. Ce serait la porte ouverte au 5e risque qu'est la dépendance. Autre idée : organiser tous les deux ans des "entretiens du handicap" sur le modèle des "entretiens de Bichat". S'y rencontreraient des scientifiques, des chercheurs, les personnes concernées du monde entier pour échanger sur les bonnes pratiques et aboutir à des progrès.

FF : En quoi votre rapport changera-t-il la vie quotidienne des personnes concernées ?

J.-F. C. : La vie quotidienne des personnes handicapées changera quand on aura fait évoluer le "vivre ensemble", quand on aura compris que le handicap est un phénomène ordinaire de la vie, quand la prise en considération remplacera la compassion. Voilà ce qui me préoccupe et ce que porte le rapport.

FF : Avec qui avez-vous travaillé ?

J.-F. C. : Deux personnes m'ont aidé à organiser et analyser 677 auditions et visites d'associations, de professionnels, de personnes concernées. Avec ce travail d'écoute, je suis allé à la rencontre de la vérité des autres. Il en découle, par exemple, parmi les recommandations, le tutorat dans l'école, la création d'une agence de l'accessibilité universelle, d'une journée du handicap, la création d'un vrai métier de l'accompagnement avec formation, statut et vraie rémunération. La création de maisons dédiées à l'accueil temporaire. Tout cela est très concret.

FF : Quelles suites espérez-vous pour ce rapport ?

J.-F. C. : Après l'avoir remis au gouvernement, je vais le transmettre à mes collègues parlementaires. Chacun pourra y puiser et s'en inspirer pour concrétiser par des propositions de lois ce que je suggère ou recommande.

FF : Quel chapitre vous a donné le plus de travail ?

J.-F. C. : Le plus délicat a été le chapitre sur la vie affective et sexuelle. C'est celui qui a soulevé le plus d'interrogations, voire de polémiques. Je l'ai traité de la façon la plus lucide et clairvoyante possible. On ne peut pas arriver à des décisions autoritaires. L'essentiel est qu'on se soit mis à en parler. On a levé des tabous. Les médias, et je les en remercie, les associations se sont emparé du sujet et l'ont porté à la connaissance du grand public. Cela ne veut pas dire que l'on a trouvé des solutions.

FF : L'assistance sexuelle pour les personnes handicapées serait une solution. On sent que vous y êtes favorable. Pourquoi ne la recommandez-vous pas ?

J.-F. C. : Ce n'est pas à moi d'en décider. Je ne propose pas de solution. J'entrouvre des portes déjà décrites dans les textes, les lois sur la vie intime et l'organisation de la vie privée des personnes handicapées. Je suggère que tout le monde se mette autour d'une table et regarde si cela peut faire l'objet d'une compensation, faire partie d'un projet de vie. Déjà, ce n'est pas clair dans l'esprit des associations.

FF : À qui s'adresse ce rapport ? Qui pourra en disposer ?

J.-F. C. : Il s'adresse d'abord au Premier ministre qui me l'a commandé. Ensuite, pour l'offrir à la discussion, je peux l'envoyer, relié, à toute personne qui me le demandera. Et je vais demander au gouvernement de le mettre en ligne sur Internet. J'ai présenté en 2003 un rapport sur l'autisme dont on me parle encore. Je souhaite le même sort à ce nouveau rapport.

Propos recueillis par Jean-Louis Rochon - Photo @Assemblée nationale

http://www.faire-face.fr/archive/2011/11/30/jean-francois-chossy-veut-que-son-rapport-commande-par-le-pr.html

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