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"Au bonheur d'Elise"
11 juin 2012

article publié dans l'express.fr le 6 juin 2012

Education des enfants handicapés en France : l’état passe la main…

Vendredi premier juin 2012 

Aujourd’hui est un jour pas comme les autres : Julien a une journée d’essai dans une structure adaptée, réservée aux autistes : pris en charge le matin dans les locaux, et l’après midi dans une classe qui leur est réservée, dans une école ordinaire.

 

En route !

Au moment de démarrer, je pense :  « C’est une belle aubaine pour nous… Même si la structure est à 40 minutes en voiture, nous n’allons rien payer d’autre que les frais de transport aujourd’hui. Cela fait 100 euros non dépensés pour sa prise en charge. Et puis je n’ai pas Julien de la journée… ça va me faire drôle ! Bon, on doit profiter, il n’y sera certainement pas l’année prochaine, vue la liste d’attente !  »

On passe devant l’école du quartier, et là je réalise : « Les parents déposent leur enfant, et puis voila. Ils habitent à coté, ils y vont à pied. Puis ils vont à leurs activités et le récupèrent le soir. Ils ne payent rien, tout cela va de soi pour eux… Cette société est bien faite quand même, tout est structuré, finalement chacun y trouve sa place ! Enfin, chacun, pas exactement… »

Et là, j’ai subitement un coup au moral…

 

Pourquoi pas lui ?

C’est quoi la différence ? Julien est handicapé. Ok, mais, handicapé ou pas, il faut bien qu’il passe ses journées comme les autres, je veux dire, il existe !  Et, tant qu’à faire, qu’il les passe le mieux possible tout en apprenant des autres et avec les autres, bref qu’il reçoive de l’éducation…

Sauf que l’Education Nationale* semble l’avoir oublié, mon Julien, sur ce coup… C’est sûrement un oubli, vu qu’il vit dans cette nation non ? Bon, à cause de ce malencontreux « oubli », j’ai arrêté mes activités pour organiser moi même ses journées. Comme je ne me sens pas de lui faire l’école à la maison ( des mamans d’enfants différents le font et je les admire profondément ! ), je me suis entourée de professionnels compétents ( je rajoute « compétents », parce que l’un n’implique pas l’autre, et surtout pas dans l’autisme ! )

Finalement, je me dis « On dit souvent que Julien est dans son monde… Mais ces familles, dont chaque membre a une place dans la société, qui ne se rendent pas compte qu’une 4 ème ou 5 ème  dimension existe, tout près de chez eux… Elles ne seraient pas  un peu aussi dans leur monde  ? » J’accuse le coup, et je me dis « Ces gens là ont l’air inconscients de leur condition, de leurs privilèges, pourquoi essayer de leur faire voir une autre réalité ? En plus ça peut leur faire un choc de découvrir notre dimension. Et puis, ça ne les regarde pas vraiment, ils ne se sentent pas concernés. »

Et pourquoi ils ne se sentent pas concernés ?

 

Loin des yeux …

Moi aussi avant d’avoir Julien, j’étais dans leur monde. Comme eux, j’étais choquée d’apprendre que des salariés soient licenciés brusquement de leur entreprise, perdent leur travail, etc… Toutes ces choses qui font soucis aux français quoi…

Mais je n’étais pas choquée d’apprendre qu’une maman d’enfant handicapé soit licenciée de la société française, et que son enfant n’ait pas le droit de passer ne serait-ce qu’un entretien d’embauche dans cette dite société dont le slogan est « Liberté, Egalité, Fraternité ».

Je n’étais pas choquée de voir que les handicapés, justement je ne les voyais pas… Les personnes ordinaires entre elles, les personnes handicapées entre elles, c’est ça la France…

 

Extra-Terrestre extra-ordinaire expulsé de sa planète...

 

Je n’avais pas conscience qu’une famille avec un enfant handicapé a la double peine : gérer le handicap, dans une société pas adaptée pour les personnes différentes, et payer le prix pour que leur enfant ait la possibilité d’apprendre, de grandir tout simplement.

 

Je n’en n’avais pas conscience, parce que ces enfants là ils existent, mais loin de nos yeux…

 Au fond, c’est comme si ils n’existaient pas : chacun dans son monde.

 

*En fait une loi est passée en 2005, accordant aux enfants handicapés les mêmes droits/obligations de scolarisation qu’un enfant ordinaire. Cette loi est passée en force contre la volonté de l’Education Nationale. En conséquence, tout est fait pour décourager les parents de mettre leur enfant à l’école. Une heure d’éducation par semaine suffit à faire rentrer l’enfant dans la case « scolarisé », le mettant en règle avec la loi 2005.

http://blogs.lexpress.fr/the-autist/?p=713&preview=true

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Commentaires
M
Bravo pour cette "réflexion". Tellement vraie !!!!!!! On devrait tous prendre le rôle les uns des autres par période , et là enfin je pense que le monde deviendrait meilleur car on se comprendrait tellement mieux........... En vivant les situations quelles qu elles soient, on prend conscience de leur réalité !!!!
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L
Bonjour Jean-Jacques<br /> <br /> Comme cette maman dit bien les choses...<br /> <br /> Même sans scolarisation, c'est souvent la double peine!<br /> <br /> Un peu fatiguée ces derniers temps...<br /> <br /> Bonne journée<br /> <br /> ValérieJ
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