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"Au bonheur d'Elise"
19 février 2012

article publié sur le site de la Fédération française des Dys

LA PSYCHANALYSE, LES DYS ET L’AUTISME

Les enfants « dys » aussi sont des victimes de la psychanalyse

Le documentaire « Le Mur ou la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » met crûment en lumière la persistance de théories et de pratiques psychanalytiques totalement dépassées, réfutées scientifiquement, et inefficaces, dans la prise en charge des enfants avec autisme en France. Grâce à ce documentaire, grâce à la tentative de censure dont il a fait l’objet, grâce à l’exposition médiatique et à la prise de conscience politique qui ont suivi, la prise en charge de l’autisme en France est sur le point de progresser autant en 2012 qu’au cours des trente années qui ont précédé.

On ne peut que s’en féliciter pour les enfants autistes et leurs familles. Et les autres? Les enfants autistes ne sont pas les seules victimes de la psychanalyse. Il ne faudrait pas qu’ils soient les seuls bénéficiaires de la prise de conscience qui est en train de s’opérer.

Les enfants avec troubles spécifiques du langage ou des apprentissages et leurs familles ont été victimes des mêmes théories et des mêmes pratiques que les enfants autistes: mère trop distante ou trop fusionnelle, père pas assez présent, complexe d’Œdipe mal résolu, « secret familial », absence de « désir de parler », manifestation d’une souffrance par le trouble, dysharmonie, psychose… Ces hypothèses ont été les seules considérées par beaucoup de psychanalystes qui ont pris en charge des enfants dys, alors même qu’elles n’ont jamais été étayées par des données scientifiques, et alors qu’en parallèle les données s’accumulaient en faveur de l’hypothèse de troubles neurodéveloppementaux d’origine en partie génétique[1].

Les  troubles spécifiques du langage et des apprentissages, dont la prévalence est dix fois celle de l’autisme, ont largement bénéficié du rapport Ringard sur l’enfant dysphasique et l’enfant dyslexique (2000), qui a débouché sur la circulaire pour la « Mise en œuvre d’un plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage oral et écrit » (7 février 2002). Ces mesures ont permis la création des centres référents pour les troubles du langage, ont conduit à mettre à jour la formation de nombreux professionnels, et ont incontestablement apporté au cours des dix dernières années une amélioration significative du diagnostic et de la prise en charge des enfants avec troubles du langage ou des apprentissages.

Pourtant, aujourd’hui encore, on compte de nombreux enfants dys en situation d’errance diagnostique et/ou thérapeutique, notamment dans les Centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP). Ces enfants sont souvent pris en charge suivant une grille de lecture exclusivement psychanalytique, sans diagnostic pluridisciplinaire, sans rééducation adaptée, à l’encontre de toutes les recommandations scientifiques et médicales, françaises et internationales. Lorsqu’ils sont finalement diagnostiqués et pris en charge d’une manière adéquate, il est souvent bien tard, beaucoup d’années de scolarité ont été perdues, et au fil des années de nombreuses difficultés se sont superposées au trouble initial: échec scolaire, perte d’estime de soi, troubles psychologiques, conflits familiaux… Il est temps que cesse cet immense gâchis.

Il ne s’agit pas pour autant de rejeter tout apport de la psychologie ou de la psychiatrie aux troubles dys. Une partie des enfants dys ont également des troubles psychologiques voire psychiatriques, souvent consécutifs à la situation d’échec et de détresse dans laquelle ils sont plongés. Ces troubles, même s’ils ne constituent pas la cause primaire des troubles du langage ou des apprentissages, nécessitent aussi une prise en charge, et celle-ci doit être efficace, donc évaluée.

En résumé, les enfants dys ont besoin d’une part, d’un diagnostic pluridisciplinaire, basé sur les classifications médicales internationales, incluant typiquement au moins un bilan de langage et un bilan neuropsychologique. Une grille de lecture exclusivement psychanalytique est inadéquate pour un diagnostic correct. D’autre part, ils ont besoin d’une prise en charge globale, incluant une rééducation adaptée au profil cognitif spécifique de l’enfant, et, si les symptômes le justifient, d’une prise en charge psychologique. Mais cette dernière ne doit pas se faire en lieu et place d’une rééducation. De plus, les méthodes de rééducation et de psychothérapie doivent être évaluées et faire la preuve de leur efficacité, ce qui fait cruellement défaut actuellement. Enfin, les retards d’apprentissage s’accumulent vite et se rattrapent difficilement, et les prises en charge offrent un pronostic d’autant meilleur qu’elles interviennent tôt, d’où l’importance d’un diagnostic précoce, sans attendre un quelconque « désir » et sans passer par une longue phase d’observation informelle. Pour permettre la mise en œuvre effective de ces mesures, une mise à jour de la formation de tous les professionnels concernés paraît impérative.

Vincent Lochmann, Président de la Fédération Française des Dys ,
Membre du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées

Franck Ramus, Directeur de recherches au CNRS,
Membre du Comité Scientifique de la Fédération Française des Dys

www.ffdys.fr


[1] Expertise collective de l’Inserm. (2007). Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie: Bilan des données scientifiques. Paris: Editions INSERM. Téléchargeable sur http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/074000190/index.shtml.

http://www.ffdys.com/a-la-une/evenementiel/la-psychanalyse-les-dys-et-lautisme.htm

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19 février 2012

Réaction de Marcel Herault, président de Sésame Autisme, suite à l'article publié dans Libération

19 février 2012

article publié sur le site de la Fédération Française Sésame Autisme

Autisme et psychanalyse : La polémique

AUTISME ET PSYCHANALYSE : LA POLEMIQUE
Comment en est-on arrivé là ?

Une polémique qui monte en puissance depuis au moins 2 ans...

Jusque là, dans le petit monde de l'autisme, on avait fini par se dire que la psychanalyse était bonne à ranger au « magasin des accessoires » du passé. Je connais même beaucoup de psychanalystes qui partageaient cette opinion (la familiarité de l'expression en moins). Je ne parle que de la psychanalyse par rapport à l'autisme. Libre à chacun de la considérer comme une philosophie ou une sagesse ou un substitut de la religion. Je me contente d'observer que ses adeptes deviennent individualistes et l'individualisme n'est peut-être pas le vrai chemin du bonheur.

Les tensions ont commencé à se faire jour avec la saisine de la HAS par le Ministère de la santé (la dernière en date concernant l'évaluation des méthodes). Observons que ce n'est pas ce qui était initialement prévu dans le plan autisme, puisqu'il devait y avoir une réflexion séparée sur l'accompagnement dans le secteur sanitaire (l'ANESM ayant elle, terminé la sienne qui n'a pas soulevé de telles vagues). Ceux qui ont pris la décision de commander cette recommandation conjointe à la HAS et à l'ANESM voulaient éviter de faire une recommandation spécifique pour les « hôpitaux de jour pour enfants » (quelle expression !) ; l'existence même de la pédopsychiatrie infantile dans le dispositif de l'accompagnement des enfants avec autisme est un sujet tabou depuis 1995 (je me souviens des débats à cette époque avant la sortie de la « Circulaire Veil »). Pour ne pas affronter ce problème on a déplacé la polémique et aggravé les difficultés. Je ne pense pas que l'annonce d'un plan autisme par Roselyne Bachelot (ministre de la santé en 2008) et par Valérie Létard (simple secrétaire d'Etat ne pouvant jouer la vedette en tant que représentante du médico-social) ait été une bonne chose. Tout le monde a compris qui était le pilote, le secteur médical en premier. Alors que depuis 1995, l'autisme était dans le champ du médico-social (l'autisme est un handicap, loi de 1996 !), brusquement il basculait dans le champ du sanitaire. Il ne suffit pas de dire que de toute façon, c'est la sécurité sociale qui paie, que les frontières du sanitaire et du médico-social sont arbitraires (voire !), le mal était fait.

Ensuite, le scénario s'est déroulé comme on pouvait s'y attendre et les débats houleux et difficiles sur la recommandation à paraître début mars se sont étalés sur plus d'un an, chaque camp utilisant les armes du lobbying. Par camp, j'entends les « pro » et les « anti » psychanalyse, car le reste de la recommandation (très riche) risque de passer au second plan.

A l'automne, un autre événement intervient, qui corse la situation. La sortie du film « Le Mur », un documentaire de 52 minutes réalisé par Sophie Robert et produit par « Autistes sans frontières ». Très vite sur Internet ce fut le « buzz ». La publicité pour ce film a été assurée également par les trois psychanalystes, qui ont saisi la justice. Indépendamment des conclusions de la justice, car je crois que la réalisatrice a fait appel du jugement interdisant en l'état la diffusion du film, on peut dire qu'il a eu des « effets thérapeutiques », car de nombreuses familles se sont souvenu d'avoir rencontré certains psychiatres comme ceux  caricaturés dans le film et ont plutôt ri, les réserves portant plutôt sur l'éloge lui-aussi un peu caricatural des méthodes comportementales (utiles bien sûr, mais je n'aime pas les oppositions trop simplistes).

Bien sûr, avant la décision du tribunal de Lille, la presse s'était largement fait l'écho de cette polémique avec des titres éloquents : « Autisme : feu sur la psychanalyse » par exemple (Nouvel observateur - 8 déc. 2011).

Pendant ce temps-là, l'autre camp (les pro-psychanalystes) s'organisait et on a vu la naissance ou la « re-naissance » d'associations de psychanalystes (institut psychanalytique de l'enfant, coordination internationale entre psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme CIPPA...). Même les politiques ont été sommés de choisir leur camp et Martine Aubry a été prise en flagrant délit de double langage entre ses déclarations d'un côté et son amitié affichée pour le professeur Delion (sous réserve de vérification car Internet peut se tromper !).

Le dernier palier est franchi avec le dépôt d'une proposition de loi du député UMP Fasquelle « visant l'arrêt des pratiques psychanalytiques dans l'accompagnement des personnes autistes, la généralisation des méthodes éducatives et comportementales et la réaffectation de tous les financements à ces méthodes » (vendredi 20 janvier). Les associations du Collectif sont priées de s'associer à ces démarches ; bien qu'aussitôt Sésame-Autisme et Autisme France font connaître leur réserve sur la méthode, un communiqué du Collectif (envoyé aux parlementaires par erreur, nous a-t-on expliqué) a fait état d'un soutien inconditionnel...

L'Unapei de son côté, envoie un communiqué à l'Agence France Presse pour déclarer qu'elle condamnait cette initiative du député ; cette déclaration peu nuancée fait vite des vagues sur Internet et la présidente Christel Prado doit s'expliquer auprès de ses adhérents. C'est une illustration de ce qui arrive quand la polémique atteint une telle intensité. Soit on soutient l'initiative du député Fasquelle, soit on n'est pas d'accord et on apparaît malgré soi comme des suppôts du diable, je veux dire des psychanalystes. Ce texte n'a d'autre ambition que de desserrer l'étau.

A ce jour d'autres prises de position se manifestent (et cela ne va pas s'arrêter), Edwige Antier, la célèbre pédiatre (UMP) prend la tête d'une pétition contre son collège UMP (à la différence du PS où une seule personne concentre sur elle deux attitudes, à droite, on est favorable au bicéphalisme, d'ailleurs Edwige Antier ne se contente pas de critiquer la démarche de son collègue, elle défend l'utilité de la psychanalyse dans les soins aux personnes autistes). C'est ce que prétend du moins l'Institut psychanalytique de l'enfant).

L'ANCRA (Association Nationale des Centres de Ressources Autisme) se fend d'un communiqué nuancé... et la presse continue avec par exemple un article du Figaro (sorti comme par hasard le jour de la conférence de presse de F. Fillon pour lancer l'année de la Grande cause nationale) dont le titre est éloquent

« Autisme : la neurobiologie discrédite la psychanalyse ». On s'attend à des révélations, des découvertes, mais en fait les découvertes dont il est question (et qui sont très importantes) sont déjà anciennes et connues de tous. Qui oserait contester « qu'il y a une racine biologique à l'autisme » ?

Alors peut-on sereinement essayer d'y voir un peu plus clair dans ce débat passionné, où tous les arguments sont bons, tous les amalgames sont faits et où on ne pourrait plus s'exprimer sans se faire lyncher.

D'abord on peut vraiment s'interroger sur la démarche du député Fasquelle (un homme poli et agréable) ? :

- Un tel article de loi (5 lignes) ne ressort pas des compétences du Parlement, de l'avis unanime des juristes.

- Dans un mois, la HAS et l'ANESM, à la demande du Gouvernement vont rendre publique la recommandation   « Autisme et autres TED : interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l'enfant et l'adolescent ». La conférence de presse aura lieu le mardi 6 mars 2012. Cette recommandation ayant fait l'objet de très nombreuses concertations est déjà plus ou moins connue, et on peut craindre que sur certains points sensibles elle décevra. Mais c'est ainsi, cela veut dire qu'il faudra continuer à convaincre...

- Personnellement, je ne pense pas qu'il soit possible d'instituer une « police de la pensée » et de promouvoir des vérités imposées d'en haut. Bien sûr, dans d'autres domaines de la médecine, les avancées de la science s'imposent d'elles-mêmes et les spécialistes suivent le mouvement. En France, en tout cas, la psychiatrie semble faire exception... mais je ne pense pas malgré tout que la décision médicale puisse appartenir au pouvoir politique. C'est une vision léniniste du pouvoir, du haut vers le bas ; c'est aussi une démarche qui rappelle trop l'inquisition.

- Enfin, depuis 50 ans et ma classe de philo je continue à penser que la fin ne justifie pas les moyens et que si j'estime avec une très grande majorité des adhérents et de militants de Sésame Autisme que la psychanalyse n'est pas utile dans la compréhension de l'autisme ni par les méthodes qui découleraient d'elle, je ne pense vraiment pas qu'il faut user de menaces ou de terrorisme (d'ailleurs je n'oublie pas qu'il y a 30 ans, certains psychanalystes utilisaient le chantage et que la culpabilisation n'a pas disparu). Cette proposition de loi aboutit même à un résultat paradoxal, car elle « victimise » les psychanalystes qui en général savent bien jouer cette partition (les polémiques au moment de la parution du livre d'Onfray « Le crépuscule d'une idole » et auparavant celui du livre noir de la psychanalyse).

 

Où va se « nicher » la psychanalyse ?

