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"Au bonheur d'Elise"
16 septembre 2018

Un dispositif pilote pour les jeunes autistes

Agathe Simeon et son fils Paul, lundi matin, à l'école élémentaire Pierre-Menanteau.
Agathe Simeon et son fils Paul, lundi matin, à l'école élémentaire Pierre-Menanteau. | 

 

Depuis la rentrée, l'école élémentaire Pierre-Menanteau accueille une « classe » d'autorégulation pour les autistes. Un dispositif unique dans les Pays de la Loire.

L'initiative

Il est 8 h 30, ce lundi matin. Suzanne Trepté dépose son fils James à l'école. Il y a quelques jours, ce petit garçon, âgé de 9 ans et autiste, a fait sa rentrée, en CE1. Un scénario inespéré pour sa mère. Déscolarisé en avril 2017, James a ensuite suivi durant quelques mois des cours à la maison.

Une solution de repli, faute de mieux. « Il a besoin d'avoir des copains, comme tous les enfants de son âge. Depuis qu'il est à Pierre-Menanteau, il est heureux de venir en classe », explique cette trentenaire, présidente de l'association Autistes sans frontières Vendée.

Un soulagement partagé par Agathe Simeon, 34 ans. Son fils, Paul, 6 ans et demi, est également autiste et élève dans l'établissement. « Avant, il avait une assistante de vie scolaire (AVS). Mais il a fini par se sentir stigmatisé et par refuser d'aller en cours ». Des jours sombres, qui font désormais partie du passé. « Aujourd'hui, il parle à tout le monde de sa nouvelle école. »

Une inclusion totale

Depuis la rentrée scolaire, l'école élémentaire publique dompierroise a été choisie pour accueillir un dispositif peu répandu dans le pays et unique dans la région (voir ci-dessous). L'idée ? Apporter une solution aux familles, pour qui réussir à scolariser un enfant autiste relève trop souvent du casse-tête.

« Dans la plupart des Ulis (Unités localisées pour l'inclusion scolaire), les écoliers ne suivent les cours avec leurs camarades que pour certaines matières, comme la musique et le dessin. L'inclusion n'est pas totale », observe Bruno Lezeau, directeur adjoint du SESSAD (Service d'éducation spéciale et de soins à domicile) de l'AREAMS, l'Association ressources pour l'accompagnement médico-social et social, qui pilote le système.

Autre possibilité : faire appel à une AVS. « Mais il faut avoir une notification de la Maison départementale des personnes handicapées, et trouver une personne formée. Il existe aussi un risque de dépendance, à terme, par rapport à l'adulte. »

Dix enfants en 2021

L'autorégulation constitue désormais une troisième piste, en Vendée. « Le but, c'est de permettre à l'enfant de suivre la totalité des matières, au sein d'une classe normale, en adéquation avec son âge. Lorsqu'il a du mal à comprendre ou que son comportement pose souci, il peut se mettre à l'écart au sein d'un petit groupe », précise Bruno Lezeau. Une parenthèse et un « sas émotionnel », qui lui permet d'apprendre à gérer au mieux ses crises et son stress.

Une enseignante, une éducatrice spécialisée, une psychomotricienne et une psychologue interviennent également au sein de l'établissement. « Leur lieu de travail, c'est l'école, ce qui favorise les échanges et évite les déplacements aux enfants. »

Trois jeunes autistes bénéficient aujourd'hui du dispositif, en CE1 et CM2, à Dompierre. La formule devrait bientôt être mise en place, à l'école primaire Rémondet, à Chantonnay. « L'idée, c'est d'accueillir dix élèves du CP au CM2 à Pierre-Menanteau, d'ici la rentrée 2021. On espère également que l'initiative fera tache d'huile, dans d'autres élémentaires, et au collège et lycée. »

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16 septembre 2018

« LA DIVERSITÉ DANS L’AUTISME » 28/09 interviews de J. Schovanec et N. Pedemonte

16 sept. 2018
Par Blog : Le blog de Jean Vinçot

Quelques questions à Josef Schovanec et Natalia Pedemonte, avant le colloque "La Diversité dans l'Autisme" organisé le 28 septembre 2018, à Paris. Le militantisme en mauvaise posture dans le monde de l'autisme. Fonctionnement autistique et faux profil.

Questions à Josef Schovanec

Josef Schovanec se concentre ... en pratiquant le minage ?
Josef Schovanec se concentre ... en pratiquant le minage ?

Vous vous êtes décrit avec une certaine autodérision comme un "saltimbanque de l'autisme". Le titre de votre intervention à ce colloque commence par "Mortiruri te salutant"1. Vous considérez-vous comme désormais un gladiateur de l'autisme ?

Joseph Schovanec : Il ne faut pas nécessairement perdre trop de temps et d'énergie à savoir par quelle étiquette on est désigné. En tout cas, si l'on évite de verser autant de sang que les gladiateurs de l'Antiquité, ce sera déjà une bonne chose.

Ou cela fait-il référence au triste destin des militants dans l'autisme ?

JS : Oui, tout à fait. Entre les meilleurs d'entre-nous qui généralement abandonnent voire ne se lancent pas et les autres qui peu à peu dérivent, fascinés par l'argent, le pouvoir et leur nouveau statut social, il y a de quoi s'inquiéter. Et ce n'est qu'un euphémisme.

Certains militants se sont réunis en collectif des auto-représentants pour la préparation du 4ème plan autisme ? Estimez-vous que cela a représenté un progrès par rapport aux pratiques précédentes ?

 : Le nouveau comité autisme ne comporte pas plus d'autistes que le comité du deuxième plan, à peu près dix ans en arrière. Par contre, deux faits nouveaux qui laissent en grand quisençon2 : le fait que désormais les autistes militants se haïssent entre eux avec la constitution de clans qui n'ont d'autre objet que de détruire ou évincer l'autre, chose impensable il y a dix ans, et qu'il y ait des mécanismes politico-administratifs explicites pour limiter leur influence en plus d'un sentiment croissant de ras-le-bol par rapport aux militants autistes.

Faut-il que l'autisme soit devenu un centre d'intérêt spécifique pour être militant dans l'autisme ? Est-il possible d'en conserver d'autres ?

JS : Tentative de réponse à cette question : Non, je ne le pense pas. L'autisme n'est pas mon centre d'intérêt spécifique, du moins pas à titre plein, comme peut l'être le minage de cryptomonnaies par exemple ; plutôt un "devoir autistique", si un tel concept pouvait exister. Toutefois, chez des camarades militants comme Stéf3, l'autisme est clairement un centre d'intérêt spécifique : cela dépend des gens. Donc oui, il est possible et souhaitable de garder une vie à côté et en plus du militantisme.

Vous faîtes état de l'écart croissant entre la réalité médicale de l'autisme et le "monde de l'autisme". Il y a 10 ans, cependant, j'ai entendu notamment le Dr Jacques Constant, le Pr Alain Lazartigues et le Dr Eric Lemonnier souligner l'apport qu'a représenté pour eux la discussion avec des personnes autistes de "haut niveau". Est-ce que vous pensez que les chercheurs français doivent intégrer de façon substantielle des personnes autistes, et pas seulement comme cobayes ou matériel d'études ?

JS : Il est sans doute nécessaire d'inclure des personnes autistes dans les équipes de recherche, en tant que chercheur.e.s à part entière ; mieux, cela pourrait être la clef de toute recherche réussie. Il est anormal que nombre de chercheurs autistes au CNRS doivent dissimuler leur état. Ceci étant, par décalage croissant entre réalité médicale et petit monde de l'autisme il convient peut-être de comprendre le fait que le petit monde de l'autisme réponde de moins en moins, du moins en moyenne, à la définition de l'autisme.

La présentation de la conférence fait état notamment des obstacles au militantisme dans l'autisme ? Pouvons-nous espérer que vous fassiez état de solutions, de "bonnes pratiques", en France ou à l'étranger ?

JS : S'agissant de bonnes pratiques, la proposition de charte éthique des militants dans l'autisme, esquissée par Stéf 3 et votre serviteur, a été rejetée par tous les militants autistes à qui nous l'avons proposée, pour des raisons avancées variables, mais dont malheureusement le motif central était manifeste. S'agissant des obstacles, oui, ils sont nombreux ; tous hélas ne sont pas dus à la simple ignorance de l'autisme et/ou des autistes : certains obstacles ont été délibérément mis en place ces dernières années pour limiter l'influence des militants autistes - hélas, je dois amèrement avouer que, dans quelques cas du moins, cela avait été dû à des abus avérés.

Vos réponses expriment une amertume certaine. Regrettez-vous de vous être engagé dans le monde de l'autisme ?

JS : Face à certaines évolutions, en effet, difficile de ne pas ressentir de l'amertume. Le monde de l'autisme actuel est en effet bien différent de celui dont nous avions rêvé des années en arrière, le constat le plus mortifiant étant sans doute le spectacle de ce dont les gens autistes sont parfois capables. Toutefois, le fait d'avoir vécu directement le soudain basculement de l'autisme de sujet parfaitement marginal et farfelu vers une thématique sociale majeure demeurera, à y songer, une fabuleuse aventure et un inoubliable souvenir.

Questions à Natalia Pedemonte

Pourquoi avoir créé l'entreprise Juris Handicap Autisme ?

natalia pedemonte

Natalia Pedenonte : Juris Handicap Autisme cumule à la fois le domaine juridique et celui de l’autisme. J’ai créé cette entreprise dans le cadre de mes travaux de recherche et pour transmettre ce que je sais de l’autisme, donnant ma vision de ce que je vois de l’intérieur.

Le but était aussi de faire participer uniquement des personnes autistes afin qu’on puisse avoir divers regards sur notre condition.

Quels sont vos thèmes de prédilection ?

NP : Dans le domaine de l’autisme, je suis très axée sur le fonctionnement autistique, puisque c’est la clef pour comprendre l’autisme. De ce fonctionnement découlent les traits autistiques. Les gens ne voient que notre comportement extérieur, qu’ils veulent corriger sans comprendre.

Je m’intéresse également au statut des personnes autistes, qui me semble être sui generis en rapport avec le handicap en raison du volet douance et sa nature génétique.

Vous avez tenu un séminaire en juillet qui se donnait "pour but d’examiner de façon objective des états psychologiques qui peut-être répondent à d’autres troubles au DSM ou qui en ont certaines caractéristiques, mais qui peuvent être pris à tort pour de l’autisme." Pouvez-vous donner un ou des exemples ?

NP : On a des descriptions amateur de l’autisme qui ont fait leur chemin, comme celles de Rudy Simone4 (qui n’a pas de diagnostic d’autisme et aux grandes compétences sociales, donc a priori elle se situe dans un profil bien loin de l’autisme), qui dans son livre Aspergirl conseille le régime de Natacha Campbell pour « guérir » l’autisme (comme on le sait, aucun régime ne « guérit » l’autisme, puisque ce n’est pas une maladie). Dans ses livres, une partie décrit l’autisme « Asperger » à partir de témoignages, mais d’autres aspects renvoient à une description de comportements névrotiques ou de Trouble de la personnalité limite, de mon point de vue. Il faut savoir que l’autisme n’est pas un état d’instabilité mentale, bien au contraire. Ce faux profil a eu une adhésion importante et connaît ses clones, au point où j’ai voulu vraiment savoir s’il n’y avait pas un 3ème type d’autisme (à part prototypique et Asperger, ce dernier étant supprimé du DSM 5 et désormais de la CIM 11) et c’est là que j’ai compris que la confusion venait de personnes qui rebaptisent des traits de troubles de la personnalité en troubles autistiques (de bonne ou de mauvaise foi). Peut-être même que ces profils n’entrent dans aucune catégorie du DSM. Ce sont donc des personnes en quête identitaire qui s’écrient qu’il faut « être soi-même », notion très éloignée de l’autisme, car on n’est pas axé sur l’égo ni sur la réussite sociale. Et nos intérêts spécifiques ne sont en rien une compensation à des troubles de la personnalité, mais notre mode de fonctionnement. Donc une personne autiste est faite pour être focalisée sur des sujets donnés, ce n’est pas un repli sur soi. Tout comme les neurotypiques sont axés sur le relationnel, les autistes le sont à des thématiques qui feront leur expertise.

Je vais sans doute m’attirer les foudres en disant cela, mais il est important de mettre un frein à la désinformation ou, en tout cas, de faire réfléchir.

Mais c’est surtout la pensée autistique qui définit l’autisme, sujet de mon colloque du 28 septembre prochain.

Vous avez écrit sur la question de l'anorexie5. Pouvez-vous nous expliquer en quoi le fonctionnement autistique peut conduire à une forme ou une autre d'anorexie ? Et comment en tenir compte ?

NP : Il n’y a pas plus d’anorexie chez les personnes autistes que chez le reste de la population.

Donc, je ne ferai pas le lien entre autisme et anorexie. Ainsi, tout comme un NT peut être anorexique, une personne autiste aussi. Mais pas pour les mêmes raisons.

Blog © Natalia Pedemonte
Blog © Natalia Pedemonte

Toutefois, ce qui pourrait faciliter l’anorexie chez les personnes autistes, ce sont les particularités sensorielles. Si l’alimentation est trop restrictive, cela peut induire l’anorexie. Mais il faut savoir que cette dernière n’arrive pas par hasard. En général, elle vient d’une dépression grave, c’est donc une forme de dépression grave qui permet de ne pas ressentir les effets de la dépression (à mon avis).

