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"Au bonheur d'Elise"
24 mai 2016

Unique à Lyon : des pros au service des personnes autistes

article publié sur Handicap.fr

Résumé : A Lyon, depuis 2012, un service d'aide à domicile s'est spécialisé dans l'accompagnement de personnes avec autisme. Adéa Présence mise sur un réseau de professionnels et propose des aides sur mesure, au grand soulagement des familles.

Par , le 24-05-2016

Urmila Desseigne et Pauline Scala, d'Adéa Présence

Handicap.fr : Les sociétés de service à la personne sont légion mais quelle est la particularité d'Adéa Présence ?
Urmila Desseigne, éducatrice spécialisée et responsable du pôle autisme et troubles du développement : Notre ambition, c'est de « développer l'autonomie », à travers 4 pôles bien spécifiques. En plus des personnes âgées, nous accompagnons des enfants et adultes handicapés. Ce peut être, par exemple, l'accompagnement dans les transports en commun pour des enfants en situation de handicap mental. Nous travaillons en lien avec leur IME (Institut médico-éducatif) avec l'objectif de donner à ces jeunes un maximum d'autonomie sur les trajets. Mais nous prenons également en charge des personnes avec des troubles cognitifs suite à un AVC ou un trauma crânien ou ayant la maladie de Parkinson ou d'Alzheimer.

H.fr : Plus rare, un des pôles est plus particulièrement dédié aux personnes autistes …
UD : Oui, depuis 2012, nous avons un service spécialisé pour personnes avec autisme ou avec des troubles du développement. Nous les accompagnons dès le plus jeune âge, aussi bien à l'école, au domicile que dans les centres. Nous nous adaptons à chaque situation en définissant les outils adaptés : pictogrammes, timer, planning ... Nous accordons beaucoup d'attention à notre recrutement (nous recevons plus de 1 000 candidatures chaque année) et nous prenons soin de confier chaque mission à des professionnels compétents.

H.fr : Pauline, c'est vraiment un service novateur ?
Pauline Scala, assistante de service social, responsable des relations clients : En tout cas, c'est le seul dans notre secteur, Lyon et sa métropole. Nous nous démarquons des autres services en recrutant des salariés qui ont de l'expérience dans les domaines du handicap et de la dépendance. Ils sont en fin de cursus ou jeunes diplômés en psychologie, en ergothérapie, en orthophonie ou encore des éducateurs spécialisés. Certains préparent des concours et souhaitent enrichir leur parcours avec une expérience sur le terrain.
UD : En tant qu'éducatrice spécialisée, je suis moi-même formée aux méthodes comportementales Teacch et ABA. J'anime par ailleurs des groupes destinés à des personnes avec autisme de haut niveau et Asperger afin d'encourager leurs habiletés sociales mais aussi donner la parole aux fratries.

H.fr : Quels sont les profils des familles qui vous sollicitent ?
UD : On a vraiment tous les profils. Parfois, ce sont des travailleurs sociaux ou des psychologues libéraux qui viennent vers nous car ils se heurtent au manque de prise en charge pour enfants avec autisme ou veulent proposer un temps de répit à des parents à bout. C'est un tsunami dans leur vie, certains ont besoin qu'on les soutienne.

H.fr : Votre offre peut permettre de pallier le manque de places en institutions ?
UD : Oui, notamment lorsqu'un enfant est sur liste d'attente pour un établissement mais aussi lorsque la scolarisation n'est pas possible ou seulement partiellement.

H.fr : Ce n'est pas vraiment de la garde, vos équipes construisent un vrai projet autour de l'enfant ?
UD : En effet. Nous rencontrons systématiquement les familles à domicile pour construire avec elles le projet d'accompagnement personnalisé. L'objectif est le maintien, voire le développement, des compétences de la personne accompagnée en fonction de ses besoins (acquisitions cognitives, scolaires, activités de loisirs, sorties...). Nos accompagnements se basent sur les recommandations de la Haute autorité de santé. Une des valeurs ajoutées de ce service, c'est aussi de faire le lien avec tous les intervenants qui travaillent autour de l'enfant : l'école, le Sessad, les libéraux… Pour apporter de la cohérence.

H.fr : Vous pouvez vous appuyer sur les compétences d'une équipe très complète ?
UD : Oui, nous organisons une réunion avec nos intervenants toutes les deux semaines pour évoquer toutes les situations, difficiles ou non et ajuster les outils … Nous leur proposons également des séances d'analyse de la pratique afin de les aider à verbaliser leurs ressentis et prendre du recul.

H.fr : Vous êtes disponibles non-stop ?
UD : Oui, avec une équipe de 40 personnes, nous répondons présents 7 jours sur 7, 365 jours par an, même la nuit et pendant les vacances. Il y a des enfants chez qui nous allons tous les jours, matin et soir.

H.fr : Mais comment les parents financent-ils vos services ?
PS : Par le biais des aides délivrées par la MDPH, notamment la PCH (Prestation de compensation du handicap), l'AAH ou l'AEEH et ses compléments.

H.fr : Quels sont vos tarifs ?
PS : A 25,50 euros de l'heure, les tarifs du Pôle autisme sont un peu supérieurs à ceux de nos autres prestations (23 euros) car nos intervenants sont formés tous les 15 jours. La PCH prend en charge 17,77 euros ; il reste alors 5,23 euros à la charge des familles. Pour les personnes imposables, la moitié du reste à charge peut encore être déduite des impôts.

H.fr : Mais obtenir ces aides, c'est parfois compliqué ?
PS : C'est pourquoi nous accompagnons les familles qui en ont besoin aussi dans ce domaine. Ce peuvent être des parents isolés ou des familles en grandes difficultés financières que nous orientons vers tous les dispositifs d'aides possibles en complément : les CESU préfinancés des employeurs, les mutuelles... Lors du premier appel, nous donnons tous les renseignements utiles sur ces questions et conseillons les parents en toute transparence.

H.fr : Vous devez avoir une longue liste d'attente…
UD : Non car nous recrutons des intervenants en permanence. Nous informons les familles qu'un délai de trois semaines en moyenne est nécessaire pour mettre en place la première intervention et trouver la bonne personne.

H.fr : Avez-vous déjà envisagé de proposer vos services dans d'autres départements ?
PS : Pour l'instant, notre objectif est de bien faire à Lyon mais, à terme, oui nous réfléchissons à nous implanter dans d'autres villes car les besoins sont immenses et on nous le demande souvent. Beaucoup de familles n'imaginent pas qu'on puisse répondre de manière aussi globale et évolutive à leurs besoins. Avec 10 ans d'expérience cette année sur l'accompagnement à domicile, les équipes d'Adéa Présence ont développé un vrai savoir-faire. Nous avons été récompensés par plusieurs prix et sa dirigeante a été reçue à l'Elysée en 2013.

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24 mai 2016

Autisme : le packing vit-il ses dernières heures en France ?

article publié dans Sciences et Avenir

Hervé Ratel Publié le 24-05-2016 à 16h30

Méthode thérapeutique controversée de traitement de l'autisme, le packing ne sera bientôt plus utilisé en France. Ses promoteurs s'en désolent. Les familles de malades s'en réjouissent.

Méthode controversée, le packing est dénoncé par les familles de malades qui la considèrent comme une torture. © FACELLY/SIPA
Méthode controversée, le packing est dénoncé par les familles de malades qui la considèrent comme une torture. © FACELLY/SIPA
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INTERDICTION. Serait-ce bientôt la fin du packing ? Dans une circulaire publiée le 3 mai 2016, la secrétaire d’Etat en charge des personnes handicapées a pris une décision qui risque de faire date en France. En se prononçant le 22 avril sur l’interdiction de cette pratique consistant à envelopper les enfants autistes dans des linges humides et froids, Ségolène Neuville n’a fait que se conformer aux positions de l’Organisation des Nations unies qui considère la méthode comme une maltraitance. Objet de toutes les crispations autour des soins thérapeutiques envers les autistes, le packing vit donc ses dernières heures.

Du moins, c’est ce qu’espèrent les associations de parents arc-boutés contre cette pratique. Seulement, en matière d’autisme, en France, rien n’est simple. Notre pays est le seul au monde à utiliser cette technique. Face à cette incohérence, le 4 février 2016, l’ONU demandait à la France d’en interdire l’usage, s’inquiétant des cas de mauvais traitements d’enfants handicapés. Déjà en mars 2012, l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) et la Haute autorité de santé (HAS) estimaient qu’ "en l’absence de données relatives à son efficacité ou à sa sécurité, du fait de questions éthiques soulevées par cette pratique et de l’indécision des experts en raison d’une extrême divergence de leurs avis, il n’est pas possible de conclure à la pertinence d’éventuelles indications des enveloppements corporels humides (dits packing), même restreintes à un recours ultime et exceptionnel."

Une étude... introuvable

Les jours suivant la décision de Ségolène Neuville, un article dans le quotidien Libération tendait d’inverser la tendance. Intitulé "L’aberrante interdiction du packing", l’article s’étonnait de l’attitude quasi schizophrène d’une secrétaire d’Etat qui, d’une main interdisait l’utilisation du packing, tandis que de l’autre elle aurait demandé “il y a deux ans, la réalisation d’une étude scientifique pluridisciplinaire [...]. Cette enquête, réalisée par l’Inserm, doit être rendue publique le mois prochain et publiée dans une grande revue médicale." Dit comme ça, il est vrai qu’on pouvait s’étonner de l’incohérence, surtout que, comme le conclut l’article, l’étude en question “semble indiquer la grande efficacité de cette pratique, dans certaines indications."

Capture d'écran de l'article "L'aberrante interdiction du packing, Libération", mai 2016

Seulement, à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il nous a été clairement dit que “nous n’avons pas confirmation d’une étude réalisée sur le sujet." Même réponse du côté du secrétariat d’Etat aux personnes handicapées. "Ségolène Neuville n’a jamais commandé d’étude sur le packing!", nous a-t-on affirmé. Quant aux CHRU de Lille et celui de la Pitié Salpétrière qui auraient été en charge d’une telle étude, ils n’ont cessé de botter en touche face à nos multiples demandes d’éclaircissement.

Des techniques similaires d’enveloppement sont utilisées depuis des siècles pour calmer les patients violents. La contention est parfois même auto-administrée par les autistes. Temple Grandin, célèbre autiste, racontait ainsi avoir conçu une machine qui la serrait (“squeeze machine“) pour calmer ses crises. Cependant, elle-même a dénoncé le packing : “Je détesterais le packing. L’enfant doit pouvoir contrôler lui-même la pression. La 'machine à serrer' fonctionne sur ce principe. Le packing serait inutile et très stressant pour l’enfant." Car le packing n’est pas qu’une simple technique de contention. Il est sous-tendu par des théories psychanalytiques comme celles de la “mère réfrigérateur" promue par Bruno Bettelheim dans son ouvrage La forteresse vide. Des théories totalement caduques aujourd’hui que l’on sait que l’autisme est un trouble neuro-développemental à composante génétique et non pas le résultat d’un rapport mère-enfant problématique.