Mais au fait, qu'est-ce qu'on veut interdire au juste quand on évoque « les pratiques psychanalytiques » et peut-on espérer « la réaffectation de tous les financements existants à ces méthodes » (éducatives et comportementales, qui ne sont pas plus définies). En effet une telle loi supposerait un décret d'application qui définirait ce qu'on ne devrait plus faire (bonjour la jurisprudence !). Il n'est pas si facile que cela de trouver « la psychanalyse » dans ce qui existe en faveur des personnes avec autisme. Je vais tenter d'énumérer quelques domaines où la « psychanalyse s'exerce ».

1. Les psychothérapies d'inspiration analytique qui s'adressent aux enfants.

Elles étaient en voie de disparition il y a quelques années. Aujourd'hui en France, c'est Geneviève Hagg qui fédère ce mouvement (avec M. D. Amy) et on peut penser (en lisant leurs écrits) que ces personnes pratiquent des psychothérapies individuelles pour aider l'enfant autiste : mettre en mot ses vécus corporels (je schématise) et l'aider à se construire un monde symbolique... Je remarque que cette « psychanalyse » s'oriente de plus en plus sur le vécu sensoriel et sur la psychomotricité (travaux du Professeur Bullinger).

Les entretiens avec les familles constituent eux-aussi une part importante de la

« prise en charge » psychanalytique. Ce que les familles souhaitent c'est d'avoir en face d'eux un médecin qui apportera des connaissances et des savoir-faire ; or ce n'est pas sous cet angle que se déroulent les entretiens « psychanalytiques », ce qui évidemment contribue à creuser le fossé entre les professionnels (psychanalystes) et les parents.

Ce courant de pensée a comme ambition également de réconcilier la psychanalyse et les neuro-sciences. Ce qui personnellement m'agace dans ces théories c'est que les psychanalystes ont préempté le champ entier de la psychologie ; pour eux c'est une évidence qu'il n'y a pas de psychologie autre que la psychanalyse. C'est malheureusement vrai dans beaucoup de facultés de psychologie en France, mais évidemment c'est un hold-up sur cette discipline scientifique, qui est un domaine passionnant et indispensable. L'avenir, bien sûr, c'est le dialogue entre les neuro-sciences et la psychologie cognitive (et c'est bien différent du rapprochement entre la psychanalyse et les neuro-sciences).

Peut-on interdire, pour revenir à la proposition de loi, ces consultations d'inspiration psychanalytique ? Vous voyez la levée de bouclier, si on s'avisait à regarder par le trou de la serrure ce qui se passe dans un cabinet privé ou même si on écoutait aux portes les entretiens à l'hôpital de jour. Infaisable, bien sûr, si on ne veut pas avoir sur le dos la communauté médicale, le Conseil de l'ordre des médecins... et d'ailleurs qui souhaite vraiment un tel enrégimentement ?

2. Les réunions de synthèse, les projets individualisés ou les rencontres avec les familles

 

D'après moi, c'est plutôt dans ces lieux ou dans ces domaines que les représentations (liées à une grille de lecture de la psyché humaine qui découle d'un courant psychanalytique) peuvent avoir un impact négatif.

Comment interpréter une attitude, un comportement et comment tenter de le modifier ou en tout cas de favoriser une évolution vers la socialisation, vers le bien être... ?

Soit on considère que c'est un symptôme, un langage et qu'il faut le laisser se développer pour mieux le comprendre, espérant que de lui-même il disparaîtra avec la souffrance affective qu'il est censé révéler ; soit on le regarde comme une des manifestations de l'autisme et on utilisera d'autres outils pour en atténuer les effets (cf. les outils d'analyse des comportements-problèmes).

Soit on se centre sur l'enfant et sa famille et on va chercher ce qui pourrait expliquer telle attitude, telle manifestation, soit on met tous ses efforts à connaître le mode de fonctionnement autistique pour être utile aux personnes avec autisme...

Le lecteur reconnaîtra des pratiques qu'il a rencontrées. Les conséquences ne sont jamais neutres. Pour moi, si on veut respecter les personnes avec autisme, il faut connaître les particularités du « fonctionnement » autistique et accepter leur différence... et ne pas s'amuser à rechercher des causes souvent imaginaires.

Le regard que porte le professionnel sur les personnes qu'il a en face de lui est essentiel. Je me souviens de ce que m'expliquait un médecin psychiatre d'un hôpital de jour (qui faisait partie de l'association à cette époque) lorsqu'il il a eu entre les mains le compte rendu d'un examen génétique à Necker ; son « patient autiste » souffrait d'une maladie génétique connue. A partir de là, tous les éducateurs l'ont regardé autrement et cela a tout changé. C'est la « révolution » qu'ont tant de mal à faire les psychanalystes encore aujourd'hui.

Maintenant peut-on « quantifier » les équipes qui fonctionnent sur ce mode « psychanalytique ». Personnellement j'en suis bien incapable. En tout cas, ce n'est pas marqué sur la porte de l'établissement, plus souvent un hôpital de jour mais pas uniquement (je connais des « équipes » dans les IME qui réagissent avec des grilles de lecture psychanalytique).

Qui pourrait aujourd'hui faire une liste des établissements concernés ? On ne peut quand même pas utiliser la délation ou la rumeur ? Parfois même un seul professionnel se réfère explicitement à la psychanalyse...

Ce que je fais personnellement c'est de regarder de près les projets d'établissement et de faire en sorte qu'ils soient précis sur les questions essentielles.

Evidemment, on ne peut pas condamner non plus tous les « hôpitaux de jour » pour enfants. De nombreux chercheurs travaillent d'ailleurs en pédo-psychiatrie. Et de toute façon aucun redéploiement financier n'est possible.

Si par un hasard extraordinaire, on décrétait que les enfants avec autisme ne devaient plus fréquenter les hôpitaux de jour, non seulement on se retrouverait avec plusieurs milliers d'enfants sans solution, mais en plus les hôpitaux de jour accueilleraient d'autres pathologies, sans qu'on puisse supprimer la moindre place. Pour moi, et j'en suis sûr, c'est une fausse piste pour trouver de l'argent.

3. La psychanalyse comme outil d'analyse de l'institution

 

C'est, si je ne m'abuse, ce qu'on appelait jadis la psychothérapie institutionnelle. Le lecteur n'aura pas de mal à trouver sur Internet l'histoire de ce concept, car ce serait très long à expliquer. Ce courant est inséparable de la psychose, de l'histoire de la psychiatrie (de la fin de la guerre à la naissance des hôpitaux de jour au début des années 70), du développement de la psychanalyse en psychiatrie adulte également pour changer la vie asilaire...

L'institution doit être « soignée » si on veut qu'elle ne maltraite pas les patients, idée qui est loin d'être ridicule, mais dans ces années-là on ne connaissait que la psychanalyse comme outil pour étudier les comportements de groupe.

Bien sûr il y a eu des dérives sectaires graves puisque la loi de la république s'arrêtait à la porte de l'établissement et une communauté édictait ses propres règles (très souvent énoncées par le médecin supposé savoir qu'était le médecin directeur psychanalyste qui lui n'était contrôlé par personne...).

Ce courant de pensée s'est retrouvé également dans le domaine de l'éducation et a tenté un temps la pédagogie Freinet (l'élève et le maître sur un pied d'égalité). J'ai bien connu cette époque (mai 68, les frères Cohn-Bendit, l'Ecole supérieure de la rue d'Ulm où enseignait Lacan, et c'est avec (presque) de la nostalgie que j'ai retrouvé ce concept dans la recommandation de la HAS et de l'ANESM qui sera bientôt rendue publique. Tout à la fin, il est question des travaux de recherche « recommandés » pour évaluer certaines pratiques et la

« psychothérapie institutionnelle » est citée... Moi qui pensais qu'elle avait disparu des « écrans radars » depuis des lustres et qu'elle ne parlait plus qu'aux « soixante-huitards » oscillant entre l'anarchisme et la psychanalyse lacanienne...  

 

Peut-être la « psychothérapie institutionnelle » est-elle le nouveau nom de la psychanalyse et j'aurais manqué une étape ? On aurait classé celle-ci dans les interventions globales non recommandées ou non-consensuelles (il faudra lire le sous-titre dans l'ordre inverse, vous verrez quand vous aurez reçu cette recommandation) pour la faire revenir à la fin de la recommandation. Je dois avoir l'esprit mal tourné.

Soyons sérieux, j'ai connu des établissements il y a certes longtemps (il y a encore des survivants et je connais un hôpital de jour en Seine-St-Denis qui fonctionne sur ce modèle) dont le fonctionnement s'inspirait des théories énoncées dans les livres sur la psychothérapie institutionnelle. Tous les éducateurs, personnels d'entretien, personnels administratifs... devaient faire une analyse car tout le monde devait comprendre la même chose ; on devait vénérer la même philosophie, celle de Freud, de Lacan... et celle du psychiatre de l'institution (à travers ses écrits). La présence aux « séminaires » organisés était contrôlée... Pour comprendre, allez chercher dans votre bibliothèque ou vidéothèque « Au nom de la Rose »...

Pour être totalement objectif, il y eut aussi des idées originales (intervenants extérieurs, activités manuelles ou artistiques, etc. et bien sûr nous les avons reprises dans nos établissements en les débarrassant de leur gangue idéologique (Freud, Marx, Marcuse, Foucault, l'anti-psychiatrie....

On peut mettre ce que l'on veut derrière les mots et faire renaître des concepts anciens, mais comme ce vocable n'est nulle part défini et je ne connais pas d'autres définitions.

Pour être complet, je précise qu'il est souhaitable de porter toute son attention à la vie des petits groupes qui constituent nos SESSAD, IME, foyers de vie, FAM, MAS ; des relations se nouent entre enfants, entre adultes, entre enfants et adultes. La psychologie sociale (discipline encore naissante) nous apporterait des outils utiles. Le professeur que j'ai été sait bien qu'une classe ne ressemble pas à une autre et qu'une dynamique positive ou négative se met rapidement en place. C'est la même chose en entreprise et cela ne doit pas être négligé. Mais pour moi cela n'a rien à voir avec le courant de pensée désignée par la psychothérapie institutionnelle (dont le porte-parole le plus connu est aujourd'hui le Professeur P. Delion).

4. Les CRA (Centres de ressources autisme)

 

Les premiers centres ont été animés au début par des équipes hospitalières le plus souvent (s'est adjoint parfois un pôle médico-social, comme celui auquel j'ai participé avec le Professeur Alain Lazartigues) très au fait des recherches sur l'autisme et souhaitant jouer un rôle moteur dans la diffusion du diagnostic d'autisme et plus généralement des connaissances de l'autisme.

Puis notre chère administration a demandé de créer un CRA par région, sans s'interroger sur l'existence au sein de la région d'équipes de recherche. Ce rouleau compresseur administratif a favorisé le développement de CRA qui n'étaient pas tous sur la même longueur d'onde.

Et puis dans un troisième temps, ces CRA sont devenus des enjeux stratégiques dans la lutte d'influence idéologique et des psychiatres « d'obédience psychanalytique » se sont mis à s'intéresser à ces CRA et à tenter de rattraper leur retard depuis les années 2000. Bien sûr, tout le monde dira qu'ils se réfèrent aux textes officiels, mais la réalité est souvent différente. On retrouve aujourd'hui au niveau des CRA des luttes d'influence comparables à celles qui existent pour détenir une chaire de pédopsychiatrie... au nez et à la barbe de l'administration, surtout depuis que les CRA sont de compétence ARS...

Alors, soyons un peu pragmatiques s'il vous plaît. Au lieu de faire une proposition de loi « épouvantail », regardons d'un peu plus près sur le terrain les évolutions et on pourra constater qu'il y a un fossé entre les déclarations et la réalité.

C'est sur le terrain que la situation bougera, c'est le défi que nous devons relever. Les pouvoirs publics ont une très grande responsabilité lorsqu'ils s'imaginent qu'il suffit de faire des textes et oublient le travail de contrôle qui leur appartient. A nous de les alerter et de continuer à faire preuve de créativité et d'imagination dans le travail quotidien (les « petites victoires »).

Il n'y a pas de « FIN de l'Histoire » (encore une utopie qui a fait des dégâts), ni même d'An I... l'histoire est une longue et patiente évolution, il faut tous les jours se remettre en question, car c'est cela la véritable démarche scientifique.

Marcel HERAULT

Même si je suis certain que les propos que j'émets sont très largement partagés au sein de la Fédération Française Sésame-Autisme et de Sésame Autisme Gestion et Perspectives dont je suis le président, je préfère en assurer seul la responsabilité.

http://www.sesame-autisme.com/textes-de-la-federation.html

18 février 2012

Le blog des rêves de Christiane Riedel ...

Je ne saurai trop vous conseiller de prendre connaissance de l'article publié par Christiane Riedel sur son blog le 17 février 2012. Je joins à cette publication une petite vidéo sympa qui permet de mieux la connaître.

(jean-Jacques Dupuis)

L’AUTISME ET LES RAVAGES DE LA PSYCHANALYSE

"Depuis que j’ai ouvert mon blog en janvier 2007, vous m’avez vu m’élever à plusieurs reprises pour dénoncer les aberrations de la psychanalyse freudienne. Les Français, qui sont si suspicieux à l’égard des sectes et en voient partout, ne s’aperçoivent pas que la psychanalyse freudienne en France pourrait être considérée sous certains aspects comme une secte matérialiste tentaculaire. Elle a en effet investi sournoisement tous les domaines, l’université, la médecine, les hôpitaux, les administrations, elle domine dans les esprits, formate la pensée, détruit les familles et les gens, les jeunes en particulier, et gagne des sommes d’argent folles.

Vous verrez ci-dessous les critères qui définissent une secte selon la MIVILUDES."

