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"Au bonheur d'Elise"
6 janvier 2014

Résumé de la conférence ABA du 5 janvier 2014

article publié sur le blog Être autiste aujourd'hui
Résumé de la conférence ABA du 5 janvier 2014

Voici quelques éléments qui ont été évoqués à la formation d’hier « ABA et habiletés sociales pour l’autonomie », conférence animée par Sophie Laurent (analyste du comportement diplômée du Florida Tech) et organisée par l'association Autisme Paca.

Les habiletés sociales sont des comportements verbaux et non verbaux résultant de processus cognitifs et affectifs permettant de s’adapter à l’environnement.

Enseigner les habiletés sociales, c’est apprendre à la personne à :

  • Mettre en œuvre des comportements de communication dans la vie quotidienne
  • Utiliser des outils de communication dans un but social
  • Comprendre les comportements sociaux des autres
  • Engendrer certains comportements sociaux en lui fournissant un support adapté

Piaget distingue 2 stades de la socialisation, le premier, appelé stade élémentaire, entre 0 et 2 ans (stade sensori-moteur) consistant en de l’imitation essentiellement. Et le stade plus tardif correspond à la socialisation de la pensée vers 7-8 ans et peut être superposé au concept de théorie de l’esprit.

Sophie Laurent a eu l’expérience de 2 enfants autistes qui sont restés focalisés sur eux-mêmes jusqu’à 7 ans, âge où ils ont commencé à poser des questions aux autres sur leurs vies.

Les comportements non-verbaux inappropriés sont :

  • Au niveau du regard : les yeux fuyants, écarquillés,...
  • Mimiques faciales : visage sans émotion, sourire quand se fait réprimander… (par exemple, Keanu Reeves, acteur aspie, a un visage sans expression ; il est resté froid quand sa compagne enceinte est décédée, ce qui a choqué ; ou bien dans le film Mozart and the Whale, la jeune fille aspie se met à rire alors qu’on lui annonce une mauvaise nouvelle…)
  • Gestes : souvent peu de gestes
  • Posture : en retrait, corps très rigide ou très mou, à un écart de l’interlocuteur trop lointain ou trop proche.

Les habiletés sociales et l’autisme :

Pré-requis :

  • Disposer d’un moyen de communication
  • Pouvoir coopérer
  • Pouvoir imiter
  • Pouvoir jouer un minimum

Renforcer les interactions sociales

Dans son centre, il y a plusieurs enfants qui ont des « classes » ensemble dès qu’ils en deviennent capables, ce qui favorise les interactions sociales ; entre eux des amitiés se sont créées. Tous les lundis, ils sont 6 autour de la table, chacun à son activité et ils sont encadrés par les intervenants. Le reste de la semaine consiste en des face-à-face adulte/enfant mais dans la même salle, contrairement à d’autres centres pratiquant l’ABA qui isolent chaque enfant avec son intervenant dans une pièce à part.

Utilisation des renforçateurs

Il faut savoir moduler les renforçateurs : par exemple en fonction de l’effort accompli et de l’évolution souhaitée, féliciter plus ou moins l’enfant. Ne pas lui dire « tu es le plus beau, le plus fort » dès qu’il accomplit une tâche facile, garder les renforçateurs (récompenses), formules, les plus marquants pour quand il fait le plus d’efforts. Donc moduler les renforçateurs.

Playdates et structuration d'une séance

Sophie Laurent conseille, pour l’organisation de playdates (rdv de groupes pour travailler les relations sociales de l’enfant autiste) de bien structurer la séance (1h à 1h30 maxi) et de limiter le nombre d’enfants à 4 (3 enfants « ordinaires » pour 1 enfant « extraordinaire »).

A l’adolescence les enfants commencent à avoir un intérêt et une conscience pour autrui. Cela est dû au fait que la théorie de l’esprit qui a émergé vers 7-8 ans a « mûri », il y a eu un développement affectif et cognitif, et peut-être que les hormones favorisent aussi l’ouverture aux autres. Les problèmes relationnels des autistes à ce moment-là sont plus dûs à une absence d’habiletés sociales, plutôt qu’à un manque d’intérêt pour les autres.