300 hôpitaux emploieraient encore le packing

Selon l’association Vaincre l’autisme, 300 hôpitaux emploient encore aujourd’hui le packing. Avec quels résultats ? Impossible à dire. Il n’existe aucune preuve scientifique que cette technique ait une quelconque efficacité. Faute d’études. De fait, le packing est utilisé en France depuis une trentaine d’années sans aucune évaluation scientifique et sans connaissance étayée de ses bénéfices et de ses risques. Un Projet Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC) porté par le CHRU de Lille a bien été lancé en 2008 afin d’en évaluer la pertinence dans le cas d’enfants et d’adolescents présentant des troubles graves du comportement. Mais, huit ans plus tard, les résultats se font toujours attendre. Peut-être plus pour très longtemps puisque, comme nous l’assure Dominique Deplanque du CHRU de Lille, l’étude est terminée, l'analyse quasi-finalisée et la publication en préparation." Seulement, impossible d’en savoir plus pour l’instant quant à son contenu. Mais quelqu’en soient les résultats, il n’est pas certain qu’une seule étude, de surcroit sous la direction d’un des promoteurs les plus fervents du packing (le service du Pr Delion à Lille), soit suffisante pour inverser la tendance actuelle en matière de traitement efficace et éprouvé de l’autisme.

24 mai 2016

Autisme : lorsque les décisions de l'action publique relèvent de la psychiatrie

Mise en garde contre le psittacisme du syndicat des médecins libéraux

Un nouvel épisode dans la lutte pour le progrès. Cela n'a rien à voir bien entendu avec du lobbying et reste parfaitement désintéressé.

Dans l'autisme il y a clairement des professionnels compétents qui luttent contre les forces du mal venues de l'étranger (Une coalition mondiale).

Ici en France Packing & théories psychanalytiques ont largement fait leur preuve et les patients s'en félicitent. L'administration française devrait rejoindre les autistes dans les hôpitaux psychiatriques si je suis bien le raisonnement ...

Là je pense avoir su repérer quelques signes de délire ...

Jean-Jacques Dupuis

PS j'ai mis en gras certains passages de l'article qui me paraissent remarquables

article publié sur le site du syndicat des médecins libéraux (SML)

20 mai 2016

autisme logoLe 12 mai dernier, nos confrères de la Fédération Française de Psychiatrie, du Collège National des Universitaires de pédopsychiatrie et du Collège National pour la Qualité́ des Soins en Psychiatrie ont lancé, dans un communiqué conjoint, un appel à la raison en direction de l’administration française.


Leur constat est simple. Depuis la reconnaissance de l’autisme comme priorité de santé publique en 1995, le législateur a considérablement favorisé la coordination des différents acteurs du monde médical autour des problématiques liées aux troubles du développement complexe : accompagnement des familles, gestion de l’évolution de la maladie, adaptation du parcours de santé, sociabilisation des patients, etc.

A ce titre, le psychiatre jouait un rôle fédérateur entre les différents professionnels de santé, puisqu’il permettait d’améliorer la prise en charge de l’autisme et le quotidien des patients en définissant un parcours de santé approprié à leurs besoins. Cette organisation développée par les professionnels libéraux a, par ailleurs, bénéficié d’un soutien sans faille de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui, dans un rapport datant de 2012, préconisait la mise en place d’un projet structuré et cohérent pour les patients autour d’un encadrement médical fondé sur la communication, l’éducation et la thérapie.

Cherchant à s’emparer de la réglementation de ce système, certaines pressions externes issues de lobbys malintentionnés mais pourtant influents auprès des pouvoirs publics, sont venues remettre en cause les pratiques des professionnels compétents.

Ayant pour objectif d’entraîner la démédicalisation de toute prise en charge des patients, ces associations de parents réfutent la reconnaissance pathologique de l’autisme. En ne lui attribuant que la seule nature d’handicap comportemental, ces groupes cherchent à ringardiser les pratiques médicales issues de théories psychanalytiques développées au contact des patients. A ce titre, le traitement du packing qui consiste à envelopper les patients dans des linges froids et humides dans le but de les relaxer, fait figure d’exemple. Jugée archaïque par les associations de parents, cette technique a pourtant démontré ces effets thérapeutiques tangibles, agissant directement sur le comportement des patients.

Les pouvoirs publics, dans leur décision de renier l’ensemble des recommandations de la HAS, ont visiblement favorisé la stigmatisation des professionnels. Cédant aux sirènes de ces groupes éloignés de toutes problématiques médicales, ils ont contribué à réduire l’autisme à un champ de débat social, évinçant de fait toute composante thérapeutique de ce trouble du comportement.

Incapable de penser une politique de santé pérenne, l’administration française semble s’enfermer dans une pathologie mentale devenue chronique. Victime de psittacisme, elle applique, sans réflexion préalable, les revendications d’associations non représentatives qui ont à cœur de détruire l’expertise médicale dévolue à la profession de psychiatre.

En ce sens, le SML apporte un soutien sans retenue aux psychiatres et à leurs représentants syndicaux, et appelle les pouvoirs publics à faire preuve de diligence et de discernement dans l’application de mesures qui seraient à n’en point douter, désastreuses tant pour les professionnels que pour leurs patients.

Pour en savoir plus : Autisme : Les Psychiatres appellent à la raison - http://bit.ly/1W5KQIx

24 mai 2016

Leka vidéo de présentation -> un projet novateur pour les enfants différents

23 mai 2016

Josef Schovanec : Etre comme vous est un combat

article publié dans CLES

“Etre comme vous est un combat”
Portrait
Josef Schovanec

“Etre comme vous est un combat”

par Djénane Kareh Tager
 
Notre société est une jungle semée d’embûches. Pour s’y faire une place, cet autiste Asperger a appris tous nos codes absurdes. Son parcours nous interroge : au fait, qu’est-ce que la normalité ? Rencontre avec un poisson au pays des chats.

Rusé. C’est le qualificatif que Josef Schovanec emploie le plus volontiers pour se décrire quand il réussit à déjouer les embûches de la jungle. De notre jungle. Un mot qu’il utilise sans aucune connotation négative, ni positive d’ailleurs. « Rusé » est un état de fait. « Je suis plus rusé aujourd’hui », dit-il. Une manière, pour lui, de vanter son intégration dans ce que nous appellerions la « normalité ». 

Josef a 33 ans. Il est grand, il a belle allure. Il est d’une politesse extrême. « Bonjour madame », « Merci monsieur » font partie de ce qu’il nomme « phrases magiques », des « convenances sociales » qu’il veut bien appliquer puisque cela nous fait plaisir. Certaines de ces phrases, reconnaît-il, sont fort utiles. Par exemple, « Excusez-moi, je reviens dans cinq minutes » : depuis qu’il l’a apprise, il peut « ruser », exprimer à « notre » manière une envie pressante et aller aux toilettes. « Plus jeune, je n’avais pas cette marge de manœuvre, je ne savais pas. J’attendais, et ça finissait mal. Tellement mal que je me suis retrouvé sous camisole chimique, en hôpital psychiatrique. Je sais maintenant éviter cette situation difficile. » Il en rit : ne faut-il pas, dans « notre » monde, ponctuer une telle histoire d’un rire ?

Josef Schovanec est autiste Asperger. « Une personne autiste », rectifie-t-il. S’il a, de prime abord, tous les attributs de notre « normalité », cette apparence, explique-t-il, est le fruit d’un combat de chaque seconde. D’une victoire de chaque seconde. D’un apprentissage douloureux auquel il ne comprend souvent pas grand-chose, mais qu’il s’est résolu à ne pas comprendre : « nous » sommes parfois si illogiques…

Apprendre, répète-t-il. Il me demande : « Comment faites-vous pour enfiler votre veste ? » Son blouson est à côté de lui. Il le déplie. Décortique les gestes que « nous » accomplissons spontanément : « Vous le passez derrière une épaule, puis l’autre. Vous tordez votre main, puis pliez votre bras, dans un geste sophistiqué, vous trouvez l’entrée de la manche, la bonne manche, faites attention à ne pas y mettre les deux mains. Vous glissez le bras tout en tirant sur le tissu. Puis vous attaquez l’autre côté. Petit, il me fallait cinq bonnes minutes pour réussir cet enchaînement. Les autres enfants se moquaient de moi, ils étaient méchants. Certains adultes aussi. Je me mettais en colère. Descendre un escalier n’est pas facile non plus : il faut tout décomposer, la jambe qui se tend, le pied qui avance, l’autre cheville qui se replie. Alors, on nous dit maladroits… » 

Une case pour chaque procédure

Il est désarmant, Josef. Désarmant de franchise, de logique. Il se sait différent : ses routines obsessionnelles, ses maladresses physiques, ses capacités d’interaction sociale limitées, « nous » les appelons des handicaps. « Le terme est problématique, mais c’est une catégorie administrative nécessaire pour que des personnes comme moi puissent demander très pragmatiquement des aides », dit-il d’un seul trait, avec ce débit monocorde, métallique, et ce vocabulaire châtié, ces constructions grammaticales complexes qui sont une caractéristique des Asperger quand ils sortent de leur silence. Mais qu’est-ce qu’un handicapé ? « A Paris, au restaurant “Dans le noir”, vous êtes plongé dans une obscurité absolue. Vous y êtes handicapé, un aveugle ne l’est pas. Un enfant non autiste dans un groupe d’enfants autistes sera très handicapé parce qu’ils discuteront du système digestif du tricératops dont il n’a jamais entendu parler. Einstein disait que si vous évaluez un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, vous aurez de mauvais résultats. Mais en soi, être poisson n’est pas mauvais. Ce n’est pas plus mauvais qu’être chat. Et le chat ne saura pas effectuer des choses que fait le poisson. »

Par exemple, connaître une douzaine de langues. Josef parle couramment le français, le tchèque, l’allemand, le persan, l’anglais, l’hébreu. Un peu moins bien, mais très bien quand même, l’éthiopien, l’arabe, l’araméen, le sanskrit, le chinois, l’azerbaïdjanais. Et puis un peu d’estonien. Au supermarché, la caissière l’aide à remplir son sac et lui explique comment le tenir ; dans les aéroports, il est souvent escorté, comme un enfant, jusqu’à l’avion. Pourtant, il est docteur en philosophie des religions (de l’Ecole pratique des hautes études) et utilise les catégories de pensée les plus sophistiquées pour décrire ses pérégrinations au Baloutchistan. Il écrit des livres et en lit chaque semaine une dizaine.