Lire la suite => ICI

 

CHRISTIANE RIEDEL Thérapeute de l’âme, Spécialiste de l’interprétation des rêves, Continuatrice de l’œuvre de Carl Gustav Jung, Fondatrice de l’Académie d'Interprétation des Rêves «Ailleurs Vécu», Consultante, Formatrice, Auteure, Conférencière

17 février 2012

article publié sur le blog de Franck Ramus FRblog le 17 février 2012

Questions à Bernard Golse

Cher collègue,
Vous êtes récemment intervenu dans de nombreux médias, et notamment dans Libération (le 13/02/2012) et dans le Magazine de la santé sur France 5 le 14/02/2012. Vous regrettez la polarisation du débat entre la psychanalyse et les autres approches. Je trouve personnellement que ce débat n'a pas lieu, car les argumentaires sont produits en parallèle et se rencontrent rarement. Par exemple, France 5 vous a interviewé sans aucun contradicteur. Libération juxtapose vos propos à ceux d'un responsable associatif, mais sans que vous puissiez vous répondre sur des points précis. Et les journalistes qui vous ont interrogé n'ont pas tous les éléments qui leur permettraient de vous poser les questions les plus pertinentes, d'apprécier la justesse de vos réponses, et de repérer celles de vos affirmations qui pourraient être contestées.
Afin de rétablir un véritable dialogue entre deux approches en apparence incompatibles, je vous propose, cher collègue, de répondre le plus précisément possible à mes questions ci-dessous. Et, afin d'éclairer au mieux le débat public, je vous propose de rendre publiques mes questions et vos réponses, sur mon blog ainsi que sur tout autre média approprié.
Bien entendu, si jamais vous aviez été cité incorrectement dans Libération, ou si jamais vous n'aviez pas pu exprimer correctement votre pensée sur France 5, n'hésitez pas à rectifier vos propos de manière à ce que le fond de votre pensée soit absolument clair pour tout le monde.
 

Sur ce qu'est l'autisme


Dans le Magazine de la santé, vous dites " tout le monde est à peu près d'accord pour une définition qui serait de dire que : l'enfant autiste a du mal à ressentir que l'autre existe et qu'un autre est différent de soi. Il a du mal à prendre en compte l'existence des autres."
Ce n'est pourtant pas la définition de l'autisme que donnent les classifications internationales (ni même la CFTMEA). Ce sur quoi tout le monde s'accorde, c'est sur le fait d'inclure dans la définition de l'autisme une difficulté à établir des relations sociales. Mais je considère (et je pense que la plupart des chercheurs sur l'autisme seraient d'accord sur ce point) que votre affirmation est une surinterprétation sans fondement.

1.       Quelles sont les données qui vous permettent d'affirmer que l'enfant autiste a du mal à ressentir que l'autre existe et qu'un autre est différent de soi?


Sur les théories de l'autisme


Dans le Magazine de la santé, vous dites "les psychanalystes en ont un peu assez de cet arrêt sur image qui dit que quand on est psychanalyste et qu'on veut aider un enfant autiste de manière psychanalytique on est simplement à la recherche du coupable : la mère ou je ne sais qui. Mais ça c'est complètement ringard !". Si je vous comprends bien, vous rejetez les hypothèses psychanalytiques traditionnelles selon lesquelles les causes de l'autisme se trouvent dans la relation avec les parents.

2.       Est-ce bien le cas?

Dans le documentaire suivant: http://rutube.ru/tracks/5180041.html, qui daterait de 1998 et qui serait encore utilisé à des fins de formation, on peut vous voir avec Serge Lebovici discuter du cas d'un enfant avec un trouble du langage (il n'apparaît pas clairement s'il est autiste ou pas). La seule hypothèse que vous y évoquez pour expliquer le trouble serait celle d'un secret familial concernant son père.

3.   A. Ne s'agit-il pas là précisément du genre d'hypothèses que vous qualifiez de complètement ringarde?

B. Pouvez-vous expliquez cette contradiction apparente? 

C. Si vous avez changé d'avis depuis 1998, envisagez-vous d'en faire état publiquement, de vous distancier du discours tenu dans ce documentaire, et de recommander qu'il ne soit plus utilisé pour la formation de professionnels?


Sur les pratiques thérapeutiques pour l'autisme


Dans le Magazine de la santé, vous dites qu'aider un enfant autiste c'est "l'aider par la relation à admettre qu'un autre existe et qui n'est pas un danger", ainsi que "mettre des mots sur ses émotions sur ses angoisses, l'aider à mettre du sens sur ses comportements, ses stéréotypies".

4.       Quelles sont les données à l'appui de ces affirmations? Quelles sont les données montrant que ces approches aident réellement les enfants autistes?

 
Dans Libération, vous dites: "Dans l'autisme, rien n'est validé, tout marche si on met le paquet, c'est l'intensité de la prise en charge qui compte", propos que vous réitérez dans le Magazine de la santé.
Pourtant, il y a eu de nombreux essais cliniques qui ont montré l'efficacité de certaines méthodes éducatives (notamment ABA, ESDM) significativement supérieure aux soins courants, voire à d'autres méthodes structurées. Voir par exemple la bibliographie rassemblée par Egalited, ainsi que la méta-analyse la plus récente sur l'ABA. On peut aussi consulter la version provisoire de l'argumentaire du rapport 2012 de la HAS sur les bonnes pratiques pour l'autisme, qui fait la revue de toutes ces études.

5.       Avez-vous connaissance de ces études? Si oui, pourquoi répétez-vous que dans l'autisme "rien n'est validé"? Si non, cette méconnaissance n'est-elle pas problématique pour un chef de service de pédopsychiatrie?


6.       Avez-vous connaissance d'études similaires évaluant des prises en charges psychanalytiques de l'autisme, publiées dans des revues scientifiques internationales? Si oui, pouvez-vous en donner les références? Si non, sur quelle base préconisez-vous leur usage?

 
Dans le Magazine de la santé, à l'appui de l'efficacité des pratiques psychanalytiques, vous évoquez "des choses en cours de validation", ainsi qu'une étude pilotée par Geneviève Haag et vous-même. Je trouve admirable que de telles études aient lieu, y compris l'essai clinique sur le packing de Pierre Delion, car en tant que chercheur, je considère qu'il faut bien que la recherche se fasse pour que l'on apprenne quelque chose.

7.       Mais pourquoi si tard? Comment se fait-il qu'en 2012 vous ne puissiez faire référence qu'à des études en cours? Depuis plus de trente ans que des enfants autistes font l'objet de prises en charges psychanalytiques en France, comment se fait-il que des données n'aient pas été collectées systématiquement, et que des évaluations rigoureuses n'aient pas été conduites beaucoup plus tôt?

 
J'attends, cher collègue, vos éclaircissements avec impatience.
Bien cordialement,
 
Franck Ramus
 
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17 février 2012

article publié sur le site d'Autisme Infantile le 17 février 2012

Grandir avec son enfant

Oui, j’avoue, là où je vais vous dire qu’il faut grandir avec votre enfant, j’ai souvent failli. Mais mieux vaut tard que jamais. Même si, heureusement, je pense ne pas être trop nulle dans l’accompagnement de ma fille, je pense que je peux mieux faire, et surtout je dois continuer de grandir avec elle. C’est-à-dire que j’ai eu tendance à l’infantiliser ou à ne pas me poser les bonnes questions au bon moment.

Retrospectivement, je vois dans cette « défaillance » le fait que je n’ai pas quatre bras, mais aussi que j’ai attendu de Mathilde qu’elle me montre d’elle même ce qu’elle savait faire, et ce qu’elle était prête à faire. Grosse erreur, quand on sait qu’elle a principalement besoin de ré-éducation, donc d’être guidée beaucoup plus qu’un autre enfant. Il ne faut pas se dire qu’elle saura faire quand elle sera plus grande, qu’il faut lui laisser le temps! Non non non, l’enfant doit être éduqué à faire ce qu’un autre pourrait faire au même âge ou presque. Il peut y avoir des retards, surtout dans les apprentissages scolaires, mais pour le reste il n’y a pas de raison. Si l’enfant est bien guidé, il doit pouvoir y arriver. Je parle principalement des actes « physiques » de la vie quotidienne.

La principale question à se poser est alors: que fait un enfant du même âge dans telle situation? La grande règle étant: ne pas faire à sa place, parce que c’est plus rapide, ou parce que l’on croit qu’il ne saura pas.

À l’école pour les petits: poser son manteau au bon endroit (l’AVS doit lui apprendre), savoir le mettre, savoir l’enlever, mettre son bonnet. Tenir un crayon, découper, coller. Tenir ses couverts, mettre sa serviette, boire au verre. Mettre son cartable sur son dos ou le tenir à la main.

À la maison: lui apprendre à se laver et se sécher, à aller aux toilettes seul, à s’habiller en mettant des repères sur les habits si nécessaire, à ranger son manteau et ses chaussures en rentrant et les mettre pour partir…

En fait, je crois qu’il faut évidemment penser à sa place, parce que l’enfant ne sait pas ce qu’il faut faire parfois, ni comment, ni à quel moment, mais il est important qu’il apprenne le geste pour savoir faire seul. Plus on attend, plus la routine s’installe, et finalement on ne se rend même plus compte que ce que l’on fait peut être fait par l’enfant. Et il faut dire aussi que Mathilde aime se laisser aller, et qu’elle ne fera pas à la maison ce qu’elle fait à l’extérieur, puisqu’elle sait que je vais le faire à sa place…

Je suis passée à côté de beaucoup de choses durant ces dernières années. Je vais donc prendre une feuille, noter ce qu’elle est physiquement capable de faire seule par rapport à ses frères et soeurs, et travailler avec elle.

Il y avait deux choses vraiment visibles qui faisaient penser que c’était encore un « bébé »: la tétine et les couches. Ça, c’est fini! Elle grandit, moi aussi, alors au boulot!

http://autismeinfantile.com/prise-en-charge/a-la-maison/suggestions-aux-parents/grandir-avec-son-enfant/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+AutismeInfantile+%28Autisme+Infantile%29

17 février 2012

information publié sur le site information information Hospitalière

Actualité médicale


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Autisme : l’imagerie cérébrale, une aide au diagnostic précoce…
- Actualité médicale

Autisme : l’imagerie cérébrale, une aide au diagnostic précoce…

Si en France, les spécialistes de l’autisme attendent le rendu le 6 mars prochain du rapport de la Haute Autorité de santé (HAS), qui fait polémique, Outre-Altantique, des chercheurs essaient de mettre au point un méthode de diagnostic précoce à partir d’imagerie cérébrale. C’est ce que révèle une étude parue sur le site de l’American Journal of Psychiatry.


Afin de mieux comprendre ce trouble du comportement qui touche actuellement plus de 400 000 français, Jason Wolff et ses collègues de Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, ont étudié grâce à l’imagerie médicale par résonance magnétique le cerveau à 6, 12 et 24 mois, de 92 enfants, ayant tous des frères ou des sœurs atteints d’autisme.

A l’âge de 24 mois, seuls 28 des participants ont montré des signes d’autisme. Les 64 autres en étaient exempts. En comparant et en analysant, les différentes images obtenues, les chercheurs ont constaté des divergences dans le développement du cerveau et notamment au niveau de la substance blanche, qui relie différentes aires de la matière grise. Afin de mieux comprendre ces différences, les chercheurs ont examiné 15 zones cérébrales distinctes spécifiques de la substance blanche, pour voir de quelles façons évoluent les fibres nerveuses contenues dans cette dernière.
Dans 12 zones sur 15, les chercheurs ont pu observer que les fibres suivaient des trajectoires différentes, que l’enfant soit autiste ou pas.
D’après Jason Wolff, cette découverte suggère que l’autisme n’est pas forcément lié à une zone particulière du cerveau et qu’en analysant par IRM suffisamment tôt le cerveau d’enfant à risques, ils serait possible de poser un diagnostic précoce.

http://www.informationhospitaliere.com/actualite-20398-autisme-l-imagerie-cerebrale-diagnostic-precoce.html

17 février 2012

"Rendez-vous à Tanger" Iman Chair expose à Paris du 18 février au 18 mars

expo photo affiche iman chair

 

17 février 2012

Pipoye un artiste de talent

Je vous encourage à découvrir les réalisation de Pipoye sur page facebook ... et n'hésitez pas à cliquer sur j'aime si bien sûr vous appréciez https://www.facebook.com/pages/Pipoye/354308601255381

Pipoye artiste

PIPOYE DANS L' EDITION 2012 DU LIVRE " THE ART OF AUTISM " DE L 'AMERICAINE DEBRA HOSSEINI
17 février 2012

article publié dans le journal le monde.fr le 16 février 2012

Appel à témoignages

Parent d'enfant autiste, vous avez vécu les difficultés de la prise en charge.

Témoignez.

16.02.12 | 14h42

Déclaré "grande cause nationale" en 2012, l'autisme souffre encore d'un manque de structures pour accueillir les enfants qui en sont atteints. Parent d'un enfant autiste, vous vous êtes parfois senti désarmé pour faire face à la situation.  Diagnostics contradictoires, insuffisances de la prise en charge et du suivi de l'enfant, les obstacles à surmonter ressemblent parfois à un parcours du combattant. Racontez-nous votre expérience. Une sélection de vos témoignages sera publiée sur Le Monde.fr.

http://www.lemonde.fr/societe/appel_temoignage/2012/02/16/parent-d-enfant-autiste-vous-avez-vecu-les-difficultes-de-la-prise-en-charge-temoignez_1644349_3224.html

16 février 2012

article publié dans le quotidien du médecin le 16 janvier 2012

Packing : convoqué par l’Ordre, le Pr Delion s’explique

lequotidiendumedecin.fr 16/02/2012

Le Pr Pierre Delion (chef du service psychiatrie et enfants au CHRU de Lille) a été entendu aujourd’hui au conseil départemental du Nord de l’Ordre des médecins à la suite d’une plainte de l’association « Vaincre l’autisme » qui lui reproche sa pratique du « packing ». Tandis qu’une pétition de soutien circule sur Internet, le Pr Delion répond aux questions du « Quotidien ».

LE QUOTIDIEN - Quelle a été votre réaction suite à la plainte de l’association “Vaincre l’autisme” et à la convocation de votre Conseil de l’Ordre départemental ?

Pr PIERRE DELION - Ma réaction personnelle importe peu. Le soutien de plus de quatre mille signatures et lettres envoyées à ce jour au Conseil de l’Ordre montre que je ne suis pas seul dans cette affaire. Mais en revanche, de voir que sous des prétextes scientifiques qui n’en sont aucunement, on voudrait priver des enfants et leurs parents d’une technique de soin souvent efficace, me semble à moi, aux professionnels qui l’utilisent et aux parents des enfants concernés, extrêmement problématiques sur les motivations qui les animent. J’espère que la raison reviendra et aidera à trouver la voie d’une pédopsychiatrie intégrative (éducatif nécessaire, pédagogique si possible et thérapeutique si nécessaire) qui permette aux enfants de trouver le costume sur mesure de prise en charge par rapport à la forme de leur autisme et que les moyens humains seront suffisants pour les accompagner de façon adéquate, sous l’égide de leurs parents. D’autres associations ou groupes ont fait des pressions indécentes sur mon travail et mes recherches. Par exemple, en exerçant des pressions auprès de rédacteurs en chef de revues internationales pour m’empêcher de publier des articles comportant parmi les mots clés celui de packing, ou en inondant certains forums de calomnies à mon encontre tout en restant lâchement protégés par l’anonymat, ou en introduisant des prises de positions contre le packing chez certains grands politiques. À qui profitent de telles conduites éloignées des pratiques de la démocratie ? Pourquoi un débat scientifique sur ces sujets n’est-il pas possible ? Pourquoi certains politiques peu scrupuleux s’emparent-ils de sujets techniques (médecine, histoire, …) pour en faire une croisade à visée électoraliste ?