Pour prévenir l’anorexie il faudrait veiller à ce qu’il y ait suffisamment de glucides (et apports nutritionnels en général) : le cerveau autistique en est très gourmand. Il ne faut pas négliger le manque de repos, car l’anorexie cache les symptômes de fatigue et de dépression. Donc, il faut d’abord veiller à l’aspect physiologique. Cette maladie est cérébrale en ce sens lorsque la personne est en deçà de son poids santé ; il ne s’agit pas que de la maigreur (le poids peut sembler normal en apparence), mais du mécanisme qui implique une faible assimilation des aliments, soit un apport trop restrictif. Cela va modifier le système digestif. Donc, même si la personne mange de façon normale, en apparence, le système digestif ne suit pas. Cela peut causer de graves carences alimentaires.

A ne pas confondre avec l’alimentation spécifique de certaines personnes autistes. Si je mange ce que mange tout le monde, ma santé va rapidement décliner (d’autres personnes autistes mangent de tout, il y a une grande diversité).

On peut donc repérer la base physiologique qui est la même chez tous et les causes qui seront différentes. L’anorexie implique des « rituels » (ex : manger tel ou tel aliment à telle heure) et donc cela peut rassurer une personne autiste, par la routine. Le seul moyen lorsque l’entourage n’est pas adapté… une hypothèse. De même, l’anorexie implique une grande force mentale (se priver de nourriture vitale, ce que je déconseille, cela rejoint un aspect spirituel) et accentue l’état hypnotique autistique. Chez les NT, c’est tout l’inverse, car la maladie est pour eux une façon de renforcer l’ego.

J’en dirai plus dans mon séminaire dédié à ce sujet au mois d’octobre.

Présentation du colloque "La diversité dans l'autisme" - 28 septembre 2018

affiche-colloque-jha-28-09-2018-version-3-1

Notes de "la rédaction" :

1 "Ceux qui vont mourir te saluent" : https://fr.wiktionary.org/wiki/morituri_te_salutant

2 sans aucun souci, tranquillement.

3 Stef Bonnot-Briey

4 Traduction du message : "Lorsque les gens que je rencontre me demandent maintenant pourquoi j’ai écrit des livres sur le syndrome d'Asperger, je leur dis que j’étais dans le spectre de l’autisme mais que j’ai l’impression de ne plus avoir suffisamment de traits pour m’identifier comme telle. Ce n’est pas que je sois gênée, j’étais une aspie forte et fière, mais honnêtement, je ne me sens plus vraiment autiste, juste forte, unique, parfois maladroite, un peu excentrique je suppose, un peu douée et essayant de faire mon chemin dans le monde comme tous mes frères et sœurs, sur et hors du spectre."

5 https://penseeautistique.wordpress.com/2018/05/13/au-sujet-de-lanorexie-chez-les-personnes-autistes/

15 septembre 2018

L'erreur est la condition même de l'apprentissage

 

"L'erreur est la condition même de l'apprentissage"

Dès la naissance, notre cerveau est capable d'apprendre plus vite et plus profondément que la plus puissante des machines. Le jeu, la concentration ou le sommeil peuvent augmenter nos capacités d'apprentissage, selon Stanislas Dehaene, professeur de psychologie cognitive, dont le dernier ouvrage vient de paraître

https://www.letemps.ch

 

15 septembre 2018

VIDEO. Quand l'école prend soin de Paul, un enfant autiste de 9 ans

=> cliquez sur l'image pour voir la vidéo

Mis à jour le 15/09/2018 | 07:11 – publié le 14/09/2018 | 12:27

Paul, 9 ans, autiste et malentendant, fait chaque jour des progrès au sein de sa classe. Il est encouragé au quotidien par sa maîtresse et tous ses petits camarades attentifs et chaleureux. Extrait du reportage "La rentrée de Paul, comme les autres" diffusé dans "13h15 le samedi" du 15 septembre 2018, après le journal de 13 heures sur France 2. 

Le magazine "13h15 le samedi" (Facebook, Twitter, #13h15) a suivi Paul, autiste et malentendant, dans sa classe de CE1. L'enfant avance et tous ses camarades de classe participent à ses progrès. Ce jour-là, l'exercice demandé consiste à acheter "pour de faux" des bonbons à ses petits congénères.

Le jeu s'engage entre les enfants très présents et attentifs au cours de cette activité éducative pour apprendre à calculer. Paul parvient à acheter une friandise : "Tu vois, c'est simple. On peut te dire bravo", le félicite un copain sous les applaudissements de la classe. L'exercice une fois terminé, la maîtresse réunit tous les enfants, assis par terre en face de Paul.

C'est Paul qui fait la lecture à la classe

"On t'écoute… et tu fais fort. Attention, tu mets bien le ton. Allez, à toi", lui demande-t-elle en montrant un petit livre illustré. Un rituel a en effet été instauré : c'est Paul qui fait la lecture à la classe. Très appliqué et concentré, Paul commence à parler, soutenu par la maîtresse qui l'encourage dans l'énonciation de ses phrases.

Le petit garçon se lance d'un coup : "Oh non, mon camion préféré ! Attends, je vais le réparer. Et toi, gros nul, disparais ! Tu as intérêt de te faire tout petit." Paul salue debout, sous les bravos de la petite assemblée. Le petit garçon de 9 ans a fait sa rentrée des classes la semaine dernière en CE2, à l’école publique de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine.

Extrait du reportage "La rentrée de Paul, comme les autres" diffusé dans "13h15 le samedi" du 15 septembre 2018, après le journal de 13 heures sur France 2. 

15 septembre 2018

Connaissez-vous l'ARSE -> Association pour la Rééducation par les Sports Equestres

 

Association pour la Rééducation par les Sports Equestres

Grande nouvelle ! Une piste de marathon, une carrière d'attelage et une carrière d'équitation arrivent à l'ARSE ! Tout cela pour vous dès le mois d'octobre 2018 sur les terrains mis à disposition gracieusement par la commune de Morsang-sur-Seine. Nos cavaliers en balade ont pu découvrir en avant-première l'avancement des travaux.

http://asso-arse.blogspot.com

 

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15 septembre 2018

Rappel -> ciné-ma différence à Fontenay-sous-bois : Les Trois brigands. C'est aujourd'hui au cinéma Le Kosmos !

Footer

Ciné-ma différence — 60 rue Didot — 75014 Paris — Tél. +33(0)1 71 20 22 64

Vous avez reçu ce courrier de la part du site : Ciné-ma différence

Si ce courrier ne s'affiche pas, vous pouvez le visualiser sur le site.

Vous pouvez vous désabonner de cette newsletter.

Fontenay-sous-Bois Info

Samedi 15 septembre 2018 à 16h00

Synopsis : Trois méchants brigands passent leur temps à détrousser les voyageurs en diligence et à détruire les attelages… Leurs forfaits commis, ils accumulent leurs butins dans une caverne retirée en haut de la montagne. Sans cœur et sans scrupule, rien ne les arrêtent jusqu’au jour où l’unique occupant de la diligence est Tiffany, une petite fille orpheline. Surpris, ils emmènent l’enfant dans leur repaire. « Que faites-vous de tout cet or ? » demande-t-elle. Les trois hommes ne s’étaient jamais posé la question…. Grâce à une merveilleuse alchimie, la petite fille réussit à attendrir les redoutables bandits. Leur vision sombre et violente du monde change du tout au tout, ils arrêtent les pillages, libèrent les enfants d’un orphelinat dont la directrice s’adonne à un trafic de confiseries et décident d’acheter un château pour y héberger tous les orphelins du pays. De trois redoutables méchants, ils deviennent, au contact de la petite fille, des pères de famille tendres et attentionnés !

Cinéma Le Kosmos

243 ter avenue de la République - 94120 Fontenay-sous-Bois
Salle NON accessible pour l’instant aux personnes à mobilité réduite (escalier). Boucle magnétique.

Tarif : 2,3 € avec le code « Envol Loisirs » à la caisse

Contact : Marie-Françoise LIPP

Téléphone : 06 82 01 27 97

Courriel : fontenaysousbois@cinemadifference.com

Grâce au :


 

Ciné-ma différence : des séances de cinéma TOUS PUBLICS, adaptées pour les personnes dont le handicap peut entraîner des troubles du comportement.
Présence de bénévoles / Information de l’ensemble du public / Son modéré / Lumière éteinte doucement / Absence de publicité et de bandes annonces.

14 septembre 2018

Stratégie pauvreté Macron : et pour le handicap ?

article publié sur Handicap.fr

Résumé : 8,5 milliards d'euros pour "Faire plus pour ceux qui ont moins". Emmanuel Macron a dévoilé le 13 septembre 2018 sa stratégie contre la pauvreté. Quel impact pour les personnes handicapées ? Quelques mesures, qui avaient déjà été annoncées.

Par , le 13-09-2018

Le 13 septembre 2018, c'est que sein du Musée de l'Homme à Paris qu'Emmanuel Macron a présenté la stratégie relative à la prévention et à la lutte contre la pauvreté (dossier de presse complet en lien ci-dessous). Derrière le chef de l'Etat, un slogan : « Faire plus pour ceux qui ont moins ». 8,5 milliards d'euros répartis sur quatre ans pour les 8,8 millions de personnes touchées par la pauvreté en France (1 000 euros par personne) seront ainsi dédiés à cette stratégie qui concerne, évidemment, également les personnes en situation de handicap « pour qui la précarité est une réalité », de l'aveu même du secrétariat d'Etat au handicap.

Sous le seuil de pauvreté

Rappelons en effet qu'un million de bénéficiaires de l'AAH vivent avec 819 euros par mois (montant au 1e avril 2018) alors que le seuil de pauvreté est, pour cette même année, fixé à 1 026 euros en France pour une personne seule. Il y a aussi les pensionnés d'invalidité, les contrats professionnels précaires, et bien d'autres… La moitié des personnes handicapées ont un niveau de vie inférieur à 1 540 euros par mois, soit près de 200 euros de moins qu'une personne valide. Plus le handicap est sévère, plus le revenu est faible et le niveau de pauvreté élevé. Le handicap constitue donc manifestement un facteur d'exclusion, pour les personnes concernées mais aussi pour les aidants.

Des aidants fragilisés

Pour ce public, le constat est en effet amer. Les chiffres d'une enquête menée par l'ARS (Agence régionale de santé) Limousin en 2015 auprès de 761 familles percevant l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé sont sans appel : 2/3 des mères d'enfant en situation de handicap arrêtent, réduisent ou aménagent leur temps de travail et 20% des pères modifient leur rythme de travail. La présence d'un enfant en situation de handicap fragilise le couple et expose plus fréquemment la famille à un risque de monoparentalité : entre 25 et 50% de plus de familles monoparentales que pour la population générale. Dans 50% des cas, le handicap est cité comme l'un des facteurs de séparation : certain pour 36%, déterminant pour 16%, aggravant pour 20%. Le « sentiment » (n'est-pas plutôt une réalité ?) d'isolement et d'effacement de soi-même génère des besoins immatériels : aide dans les démarches, lieux d'écoute dans un monde institutionnel très cloisonné dont ils ignorent tout avant l'arrivée du handicap. Quant aux bénéficiaires de l'AAH, ils sont très majoritairement isolés et sans enfant à plus de 70%.

Le handicap concerné

Selon le cabinet de Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au handicap, cette nouvelle « stratégie pauvreté, investissement social global, prend notamment en compte la situation particulière des personnes en situation de handicap ». Le gouvernement entend présenter une « stratégie de long terme et des mesures très concrètes » qui seront mises en place dès 2019, autour de trois grands axes : investir dans la petite enfance, « pour que les enfants pauvres d'aujourd'hui ne soient pas les adultes pauvres de demain », renforcer l'accompagnement des jeunes sans solution et simplifier le système des prestations sociales pour lutter contre le non-recours et inciter davantage à la reprise d'activité.

Revalorisation AAH : déjà acté

En matière de handicap, quoi de neuf ? Des mesures concrètes ont déjà été prises, notamment la revalorisation de l'AAH conformément à l'engagement présidentiel. Elle sera réévaluée de 80 euros en deux temps : d'abord 860 euros au 1er novembre prochain, puis 900 euros au 1er novembre 2019. Mais cette décision a déjà été entérinée lors du Comité interministériel du handicap il y a tout juste un an, en septembre 2017.

Un bonus handicap pour les crèches

Décision également déjà annoncée en juillet 2018, dans le cadre de « l'investissement dans la petite enfance », la convention CNAF-État 2018-2022 prévoit un « bonus handicap » de 1 300 euros par place et par an pour tenir compte des surcoûts liés à l'accueil en crèche d'enfants handicapés (article en lien ci-dessous). « L'accès à un mode de garde collectif favorise en effet le développement social de l'enfant, son éveil et son autonomie, affirme l'Unicef dans un communiqué ; il constitue pour les parents un appui, favorisant les démarches d'accès aux droits ou de recherche d'emploi ». Mais les réactions ne se sont pas fait attendre. Tanguy Desandre, président de maplaceencrèche, estime que les mesures prises concernant la petite enfance sont une « tromperie ». « Apporter un soutien aux crèches qui accueillent davantage d'enfants de familles défavorisées ou en situation de handicap est insuffisant tant que le besoin de places en crèches ne sera pas comblé, précise-t-il. Aujourd'hui, la France compte 436 000 places de crèches pour 2,4 millions d'enfants de moins de 3 ans. L'objectif de la stratégie de lutte contre la pauvreté ne règlera pas le problème à l'échelle nationale. Au cours des 5 dernières années, à peine 80 000 places ont été créées et seulement 30 000 le seront dans les quatre prochaines. »

Un contrôle bucco-dentaire systématique

Par ailleurs, avec l'extension du programme M'T Dents, les enfants handicapés bénéficieront d'un contrôle buccodentaire systématique à leur entrée dans un établissement spécialisé.