Développer les habiletés sociales

Sophie Laurent rejoint ce qu’explique Carol Gray. Il faut dire aux enfants « quoi dire quand ». Par exemple ne pas dire « je t’ai tué » à un jeu d’épée mais dire plutôt « je t’ai eu ». Savoir quoi dire quand on perd également. Exprimer sa joie ou partager celle de l’autre d’avoir gagné. Savoir réconforter l’autre avec une phrase-type : « j’ai gagné mais tu as bien joué ».

Avec un enfant autiste, il ne faut jamais dire « jamais » et jamais dire « toujours ». Car pour l’enfant cela va vite devenir une règle, une habitude. Si par exemple on lui dit « ne crie jamais » il va prendre la formule au pied de la lettre et ne criera pas même pour appeler à l’aide.

Gestion des stéréotypies

Il ne faut pas choisir de jeu qui renforce les stéréotypies. Il faut essayer de les réduire au maximum. Car sinon l’enfant s’échappe et s’enfonce dans ses stéréotypies et évite de plus en plus l’interaction. Il convient de bloquer et rediriger une stéréotypie vers une activité à la topographie similaire et qui ne peut pas être exécutée en même temps que la stéréotypie. Par exemple si la stéréotypie de l’enfant consiste à agiter ses mains, rediriger du gestuel au gestuel : « tape dans tes mains… ». Si la stéréotypie est verbale « bababababa », rediriger vers du verbal : « dis-moi chat, comment tu t’appelles… ». Si l’enfant est non verbal, mais a une stéréotypie verbale par exemple « ihihiiiii » lui apprendre à faire silence en lui mettant le dos sur la bouche (signe chut) : « montre-moi le silence » d’abord rapidement, quelques secondes, puis en rallongeant la durée du silence tout en renforçant « oui c’est très bien bravo » ou autre renforçateur. Pas de formules négatives « non ne fais pas ça ». Ignorer et renforcer en positif quand comportement approprié.

Comportements verbaux : demandes ("mands") et "tacts"

Effectuer un « tact » signifie nommer les choses présentes. Quand l’enfant nomme ce qu’il voit, il faut renforcer ces tacts (« oui c’est bien, c’est une pomme,… ») de façon à ce qu’il puisse par la suite expliquer ce qu’il a fait de sa journée à l’école par exemple. Il faut aussi favoriser la demande. L’enfant ne doit pas se servir par lui-même. Exemple : « je veux le feutre marron ». « Va le chercher ». « Où est le feutre marron ? ». « Moi je ne l’ai pas, va demander à untel ». Il doit interpeler la personne en lui tapant sur l’épaule par exemple puis formuler sa demande : « je veux le feutre marron ». Et il doit attendre qu’on lui donne. Il est bon d’encourager ce genre de demande avec les pairs de l’enfant de façon à ce qu’il ne s’imagine pas qu’une seule personne adulte, a tout ce qu’il souhaite. Le problème du face-à-face exclusif dans l’ABA c’est que l’enfant ne généralise pas à l’extérieur et avec les autres. Il faut donc l’entraîner dans ces situations. Travailler à une table seulement ne sert pas à grand chose. Travailler le scenario social oui mais pas uniquement en face-à-face. L’enfant a besoin d’être guidé dans le contexte social également. Le face-à-face a ses limites.

Lui parler avec la loi du +1 : si l’enfant fait des « phrases » d’un mot lui répondre en 2. S’il parle en 2, répondre en 3. S’il fait des phrases se mettre à son niveau et répondre au niveau juste supérieur au sien.

En ABA la guidance verbale est très difficile à enlever, donc il faut l’éviter dès le début. Par exemple éviter de dire à l’enfant « regarde ». Il doit comprendre qu’il doit regarder sans qu’on lui dise.

Quand un enfant ne veut pas jouer (si on le force il n’y prendra pas plaisir), avant la crise, il faut trouver un autre jeu de façon à ne pas perdre son attention.