A vrai dire, Josef reste un poisson, mais il a appris à « faire comme » les chats. S’il lui a fallu beaucoup de temps, c’est, assure-t-il, parce qu’il a été diagnostiqué trop tard : il a d’abord été classé débile, puis schizophrène, a été « calmé » à doses massives de neuroleptiques. « Comme une bonne partie du demi-million d’autistes de France qui finissent en général à la rue ou en hôpital psychiatrique, et qui parfois se suicident. » 

Bébé, ce poisson-là ne souriait pas comme les chats : « Quand vous regardez un bébé “normal”, il vous regarde. Nous, autistes, ne vous voyons pas. Nous ne voyons pas votre sourire. » Bien plus tard, il a appris comment faire dans des manuels de management : « Vous fixez votre vis-à-vis quinze secondes, à un point situé à l’arête du nez. Puis vous détournez votre regard pour ne pas le gêner et vous recommencez. » Il applique scrupuleusement cette technique, mais avoue que les résultats restent moyens. Il a du mal à reconnaître les personnes et, quand il donne un rendez-vous, il ruse : « Je choisis un lieu désert, par exemple devant la poste le dimanche matin. Je saurai que c’est vous que j’attends. Mais je ne vous reconnaîtrai pas au milieu d’autres personnes. Je passe alors pour un imbécile. Mais au milieu d’un troupeau d’éléphants, sauriez-vous identifier celui qui s’appelle Albert ? Non, à moins que vous soyez familière des éléphants. Par contre, entre eux, les éléphants se reconnaissent. »

Par la suite, quand il a commencé à comprendre les mots, Josef continuait à avoir du mal à saisir les phrases. Du moins telles que nous les prononçons, avec des sous-entendus, des raccourcis. Des phrases qui, sans doute a-t-il raison, sont illogiques. Ou répondent à une logique qui n’est pas la sienne : « Si vous dites à un enfant autiste de ne pas parler en classe, il ne répondra pas à l’enseignant qui l’interroge : la consigne n’est-elle pas de se taire ? » Il cite cette amie autiste à qui un chauffeur de taxi demande, une fois qu’ils sont très proches de la destination : « Vous êtes où ? » « Ici, sur la banquette arrière », lui répond-elle. Josef sourit : « Vous auriez compris du premier coup. Pour nous, tout doit être appris de manière extrêmement mathématique. Nous avons des cases dans le cerveau pour chaque procédure. Face à une situation inédite, nous sommes désemparés. Dans ces cas-là, j’ai appris à ne pas me mettre en colère. »

Depuis quelques années, il s’est découvert une passion : les voyages. « Mes particularités sont alors moins visibles, et il y a plus d’indulgence envers elles. Quand vous êtes au Japon, on ne vous demande pas d’être japonais. » « Notre » logique m’amène à déduire qu’il voyage en groupe. Il me détrompe : « Ce serait impossible. Il me faudrait être en interaction permanente avec des gens qui vont parler du dernier film, de leur appartement qu’ils aménagent. Je ne pourrais pas suivre ces conversations que je ne comprends pas. Mes centres d’intérêt sont beaucoup plus réduits que les vôtres. » Mais à ces centres d’intérêt-là, il peut consacrer sa vie. Ainsi, sa collection de bouteilles d’eau minérale de 50 centilitres. « J’en ai partout et de tous les pays. Mais en général, les autistes préfèrent les collections intellectuelles. Mon ami Daniel Tammet collectionne les décimales du nombre pi. Il en a des milliers ! » Quelle mémoire, vous étonnez-vous. Josef vous détrompe : « Le mécanisme mnésique est le même. Un footeux connaît autant de chiffres quand il “collectionne” les résultats de tous les matchs. Mais son loisir est socialement codifié, banal, alors que “nos” centres d’intérêt peuvent être plus perturbants pour vous. » Surtout quand ils virent à l’idée fixe : « J’ai appris, lors d’un entretien d’embauche, à ne plus parler de ma collection de bouteilles, bien que j’en ai énormément envie. Ceci dit, j’ai toutes les connaissances théoriques, mais j’ai toujours raté mes entretiens d’embauche. Je ne sais pas faire avec aisance, comme un non-autiste. » 

Pas vraiment besoin des autres

« Josef, êtes-vous tombé amoureux ? » La question me vient naturellement, sa réponse aussi. « On blâme les autistes de ne pas savoir ce qu’est l’amour. Les non-­autistes le savent-ils ? L’un de mes amis, qui est en couple, vous répondrait : “J’aime les gâteaux à la framboise, donc je veux que ma copine m’en prépare un, tous les jours à 18 heures.” Si vous disiez la vérité, votre réponse serait aussi crue. Nous ne savons pas mentir, et vous nous en tenez rigueur. Si je dis à une femme qu’elle a de grosses cuisses, elle m’en voudra. Un “normal” le dirait derrière son dos et en ricanerait. Qui est le plus méchant ? »

Josef habite chez ses parents. « Je ne saurais pas vivre seul », admet-il en donnant l’exemple d’un autre ami qui est, depuis dix ans, sans eau ni électricité. « Il sait, théoriquement, qu’il devrait appeler un réparateur, mais c’est une situation inédite, il ne sait pas faire, prendre l’initiative. Alors il porte un gros manteau en hiver, et se lave sur son lieu de travail. » Josef, lui, aimerait dormir dans le petit bureau qu’il a occupé pendant des années à la mairie de Paris. Il a cherché le mode d’emploi, dans les livres, sur Internet, pour se forger une nouvelle case dans le cerveau, celle de « dormir au bureau ». Il n’a pas trouvé de notice, n’a pas réussi à en inventer une. Il n’a jamais frayé non plus avec les autres employés : « Je connais les rouages de la communication entre collègues, mais de là à passer à la pratique… » A vrai dire, il n’a pas vraiment besoin des autres pour vivre, « faire comme » eux l’épuise. « Internet et les livres me suffisent, les ragots et les discussions “normales” m’ennuient. » 

Est-il heureux ? Mais que veut dire ce mot, littéralement ? A-t-il un rêve ? Il sourit enfin : « Vivre au TED­istan. » TED, c’est le trouble envahissant du développement, le nom scientifique de l’autisme. « Les gens seraient tous bizarres, comme moi, mais c’est vous qui seriez différente. » C’est seulement là, parmi les siens, qu’il pourrait enfin souffler…

Mots-Clés : autisme

Qu’est-ce que l’autisme Asperger ?

 

Le syndrome d’Asperger, du nom du pédiatre autrichien Hans Asperger qui l’a décrit en 1943, est une forme d’autisme. Dans sa définition, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) retient qu’il est “caractérisé par une altération qualitative des interactions sociales réciproques, semblable à celle observée dans l’autisme, associée à un répertoire d’intérêts et d’activités restreints, stéréotypés et répétitifs. Il se différencie de l’autisme essentiellement par le fait qu’il ne s’accompagne pas d’un retard ou d’une déficience du langage ou du développement cognitif”.

Josef Schovanec a publié deux livres, aux éditions Plon : « Je suis à l’Est. Savant et autiste » (2012) et « Eloge du voyage à l’usage des autistes et de ceux qui ne le sont pas assez » (2014), un journal de ses pérégrinations en solitaire, en Asie et au Moyen-Orient.

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23 mai 2016

En défense des enfants autistes, une interview de Maître Sophie Janois

Publié: 23/05/2016 

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Il suffit de parcourir notre site avec notamment le mot-clé « autiste » pour se rendre compte que les enfants autistes font l’objet d’un traitement assez particulier par les pouvoirs publics en France. Nous avons donc demandé à Maître Sophie Janois, bien informée sur cette question, de nous accorder une interview à laquelle elle a bien voulu répondre de façon très exhaustive.

Les familles sont confrontées à des injustices multiples

CEDIF : Bonjour Maître Janois, vous êtes avocate spécialisée notamment dans le droit de la santé et on vous associe souvent à le défense des enfants autistes.

Quel cheminement vous a amené à vouloir sensibiliser à cette cause et à défendre plus particulièrement les familles de ces enfants ?

Maître JANOIS : J’ai toujours pensé que la place d’un avocat se trouvait là où l’injustice avait fait son lit.

Je ne me destinais pas particulièrement à la défense des enfants autistes. J’avais plutôt l’intention de m’attaquer au secteur psychiatrique que je savais être une zone de non droit particulièrement étonnante pour un pays comme le nôtre.

J’ai eu l’occasion, au cours de mes études de Master 2, de faire un stage pour l’association, initialement dénommée « Léa pour Samy », aujourd’hui « Vaincre l’Autisme ». À l’époque, j’avais rédigé le guide des droits des enfants autistes pour cette association dans le cadre de la rédaction de mon mémoire de fin d’études. Au vu des nombreux appels à l’aide des familles, j’ai pu me former à leurs problématiques et surtout, découvrir l’ampleur des injustices, multiples, auxquelles les familles étaient confrontées. Lorsque je suis devenue avocat, c’est naturellement et progressivement que ma « spécialité » s’est imposée à moi.

 L’ASE une institution que les parents d’autistes peuvent redouter

CEDIF : Comment les enfants autistes sont-ils traités par les institutions françaises ?

 Maître JANOIS :  De façon inacceptable. 

Avant toute chose il faut savoir qu’il est possible d’aider un enfant autiste et de le faire considérablement gagner en autonomie. Il est possible de l’aider à entrer dans les apprentissages et à réduire ses troubles du comportement.

Néanmoins aujourd’hui, il reste très difficile d’obtenir un diagnostic alors que tout médecin devrait être formé et être en capacité de l’établir, quitte à se tourner ensuite vers un centre spécialisé de type CRA pour affiner ledit diagnostic. Aujourd’hui, de nombreux CMP, CAMSP, hôpitaux de jour, refusent de porter un diagnostic d’autisme, soit parce que les professionnels qui y travaillent n’y connaissent rien, soit parce qu’ils sont encore persuadés que ce type de diagnostic « enferme » l’enfant dans une image invalidante. Ceci est particulièrement préjudiciable lorsque l’on sait qu’un diagnostic précoce permet la mise en place une prise en charge favorable à l’évolution de l’enfant.

Ensuite, il s’agit de se battre pour obtenir une prise en charge dite adaptée, soit « conforme » aux recommandations de la Haute Autorité de Santé (mars 2012 – sont recommandées les méthodes éducatives, cognitivo-comportementales et développementales). Or il existe encore trop peu de professionnels compétents en la matière et beaucoup d’établissements médico-sociaux non seulement ne connaissent pas ces méthodes ou de façon très parcellaire, mais encore restent fermés au dialogue avec les familles (qui s’avèrent, elles, de très bons professionnels de l’autisme de « leur » enfant). Par ailleurs, le peu d’établissements offrant ces prises en charge adaptées n’ont aucune place à proposer tant la demande est forte. 