Quelle a été par ailleurs votre réaction suite à la pétition de soutien sur Internet paraphée par de nombreux professionnels ?

Au-delà du fait que je me demande comment les remercier individuellement, j’y vois le signe que beaucoup de collègues professionnels et de parents trouvent que ces (mal)menées ont assez duré vis-à-vis de moi, mais surtout vis-à-vis de ce que je représente, c’est-à-dire une position, non pas de modèle, mais plutôt de juste milieu, guidée par le souci de l’autre, le respect de l’humain dans toute souffrance, et l’intégration dans les pratiques des avancées de la science, ce que beaucoup d’entre nous réalisons à chaque fois que c’est possible. Cette médecine humaniste à laquelle je crois et à laquelle j’ai voué toute ma vie professionnelle est aujourd’hui mise en péril par des mouvements passionnels qui réunissent toutes les peurs et les craintes de parents vis-à-vis de leurs enfants. Plutôt que de se livrer dignement, voire par voie juridique, à des reproches construits auprès des personnes qui doivent en répondre précisément (j’ai un différend avec mon psychanalyste, c’est avec lui que je vais régler le problème et non demander l’interdiction pour tous de la psychanalyse), la tendance actuelle consiste à trouver une proie facile et à tenter de la détruire pour expier la haine dont je suis rempli. Ces mouvements encouragés par une pratique peu courageuse d’Internet (il y a d’autres façons intéressantes de l’utiliser !) sont en passe de devenir l’ordinaire. Plutôt que de contribuer à faciliter le débat, cela l’obscurcit puisqu’il ne s’agit pas d’un débat contradictoire, mais d’une mise en abîme infinie des problèmes posés. Enfin, le fait que les milliers de médisances qui circulent sur mon compte soient le fait de parfaits inconnus pour moi, tandis que les signatures de soutien soient le fait de personnes que je connais « en vrai », me rassurent sur ma position de médecin engagé dans le monde.

Dans quelles conditions et situations, le packing peut-il avoir sa place aujourd’hui dans la prise en charge de personnes autistes ?

Actuellement, les indications de packing sont réservées pour les troubles graves du comportement chez les enfants TED (automutilation, agitations, stéréotypies graves ; par exemple, une petite fille qui a une stéréotypie gestuelle de frapper répétitivement sa cornée avec l’ongle de son index homolatéral…). Il arrive souvent que les médecins qui souhaitent y avoir recours, aient déjà utilisé les autres possibilités soit médicamenteuses, soit comportementales et que ces techniques n’aient pas donné de résultats. J’ajoute d’ailleurs qu’il arrive que le packing ne donne pas non plus les résultats escomptés. Je souligne par ailleurs que les enfants et leurs parents sont étonnés de l’amélioration du contact relationnel (apaisement du tonus, contacts par le regard…) que le packing permet, et pour les parents qui ont souhaité assister à une séance de packing de leur enfant, c’est ce qui les émeut le plus. Il est donc important de suivre une méthodologie précise sur le plan technique et respectueuse sur le plan humain pour parvenir à ces résultats intéressants. Mais sur l’ensemble des enfants suivis pour TED, ces indications représentent un petit pourcentage, dans la mesure où ces symptômes graves, voire gravissimes, sont heureusement assez rares. Une partie du problème actuel tient sans doute au fait que les pédopsychiatres et leurs équipes accueillent souvent les enfants autistes les plus graves et doivent faire face à des symptômes que les autres partenaires éducatifs et pédagogiques ne voient pas toujours dans la population qu’ils ont en charge. On doit donc, avant de juger de la pratique d’un autre partenaire professionnel, se rendre compte que les enfants qu’il reçoit présentent des degrés de gravité quelquefois incomparables. Un généticien du cancer ou celui qui est en charge de la prévention du cancer peuvent-ils donner un avis éclairé sur le mode d’extraction qu’un chirurgien va utiliser pour l’exérèse d’une tumeur ? Il faut que chacun, pour aider valablement les enfants autistes quelle que soit la gravité de leur pathologie, respecte ce que font les autres et prenne une attitude modeste afin de développer ensemble une stratégie de la bonne indication pour le bon symptôme.

Pourquoi est-il essentiel de mener à bien votre étude sur l’efficacité thérapeutique du packing sur les symptômes de troubles graves du comportement ?

Bien avant la polémique actuelle sur le packing, j’ai souhaité en évaluer les effets et l’efficacité, en raison des bons résultats cliniques obtenus et de mon souci d’en rendre compte à la communauté pédopsychiatrique. En effet, depuis de nombreuses années, les équipes confrontées à ces symptômes terribles d’automutilation et de graves troubles du comportement chez les enfants présentant des TED me demandaient des formations. Il fallait que cette technique soit l’objet d’une évaluation faite « dans les règles de l’art », c’est-à-dire selon les modalités acceptées dans les sciences médicales. Habituellement, lorsqu’une technique de soin doit être évaluée, cela peut prendre la forme d’un programme hospitalier de recherche clinique, et c’est ce que j’ai choisi. Le projet de recherche a donc été soumis aux instances de sélection, draconiennes en l’occurrence, puisque non seulement un jury de scientifiques de haut niveau donne son avis sur la recherche, mais également le comité de protection des personnes qui donne un avis sur l’aspect éthique de ladite recherche. Les deux avis sont agréés par le ministère et la recherche peut commencer. Mais très rapidement, une association a décidé, bien qu’elle mette toujours en avant la science, d’empêcher cette recherche, et a utilisé tous les moyens à sa disposition, et notamment les médias, pour dissuader toute personne intéressée de s’y engager. Si bien que nous n’avons pas encore fini les inclusions nécessaires à la significativité des résultats. Lorsqu’une technique finit par poser un tel problème, non pas scientifique mais sociétal, raison de plus pour la conduire à son terme et en tirer les conséquences pour les patients. Voilà à mes yeux la seule démarche scientifique en médecine aujourd’hui.

› PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID BILHAUT

http://www.lequotidiendumedecin.fr/information/packing-convoque-par-l-ordre-le-pr-delion-s-explique

16 février 2012

article publié dans JIM.fr le 14 février 2012

Autisme : la psychanalyse en ligne de mire

Publié le 14/02/2012 

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Paris, le mardi 14 février 2012 – Le label « grande cause nationale », attribué chaque année par Matignon et qui permet aux associations concernées de bénéficier pendant toute une année d’une visibilité accrue, donne parfois le sentiment d’une « coquille vide ». L’année achevée, il n’est en effet pas rare que les organisations ressentent une certaine déception. En 2012, plus que jamais, élections présidentielles obligent, la « cause nationale » aurait pu être évincée par d’autres préoccupations médiatiques. C’était sans compter avec le militantisme de certaines associations de parents d’enfants atteints d’autisme. Ces dernières sont en effet décidées à profiter de la position particulière que leur offre le « label » pour défendre l’une de leurs principales revendications : la fin de l’approche psychanalytique dans la prise en charge de l’autisme en France au profit de méthodes comportementalistes (ABA, TEACH…) largement développées à l’étranger.

Les psychanalystes se heurtent à un Mur

La guerre entre les psychanalystes et ces associations couve depuis de longues années et a fini par éclater à l’occasion de la réalisation par la journaliste Sophie Robert d’un documentaire intitulé « Le Mur » largement soutenu par l’association Autistes Sans Frontières. Ce film a déclenché une très vive polémique : sa volonté dénonciatrice de la psychanalyse n’étant nullement cachée. Il présente en effet ainsi son objet sur la jaquette de son DVD : « Sophie Robert a réalisé une longue enquête auprès d' une trentaine de pédopsychiatres-psychanalystes, dont quelques-uns parmi les plus grands spécialistes français de l’autisme, afin de démontrer par l’absurde – de la bouche même des psychanalystes – l’inefficacité de la prise en charge psychanalytique de l’autisme ». Un grand nombre des spécialistes de fait interrogés par la journaliste sont très vite montés au créneau pour dénoncer la vision caricaturale de la psychanalyse présentée par le film. Ils se sont estimés manipulés par la réalisatrice et trois d’entre eux ont même obtenu du tribunal de première instance de Lille le 26 janvier dernier que soient retranchés leurs propos. Les juges ont en effet confirmé que « les extraits (…) portent atteinte à leur image et à leur réputation en ce que le sens de leur propos est dénaturé ».

Des méthodes inefficaces et coûteuses

Au-delà des questions de forme posées par ce documentaire, qui semblent donc avoir été épinglées par la justice, sur le fond, le rejet pur et simple de la psychanalyse comme méthode de prise en charge de l’autisme est une idée fortement défendue par plusieurs organisations, qui rencontrent aujourd’hui un important soutien. Ainsi, nous l’avions évoqué rapidement dans ces colonnes, un député UMP, Daniel Fasquelle a récemment déposé une proposition de loi qui vise à « interdire l’accompagnement psychanalytique des personnes autistes, au profit des méthodes éducatives et comportementales ». Daniel Fasquelle n’a pas de mots assez durs pour dénoncer les ravages de la psychanalyse : « Les techniques utilisées actuellement en France sont non seulement inefficaces - aucune étude n'a montré à ce jour que la psychanalyse servait à quelque chose -, mais provoque un incroyable gâchis humain, que ce soit pour les enfants non traités ou pour leurs proches. Sans compter la perte financière : 60 % des hospitalisations de plus de trente jours dans les hôpitaux psychiatriques concernent des autistes, et on évalue à 200 000 euros par an le coût d'enfermement d'un autiste » explique-t-il aujourd’hui interrogé par 20 minutes. Il souligne également pour Doctissimo : « La psychanalyse ne figure dans aucune recommandation nationale ou internationale et la communauté scientifique internationale est unanime pour déconseiller l’utilisation, dans les guides de bonne pratique, des prises en charge d’inspiration psychanalytique. (…) J’ai donc estimé qu’il était de mon devoir de la faire interdire, sous toutes ses formes, dans le traitement de l’autisme, au profit de traitements opérants, les méthodes éducatives et comportementales en particulier ».

La HAS tranche le débat

Autre soutien de taille pour les associations rejetant l’approche psychanalytique : la Haute autorité de Santé (HAS). Le quotidien Libération révélait en effet dans son édition d’hier que dans ses recommandations sur l’autisme à paraître le 8 mars, la HAS se positionnerait clairement contre la psychanalyse. « L’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques, si sur la psychothérapie institutionnelle ». Par ailleurs, la HAS se prononce clairement pour la fin de la méthode dite du packing, qui consiste à envelopper les enfants autistes présentant des troubles sévères dans des linges humides (une technique qui a également récemment suscité la désapprobation du Premier ministre).

Ne pas tout mettre dans le même pack

Face au tollé que provoquent aujourd’hui ces prises de position, la HAS vient de publier un communiqué où elle dit regretter que « les phrases citées se révèlent hors contexte ou inexactes au regard de la version actuelle du document ». Il faut dire que les psychanalystes ne décolèrent plus face à cette nouvelle attaque. De nombreuses voix s’élèvent dans leur rang pour dénoncer le procès caricatural qui leur est fait. Ils récusent l’idée selon laquelle ils nieraient la composante neurobiologique de l’autisme (de nouveau démontrée par des études récentes). Ils s’inscrivent également en faux contre ceux qui prétendent qu’ils sont farocuchement opposés aux méthodes d’apprentissages et éducatives. Cependant, les psychiatres et psychanalystes remarquent que l’on ne peut totalement exclure que l’approche psychanalytique puisse apporter dans certains cas un soutien complémentaire, et ce d’autant plus que les méthodes comportementalistes sont elles aussi entachées de certaines critiques (on leur reproche notamment de n’inculquer aux enfants que des « automatismes »).

Par ailleurs, concernant la méthode du packing, certains spécialistes continuent à la défendre tel le professeur Bernard Glose, pédo-psychiatre à l’hôpital Necker. Dans une interview à Ouest France il assure ainsi que cette technique « permet de dépasser des comportements problèmes, et ce dans le cadre d’une relation humaine de bonne qualité, puisque les soignants accompagnent l’enfant tout le temps du packing. Les équipes de pédopsychiatrie qui pratiquent ce soin sont souvent confrontées aux formes les plus graves de pathologies autistiques, que ceux qui n’ont pas vus d’automutilations ne peuvent pas imaginer (une petite fille se perce la cornée avec son ongle, un petit garçon se frappe le crâne sur un angle de mur…), et aboutissent à des résultats positifs que mon équipe est en train d’évaluer dans le cadre d’un programme de recherche validé par le ministère de la santé ».

La psychanalyse encore hégémonique

Cette querelle exacerbée qu’il paraît difficile de trancher en quelques lignes ne doit pas faire oublier les véritables enjeux de la lutte contre l’autisme : l’inacceptable retard de la France en matière d’accueil des jeunes autistes au sein de structures adaptées et l’absence de possibilité de choix pour de nombreuses familles à l’heure où de fait l’approche psychiatrique et psychanalytique est la seule à être prise en charge par l’assurance maladie.

Aurélie Haroche

http://www.jim.fr/en_direct/pro_societe/e-docs/00/01/FB/71/document_actu_pro.phtml

16 février 2012

article publié sur le portail du Gouvernement le 15 février 2012

Daniel Fasquelle : "Il faut sortir l'autisme du Moyen Âge"

15/02/2012

Daniel Fasquelle est le président du Groupe d'études parlementaire sur l'autisme à l’Assemblée nationale. Il est l’auteur de la proposition de loi visant à faire de l'autisme la Grande Cause nationale 2012.

Votre combat pour améliorer la situation de l'autisme en France a été couronné de succès avec l'annonce par le Premier ministre du label Grande Cause nationale 2012. Pour vous, est-ce un satisfecit ?

