La question de la prévalence de l’autisme fait souvent débat. En France, on estime qu’elle concerne une naissance sur 150. Une sur 100, voire, selon les études, une sur 50 dans d’autres pays. Et on parle toujours de chiffres en hausse. Les uns pointent une multiplication du nombre de cas, notamment à cause de facteurs environnementaux (pollution, vaccins, alimentation…), quand d’autres estiment que ce n’est que le fait d’un meilleur dépistage. Une étude suédoise publiée dans le British Medical Journal et relayée par le Figaro vient apporter de l’eau au moulin des seconds.

La prévalence des troubles du spectre autistique était faible dans les années 70, évaluée à moins de 0,05% de la population. Aujourd’hui, les estimations ne descendent jamais sous la barre de 1%, atteignant, selon différentes études, 2% aux Etats-Unis, 2,5% en Suède ou 2,6% en Corée du Sud. Pour autant, indiquent les travaux suédois (menés par l’Université de Göteborg, l’Institut Karolinska de Stockholm et l’école de médecine de Mont Sinaï de New York), il n’existe pas de preuve selon laquelle la hausse du nombre de cas signalés correspond à une augmentation du nombre de cas réels. Au contraire, ceux-ci semblent stables.

Des différences d’évaluation

D’abord parce que les critères menant au diagnostic de l’autisme ont évolué au fil des ans, rendant les comparaisons difficiles. Ensuite parce que l’amélioration des connaissances sur les troubles du spectre autistique a permis d’améliorer les diagnostics. On estime ainsi que la hausse de la prévalence de l’autisme entre 1996 et 2004 est due pour un tiers à une modification de diagnostic : nombre de personnes que l’on croyait avoir des difficultés d’apprentissage ou un retard mental étaient en fait autistes. Enfin, il existe des différences de méthodologie dans l’évaluation de l’autisme ou d’accès aux données, qui altèrent in fine la prévalence. Bref, «la hausse de la prévalence des troubles du spectre autistique demeure difficile à interpréter», résume l’étude.

Or «le fait de déterminer si la prévalence augmente réellement a d’importantes conséquences en termes de santé publique, notamment dans l’attribution d’allocations adaptées et dans les efforts en matière de recherche sur les causes des troubles du spectre autistique», note l’étude. On le voit d’ailleurs avec les enfants dits agités, même si les problématiques sont différentes : de plus en plus sont diagnostiqués hyperactifs et les prescriptions de Ritaline, médicament qui parvient à les calmer, s’envolent. Non sans poser un certain nombre de questions en termes de surconsommation médicamenteuse ou même de validité scientifique.