Encore, lorsqu’on pense établissement, on pense immédiatement à l’institutionnalisation du handicap, à l’enfermement, décriés et dénoncés par l’ONU. Beaucoup d’IME, FAM, MAS, fonctionnent encore en vase clos et n’offrent pas d’ouvertures vers le monde extérieur, l’école, la socialisation si importante aux personnes autistes. De plus, les familles sont souvent tenues à l’écart de ce qui s’y passe, ce qui est une forme de maltraitance.  

Les parents sont donc contraints de recourir à des professionnels exerçant en libéral, ce qui a un impact financier énorme. La secrétaire d’Etat au Handicap a récemment annoncé la mise en place d’un dispositif qui devrait permettre le remboursement de ces prestations mais de nombreuses questions d’application restent en suspens et pour l’heure, rien n’existe que les allocations décidées et octroyées par les Maisons départementales des personnes handicapées. 

Ces MDPH sont totalement débordées et traitent les dossiers avec une lenteur redoutable qui vont retarder d’autant la mise en place de la prise en charge de l’enfant. Et puis, quand elles ne perdent pas les dossiers ni n’exigent des éléments complémentaires, les MDPH restent encore peu enclines aux largesses, restrictions budgétaires obligeant. Même la plus élevée des allocations ne couvre pas les frais engendrés.

Autre institution qui maltraite les enfant autistes : l’Education nationale. Seulement 20% des enfants autistes seraient scolarisés, alors qu’une aide de type Auxiliaire de vie scolaire (les AESH), pour peu que la personne soit formée aux spécificités du handicap, permet à l’enfant de s’instruire et d’évoluer au contact d’autres enfants. Notre cabinet gère de véritables bras de fer avec l’EN et des parents seuls s’y épuisent. Lorsque l’enfant est scolarisé, il est encore difficile d’obtenir les aménagements scolaires adéquats, surtout dans la phase collège/lycée. 

Pour finir, l’Aide Sociale à l’Enfance est encore une institution que les parents peuvent redouter. Leurs professionnels sont formés à la psychanalyse et ont donc souvent perdu tout bon sens. Aussi nient-ils les diagnostics pour accuser les mères d’être à l’origine des troubles de l’enfant, ou considèrent que les parents ont forcément besoin d’une aide éducative alors même qu’ils ne sauraient mettre en oeuvre la moindre thérapie recommandée ! De fait, il arrive que des parents cachent leurs difficultés de peur qu’on leur enlève leur enfant ou qu’il soit placé en hôpital psychiatrique ou dans un établissement inadapté. 

À l’âge adulte, c’est la question de la tutelle qui peut être remise en cause si la famille entre en conflit avec l’établissement d’accueil et alors, ils peuvent perdre tous les droits sur leur enfant devenu adulte. Je peux témoigner de cas. Néanmoins il ne faut pas perdre de vue que je suis avocat, je n’ai connaissance que de situations problèmes et ne vois que rarement la jolie face des choses ! Sauf lorsque mes clients prennent le temps de revenir vers moi par la suite et me donnent de bonnes nouvelles !

L’arme de l’information préoccupante en question  

CEDIF : Voila un aperçu tout à fait complet des risques posés par négligence, incompétence voire pire encore. Pour revenir sur l’éducation nationale, nous avons trop souvent été saisis pour des affaires dans lesquelles des enfants autistes étaient victimes de harcèlement dans les cours de récréation et en classe sans que la direction ne reconnaisse ces faits. Dans de telles situations, les « professionnels » brandissent l’arme de l’information préoccupante. Ces situations sont-elles fréquentes, les avez-vous rencontrées ?

Maître JANOIS : Généralement, lorsque l’avocat s’en mêle, la Direction s’en mêle. C’est triste à dire, mais c’est ainsi. 

La question de « l’arme de l’information préoccupante » ne concerne pas que les établissements scolaires, elle concerne tous les établissements, qu’ils soient scolaires, médico-sociaux ou sanitaires. C’est un redoutable fléau, une injustice patente. Surtout lorsque l’on connaît la façon dont les services de l’ASE peuvent se saisir d’une situation, se persuader de sa dangerosité et « partir » au combat comme une partie adverse qu’elle n’est pas censée être.

En effet, un parent réfractaire aux méthodes utilisées et souhaitant quitter la structure devant le peu de progrès de son enfant, qui refuserait de faire hospitaliser son enfant par exemple, ou refuserait une médication intempestive, peut se voir menacer d’une information préoccupante. J’ai rencontré cette situation plusieurs fois. Il m’a parfois fallu rappeler à des pédopsychiatres d’obédience psychanalytique ce qu’était, pour un représentant légal, le droit fondamental de choisir son praticien.  

J’ai même pu connaître de dossiers dans lesquels la famille étant en désaccord avec leur pédopsychiatre, se voyait refuser tout rendez-vous chez d’autres praticiens de la région…

La dangerosité de l’ignorance de l’ASE 

CEDIF : Ces situations se rencontrent effectivement très souvent puisque les parents sont alors taxés de « refus de collaboration » avec les services de l’ASE, l’information préoccupante se transforme dès lors en signalement judiciaire avec intervention du juge des enfants et rapports à charge de pédopsychiatres de « dispensaires » à la clé. Peut-on penser que l’ignorance face à la réalité de l’autisme alimente des enquêtes sociales, des rapports socio-éducatifs à l’encontre des familles ?

Maître JANOIS : Bien sûr. Par exemple, chacun sait qu’il peut être très compliqué de couper les ongles ou les cheveux d’un enfant autiste, vous serez alors accusé de ne pas respecter l’hygiène élémentaire… Certains enfants ne supportent qu’un vêtement, qu’ils vont porter été comme hiver, ce sera analysé comme une faute parentale. D’autres encore souffrent de tri alimentaire et ne se nourrissent que d’un ou deux aliments que la maman doit préparer selon un rituel ordonné, vous nourrissez alors mal votre enfant voire vous manquez d’autorité… Et si par malheur l’enfant fait une crise (cris, pleurs, automutilations) et que vous appliquez la méthode qui consiste à faire « extinction » (il s’agit de ne pas encourager les comportements problèmes et donc de détourner votre attention), alors vous êtes un parent laxiste ou débordé ! 

Une mère qui se bat contre les institutions pour aider son enfant est une mère « fusionnelle » qui ne veut rien lâcher ! J’ai même pu lire qu’une mère qui avait peu de relations extérieures (et l’on sait à quel point il est difficile de conserver ses relations sociales lorsque l’on a un enfant handicapé), enfermait son fils dans une relation exclusive pour l’empêcher de grandir ! Tout cela est absurde et la dangerosité ne vient pas de la famille mais bien de l’ignorance de l’ASE. Je me permets ici de souligner que fort heureusement, dans la plupart des cas, le diagnostic, des films, de la documentation scientifique, me suffisent pour faire comprendre au juge la problématique de l’autisme et pour obtenir des non lieux à assistance éducative. 

CEDIF : Donc faute de faire comprendre la réalité de l’autisme, une AEMO peut dégénérer en placement ?

Maître JANOIS : Oui. Une AEMO c’est laisser l’ignorance entrer dans son foyer avec les débordements que j’explique plus haut. C’est ce que je plaide régulièrement. J’essaie, autant que possible, d’éviter à mes clients les AEMO. 

Seule la science devrait servir de fondement à la Justice 

CEDIF : La journaliste Sophie Robert, dans le documentaire « Le Mur » montre qu’une certaine psychanalyse de bazar accuse les mères de l’autisme de leurs enfants. Or nous avons vu quelques rapports dans lesquelles les mères étaient lourdement mises en cause reprenant cette approche psychanalytique invalidée. Comment comprendre que de tels torchons soient suivis d’effets ? 

Maître JANOIS : Il n’existe pas de psychanalyse de bazar, la psychanalyse est en soi un bazar. Seule la science prouvée devrait servir de fondement à la Justice. 

Malheureusement, nous sommes une société qui s’est culturellement construite sur des préceptes de type psychanalytique, on nous les enseigne dès le lycée ! Nous en sommes imprégnés et la Justice n’est pas épargnée. Par exemple, une maman qui se voit encourager par son fils lors d’un jeu de société et qui lui dit : « Vas-y maman ! », cela signifie que la mère n’a pas laissé sa place d’enfant à son fils ! C’est absurde ! Pourquoi le bon sens ne fait-il pas penser que cet enfant a tout simplement envie d’encourager sa mère comme elle a pu le faire pour lui auparavant ? Une mère qui demande plusieurs fois au téléphone à sa fille « Comment vas-tu ? », c’est soi-disant qu’elle veut entendre que sa fille va mal ! C’est absurde ! Pourquoi ne pas penser que cette maman qui est loin de sa fille est simplement inquiète de ne plus être à ses côtés ? Un enfant qui pleure après le coup de fil hebdomadaire de sa mère alors que le reste du temps il joue, c’est que sa mère le rendrait triste ! Pourquoi ne pas envisager simplement que toute personne qui est rappelée à notre souvenir nous manque plus cruellement que lorsque nous sommes occupés à notre quotidien ? Absurde !

Que pèse la parole des parents ?

CEDIF : Nous connaissons bien ces interprétations pour les lire dans des rapports sociaux, mais face à de tels rapports quelquefois d’une niaiserie confondante, que pèse la parole des parents ?

Maître JANOIS : Clairement rien. 

Si l’on est face à un juge par avance convaincu par le rapport, si l’on est sans preuve, sans soutien de médecins, de l’école, voire de personnes « bien placées », la parole des parents ne vaut rien.  

L’ASE est seigneur en son fief, elle est l’interlocuteur privilégié, l’oeil du juge. Si le juge doute de la bienveillance ou du professionnalisme de l’ASE, tout son système s’écroule. Il faut du courage au juge pour aller à l’encontre d’un rapport à charge et le rôle de l’avocat, c’est de lui apporter suffisamment d’éléments pour lui permettre d’être courageux et d’éviter une erreur judiciaire.

CEDIF : Nous avions abordé le contradictoire en matière de justice des mineurs en critiquant la position de l’association française des magistrats de la jeunesse et de la famille (AFMJF) à son égard, peut-on dire aujourd’hui que l’égalité des armes existe devant le JDE et que la voix de l’avocat des familles est entendue ?

Maître JANOIS : Dans la mesure où je traite d’un domaine très spécifique, que je connais bien mon sujet, je pense qu’il ne m’est pas trop difficile de mettre l’ASE face à son ignorance en audience. 