Demandes d'attention négative

Carol Gray donne des scénarios sociaux sur le principe faire/ne pas faire. Or les enfants en demande d’attention négative vont prendre ce qui est dans la colonne « ne pas faire » pour en arriver à leurs fins. Sophie Laurent préfère dire ce que l’enfant est sensé faire et ne pas dire ce qu’il n’est pas sensé faire. Elle renforce ce qui est positif et les mauvais comportements non renforcés finissent par s’estomper et disparaître (ou sont redirigés).

Certains enfants insultent les autres. Le problème c’est quand les autres répondent aux insultes au lieu de l’ignorer. En faisant cela il se rend compte qu’il obtient de l’attention, même si elle est négative. Cela renforce son comportement. Il convient alors de faire passer l’enfant des insultes à une communication adaptée qui lui permet d’avoir une attention des autres également. Toujours en renforçant ce qui est bien et en ignorant ce qui n’est pas correct.

Gestion des crises

Dans le cas où l’enfant ne respecte pas les règles dans un lieu public : par exemple si c’est au moment où l’enfant va à une activité qui lui plaît, il faut le bloquer puis retourner à la maison (exemple d’une maman qui a amené son enfant à la plage, l’enfant n’a pas écouté les consignes car il était très content et excité, ils sont donc rentrés immédiatement. La fois suivante il a écouté les règles et les a respectées). Si l’on s’en tient à la règle, le comportement s’améliore. Il faut « reprogrammer » l’enfant pour la fois suivante. En lui expliquant pourquoi la sortie a été écourtée et ce qu’on attend de lui la fois suivante.

Comment faire face à une crise en public, à un orage émotionnel de l’enfant. Si la crise est violente, déjà, à la base, c’est qu’elle a été renforcée dans le passé. Renforcement = puissance, longueur. Agir lors de la crise pour ne pas renforcer ce type de comportement : en ignorant généralement. Au contraire, renforcer les moments où l’enfant se comporte bien de façon. Ils deviendront doucement plus longs et plus fréquents. Les moments de silence doivent être récompensés.

Autre exemple d’un enfant qui vomissait à chaque situation sociale pour faire pression sur ses parents pour éviter ce genre de situations. Avec des amis ou famille complices, mettre en place des stratégies de diminution du comportement. Quand l’enfant vomit en public, l’ignorer (d’où le besoin de prévenir les gens et d’avoir leur complicité !) et continuer comme si de rien n’était. Renforcer au contraire ses efforts et bons comportements. Il faut dans ce genre de cas être réactif rapidement sinon les crises de l’enfant rendent la vie des parents infernale. Attention parfois une seule personne peut tout gâcher. Quand des techniques sont utilisées pour un enfant, tout l’entourage doit être au courant et cohérent. Par exemple si une maman ignore un comportement alors qu’une grand-mère y met une grande attention, il n’y aura pas de bon résultat car c’est contradictoire.

Automutilation

En cas d’automutilation la première étape est déjà de protéger l’enfant. Par exemple avec un casque de boxe s’il se tape la tête. Il faut être tout le temps derrière s’il représente un danger pour lui-même. Le retenir mais sans lui donner d’attention. Puis renforcer les moments où il est sage et calme. Un enfant peut aussi taper ses parents pour demander de l’attention. En réagissant, même négativement, l’enfant obtient ce qu’il veut : il faut donc l’ignorer.

Phobie

Désensibilisation à une phobie : chien, cheval, … : prévenir à l’avance par des phrases courtes. Lorsque la crise de panique arrive bloquer l’enfant sans avancer il doit apprendre à se calmer sur place. Le rassurer. La fois d’après, un pas de plus, puis de plus en plus proche du supposé danger.

 

L'un des articles de presse : ouest-var.net.

Prochaine conférence de Sophie Laurent avec l'association Autisme Paca le 12 janvier 2014, pour plus d'informations, cliquer ici.

Plus de renseignements sur l'ABA, voir le site du centre de Sophie Laurent, un autre article ou cliquer ici.

Voir aussi l'article les 5 erreurs de l'ABA.

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