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"Au bonheur d'Elise"
26 novembre 2014

Autisme : Un espoir

article publié dans Sud Ouest

Publié le 24/11/2014 à 06h00 par

Une équipe bordelaise de l’Inserm a mis au jour une molécule qui pourrait limiter les troubles autistiques. Bientôt un médicament en essai clinique.

Autisme : un espoir

Andreas Frick, sa souris et l’équipe des chercheurs neuroscientifiques de l’Inserm Bordeaux du Neurocentre Magendie. © Photo

Photo Philippe Taris

ISABELLE CASTéra

i.castera@sudouest.fr

Une petite souris de labo, noire et vive, porte l'espoir de soigner des milliers d'enfants souffrant de troubles autistiques. La main qui la porte est celle d'Andreas Frick, chercheur neurologue qui dirige une équipe au sein d'une unité Inserm du Neurocentre Magendie à Bordeaux. Forte de résultats incroyablement encourageants sur l'autisme, l'équipe a bénéficié d'une publication dans la célèbre revue « Nature Neuroscience ». Saint-Graal des chercheurs.

Les troubles du spectre autistique touchent en Europe plus de 3 millions de personnes, dont près de 650 000 en France. Parmi ces patients, près de 90 % subissent des problèmes sensoriels, anomalies d'intégrations du toucher, de l'ouïe, de la vision, par exemple, qui induisent des comportements inappropriés, handicapants. Les patients vivent un rapport au monde ordinaire comme une expérience sensorielle agressive. Et deviennent agressifs.

« Il n'existe pas de traitement pharmacologique pour traiter ces symptômes, note Andreas Frick. Déjà, nous avons compris leur origine, il s'agit d'une anomalie dans le cerveau et ce dysfonctionnement concerne d'autres maladies neurodéveloppementales apparentées, comme le syndrome de l'X Fragile. »

Pour réguler l'excitabilité

Au cours de ses travaux de recherche, l'équipe d'Andreas Frick a montré que, dans le cas de souris porteuses du syndrome X Fragile, le néocortex dans le cerveau était hyperexcité en raison d'une altération de deux canaux ioniques. Après avoir observé les symptômes de ce dysfonctionnement comportemental et en avoir détecté les causes physiologiques, les chercheurs ont planché sur un éventuel traitement.

À partir du moment où l'on comprend le mécanisme d'une pathologie, on peut commencer à tenter de la soigner. « Nous avons utilisé une molécule pharmacologique, qui existe déjà, et qui mime le fonctionnement de l'un de ses canaux ioniques, défaillant sur les personnes malades. De fait, nous avons pu constater que l'hyperexcitabilité néocorticale ainsi que les anomalies de l'intégration neuronale ont pu être corrigées grâce à cette molécule. » Ceci chez la souris.

Mélanie Ginger et Guillaume Bony, tous deux neurobiologistes et membres de la même unité Inserm, précisent : « La molécule injectée chez la souris booste les canaux ioniques, qui sont des protéines à la surface des cellules, censées réguler l'excitabilité. Et du coup, les canaux font leur boulot. »

Gagner un temps précieux

La molécule pharmacologique injectée chez les souris porteuses du syndrome X Fragile était connue, parce qu'elle était, jusqu'alors, censée traiter des zones du cerveau touchées après un accident vasculaire cérébral. Mais elle venait de faire l'objet d'une étude clinique sur les AVC, abandonnée par manque d'efficacité.

« La bonne nouvelle, reprend Mélanie Ginger, c'est que l'étude a permis de révéler que cette molécule, qui nous intéresse au plus haut point, n'a pas d'effets indésirables. Du coup, les tests cliniques vont pouvoir démarrer très vite et nous avons gagné un temps précieux. » Ces découvertes présentent un nouvel espoir pour un traitement sur mesure des aspects sensoriels du syndrome de l'X Fragile et des troubles du spectre autistique. En particulier parce que ces traitements pourraient être appliqués à des patients adultes ou adolescents.

« Lorsqu'on pense à un traitement, on imagine toujours qu'il faut commencer dès le plus jeune âge, pour voir des effets positifs se produire, note Andreas Frick. En France, le diagnostic de l'autisme tombe en général autour de 6 ans. Et après ? Si cette molécule fait ses preuves, elle pourra être administrée et être efficace à n'importe quel âge de la vie du patient. »

À ce jour, il n'existe pas vraiment de traitement pour accompagner les personnes autistes.

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