L'ACS intégrée à la CMU-C

L'intégration de l'ACS (aide complémentaire pour permettre l'acquisition d'une mutuelle santé) dans la CMU-c (Couverture maladie universelle complémentaire) devrait également être favorable aux personnes handicapées très modestes, en particulier bénéficiaires de l'AAH ( qui peuvent bénéficier de l'ACS mais pas la CMU) ; elles se verront désormais ouvrir le droit à une prise en charge intégrale des dispositifs médicaux d'ores et déjà pris en charge dans le cadre de l'actuelle CMU-c (fauteuils roulants, sondes, pansements par exemple), alors qu'ils ne sont pas intégralement couverts par l'ACS aujourd'hui (article en lien ci-dessous).

600 appartements de coordination thérapeutiques

En outre, l'ONDAM médico-spécifique augmentera de +25% permettant notamment de financer 600 appartements de coordination thérapeutiques (ACT) supplémentaires en 2020 et 2021 : c'est la possibilité de disposer de solutions diversifiées, mêlant accès au logement et accès aux soins pour des personnes cumulant une situation d'exclusion et une lourde maladie invalidante ou handicapante.

D'autres mesures transversales

Il faut également souligner d'autres mesures « transversales » qui seront « particulièrement impactantes » pour les personnes en situation de handicap, selon le secrétariat d'Etat. Et de citer l'abaissement de la scolarité obligatoire à 3 ans favorable pour les tout-petits en situation de handicap (prévention des refus de scolarisation) ou encore la nouvelle obligation de formation jusqu'à 18 ans, associant les services de l'Etat et les collectivités, pour qu'aucun jeune ne se retrouve sans emploi, ni formation, qui permettra de s'assurer de la continuité de formation pour les 16-18 en situation de handicap particulièrement concernés par les ruptures de parcours à la sortie de la scolarité obligatoire. A l'identique, le secrétariat d'Etat mentionne la mobilisation renforcée de l'Etat pour accompagner les jeunes qui bénéficient de l'ASE (Aide sociale à l'enfance), afin qu'ils ne se retrouvent pas sans solution à l'âge de 18 ans, qui va bénéficier à des publics particulièrement fragiles, pour lequel la prévalence du handicap est plus grande que pour la population générale.

En vigueur le 1er janvier 2019

Selon l'Unicef, la lutte contre la pauvreté et les inégalités doit aussi « passer par l'école » : une meilleure formation des professeurs et personnels de l'éducation aux enjeux de la pauvreté, la réduction du non-recours aux aides scolaires (bourses, fonds sociaux) et l'accompagnement des parents en situation de fragilité doivent être renforcés. Cependant, selon cette ONG, cette stratégie « peine à s'inscrire dans une vision globale, en proposant plusieurs mesures ponctuelles, de caractère uniquement incitatif dans un contexte de forte tension entre les départements et l'Etat, et qui seront déployées sur un nombre limité de territoires, autant de facteurs qui vont nécessiter une vigilance particulière dans la phase de mise en œuvre des mesures prévues ». Elle doit entrer en vigueur le 1er janvier 2019. Les réactions des associations du champ du handicap sont maintenant attendues…

© Twitter Sophie Cluzel


 

Handicap.fr vous suggère les liens suivants :

Sur Handicap.fr

Prestations sociales : que va faire le gouvernement ?Les actions du gouvernement pour lutter contre la pauvretéACS en cas d'AAH : une aide pour payer sa mutuelle ?Brigitte Macron joue dans un épisode de VestiairesCrèches : un bonus de 1 300 € pour le handicap

Sur le web

Dossier de presse Stratégie pauvreté

14 septembre 2018

Les hallucinations sont anormalement courantes chez les adultes avec autisme

14 sept. 2018
Par Blog : Le blog de Jean Vinçot

Une majorité des adultes autistes auraient des sensations hallucinatoires. Parmi les facteurs envisagés, le harcèlement et l'isolement social.

Hallucinations unusually common in adults with autism

par Elizabeth Milne, The Conversation

le 24 mai 2017

traduction py

The invisible tribe XV © Luna TMG
The invisible tribe XV © Luna TMG

Avez-vous jamais entendu un son quand rien dans votre environnement ne l’explique ? Ou peut-être avez-vous ressenti la proximité d’une personne quand vous êtes seul ? Certaines personnes ont connu ces perceptions de nombreuses fois. D’autres, quasiment jamais. Quelques troubles mentaux, comme la schizophrénie, peuvent les provoquer. Mais les perceptions inhabituelles se manifestent aussi chez des personnes sans trouble mental. Une nouvelle observation de mon groupe de recherche suggère que les adultes avec autisme sont particulièrement propices à ces sortes d’expériences.

Dans notre étude, nous avons présenté à des adultes avec ou sans autisme une liste de perceptions inhabituelles et leur avons demandé d’indiquer celles qu’ils avaient rencontrées. Les adultes avec autisme ont signalé trois fois plus d’occurrences que les personnes typiques. Par exemple, nous avons constaté que 63% des adultes avec autisme ont répondu oui à cette question : «  Avez-vous jamais ressenti que quelqu’un vous touchait, quand en vous retournant vous ne voyiez personne ?  », contre seulement 7% des adultes typiques. De la même façon, 47% des adultes dans le spectre ont répondu oui à la question : «  Avez-vous jamais vu des formes, des lumières ou des couleurs quand manifestement rien n’est présent ?  », contre 14% des adultes typiques.

Jusqu’à ce jour, les scientifiques ne savaient pas que les expériences de type hallucinatoire se présentent dans l’autisme, bien que nous sachions depuis longtemps que l’autisme est associé à une ouïe et une vue plus sensibles.

Toutefois, une perception hallucinatoire inhabituelle est différente d’une sensibilité à des stimuli particuliers. Quelques items de notre questionnaire concernaient les changements d’intensité de stimulation, que nous aurions pu présumer plus présents dans l’autisme. Mais d’autres questions concernaient des perceptions étranges ou déformées. Par exemple : «  Avez-vous jamais ressenti des sensations inhabituelles de brûlure ou d’autres sensations étranges dans ou sur votre corps ?  » ou «  Avez-vous jamais entendu vos propres pensées dîtes à voix haute, de telle façon qu’une personne proche aurait pu les entendre ?  » Trois fois plus d’adultes avec autisme ont répondu oui à ces deux questions, indiquant que nos résultats ne reflètent pas uniquement une perception sensorielle plus sensible.

Des niveaux différents de certains éléments chimiques dans le cerveau (les neuro-transmetteurs) pourraient expliquer ces perceptions inhabituelles plus fréquentes. Les migraines, par exemple, sont souvent précédées par des hallucinations, comme voir des lumières ou des formes non présentes. De la même façon, l’épilepsie peut être associée à des perceptions étranges.

La migraine et l’épilepsie ont été reliées à des modifications dans les niveaux du neuro-transmetteur GABA. Dans le cerveau, quelques neuro-transmetteurs ont un rôle excitant et stimulent l’activité neuronale, alors que d’autres ont un rôle inhibiteur et réduisent cette activité. GABA est un neuro-transmetteur inhibiteur. Des niveaux de GABA moins élevés peuvent en conséquence mener à une hyperactivité du cerveau, provoquant à la fois des perturbations visuelles et des crises. Des niveaux modifiés de GABA ont aussi été impliqués dans l’autisme.

Pas de responsable unique

Toutefois, le lien entre une perception inhabituelle et l’autisme pourrait ne pas provenir uniquement de différences innées dans la chimie du cerveau. Des travaux récents suggèrent que les expériences négatives, comme d’avoir été harcelé ou isolé socialement, peuvent mener à des hallucinations.

Malheureusement, de nombreuses personnes dans le spectre souffrent d’isolement social et de harcèlement. Ces événements négatifs peuvent contribuer au développement de perceptions inhabituelles. Un article récent de The Conversation a décrit la façon dont les personnes exposées à la discrimination, comme les immigrés, connaissent aussi plus de sentiments hallucinatoires et paranoïaques que les personnes non discriminées. Des processus similaires pourraient être impliqués dans l’autisme.

Outre l’observation que les expériences de perception inhabituelles sont plus fréquentes dans l’autisme, nous avons constaté que ces expériences sont bien plus douloureuses. Il est important de prendre en considération ce qui peut être fait pour soulager cette souffrance. À commencer par la compréhension et l’acceptation.

Si une personne avec autisme connait ces situations, savoir qu’elles sont assez courantes chez les autres personnes avec autisme peut aider à réduire leurs inquiétudes à ce sujet. Les médecins pourraient ne pas toujours penser à poser des questions sur des perceptions inhabituelles aux personnes avec autisme, mais notre recherche suggère que cela peut être un domaine important à aborder dans la clinique, de façon à ce que des méthodes puissent être établies pour une assistance quand cela arrive.

L’importance du développement d’une meilleure compréhension de l’autisme par le grand public est peut-être plus importante encore. De plus en plus de personnes sont diagnostiquées d’un autisme, dont un nombre croissant de personnes n’ayant pas reçu de diagnostic avant l’âge adulte. Souvent, il suffit de petites modifications pour aider les personnes avec autisme à s’insérer dans la société. Ces petits pas peuvent être importants pour réduire l’isolement social.

Si l’isolement et le harcèlement contribuent au développement de perceptions inhabituelles dans l’autisme, la réduction de la souffrance causée par ces perceptions est un des nombreux avantages qu’apporterait une société dans laquelle l’autisme serait mieux reconnu et compris.

Elizabeth Milne est chargée d’enseignement en neurosciences cognitives et directrice du Sheffield Autism Research Lab de l’université de Sheffield, au Royaume Uni.

Cet article a été initialement publié par The Conversation. Il a été légèrement modifié pour être adapté au style de Spectrum.

13 septembre 2018

Rentrée sous tension pour des milliers d'élèves handicapés

article publié sur handicap.fr

Résumé : "Les mardis et jeudis, qui va leur couper la viande ?"A la rentrée, des centaines voire des milliers d'enfants handicapés ne sont pas accueillis correctement à l'école selon des associations de parents en colère que le gouvernement tente de rassurer.

Par , le 10-09-2018

Par Jessica Lopez, Arnaud Bouvier

Les difficultés surviennent quand les élèves "n'ont pas eu d'accompagnement adapté en cette rentrée, qu'ils ne bénéficient que de quelques heures hebdomadaires de scolarisation, ou qu'ils sont placés sur les interminables listes d'attente des établissements spécialisés", dénonce l'Unapei, qui regroupe des parents d'enfants porteurs d'un handicap mental.

1 400 cas toujours bloqués

Marie, 6 ans et polyhandicapée, doit en principe quitter bientôt la crèche pour intégrer un institut médico-éducatif (IME), mais n'a pas obtenu de place, comme environ 500 enfants sur liste d'attente dans son département de Loire-Atlantique. "Je n'ai aucune solution. Je vais devoir rester à la maison avec elle", enrage sa mère, Louise Compain. "Je ne comprends pas qu'on soit confronté à des problématiques comme ça dans un pays comme la France".  "A la date du 6 septembre, on nous avait signalé les cas d'environ 1 400 enfants dont la situation était toujours bloquée", a indiqué à l'AFP Jean-Louis Garcia, président de la Fédération APAJH (Association pour adultes et jeunes handicapés). Il évoque des cas où les accompagnants promis "se désistent au dernier moment", ou dont le contrat "n'a pas été signé à temps".

La douche froide

Des familles considèrent insuffisant l'accompagnement octroyé à leur enfant. C'est le cas d'Angélique, 39 ans, dont les jumeaux Gabriel et Raphaël, tous deux autistes, viennent de rentrer en CE2 dans une école rurale du Cantal. Le jour de la rentrée, c'était "la douche froide" pour leur maman : "On a appris par leur accompagnante qu'elle ne pourrait être avec eux que 12 heures par semaine", alors que l'an dernier elle était présente à temps plein. "Les mardis et jeudis, qui va leur couper la viande ? Qui va les aider à se concentrer ? Leur dire d'aller faire pipi car ils n'y pensent pas ?", s'alarme la mère, "en colère". Angélique a appelé la ligne téléphonique non-surtaxée (0800 730 123) mise en place par le gouvernement pour recenser les situations problématiques, mais "attend toujours qu'ils rappellent". "Nous n'avons pas beaucoup d'espoir, on sait bien qu'on va nous répondre qu'ils ne peuvent pas recruter".

Quelques tensions

Cette ligne a reçu quasiment deux fois moins d'appel en ces premiers jours de rentrée que l'an dernier à la même époque, se sont félicités dans un communiqué la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées Sophie Cluzel et le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer. Mme Cluzel affirme y voir le signe que le gouvernement "répond au mieux aux besoins" des 341 500 enfants handicapés scolarisés cette année, dont 175 000 qui ont besoin d'un accompagnement. "J'entends les attentes et les impatiences des familles", a assuré la ministre, qui reconnaît quelques "tensions" dans le recrutement des accompagnants pendant la rentrée, mais assure que l'échéance a été "anticipée au maximum". Cette année, 3 584 postes supplémentaires d'accompagnants d'enfant en situation de handicap (AESH) en équivalent temps-plein ont été créés, et au total quelque 110 000 accompagnants - certains à temps partiel, mutualisés entre plusieurs élèves - sont prévus dans les établissements.