Je vis même parfois des situations cocasses où je cite le rapport en disant que cette phrase mériterait la page de couverture de mon futur bouquin sur « les bourdes de l’ASE en matière d’autisme ». J’ai pu demander à une éducatrice très virulente en audience contre une maman soi-disant trop « fusionnelle » (je hais ce mot) quelle était la fameuse « triade autistique » qui permet de soupçonner un autisme chez un enfant, (c’est le B.A.BA en la matière). Sa non réponse m’a permis d’obtenir la levée de l’AEMO.

Les conséquences dramatiques du placement d’enfants autistes 

CEDIF : C’est effarant mais guère étonnant puisque les travailleurs sociaux préconisent des placements à tour de bras, mais quelles sont les conséquences d’un placement d’enfant autiste.

Maître JANOIS : Dramatiques.  

Arrêt des prises en charge adaptées, perte des repères, régression. 

La régression se faisant dans les premières 24h, il est facile au service gardien d’imaginer que les enfants sont arrivés dans un état psychique lamentable et de voir ensuite de lents et petits progrès de l’enfant, grâce sa prise de repères, pour exiger ensuite le maintien du placement… 

Ce, alors que l’enfant se portait bien mieux lorsqu’il était chez son parent… C’est le cas dans l’affaire Rachel. 

CEDIF : En plus de cela, les enfants autistes subissent-ils d’autres atteintes graves en institution ? Vous avez parlé du Packing, de quoi s’agit-il et des autistes sont-ils victimes de telles pratiques ? 

Maître JANOIS : Dans la mesure où le secret fait foi dans les institutions, où les professionnels se soutiennent et ne savent que très rarement remettre leurs pratiques en question, il est très difficile de « découvrir » ce qu’il se passe exactement derrière les murs… Lorsque l’on a connaissance de probables maltraitances (viols, coups et blessures, malnutrition, contentions, surmédications etc.) il reste encore très complexe de les prouver. C’est la raison pour laquelle l’on envoie des détectives privés ou des journalistes sur place pour obtenir des preuves. Ensuite, il existe un autre problème récurrent en la matière, il s’agit du fait que la parole, voire les attitudes des enfants autistes, ne sont pas suffisamment prises en compte.

Le Packing est une méthode consistant à enrouler les personnes autistes auto ou hétéro-agressives, dans des draps humides et froids de façon à leur permettre de retrouver une « conscience de l’image de leur corps » (postulat ridicule – l’autisme est un trouble neurodéveloppemental, soit un trouble physique et non psychique). Cette méthode non évaluée, rejetée comme maltraitante par les Nations Unies, décriée par la communauté scientifique internationale et par les associations de parents, trouve ses défenseurs au sein de la communauté des psychanalystes français. Ils sont les seuls à dire que cela fonctionne, un coup de gourdin aurait le même effet je pense… 

Les services de l’ASE sont dans le déni des conséquences de leurs préconisations

CEDIF : En jouant les Candide on peut se demander comment il se fait qu’en dépit des régressions alarmantes d’enfants en institution, l’ASE et les juges des enfants n’ont toujours pas compris que les solutions qu’ils proposent ne sont pas les bonnes ?

Maître JANOIS : Je n’ai jamais lu un rapport concernant des enfants placés faisant montre de la moindre régression. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Cela veut dire que les professionnels de l’enfance, persuadés d’être de meilleurs parents que le meilleur des parents, sont incapables de se dédire et vont lutter avec acharnement contre la critique.

Si les parents perçoivent le mal-être de leur enfant et qu’ils l’expriment, ils sont alors encore davantage mis en cause.

Les quelques ouvertures qu’ils avaient pu obtenir, notamment par le biais des visites médiatisées, se ferment peu à peu.

Ce système fonctionne en vase clos. Combien de juges se déplacent pour rendre visite aux enfants dont ils ont ordonné le placement de façon à les entendre et à vérifier par eux-mêmes l’état de santé de ces derniers ? Combien de juges pour écouter la famille et accepter qu’un médecin spécialisé se déplace ? Ils sont débordés, n’ont pas suffisamment de temps ni de personnel, ils « dépendent » en quelque sorte, des retours du service gardien. J’ai eu connaissance de ce que certains professionnels de l’enfance souhaiteraient aujourd’hui se former sur l’autisme, reviendront-ils pour autant sur les erreurs passées ?

CEDIF : Aucun recours donc face aux dégâts occasionnés, même l’intervention du comité des droits de l’enfant de l’ONU  dans l’affaire Timothée n’a servi à rien puisque la magistrat qui avait décidé de ce placement l’a maintenu, comment en est-on arrivé là ?

Maître JANOIS : Les décisions de l’ONU n’ont, hélas, pas de valeur contraignante et notre démocratie repose sur un principe de séparation des pouvoirs. De telle sorte qu’il est presque impossible de revenir sur une erreur judiciaire en dehors de la grâce présidentielle qui ne concerne que la matière pénale.

CEDIF : Effectivement tel est bien le fonctionnement de nos institutions, pourtant les dommages créés du fait de l’enlèvement d’enfants autistes relèvent de la perte de chance. De telles actions au civil ont-elles été intentées contre les autorités publiques ?

Maître JANOIS : Je n’en ai pas connaissance mais si l’on imaginait sortir un enfant autiste d’un placement, prouver qu’il n’a bénéficié d’aucune prise en charge adaptée, que son état s’est dégradé ou qu’il n’a pas évolué favorablement, alors cette procédure devrait être envisageable. Nous l’envisageons bien aujourd’hui à l’encontre des Hôpitaux de jour, CMP et CAMSP qui refusent de poser des diagnostics ou qui proposent des prises en charge inadaptées.

CEDIF : Mais si une telle procédure n’aboutit pas, que pourra-t-on en déduire ?

Maître JANOIS : Je pense que lorsque l’on a vécu, en tant que parents, le placement de son/ses enfants et qu’après une longue bataille judiciaire on le/les retrouve, l’on souhaite avant tout tourner la page, oublier, profiter de sa vie de famille et surmonter le traumatisme. Parmi les parents d’enfants que j’ai pu récupérer aucun n’a souhaité demander réparation. 

Concernant le placement lui-même (et non les conséquences du placement sur l’enfant), il faut souligner qu’il est très rare d’obtenir un jugement de mainlevée dans lequel un juge reconnaît l’erreur commise, disculpant de façon absolue les parents. Cela ne m’est arrivé qu’une fois.

CEDIF : Nous vous remercions de vos réponses très complètes, tout à fait édifiantes et qui seront très utiles aux familles d’enfants autistes qui nous lisent. Vous avez d’ailleurs un site dédié  à votre pratique professionnelle en matière notamment de défense des familles d’enfants autistes permettant de vous contacter  (http://www.sophiejanois.fr/)

22 mai 2016

Interdiction du packing ?

22 mai 2016
Par Jean VinçotBlog : Le blog de Jean Vinçot

Les décisions annoncées par Ségolène Neuville au Comité National Autisme du 21 avril 2016 font l'objet de levées de boucliers. Une des critiques porte sur l'interdiction du packing. Qu'en est-il ?

Une levée de boucliers a été organisée avant et après le Conseil National Autisme du 21 avril 2016.

Est-ce que cela est à cause de l’interdiction du packing ?

Cette question n'apparaît pourtant qu’après le 21 avril.

Une pétition a été lancée par Pierre Delion, Bernard Golse et consorts.

Le fascisme serait à notre porte. Un paragraphe de la circulaire de la Direction Générale de la Cohésion Sociale/SD5C/DSS/CNSA/2016/126 relative aux orientations de l’exercice 2016 pour la campagne budgétaire des établissements et services médico-sociaux accueillant des personnes handicapées et des personnes âgées fait office de Nuit de cristal ou de lois de Nuremberg.

« Enfin, la signature des CPOM avec des gestionnaires d’établissements et services accueillant les personnes avec des troubles du spectre de l’autisme est strictement subordonnée au respect d'engagements de lutte contre la maltraitance, et donc à l’absence totale de pratique du « packing » au sein des établissements et services médico-sociaux couverts par le CPOM. (...) ».

Commentaires des pétitionnaires :

« Faire croire par démagogie que les enfants autistes peuvent, tous, bénéficier de méthodes éducatives comportementales exclusives et ainsi être inclus à l’école (...) conduira dans le mur d’un totalitarisme qui ne dit pas son nom. » 

«  Cette circulaire déclare la guerre aux praticiens du packing sans savoir de quoi il retourne, en se fiant uniquement à des calomnies et à des moyens de désinformation dignes des régimes totalitaires « 

« L’Histoire nous a montré que les périodes au cours desquelles ce phénomène est arrivé ne coïncidaient pas avec une saine démocratie. Tous ces mouvements dictés par la démagogie font craindre un effondrement des valeurs de la démocratie »

« Nous attendons autre chose qu’un ministère de la haine « 

« Ministère de la Haine » ! : à quand les manifs de blouses blanches avec des pancartes « Marine, Ségolène, même combat » et des slogans : « A bas, à bas l'ABA, à bas le social-fascisme », « Au cul, aucune hésitation, Danièle Langloys, on te pendra ! »

Il est à noter qu'il n'est fait pas mention de cette prétendue interdiction du packing dans :

  • l'e-mail de Pierre Sadoul (collectif des 39) du 3 avril

  • la pétition d'AEVE

  • les déclarations du RAAHP et sa pétition de 111 parents

  • la prise de position des 3 instances (datée du 12 mai) – dont David Cohen

Cela peut tendre à démontrer que même dans les opposants à la HAS ou au Ministère, la pratique du packing n'est pas « politiquement correcte ».

Cela n’empêche pas de parler de « dérives liberticides » et de références à la « démocratie » (comprise dans un sens élitiste).

Remarque de base : quand je parle de packing, je ne vise que l'enveloppement par des draps humides glacés d'enfants hors d'état de donner leur consentement.

Il faut ensuite ramener l'affaire à sa juste proportion. Il n'y a pas grand chose de nouveau depuis 2012, quand la HAS et l'ANESM ont recommandé que le packing soit réservé aux personnes incluses dans le PHRC (programme hospitalier de recherche clinique) visant à déterminer son efficacité.

Il est tout à fait logique que, 4 ans après, le Ministère demande le respect de cette recommandation. D'autant plus que l'ONU assimile cette pratique à de la maltraitance.

Il ne faut pas non plus perdre de vue que cette prise de position du Ministère a un caractère symbolique :

  • la circulaire concerne les Contrats Pluriannuels d'Objectifs et de Moyens (CPOM) qui ne sont pas obligatoires ;

  • les CPOM concernent les établissements médico-sociaux ;

  • or le packing se pratique surtout – si ce n'est exclusivement - dans des hôpitaux.

