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"Au bonheur d'Elise"
10 novembre 2015

Israël, un eldorado pour les autistes

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Accueil Actualité Israël, un eldorado pour les autistes
Alors que la France continue d’exporter nombre d’enfants et d’adultes autistes en Belgique, en Israël, les autistes font le bonheur des start-up qui vont à la conquête du reste du monde. Hamou Bouakkaz, président de l’association Paul Guinot, nous livre son point de vue.

 

Il est un pays où handicap et performance ne sont pas antagonistes ! un pays où on parie sur la plasticité et la capacité à progresser des personnes handicapées et où on a su créer le cercle vertueux grâce auquel, peu à peu,il est permis aux personnes les plus éloignées de l’emploi de contribuer positivement à la croissance du pays.

Ester Zabar, une pionnière

Spécialiste du testing de logiciels, Ester Zabar souhaitait conjuguer son talent avec la promotion d’une cause inclusive. Ses recherches l’ont amené au Danemark où elle a rencontré l’entreprise Special Eastern, spécialisée dans le recrutement, la formation et la mise en clientèle de consultants autistes. Special Eastern a développé des outils spécifiques de détection des potentiels, de formation aux habilités sociales et professionnelles des personnes autistes. De retour en Israël, Ester mobilise son réseau et adapte le modèle danois aux spécificités israéliennes. Elle crée l’entreprise AQA.
Elle s’adjoint le concours d’une experte en management des autistes et crée un module de formation au testing de logiciels.
Elle forme une première promotion de six personnes autistes qu’elle sélectionne sur la motivation, la maturité mais pas sur les diplômes antérieurs. Certains sont issus de l’enseignement spécialisé, d’autres de l’enseignement ordinaire. D’autres ne sont plus scolarisés.
Elle les fait embaucher par de grandes sociétés dont elle sensibilise le collectif de travail. Elle intervient beaucoup au moment de l’intégration mais s’efface très vite, ne revenant ponctuellement qu’à l’occasion d’un événement exceptionnel : changement de manager, changement de poste du collaborateur…
L’entreprise a 7 ans et ce sont près de cinquante personnes autistes qui travaillent dans ce secteur en croissance.

Des clients très satisfaits

Si l’abord n’est jamais facile, toutes les entreprises qui ont recruté les élèves d’Ester souhaitent en recruter d’autres. Les collaborateurs sont particulièrement concentrés sur leurs tâches, ne vont pas à la machine à café, ont une productivité hors du commun. Ils s’avèrent avoir des capacités de progression bornées le plus souvent par le manque d’audace des managers.
Tel collaborateur embauché pour tester une toute petite partie d’un logiciel, obligé suite à une compression de personnel de tester l’ensemble des modules du logiciel s’avère parfaitement capable de faire le travail dans des conditions exceptionnelles de performance.
Nombre d’autistes apprennent et se perfectionnent en auto-didactes depuis leur enfance au fur et à mesure que leurs intérêts spécifiques émergent. En principe, les personnes autistes n’aspirent ni aux responsabilités ni au commercial ! Plusieurs des élèves d’Ester ont pris tant d’assurance qu’ils managent désormais de petites équipes. L’un d’entre eux vient de prendre la tête du département commercial d’une start-up qui s’attaque au marché américain. Elle emploie trois autistes sur quatorze collaborateurs. Les managers sont unanimes à souligner l’impact positif sur leur équipe de l’arrivée d’un collaborateur différent.

Le problème est avant tout culturel

La phase d’adaptation est décisive. Le collectif de travail doit apprendre à expliciter l’implicite, à ne parler qu’au premier degré et à respecter les moments où le collaborateur autiste ne souhaite pas communiquer en face à face.
L’expérience montre que là aussi, les personnes autistes se « normalisent » au fur et à mesure qu’elles se sentent en confiance et valorisées par le collectif de travail. Par exemple, l’entreprise qui emploie l’un d’entre eux à exposer ses peintures et dessins dans ses locaux, montrant ainsi une autre facette du talent de ce collaborateur.

Et pourquoi pas en France ?

On l’oublie souvent mais la France a été pionnière dans l’éducation des enfants handicapées. Dès le dix-huitième siècle, elle créait la première école pour les aveugles et la première école pour les sourds. A la même époque, des médecins expérimentaient des thérapies comportementales sur des personnes souffrant de troubles du comportement.
Aujourd’hui, la plupart des enfants autistes fréquentent des hôpitaux de jour ou assimilés et la scolarisation en milieu ordinaire sort à peine des balbutiements. Quant à l’emploi, fort peu d’acteurs du milieu de l’autisme l’envisagent et les autistes réussissant professionnellement travaillent hors de France.
L’exemple israélien montre qu’il n’y a rien de fatal dans cette situation. Elle pourrait d’ailleurs prochainement évoluer sous l’impulsion du groupe Ethik-Connection et de la fondation Malakoff Mederic qui portent un projet de dynamisation de l’emploi des personnes autistes.
La première étape recensant l’ensemble des bonnes pratiques en France et dans le monde s’achève en ce moment et la seconde étape consistant à créer les outils et méthodes permettant l’inclusion professionnelle commencera dans la foulée.
D’ores et déjà, des entreprises sont candidates pour accueillir les premiers collaborateurs autistes issus de ce projet dans les mois qui viennent. A suivre.

Hamou Bouakkaz, consultant
Conseiller du 20e arrondissement de Paris
Président de l’association Paul Guinot

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