Un problème tout au long de l'année

Malgré tout, les difficultés d'accès à l'école sont "dans les mêmes proportions que l'an dernier", voire même "se sont encore accrues un peu", indique à l'AFP Marion Aubry, vice-présidente de l'association TouPI, qui défend les droits des personnes handicapées. Sur la page Facebook de l'association, sur les 1 591 parents ayant pris part à une consultation, 539 parents ont déclaré que l'accompagnant promis n'était pas présent le jour J, et parmi eux, 99 ont précisé que cela avait "empêché leur enfant d'aller à l'école". Si ces chiffres ne sont pas "statistiquement représentatifs", ils "donnent une idée des manques, partout en France", déplore Mme Aubry, pour qui le manque d'accompagnants ne se pose d'ailleurs pas qu'à la rentrée, mais "toute l'année".

 

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Sur Handicap.fr

13 septembre 2018

Parent d'enfant handicapé : que faire devant un signalement abusif ?

article publié sur hizy

Face au comportement d’un jeune autiste ou TDAH, l’incompréhension de l’école ou d’un professionnel peut amener à la suspicion de maltraitance de la part des parents sur leur enfant, avec ouverture d’une information préoccupante ou signalement abusif à la clé. Le début d’un chemin long et douloureux pour prouver sa non-culpabilité.

Signalement abusif : quand l’éducation est remise en cause

« Une fois que l’information préoccupante est ouverte, la machine infernale est lancée », explique Myriam, maman de trois enfants TDAH, dont deux victimes de signalement abusif aux services sociaux en primaire.  Même cas de figure pour Cathy, maman de Théo, autiste Asperger : « mon fils n’était pas encore diagnostiqué… ça été un vrai choc d’apprendre qu’il était considéré comme dangereux à l’école primaire. Et cela s’est répété lors d’un déménagement. Le Centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) a ouvert une information préoccupante, en expliquant que le comportement de mon enfant handicapé était le fait d’un conflit parental ». Avec le début de l’enquête, deux grandes difficultés apparaissent pour les parents : la mécompréhension du comportement d'un enfant TDAH ou autiste et l’intrusion dans la vie familiale. « C’était un moment horrible où notre vie et l’éducation de nos enfants sont remises en question » raconte Myriam. L’enquête dure souvent plusieurs mois et débouche ensuite soit sur :

  • un non-lieu,
  • une AEMO (Action éducative en milieu ouvert),
  • un signalement au juge des enfants.

Les parents, présumés coupables de maltraitance

Les parents d’un enfant handicapé sont rarement préparés à un signalement abusif. Et ceux qui témoignent insistent sur l’importance de se « blinder » moralement. Certains mots font tellement mal… S’entourer de bons professionnels de santé est indispensable pour la crédibilité. « Il vaut mieux dire : «  le médecin spécialiste explique que le comportement de mon enfant est dû à… » plutôt que « mon enfant est TDAH », explique Olivier Revol, chef du service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent aux Hospices Civils de Lyon. Parfois, les propos très durs émanent de médecins eux-mêmes, faisant preuve de la maltraitance médicale selon Martin Winckler. En cas de mauvaise relation avec des professionnels de santé, et dans la mesure du possible, mieux vaut en changer.

Dialoguer avec l’école et les services sociaux : une clé fragile

Cathy et Myriam ont toutes les deux toujours beaucoup dialogué avec les enseignants de leur enfant lors du signalement abusif, mais cela n’a pas suffi. « Lors du passage chez le juge, même lui ne savait pas réellement ce qu’était l’autisme. C’est là que l’avocat est indispensable pour argumenter, poser les bonnes questions et démontrer qu’il est impossible de reprocher à un enfant handicapé de l’être, sans tomber dans la discrimination… », explique Cathy. Il faut aussi penser à signaler les éléments qui ont évolué depuis l’ouverture du signalement abusif aux services sociaux, comme le début de tel traitement, etc.

Comment protéger son enfant handicapé d’un signalement abusif ?

L’impact d’un signalement abusif sur l’enfant n’est pas négligeable. « Ces enfants sont souvent des « sentinelles », ils voient le danger avant tout le monde », explique fréquemment Olivier Revol. Il semble donc important de dialoguer avec son enfant handicapé, d’autant plus que des visites au domicile sont souvent programmées. Le tout, sans apporter une pression supplémentaire. « C’était difficile pour Théo, déjà victime de maltraitance scolaire en primaire, puis au collège. Comme si mon enfant subissait les doubles conséquences de son handicap », raconte Cathy.

S’entourer de proches suite à un signalement de maltraitance

Les deux mamans ont aussi dû protéger leurs enfants de ceux qui le considèrent comme fou ou mal éduqué. Le regard des proches ou d’autres parents d’élèves change souvent brutalement lorsqu’on est « sous le coup d’une information préoccupante », décrit Myriam. Mais il faut continuer à s’entourer, même si le cercle devient plus restreint. Sans oublier les réseaux sociaux, comme l’explique Cathy : « j’ai trouvé dans les groupes Facebook de la bienveillance et des conseils précieux : sur l’assistance juridique pour les frais de défense, sur les associations, sur les professionnels spécialistes en région ».

Faire face à la phobie scolaire suite au signalement des parents

Les enfants dont les parents sont désignés comme « mauvais » se sentent souvent trahis. La fille de Myriam a ainsi développé une phobie scolaire. « Elle avait très bien compris que sa maitresse d’école avait émis des soupçons, et cela l’a traumatisé. La rupture de confiance nous a obligé à la changer d’école en urgence. Parfois, elle me confiait avoir peur qu’un jour je ne sois pas à la sortie de l’école pour l’attendre, à cause de la justice ». Pour affronter ces difficultés, mais aussi l’impact sur le temps, l’argent, l’énergie… pas de solution miracle, mais « la motivation de construire l’avenir et l’autonomie de mon enfant », explique Cathy.  Même regard du côté de Myriam : « notre seule arme est de maintenir la tête haute, d’essayer de ne pas trop penser au couperet et de cacher l’inquiétude à ses enfants ».

Se réparer en aidant d’autres parents victimes de signalement

Après un non-lieu, la reconstruction des deux mamans s’est faite grâce aux associations, aux réseaux sociaux et à l’aide qu’elles procurent maintenant aux autres. Leur engagement est une « façon de se réparer », raconte Myriam. Mais aussi d’éviter que cela n’arrive à d’autres en les incitant à dialoguer avec les écoles et établissements, à transmettre des fiches sur le handicap de l’enfant ou à les guider vers des spécialistes. Éviter l’engrenage d’une information préoccupante, en attendant d’autres évolutions…

Avis d’expert sur l’information préoccupante et signalement

Sophie Janois, Avocate au barreau de Paris, spécialiste du droit de la santé (dont autisme/TDAH/DYS) et des établissements médico-sociaux.

J’aide régulièrement des parents victimes d’un signalement abusif. La règle n°1, c’est de répondre le plus sincèrement possible à l’enquête des services sociaux, mais sans être trop vindicatif, car cela peut être mal perçu et se retourner ensuite contre les parents. Il faut penser à adopter le principe de double réponse qui montre la nuance. À la question : « Que faites-vous quand votre enfant pleure ? », répondez par exemple, « ça dépend, soit c’est un caprice soit il a un problème et je vais chercher à l’aider ». En tant qu’avocate, je ne peux pas intervenir juridiquement au stade de l’information préoccupante. Je conseille aux parents d’enfants handicapés d’obtenir des attestations démontrant le caractère neurologique - et non éducatif - de son comportement, auprès de médecins. Si un signalement abusif est malgré tout déclenché, j’incite les parents à consulter le dossier auprès du greffier, au préalable. Pour connaitre les faits exacts reprochés et démentir certains faits. Lors du passage devant le juge, je conseille aux parents de ne pas nier la situation et de montrer ce qu’ils font pour le bien de l’enfant (dialogue avec l’école, association, consultations médicales). Et bien sûr, lorsque les parents sont séparés, il est important qu’ils se mettent d’accord au préalable et se soutiennent lors de l’audition !
13 septembre 2018

Vers une crise de logements programmée pour les personnes âgées et handicapées

article publié sur La Gazette des communes

Publié le 10/09/2018 • Par Auteur associé • dans : France, Opinions

Handicap credits : vege

L’article 18 du projet de loi sur l'évolution du logement et l'aménagement numérique (Elan) met fin à l'obligation de 100% de logements neufs accessibles, signe le retour aux quotas et promeut le concept de « logements évolutifs ». L'architecte-urbaniste, spécialiste des questions d'accessibilité, Soraya Kompany tire la sonnette d'alarme.

Soraya Kompany

Soraya Kompany

Architecte-urbaniste, consultante accessibilité

Depuis plusieurs mois nous sommes face à un débat d’une autre époque pour savoir quel est le taux de logements neufs auxquels les personnes en situation de handicap ou de dépendance auront droit d’accéder. De 5% proposé par le Gouvernement, il est passé à 10% à l’Assemblée nationale pour être fixé à 30% par le Sénat. Au fond, peu importe le taux retenu in fine, c’est ce retour en arrière vers le principe de quotas qui m’interpelle. Comment le législateur peut-il imposer une telle mesure de discrimination, alors qu’il a promulgué trois lois depuis 1975 pour reconnaitre à ces personnes les droits pleins et entiers d’accéder à tous les services de la Cite et transposé en droit français la convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées ?

Cette mesure n’a d’autre conséquence que la promotion de la ségrégation par le logement dans une société en pleine évolution démographique avec le vieillissement de sa population et les attentes en matière de confort et de qualité de vie qui en découlent. Le principe de quotas de logement réservés aux personnes handicapées date de 1966 et supprimé par la loi de 1975 qui a rendu obligatoire l’accessibilité de tous les bâtiments d’habitation neufs.

Avec la loi Elan, les personnes âgées ou handicapées n’auront plus la possibilité de choisir leur logement, ni à l’achat, ni en location. Aucun promoteur, aucun bailleur public ou privé, ne bloquera son quota de logements accessibles en attendant l’arrivée d’un acquéreur ou d’un locataire concerné. Soit elles devront arriver parmi les premières pour obtenir un logement accessible, soit elles devront chercher longtemps pour en trouver un et lorsqu’elles en trouveront, il risquera d’être situé dans les parties les moins nobles du bâtiment et souvent au rez-de-chaussée : c’est bien de ségrégation qu’il s’agit.

Il en va de même dans le parc social, où le quota imposé répondra à peine aux besoins des locataires déjà en place, de plus en plus vieillissants et en quête de logements accessibles.

Le logement « évolutif » une source de conflits

Au principe de quotas, la loi ajoute un autre concept celui du logement évolutif qui risque en réalité d’aggraver l’accès au logement des personnes handicapées ou âgées et d’être source de conflits entre les locataires et les propriétaires. En effet, dans le secteur privé, vu la tension qui existe sur le marché du logement, la question se posera : quel propriétaire acceptera que l’on modifie son logement pour le mettre aux « normes handicap » souvent considérées comme « dégradante » ? On le constate déjà, les propriétaires sont réticents à accepter des locataires âgés ou handicapés, à qui ils ne peuvent pas facilement donner congé. Alors, avec cette mesure, quelle raison auraient-ils de louer leur logement à des personnes qui seraient susceptibles de déplacer des cloisons et de changer la configuration de leur bien ? De même, Ils n’auront aucune raison non plus d’autoriser leurs locataires en place de mener des travaux de redistribution de volume pour rendre le logement accessible, quand bien même ces travaux seraient financés par le locateur. Les propriétaires pourront facilement utiliser le délai de deux mois que la loi leur a accordé pour refuser la demande du locataire, lequel se verra obligé soit de quitter le logement soit de vivre dans un logement non adapté à ses déficiences.

Quant au parc social, les bailleurs auront l’obligation de garantir la mise en accessibilité des logements et d’assurer les travaux de réversibilité uniquement pour les locataires administrativement reconnus invalides. Or, toutes les situations de handicap ne bénéficient pas d’une telle reconnaissance et c’est encore plus compliqué pour les personnes âgées. Les délais d’attribution de logements sociaux, déjà très longs, vont s’alourdir avec la loi Elan. Dans des grandes agglomérations, les exemples de trois à quatre ans d’attente pour des personnes handicapées, et donc pourtant prioritaires, ne manquent pas.

Ainsi, la loi Elan et le principe de logement évolutif vont-ils sans doute conduire à une dégradation certaine des conditions d’accès au logement des personnes en situation de handicap et de dépendance. Elles n’ont pas toutes la possibilité de devenir propriétaires, elles se verront donc obligées de se retourner vers les établissements. C’est, peut-être l’objectif visé par la loi Elan…


 

Focus

Logement évolutif plus cher qu’un logement accessible

La prise en compte de l’accessibilité dès la conception d’un immeuble a un impact négligeable sur le coût de la construction. Il a été estimé à environ 4% , chiffre que l’administration a d’ailleurs retenu  dans un rapport remis au gouvernement en septembre 2012. En revanche, le coût est beaucoup plus élevé pour faire évoluer un logement puisqu’il faut intervenir dans un bâtiment déjà construit et en site occupé. C’est un élément que le législateur a manifestement ignoré, car il s’est appuyé sur l’avis de quelques architectes de l’ancienne école qui n’ont pas encore adhéré aux nouvelles techniques de conception universelle, pourtant largement utilisées dans les autres pays européens.