La prise de position de la HAS n' a pas empêché David Cohen, Président du Collège National des Universitaires de pédo-psychiatrie, de continuer la pratique du packing, en dehors du PHRC initié par Pierre Delion. Et rien légalement ne l'empêche pour l'instant. La récente circulaire ministérielle ne le vise pas.

Je lui accorde qu'il ne se lance pas pour le justifier dans des considérations psychanalystes fréquentes il y a quelques années, et qu'il utilise des arguments physiologiques. On sait que le réchauffement du corps conduit à un moment où le contact oculaire se fait (c'est le cas quand l'enfant a la fièvre).

Cependant, David Cohen, dans sa longue explication sur le packing, ne mentionne pas que sa fréquence d'utilisation (pour les personnes autistes) a chuté dans son service lorsqu'il a donné la consigne de vérifier s'il n'y avait pas un problème somatique susceptible de produire troubles du comportement et automutilations.

Il mentionne par ailleurs une étude en cours dans son service, mais qui concerne des « volontaires sains » (et sans préciser s'il s'agit d'enveloppements humides glacés).

David Cohen se base sur les informations communiquées par Brigitte Chamak. Malheureusement, celle-ci, qui avait produit beaucoup d'articles intéressants, se laisse désormais aller à des articles de propagande. DC écrit à sa suite : « Le document de l’ONU concerne les conduites institutionnelles de maltraitance à l’enfant, qui vont de l’accueil des réfugiés, le droit des grands parents, quelques éléments sur des soins hospitaliers, et une ligne sur le packing, sans commentaire ni argumentation. »

Le document de l'ONU est parti, sur ce point, non d'une ligne, mais d'un très long argumentaire public d'Autisme France. Libre à tous d'y répondrehttp://www.autisme-france.fr/offres/doc_inline_src/577/Rapport%2Balternatif%2BComitE9%2Bcontre%2Bla%2Btorture.pdf

A noter en passant les attaques contre l'ABA, au motif d'un propos de Vinca Rivière sur les chocs électriques. Contrairement aux défenseurs du packing :

  • elle assume que c'est douloureux ;

  • elle ne les pratique pas.

Une professeure de pédopsychiatrie, Anne-Catherine Rolland, collègue de D. Cohen à la section du CNU (conseil national des universités), responsable du service où est situé le CRA de Reims, vient de se lancer dans le packing, sans attendre les résultats de l'étude pourtant annoncés comme imminents … depuis un certain temps.

D'où la réaction des associations de la région – évidemment non consultées -, qui ont lancé une pétition. A signer sans modération.

En conclusion, je reproduis un message récent de Christel Prado (présidente de l'UNAPEI) :

« Depuis 2005, les représentants de la psychiatrie française travaillent avec l'ANESM et la HAS sur l'ensemble des recommandations. Ils les ont co-construites et validées. Seule l'étude menée par le Pr Delion est autorisée et nous pouvons légitimement en demander les conclusions après tant d'années. Cessons de transformer le champ de l'éducation des personnes avec autisme en champ de bataille. Nous avons construits l'avenir ensemble. Il faut maintenant le permettre ensemble. »

22 mai 2016

Intervention de Christel Prado lors du 56ème Congrès de l'UNAPEI

22 mai 2016

Vidéo -> Intervention de Ségolène Neuville lors du 56ème congrès de l'UNAPEI - 20 mai 2016

Intervention de Ségolène Neuville, Secrétaire d'Etat aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion lors du 56 e congrès de l'Unapei à Colmar (20 mai 2016)


56e Congrès de l'Unapei - Ségolène Neuville... par Unapei

22 mai 2016

Equithérapie, alternative au cadre rigoureux de la médecine

article publié sur le journal d'Allo-médecins

Rédigé par , le 18 mai 2016 à 12h10


L'équithérapie se base sur la relation entre le patient et le cheval.

L'équithérapie se base sur la relation entre le patient et le cheval.

D’après la Société Française d’Equithérapie, l’équithérapie est un soin psychique utilisant le cheval comme médiateur thérapeutique. L’aide apportée au patient est d’ordre psychique ou corporel. Thérapie non conventionnelle, l’équithérapie est dispensée en complément de soins médicaux et constitue une alternative pour sortir du cadre rigoureux de la médecine. 

Equithérapie, objet de la thérapie et moyens mobilisés

Que ce soit chez les personnes bien portantes ou les sujets souffrant de troubles mentaux, les experts s’accordent à travers leurs études sur les bienfaits de la présence d’un animal auprès d'un être humain. Selon Serge Ciccotti, docteur en psychologie, et Nicolas Guégen, professeur de psychologie sociale et cognitive, un animal a un impact positif sur la santé physique et psychique.

L’équithérapie s’inscrit dans cette démarche. Elle a pour objet les aspects psychomoteur et/ou psychologique du patient. Par contre, elle ne prend pas en compte les aspects physiologiques. L’équithérapeute œuvre pour réduire les symptômes psychopathologiques ou physiques chez le patient et lui procurer un sentiment de confort et de mieux-être. Son intervention concerne exclusivement l’esprit, le moral et la personnalité.

Les moyens mobilisés peuvent être psychiques comme le partage émotionnel, ou corporels comme l’expression gestuelle. L’intérêt de choisir le cheval réside dans ses qualités d’être vivant doté d’un appareil psychique propre. L’équithérapie s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes atteints de troubles de la communication et de la motricité ou présentant des difficultés comportementales, psychologiques ou physiques.

Equithérapie, un soin en plein essor dans toute la France

L’équithérapie est une pratique en pleine expansion. Pour preuve, le nombre de patients dans l’Hexagone ayant eu recours à la thérapie par le cheval en 2015 serait de 30 000. La tendance est de sortir de la passivité des soins. Par ailleurs, grâce aux différents travaux de recherche et formations ayant permis de faire progresser les pratiques, l’équithérapie a gagné en crédibilité ces deux dernières décennies.

Si le cheval se trouve en effet au centre de la thérapie, les soins seraient d’aucune utilité sans un équithérapeute qualifié. Il lui revient de formuler les objectifs et d’élaborer le programme thérapeutique pour les réaliser. Suivre une formation auprès d’un organisme reconnu comme la SFE permet de maîtriser les techniques de soin ainsi que de connaître les compétences du cheval et les patients.

Les professionnels de la profession se mobilisent actuellement pour rassembler les spécialistes certifiés de l’équithérapie et sensibiliser en même temps le grand public sur les charlatans. Si la pratique est légale, elle n’est pas encore réglementée en France comme aux Etats-Unis et au Canada.

22 mai 2016

Vidéos -> Discours lors de la Conférence Nationale du Handicap - 19 mai 2016

Intervention de François Hollande


Discours lors de la Conférence Nationale du... par elysee


 

L'intégralité des interventions lors de la Conférence Nationale du Handicap :


L'intégralité de la Conférence Nationale du... par elysee

22 mai 2016

Plus d'adultes autistes au travail : une réelle avancée ?

Résumé : À l'occasion de la Conférence nationale du handicap le 19 mai 2016, Josef Schovanec fait le point sur l'insertion professionnelle des adultes autistes, sujet sur lequel une mission vient de lui être confiée par le ministère de la santé.

Par , le 21-05-2016

« Il y a des intelligences qui ne demandent qu'à être sollicitées. Pourquoi tant de talents sont-ils gâchés ? Pourquoi des entreprises ne veulent-elles pas de tous ces gens qui ont des compétences tellement superbes ? » Josef Schovanec, écrivain et philosophe porteur du syndrome d'Asperger, vient d'être choisi par Ségolène Neuville pour apporter des solutions sur l'insertion professionnelle des personnes adultes autistes. Selon la secrétaire d'État, les précédents plans autisme ne se préoccupaient pas assez de cette thématique. « Nous devons maintenant y remédier. C'est pour cela que j'ai confié à Josef Schovanec une mission au sein de mon cabinet », a-t-elle déclaré lors de la Conférence nationale du handicap qui s'est tenue le 19 mai 2016 à l'Elysée en présence du chef de l'Etat (intervention en vidéo en lien ci-dessous). Chroniqueur pour l'émission hebdomadaire « Voyage en Autistan » sur Europe 1, Josef déplore être le « seul adulte français autiste à travailler pour un grand média généraliste ».

La France en retard

Auteur de plusieurs ouvrages, dont « Je suis à l'Est ! » il constate : « Parmi mes amis, trop rares sont ceux qui ont un emploi à peu près correct. Malheureusement, l'autisme étant méconnu, comme le handicap en général, le terme peut faire peur, il est sujet d'insultes ». Selon lui, cette méconnaissance des troubles du spectre de l'autisme explique le retard pris par la France en matière d'insertion professionnelle. Il considère aussi que la question n'a pas été étudiée parce que le monde associatif distingue encore trop la scolarisation de l'emploi et du logement, alors que ce sont des dynamiques intrinsèquement liées.

Développer le « job coaching »

Pour améliorer la situation, Josef Schovanec n'a pas tout révélé mais compte soumettre plusieurs propositions, tels que le « job coaching », une méthode d'accompagnement vers l'emploi. Pour l'écrivain, ce dispositif doit être développé partout en France et accessible à toutes les classes sociales : « En fonction de la fortune de leurs parents, les enfants autistes ont des destins très différents. Certains sont vite déscolarisés, et donc exclus de beaucoup d'emplois ».

Beaucoup d'efforts à fournir

En mettant un pied dans la vie politique, Josef Schovanec témoigne d'une belle avancée en matière d'insertion des personnes autistes, inimaginable il y a encore peu. Les entreprises sont plus nombreuses à percevoir le potentiel des adultes autistes, à l'instar de la multinationale Microsoft (lire article ci-dessous) mais le chemin vers une plus grande intégration est encore long. Si de telles initiatives sont louables, elles ne doivent pas pourtant pas prêter à l'idéalisation. La France, dans tous les cas, a tout à y gagner ; Josef, qui se qualifie lui-même de « saltimbanque » de l'autisme, en a fait son combat. « L'autisme est bon pour l'économie et pour les entreprises. La connaissance de l'autre et du fonctionnement de l'autre permettra, j'en suis sûr, de créer une société nouvelle. »

21 mai 2016

Cloisonner l'autisme dans la psychiatrie est scandaleux

article publié dans Paris Match

Paris Match | Publié le 21/05/2016 à 17h47 |Mis à jour le 21/05/2016 à 18h42

Le 2 avril à Paris, M’Hammed Sajidi, président de Vaincre l'autisme.

Le 2 avril à Paris, M’Hammed Sajidi, président de Vaincre l'autisme. AFP

Le président de Vaincre l’autisme en est à son 18e jour de grève de la faim. Son association milite farouchement pour que l’éducation prenne le pas sur la psychiatrie dans la prise en charge des personnes autistes. Interview.  

