Nous avons appris que Maryna Z. mère de Timothée D.[1], autiste, a été arrêtée jeudi 17 décembre par la police irlandaise, suite à une demande de la police française.
Celle-ci n’avait pas trouvé d’autre alternative que de fuir la France avec son fils afin de lui éviter un retour certain à l’hôpital psychiatrique, conséquence directe d’une décision de justice qui malgré le communiqué[2] de presse de l’ONU adressé à la France, persistait à demander à cette mère d’institutionnaliser son enfant.
Son mari et sa fille les ont rejoints quelque temps plus tard, en Irlande.
Nous savons qu’elle a reçu là-bas un excellent accueil, que sa fille s’est complètement intégrée et est scolarisée dans l’école locale. Il en allait être probablement de même pour Timothée, qui retrouvait des repères et allait mieux de jour en jour.
Il était en forte demande d’apprendre, notamment l’anglais. Il s’épanouissait, dans son nouveau pays, dans lequel toute famille avait obtenu le statut de résident.
Le beau-père de Timothée, revenu en France pour régler quelques affaires a été arrêté lundi 11 décembre, mis en garde à vue pendant 48 heures avant d’être placé sous contrôle judiciaire, privé de son ordinateur personnel et de son passeport, avec obligation de se rendre à la gendarmerie à 18km de chez lui tous les jours… jusqu’à ce que la mère de Timothée rentre en France.
Nous exprimons dans ce communiqué notre plus vive inquiétude sur l’avenir de Timothée et de sa famille et demandons à l’état français des garanties.
Le service public ne s’est pas acquitté de sa mission à l’égard de Timothée, la justice n’a pas veillé au respect de ses droits fondamentaux, oubliant que son intérêt ne pouvait que passer par la non-violation de ses droits, le respect de sa parole, de ses choix, de ses désirs, et une place dans la cité, conformément à la Convention ONU des droits de l’Enfant.
Nous nous sommes réjouis qu’un autre pays ait su faire ce que notre pays a manqué.
Nous nous interrogeons sur l’utilité de déraciner une nouvelle fois cet enfant pour n’avoir à lui proposer qu’une institutionnalisation forcée, de l’arracher à ceux qui l’aiment et prennent soin de lui, et d’emprisonner sa mère, en punition de son refus de se soumettre à des décisions portant gravement atteinte à la dignité, à l’intégrité physique et psychologique de son fils.
Le comité des droits de l’enfant de l’ONU a posé une question[3] sur Timothée dans le cadre de l’audition de la France par le comité les 13 -14 Janvier 2016.
19 décembre 2015
Le comité de soutien pour Timothée
Associations se joignant au communiqué
Autisme France
Collectif EGALITED
DEFIS Handicaps et scolarité
Alliance Autiste
Parents en colère 77
Handi’gnez vous !
Autisme PACA
La Voix des DYS
Association Autisme Espoir Mostaganem
As Dys et TDA
Autisme Pays de Fougères
Asperger Family
Ado’tiste
Autisme Madagascar
ABA Aube
Le tremplin Autisme Isère
RIAU Association
[1] Résumé des faits et procédures le concernant, depuis la rentrée scolaire 2014, constitutifs d’une violation de tous ses droits.
[2] « Des experts de l’ONU demandent à la France la cessation de l’institutionnalisation d’un enfant autiste dans un hôpital psychiatrique » – Communiqué de l’ONU – 17/09/15
[3] Point 9 de la liste de Points, 22 juin 2015 : « Veuillez également indiquer la suite donnée aux préoccupations exprimées par la Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées concernant l’institutionnalisation de Timothée D. et les mesures prises pour prévenir cette institutionnalisation. »