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"Au bonheur d'Elise"
25 mars 2016

Placé à l'isolement en HP : Dimitri, enfin sorti, revit !

article publié sur Handicap.fr

Résumé : Dimitri, autiste, était interné depuis 17 ans en hôpital psychiatrique. Une décision de justice lui a permis de retourner auprès des siens. Débarrassé des méfaits de la camisole chimique, il trouve enfin goût à la vie.

Par , le 25-03-2016

Dimitri Fargette, quelles nouvelles ? La famille Fargette avait fait parler d'elle fin octobre 2015 lorsque Nicolas avait déployé ses banderoles sur la façade de la préfecture du Jura pour réclamer une place établissement spécialisé pour son frère, Dimitri, autiste, interné depuis 17 ans en hôpital psychiatrique (article en lien ci-dessous).

« Je suis Dimitri, libérez-moi »

Son action coup de poing, aux couleurs de Charlie, « Je suis Dimitri, libérez-moi », avait alerté les médias sur le fait que Dimitri avait été placé quatre mois auparavant en Unité pour malades difficiles (UMD) à Sarreguemines (Moselle). De force ! Maintenu à l'isolement, attaché, sous camisole chimique... Une décision prise par le préfet, certificat d'un psychiatre à l'appui. Or, de son côté, la famille produit celui d'un psychiatre indépendant qui établit que le jeune homme âgé de 35 ans n'est pas dangereux et serait tout à fait apte à vivre en collectivité, sans risque pour les autres résidents. En novembre 2015, l'hôpital de Sarreguemines décide de faire appel à un comité d'experts qui confirme ce point de vue. Dimitri peut être « libéré » ! Mais il faut d'abord que la justice s'en mêle car il a été interné sur décision d'un représentant de l'Etat, décision qui doit être levée en bonne et due forme. C'est chose faite le 2 décembre ! Dimitri est alors transféré dans son hôpital d'origine, celui de Dôle, qui a la charge de lui trouver une place en établissement. Mais cela risque de prendre du temps…

Retour à domicile

Alors, en attendant, la famille Fargette décide d'accueillir Dimitri à son domicile. Le 9 février 2016, se referment derrière lui les portes de l'hôpital. Il n'y retournera plus. Une maman et deux frères (ils sont triplés) pour s'en occuper, en alternance. Un peu compliqué mais il est libre et peut savourer la « vraie vie ». Ne s'en prive pas. « Depuis, il va merveilleusement bien, se réjouit Nicolas. » La page Facebook créée en soutien (en lien ci-dessous) en témoigne ; un sourire sur son visage, enfin ! Dimitri s'adonne, pour la première fois, à de nombreuses activités, randonne, joue au ballon, fait du dessin, va au cirque. « Il est resté enfermé pendant 20 ans et a maintenant besoin de sa famille, poursuit son frère. Il est comme quelqu'un qui sort de prison, n'a jamais connu la liberté et découvre le monde ». Même les courses au supermarché deviennent une expérience grisante !

15 médocs en moins chaque jour

« Depuis quelques semaines qu'il est à nouveau avec nous, nous n'avons rien à lui reprocher, explique Nicolas. Il est bien plus dynamique qu'avant, plus calme aussi. » Dimitri s'est en effet évadé de sa prison chimique grâce à une neuropsychiatre qui a pris la peine de réévaluer un traitement qu'elle jugeait « scandaleux » et surtout inapproprié ; des médicaments contre l'épilepsie, par exemple, alors qu'il n'en a jamais souffert, au risque, même, de déclencher des crises. L'ordonnance s'est allégée de 15 cachets chaque jour. Dimitri a effectué un « essai » en FAM (foyer d'accueil médicalisé). Juste une semaine, mais l'expérience est concluante. Mais, pour le moment, pas de place. Il faut attendre…

En France, des méthodes d'un autre âge

La famille Fargette se dit soulagée d'avoir sorti son proche de cet enfer. Mais elle n'en a pas pour autant fini avec la justice. Elle a déposé plainte contre l'hôpital de Dôle pour maltraitance, contention, enfermement... Un expert a été mandaté qui doit reprendre l'enquête à zéro. Toute l'enquête car traîne une histoire ancienne… En 1998, Dimitri a été violé par un infirmier puis en 2003 agressé par un autre qui a même reconnu les faits ; les deux plaintes ont pourtant été classées sans suite. Pour ce genre de délit, il n'y a pas encore prescription. Le compte rendu est attendu pour avril 2016. « Et si la justice ne veut pas bouger, explique Nicolas, j'escaladerai à nouveau la façade de la préfecture. Je me bats pour une cause juste et ne veux que le bien de mon frère. » Son frère, comme d'autres. Car, en ce mois de mars 2016, le cas Fargette résonne d'un nouvel écho avec les accusations de traitements indignes dont seraient victimes les patients d'un hôpital psychiatrique de l'Ain (article en lien ci-dessous). Un asile de fous à l'ancienne, avec ses patients attachés aux lits, punis à l'isolement... La contrôleure générale des lieux de privation de liberté dresse un bilan accablant, parlant de méthodes d'un autre âge.

Le combat d'autres familles

Nicolas se félicite que de tels scandales commencent à éclater au grand jour mais considère que c'est aussi « aux familles de faire leur part de travail et d'oser dénoncer ». « Oser, c'est le terme, car elles subissent des pressions, ont souvent peur de perdre la place pour leur proche, d'être rejetées… On disait à ma mère : « Si vous n'êtes pas satisfaite, reprenez votre fils ». On m'a menacé de me retirer ma carte professionnelle d'agent de sécurité et à ma mère ses droits de tutrice. Mais il faut prendre ce risque, ne pas céder… » L'hôpital de Dôle a lui aussi déposé plainte contre Chantal Fargette, en diffamation, car elle parlé de « maltraitance » face aux medias. L'affaire devait être jugée en mars 2016, elle est repoussée de quelques semaines… « Il est important de s'en donner les moyens, conclut Nicolas. Se donner les moyens, cela veut dire ne pas céder aux pressions, déployer des banderoles s'il le faut et surtout être prêt à dépenser 8 000 euros en frais d'avocats… ».

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