Certainement mais ce n'est qu'une étape. Nous partons en effet de très loin. J’ai eu l’occasion de dire, après le succès des Journées parlementaires sur l'autisme du 12 janvier : "nous sommes passés de la préhistoire au Moyen Âge". Je ne plaisantais pas. La France - le Premier ministre l'a dit - accuse un retard énorme par rapport aux autres pays. Grâce à la Grande Cause, nous pouvons désormais compter sur un surcroît de visibilité pour faire avancer la cause de l'autisme. Car aujourd'hui, l'autisme souffre d'un manque d'information. Comme je l'ai dit lors de ces mêmes Journées parlementaires, il faut briser le mur du silence, de l'indifférence et de l'ignorance autour de l'autisme. C'est pourquoi nous avons déposé une proposition de loi en 2011 – après l'avoir fait en 2010 - pour que l'autisme soit labellisé Grande Cause nationale. On s'est battu pour obtenir la Grande Cause car, à travers elle, c’est à tous les Français qu’on s’adresse. Et cette écoute de la société à l'égard des parents est quelque chose d'extrêmement important. Précédemment en juillet 2011, nous avions mis en place un groupe d'études parlementaire (GEP) que je préside. Par ailleurs, j'ai demandé à Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée nationale, qu'il saisisse le Conseil économique, social et environnemental (Cese) sur le coût financier et social de l'autisme, en octobre 2011. On a démarré fort, on va continuer et on ne va rien lâcher.

Vous avez aussi déposé une proposition de loi, le 20 janvier dernier, visant à l'arrêt des pratiques psychanalytiques dans l’accompagnement des personnes autistes. Faut-il tourner la page de la psychanalyse, comme vous l'avez déclaré lors des Journées parlementaires sur l'autisme ?

C'est devenu une évidence et une urgence. La psychanalyse a complètement fait fausse route dans le diagnostic de l'autisme. Pour les psychanalystes, l'autisme reste une psychose infantile alors que la Haute Autorité santé (HAS) a enfin posé en 2010 – bien après les autres pays – une définition de l'autisme en conformité avec la classification internationale de l'OMS qui est tout à fait différente. L'autisme est une maladie neuro-développementale provoquant des Troubles envahissants du développement (TED) et non pas une psychose infantile. Aucune étude sérieuse n'a jamais pu démontrer l'efficacité des méthodes de la psychanalyse dans le champ de l'autisme. La psychanalyse ne figure dans aucune recommandation nationale ou internationale en matière d’autisme. La psychanalyse n'est pas une science car elle ne tient pas compte de la réalité des progrès. Ma proposition de loi demande aussi l'arrêt du "packing". Une méthode consistant à enserrer les personnes dans des draps froids et humides à cinq degrés pour qu'elles prennent conscience soi-disant de leur corps. C'est une véritable torture ! Il faut complètement arrêter tout ça et le plus rapidement possible car il y a urgence. Chaque année, 1 enfant sur 150 naît avec des troubles autistiques. Et nous savons désormais que la prise en charge précoce et intensive, dès la pose du diagnostic, est primordiale pour pouvoir sauver les enfants avec autisme. Entre 2 et 6 ans, le cerveau a encore une plasticité qui permet une réadaptation des enfants par le biais des méthodes éducatives et comportementales qui ont fait leurs preuves dans le monde entier. Chaque année passée est une année perdue qui ne pourra jamais être rattrapée. Or aujourd'hui en France, les fonds alloués à la psychanalyse vont à la prise en charge des adultes autistes que l'on enferme dans des hôpitaux psychiatriques. 60 % des adultes internés dans ces établissements pour plus de trente jours sont des personnes autistes. Le dépistage et le diagnostic précoces, c’est dans ce domaine qu'il faut agir !

Outre le dépistage et le diagnostic, vous demandez la réaffectation des financements vers les méthodes éducatives et comportementales. Sont-elles si méconnues ?

En tout cas pas au Canada, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Belgique, pour ne citer que ceux-là ! L’approche psychanalytique de l’autisme a été abandonnée depuis au moins vingt ans dans la plupart des pays occidentaux au profit des méthodes éducatives et comportementales. Ces méthodes sont connues, vous vous en doutez, des parents d'enfants autistes qui sont en première ligne d'un combat qu'ils mènent depuis plusieurs dizaines d'années. En France, il faut le savoir, l’approche psychanalytique de l’autisme est encore majoritairement enseignée dans nos universités. Et cette lecture erronée de la pathologie continue à être utilisée dans la plupart des hôpitaux de jour et des établissements médico-sociaux - IME, CMP – accueillant les enfants autistes. Ces établissements sont financés par l'assurance maladie alors que la prise en charge des méthodes comportementales ne l'est pas. Aujourd'hui, les pratiques psychanalytiques captent la majeure partie des moyens financiers et il est urgent de dispenser aux personnes avec autisme une prise en charge adaptée leur permettant de compenser leur handicap. Or, il coûte moins cher de prendre en charge très tôt un enfant pour en faire un adulte autonome que de financer un adulte dans un hôpital psychiatrique à raison de 700 euros par jour. C'est un véritable gâchis humain et financier quand on pense que ces fonds pourraient être ventilés vers le dépistage et le diagnostic précoces et les méthodes éducatives et comportementales. Heureusement, les choses avancent. Après avoir posé une définition de l'autisme, l'HAS va se prononcer sur les méthodes efficaces applicables à l'autisme. Dans le cadre du groupe parlementaire nous avons déjà auditionné la HAS, et nous serons très attentifs aux conclusions qu’elle va porter sur les méthodes de prise en charge, mais aussi sur la mise en œuvre sur le terrain.

Le Premier ministre a annoncé le lancement d'un troisième plan Autisme. Le rapport de Valérie Létard préconisait une relance du second plan. Quelle est votre position ?

Le deuxième plan Autisme 2008-2011 a permis des avancées avec la création de 4 100 places d'accueil adaptées et l'utilisation de 20 millions d'euros destinés à l'expérimentation de nouveaux modèles de prise en charge. Mais quand on sait qu'il y a 22 structures expérimentales en France permettant d'accueillir 700 enfants, alors que 8 000 enfants avec autisme naissent chaque année, on voit bien que nous ne sommes même pas au milieu du gué. Il faut aller plus loin et plus vite dans tous les domaines. J'ai parlé du dépistage et du diagnostic précoces, des méthodes éducatives et comportementales. Il faut ajouter la scolarisation. Les associations nous disent que 80 000 enfants avec autisme ne sont pas scolarisés aujourd'hui. En Grande-Bretagne, 70 % des enfants rejoignent le cursus scolaire ordinaire, et il y a 17 fois plus de personnes avec autisme en université. Nous manquons d'établissements spécialisés, et de professionnels formés pour prendre en charge les enfants que l'on peut intégrer en milieu scolaire ordinaire. Le bât blesse également en matière de formation, comme l'a relevé Valérie Létard qui en fait une des priorités de ses recommandations. Les pédiatres, les personnels de crèche, de halte-garderie, les enseignants qui sont pris au dépourvu face aux enfants autistes, ne sont pas formés. Les auxiliaires de vie scolaire (AVS) n'ont pas tous une formation spécifique à l'autisme et leur statut les empêche de suivre les enfants de manière continue. Aujourd'hui, seules deux universités proposent une formation sur l'autisme. Il n'y a quasiment pas de diplômes spécialisés. Autre parent pauvre, la recherche, dont les fonds sont insuffisants. En résumé, il faut mettre les bouchées doubles et la venue d'un troisième plan ne peut être que de bon augure.

http://www.gouvernement.fr/gouvernement/daniel-fasquelle-il-faut-sortir-l-autisme-du-moyen-age



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16 février 2012

article publié dans le nouvel observateur le 16 février 2012

Psychanalyse : d'autres parents d'handicapés s'insurgent

Créé le 16-02-2012 à 18h20 - Mis à jour à 19h14      Réagir

Rocfort-Giovanni Bérénice
 
Par Rocfort-Giovanni Bérénice

Des parents d'enfants souffrant de troubles d’apprentissage ou du langage se heurtent aux mêmes difficultés que les familles d'autistes.

 
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"Beaucoup d’enfants se retrouvent en situation d’errance thérapeutique",explique Vincent Lochmann, représentant de la Fédération française des dys (ALAIN JOCARD / AFP)

Vincent Lochmann, représentant de la Fédération française des dys (personnes atteintes de troubles du langage, de l'écriture ou de la coordination des gestes), réagit au rapport de la Haute autorité de santé qui déconseille la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme.

A quoi faites-vous allusion quand vous dites, dans un communiqué, que "les enfants autistes ne sont pas les seules victimes de la psychanalyse" ?

- Beaucoup d’enfants souffrant de troubles du langage oral (dysphasie) écrit (dyslexie) ou de la coordination des gestes (dyxpraxie), et leurs familles ont été victimes des mêmes théories et des mêmes pratiques que les enfants autistes : mères accusées d’être trop distantes ou trop fusionnelles, "secret familial", prétendue absence de "désir de parler". Des psychanalystes ou des psychiatres continuent d’utiliser une unique grille de lecture freudienne pour ces troubles, notamment dans les CMPP (Centres médico-psychopédagogiques). Or, les données se sont accumulées en faveur de l’hypothèse de troubles neuro-développementaux d’origine en partie génétique, comme le montrent des travaux de l’Inserm et de Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS et membre du comité scientifique de notre Fédération.

Les enfants dys sont-ils victimes, comme les enfants autistes, de retard de diagnostic ?

- En effet, beaucoup d’enfants se retrouvent en situation d’errance thérapeutique. Lorsqu’ils sont finalement bien repérés, il est souvent bien tard, on a perdu beaucoup de temps. De nombreuses difficultés se sont superposées au trouble initial : échec scolaire, troubles psychologiques, conflits familiaux…

Que préconisez-vous ?

- Les enfants dys ont besoin d’un diagnostic pluridisciplinaire avec au moins un bilan de langage, et un bilan neuropsychologique. C’est indispensable pour mettre en place une prise en charge globale, incluant une rééducation adaptée au profil cognitif spécifique de l’enfant. Et cela le plus tôt possible, sans attendre un quelconque "désir" et sans passer par une longue phase d’observation informelle.

Cette prise en charge globale inclut-elle un volet psychologique ou psychiatrique ?

- En cas de besoin, bien sûr. Une partie des enfants dys ont également des troubles psychologiques voire psychiatriques, souvent consécutifs à la situation d’échec et de détresse dans laquelle ils sont plongés. Mais ces difficultés ne constituent pas la cause primaire de leurs troubles. La prise en charge psychologique ne doit pas se faire en lieu et place d’une rééducation. De plus, les méthodes de rééducation comme celles de psychothérapie doivent être évaluées et faire la preuve de leur efficacité, ce qui fait cruellement défaut actuellement.

http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120216.OBS1611/psychanalyse-d-autres-parents-d-handicapes-s-insurgent.html

16 février 2012

article publié dans Agora Vox le 16 février 2012

Autisme : la HAS sous pressions ?

Le 6 mars prochain, lors d’une conférence de presse, la Haute Autorité de Santé doit rendre publique ses recommandations de prise en charge de l’autisme, au cours d’une conférence de presse. Cet évènement est très attendu depuis des années par les associations de familles, qui récusent l’approche psychanalytique majoritairement utilisée en France et demandent des prises en charge éducatives cognitivo-comportementales comme en Belgique ou en Espagne. Or, cette semaine, une partie de ces recommandations a « fuité » dans la presse, provoquant une levée de boucliers du milieu psychanalytique, et une forte inquiétude des associations.

 
L’enjeu est de taille (voir notre précédent article sur Agoravox). En effet, au vu de la version préliminaire émise en juillet 2011, il apparaît qu’enfin les prises en charge éducatives cognitivo-comportementales (ABA et TEACCH principalement), largement demandées par les familles et leurs associations, voient leur utilité et leur efficacité reconnue. C’est un soulagement qui se profile pour les familles d’autistes, car enfin on donne des arguments scientifiques qui étayent leurs demandes, souvent incomprises voire rejetées par les psychiatres ou les MDPH, en charge de compenser les coûts de ces prises en charge.
 
Mais la question va beaucoup plus loin : en effet, la HAS doit également recommander, ou ne pas recommander, les prises en charge actuellement les plus utilisées en France, d’inspiration psychanalytique. Ce type de prise en charge est rassemblé sous le vocable « psychothérapie institutionnelle » et est basé sur l’idée que l’autisme est une maladie du psychisme. On tente alors de le « soigner » en fonction des théories d’éminents psychanalystes, ce qui concrètement se traduit par une thérapie familiale, ou une psychothérapie de l’enfant, ou encore des « médiations thérapeutiques » tels l’atelier conte, l’atelier cheval, l’atelier poterie, l’atelier pataugeoire (dit aussi « flaque thérapeutique ») ou le très controversé « packing ».
 
Force est de constater la faiblesse voire carrément l’absence manifeste de preuves scientifiques de l’utilité et de l’efficacité éventuelle de ces thérapies, ainsi que la méconnaissance totale d’effets indésirables, en particulier en ce qui concerne le « packing ». Ce sujet est d’ailleurs actuellement débattu par l’Ordre des Médecins (une audience est prévue à Lille ce 16 février).
 
Par ailleurs le contexte est extrêmement tendu, l’autisme ayant été déclaré « Grande Cause Nationale 2012 », suite à quoi le Député Mr Daniel Fasquelle, président du groupe d’études sur l’autisme de l’Assemblée Nationale, a déposé un projet de loi visant à interdire les prises en charges psychanalytiques dans le cadre de l’autisme, puis plus récemment a interpellé les Présidents d’Université pour leur demander de faire cesser les formations psychanalytiques sur l’autisme, non-conformes aux connaissances scientifiques actuelles.
 
Les recommandations provisoires émises en juillet dernier ont fait l’objet d’une large consultation publique, à laquelle la plupart des associations de familles ont répondu (notre précédent article s’en faisant l’écho). Suite à cette consultation, la Haute Autorité de Santé devait effectuer une dernière synthèse puis publier les recommandations définitives lors d’une conférence de presse prévue le 6 mars prochain. Mais une fuite dans « Libération » est venue semer le trouble dans les esprits. Selon ce quotidien, dans lequel les psychanalystes tiennent fréquemment tribune, la dernière mouture des recommandations classerait les interventions psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle dans les « interventions non recommandées ou non consensuelles ». En clair, devant l’absence de preuve d’efficacité, ce type de prise en charge n’aurait aucune raison d’être recommandé pour les autistes – comme un emplâtre sur une jambe de bois en somme… Par ailleurs le packing serait montré du doigt, la Haute Autorité manifestant son « opposition formelle » à cette pratique.
 
