Un coup de fil, fin juin. Une surprise. « Bonjour, c'est Renaud, le chanteur. Je voudrais bien rencontrer Léo. » Julie Sellem, la maman, peine à y croire. « On a convenu, tout simplement, d'un rendez-vous dans un bistrot du quartier Montparnasse ».
Un mois plus tôt, Léo, jeune enfant autiste de 11 ans, installé à Olivet, avait posté une vidéo sur les réseaux sociaux. Un message clair de moins de dix secondes adressé à Renaud, son chanteur préféré : une demande de rencontre. Renaud n'y a pas résisté. « Pendant deux heures et demie, nous avons discuté, il a montré ses tatouages à Léo. Il s'est passé quelque chose entre eux. Il a eu un coup de cœur pour ce petit bout. En partant, il lui a dit qu'il était son pote ».
Création d'une associationMoins de vingt-quatre heures plus tard, le portable de Julie Sellem sonne. Renaud, encore lui. « Il m'a rappelé pour me dire qu'il voulait revoir Léo. Trois jours après, nous sommes retournés à Paris. Et ils ont parlé ensemble pendant deux heures. Léo avait des étoiles dans les yeux. Lorsqu'il entend la voix du chanteur, il est apaisé. » Les vacances estivales les ont séparés. Ils se retrouveront dans les mois à venir. En janvier, sans doute, lors du passage du chanteur au Zénith d'Orléans.
Une parenthèse enchantée pour Léo. Pour Julie Sellem aussi, elle qui est engagée dans la sensibilisation de l'autisme. « Une maman, ça déplace les montagnes », assure-t-elle. Elle a déjà gravi, depuis près de dix ans, des sommets. Elle y a laissé de l'énergie. Et des larmes.
Son cœur blessé par le regard des autres, humilié par des réflexions, n'a rien oublié. « À trois ans, en petite section de maternelle, Léo n'était pas très mature. Au bout de trois jours à l'école Michel-Ronfard, l'institutrice m'a expliqué qu'il fallait une auxiliaire de vie scolaire pour accompagner Léo dans la classe. Ça s'est compliqué en CP puis en CE1. Il n'avait pas le niveau. » Un peu plus encore en CE2. « La demande de renouvellement d'accompagnant a été refusée car il avait intégré quelques heures par semaine une section spécialisée CLIS, à Molière, à Orléans. » Un coup dur.
Alors, Julie Sellem prend la décision de déscolariser son fils autiste. « Je ne voulais pas le mettre dans un IME (institut médico-éducatif). » L'instruction est assurée à domicile par une éducatrice. Cinq heures par semaine. « Elle applique une méthode basée sur la science du comportement (ABA). En une année, il a déjà rattrapé deux années scolaires. Il apprend, il s'est ouvert », se réjouit sa mère qui bénéficie, par ailleurs, de l'intervention d'une maîtresse bénévole.
Seulement, la réalité financière rattrape la famille. « L'éducatrice, c'est 900 euros par mois. Et pour l'instant, nous n'avons pas d'aide. » Pas simple de lever des fonds. Julie Sellem décide de tresser des bracelets bleus pour les vendre à l'euro symbolique. « J'en ai déjà écoulé 350. Cela sert à financer l'éducatrice ».
Elle ne cesse de se démener. Pour son fils, pour les autres familles vivant avec un enfant autiste. Elle mise, énormément, sur l'association TED et Compagnie – qu'elle a créée – pour lutter contre les préjugés. « À Orléans, il n'y a pas grand-chose pour l'autisme. On veut faire changer le regard des gens, arriver à inclure les autistes dans le monde associatif ».
Un immense défi. Et elle en nourrit d'autres. Peut-être les exposera-t-elle, dans les prochains mois, à Renaud.
Nicolas Da Cunha
nicolas.dacunha@centrefrance.com
Vers l’ouverture d’une micro-structure
Julie Sellem porte le projet depuis plusieurs semaines : l’ouverture d’une micro-structure pour des personnes autistes.
Avec elle, la maman d’un adolescent autiste de 14 ans, originaire de Saint-Jean-de-la-Ruelle. « On vit la même chose. On a décidé de se mettre ensemble. Financièrement, ce sera moins lourd », argumente la mère du jeune Léo. Une éducatrice se chargera de l’instruction des deux enfants.
Ces derniers jours, la porteuse du projet a rencontré l’adjoint à la famille et l’enfance, Stéphane Bourdillault. « Le projet lui plaît. Il est prêt à nous installer à l’Espace ado. Ce serait formidable. Le conseil municipal doit d’abord se prononcer. On espère pour septembre. Mon fils connaîtrait ainsi une nouvelle rentrée scolaire?! » « Nous étudions cette possibilité, indique la mairie. Rien n’est encore acté ».
Toujours dans un souci de sensibilisation du public à l’autisme, l’association TED et Compagnie disposera d’un stand au forum des associations, le 3 septembre. Des bracelets y seront notamment vendus pour financer les éducatrices amenées à intervenir auprès des enfants.
è Contact. Association TED et Compagnie. Présidente : Julie Sellem. Tél : 07.62.07.14.78. Renseignements, également, sur la page Facebook de l’association TED & Compagnie