13 septembre 2018

Questionnaire CNSA -> Ce questionnaire vous permet de donner votre avis sur votre MDPH

 

Introduction Questionnaire CNSA

Ce questionnaire vous permet de donner votre avis sur votre MDPH. Le questionnaire est facile à lire et à comprendre pour que tout le monde puisse le lire et y répondre. Vous ne donnez pas votre nom : personne ne saura vous identifier au travers de vos réponses.

http://mamdph-monavis.fr

 

12 septembre 2018

Autisme : les nouvelles recommandations de la HAS

 

Autisme : les nouvelles recommandations de la HAS

La Haute Autorité de Santé (HAS) vient d'éditer de nouvelles recommandations de bonnes pratiques (RBP) pour tenter d'améliorer le parcours diagnostique des familles concernées par l'autisme (depuis le repérage des signes d'alerte jusqu'à l'information aux familles, en passant par les évaluations diagnostiques). Ces RBP sont destinées aux professionnels .

https://blog.francetvinfo.fr

 

12 septembre 2018

A Poses (27), une classe réservée aux enfants autistes fait sa rentrée

article publié sur France 3 Normandie

Thomas, Elyes et Cheyenne en plein jeu avec leurs accompagnants / © France 3 Normandie / Emmanuelle PartoucheThomas, Elyes et Cheyenne en plein jeu avec leurs accompagnants / © France 3 Normandie / Emmanuelle Partouche

Par Emmanuelle PartouchePublié le 11/09/2018 à 16:58

Manon, Thomas, Cheyenne et Elyes ont entre 7 et 10 ans. Tous sont réunis dans cette classe unique en France, qui a ouvert ses portes ce lundi 3 septembre.

Crée par l'association l'Oiseau bleu, cette structure est réservée aux enfants autistes avec des déficiences intellectuelles associées. Les quatre élèves éprouvent tous des difficultés à parler.

Nos équipes ont pu passer une journée dans cette classe pas comme les autres. Voyez leur reportage. 

"Dès qu'on est arrivé, les équipes m'ont parlé des capacités de Thomas, de ce qu'il savait faire. En milieu ordinaire, c'est l'inverse."

Karine Harnish, maman de Thomas, 10 ans, scolarisé en milieu ordinaire auparavant. Le garçon a eu 7 AVS en 6 ans.

A Poses (27), une classe réservée aux enfants autistes fait sa rentrée

Au delà de l'école

Structure privée, les Nids bleus - c'est le nom de la classe- n'ont pour l'heure pas de contrat avec l'Education nationale. Mais la classe est actuellement hébergée gratuitement par la municipalité de Poses (27) dans l'école communale. Elle peut accueillir jusqu'à 6 enfants.

Enseignant, éducateur spécialisé, AVS, aide médico-psychologiques... les professionnels sont nombreux aux côtés des enfants. Car l'objectif fixé va bien au-delà de l'enseignement.

Les temps pédagogiques le matin sont suivis de temps d'apprentissage pour acquérir davantage d'autonomie. Plusieurs matinées par semaine, les élèves sont aussi accompagnés par une orthophoniste et une psychologue formée à la méthode ABA. L'intérêt est d'éviter aux enfants de passer leurs journées sur les routes entre l'école et les établissements de soins.

Un financement pluriel

Le budget annuel de la classe s'élève à 110 000 euros.

Seule la communauté d'agglomération Seine-Eure, à laquelle appartient Poses, a accepté de participer au financement à hauteur de 40%. Le reste est financé par des actions de solidarité menées par l'association l'Oiseau bleu.

Pour les parents, le coût mensuel s'élève à 220 euros, cantine incluse. Un dossier peut être monté auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées pour prendre en charge une partie de ce coût.

Si le projet fonctionne, Georgio Loiseau, le président de l'association l'Oiseau bleu et le directeur des Nids bleus, espère ouvrir d'autres classes de ce type en France. Et pourquoi pas tisser davantage de lien avec l'Education nationale.
 

11 septembre 2018

Les mutations liées à l’autisme modifient l’équilibre des bactéries intestinales

Par dans Eclairage scientifique

Ce texte est la traduction d’un article paru dans Spectrum News « Autism mutation alters balance of gut bacteria in mice », Jessica Wright, juin 2018

Une nouvelle étude (1) montre que les souris avec une mutation dans un gène de l’autisme supérieur appelé SHANK 3 ont un niveau élevé d’altération de certaines bactéries intestinales.

 

 

Nourrir les souris avec Lactobacillus reuteri, un microbe trouvé dans le yaourt et les probiotiques (note personnelle extraite de wikipédia : les probiotiques sont des micro-organismes vivants, bactéries ou levures, qui, ajoutés comme compléments à certains produits alimentaires comme les yaourts ou les céréales, et ingérés en quantité adéquate, sont censés conférer un bénéfice en matière de santé à l’hôte sain) soulage certains de leurs problèmes.

Les premières preuves suggèrent que les personnes autistes ont aussi un microbiote intestinal modifié – la collection de bactéries dans leurs intestins. Une petite étude publiée l’année dernière fait allusion au fait que l’utilisation d’une transplantation de bactérie chez les enfants autistes peut soulager leurs malaises digestifs  et même leurs difficultés sociales.

Les nouveaux résultats offrent des preuves toutes fraiches pour soutenir cette idée. Ils révèlent aussi une connexion entre les gènes de l’autisme et la flore intestinale.

"Je pense que c’est important de prendre du recul et de regarder comment la génétique de l’autisme elle-même pourrait peut-être changer le microbiote"

 

dit le chercheur en chef Evan Elliott, professeur assistant en neurosciences comportementales et moléculaires à l’université de Bar-Ilan en Israël.

Le travail fait aussi allusion à une explication de la manière dont les bactéries affectent le comportement : au travers d’un message chimique appelé acide gamma-aminobutyric (GABA)

L’étude est remarquable, car elle lie les facteurs génétiques et environnementaux de l’autisme, dit Sarkis Mazmanian, professeur de microbiologie à l’Institut Californien de Technologie à Pasadena, qui n’était pas impliqué dans l’étude.

 

Le repas microbien

La mutation SHANK3 est présente chez environ 2 % des personnes autistes. Elliott et ses collègues ont observé les échantillons de selles de 31 souris avec une mutation SHANK3 et 27 souris contrôles.

Les chercheurs ont découvert que les souris mutantes avaient une diversité moins importante dans leur microbiote que celles de l’échantillon contrôle.

Certaines souris avaient une absence complète de certaines espèces de bactéries, et un niveau plus faible d’autres bactéries, incluant L. reuteri.  Les niveaux de deux espèces de bactéries, provenant du gène Veillonella, sont aussi anormalement bas chez les femelles mutantes, et une d’elles est anormalement abondante chez les mâles mutants.

Une étude de 2016 a trouvé que L. reuteri restaure le comportement social chez les souris nées avec un microbiote déséquilibré.

Dans la nouvelle étude, L. reuteri stimule également l’intérêt des souris mâles – mais pas l’intérêt des femelles, auprès des autres souris

Nourrir les souris mutantes avec la bactérie diminue aussi le nombre de billes qu’elles enterrent – un test des comportements répétitifs et restreints des souris.

Pour autant, la pertinence de ces résultats pour les personnes autistes n’est pas claire, dit Jil Silverman, professeure associée de psychiatrie et de sciences du comportement à l’université de Californie, au David MIND Institute, qui n’était pas impliquée dans la recherche. Les mutants sont généralement lents, ce qui peut fausser les résultats des tests, dit-elle.

La recherche est parue le 19 mai dans Brain Behavior and Immunity.

 

Une connexion chimique

Les chercheurs ont aussi enquêté sur la manière dont la bactérie pourrait affecter le comportement. Une étude de 2011 a signalé que nourrir les souris avec une autre espèce de Lactobacillus modifie dans le cerveau l’expression du récepteur pour GABA2 (2). La bactérie sécrète des molécules grasses avec une structure chimique similaire à celle de GABA, et cela peut modifier l’expression des récepteurs au travers une boucle de retour, dit Elliott.

L’équipe d’Elliott a exploré plus loin les connexions GABA, mesurant les niveaux de L. reuteri et l’expression des récepteurs GABA du cerveau chez les mutants.

Ils ont découvert que les niveaux de bactéries intestinales suivaient ceux de trois types de récepteurs GABA dans le cerveau. Nourrir les souris avec L. reuteri augmente l’expression de l’ensemble des trois types de récepteurs.

SHANK3 est exprimé dans les neurones de l’intestin et pourrait altérer le microbiome au travers de ces neurones, dit Elliott. Alternativement, cela peut modifier les niveaux de certaines hormones qui affectent l’intestin.

Elliott et ses collègues évaluent la diversité microbienne dans les intestins des personnes autistes qui portaient certaines mutations.

 

REFERENCES:

  1. Tabouy L. et al. Brain Behav. Immun. Epub ahead of print (2018) PubMed
  2. Bravo J.A. et al. Proc. Natl. Acad. Sci. USA 108, 16050-16055 (2011) PubMed
11 septembre 2018

Dominique Perriot : du handicap aux personnes âgées

Handicap | Saint-Mandé | 11/09
Par C.Dubois

Dominique Perriot


Directeur de l’Institut Le Val Mandé (ILVM), un lieu historiquement dédié aux aveugles et aujourd’hui ouvert à un public plus large, allant des jeunes autistes aux personnes polyhandicapées, Dominique Perriot s’apprête à prendre la tête d’un groupement de 13 Ehpad publics, toujours dans le Val-de-Marne, en succession de Richard Tourisseau. Un nouveau défi après 9 ans passés à développer et « ouvrir » l’institution saint-mandéenne.  Entretien.

« Cela fait neuf ans que je suis au Val Mandé et je partirai en retraite dans trois ou quatre ans. Il y a une bonne équipe ici et j’avais envie de me lancer un défi personnel avant la retraite, d’autant qu’il y a beaucoup d’affectif dans cet établissement où tout le monde se connaît, et que je ne me voyais pas partir sans transition ! Je souhaitais aussi rester dans le Val-de-Marne où il y a des acteurs très attentifs aussi bien à la solidarité qu’aux personnes âgées. J’ai donc eu envie de me lancer dans ce nouveau challenge alors que Richard Tourisseau part en retraite. J’ai conscience que les moyens accordés aux personnes âgées ne sont pas les mêmes que pour les personnes handicapées et que le défi est là. Je ferai ce que je pourrai, je reste humble », confie le directeur de l’ILVM, qui rejoindra le Groupement de coopération sociale et médico-Sociale Les Ehpad publics du Val de Marne d’ici le premier octobre, à la tête de 13 Ehpad et un millier d’agents, et au service d’un millier de résidents.

Resté neuf ans à l’ILVM, Dominique Perriot résume les objectifs qu’il y a poursuivis en trois axes, la modernisation-extension et mise en accessibilité des locaux, la diversification des types de handicaps accueillis avec notamment la création d’une structure d’accueil de jeunes autistes et l’accueil croissant de poly-handicapés nécessitant plus de soins, et l’ouverture vers la ville.  voilà comment Dominique Perriot résume en très bref ses neuf années consacrées à l’Institut Le Val Mandé. « J’ai essayé d’ouvrir le Val Mandé vers la ville et réciproquement. Nous accueillons des expositions, nous avons ouvert le self aux retraités de la ville. L’objectifs était que le Val Mandé soit un lieu public dans lequel on entre sans peur, et qu’il y ait une liberté d’aller et venir des usagers. Cette ouverture et ces partenariats sont nécessaires pour que les personnes handicapées soient reconnues comme des personnes à part entière« , motive le directeur de l’établissement.  Des partenariats avec les écoles pour les plus jeunes et aussi des nouvelles formules à inventer pour les plus âgés. « Il y a un pont à créer entre les personnes âgées handicapées et les personnes âgées. Peut-être en mobilisant les financeurs et les acteurs pour créer des sections spécialisées d’accueil des personnes handicapées âgées ou d’accueil des personnes âgées handicapées. Dans notre section de personnes handicapées, nous avons des usagers de 25 ans et d’autres de 73 ans. Pas facile avec une telle différence de construire un projet de vie en commun. » Un sujet que le futur directeur des Ehpad pourra emmener dans ses cartons.

Dominique Perriot demeure par ailleurs président du Comité National du FIPHFP (Fonds d’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique)  jusqu’au prochain renouvellement prévu début 2019. Au sein de l’ILVM, le nouveau directeur ou la nouvelle directrice ne prendra ses fonctions qu’au début 2019 après une phase d’annonce et de recrutement.

11 septembre 2018

Affaires sensibles sur France inter -> La bataille de l'autisme – L’histoire d’un mal français

AFFAIRES SENSIBLES

Fabrice Drouelle

mardi 11 septembre 2018

par Fabrice Drouelle

54 minutes

À chaque président sa grande cause. Après le « plan cancer » de Jacques Chirac en 2003, le « plan Alzheimer » de Nicolas Sarkozy en 2008 – Emmanuel Macron annonce en avril dernier son « plan autisme », le quatrième du nom. Invitée Julie Bertuccelli auteure d'un documentaire sur le quotidien d'un écrivain autiste.

C'est un immense défi dans un pays qui a accumulé un profond retard dans le diagnostic précoce et la prise en charge des personnes autistes. Ils seraient 700 000 dans notre pays et concernerait 1 naissance sur 160. Il était temps de se pencher sur le problème…

Mais de quoi parle-t-on exactement ? Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, l’autisme est un trouble envahissant du développement qui affecte les fonctions cérébrales. Apparaissant avant l’âge de 3 ans, ces anomalies sont en partie génétiques, mais on soupçonne des facteurs environnementaux comme certains perturbateurs endocriniens. Il existe différentes formes et différents degrés d’autisme – le terme utilisé aujourd’hui est d’ailleurs « troubles du spectre de l’autisme » – qui se caractérisent par un isolement, une difficulté au langage et à la relation à autrui, ainsi que des comportements stéréotypés et répétitifs.

Pourtant cette définition n’a pas toujours fait consensus – loin s’en faut, et la France fait figure d’exception. Pendant des décennies, elle s’est obstinée à considérer l’autisme comme un problème psychologique, dus à une relation maternelle contrariée… Psychanalystes versus scientifiques : récit d’une bataille française aux conséquences désastreuses. 