Une mise au point a été aussitôt publiée par le Directeur Général de la HAS, qui indique que « le paragraphe sera certainement modifié, car la demande en a été faite, pour être "mieux contextualisé", en insistant sur le fait que "ce qui est non consensuel ne veut pas dire non recommandé". » Quant au packing, la HAS n’a ni la vocation ni le pouvoir d’interdire sa pratique, mais se déclare en effet opposée à son utilisation même dans les cas extrêmes et exceptionnels, ne le tolérant que dans le cadre d’un protocole de recherche.
 
Cette déclaration a aussitôt soulevé une grande inquiétude parmi les associations de parents. L’allusion à une demande de modification rappelle en effet l’épisode survenu en 2010, lorsque la HAS a émis son « Etat des Connaissances  » sur l’autisme. A cette époque, des manœuvres de dernière minute par certains représentants des psychiatres d’obédience psychanalytique avaient été conduites dans le but de maintenir la notion de « psychose infantile », et que conformément aux pratiques internationales on établisse enfin la nature neurodéveloppementale de l’autisme. Ces manœuvres avaient été dénoncées par voie de presse et contrées aussitôt par les associations de parents qui avaient exigé le maintien du texte d’origine ; au final un compromis acceptable avait été trouvé, le texte mentionnant « Les termes « psychose précoce » ou « psychose infantile » et « psychose infantile précoce » sont contestés en raison des difficultés d’interprétation qu’ils entraînent », le texte d’origine du rapport (avant l’intervention en coulisses) étant relégué dans une note de bas de page, parlant de termes « inappropriés car [entraînant] des confusions et des contresens entre psychose et TED. »
 
L’inquiétude des associations de parents n’a fait que grandir alors que l’article de Libération était repris très rapidement par l’ensemble de la presse écrite, puis radiophonique. On a ainsi pu entendre des attaques d’une grande virulence envers ce document de la HAS par des psychiatres psychanalystes habitués des médias, en particulier sur France Culture et France Inter. Le Parti Communiste a même pris position dans l’Humanité  !
 
Le très médiatique Pr Bernard Golse a pour sa part su occuper le terrain ; ainsi sur France 5 le 14 février, où il a pu exprimer son discours habituel, d’apparence consensuelle et bien connu des parents, cependant émaillé d’inexactitudes qui ne peuvent qu’être intentionnelles. Par exemple lorsqu’il énonce que « dans le domaine de l’autisme, toutes les méthodes d’approches qu’on a – cognitive, psycho comportementales, psycho-thérapeutiques, etc… Rien n’est validé. Il y a des choses en cours de validation mais rien n’est validé et pas plus de méthodes ABA que d’autres ». Cette phrase est erronée, la méthode ABA a démontré son efficacité, contrairement aux approches psychanalytiques, et c’est précisément pour cela que les recommandations provisoires de la HAS la recommandent, comme le font déjà depuis des années les recommandations des autres pays.
 
Dans la même intervention le Pr Golse déclare : « C’est un peu dommage que le rapport soit sorti avant l’heure car il était encore en cours de validation par les différentes instances professionnelles. J’aurais du mal à le signer s’il sort sous cette forme là. », puis un peu plus tard « ça ouvre une petite fenêtre de discussion pour retrouver des formulations qui satisfassent les uns et les autres ».
 
Pour les associations de parents, dont les principales ont participé elles aussi à l’élaboration des recommandations de la HAS, tout est clair : le texte ne leur convenant pas, et devant l’absence d’argument objectifs disponibles pour le contester, les psychanalystes auraient décidé de jouer leur va-tout en organisant la fuite dans « Libération » puis la tempête médiatique qui s’ensuit. Il s’agirait de faire pression sur le comité de pilotage des recommandations et sur la Direction de la HAS, tout en présentant, par la voix en apparence plus « modérée » du Pr Golse, une porte de sortie négociée (« retrouver des formulations qui satisfassent les uns et les autres »). Le tout sous la menace à peine voilée d’un refus de signer le document final.
 
Mais cette manoeuvre de la dernière chance dont on soupçonne les psychanalystes est à double tranchant. D’une part, ils ne sont pas les seuls à pouvoir refuser de signer ; les associations de familles ayant participé à l’élaboration du document sont également signataires, et leur refus de signer signifierait la continuation du scandale français actuel, dans lequel les familles se méfient des psychiatres et préfèrent fuir en Belgique ou bricoler une prise en charge ABA ou TEACCH par leurs propres moyens plutôt que confier leur enfant à l’hôpital de jour.
 
D’autre part un refus de signer par les psychanalystes officialiserait leur mise en marge des recommandations officielles, et donc leur opposition frontale aux parents des enfants qu’ils professent vouloir aider, ce qui serait pour le moins paradoxal.
 
On peut d’ailleurs s’interroger sur la teneur des propos du Pr Golse. Voila un médecin psychiatre, chef de service de pédopsychiatrie à l’hôpital Necker, en charge du diagnostic de nombre d’enfants porteurs d’autisme, et de surcroit membre du Conseil d’Administration du Centre Ressource Autisme d’Ile de France, qui déclare publiquement au sujet de l’autisme : « On parle d’un enfant sur 150, vous vous rendez compte, ce qui serait énorme. Mais on mélange tout, comme s’il y avait une épidémie d’autisme. (…) Tout cela est incohérent. » Ce faisant, le Pr Golse conteste frontalement les recommandations de diagnostic de la HAS, qu’il est censé appliquer dans son service, et qui ont été émises par la Fédération Française de Psychiatrie dont il est membre ! En son temps, Mr Chevènement avait déclaré, au sujet de son désaccord sur la Guerre du Golfe, « un Ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne » ; on peut se demander dès lors si le Pr Golse ne devrait pas prendre ses responsabilités et tirer les conséquences logique de son attitude de rejet des avancées scientifiques et médicales qu’il est chargé d’appliquer.
 
Au final, au milieu du champ de bataille qu’est devenue la question de l’autisme en France, en cette année de Grande Cause Nationale, le sort des autistes et de leurs familles reste pour l’instant suspendu aux discussions probablement animées qui ont lieu dans les bureaux de la HAS, et dans l’attente du dénouement le 6 mars prochain. L’espoir de tous est que la raison et l’objectivité scientifiques puissent prévaloir face à l’irrationnel de la doctrine psychanalytique, et que la France, après être passé de la préhistoire au moyen-âge dans ce domaine, puisse avancer de nouveau et rejoindre un jour prochain les autres nations développées qui utilisent depuis 30 ans le TEACCH et l’ABA après avoir depuis longtemps tourné le dos aux théories et pratiques psychanalytiques pour l’autisme.
 
La psychanalyse survivra à ces évènements quoi qu’il arrive. L’enjeu ici n’est pas le sort d’une idée ou d’une discipline, mais bien l’avenir d’êtres humains depuis trop longtemps maltraités par la volonté de préserver des théories obsolètes.
 
16 février 2012

En attendant de pouvoir revoir Le Mur de Sophie Robert, M. Mélanchon aux prises avec un psychanalyse

Cela vaut son pesant d'or : un psychanalyste face à M. Mélanchon ... Au moins l'on peut voir la réaction d'une personne capable de répartie vis-à-vis d'un psy ... ce qui n'est pas le cas des autistes ni bien souvent de leur famille.

Je vote Mélanchon sur ce coup là ! Je l'accompagne d'un extrait de l'article qui permet de situer le contexte.
(jean-Jacques Dupuis)

 "Je suis de gauche et j’emmerde la psychanalyse ! (extrait)

16 Février 2012 Par JEAN-LOUIS RACCA

Voilà ce que tout homme de gauche devrait rappeler à certains psychanalystes. J’ai un peu plus d’espoir que ce soit possible après le traitement odieux récemment infligé à Jean-Luc Mélenchon (avec la complicité d’une journaliste mondaine) par le psychanalyste Jean-Pierre Winter, sur la chaîne de télévision LCP. Puisse la fatuité dogmatique du psychanalyste déciller les yeux de certains ; puissent-ils se rendre ainsi un peu mieux compte de ce qu’endurent habituellement les parents d’autistes (beaucoup ont l’impression que la gauche les abandonne, pour des raisons purement idéologiques) : des pratiques inefficaces et des paroles souvent aussi humiliantes que dénuées de fondement, tenues par des « soignants » dont la suffisance, l’arrogance et l'incompétence n’ont rien à envier à celles de Jean-Pierre Winter (il faut dire qu’elles puisent à la même source « théorique »…)."

 
Mélenchon @ Déshabillons-les [3/3] - le 01.02.11 par melenchonfan

16 février 2012

article publié dans le monde.fr le 16 février 2012

Autisme : la technique du "packing", enjeu d'un violent conflit

LEMONDE | 16.02.12 | 11h07   •  Mis à jour le 16.02.12 | 12h17

Lille, Envoyée spéciale - Florian s'est déshabillé de lui-même. En maillot de bain dans la petite salle, il est venu s'allonger sur le lit. Céline et Yann, les psychologues qui sont avec lui, entourent doucement ses jambes d'un linge blanc. Puis tout le corps, tête exceptée. Florian, attentif, se laisse emmailloter et recouvrir de couvertures. Les deux thérapeutes s'assoient près de lui, un de chaque côté. Dans la demi-heure suivante, ce grand garçon de 10 ans, diagnostiqué autiste profond, va rire, dialoguer, rire encore, dans un moment d'intense communication et de détente. Au Centre médico-psychologique pour enfants et adolescents du CHRU de Lille, nous venons, cet après-midi de janvier, d'assister à une séance de "packing". Et cela n'a vraiment rien à voiravec une séance de torture.

Le packing ? Une technique d'"enveloppements humides" réservée aux cas d'autisme les plus sévères, avec automutilation répétée. Pratiquée par plusieurs dizaines d'équipes en France, elle consiste à envelopper le patient dans des serviettes humides et froides (10 à 15°), puis à induire un réchauffement rapide. Pour ses défenseurs, les séances permettent de lutter contre les "angoisses de morcellement" et facilitent la relation thérapeutique. Pour ses détracteurs, dont les plus virulents sont l'association de parents Vaincre l'autisme, il s'agit d'un "acte de torture". Le symbole maléfique de la prise en charge psychiatrique de l'autisme. La bête à abattre.

"HARCÈLEMENT PROFESSIONNEL"

"Je me sens remis en cause, calomnié, disqualifié. Pour ma pratique vis-à-vis des enfants que je soigne et de leurs parents, c'est terrible." Le professeur Pierre Delion, chef du service de pédopsychiatrie au CHRU de Lille et premier promoteur du packing en France, s'estime victime d'un "harcèlement professionnel". Reconnu par ses pairs pour son humanisme et son esprit d'ouverture, ce spécialiste de l'autisme devait comparaître, jeudi 16 février, devant le conseil départemental du Nord de l'ordre des médecins, suite à une plainte déposée contre lui par Vaincre l'autisme pour manquement à l'éthique médicale. Une plainte similaire a été déposée à l'encontre du professeur David Cohen, chef du service de psychiatrie enfants et adolescents de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).

Leur délit ? Pratiquer le packing quand ils l'estiment nécessaire. Et soutenir le principe d'une recherche scientifique portant sur l'efficacité de cette méthode, menée depuis 2008 dans le cadre d'un programme hospitalier de recherche clinique national (PHRC). Un comité de soutien s'est constitué pour défendre les deux hommes, sous la forme d'une "lettre ouverte au conseil de l'ordre des médecins et aux familles de personnes autistes". Mise en ligne il y a quelques semaines, elle a réuni à ce jour plusieurs milliers de signatures de professionnels de la santé.

Révélateur paroxystique du conflit qui oppose les associations de parents au pouvoir médical, le packing va-t-il être jeté avec l'eau de la tempête ? Son efficacité thérapeutique, il est vrai, n'a jamais été prouvée autrement que de façon empirique. C'était précisément l'objet de l'essai clinique lancé en 2008, que le Pr Delion affirme avoir appelé de ses vœux pendant de nombreuses années. Mais cette recherche est devenue, de fait, irréalisable.

"Depuis son lancement, il y a eu une telle publicité contre cette technique qu'un certain nombre de collègues et de parents ont refusé d'y participer. On est donc au point mort", se désole le Pr Delion, qui rappelle que "l'alternative à cette technique, ce sont les neuroleptiques à très fortes doses". Dans l'épreuve, il trouve un élément de consolation : "Aucun des parents des enfants sur lesquels j'ai pratiqué ces approches intégratives ne fait partie de cette vendetta. C'est la seule chose qui me réconforte."

Catherine Vincent

http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/02/16/autisme-la-technique-du-packing-enjeu-d-un-violent-conflit_1644322_3224.html

16 février 2012

article publié dans La dépêche.fr le 16 février 2012

Publié le 16/02/2012 08:47 | Christine Roth-Puyo

Midi-Pyrénées : un enfant sur cent naît autiste

handicap
Les parents peuvent désormais être associés à la prise en charge de leur enfant./ Photo archives DDM, Xavier de Fenoyl
Les parents peuvent désormais être associés à la prise en charge de leur enfant./ Photo archives DDM, Xavier de Fenoyl
Les parents peuvent désormais être associés à la prise en charge de leur enfant./ Photo archives DDM, Xavier de Fenoyl

Déclaré Grande Cause Nationale 2012, l'autisme touche un enfant sur 100, en région comme partout en France. Sa prise en charge est au cœur d'un vif débat.

Au moins la polémique aura-t-elle l'avantage de braquer les projecteurs sur un handicap trop longtemps laissé pour compte. Un monde caché, lourd de culpabilité pour les mères, un sujet qui divise dans son approche thérapeutique.

À quelques jours de la publication du rapport de la Haute Autorité de Santé sur la prise en charge de l'autisme (6 mars), le Collectif contre la Nuit sécuritaire monte au créneau. Selon le journal Libération de lundi, la HAS s'apprête en effet à écarter les psychanalystes du sujet. Et le député UMP Daniel Fasquelle qui vient de déposer une loi allant dans ce sens enfonce le clou. Il veut saisir le Conseil national des universités afin que « l'enseignement et la recherche sur les causes et les prises en charge de l'autisme ne fassent pas référence à la psychanalyse ».

« Au nom de quel supposé savoir un député peut-il refuser aux personnes autistes d'avoir un inconscient comme tout être humain ? » s'interroge le Collectif.

