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"Au bonheur d'Elise"
24 février 2018

Lamballe. Malgré leur handicap, ils trouvent leur place

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Sabrina, 23 ans, sert le hachis à Yvette, stagiaire, Fabienne, résidente d’Athéol, et Gosia, aide médico-psychologique. | Ouest-France

 

Sabrina, Fabienne et Patrick, en situation de handicap, vivront dans le même appartement, début mars, à Pommeret. Une expérience d’habitat partagé portée par l’association Athéol. Reportage.

Midi pluvieux sous le ciel de Pommeret, mais regards heureux pour Sabrina, 23 ans, et Fabienne, 49 ans. Les deux résidentes de l’association Athéol, qui accueille des personnes en situation de handicap, sourient à leurs accompagnantes du jour. Depuis l’automne dernier, elles viennent régulièrement déjeuner dans un appartement, qui sera bientôt « leur » maison. Le 5 mars, elles y emménageront avec un autre résident d’Athéol, Patrick, âgé de 59 ans. Ce jour-là, il est absent.

Trousseau de clés en main, l’aide médico-psychologique, Gosia Piechowiak, ouvre la porte du logement, situé au premier étage d’un petit collectif. Yvette Aoustin, stagiaire dans le social, donne le bras à Fabienne pour monter les marches.

« Son chez-soi »

Dès le seuil franchi, elle pousse le fauteuil bleu de l’autre côté du séjour. « Elle se sent chez elle », sourit Gosia, devant la baie vitrée traversée par un rayon de soleil. « Les premières fois, Patrick était émerveillé, se souvient l’intervenante. Il n’attendait que ça, avoir son chez-soi. » Les trois locataires ont des parcours différents : famille d’accueil, institut médico-éducatif, hôpital… Partager un habitat commun sera une première pour eux, grâce à Athéol.

Sabrina file dans sa chambre, où ses sacs l’attendent, et fait le tour du propriétaire. Spacieux et lumineux, l’appartement respire déjà la vie. Les meubles sont installés. Certains viennent de la ressourcerie. « Les résidents les ont choisis ensemble. »

Comportement différent

Une douce musique s’échappe du poste de radio. C’est l’heure de déjeuner. Sabrina sort les couverts du buffet et dispose les assiettes sur la table. La jeune adulte connaît déjà bien l’endroit. « Mais j’ai un peu peur », avoue-t-elle. « C’est un grand changement. C’est nouveau tout ça », la rassure Gosia. Fabienne, qui ne verbalise pas, s’assoit. « Ici, leur comportement est différent. Ils sont plus calmes, observe la professionnelle. Ils peuvent sortir des grands établissements et vivre dans des milieux ordinaires. » Aujourd’hui, c’est plats préparés. Yvette les sort de la glacière.

« Quand ils commenceront à vivre ici, ce sera comme à la maison. Ils aideront à cuisiner, participeront aux courses à tour de rôle… », explique Gosia. Cinq intervenants (aide médico-psychologique, aide-soignante…) du centre communal d’action sociale (CCAS) de Pommeret se relaieront, en permanence, pour les aider dans les tâches de la vie quotidienne. « Il y aura toujours quelqu’un avec eux. »

« C’est ma copine ! »

« Pendant la prochaine quinzaine, les intervenants du CCAS vont venir à Athéol et ici pour apprendre à connaître les résidents », résume Gosia. Les jalons de la transition vont se poser en douceur. Le programme des activités se construira au gré des envies.

Pas à pas, l’histoire s’écrit. Le pain à la boulangerie, un café au bourg… Les résidents découvrent leur nouvel environnement. Sabrina sert le hachis. « Ça sent bon ! » Moment serein dans ce cocon rempli d’humanité, où chacun trouve sa place. « Fabienne, c’est ma copine ! » lance Sabrina. « Je veux manger chez moi », a-t-elle dit un midi, la semaine dernière.

« Patrick est très actif aussi. Il participe, range… », note Gosia, qui encourage Fabienne à sortir sa tasse du placard. Petit café, avant de débarrasser et faire la vaisselle. Yvette lave, Sabrina essuie et range. Fabienne, elle, se dirige vers la radio. Signe qu’il faut l’éteindre. « Elle sait que le repas est fini. » Dans quelques jours, ce scénario se répétera au quotidien. Ici, dans leur nouvelle maison.

« Une quinzaine de familles attend et agit depuis dix ans »

« C’est long, mais les projets avancent ! » Coûte que coûte, Pierrette Brazier, présidente d’Athéol, affiche un optimisme à toute épreuve. En 2010, l’association a porté le premier projet d’habitat partagé dans les Côtes-d’Armor. Depuis, trois personnes en situation de handicap vivent sous le même toit à Lamballe.

« On a un peu essuyé les plâtres. On accueille les personnes de tout âge et tout type de handicap », insiste la présidente. Les projets se sont multipliés. Depuis 2012, trois autres personnes vivent dans un habitat regroupé (NDLR, logements indépendants situés dans le même bâtiment ou à proximité), à Trégueux.

« Une quinzaine de familles attend depuis dix ans pour avoir une place dans un projet d’habitat inclusif. Même une personne de grande dépendance peut vivre à domicile, clame Pierrette Brazier. Il faut être patient et persévérant. Quand on ne peut pas rentrer par la porte, on passe par la fenêtre ! » Le directeur d’Athéol, Thierry Duhamel, enchérit : « Il ne faut pas s’arrêter au premier non ! »

Pour le projet de Pommeret, dont le logement dépend du bailleur social BSB, « il a fallu plusieurs mois, retrace le directeur. On a travaillé avec l’architecte et la Maison départementale des personnes handicapées, qui attribue les prestations de compensation du handicap et finance les interventions d’aide à domicile ».

Un projet à Saint-Aaron

Fin 2019-début 2020, un nouveau projet sortira de terre rue du Pont-Cren, derrière la clinique vétérinaire, à Saint-Aaron. La Ville met un terrain à disposition. « Ce projet mûrit depuis dix ans, rappelle Pierrette Brazier. Il a été déterminé avec les familles et Côtes-d’Armor Habitat. »

Douze personnes sont concernées (deux habitats partagés de quatre et deux places, et un habitat regroupé de six places). Le permis sera déposé l’été prochain.

D’autres dossiers sont en cours à Plouha (pour fin 2019) et Kermaria-Sulard, près de Lannion (courant 2019). Dans les deux cas, ce sont des habitats partagés pour trois personnes dans des lotissements seniors. Des projets sont aussi sur les rails à Fougères et Saint-Malo. « Nous avons également des échanges avec la mairie de Loudéac. »

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