Invitée Julie Bertuccelli 

La cinéaste Julie Bertuccelli a réalisé en 2016 Dernières nouvelles du cosmos : une immersion bouleversante dans le quotidien de Babouillec, écrivain autiste sans parole.

Reportage

A quoi ressemble le quotidien des parents d’enfants autistes aujourd’hui ?

Notre reporter Anaëlle Verzaux a passé une journée avec Noa un enfant autiste de 8 ans, et ses parents. Noa est le dernier d’une fratrie de trois enfants. Ils habitent une maison à Courtry, en Seine et Marne. Depuis la naissance de Noa, ses parents ont changé de ville, de maison, et la mère a dû arrêter de travailler.

Ressources

Biblio : 

- La cause des autistes, de Sophie Janois (éditions Payot en 2018)
- L'empereur, c'est moi, de Hugo Horiot (éditions de l'Iconoclaste en 2013, puis livre de Poche en 2015)
- Le petit prince cannibale, de Françoise Lefèvre,(éditions Actes Sud en 1990)
- Algorithme éponymeet autres textes de Babouillec, chez Rivages-Payot , 2018
- Rouge de soi,Babouillec, Rivages-Payot, 2018

Documentaires :

- Le cerveau d'Hugo, de Sophie Révil, (2012) produit par Elzévir Films et Escazal Films.
- Un autre regard sur la folie, Daniel Karlin (1975)

Programmation musicale:

SOKO : I thought I was an alien
THE BEATLES : The fool on the hill
DOMINIQUE A : Enfants de la plage

Les invités
Julie Bertuccelli

Réalisatrice, scénariste, présidente de la Scam

L'équipe
Fabrice DrouelleJournaliste
Christophe BarreyreKhoi NguyenMargaux OpinelAnaëlle VerzauxReporter
Valérie PrioletAttachée de production
Murielle PerezProgrammatrice musicale
11 septembre 2018

Sophie Cluzel : sur le handicap, "il nous faut donner ​des preuves aux familles"

article publié sur la Nouvelle République

Publié le 10/09/2018 à 05:00 | Mis à jour le 10/09/2018 à 10:13

Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées promet que des annonces fortes seront faites fin septembre.

Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées promet que des annonces fortes seront faites fin septembre.
© (Photo PQR Ouest-France)

Issue du monde associatif oeuvrant sur les questions de handicap, Sophie Cluzel, secrétaire d’état chargée des personnes handicapées est en Touraine ce lundi. Avec un message de soutien à l'ensemble des structures travaillant dans ce domaine. 

En marge du séminaire de rentrée des députés La République en Marche à Tours,  la secrétaire d'Etat, auprès du premier ministre, chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, est en Touraine pour aller à la rencontre des équipes de l'Esat des Boisnières, à Château-Renault (Indre-et-Loire) puis celles du foyer de l'Adapei de Vouvray, touché en 2014 par le crash d'un avion.  Elle vient avec un message de soutien à ces structures promettant de prochaines évolutions dans l'accompagnement des encadrants, ainsi que dans la simplification des démarches. 

Une semaine après la rentrée quel bilan faites-vous de l’accueil des élèves handicapés ? 

Sophie Cluzel. "La rentrée bien anticipée s'est bien passée et je salue la communauté éducative. Pour autant, il y a encore des difficultés pour certaines familles (notamment l'absence d'auxiliaires de vie scolaire NDLR) mais nous ne sommes pas au courant de toutes les situations individuelles, c’est pour cela que j’engage les familles à appeler la cellule aide handicap à l’école au numéro non surtaxé – 0.800.730.123 – puisque dans ces cas-là, l’Éducation nationale peut agir localement et trouver des solutions individuelles."


175.000

C'est le nombre d'élèves, sur les 340.000 en situation de handicap scolariés en 2017-2018, qui ont besoin d'être accompagnés soit pour l'apprentissage, soit pour la socialisation, soit pour les gestes de la vie quotidienne. 


"Je tiens à dire aux familles, aussi, que pour 340.000 élèves qui ont pris le chemin de l’école cette année – 6 % de plus par rapport à l’an passé – nous avons voulu une école plus accueillante, avec des parcours plus personnalisés. 175.000 élèves ont besoin d’être accompagnés et sur des temps très variables soit pour l’apprentissage, soit pour la socialisation, soit pour les gestes de la vie quotidienne… L’école inclusive est une réalité dans beaucoup d’endroits en France mais nous devons l’accélérer."

Sur quels axes le gouvernement travaille-t-il pour améliorer cet accueil ? 

"Au sujet des besoins éducatifs, qui sont très variés, nous devons mettre en place une pédagogie adaptée. C’est le grand chantier de l’école inclusive cette année. Nous développons des pôles d’accompagnement de ressource au plus près des groupes scolaires, avec une plateforme de ressources numérique pour offrir aux enseignants les adaptations pédagogiques nécessaires, selon les troubles et les besoins des jeunes, mais aussi l’accès à des enseignants ressource spécialisés."

"Il y a aussi un maillage des classes Ulis sur le territoire à améliorer – 60 % des collèges, 60 % des lycées professionnels actuellement – pour éviter que l’élève handicapé doive sortir de sa zone de vie géographique et puisse aller à l’école avec ses frères et sœurs."

Votre première étape en Touraine se fait dans l’Esat des Boisnières, à Château-Renault. Avec quel message ? 

"On a maintenant des leviers aussi bien financiers que juridiques pour mieux accompagner les parcours des personnes en situation de handicap, mieux penser les services, l’habitat inclusif... C’est tout l’enjeu de ma feuille de route : travailler avec les associations gestionnaires pour aider les professionnels du médico-social à œuvrer différemment, à sortir des murs et accompagner la personne là où elle a envie d’être : à l’école, en entreprise, chez soi."

"Cet Esat qui fait partie du groupe SOS est en pleine restructuration. C’est un vrai changement de posture professionnelle. Je tenais à y aller pour leur dire que nous allons les accompagner et que l’Agence régionale de santé, les élus locaux sont tous mobilisés."

"Le handicap ne doit pas être un motif pour priver les personnes majeures sous tutelle du droit de vote"

Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées

Comment faire, selon vous pour que les personnes handicapées soient mieux intégrées ? 

"D’abord, il faut qu’on change le regard des Français en général sur le handicap. Les personnes handicapées sont des citoyens qui font partie de la société. Il faut que les Français aient une présomption de compétence au sujet de ces personnes. Cela passe par de petits gestes du quotidien. S’ils sont plutôt dans l’empathie, les Français se sentent souvent impuissants face à la personne handicapée et se tournent vers l’État. Mais c’est aussi l’affaire de chacun d’avoir un regard bienveillant." 

"Nous avons activé des leviers budgétaires pour accompagner cette transformation, notamment en terme de formation professionnelle, nous travaillons aussi dans un projet de loi sur l’habitat inclusif, dans un autre sur l’accès aux crèches et aux centres de loisirs en bonifiant financièrement les structures accueillantes. On ne nie pas les problématiques d’accompagnement et les besoins spécifiques, au contraire, on accompagne et on travaille beaucoup plus dans le droit commun."

Et dans l’entreprise ? 

"Dans le projet de loi “ liberté de choisir son avenir professionnel “, élaboré avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud, nous avons enclenché pour les entreprises un grand mouvement de simplification sur les déclarations. Nous voulons les automatiser pour que ce ne soit plus un argument de lourdeur administrative derrière lequel se cachent les entreprises."

"On veut ouvrir des droits à vie et alléger administrativement le travail des équipes"

Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées

"Le deuxième enjeu est qu’on donne de la lisibilité et de la visibilité à tous les dispositifs qui existent sur un territoire. Ils sont extrêmement complexes pour le chef d’entreprise mais aussi pour le travailleur handicapé. Nous avons donc une deuxième série de concertations qui s’ouvre avec tous les acteurs : patronaux, syndicaux, les acteurs eux-mêmes, chefs d’entreprise pour simplifier l’accès et unifier ces dispositifs pour qu’ils soient plus complémentaires."

"Enfin, nous voulons rétablir une relation de confiance avec les institutions. Aujourd’hui toutes les familles nous disent que c’est trop compliqué notamment quand on doit refaire, tous les trois ans, un dossier à destination de sa maison départementale des personnes handicapées. Dire, tous les trois ans qu’on a une paralysie, une myopathie, une trisomie… alors que ce sont des handicaps qui ne peuvent évoluer positivement. On veut ouvrir des droits à vie et alléger administrativement le travail des équipes."

Un de vos combats est de rendre le droit de vote aux personnes handicapées sous tutelle. En quoi est-ce une priorité ?

"C’est un regard différent qu’on pose sur la personne. Une personne comme les autres. Pour vous comme pour moi, le plein exercice de la citoyenneté s’exprime dans le droit de vote. Donc le handicap ne doit pas être un motif pour priver ces personnes majeures sous tutelle du droit de vote. On est en train d’y travailler, sur le plan législatif, puisque le président Emmanuel Macron l’a annoncé lors du Congrès de Versailles."

Vous venez du monde associatif lié au handicap. Comprenez-vous mieux, aujourd’hui la frustration de familles qui vivent elles dans une urgence permanente et se heurtent au temps politique ? 

"J’en suis extrêmement consciente, l’ayant vécu et le vivant moi-même toujours. Donc il nous faut donner des preuves aux familles qui, je le sais, veulent des changements rapides. Des preuves que nous les entendons est que nous faisons ce qu’il faut pour changer la donne au plus près d’elles, à travers la simplification et l’accès aux droits, notamment."

"Nous allons avoir des annonces fortes avec le Premier ministre fin septembre qui vont vraiment changer la donne au quotidien. Ce que nous engageons c’est du moyen terme et du long terme pour améliorer la vie de tous les jours."

10 septembre 2018

“Lumières!” interviewe J. Van Rillaer sur la psychanalyse, la psychologie et les TCC

23 août 2018
Par Blog : Le blog de Jacques Van Rillaer

La chaîne “Lumières !” sur YouTube défend les vertus de la raison et de la méthode scientifique. Elle se veut progressiste et humaniste. Après avoir interviewé Sokal et Bricmont, elle interroge Jacques Van Rillaer sur les problèmes de la psychanalyse, de la psychologie scientifique et des thérapies cognitivo-comportementales.

La chaîne « Lumières ! », une initiative de Laurent Dauré sur YouTube   https://www.youtube.com/channel/UCRgmiavM1y02FhBel0rHcRQ

promeut les vertus de la raison, de la méthode scientifique et d’une pratique intellectuelle attachée à la clarté, à la précision, à l’objectivité, à la vérité. Elle se veut dans la filiation des Lumières : progressiste et humaniste.

Les premiers interviewés ont été Alan Sokal et Jean Bricmont, à l’occasion du 20e anniversaire de la parution de leur ouvrage Impostures intellectuelles. Il est question notamment du canular de Sokal et de quelques autres, du relativisme cognitif, du post-modernisme, de la psychanalyse lacanienne, de Kristeva, de Badiou, de la nouvelle gauche.  1ère partie : https://www.youtube.com/watch?v=4N04Z-0amII

Dans la 2e interview, Jacques Van Rillaer est interrogé sur la psychanalyse, la psychologie scientifique et les thérapies cognitivo-comportementales.

lumieres-itv-2018

1ère partie (42m) : https://www.youtube.com/watch?v=iPpRoSal-bs

- L’originalité des découvertes freudiennes (2’30). Quid des lapsus (5’20) et des rêves (8’10) ?

- La question de la suggestion chez Freud (12’20)

- Le concept d’inconscient : son histoire (13’), la conception freudienne (13’40)

- Le complexe d’Œdipe (14’30) et le conflit avec Jung (16’15)

- Le concept de refoulement comme moyen de rendre la doctrine irréfutable (18’)

- Les conflits d’interprétation et la psychiatrisation des opposants (21’)

- La topique freudienne (ça, moi, surmoi) (22’40)

- Le transfert et l’importance des relations passées (24’10)

- L’histoire d’Anna O., cas fondateur (27’30), et de Dora, soi-disant “hystérique” (31’)

- Les autres cas célèbres : Schreber (32’40), Hans, l’Homme aux rats, l’Homme aux loups

- Le petit nombre des patients de Freud guéris (33’15) ;

- L’effet de détérioration (37’)  http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2574

- L’enseignement de la psychanalyse dans “La France freudienne” (40’15)

- Les objectifs de la revue Science et pseudo-sciences, http://www.pseudo-sciences.org/

2e partie (42m) : https://www.youtube.com/watch?v=zgU5IFWSLSE

- La définition de la science ; les différents types de sciences (2’)

- La psychanalyse comme discipline herméneutique (3’30)

- Les règles de l'interprétation. Les faiblesses de l’épistémologie freudienne (4’).

