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"Au bonheur d'Elise"
11 septembre 2018

Sophie Cluzel : sur le handicap, "il nous faut donner ​des preuves aux familles"

article publié sur la Nouvelle République

Publié le 10/09/2018 à 05:00 | Mis à jour le 10/09/2018 à 10:13

Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées promet que des annonces fortes seront faites fin septembre.

Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées promet que des annonces fortes seront faites fin septembre.
© (Photo PQR Ouest-France)

Issue du monde associatif oeuvrant sur les questions de handicap, Sophie Cluzel, secrétaire d’état chargée des personnes handicapées est en Touraine ce lundi. Avec un message de soutien à l'ensemble des structures travaillant dans ce domaine. 

En marge du séminaire de rentrée des députés La République en Marche à Tours,  la secrétaire d'Etat, auprès du premier ministre, chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, est en Touraine pour aller à la rencontre des équipes de l'Esat des Boisnières, à Château-Renault (Indre-et-Loire) puis celles du foyer de l'Adapei de Vouvray, touché en 2014 par le crash d'un avion.  Elle vient avec un message de soutien à ces structures promettant de prochaines évolutions dans l'accompagnement des encadrants, ainsi que dans la simplification des démarches. 

Une semaine après la rentrée quel bilan faites-vous de l’accueil des élèves handicapés ? 

Sophie Cluzel. "La rentrée bien anticipée s'est bien passée et je salue la communauté éducative. Pour autant, il y a encore des difficultés pour certaines familles (notamment l'absence d'auxiliaires de vie scolaire NDLR) mais nous ne sommes pas au courant de toutes les situations individuelles, c’est pour cela que j’engage les familles à appeler la cellule aide handicap à l’école au numéro non surtaxé – 0.800.730.123 – puisque dans ces cas-là, l’Éducation nationale peut agir localement et trouver des solutions individuelles."


175.000

C'est le nombre d'élèves, sur les 340.000 en situation de handicap scolariés en 2017-2018, qui ont besoin d'être accompagnés soit pour l'apprentissage, soit pour la socialisation, soit pour les gestes de la vie quotidienne. 


"Je tiens à dire aux familles, aussi, que pour 340.000 élèves qui ont pris le chemin de l’école cette année – 6 % de plus par rapport à l’an passé – nous avons voulu une école plus accueillante, avec des parcours plus personnalisés. 175.000 élèves ont besoin d’être accompagnés et sur des temps très variables soit pour l’apprentissage, soit pour la socialisation, soit pour les gestes de la vie quotidienne… L’école inclusive est une réalité dans beaucoup d’endroits en France mais nous devons l’accélérer."

Sur quels axes le gouvernement travaille-t-il pour améliorer cet accueil ? 

"Au sujet des besoins éducatifs, qui sont très variés, nous devons mettre en place une pédagogie adaptée. C’est le grand chantier de l’école inclusive cette année. Nous développons des pôles d’accompagnement de ressource au plus près des groupes scolaires, avec une plateforme de ressources numérique pour offrir aux enseignants les adaptations pédagogiques nécessaires, selon les troubles et les besoins des jeunes, mais aussi l’accès à des enseignants ressource spécialisés."

"Il y a aussi un maillage des classes Ulis sur le territoire à améliorer – 60 % des collèges, 60 % des lycées professionnels actuellement – pour éviter que l’élève handicapé doive sortir de sa zone de vie géographique et puisse aller à l’école avec ses frères et sœurs."

Votre première étape en Touraine se fait dans l’Esat des Boisnières, à Château-Renault. Avec quel message ? 

"On a maintenant des leviers aussi bien financiers que juridiques pour mieux accompagner les parcours des personnes en situation de handicap, mieux penser les services, l’habitat inclusif... C’est tout l’enjeu de ma feuille de route : travailler avec les associations gestionnaires pour aider les professionnels du médico-social à œuvrer différemment, à sortir des murs et accompagner la personne là où elle a envie d’être : à l’école, en entreprise, chez soi."

