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"Au bonheur d'Elise"
30 mai 2013

Hyperactivité : pourquoi autant de ventes de Ritaline ?

article publié dans le magazine de la santé

Auteur: Véronique Bertrand

Publié le 30.05.2013

 

Environ 280 000 boîtes de méthylphénidate (dont le principal médicament est la Ritaline) vendues en mars 2008 en France pour traiter l’hyperactivité chez l’enfant, et pratiquement 500 000 en mars 2013. Comment expliquer cette augmentation ?

Le trouble déficit de l’attention/hyperactivité (ou TDAH) est une affection neurodéveloppementale, hautement héréditaire. Il se caractérise par des difficultés à se concentrer, une impulsivité marquée, une agitation incessante. Elle touche environ 5 % des enfants scolarisés, 3 % des adolescents et encore 1 à 2 % d’adultes. Les garçons en souffrent trois fois plus que les filles.

50 % des enfants souffrent aussi de troubles du sommeil

Outre ces principaux symptômes, les enfants qui souffrent de TDAH peuvent aussi manifester d’autres signes. 50 % souffrent de troubles du sommeil, 30 % ont des problèmes de coordination motrice, ils sont maladroits. 25 % ont des troubles de l’humeur, ils souffrent d’anxiété, et 20 % ont des difficultés d’apprentissage dues, par exemple, à une dyslexie.

Ces symptômes multiples entraînent une plus grande vulnérabilité chez les adolescents et les adultes souffrant d’hyperactivité. Les risques concernent, notamment, la consommation excessive d’alcool, de substances illicites… quand ils ne sont pas soignés.

30 mois de délai pour être diagnostiqué

Plus le diagnostic est précoce, meilleure est la prise en charge qui, en plus, permet de diminuer les risques de conduites addictives. Mais le diagnostic est complexe à établir et le délai, en France, est d’environ deux ans et demi !

« On est passé du début des années 2000 où l’on ne diagnostiquait pas la pathologie du trouble déficit de l'attention/TDAH à un début de diagnostic aujourd’hui », précise Christine Getin, présidente de l’association TDAH France.

Ce qui peut expliquer cette “explosion” de prescriptions de stimulants, qui se traduit par une augmentation des ventes de 70 % entre 2008 et 2013. En outre, il est essentiel que l’identification des symptômes soit posée par un médecin expert en ce domaine, afin que le programme de soins soit le plus approprié à chaque cas.

Un traitement multimodal

Chaque enfant est unique, et le traitement doit donc être le plus proche possible de ses besoins. Mais, avant tout traitement, une bonne hygiène de vie et un sommeil de qualité et suffisant en nombre d’heures sont deux éléments primordiaux.

Ensuite, « un enfant qui souffre de TDAH est difficile à gérer pour des parents, explique Christine Gétin. C’est pourquoi ils doivent être soutenus au sein d’un groupe d’accompagnement thérapeutique, notamment par la méthode Barkley. En une dizaine de séances structurées, on leur explique l’hyperactivité, on leur apprend également à recentrer leur enfant, sans lui faire tout le temps des reproches. On leur enseigne aussi à porter leur regard sur les moments positifs, les choses que l’enfant fait bien, puis comment renforcer ces moments. » Ce premier traitement améliore la qualité de vie de la famille. « Il diminue aussi la souffrance de l’enfant car il lui permet d’être valorisé », précise la présidente de l’association TDAH France.

Il s’accompagne d’une thérapie comportementale et cognitive. « Elle est destinée à habituer l’enfant à prendre son temps, à réfléchir, à maîtriser son impulsivité », complète madame Getin. Mais, ces méthodes ne donnent pas de résultats instantanés.  Il faut les poursuivre durant des années. On peut également faire appel à la remédiation, à l’orthophonie, à la psychomotricité.

Quelle est la place de la Ritaline ?

Malgré ces différents accompagnements, certains enfants sont en échec scolaire, ils souffrent de leur hyperactivité non gérée. « Alors, la médication intervient quand les autres méthodes ne suffisent pas, explique Madame Gétin. C’est un outil parmi d’autres. De plus, le méthylphénidate s’obtient, la première fois, uniquement sur prescription hospitalière. Et, l’ordonnance doit être renouvelée tous les ans. » La plupart du temps, il est donc bien prescrit en seconde intention, comme le recommande la Haute Autorité de santé.

Le temps moyen de prescription de ce médicament est de trois ans seulement, pour une pathologie présente, pourtant, à vie. Et beaucoup d’enfants ne le prennent que sur le temps scolaire. Ils s’abstiennent le week-end et durant les vacances scolaires.

« Le méthylphénidate est une béquille qui, à un moment donné, aide l’enfant ou l’adulte hyperactif à passer un cap », estime la présidente de l’association. Et elle est préférable aux neuroleptiques qui sont beaucoup prescrits.

La France prescrit peu de stimulants

En France, la prescription de la Ritaline est quarante fois inférieure à celle de l’Islande. L’Hexagone arrive en avant-dernière position mondiale, juste devant l’Italie qui vient seulement d’obtenir une AMM (autorisation de mise sur le marché) pour le méthylphénidate. Et une étude de l’université de Californie, publiée dans le Jama du 29 mais 2013, affirme qu’il n’y a aucun lien entre l’utilisation de médicaments comme la Ritaline et de futurs abus d’alcool, de tabac, de drogue…

Quant à ses effets à moyen et long terme, notamment en termes d’événements cardiovasculaires, neurologiques et psychiatriques, ils sont, bien entendu, à prendre en grande considération.  Mais, comme tout médicament, la liste des effets indésirables est souvent bien plus longue que celle des effets positifs…

Comme pour toute chose, il faut savoir rester mesuré et prescrire à bon escient afin d‘aider l’enfant à apprendre à vivre avec ce trouble en étant le plus épanoui possible.

Pour plus d’informations : association TDAH France : 4 allée du Brindeau, 75019 Paris. Site internet : www.tdah-france.fr

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