« L'approche psychanalytique pour soigner l'autisme est totalement obsolète » répond Bernadette Rogé, une sommité internationale en la matière. Mme Rogé a consacré près de 30 ans à la recherche sur l'autisme et a développé un concept innovant au CHU de Toulouse où des adaptations sont réalisées pour chaque enfant et où les parents sont étroitement associés à toutes les évaluations. « L'approche comportementale ne néglige pas les aspects psychologiques » soutient-elle.

À la lumière de ces débats, il semble enfin que la France soit prête à combler ses retards importants en matière de prise en charge. L'autisme a été désigné Grande Cause Nationale 2012.


Conférences à Toulouse

Dans le cadre du plan d'action « 2012 : année de l'autisme », l'association Vaincre l'autisme organise un cycle de conférences à Toulouse ouvertes à tous les seconds samedis de chaque mois, de février à juin, de 10 heures à 13 heures.

Infos pratiques : info@vaincrelautisme.org ou 01 47 00 47 83.


"Brigitte était comme un oisillon tombé du nid"

De Brigitte dont le fil fut coupé sur terre en 1996, 33 ans après sa naissance, il me reste des images et des bruits étranges. Des cris perçants, le malaise d'un regard voilé, insaisissable et l'amour infini toujours mouillé de larmes qui brillait dans les yeux de sa mère. Toute sa vie, Brigitte a vécu comme un oisillon tombé du nid, perdue dans le temps et dans cet espace qu'elle essayait sans cesse d'apprivoiser, se balançant de droite à gauche les bras en croix ou en tournant sur elle-même à la manière d'une toupie. Seuls ces drôles d'exercices et la présence de son frère à ses côtés étaient capables de lui porter le sourire aux lèvres, plus rarement de lui arracher un mot.

Son monde de silence, Brigitte l'a transporté, d'hôpital de jour en autre hôpital de jour où chaque fois, laissée pour compte elle devenait hystérique, jusqu'à se griffer, se mordre au sang… Sa souffrance était incommensurable, son ressenti inexistant. Face à elle, tous nous étions démunis. Personne ne parlait d'autisme à l'époque. Mais d'une chose, les spécialistes étaient sûrs : une telle condition ne pouvait être que la faute de sa mère. Cette culpabilité l'a dévorée au point de la rendre jalouse, agressive, laide, sans cesse sur les dents elle qui était si jolie, généreuse et de bonne compagnie. Mais Aline n'a jamais renoncé. Quand sa petite a eu 12 ans elle a finalement pu confier l'enfant à un centre spécialisé pour personnes handicapées. Payé rubis sur l'ongle, le lieu a pris Brigitte en charge jusqu'à ses 25 ans en lui prodiguant attention et éducation spécialisée : couchers et levers à heure fixe, jeux et exercices à répétition rythmés eux aussi par des horaires réguliers, week-end chez papa et maman… L'adolescente en a trouvé un épanouissement et un équilibre qui la ramenait vers nous.

Mais un jour, la nouvelle est tombée, un couperet. Rattrapé par les coupes budgétaires, le centre ne pouvait plus assumer cette adulte handicapée à part.

La suite n'est qu'une histoire de deuils. Le frère de Brigitte n'a pas supporté et a décidé de tirer sa dernière révérence par une nuit glaciale. Le papa a craqué, physiquement ça l'a tué. Puis Brigitte qui est partie. La maman a résisté quelques petites années de plus avant d'être emportée par un cancer généralisé. Une famille entière décimée !

Vingt ans plus tard, l'histoire de l'autisme se répète avec son cortège de souffrances, ses combats jamais terminés. La loi du 11 février 2005 a rendu obligatoire l'inscription à l'école des enfants souffrant de handicap, encore trop rares des Maisons pour autistes existent, des Fondations se sont engagées… Une goutte d'eau dans l'océan. On estime à 60 000 le nombre de personnes atteintes d'autisme en France.


l'expert "La psychanalyse n'a rien à apporter"

Bernadette Rogé, docteur en psychologie, professeur à l'université du Mirail, répond à nos questions.

Doit-on rompre le lien entre autisme et psychanalyse au profit d'une approche éducative comportementale, votre domaine ?

Je pense qu'il est souhaitable de s'orienter vers des interventions qui ont fait leurs preuves sur le plan scientifique. La psychanalyse expliquait l'autisme par des difficultés relationnelles liées à des relations de mauvaise qualité avec la mère. Ce modèle a été totalement remis en question et est donc totalement obsolète. On sait aujourd'hui que l'autisme est un trouble neurodéveloppemental qui nécessite la mise en place d'une éducation adaptée. Et les méthodes comportementales ont fait leurs preuves. Pour autant, il ne faut pas confondre psychanalyse et psychiatrie. Si, dans le domaine de l'autisme, la psychanalyse n'a rien à apporter, les psychiatres ont à intervenir au moment du diagnostic et aussi parfois dans le suivi lorsqu'il y a des complications psychiatriques.

La prise en charge de ce handicap a-t-elle réellement évolué ?

Absolument et on a pris conscience de l'importance des parents dans le dispositif d'aide aux enfants. Ils ne sont plus jugés responsable de l'autisme mais considérés comme des partenaires ayant leur rôle à jouer.

Le nombre des autistes est-il en augmentation, notamment en région ?

Les statistiques sont identiques partout. À l'heure actuelle la prévalence est estimée à 1 pour 110, on approche donc des 1 pour 100. Près de 32 000 naissances ont été déclarées en région en 2008…

http://www.ladepeche.fr/article/2012/02/16/1285816-midi-pyrenees-un-enfant-sur-cent-nait-autiste.html

16 février 2012

article publié dans Médiapart le 16 février 2012

Je suis de gauche et j’emmerde la psychanalyse !

 

Ce billet (titre compris) trouve son origine dans un profond sentiment de colère et de honte provoqué par la plupart des réactions de certains partis de gauche et organisations syndicales aux fuites parues dans Libération du 13 février concernant le rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur la prise en charge de l’autisme qui doit être rendu public le 6 mars prochain.

 

La dernière en date semble être celle du PCF intitulée « Autisme / projet de loi : «une ingérence totalitaire ». Elle vaut la peine qu’on s’y arrête, car elle me semble révélatrice de ce que la gauche doit proscrire si elle ne veut pas piétiner ses propres valeurs… et se retrouver en porte-à-faux avec nombre de ses électeurs « naturels ».

Mais avant de la commenter, je voudrais énoncer quelques idées plus générales, pas forcément « tendance » chez nombre de gens de gauche, hélas…

Plan :

1. Des contenus « théoriques » que la gauche devrait conspuer

2. Des actes que la gauche devrait au minimum regarder avec dédain

3. Évolution des mœurs : la psychanalyse est une vieille baderne réac

4. Une attitude hypocrite envers la critique de la psychanalyse : toujours possible en théorie, jamais en pratique

5. La psychanalyse n’est pas un « corpus scientifique »

6. Psychanalyse et autisme : un double langage qu’il faut apprendre a décoder

7. Des connaissances que l’on refuse de mettre à jour, cela s’appelle des dogmes !

8. On ne peut affirmer le caractère droitier des critiques de la psychanalyse que si l’on ignore les critiques de gauche

9. La psychanalyse oblige souvent les gens de gauche a piétiner leurs propres valeurs

10. La psychanalyse doit cesser de prendre la gauche en otage


1. DES CONTENUS « THEORIQUES » QUE LA GAUCHE DEVRAIT CONSPUER

La psychanalyse est généralement présentée comme positive, humaniste, libératrice, progressiste ; certains la décrivent même comme un rempart contre le totalitarisme !

Même si je n’ai pas de chiffres, il est probable que beaucoup de gens de gauche la considèrent ainsi. Les causes de ces croyances sont variées et demanderaient elles-mêmes un article entier, mais il est tout aussi probable que beaucoup ignorent que l’œuvre de Freud et de ses successeurs comportent de nombreuses déclarations rétrogrades, archaïques, moralisatrices, sexistes, misogynes, voire homophobes.

Citations :

-         sur la masturbation : « la neurasthénie est (la conséquence d’) une masturbation excessive » (Freud, Œuvres Complètes, PUF, vol. III, p. 540)

-         sur l’homosexualité : « Chez tous nos homosexuels masculins, il y a eu dans la première enfance, oubliée plus tard par le sujet, un lien érotique très intense à une personne féminine, généralement la mère, suscité ou favorisé par un surcroît de tendresse de la mère elle-même et renforcé plus tard, dans la vie de l’enfant, par un passage du père à l’arrière plan » (voir ici)

-         sur la femme : « l’infériorité intellectuelle de tant de femmes, qui est une réalité indiscutable, doit être attribuée à l’inhibition de la pensée, inhibition requise pour la répression sexuelle » (voir, parmi d’autres exemples, ici)

Question : que faire aujourd’hui de telles considérations des textes fondateurs de la psychanalyse ? Et il y en a bien d’autres qui posent problème…


2.
DES ACTES QUE LA GAUCHE DEVRAIT AU MINIMUM REGARDER AVEC DEDAIN

S’il n’y avait que la théorie… Mais cette théorie sert parfois à justifier des actes que tout homme et toute femme de gauche devrait, sinon combattre, du moins regarder avec dédain.

Les dégâts de la psychanalyse dans le domaine de l’autisme sont aujourd’hui de plus en plus connus du grand public, grâce, en particulier, à la pugnacité de certaines associations de parents et du documentaire « Le Mur, la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » de Sophie Robert.

On sait moins que, lors des débats sur le PaCS ou le mariage homosexuel, les psychanalystes eurent assez peu à envier à des gens que la gauche ne vénère guère, généralement…

 

3. ÉVOLUTION DES MŒURS : LA PSYCHANALYSE EST UNE VIEILLE BADERNE RÉAC

Laissons la parole à Didier Éribon, que l’on peut difficilement décrire comme un homme de droite : « On a assisté (lors des débats sur le PaCS, NDJLR) à une mobilisation massive des psychanalystes en tant que corps professionnel (à l’exception de quelques rares voix discordantes) pour réaffirmer le dogme de la « différence des sexes » comme fondement de la structuration psychique des individus - dogme qui fonctionne comme un schème mythique qu’il semble n’être jamais besoin de justifier mais dont on voit bien qu’il ne tire son autorité que de lui-même, (...) »

Voir : http://didiereribon.blogspot.com/2007/09/linconscient-des-psychanalystes-au.html

[Triviale poursuite : pour rompre la monotonie qu’il pourra trouver à la lecture de cet article, je propose au lecteur, fut-il de droite, la question suivante :

Comme vous (ne) le savez peut-être (pas), les homosexuels furent, en 1921, pour des raisons « théoriques » (auxquelles Didier Éribon fait brièvement référence dans le passage ci-dessus), bannis de l’exercice de la psychanalyse par l’IPA (Association Psychanalytique Internationale) ; cette « règle » fut officieusement abandonnée :

réponse A : dès l’année suivante

réponse B : dans les années 50

réponse C : vers la fin des années 90

Les lecteurs les plus érudits savent que la bonne réponse est C ; j’entends déjà l’exclamation, un brin ironique, des autres : « pas mal pour une confrérie qui aime se croire à la pointe de l’évolution des mœurs ! En fait, la psychanalyse une vieille baderne réac, oui… ». Assez joué. Retour aux choses sérieuses]

On pourrait objecter ici, à ce propos, comme le fait le texte du PCF eu égard aux déclarations grotesques des protagonistes du « Mur », qu’il s’agit de « certaines outrances de certains psychanalystes » qu’il ne faut pas « (amalgamer à)  la psychanalyse en tant que corpus scientifique apportant un éclairage fondamental dans l’appréhension de l’inconscient. »

Mais cette objection me semble irrecevable en plus d’être d’une hypocrisie peut-être… inconsciente.

 

4. UNE ATTITUDE HYPOCRITE ENVERS LA CRITIQUE DE LA PSYCHANALYSE : TOUJOURS POSSIBLE EN THEORIE, JAMAIS EN PRATIQUE

Commençons par l’hypocrisie. Je trouve quand même au minimum assez hypocrite, en effet, de déclarer que "Cette campagne manie l’amalgame entre certaines outrances de certains psychanalystes", alors que l'Huma n'a jamais dénoncé la moindre outrance en question et que, si quelqu'un s'y emploie, il est immédiatement discrédité (soit dit en passant, il est quand même incroyable que le PCF n'ait pas eu un mot de compassion envers la réalisatrice du "Mur", Sophie Robert, aujourd'hui spoliée à la suite d'une plainte de trois psychanalystes jugée - en première instance - recevable par une juge, au nom du peuple français : une atteinte à la liberté d'expression que même Reporters Sans Frontières a dénoncée ; le PCF n'a pas cru bon de la qualifier de totalitaire...). 

Tout comme il est hypocrite de s'en prendre aujourd'hui à l' « ingérence » de Fasquelle [1], alors que le PCF n'a, à ma connaissance, rien dit en 2004-2005, lorsque Douste-Blazy avait retiré du site du ministère de la santé une étude, pourtant « scientifique » celle-là, de l'Inserm montrant la très faible efficacité de la psychanalyse par rapport à d'autres méthodes dans le traitement de très nombreux troubles psychiques. Pourquoi invoquer la « science » dans un cas... et pas dans l'autre ? Vieux réflexes « lyssenkistes » ? Pour l’Huma, comme pour beaucoup de défenseurs de la psychanalyse, y compris de gauche, on remarquera qu’une critique est toujours qualifiée d’ « attaque »…

Où se situe alors la possibilité (jusqu’à présent toute théorique) du libre examen ? Car pour que de telles déclarations soient recevables, il faudrait dire un jour ce qu'il y a à jeter et à garder dans la psychanalyse, selon la gauche en général et le PCF en particulier. Un droit d'inventaire en quelques sorte, car le soutien somme toute inconditionnel du PCF à la psychanalyse et à ses représentants n'est pas un mandat de congrès, que je sache...

 

5. LA PSYCHANALYSE N’EST PAS UN « CORPUS SCIENTIFIQUE »

Mais cette tâche (d’inventaire), on va le voir, n’aura probablement jamais lieu. Car la psychanalyse présente de nombreuses caractéristiques d’une pseudo-science.