"Cet Esat qui fait partie du groupe SOS est en pleine restructuration. C’est un vrai changement de posture professionnelle. Je tenais à y aller pour leur dire que nous allons les accompagner et que l’Agence régionale de santé, les élus locaux sont tous mobilisés."

"Le handicap ne doit pas être un motif pour priver les personnes majeures sous tutelle du droit de vote"

Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées

Comment faire, selon vous pour que les personnes handicapées soient mieux intégrées ? 

"D’abord, il faut qu’on change le regard des Français en général sur le handicap. Les personnes handicapées sont des citoyens qui font partie de la société. Il faut que les Français aient une présomption de compétence au sujet de ces personnes. Cela passe par de petits gestes du quotidien. S’ils sont plutôt dans l’empathie, les Français se sentent souvent impuissants face à la personne handicapée et se tournent vers l’État. Mais c’est aussi l’affaire de chacun d’avoir un regard bienveillant." 

"Nous avons activé des leviers budgétaires pour accompagner cette transformation, notamment en terme de formation professionnelle, nous travaillons aussi dans un projet de loi sur l’habitat inclusif, dans un autre sur l’accès aux crèches et aux centres de loisirs en bonifiant financièrement les structures accueillantes. On ne nie pas les problématiques d’accompagnement et les besoins spécifiques, au contraire, on accompagne et on travaille beaucoup plus dans le droit commun."

Et dans l’entreprise ? 

"Dans le projet de loi “ liberté de choisir son avenir professionnel “, élaboré avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud, nous avons enclenché pour les entreprises un grand mouvement de simplification sur les déclarations. Nous voulons les automatiser pour que ce ne soit plus un argument de lourdeur administrative derrière lequel se cachent les entreprises."

"On veut ouvrir des droits à vie et alléger administrativement le travail des équipes"

Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées

"Le deuxième enjeu est qu’on donne de la lisibilité et de la visibilité à tous les dispositifs qui existent sur un territoire. Ils sont extrêmement complexes pour le chef d’entreprise mais aussi pour le travailleur handicapé. Nous avons donc une deuxième série de concertations qui s’ouvre avec tous les acteurs : patronaux, syndicaux, les acteurs eux-mêmes, chefs d’entreprise pour simplifier l’accès et unifier ces dispositifs pour qu’ils soient plus complémentaires."

"Enfin, nous voulons rétablir une relation de confiance avec les institutions. Aujourd’hui toutes les familles nous disent que c’est trop compliqué notamment quand on doit refaire, tous les trois ans, un dossier à destination de sa maison départementale des personnes handicapées. Dire, tous les trois ans qu’on a une paralysie, une myopathie, une trisomie… alors que ce sont des handicaps qui ne peuvent évoluer positivement. On veut ouvrir des droits à vie et alléger administrativement le travail des équipes."

Un de vos combats est de rendre le droit de vote aux personnes handicapées sous tutelle. En quoi est-ce une priorité ?

"C’est un regard différent qu’on pose sur la personne. Une personne comme les autres. Pour vous comme pour moi, le plein exercice de la citoyenneté s’exprime dans le droit de vote. Donc le handicap ne doit pas être un motif pour priver ces personnes majeures sous tutelle du droit de vote. On est en train d’y travailler, sur le plan législatif, puisque le président Emmanuel Macron l’a annoncé lors du Congrès de Versailles."

Vous venez du monde associatif lié au handicap. Comprenez-vous mieux, aujourd’hui la frustration de familles qui vivent elles dans une urgence permanente et se heurtent au temps politique ? 

"J’en suis extrêmement consciente, l’ayant vécu et le vivant moi-même toujours. Donc il nous faut donner des preuves aux familles qui, je le sais, veulent des changements rapides. Des preuves que nous les entendons est que nous faisons ce qu’il faut pour changer la donne au plus près d’elles, à travers la simplification et l’accès aux droits, notamment."

"Nous allons avoir des annonces fortes avec le Premier ministre fin septembre qui vont vraiment changer la donne au quotidien. Ce que nous engageons c’est du moyen terme et du long terme pour améliorer la vie de tous les jours."

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