Paris Match. Vous êtes au 18e jour d’une grève de la faim que vous avez entamée pour défendre le droit des autistes à l’éducation.
M’Hammed Sajidi. C’est le cheval de bataille de Vaincre l’autisme depuis sa naissance. Ce qui est scandaleux, c’est que c’est à nous, parents, de prouver ce que nous revendiquons auprès des pouvoirs publics. C’est dans cet esprit que j’ai conçu le concept FuturoSchool. Deux écoles sont nées. La première en 2004, grâce au financement des parents et, à partir de 2009, grâce à celui des contribuables, au titre de l’expérimentation.  

Aujourd’hui, vous redoutez la fermeture, à Paris, de cette école alternative dédiée aux enfants autistes.
Nous avons prouvé que l’on pouvait faire évoluer les enfants autistes sans médication, sans paramédical. Nous sommes au-delà du contentement, les familles en témoignent. L’école parisienne a été évaluée en février dernier et qualifiée d'"établissement d’excellence avec une prise en charge de haute qualité". Voilà que l’administration (Agence régionale de santé) demande une nouvelle évaluation alors que la fin de l’agrément de l’établissement arrive le 19 août. Nous pensons que l’on nous fait perdre du temps pour fermer cette structure. Pour nous, c’est orienté depuis le ministère et nous le dénonçons depuis longtemps.

En France, nous savons faire mieux qu'ailleurs, mais on ne le permet pas

Echaudé par la fermeture de l’école FuturoSchool, à Toulouse, vous dites sentir un "coup politique"  dans cette nouvelle demande d’évaluation de l’établissement parisien….
A Toulouse, la fermeture a été soudaine. Entre cette décision et la fin de l’autorisation, il ne s’est écoulé qu’une semaine. Nous n’avions pas le temps de nous retourner. Le comble, c’est que cette fermeture a été décidée le lendemain de la condamnation de l’Etat pour "défaut de prise en charge adaptée d’enfants autistes"! Un jugement rendu public le 15 juillet, suite à la plainte de dix familles, dont les mères étaient obligées de quitter leur emploi ou dont les enfants étaient obligés d’aller en Belgique pour pallier la carence de la prise en charge scolaire et éducative. Fin juillet 2015, l’école de Toulouse a fermé. Aujourd’hui, nous refusons de procéder à une nouvelle évaluation de l’établissement parisien. On ne sait pas sur quels points l’administration souhaite réévaluer. Nous avons fourni tous les documents nécessaires. Les services peuvent se mettre en contact avec l’évaluateur pour toute question. Mais ils bottent en touche. En France aujourd’hui, nous savons faire mieux qu’ailleurs, mais on ne le permet pas.

Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) pointait, en avril, de multiples défaillances dans la prise en charge de l’autisme. Pour vous, les fonds ne proviennent pas des bonnes caisses…
Sur l’autisme, la France a un problème majeur de pilotage : tous les budgets pour l’autisme imputent la sécurité sociale et ne financent donc que du médical ou du médicosocial. La référence médicale et médicosociale pour l’autisme, c’est la psychiatrie. Quand on parle d’hospitalisation d’un autiste, il s’agit d’internement psychiatrique.  L’autisme est un problème grave de santé publique dont le ministère de la Santé doit prendre les rênes.  Sauf que maintenant en France, notre ministère de l’Education est aussi celui de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il regroupe les trois forces fondamentales pour l’autisme : la prise en charge par l’éducation, la formation des professionnels aux données actuelles de la science, et la recherche. Or ce ministère est absent. Comme c’est le secrétariat de l’Etat au handicap qui va conduire un plan, il ne pourra diriger que vers le médicosocial. Pour nous, le scandale est ce cloisonnement de l’autisme, sous tutelle de la psychiatrie d’un côté et du médicosocial de l’autre.

Un enfant qui va à l'école, reçoit une éducation spécialisée, n'est plus à la charge de la société

De leur côté, les psychiatres déplorent une "violence polémique" sur l’autisme. Ils dénoncent le "lobbying" de certaines associations auprès des autorités, et demandent le retrait de l’interdiction récente de la pratique du packing* sur les autistes…
En 2009, notre association a alerté les pouvoirs publics sur cette pratique reconnue inefficace voire maltraitante, notamment par l’Onu. Ils ont découvert des choses horribles (des enfants excités qu’on enveloppait de force)  et ont limité le packing à une seule étude, à Lille. Seuls les hôpitaux qui participaient à l'étude étaient autorisés à le pratiquer. Il n’y a eu ni moratoire ni interdiction du packing. La secrétaire d’Etat a décidé aujourd’hui de ne plus le financer dans les structures médicosociales. Le lobby fort est plutôt celui de la psychiatrie et du médicosocial (les associations qui gèrent les structures et placent les enfants dans les structures fermées). Un enfant qui va à l’école, reçoit une éducation spécialisée, n’est plus à la charge de la société. Il n’a plus besoin d’être dans ces structures. 

A lire aussi: "Non, la révolution n'est pas en marche"

Les psychiatres doutent de l’efficacité des méthodes éducatives et comportementalistes que vous défendez, notamment pour les plus gravement atteints… 
J’ai sorti mon fils de psychiatrie, à 14 ans, en situation grave d’automutilation. J’ai cherché à comprendre ce qu’il avait car il n’y avait pas de diagnostic. Quand j’ai trouvé la méthode Aba (Analyse appliquée du comportement) aux Etats-Unis, on a commencé l’apprentissage. J’ai créé ce concept FuturoSchool qui a diminué 90% des troubles du comportement de mon fils. A 20 ans, il avait une vie acceptable et plutôt agréable. Aujourd'hui, il est quasiment autonome. Nous sommes dans l’évolution en permanence. D’autres parents peuvent témoigner des progrès de leur enfant. C’est la mauvaise prise en charge dès le départ qui mène les personnes autistes à des situations graves. Les cas les plus sévères, entre 20 et 25% de la population, peuvent aussi bénéficier de l’éducation, en classe spécialisée, et d’un accompagnement en milieu ordinaire. Les soins en psychiatrie (la médication, l’isolement) coûtent très cher à la société et sont inadaptés voire nocifs à l’état de santé des autistes. Pour nous, c’est un défaut de soins. Nous accusons clairement l’incompétence de la psychiatrie dont le courant psychanalytique n’a fait que tromper les familles, les professionnels, et les pouvoirs publics.

* Le packing est une technique de soins consistant à envelopper un patient de linges froids et humides. Elle est utilisée dans les cas de manifestations d'automutilations (autisme infantile) ou de tendance à l'agressivité destructrice (psychose).

21 mai 2016

Relevés de Conclusions de la Conférence nationale du handicap du 19 mai 2016

20 mai 2016

Refus répétés de publication par le CRAIF

De qui se moque-t-on ?

Mon soutien à l'équipe du CRAIF et Thomas BOUQUET, son directeur.

Jean-Jacques Dupuis

https://storage.canalblog.com/41/66/1449824/110420511.pdf

 

20 mai 2016

Hollande veut bâtir une société inclusive pour les personnes handicapées

École, insertion professionnelle : le chef de l'État a annoncé une série de mesures pour aider les personnes handicapées à "vivre comme les autres". Source AFP

Publié le 19/05/2016 à 19:23 | Le Point.fr
François Hollande a visité dans l'après-midi une école parisienne accueillant 250 élèves, dont 4 enfants handicapés.

François Hollande a visité dans l'après-midi une école parisienne accueillant 250 élèves, dont 4 enfants handicapés. © AFP/ STEPHANE DE SAKUTIN

Des mesures pour améliorer la scolarisation des enfants, l'insertion et la sécurisation de l'emploi, mais aussi l'accueil médico-social ou le logement, à l'heure où les associations réclament des avancées concrètes. C'est ce qu'a annoncé jeudi François Hollande, à l'occasion de la conférence nationale du handicap. L'Association des paralysés de France (APF) reconnaît « des avancées positives, mais sans réel changement pour le quotidien des personnes en situation de handicap ». « L'accessibilité est le grand absent de cette conférence », s'indigne-t-elle.

À l'issue d'une matinée consacrée à des tables rondes et témoignages, en présence de plusieurs ministres, le chef de l'État a insisté sur la « mobilisation de la nation tout entière, dans la durée et au-delà des clivages (...), pour bâtir une société inclusive ». « C'est à l'école que tout se joue. C'est pourquoi, au coeur de la refondation de l'école, il y a une école plus inclusive », a-t-il ajouté, annonçant la pérennisation des emplois affectés à l'Éducation nationale pour l'accompagnement des élèves handicapés.

32 000 accompagnants supplémentaires d'ici 5 ans

Aujourd'hui, plus de 160 000 enfants handicapés sont scolarisés en milieu ordinaire dans le premier degré et près de 119 000, dans le second (+ 33% en tout entre 2011 et 2015). Mais beaucoup d'efforts restent à faire : ainsi, 20%, au mieux, des jeunes autistes en âge scolaire sont scolarisés, estiment les associations.

Applaudi par les participants à cette quatrième conférence depuis 2008, le chef de l'État a annoncé la transformation, sur cinq ans, des contrats aidés d'auxiliaires de vie scolaire (AVS), aujourd'hui limités dans le temps et précaires, en « contrats d'accompagnants des élèves en situation de handicap ». Cela permettra de remédier à la fragilité du personnel et à à celle de leur relation avec les enfants, a relevé François Hollande, qui a visité dans l'après-midi une école parisienne accueillant 250 élèves, dont 4 enfants handicapés.

Les contrats aidés vont « tous être transformés en CDD, (...), puis à partir de six ans passer en CDI », a précisé la secrétaire d'État chargée du handicap Ségolène Neuville. Cela signifie la création de 32 000 accompagnants supplémentaires sur les 5 prochaines années, dont plus de 6 000 dès la rentrée 2016. À terme, ce seront 50 000 professionnels (en équivalent temps plein) qui seront disponibles.

Transformation de l'offre médico-sociale

Autre chantier d'envergure, l'augmentation du nombre de places dans les établissements et services médico-sociaux, cruellement insuffisantes dans certaines régions ou pour certains handicaps. Les besoins sont énormes. Ainsi, l'Unapei, première fédération française de familles de personnes handicapées mentales, déplore que 47 000 d'entre elles « restent encore sans solution ». « L'enjeu, a souligné François Hollande, c'est la transformation de l'offre médico-sociale pour aider les personnes handicapées à vivre comme les autres et avec les autres, de proposer les formules les plus adaptées aux besoins de chacun. »

Une enveloppe de 180 millions d'euros sur cinq ans va être mobilisée : « Cette stratégie s'appuiera sur un abondement exceptionnel du plan d'aide à l'investissement de 60 millions d'euros », a-t-il précisé. Une aide de 15 millions d'euros sera aussi allouée à la modernisation du système d'information des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) et un soutien budgétaire (8 millions) sera fourni à celles qui s'engagent dans l'accompagnement individualisé des enfants ou adultes handicapés. Un volet spécifique sera consacré au polyhandicap, ce que demande depuis longtemps l'Unapei.

