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"Au bonheur d'Elise"
8 juillet 2012

article publié sur le site d'Autisme Infantile le 7 juillet 2012

Votre enfant, le plus beau des pénis

Chères et mères,

Je reviens vers vous, tantôt avide d’enseigner à mes prochaines que vous êtes, tantôt à plein, car j’en ai gros à déverser sur vous un savoir ancestral, avec les risques que je connais, et inhérents au forçage du savoir de la femme-trou, que ce dernier soit noir, normand ou des lilas.

Je vous propose, en ces délicieuses périodes estivales, de vous ouvrir à l’éternel et au très puissant Winnie le Coït, qui entama il y a plus de cinquante ans son admirable et bien nommée conversion De la pédiatrie à la psychanalyse.

Objet partiel de la grande psykKlein, dont il se démarqua après ou avant avoir analysé son fils, il fut très apprécié des anglosaxons avant que ces derniers ne renient malencontreusement notre science céleste et ne deviennent, par la force des choses, d’immondes gredins fascisants.

La préoccupation maternelle primaire

La mère suffisamment bonne (Donald Winnicot)Le texte sacré que je vous propose aujourd’hui sera, je l’espère, davantage l’objet de prosternations que de protestations. Il traite d’un état de folie passagère que la mère doit traverser pour se révéler suffisamment bonne, une phase que vous avez, chères et mères, forcément loupé, pour le plus grand malheur de votre galopin, ou des vôtres.

Il s’agit de la préoccupation maternelle primaire que Winnie le Coït définit en 1956:

Ma thèse est la suivante: au tout premier stade, nous trouvons chez la mère un état très spécifique, une condition psychologique qui mérite un nom tel que préoccupation maternelle primaire. À mon avis, ni dans notre littérature spécialisée, ni peut-être ailleurs, personne n’a encore prêté une attention suffisante à cet état psychiatrique très particulier de la mère, dont je dirai ceci:

•  il se développe graduellement pour atteindre un degré de sensibilité accrue pendant la grossesse et spécialement à la fin;

•  il dure encore quelques semaines après la naissance de l’enfant;

•  les mères ne s’en souviennent que difficilement lorsqu’elles en sont remises, et j’irais même jusqu’à prétendre qu’elles ont tendance à en refouler le souvenir.

Cet état organisé (qui serait une maladie, n’était la grossesse) pourrait être comparé à un état de repli, ou à un état de dissociation, ou à une fugue, ou même encore à un trouble plus profond, tel qu’un épisode schizoïde au cours duquel un des aspects de la personnalité prend temporairement le dessus.

Une maladie saine, mais pas d’esprit

Winnie le Coït précise bien ultérieurement que cette maladie n’en est pas une, à condition qu’il s’agisse d’un état pathologique à vocation saine, pour lequel il emploie judicieusement l’expression: « une maladie normale » pendant laquelle la mère est « ordinaire normalement dévouée », c’est à dire « qu’il faut qu’elle soit capable d’atteindre ce stade d’hypersensibilité, presque une maladie, et de s’en remettre ensuite ». Pour celles d’entre-vous qui n’auraient pas encore compris, Winnie apporte un complément précisionnel tout à fait salut-taire:

C’est à dessein que j’emploie le mot « maladie », parce qu’une femme doit être en bonne santé, à la fois pour atteindre cet état, et pour s’en guérir quand l’enfant l’en délivre. Si l’enfant venait à mourir, l’état de la mère se révélerait brusquement pathologique. C’est le risque qu’elle court.

Ceci est effectivement limpide, à partir du moment où l’on part d’une mère saine, ce qui, en théorie psychanalytique, reste impossible, mais l’essentiel n’est pas là. Cette mère saine deviendra légitimement folle pour son enfant, mais ne le restera pas, à condition que ce dernier ne décède pas par mégarde, ce qui s’avèrerait semble-t-il un événement dramatique et une condamnation à la folie éternelle piégée dans la matrice, et à condition que cette mère soit suffisamment folle, c’est à dire qu’elle le soit, qu’elle le soit, mais pas trop.

Le pourquoi du comment taire sans trop crier

Il est désormais temps de vous signifier en quoi consiste cette folie, et en quoi elle est essentielle au bon développement de votre enfant selon nos standards érotico-stadiens. Il s’agit avant tout, selon Winnie, d’une « dévotion », mais pas de n’importe laquelle: une dévotion totale et sans faille pour son petit, une dévotion aussi intense et exclusive que l’était la préalable quête du pénis, de laquelle la femme ne saurait se détourner, sauf durant cette « préoccupation maternelle primaire » pour un enfant que l’on peut donc légitimement considérer comme une sorte de substitut, un nouveau pénis, qui lui fait oublier tous les autres auxquels elle pourrait se frotter.

Hélas, certaines récalcitrantes se refusent à ce sacrifice d’utilité publique:

Certaines ont d’autres centres d’intérêt importants qu’elles n’abandonnent pas facilement, ou bien elles ne peuvent pas admettre cet abandon tant qu’elles n’ont pas eu leur premier enfant; pour une femme qui fait une forte identification masculine, cette partie de sa fonction maternelle peut être spécialement difficile à réaliser, car le désir du pénis refoulé laisse peu de place à la préoccupation maternelle primaire.

Il convient, en tant que psychanalyste, de rester extrêmement vigilant à l’égard de ces féministes et autres femmes actives (dont la prostitution peut également être symbolique), ou celles qui se croient « épanouies » par divers artifices plus ou moins futiles. Celles-ci croient en effet souvent pouvoir se rattraper après avoir « raté le coche au départ ». Après avoir été trop ailleurs, trop froides, elles deviennent trop présentes, trop chaudes, mais le mal est déjà fait et ne fait que s’accroitre. Seul le psychanalyste bien autorisé à s’autoriser de lui-même est en mesure de pallier à ces graves défaillances maternelles, au travers d’une belle cure bien prolongée, avec ou sans préliminaires.

Une vérité mais trois possibilités

Heureusement, la plupart du temps, la mère embrasse son destin, et se révèle suffisamment bonne:

La mère qui atteint cet état que j’ai nommé « préoccupation maternelle primaire » fournit un « cadre » dans lequel la constitution de l’enfant pourra commencer à se manifester, ses tendances au développement à se déployer, et où lui, l’enfant, pourra ressentir le mouvement spontané et vivre en propre des sensations particulières à cette période primitive de sa vie.

Lorsqu’elle n’est pas assez bonne:

Les carences maternelles provoquent des phases de réactions aux empiètements, et ces réactions interrompent la « continuité d’être » de l’enfant.

Lorsqu’elle l’est trop bonne:

Un excès de cette réaction n’engendre pas la frustration, mais représente une menace d’annihilation: c’est, selon moi, une angoisse primitive très réelle, bien antérieure à toute angoisse qui inclut le mot mort dans sa description.

Une magnifique beauté se dégage de ce sacrifice d’une mère, qui devient finalement folle transitoirement pour éviter à son enfant de sombrer dans la psychose.

Sachez donc, chères et mères, ne pas louper le coche si vous souhaitez à nouveau donner la vie sans donner l’autisme.

Coïtement vôtre,
JMDL

http://autismeinfantile.com/prise-en-charge/equipe-therapeutique/psychanalyse/votre-enfant-le-plus-beau-des-penis/

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