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"Au bonheur d'Elise"
13 février 2015

TDAH -> Vers une meilleure prise en charge des enfants hyperactifs

LE MONDE | 12.02.2015 à 10h02 • Mis à jour le 12.02.2015 à 11h05 | Par

Des enfants jouent dans une école primaire à Paris, en octobre 2014.
C’est une première en France, qui devrait contribuer à apaiser les controverses entre professionnels sur le sujet du « trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité » (TDAH) et, surtout, améliorer la prise en charge des enfants et des adolescents qui en souffrent. A l’issue de deux ans de travail, la Haute Autorité de santé (HAS) a présenté, le 12 février, des recommandations de bonnes pratiques pour le repérage de ces troubles, et l’accompagnement des petits patients et de leur famille. Celles-ci placent les médecins de premier recours (en pratique, principalement des généralistes) au cœur du dispositif.

Souvent appelé simplement hyperactivité, le TDAH associe en fait trois types de symptômes : un déficit de l’attention (signe le plus fréquent), une hyperactivité motrice, et une impulsivité. Entre 3,5 % et 5,6 % des enfants d’âge scolaire sont concernés en France, soit, selon la HAS, entre 135 000 et 169 000 enfants de 6 à 14 ans, le plus souvent des garçons.

Comme l’autisme, le TDAH a souvent fait les frais de querelles idéologiques entre schématiquement des psychanalystes d’un côté, des tenants de la psychiatrie biologique de l’autre. Pour certains, ce syndrome est surtout une construction sociale, en passe de devenir épidémique, du fait d’un surdiagnostic.

Lire aussi : Hyperactivité, le syndrome qui agite les experts

« Pathologie sous-diagnostiquée »

« Le TDAH est une pathologie largement sous-diagnostiquée, avec une grande hétérogénéité et une insuffisance de prise en charge », estime au contraire Michel Lecendreux, pédopsychiatre (hôpital Robert-Debré, Paris), à l’origine de la saisine de la HAS, en 2010. Les médecins sont aussi divisés sur le méthylphénidate (Ritaline), un psychostimulant largement prescrit aux Etats-Unis, et dans seulement 10 % des cas en France. De leur côté, les familles déplorent les longs délais pour accéder à des spécialistes du TDAH, le manque de coordination entre les professionnels (psychologues, psychomotriciens, orthophonistes…).

Pour plancher sur ce sujet délicat, la HAS a ouvert une consultation publique, puis constitué un groupe de travail transversal, « comprenant tous les courants », souligne le pédopsychiatre Jean Chambry, son coprésident. « Ces recommandations sont d’abord une façon d’affirmer que le TDAH existe, ce que des professionnels ne reconnaissaient pas, se réjouit-il. Le deuxième message est de sensibiliser les généralistes pour qu’ils repèrent ce syndrome et accompagnent les familles. »

« Tout enfant agité ou distrait qui n’a pas un TDAH, le médecin de premier recours doit pouvoir avoir une démarche diagnostique, éliminer d’autres causes, évaluer les répercussions négatives sur le plan scolaire, familial, social… », précise le docteur Dominique Girardon, médecin généraliste qui a coprésidé le groupe de travail. Inversement, les praticiens ne doivent pas banaliser les symptômes, ni stigmatiser la famille.

Après ce prédiagnostic, c’est au médecin de premier recours d’informer les parents et d’orienter si besoin l’enfant vers un spécialiste pour confirmer le diagnostic, préconise la HAS. Il revient aussi au médecin de famille de coordonner la prise en charge, en mettant en place des contacts réguliers avec le médecin spécialiste et les autres intervenants (paramédicaux, professionnels de l’éducation nationale).

« Un premier pas »

La HAS prône en premier lieu des thérapies non médicamenteuses (cognitivo-comportementales, psychodynamiques…), un traitement par méthylphénidate n’étant commencé qu’en complément de celles-ci si elles s’avèrent insuffisantes.

Lire aussi : Des alternatives à la médication

« Ces recommandations sont un premier pas », estime Christine Gétin, présidente de l’association HyperSupers TDAH France. Mais il y a beaucoup à faire, selon elle, pour sensibiliser les généralistes, nombreux à découvrir ce qu’est le TDAH en même temps que les familles. « Ce qui est proposé est bien, mais difficilement réalisable en pratique dans notre système de soins, craint le pédopsychiatre Bruno Falissard (Inserm). Par ailleurs, il est bien spécifié qu’il ne faut prendre en charge que les cas problématiques, mais qui décide que ces troubles posent problème ? Ce n’est pas si simple. Ce devrait être le patient mais, trois fois sur quatre, il ne se plaint de rien. En général, la plainte vient de l’école ou des parents. »

Les généralistes seront-ils volontaires et compétents pour ces nouvelles missions ? « Il y a un gros travail d’information et de formation à entreprendre », reconnaît le docteur Girardon. « Il s’agissait d’abord de réconcilier les extrêmes, ce n’est qu’une première étape pour mobiliser, dédiaboliser, dédramatiser », conclut Jean Chambry. Affaire à suivre.


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