Par ailleurs, un quatrième plan autisme est en préparation au second semestre 2016. Autre enjeu : « la levée des obstacles » juridiques et économiques au développement de logements accompagnés et habitats partagés, a concédé le président.

Du côté de l'insertion professionnelle, le concept d'« emploi accompagné » a été introduit dans le projet de loi travail, a-t-il relevé. L'emploi des personnes handicapées est la « grande déception » des associations, dont la Fédération des aveugles de France qui déplore « l'absence terrible de résultats ». Pour la fédération des APAJH, principale association tout handicap, les projets « semblent aller dans le bon sens. Néanmoins, c'est aux mesures adoptées et aux évolutions que l'on pourra juger ».

20 mai 2016

Les contrats aidés d'auxiliaires de vie scolaires - AVS - vont être transformés en CDI

article publié dans 20 MINUTES

EDUCATION Nombre des auxiliaires de vie ont aujourd’hui « un statut précaire, fait de contrats limités dans le temps »…

François Hollande lors de la 4e Conférence nationale sur le handicap

François Hollande lors de la 4e Conférence nationale sur le handicap - GONZALO FUENTES / POOL / AFP

20 Minutes avec AFP

Publié le 19.05.2016 à 16:44
Mis à jour le 19.05.2016 à 17:00

Les contrats aidés d’auxiliaires de vie scolaire (AVS), aujourd’hui limités dans le temps et précaires, vont être transformés en « contrat d’accompagnements des élèves en situation de handicap », a déclaré  François Hollande lors de la 4e Conférence nationale du  handicap.

« Concrètement, cela signifie la création de 32.000 accompagnants supplémentaires sur les 5 prochaines années, dont plus de 6.000 dès la rentrée 2016 », a-t-il précisé sous les applaudissements des participants à la conférence, beaucoup de parents attendant impatiemment cette mesure.

50.000 professionnels disponibles

« A terme, ce seront 50.000 professionnels (en équivalents temps-plein) qui seront disponibles, avec une plus grande continuité d’intervention auprès des élèves, et de véritables perspectives pour leur formation », a-t-il ajouté.

Nombre des auxiliaires de vie ont aujourd’hui « un statut précaire, fait de contrats limités dans le temps. C’est une double fragilité. Fragilité pour les personnels. Fragilité pour la relation entre les enfants et les adultes », a concédé le chef de l’Etat.

Les contrats aidés vont « tous être transformés en CDD, (…), puis à partir de six ans passer en CDI », a précisé sur RTL la secrétaire d’Etat en charge du handicap Ségolène Neuville.

>> A lire aussi : «Presque comme les autres» a bouleversé les téléspectateurs de France 2

La scolarisation des enfants handicapés améliorée

Quelque « 280.000 enfants handicapés sont aujourd’hui scolarisés, c’est un tiers de plus qu’à la rentrée 2011 », a poursuivi François Hollande avant de « saluer » notamment « les unités d’enseignement en maternelle pour les jeunes enfants autistes, qui ont fait la preuve de leur efficacité » (60 ont été créées depuis 2012, 50 autres sont prévues d’ici 2017).

La scolarisation des enfants handicapés a aussi selon lui été « améliorée grâce au transfert de plus de 100 unités scolaires médico-sociales vers les établissements scolaires ».

« Tous les projets d’école doivent désormais s’intéresser aux enfants à besoins éducatifs particuliers - il en va de même des schémas handicap que les universités sont en train d’adopter : 25 sont déjà en place. Il y en avait deux en 2012 », a-t-il insisté.

19 mai 2016

Conférence nationale du handicap 2016 : un point d'étape positif pour l'école inclusive

"L'école inclusive, c'est surtout une réalité, inscrite dans la loi depuis 2013 et rendue concrète au quotidien pour plus de 280 000 élèves en situation de handicap, scolarisés en milieu ordinaire" souligne la ministre. La Conférence nationale du Handicap s'est tenue le jeudi 19 mai 2016 au Palais de l'Élysée. Présidée par le président de la République, François Hollande, elle a réuni Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l'Habitat durable, Clotilde Valter, Secrétaire d'État chargée de la Formation professionnelle et de l'Apprentissage et Ségolène Neuville, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion.

 

La Conférence nationale du handicap est une opportunité pour le président de la République et le gouvernement de rappeler notre engagement en faveur d’une société plus inclusive.
 
Cette Conférence est l’occasion pour moi de montrer la mobilisation sans relâche de mon ministère pour une École, elle-aussi, toujours plus inclusive.
 
L’école inclusive, c’est celle qui "reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d'apprendre et de progresser, [...] qui veille à l'inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction", dit la Loi de la Refondation pour l’École de la République. C’est l’école qui se soucie de tous les enfants ; mais c’est aussi celle qui ambitionne la construction de la société de demain et d’un vivre ensemble où chacun se reconnaît en l’autre dans ce qu’il est à la fois le même et différent.


Bien entendu, c’est un changement de paradigme : ce ne sont plus les élèves qui s’adaptent au système mais chaque école qui s’adapte aux spécificités des élèves et met en place tous les dispositifs nécessaires à leur scolarisation et à leur réussite éducative, quels que soient leurs besoins.
 
L’école inclusive, c’est surtout une réalité, inscrite dans la loi depuis 2013 et rendue concrète au quotidien pour plus de 280 000 élèves en situation de handicap, scolarisés en milieu ordinaire.
 
Dans toutes les écoles de France, on compte aujourd’hui au moins un élève en situation de handicap. Ce résultat est le fruit d’une détermination sans faille dans la politique que je mène.

 

Najat Vallaud-Belkacem,
ministre de l'Éducation nationale,
de l'Enseignement supérieur
et de la Recherche


École inclusive : 32000 nouveaux postes d... par EducationFrance

19 mai 2016

Conférence nationale du handicap : l'UNAPEI réclame un plan Marshall

par Rédaction de France Info jeudi 19 mai 2016 07:25

Alors que la Conférence nationale du handicap s'ouvre ce jeudi à l'Elysée, Christel Prado, présidente de l'Union nationale des associations de parents de personnes handicapées mentales (UNAPEI), a demandé à François Hollande, jeudi sur France Info, "un plan Marshall" pour "donner à la France une véritable politique en faveur de personnes en situation de handicap".

"Le président ne va pas parler des ressources des personnes en situation de handicap. Or aujourd'hui l'allocation handicapée est à 200 euros en dessous du seuil de pauvreté. (…) Le président ne va pas parler de la compensation des conséquences du handicap, le président ne va pas parler de l'accessibilité (…). Ce sont les piliers de la loi du 11 février 2005, c'est ce qui nous permet d'aller résolument vers une société inclusive. Il ne va pas en parler. Il va parler des bonnes pratiques et ça nous le saluons vraiment, mais au-delà des bonnes pratiques qui sont sporadiques, il faut vraiment qu'il y ait un plan Marshall pour donner à la France une véritable politique en faveur de personnes en situation de handicap ", a-t-elle réclamé.

Sur 280.000 enfants en situation de handicap seulement la moitié sont accompagnés en milieu scolaire : "Un enfant en situation de handicap qui n'est pas accompagné, c'est un enfant qu'on met en difficulté, c'est un enseignant qu'on met en difficulté, c'est une porte ouverte vers l'échec", a regretté Christel Prado.

47.000 personnes handicapées dont 13.000 enfants "sont abandonnées par notre société", selon la présidente de l'UNAPEI. Des enfants "sans aucune solution. C’est-à-dire avec papa et maman comme seul horizon. On sait très bien que nous sommes tous des êtres de désir et nous existons par l'utilité sociale que nous avons dans cette société, et bien eux, on leur dit : restez chez vous, on n'a pas envie de vous voir, vous n'avez pas de destin et pourquoi êtes-vous donc né ?", a-t-elle dénoncé.

19 mai 2016

Sésame Autisme tient son congrès annuel dans le pays de Montbéliard

article publié dans l'Est Républicain

La fédération française de Sésame Autisme tiendra jeudi 19 mai et vendredi 20 mai son congrès annuel dans le pays de Montbéliard.

18/05/2016 à 05:01 , actualisé le 17/05/2016 à 21:29 
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Un an de travail, c’est ce que représente l’organisation de ce congrès national pour François Lebeau, président de Sésame Autisme, et son équipe de bénévoles dans le pays de Montbéliard.

« Il y a deux ans, ce congrès s’était tenu à Lyon et à Lille l’an passé », rappelle François Lebeau qui, à un moment donné, a proposé la candidature du pays de Montbéliard en vue de l’organisation de cet événement à l’échelle locale.

L’idée a été retenue et tout le monde s’est mis au travail pour faire de cette rencontre avec les structures représentant les principales régions de France un grand moment d’échanges et de partage.

L’exemple de la maison de Sésame à Bethoncourt

« Nous avons pris en charge l’intendance, les réservations de salles, d’hôtels, la restauration - précise François Lebeau - tandis que la fédération française a concocté la programmation de ce congrès en tenant compte de certaines de nos propositions ».

Les échanges démarreront jeudi matin dès 9 h 30 par une communication d’Étienne Petitmangin, secrétaire général du comité interministériel du handicap, (que les Montbéliardais connaissent bien, ne serait-ce que pour l’action qui fut la sienne dans la Mission pour l’industrie). Cette communication sera consacrée au troisième plan autisme et ses impacts pour les adultes.

Au cours de ces deux journées de réflexion à laquelle participent de nombreux médecins et spécialistes, il sera question des réponses apportées aujourd’hui aux 400.000 personnes atteintes d’autisme dans le pays.

Certaines de ces réponses, concernant en particulier l’accueil des enfants et des adultes atteints d’autisme, ont été expérimentées dans le Nord Franche-Comté, et plus particulièrement dans le pays de Montbéliard.

« Nous sommes - constate François Lebeau - plutôt moins mal lotis que d’autres. Malheureusement, il n’y a plus de nouveaux appels à projet. Ceux qui ont été lancés, il y a quelques années, concernant de nouvelles structures d’accueil (à Franois et près de Besançon Marchaux) n’ont pas abouti ».

Toutefois, François Lebeau veut - à l’occasion de ce congrès national - mettre en évidence les avancées. Notamment celles réalisées dans une maison de Sésame qui a été inaugurée très récemment à Bethoncourt. Cette structure accueille 32 personnes atteintes d’autisme, dont 24 qui sont logées sur place. Une réalisation qualifiée d’exemplaire.

Jacques BALTHAZARD

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