- Popper et le critère de réfutabilité (4’15)

- Quelques règles de la recherche scientifique (8’)

- La diversité des Écoles de psychanalyse (12’)

- Le conditionnement des thérapeutes par leurs premiers succès (15’)

- L’idée de didactique (Jung) pour surmonter les conflits d’interprétations (16’)

- L’auto-analyse de Freud : plus une légende qu’une réalité (17’20)

- Le conditionnement des analysés et des psychanalystes (19’)

- La femme selon Freud et Dolto (21’50)

- Explications du succès du lacanisme : le “mix” avec de la philo (27’), la porte grande ouverte aux non-psychologues et non-psychiatres (30’30)

- L’enquête de l’A.I.P. sur la pratique de Lacan (32’), “l’excommunication” de Lacan (32’30),

- La création de l’École lacanienne (EFP) (33’) et l’abondance des lacaniens (33’50)

- Les aveux de Lacan à la fin de sa vie : signe de démence ou clairvoyance ? (36’)

- Le style de Lacan ; son côté “charlacanesque” illustré par des phrases sibyllines (40’15)

3e partie (39m) : https://www.youtube.com/watch?v=s13BydhQJmI

- La question de l’efficacité de la psychanalyse notamment pour les phobies (1’50), les inhibitions sexuelles (4’), les paraphilies, les TOC, la dépression (5’)

- Le rapport de l’INSERM (7’)

- L’effet placebo (9’30)

- Les clients des psychanalystes. Les « bénéfices » de la cure (11’30)

- Les facteurs thérapeutiques communs aux thérapies (16’)

- La durée des cures (18’15)

- L’effet de l’investissement et des petites récompenses (18’30)

- Comment aider les accros à la psychanalyse ? (20’30)

- Le film de Sophie Robert sur quatre déconvertis de la psychanalyse (24) :

https://www.dailymotion.com/embed/video/x37mnmz_les-deconvertis-de-la-psychanalyse_school

– Le statut des analystes lacaniens qui ne sont ni psychiatres ni psychologues (24’50)

- Succès des alternatives à la psychanalyse : mindfulness, hypnose, coaching, TCC (26’)

- Le succès de la psychanalyse dans le milieu culturel et artistique (28’30)

- Lacan a fait de la philosophie en disant qu’il faisait de la psychanalyse

- Les analystes toujours prêts à être interviewés sur n’importe quoi (30’40)

- Les erreurs de Mme Roudinesco sur la psychanalyse, son ignorance de la psychologie scientifique, (32’30), son refus de débattre au Nouvel Observateur sur Le Livre noir de la psychanalyse (35)

- L’impératif du remplissage des médias papiers (37’30)

4e partie (33m) : https://www.youtube.com/watch?v=gqgN-S09144

- Définition de la psychologie scientifique ; les critères de scientificité

- La psychologie découvre des processus qui permettent des traitements efficaces (1’20)

- Exemple : l’explication et le traitement des TOC (1’40)

- Les thérapies comportementales et cognitives : un titre non légalisé (3’45), les associations (4’40), la formation (6'15),

la diversité des pratiques, les critiques de Miller et de Roudinesco (7,25), les principes (7’40), le traitement des phobies (10’25), les facteurs de réussite (12’40).

- L’intérêt (limité) de la bibliothérapie (13’15)

- L’importance de la gestion de soi, notamment pour la santé physique (14’)

- La revue Science et pseudo-sciences (19’25)

- Le peu de validité du test de Rorschach (19’30) et la non-validité du test de l’arbre (23’20)

- L’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS) (23’50)

- Retour sur la futilité de la logomachie lacanienne (25’50)

- Les objectifs de la critique de la psychanalyse : informer, aider (30’20)

- Retour sur les indications de la psychanalyse et sur ses résultats (30’40).

10 septembre 2018

Le test des taches d’encre de Rorschach : sa place ne serait-elle pas au musée ?

Science et pseudo-sciences n°324 - avril / juin 2018

L'Auteur

Jacques Van Rillaer est professeur émérite de psychologie à l’université de Louvain. Il est membre du comité de parrainage de l’Afis et de la revue Science et pseudo-sciences

 

 

 

 

 

Au milieu du XIXe siècle, Justinius Kerner, médecin allemand et poète romantique, stimulait son imagination par un jeu d’enfance : il faisait des taches d’encre sur des feuilles, les pliait en deux et s’inspirait des formes obtenues pour écrire des poèmes. En 1857, il publia un recueil de cinquante taches et autant de poèmes : Die Klecksographie. Le mot Klecks signifie « tache d’encre ». C’est le surnom de Rorschach quand il entra dans une confrérie d’étudiants ([1] p. 31). Des camarades avaient sans doute observé son intérêt pour ce qui allait définitivement s’associer à son nom.

Le test de Rorschach : le « projectif » exemplaire

Les tests dits « projectifs » reposent sur l’utilisation de matériaux imprécis (taches d’encre, dessins, mots, etc.). Le testé est invité à énoncer ce qui lui vient à l’esprit au moment où il perçoit le matériel. Les réponses sont censées être des « projections » d’aspects cachés, inconscients ou refoulés que le testeur décode, le plus souvent comme étant des symboles de l’arrière-monde psychologique. Le test de Rorschach, composé de dix taches d’encre standardisées, est le plus célèbre et le plus utilisé de ces tests.

Actuellement (février 2018), taper « Rorschach + test » dans Google Scholar donne 80 000 réponses. La première des taches (habituellement perçue comme une chauve-souris ou un oiseau), symbolise souvent la psychologie, tout comme le divan de Freud symbolise la psychanalyse.

Dans son manuel, Rorschach écrivait qu’« il est impossible de donner des instructions proprement dites pour le dépouillement des résultats, ni même de fournir un sorte de tableau de la marche à suivre  » (p. 131). Dès lors, des dizaines de livres et des milliers d’articles ont porté sur les systèmes d’interprétation des réponses des personnes testées. Malheureusement, ces systèmes varient nettement selon les auteurs d’ouvrages et l’« expertise » des testeurs.

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© Sidelnikov | Dreamstime.com

Le test a connu un succès considérable – surtout aux États-Unis – depuis les années 1940 jusque dans les années 1980. Il n’est plus utilisé depuis longtemps par les psychologues soucieux de rigueur scientifique qui déplorent son manque de fidélité et de validité, mais il est loin d’être abandonné parmi les adeptes de la pensée psychanalytique ou « psychodynamique » et est encore utilisé par certains responsables de recrutement en entreprise.

Les tests de taches d’encre

Alfred Binet et Victor Henri semblent avoir été les premiers à proposer, en 1895, des taches d’encre pour évaluer la capacité à imaginer : « Soit une tache d’encre à contour bizarre sur une feuille blanche : à quelques-uns cette vue ne dit rien ; à d’autres qui ont une vive imagination des yeux (Léonard de Vinci par exemple) la petite tache d’encre apparaît remplie de figures, dont on notera les espèces et le nombre  » [2]. L’idée a été développée quelques années plus tard aux États-Unis, en Angleterre, en Russie et en Suisse. En 1917, le Polonais Szymon Hens a défendu sa thèse de doctorat en médecine « Épreuve d’imagination à l’aide de taches d’encre sans forme », chez des écoliers, des adultes normaux et malades mentaux. Il y avait travaillé cinq ans à la clinique psychiatrique de Zurich sous la direction d’Eugen Bleuler. Il disait avoir demandé à 1 000 enfants, 100 adultes normaux et 100 malades mentaux d’énoncer ce qu’ils pouvaient voir dans huit planches. Il mit en évidence une série d’influences sur les productions imaginatives : l’âge, le sexe, l’intelligence, les sentiments, l’état de santé, la fatigue, la saison, les événements politiques, le métier et, last but not least, l’influence de la personnalité du testeur1. Rorschach, qui avait également fait sa thèse (sur les hallucinations) sous la direction de Bleuler, avait rencontré Hens. L’année suivant la publication de la thèse de Hens, il construisit quinze planches et commença à les tester avec des malades. Dans son ouvrage, Hens est le seul prédécesseur qu’il cite ([4] p. 107).

Hermann Rorschach (1884-1922)

Rorschach est né à Zurich. Il y a fait une partie de ses études de médecine. La clinique de psychiatrie, dirigée alors par Bleuler, était un centre de renommée mondiale pour la psychiatrie et la psychanalyse. Rorschach a pratiqué l’analyse freudienne à partir de 1912 (sans avoir fait de didactique, condition non requise à l’époque pour être reconnu psychanalyste). Il a écrit plusieurs articles freudiens, par exemple “Uhr und Zeit im Leben der Neurotiker” [Horloge et temps dans la vie du névrosé], où il a développé l’idée que l’intérêt de névrosés pour les montres traduit la nostalgie pour le sein maternel et que le tic-tac de la montre symbolise les battements du cœur. En 1919, avec cinq collègues, il a fondé la Société suisse de psychanalyse et en fut nommé vice-président.

Freud semble ne pas l’avoir fort pris au sérieux. Il ne l’a jamais cité dans ses publications. Oscar Pfister, en lui annonçant la mort de Rorschach, écrivit au sujet du test : « Ne pourriez-vous pas, vous aussi, faire quelque chose pour la vérification de ce procédé vraiment remarquable et qui rendrait certainement les plus grands services à la psychanalyse ?  » ([5] p. 131) Freud répondit laconiquement : «  La mort de Rorschach est très regrettable. J’adresse aujourd’hui même quelques mots à sa veuve. J’ai l’impression que vous le surestimez peut-être comme analyste  ».

Rorschach n’a pas présenté son test comme un détecteur des profondeurs de l’inconscient : « Il n’est pas question de prendre ce test comme méthode de pénétration dans l’inconscient, du moins reste-t-il loin derrière les autres méthodes d’analyse psychologique en profondeur, interprétation des rêves, épreuve des associations, etc. Cela se comprend dans la mesure où le test ne suscite pas une création libre à point de départ inconscient mais réclame une adaptation à des stimuli extérieurs donnés. […] Le test peut cependant rendre certains services au psychanalyste. Il permet souvent, et toujours peut-être à l’avenir, un diagnostic différentiel entre la névrose et la schizophrénie latente ou manifeste »2 ([4] p. 132).

Le test

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Les dix planches du test de Rorschach

Rorschach a présenté son test comme « une épreuve d’interprétation de formes fortuites » ([4] p. 5). Le matériel est composé de planches où l’on voit des taches symétriques, dont la moitié présente des couleurs. « On place entre les mains du sujet une planche après l’autre et on lui demande : “Qu’est-ce que cela pourrait être ?” » ([4] p. 2). Rorschach souligne la simplicité du matériel : «  Le test est techniquement si simple – on peut l’appliquer avec l’aide d’un interprète – qu’on peut l’utiliser aussi bien pour un nègre primitif que pour un Européen de grande culture  » ([4] p. 99).

Alors que les usages antérieurs de taches d’encre visaient la capacité d’imaginer, Rorschach estimait que sa façon d’interpréter les réponses permettait d’évaluer l’intelligence (notamment la capacité de centrer l’attention), mais aussi des pathologies et des traits de personnalité comme l’introversion et l’extraversion.

Pour interpréter les interprétations du sujet, Rorschach s’intéressait au contenu (par exemple la chauve-souris, une ligne de force), mais surtout aux « déterminants » des réponses : la forme perçue (dans la totalité de la tache ou dans un détail), l’impression de mouvement (par exemple deux anges qui dansent) et la couleur (par exemple du sang, de jolies fleurs).

En 1918, il réalisa quinze planches et commença ses expériences. Le 27 mai 1920, après plusieurs contacts infructueux avec des éditeurs, Bircher accepta de publier seulement dix planches, sensiblement modifiées : « L’impression des planches était plus qu’insatisfaisante. Leur dimension était réduite, les couleurs par endroit altérées et, bien loin de leur uniformité originelle, les parties noires présentaient toutes sortes de nuances grises et comme des zones d’ombre délimitant toutes sortes de formes vagues  » ([1] p. 70).

Les recherches que Rorschach présente dans son livre (terminé en octobre 1920 et paru en juin 1921) ont été menées avec des taches différentes des taches publiées ! Ces recherches ont été courtes : moins de trois ans. En outre, selon plusieurs témoignages, « au moment de la publication du livre, les conceptions psychologiques de Rorschach avaient évolué. Peu après, il considéra son test comme dépassé. […] Il avait à l’évidence ouvert de nouvelles voies de recherche qui annonçaient des découvertes et des réussites futures. Le sort, cependant, en décida autrement  » ([1] p. 71 et 79).

Une ambition limitée et brisée

L’ambition de Rorschach était bien moindre que celle des utilisateurs du test qui affirmeront que «  les réponses au Rorschach sont, comme le rêve, une voie royale vers l’inconscient  » [6]. Il écrivait dans l’introduction du livre : « Il faut dire d’abord que tout ce travail offre un caractère éminemment empirique. […] Les bases théoriques de ces recherches sont encore en grande partie embryonnaires  » (p. XXI). Il mentionnait clairement les limites du test : «  Il permettra peut-être avec le temps de savoir aussi bien que possible si un sujet est sain ou névrotique, schizophrène ou atteint d’une affection organique. […] Parfois on n’arrive pas à décider d’après le protocole si la schizophrénie est latente, manifeste ou en période de rémission. Des catatoniques pratiquement guéris peuvent présenter des résultats plus mauvais que des catatoniques manifestes et, souvent, le résultat a indiqué une schizophrénie chez des gens qui n’offraient même pas un soupçon de schizophrénie dans la vie courante, mais qui avaient des parents ou des frères et sœurs schizophrènes. Ces choses devront être éclaircies dans des publications ultérieures  » (p. 130). Dans la préface du livre, Morgenthaler, dont Rorschach a été l’assistant, est clair : « Hermann Rorschach lui-même ne considérait son Psychodiagnotic que comme un ouvrage de début » (p. XIX).

Marijke Wolf-Fédida, qui a résumé la correspondance de Rorschach, écrit : « Les discussions autour de l’interprétation du test tournent invariablement autour de la question “Est-ce qu’on est celui qui se donne à voir dans le test ?” Est-ce qu’on est identique à ce qu’on montre ? Ou “révèle-t-il ce qu’on pourrait être”, si l’on veut ou non  » [7]. Peut-être peut-on soutenir avec Sartre que «  l’homme s’exprime tout entier dans la plus insignifiante et la plus superficielle de ses conduites – autrement dit, qu’il n’est pas un goût, un tic, un acte humain qui ne soit révélateur »3 ([8] p. 656), mais on doit alors ajouter : révélateur de quoi au juste ? Rorschach a compris qu’il n’est pas évident que les formes imaginées sont réellement représentatives d’aspects essentiels et permanents de la personnalité.

