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"Au bonheur d'Elise"
5 avril 2019

Docu "Affaire Rachel", autisme: chronique d'une maman brisée

article publié sur Handicap.fr

Depuis plusieurs années, l'affaire Rachel défraie la chronique. Durant trois ans, la journaliste Marion Angelosanto l'a suivie pour tenter de comprendre ce que la justice lui reprochait. Réponse en images le 6 avril 2019, à 21h, sur Public Sénat.

5 avril 2019 • Par Cassandre Rogeret / Handicap.fr

Il y a près de quatre ans, Rachel a vécu l'enfer. Considérée comme nocive et maltraitante par les services sociaux, ses trois enfants sont séparés puis placés dans des familles d'accueil. Depuis, elle semble être devenue la bête noire de la justice. Année après année, appel après appel, le verdict du juge est inlassablement le même : Rachel est reconnue coupable. De quoi ? « Probablement d'avoir dit que ses enfants étaient autistes », suppose son avocate, Me Janois. Depuis leur placement, « l'affaire Rachel » défraie la chronique et fait régulièrement la une des medias. La journaliste Marion Angelosanto a suivi son parcours, qu'elle retrace dans un documentaire de 52 minutes, Rachel, l'autisme à l'épreuve de la justice. Il sera diffusé le 6 avril 2019, à 21h, sur Public Sénat, puis sur France 3 Auvergne Rhône-Alpes.

Mauvaise prise en charge

Durant plus de trois ans, la réalisatrice a enquêté pour tenter de faire la lumière sur cette affaire. Tout commence en 2012, lorsque le fils cadet de Rachel est diagnostiqué autiste par le médecin de famille. Elle est alors dirigée vers un hôpital public, dans une unité psychiatrique pour enfant. « C'était de pire en pire, il se mettait à crier et à cracher, ce n'était plus possible… », confie-t-elle. Elle décide alors de contacter un psychologue spécialisé dans l'autisme. Deux mois plus tard, une « information préoccupante » anonyme est adressée au conseil départemental de l'Isère et indique que les enfants de Rachel seraient en danger auprès d'elle. « Le jour où on reçoit un courrier comme celui-ci, on ressent une peur… elle vous fait mal partout et elle sera toujours là », décrit-elle. Après la visite de l'assistante sociale, les services sociaux convoquent ses enfants et soupçonnent des maltraitances. Sur les conseils du psychologue de son fils, Rachel dispose, dans plusieurs pièces, des affiches qui décortiquent les tâches à accomplir (se brosser les dents, ouvrir le robinet), une méthode comportementale réputée dans le milieu de l'autisme (article en lien ci-dessous). Les travailleurs sociaux lui reprochent alors de « mettre en place des thérapies pour ses enfants alors qu'ils n'ont aucun handicap ». Quelques mois plus tard, Rachel reçoit un signalement et l'affaire tombe entre les mains de la justice.

Diagnostic erroné

Premier procès : le juge ordonne une expertise psychiatrique pour toute la famille. Lorsque Rachel découvre le rapport, elle tombe de haut. « Elle est décrite comme un monstre qui souffrirait du syndrome de Münchhausen par procuration », s'insurge son avocate. En parallèle, son fils cadet est diagnostiqué autiste, par le Centre ressources autisme (CRA) Rhône-Alpes, sa fille aînée, serait porteuse du syndrome d'Asperger et le petit dernier souffrirait de troubles de l'attention avec hyperactivité. Pourquoi n'ont-ils pas été diagnostiqués plus tôt par l'hôpital ou les travailleurs sociaux ? Danièle Langloys, présidente d'Autisme France, pointe un retard dans la formation des médecins et autres professionnels français. Pour certains, l'autisme « n'est pas un trouble neuro-développemental, c'est un dysfonctionnement du lien mère-enfant essentiellement », explique-t-elle. Or cette approche a été invalidée par la Haute autorité de santé en 2012. Les neurosciences prouvent que l'on ne « devient pas autiste à cause de ses parents, on naît avec un cerveau différent », ajoute-t-elle.

Maltraitance et autisme : des similitudes ?

Une thèse corroborée par les démarches « clichées » des médecins de l'hôpital public, estime Julia, une militante de l'association Envol Isère. Selon elle, ils auraient montré un crocodile en peluche au fils de Rachel en attendant sa réaction. Pour eux, « s'il met sa main dans la bouche de l'animal, il est autiste et c'est sa mère qui veut le manger et il se laisse faire, mais, s'il tape sur la tête du crocodile, c'est qu'il s'affirme face à elle et que tout va bien… », décrypte-t-elle. Quant aux travailleurs sociaux, « ils n'ont pas de formation au handicap », regrette Danièle Langloys. Ils sont formés à reconnaître les maltraitances, d'après une liste de 42 critères (désordre alimentaire, inhibition, repli sur soi, agressivité, rituel obsessionnel, fugue…). « Ça m'évoque à 95 % l'autisme », rétorque Aurore, autiste Asperger et mère d'un enfant porteur du trouble. Même conclusion pour les autres mamans. « Pourrions-nous donc imaginer que, de bonne foi, les travailleurs sociaux ont pu confondre l'autisme avec la maltraitance ? » « Oui », répond la présidente de l'association Envol Isère. Ce manque de formation a des conséquences dramatiques sur la vie de Rachel… Le 10 août 2015, le juge des enfants ordonne l'exécution du placement. « Je suis vidée, brisée », décrit-elle. Quelques mois plus tard, alors âgée de 30 ans, elle est également diagnostiquée autiste Asperger. L'une de ces nombreuses femmes qui sont passées entre les mailles du filet (article en lien ci-dessous) ?

