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"Au bonheur d'Elise"
6 mai 2016

A Sarlat, des parents d'enfants handicapés en colère contre une association

Vincent Flaquière, maire de Simeyrols (24) et parent d’un enfant handicapé, et Sylvain Rouiné, président de l’association des parents qui monte au créneau Vincent Flaquière, maire de Simeyrols (24) et parent d’un enfant handicapé, et Sylvain Rouiné, président de l’association des parents qui monte au créneau ©

Thierry Dumas

Constitués eux-mêmes en association désormais, ils souhaitent créer «un électrochoc» au sein de cette structure du Périgord noir dont dépendent leurs enfants

Mais que se passe-t-il à l'Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) du Périgord noir ? Depuis 2013, on ne compte plus les tensions qui agitent la structure installée rue Jean-Leclaire à Sarlat.

Si le dernier mouvement social remonte à février 2015, on a semble-t-il franchi un cap dans la gravité des dysfonctionnements, puisque ce sont désormais les parents des enfants handicapés qui se mobilisent pour créer «un électrochoc». Le mois dernier, ils ont créé l'Association de défense et d'entraide des parents et amis d'enfants et adultes handicapés (ADEPAEAH), présidée par Sylvain Rouiné.

Leur cible : le Pôle enfance. « Nous sommes 57 adhérents pour le moment. Notre objectif, c'est de nous faire entendre pour que les choses changent. Nous sommes plusieurs parents à avoir envoyé des courriers individuels aux différentes instances (Agence régionale de santé [ARS] et Conseil départemental notamment), mais rien n'a bougé, explique le président. On avait même essayé d'entrer dans l'association l'Apajh en proposant des dizaines d'adhésions, afin d'influer sur les décisions, mais celles-ci ont été refusées. On se sent impuissants, alors on essaye de se fédérer pour peser. Il y a trop de choses qui ne vont pas et qui nuisent à la qualité de la prise en charge de nos enfants. »

Un parent a été radié, « comme d'autres », pour avoir alerté l'Agence régionale de santé sur des problèmes qui durent

Leur liste est longue. Lundi matin, il l'a détaillée à Simeyrols, en compagnie de Vincent Flaquière, maire du village et lui-même parent d'un enfant handicapé. Jusqu'au mercredi 13 avril, l'élu était encore membre du conseil d'administration de l'Apajh, avant d'être radié, « comme d'autres », pour avoir alerté l'Agence régionale de santé (ARS) sur ces problèmes qui durent.

Aucun psychiatre sur place

"Depuis un an, le Pôle enfance à Sarlat n'a plus de psychiatre, alors que c'est obligatoire, insiste Sylvain Rouiné. Le site n'a plus de médecin non plus et a perdu deux orthophonistes. Ils font appel à des libéraux dans cette discipline, mais cela ne couvre pas les besoins. L'ARS est au courant, mais semble impuissante également." Le président de la nouvelle association ajoute :

"Les professionnels médicaux connaissent la mauvaise gestion humaine qui règne ici, cette ambiance délétère, et ils ne veulent évidemment pas venir y travailler."

Même le médecin du travail, qui a vu défiler plusieurs salariés « en détresse », a préféré, en mai 2015, ne plus avoir cette structure en charge et passer la main à un autre médecin. « Dans son courrier explicatif, il avait fait état des problèmes relationnels existants entre le directeur [NDLR : éric Jaubertie] et de nombreux membres du personnel », rapporte Vincent Flaquière.

«Ce qui m'a alerté, c'est quand mon enfant ne voulait plus y aller le matin, reprend Sylvain Rouiné. Avant le déménagement de l'IME [NDLR : Institut médico-éducatif] à Sarlat, mon fils était à Marcillac, tout allait bien, on avait des liens avec les éducateurs et tous les trois mois, on faisait un point sur son évolution. Les enfants participaient à l'élaboration du repas du midi, faisaient des sorties culturelles et davantage de sport adapté. Ce n'est plus le cas et ce n'est pas par manque d'argent… D'un point de vue physique, mon fils régresse [...] Le pire, ça reste l'absence de personnel médical. On ne sait plus quoi faire à part alerter les médias, chose que la direction craignait justement.»

L'ARS enquête

L'hypothèse d'une action des parents sur le site semble écartée. « Vous savez, je ne suis pas tranquille en venant vous parler. Je me mets en avant et j'ai peur qu'au final, d'une manière ou d'une autre, ce soit mon fils qui trinque. J'ai peur qu'on nous oblige à le mettre ailleurs. Or, à Bergerac ou Brive, il y a des structures, mais c'est loin et il faut de la place. On craint des représailles. Ce que l'on veut, c'est que l'ARS remette de l'ordre. »

C'est ce chemin qui semble être pris, puisque la structure a réalisé une inspection sur place durant plusieurs semaines, l'année dernière. Son rapport est attendu prochainement. « Avec impatience », souffle Sylvain Rouiné, qui a aussi contacté l'Apajh sur le plan national. « Aucune réponse. Mais quand ils vont lire l'article, ça va peut-être changer. »

L'exposition médiatique aura un autre intérêt : se faire connaître des parents des autres structures de l'Apajh (1), «car il doit y avoir d'autres dysfonctionnements ailleurs», pense Vincent Flaquière, qui dit souffrir «d'une rétention d'information de la part de la direction».

(1) Comme l'Institut médico-professionnel Jean-Leclaire , à Sarlat, ou encore le foyer de vie l'Embellie et l'établissement et service d'aide par le travail situés à Prats-de-Carlux.

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