En particulier celle-ci : si une science est éminemment modifiable (en principe, elle organise même « institutionnellement » des mécanismes d’auto-correction), une pseudoscience se modifie par suite de conflits entre factions (menant à la création de chapelles), par exemple lorsque l’une de ses affirmations devient franchement indéfendable face à l’avancée des connaissances, cette dernière étant toujours due à des personnes qui ne croyaient bien sûr pas à la pseudo-science concernée ; et non à une recherche « interne », par définition inexistante [2].

J’aurais par exemple beaucoup apprécié, et j’espère ne pas être le seul, que le PCF, le PS, le NPA, LO, Libé, le Nouvel Obs, Charlie Hebdo ou d’autres critiquent, sinon condamnent, les élucubrations des psychanalystes filmés dans « Le Mur » AVANT que le film de Sophie Robert ne les rende, en les portant à la connaissance du grand public, indéfendables !
Plus généralement, qui empêche ces partis ou ces journaux de réfuter à l’avenir les points de la doctrine ou de la thérapie psychanalytiques qui leur paraissent incorrects AVANT que l’avancée des connaissances ne risque de les condamner ?
Mais après la lecture du paragraphe précédant la note [2], on comprend que c’est impossible…

6. PSYCHANALYSE ET AUTISME : UN DOUBLE LANGAGE QU’IL FAUT APPRENDRE A DECODER

Fidèles en cela à la pratique (pseudo-scientifique, répétons-le) séculaire d’évolution des contenus de leur discipline (tenter de faire oublier des théories et des pratiques désastreuses en les niant ou en les réinterprétant - grâce à des biographes et des historiens suffisamment serviles - ou encore, comme le dit Mikkel Borch-Jacobsen, en les « laiss(ant) tomber silencieusement et (en sortant) un nouveau lapin théorique de l'inépuisable chapeau de l'inconscient » [3]), les psychanalystes tentent actuellement d’abuser une nouvelle fois les « décideurs », les médias et le grand public, souvent mal informés.
Incapables, depuis la sortie du documentaire « Le Mur », d’assumer
la « publicité » ainsi faite à des discours grotesques qu’ils préfèrent généralement réserver (on les comprend !) à des initiés, des psychanalystes tentent aujourd’hui de convaincre qu’ils sont ouverts à des « prises en charges complexes » pour le traitement de l’autisme. Cette ligne de défense, gobée toute crue par un certain nombre de forces politiques et syndicales, relève largement d’un discours lénifiant, voire d’un double langage que les gens de gauche doivent apprendre à décoder (voir ici pour une critique détaillée de cette ligne de défense).
Pour voir le crédit que l’on peut apporter aux déclarations rassurantes de certains pontes hexagonaux de l’autisme, on pourra aussi regarder cette vidéo :

http://rutube.ru/tracks/5180041.html

 

7. DES CONNAISSANCES QUE L’ON REFUSE DE METTRE A JOUR, CELA S’APPELLE DES DOGMES !

Voilà ce que tout homme de gauche devrait rappeler à certains psychanalystes. J’ai un peu plus d’espoir que ce soit possible après le traitement odieux récemment infligé à Jean-Luc Mélenchon (avec la complicité d’une journaliste mondaine) par le psychanalyste Jean-Pierre Winter, sur la chaîne de télévision LCP. Puisse la fatuité dogmatique du psychanalyste déciller les yeux de certains ; puissent-ils se rendre ainsi un peu mieux compte de ce qu’endurent habituellement les parents d’autistes (beaucoup ont l’impression que la gauche les abandonne, pour des raisons purement idéologiques) : des pratiques inefficaces et des paroles souvent aussi humiliantes que dénuées de fondement, tenues par des « soignants » dont la suffisance, l’arrogance et l'incompétence n’ont rien à envier à celles de Jean-Pierre Winter (il faut dire qu’elles puisent à la même source « théorique »…).

 

8. ON NE PEUT AFFIRMER LE CARACTERE DROITIER DES CRITIQUES DE LA PSYCHANALYSE QUE SI L’ON IGNORE LES CRITIQUES DE GAUCHE

Laissons encore parler Didier Éribon : « Nonobstant l’imposition de problématique que pratiquent systématiquement les psychanalystes au nom de leur « science », et le terrorisme intellectuel qui en est le corollaire, il faut passer la psychanalyse au crible de l’interrogation qu’elle entend mener sur tout mais dont elle refuse obstinément aux autres le droit de la mener sur elle-même (avec cette phrase rituelle et vide de sens mais qui fonctionne comme un système de défense collectif contre toute mise en cause : « Pourquoi la psychanalyse fait-elle si peur qu’on veuille à ce point s’en débarrasser ? », comme s’il suffisait de s’auto-décerner ainsi des brevets de pensée hérétique pour pouvoir ensuite continuer à tenir les propos les plus conservateurs et les plus rétrogrades !…) » (ici)

D’autres critiques majeurs de la psychanalyse se situent également à gauche politiquement. On peut citer, au minimum Mikkel Borch-Jacobsen, Frederick Crews, Richard Pollack, Mario Bunge… Ce dernier, épistémologue éminent, opposant au régime militaire de son pays avant d’émigrer au Canada, tient depuis longtemps la psychanalyse pour une pseudo-science. Dans un de ses textes (voir note [2]), il rappelle, citant Merton, que la méthode scientifique nécessite des fondamentaux éthiques comme l’universalisme, le désintéressement, le scepticisme organisé et… le communisme épistémique (le partage des méthodes et des résultats) : on est bien sûr très loin de ces fondamentaux avec la psychanalyse. Mais on voit que les critiques de gauche existent et sont même nombreuses, même si les journaux que nous lisons habituellement se gardent bien de nous le dire… 

Et si, comme l’annonce cet article du Nouvel Obs, les psychanalystes semblent en passe d’avoir « perdu » dans le domaine de l’autisme, c’est bien davantage due à la lutte acharnée des associations de parents qui, à l’heure d’internet, savent que des méthodes alternatives existent, de façon efficiente, ailleurs, que parce qu’un député de droite aurait fait de l’ « ingérence ». Qui empêchait la gauche, sinon de faire la même chose (que M. Fasquelle), du moins de proposer de briser un statut quo devenu indéfendable ? 

 

9. LA PSYCHANALYSE OBLIGE SOUVENT LES GENS DE GAUCHE A PIETINER LEURS PROPRES VALEURS

Le « peuple de gauche » doit savoir que la psychanalyse semble être le dernier domaine où les comportements staliniens peuvent s'exercer de façon totalement décomplexée : dogmatisme tournant parfois au fanatisme, arbitraire, mépris militant de la démarche scientifique, mise à l'index d'ouvrages non lus, censure ou tentative de censure de livres ou de films d'opposants, attaques ad hominem envers tous ceux qui ne sont pas d'accord, procès, ...

La gauche institutionnelle pourra-t-elle encore longtemps, sans déchoir à ses propres yeux et à ceux de ses électeurs, excuser, voire soutenir, les turpitudes de ses représentants, et continuer de juger bénins, voire estimables, des comportements qu'elle jugerait très sévèrement chez toute autre personne et dans tout autre domaine ?

Frère et sœur de gauche, permets-moi de te proposer une dernière lecture ; il s’agit du  discours du professeur Freixa i Baqué à ses étudiants lors de son récent départ à la retraite (présenté brièvement ici sur son blog).

Et d’en appeler une dernière fois à ta réflexion : en défendant envers et contre tout la psychanalyse que tu crois par essence « bonne », mais (tout au plus) parfois « mal appliquée », toi qui n’a, comme Freixa, ni goût pour le luxe, ni pour le pouvoir, ça ne te pose pas de problème de cautionner finalement, par exemple, l’inextinguible assuétude à l’argent de Lacan et de son gendre face au petit prof de fac de province victime en son temps de l’ostracisme de psychanalystes [2] ? Ou encore le clientélisme de la gauche vis-à-vis de personnages mondains comme Bernard-Henri Lévy, l’un des principaux porte-parole des lacaniens de l’Hexagone, ce que tu ignores peut-être ?

 

10. LA PSYCHANALYSE DOIT CESSER DE PRENDRE LA GAUCHE EN OTAGE

N’est-il pas tant, dès lors, pour alléger la dissonance cognitive qui va inévitablement étreindre ta sincère conscience de gauche, de te libérer du poids de cette superstition de notre temps, comme en d’autres temps tes prédécesseurs ont su en tenir d’autres en respect ?

Il me revient en mémoire cette chanson de Nougaro, que tu as sans doute fredonnée un jour, et dans laquelle on trouve cette invitation :

« Holà mon pote, sors de l'église

Tout ça mon pote c'est des bêtises

Et loin de l'orgue retrouve ton orgueil »

Ensemble, retrouvons notre orgueil, tout simplement. Ensemble, refusons d’être pris en otages par la psychanalyse et les pièges rhétoriques tendus par ses supporters [4]. Et ensemble, soyons de plus en plus nombreux à oser dire, fièrement : « je suis de gauche… et j’emmerde la psychanalyse ! »

 

NOTES :

[1] Député UMP¨du Pas-de-Calais, président du Groupe d'études Autisme de l’Assemblée Nationale. Il a récemment déposé une proposition de loi « visant l’arrêt des pratiques psychanalytiques dans l’accompagnement des personnes autistes, la généralisation des méthodes éducatives et comportementales et la réaffectation de tous les financements existants à ces méthodes ».

[2] Voir, par exemple : Mario Bunge, The philosophy behind pseudoscience, Skeptical Inquirer, juillet 2006 et Jean Bricmont, Science et religion : l'irréductible antagonisme (le 11ème paragraphe et la fin du 19ème, en particulier).

[3] Voir « Une théorie zéro » in Le livre noir de la psychanalyse, Les arènes, 2005, p. 181. L’expression fait partie d’un paragraphe où Borch-Jacobsen décrit la façon dont les « progrès » adviennent dans la psychanalyse : « (Lors d'interprétations divergentes), la seule façon de trancher le débat (est) l'argument d'autorité, institutionnalisé sous la forme de l'analyse didactique (...) : en psychanalyse, est vrai ce que l'Association psychanalytique internationale ou n'importe quelle autre école de psychanalyse décide de considérer comme tel à un moment donné. C'est évidemment fort peu satisfaisant d'un point de vue épistémologique, et les philosophes des sciences ont eu beau jeu de souligner le caractère complètement inconsistant, parce que « infalsifiable », des théories psychanalytiques. La psychanalyse est proprement irréfutable car elle peut dire tout et son contraire - il lui suffit pour cela d'invoquer l'obligeant « témoignage » de l'inconscient, toujours prêt à se plier aux exigences du moment.

Les "progrès" de la psychanalyse

Or tout cela, qui signe le caractère pseudo-scientifique de la psychanalyse aux yeux d'un falsificationniste comme Popper, est justement la raison de son incroyable succès. La théorie psychanalytique étant parfaitement vide, elle est aussi, du même coup, suprêmement adaptable. Tel ou tel aspect de la théorie s'avère-t-il difficilement défendable, voire franchement embarrassant, comme le lien établi par Freud entre neurasthénie et masturbation, par exemple, ou l'« envie de pénis » censée régir la sexualité féminine, ou le caractère de « perversion » de l'homosexualité ?

Eh bien, il suffit de le laisser tomber silencieusement et de sortir un nouveau lapin théorique de l'inépuisable chapeau de l'inconscient. C'est ce que les psychanalystes aiment à décrire comme les « progrès » de la psychanalyse, comme si chaque analyste explorait plus avant le continent inconscient, en rectifiant les erreurs de ses prédécesseurs. En fait, chaque école de psychanalyse a sa propre idée de ce qu'est le progrès, vigoureusement contestée par les autres, et c'est en vain qu'on chercherait dans ces disputes un quelconque développement cumulatif. De ce point de vue, rien n'a changé depuis les monumentales batailles entre Freud et Adler, Jung, Stekel, Rank, Melanie Klein ou Ferenczi. Ce qui est donné comme un progrès-de-la-psychanalyse n'est jamais que la dernière interprétation en date, c'est-à-dire la plus acceptable dans un contexte institutionnel, historique et culturel donné. »

[4] Du petit prof en question, je ne saurais trop conseiller la lecture de « Le béhaviorisme et la gauche en France : histoire d'un rendez-vous manqué ».   

[5] Pièges qui vont du bien connu faux dilemme, comme par exemple « la psychanalyse ou l’industrie pharmaceutique », « la psychanalyse ou des thérapies de droite », « la psychanalyse ou le totalitarisme », « la psychanalyse ou le dressage », « la psychanalyse ou le chaos »… à la moins aisément détectable technique de l’épouvantail ; un exemple de cette dernière apparaît lorsqu’un interlocuteur croit nous mettre en difficulté en affirmant « moi, je crois à l’existence de l’inconscient ». Dans une sorte de réponse à l’un de mes billets précédents, le chroniqueur scientifique de Charlie Hebdo (journal où la rubrique « science » est tenu par… un lacanien) y a recours sans vergogne (n° 1021, du 11 janvier 2012, p. 4).
Nous reviendrons sur la notion d’inconscient, à dépsychanalyser d’urgence, dans un prochain article.

http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-louis-racca/160212/je-suis-de-gauche-et-j-emmerde-la-psychanalyse

15 février 2012

article publié sur le blog de Franck Ramus FRblog le 14 février 2012

"Pourquoi diable la HAS n’a-t-elle pas pointé les disparités régionales de moyens et de traitement, plutôt que d’interdire la psychanalyse ?"

 

Claude Bursztejn, cité par Eric Favereau dans Libération, 13/02/2012.

Comme bien d'autres commentateurs acquis à la psychanalyse, Claude Bursztejn considère que le problème principal de la prise en charge des enfants autistes est un problème de moyens plus que de méthodes.

Qu'il manque des places et des moyens pour l'accueil des enfants autistes, tout le monde en convient, en premier lieu les associations qui dénoncent les pratiques psychanalytiques.

Demander plus de moyens, très bien, mais pour faire quoi?
Plus de moyens pour attendre l'émergence du désir?
Plus de moyens pour faire des ateliers pataugeoire?
Plus de moyens pour faire des ateliers conte?(lire l'exemple du loup anal et des trois petits cochons)
Plus de moyens pour faire du packing?

Les psychanalystes seraient plus fondés à réclamer des moyens supplémentaires s'ils ne gaspillaient pas déjà des montagnes d'argent public dans des thérapies aux fondements théoriques vaseux et à l'efficacité jamais démontrée.

Plus de moyens, oui, plus équitablement répartis sur le territoire, bien sûr, mais pour des pratiques thérapeutiques évaluées!

http://franck-ramus.blogspot.com/search/label/autisme

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