Un cas symptomatique ?

Malgré l'avis des psychologues et des psychiatres qui la considèrent tout à fait « capable de s'occuper de ses enfants » et le soutien de sa garde-rapprochée, composée d'associations et de mamans concernées de près ou de loin par l'autisme, Rachel ne parvient pas à récupérer ses enfants. Un cas symptomatique de la situation des personnes avec autisme en France ? C'est ce que dénoncent pléthore d'associations face à un système qui se ferme et ne laisse aucun recours. Depuis, des centaines de parents qui s'estiment « victimes de signalements abusifs » sortent peu à peu du silence. La stratégie nationale sur l'autisme pourra-t-elle changer la donne (article en lien ci-dessous) ? Pour Claire Compagnon, déléguée interministérielle à l'autisme, c'est l'un des enjeux majeurs puisqu'elle met l'accent sur « la formation de nombreux professionnels et notamment les travailleurs sociaux, les médecins, les psychologues et les enseignants ».

Illustration article

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Commentaires
F
Le cas Rachel me semble typique de ce qu'il ne faut pas faire pour détecter des Munchausen par procuration. Et ce serait bien qu'on les détecte un peu plus... Les vrais... Là où les documents médicaux subissent une certaine forme de tambouille... avec des petites modifications bien "innocentes"...
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O
Autrement, pour ceux qui veulent qq liens sur le Munchausen par procuration à lire ici sur mon autre blog, que je nourris peu aussi, faute de temps http://stoppsychanalyse.blogspot.com/search/label/SYNDROME%20DE%20MUNCHAUSEN
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O
Selon Claire Compagnon, entendue lors de l'avant première de la projection de Maternophobie en novembre dernier, elle disait que le gouvernement allait mettre en place des structures garantes d'une efficience absolue en terme de diagnostic et de prise en charge pour l'autisme, et que ces structures (existant ou pas) recevraient une sorte de labellisation. <br /> <br /> Mais que par contre, en effet (suite aux questions du public, et plus particulièrement les psychanalystes et affiliés) rien ne pourrait changer jusqu'au renouvellement et mise en retraite de ceux qui officient déjà et font tant de mal, comme souvent par exemple dans les CMP. <br /> <br /> Elle parlait d'une sorte de norme (comme si on parlait d'une norme iso…) qui serait consultable, afin que les familles puissent être rassurées quand aux compétences du professionnel. Par contre, la question à se poser, qui et comment vont s'articuler ses normes ? A partir de quels référentiels ? Quels seront les professionnels même en charge de mettre en œuvre ces normes ? Et quels seront les leviers utilisés pour contrôler si ces préconisations " normées" sont efficientes ou pas ? Y aura t'il également auprès des familles un travail de collecte de leurs avis ou pas ?<br /> <br /> Ce qui revient à dire que très bien cette histoire de "labellisation" , sauf que...ce qui m'amène à une seconde question :<br /> <br /> L'autre question, par quels biais le gouvernement va t'il informer les familles qu'il existerait donc des listes de professionnels compétents si elles mêmes ne sont pas conseillées, et certainement pas avec une large majorité du personnel enseignant pour qui ça n'arrange pas les affaires d'apprendre que de nouveaux cas d'autisme vont être déclarés, allant de pair plus tard avec une scolarisation inclusive, ce que beaucoup d'enseignants craignent, pour en avoir moi-même rencontré beaucoup au cours de diverses conférences et rencontres, et qui se montrent parfois même très véhéments et avec un discours même proche de l'eugénisme…<br /> <br /> Ensuite, dans un sens plus large, je parle également des autres troubles neurodéveloppementaux, comme le TDAH, ou le syndrome Gilles de la Tourette, qui sont également traités de la même façon que les familles d'autistes, ayant rencontré aussi d'autres familles malmenées par le système judiciaire, accusées elles aussi, voire enfants placés sur décision de justice, et avec les mêmes mécanismes que dans l'histoire de Rachel. Je pense à cette maman avec qui j'ai échangé dernièrement dont le fils est TDAH, placé depuis un an, arrêt total de prise en charge, descolarisation, alors que sa scolarité était probante, et mesures coercitives contre la mère pour empêcher tout dialogue entre son fils et elle en plus de ne pas lui octroyer aucun droit de visite dans sa prison, oups, son foyer...
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