Le capharnaüm des diagnostics

Rorschach avait écrit : «  Il est impossible de donner des instructions proprement dites pour le dépouillement des résultats, ni même de fournir une sorte de tableau de la marche à suivre » (p. 131). Les psys qui utiliseront ses planches développeront ou s’appuieront sur différents systèmes d’interprétation. Ils liront et citeront très peu son livre. Contrairement à ce qui s’est passé pour la psychanalyse, la diversité de leurs interprétations ne donnera pas lieu à de violents conflits, des excommunications et l’étiquetage psychiatrique de dissidents.

Un des deux principaux moyens de diagnostiquer par le Rorschach est l’interprétation psychanalytique ou « dynamique ». C’est, depuis toujours, l’orientation prédominante dans les pays francophones. Aux États-Unis, elle est moins forte, mais est loin d’avoir disparu (exemple : [7]). Didier Anzieu, psychologue-psychanalyste, professeur à l’université de Nanterre jusqu’en 1983, en est un représentant célèbre. Son livre Les méthodes projectives (PUF) était « la » référence quand j’étais étudiant en psychologie (années 1960) et il a été sans cesse réédité (dernière édition en 2014, collection Quadrige). On y lit cette façon d’interpréter des réponses à la 6e planche [8] (voir figure) : «  La signification universellement admise de cette planche en fait la planche sexuelle par excellence. Le Grand détail en haut évoque un symbole phallique, le Petit détail au centre bas un symbole vaginal. Une interprétation sans difficultés et même euphorique de ces découpes dénote une sexualité, respectivement masculine ou féminine, acceptée et intégrée à la personnalité (ex. : Grand détail moitié inférieure : une belle et riche vallée entourée de collines arrondies). Sont signes de problèmes sexuels chez le sujet : le refus d’interpréter ces découpes, les réponses à charge anxieuse (ibid. : un animal fendu par le milieu) ; une extension du symbolisme sexuel à d’autres découpes, notamment à toute la ligne centrale (grossièretés). Grand détail en bas : tête de roi : problèmes avec l’autorité ; haut niveau d’aspiration. Ligne médiane : projectile (ou navire) qui fend la terre, l’eau ou l’air : tendances paranoïaques ou homosexuelles. Petit détail gris clair au centre : nid, œuf : soit régression infantile, soit préoccupations concernant la procréation » (p. 82 de l’édition de 1965).

Anzieu ne s’appuie pas sur des travaux de validation qui auraient montré que, dans tel échantillon, telle proportion des personnes qui ont discerné un nid ou un œuf ont adopté, par ailleurs, des comportements qui témoignent, de façon clairement observable, d’une régression infantile ou de préoccupations concernant la procréation. En bon freudien, il décode selon des analogies et des corrélations illusoires. Il s’appuie sur ce que les psychologues scientifiques appellent la « validité de façade ». En outre, il ne met pas en garde contre les influences extérieures, aléatoires, que Hens avait parfaitement soulignées au terme de ses expériences avec des taches d’encre. Il écrit raisonnablement que « ce type d’interprétation comporte des dangers de fabulation ou de projection de la part du psychologue », mais poursuit naïvement : « une formation psychanalytique personnelle semble être une condition préalable » (p. 86).

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La planche n°10 des tests de Rorschach

Ce qui est très grave, c’est que des diagnostics très importants se fondent encore toujours sur des interprétations symboliques du Rorschach. Ainsi au procès d’Outreau, Mme Gryson se base sur le Rorschach pour affirmer que la petite Aurélie a subi des sévices sexuels : « Dans le test, le thème de l’araignée était envahissant. Son psychisme était totalement parasité par cette image analogique de panique intrusive vécue corporellement par la victime  » ([9] p. 119). On ne sait pas à combien de planches Aurélie a vu une araignée, qui est une des sept « banalités » de la planche 10 selon Rorschach. D’autre part, l’« experte » a-t-elle demandé à la fillette quelles étaient ses expériences en matière d’araignées ? L’arachnophobie est une des peurs les plus fréquentes et les personnes qui en souffrent intensément voient des araignées un peu partout. Selon une enquête auprès d’arachnophobes à qui on a demandé ce qu’une araignée à proximité va faire, 84 % répondent « elle va sauter sur moi », 68 % « elle va se glisser dans mes vêtements », 50 % « elle va m’attaquer » [10].

L’autre principale utilisation du Rorschach est l’approche psychométrique (élaboration de données quantitatives pour réaliser des diagnostics). Des représentants célèbres sont S. Beck, M. Hertz, Z. Piotrowski, D. Rapaport, J. Exner, chacun ayant des façons différentes d’interpréter les réponses. Beck, Hertz et Bruno Klopfer (ce dernier estimait que l’expérience personnelle dispense de statistiques) ont interprété en « aveugle » (sans autres éléments d’informations) un même protocole de Rorschach. Résultat : des points de convergences mais, in fine, trois diagnostics différents du problème essentiel : dépressivité, irritabilité, conflit avec le rôle féminin [11].

Beaucoup de rorschachiens partisans de l’approche psychométrique pensent qu’en fin de compte « apprendre le Rorschach c’est comme apprendre le piano : cela requiert à la fois du flair et de la pratique, et seuls quelques-uns de ceux qui commencent arrivent à la maîtrise  » [12]. Dans les années 1960, John Exner (université Long Island) a voulu introduire davantage de rigueur dans la pratique du test. Il a fait un tri parmi les dizaines de systèmes existants et a entamé une révision radicale de la façon de noter et d’interpréter. Un demi-siècle après la publication de Rorschach, sa version est devenue une référence assez largement admise : le Comprehensive System [13], ce qui n’empêchera pas des auteurs d’en fabriquer d’autres (exemple : [14]). Malheureusement, des recherches montrent que les utilisateurs de son très compliqué système aboutissent à des diagnostics différents d’un même protocole [15].

En 2017, J. Mihura et G. Meyer (université de Toledo) ont publié, une fois de plus, une version censée dépasser les précédentes, y compris celle d’Exner [16]. On y retrouve toutefois des affirmations réfutées par de nombreuses recherches sur de larges échantillons, par exemple (p. 7) que la perception de figures dans des espaces blancs est « une mesure comportementale implicite  » d’une tendance à s’opposer [17].

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À la fin des années 1990, James Wood (université du Texas, El Paso) a été consulté pour la décision d’une garde d’enfant. Il avait recueilli des témoignages affirmant que la mère était saine d’esprit, honnête et affectueuse. Le psychologue qui avait fait passer le Rorschach avait conclu que cette femme était gravement perturbée, menteuse et incapable d’exprimer de l’affection. Cette divergence de diagnostics a conduit Wood à examiner de près la pratique du Rorschach. Après avoir écrit plusieurs articles dans les meilleures revues de psychologie scientifique, il a publié en 2003 avec trois collègues, M. Nezworski, S. Lilienfeld et H. Garb, un livre qui a fait date : What’s wrong with the Rorschach ? (Jossey-Bass, 446 p.). À la suite d’un grand nombre de chercheurs, ils ont confirmé que le Rorschach manque de « fidélité » (les évaluateurs font des diagnostics différents), qu’il a très peu de validité (les diagnostics ne correspondent pas ou peu à ce qui apparaît de façon observable) et n’a guère d’utilité (on peut certes constater dans les réponses au Rorschach des indices de graves troubles mentaux comme la schizophrénie, mais tout psy compétent diagnostique aisément ces troubles sans ce test). Des recherches rigoureuses ont montré que le Rorschach est totalement contre-indiqué pour des expertises, notamment judiciaires [18]. Il pathologise de façon flagrante (peu de personnes échappent à des étiquetages du genre : narcissisme, dépendance, sexualité problématique, homosexualité refoulée, etc.) [19]. Hans Eysenck, un des plus grands psychologues du XXe siècle, en fit l’expérience lors de son premier emploi (au Maudsley Hospital). Il rencontra un psychologue enthousiaste du Rorschach, qui lui fit passer le test et le fit corriger par un expert. Résultat : Eysenck souffrait prétendument d’une grave schizophrénie, causée par des impulsions homosexuelles refoulées. Il était apparemment incapable de travailler et d’utiliser son intelligence de façon constructive. « Ce n’était que le début, écrit Eysenck. Les quatre pages étaient remplies de symptômes, de diagnostics et de charabia psychiatrique. Apparemment tout cela me caractérisait personnellement » ([20] p. 99). Devenu chef du service psychologique au Maudsley, Eysenck a malgré tout fait pratiquer le Rorschach. À la fin des années 1940, il engagea une experte suisse du Rorschach, Maryse Israël. En 1955, il proposa aux utilisateurs du Rorschach dans son service de réaliser une expérience. Il rassembla des protocoles de sujets normaux et de névrosés, non testés dans le service, et leur demanda de distinguer les protocoles en fonction des catégories normal et névrosé. La répartition correcte ayant tout à fait échoué, Eysenck décida d’arrêter l’utilisation du test ([21] p. 85).

Les personnes qui se reconnaissent dans les conclusions d’un Rorschach – ce qui n’est pas rare – sont probablement victimes d’un « effet Barnum »4 : le fait de croire que des énoncés les caractérisent de façon personnelle alors qu’ils sont applicables à un grand nombre d’individus (« humeur changeante », « tendance à l’égocentrisme », etc.). C’est ce qui fait le succès de la phrénologie, de la graphologie, de la numérologie et d’autres pseudo-sciences. C’est ce qui explique que des astronomes de génie, comme Copernic, Kepler et Newton, ont cru en l’astrologie.

Les utilisateurs du Rorschach croient et font croire qu’ils détiennent une sorte de rayons X de l’« arrière-monde » psy. Aux remises en question de leurs diagnostics, ils réagissent généralement par un argument cher aux psychanalystes : nous décryptons des contenus de l’inconscient que nous sommes seuls à pouvoir déchiffrer. Pour les psychologues d’orientation scientifique, il est grand temps de tourner cette page. C’est ce qu’a décidé en 2000 l’Association américaine de psychologie : elle a recommandé d’exclure les techniques projectives des programmes universitaires de formation [22].

Références

[1] Ellenberger H, La vie et l’œuvre de Hermann Rorschach, 1954, Trad., Médecines de l’âme, Fayard, 1995.
[2] Binet A, Henri V, « La psychologie individuelle », L’Année psychologique, 1895, 2:444.
[3] van Riemsdijk J, Geschiedenis en perspectieven van de Rorschach, Bijleveld, 1967, 356 p.
[4] Rorschach H, Psychodiagnostik, Trad., Psychodiagnostic, 1921, PUF, 3e éd., 1962.
[5] Pfister O, Correspondance Freud-Pfister, Trad., Gallimard, 1922.
[6] Lindner R, “Content Analysis in Rorschach Work”, Rorschach Research Exchange, 1946, 10:122.
[7] Wolf-Fédida M, « La correspondance d’Herman Rorschach de 1902 à 1922 », Psychologie clinique et projective, 2006, 12:288.
[6] Sartre J-P, L’Être et le Néant, Gallimard, 1943.
[7] Lerner P, Psychoanalytic perspectives on the Rorschach, Routledge, 2013, 512 p.
[8] Anzieu D, Les méthodes projectives, PUF, 1960.
[9] Gryson M-C, Outreau. La vérité abusée, Ed. Hugo, 2015.
[10] Arntz A et al., “Negative beliefs of spider phobics”, Advances in Behaviour Research and Therapy, 1993, 15:257-77.
[11] Hertz M, Rubenstein B, “A comparison of three ’blind’ Rorschach Analyses”, American Journal of Orthopsychiatry, 1939, 9:295-314.
[12] Alcock Th, The Rorschach in practice, Lippincott, 1963.
[13] The Rorschach. A comprehensive system, Wiley, 1974.
[14] Bornstein R, Masling J, Scoring the Rorschach. Seven validated systems, Lawrence Erlbaum, 2015, 304 p.
[15] Lis A et al., “The impact of administration and inquiry on Rorschach Comprehensive System protocols in a national reference sample”, Journal of Personality Assessment, 2007, 89:193-200.
[16] Mihura J, Meyer G, The Rorschach Performance Assessment System, Guilford, 2017, 416 p.
[17] Frank G, “On the Validity of Rorschach’s Hypotheses : The Relationship of Space Responses (S) to Oppositionalism”, Psychological Reports, 1993, 72:1111-14.
[18] Grove W, Barden R, Garb H, Lilienfeld S, “Failure of Rorschach-Comprehensive-System-Based Testimony to be admissible under the Daubert-joiner-Kumbo Standard”, Psychology, Public Policy and Law, 2002, 8:216-234.
[19] Wood et al., “Problems With the Norms of the Comprehensive System for the Rorschach”, Clinical Psychology : Science and Practice, 2001, 8:397-402.
[20] Eysenck H, Rebel with a cause, Transaction Publishers, 1997.
[21] Gibson HB, Hans Eysenck : the man and his word, Peter Owen, 1981.
[22] Piotrowski C, “On the decline of projective techniques in professional psychology training”, North American Journal of psychology, 2015, 17:259-266.

1 Pour des détails sur Hens, l’histoire du Rorschach, des prédécesseurs et des successeurs, le meilleur ouvrage est en néerlandais [3].

2 Les douze derniers mots sont soulignés par Rorschach.

3 Dernier mot souligné par Sartre.

4 Science et pseudo-sciences y a consacré plusieurs articles (voir sur afis.org).

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