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"Au bonheur d'Elise"
18 septembre 2019

Ecole : les ravages de l’ignorance concernant les enfants en situation de handicap

 

Olivia Cattan, présidente de SOS Autisme France, répond à une tribune publiée il y a peu sur notre site, affirmant que l'inclusion des enfants en situation de handicap à l'école depuis 2005 s'est avérée catastrophique.

Je croyais avoir tout lu et tout entendu comme horreur sur nos enfants en situation de handicap. Mais je fus réellement abasourdie en lisant cette prose, que je qualifierais d'"immonde", et je pèse mes mots, par ce professeur des écoles, et publié de surcroît dans Marianne. Je suis journaliste, écrivaine et Présidente de SOS autisme France et maman d'un enfant autiste. D'origine italienne, j'ai été élevée dans l'idée que les enfants handicapés avaient toute leur place à l'école comme c'est le cas en Italie ainsi que d'autre pays.

Aller à l'école, avoir accès au savoir est tout d'abord, au-delà de la loi de 2005 qui le garantit, un droit fondamental et républicain

J'ai été l'AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire) de mon fils pendant deux ans. Et ayant travaillé avec l'Education nationale plusieurs années, j'ai toujours eu un regard compatissant à l'égard des enseignants et des accompagnants, ayant pleinement conscience du travail qui leur incombait. Des classes surchargées. De leur manque de formation en matière de handicap ainsi que du manque d'outils pédagogiques. J'ai aussi toujours expliqué que dans l'état actuel de l'école, l'inclusion dont on nous rebattait les oreilles à grand coup de communication politique était une inclusion "au rabais". Et qu'il aurait été plus constructif de sensibiliser les enseignants, d'embaucher des AVS individuelles et de les former spécifiquement à des handicaps complexes tel que l'autisme. J'ai toujours aussi défendu le travail des enseignants, y compris leur demande en matière de revalorisation de salaires.

Droits fondamentaux de l'auteur

Donc je ne suis pas une présidente d'association de parents qui exigent une inclusion des enfants en situation de handicap sans entendre les difficultés et inquiétudes des professeurs. Et je partage quelques idées avec l'auteur de ce texte lorsqu'elle parle des AVS mutualisées, et qu'elle écrit que, ne pas inclure les enseignants à la grande concertation nationale, était une erreur. En effet c'est une erreur politique de vouloir cacher les difficultés de l'inclusion sous le tapis en répétant que tout ira bien. Mais cette erreur incombe à nos gouvernants. Et ne signifie en aucune façon que nos enfants en situation de handicap n'ont pas leur place à l'école. Fallait-il aussi faire entrer le médico-social à l'école ? C'est un vaste débat.

Aller à l'école, avoir accès au savoir est tout d'abord, au-delà de la loi de 2005 qui le garantit, un droit fondamental et républicain. Pourquoi inscrire la phrase : "Liberté, Egalité, Fraternité ?" sur chaque fronton des écoles si certains de nos enfants de la République en sont exclus ? Seraient-ils toujours en 2019 considérés comme des sous-citoyens ?

Certains enseignants auraient-ils oublié leur devoir de transmission du savoir pour tous et toutes ? Pourquoi ce rejet envers nos seuls enfants handicapés ? Quelle est la prochaine étape ? Une fois débarrassés de ces enfants, à quelle autre catégorie d'enfants vont-ils s'attaquer ? Aux cancres ? De plus pourquoi ne pouvons-nous jamais avoir le droit de juger de leur capacité ? Sont-ils totalement intouchables ? Leur statut de fonctionnaire leur permet-elle de tout dire et de mener sans vergogne des campagnes de discrimination envers nos enfants dans les médias dont personne ne s'offusque véritablement ? Puisque ce texte n'est pas le premier et qu'il y en a eu beaucoup d'autres.

A-t-on le droit de catégoriser nos enfants et nier leurs droits fondamentaux ? Ce que fait l'auteur qui va encore plus loin en parlant d'une part des personnes handicapées et de l'autre de ceux issus du "champ mental" ? Les autistes entrent-ils dans cette catégorie selon elle ? Que fait-elle de ces personnes autistes qui ont eu leur baccalauréat, et qui sont mathématiciens, philosophes, professeurs, comptables...tous ces élèves brillants qui ont de multiples compétences...Faudrait-il les sacrifier à cause de leurs différences ou de leur fragilité ?

Ce que nous faisons d'ailleurs aujourd'hui avec succès dans de nombreux établissements

Lorsqu'en tant que féministe, j'allais bénévolement enseigner l'égalité dans les collèges, les enseignants m'expliquaient que beaucoup d'enfants avaient de nombreuses difficultés, qu'ils n'arrivaient pas à suivre. Ils avaient parfois des retards en orthographe ou en lecture y compris au collège, des lenteurs, des soucis d'ordre psychologique, et parfois même des problèmes de comportement violent. Mais quelles réactions avaient ces enseignants face à ces difficultés ? En général, ils convoquaient les parents pour réfléchir ensemble à un façon de les faire progresser; Ils consacraient du temps à l'heure du déjeuner pour les aider au mieux en multipliant les cours de soutien... Ils s'inquiétaient de leur avenir mais sans jamais remettre en question le bien-fondé de leur présence à l'école. Jamais.

Alors quelle est la nature de ce rejet ? Une surcharge de travail ? L'ignorance ? Un regard plein de clichés et de préjugés sur le handicap ? Est-ce la volonté de garder tous leurs acquis sans jamais se remettre en question sur leur propre capacité à enseigner à ces élèves ? Pourquoi l'Italie a réussi ce que la France refuse de faire ? De plus, cette enseignante semble dire que les familles sont "souveraines" face à l'école. N'a-t-elle pas lu tous ces témoignages de parents qui ont vécu un véritable parcours du combattant pour inscrire, maintenir ou encore obtenir quelques heures de scolarité pour leur enfant ? Pourquoi les enseignants se placent toujours en figure ennemie face aux parents alors que nous devrions tous travailler ensemble. Ce que nous faisons d'ailleurs aujourd'hui avec succès dans de nombreux établissements.

Elle dit également que ce service public court à sa perte à cause du faible pourcentage de personnes handicapées intégrées à l'école ! De qui se moque- t-on ! Au regard de tous les débats sur l'école, de l'échec scolaire grandissant, cela fait longtemps que l'école est en échec à cause des différentes politiques menées et de l'inertie générale.Le droit de nos enfants a trop longtemps été bafoué dans notre pays. En 1940, les personnes handicapées ont été les premières à être gazées et durant des décennies, nos enfants ont été cachés, oubliés, enfermés, soumis à des camisoles chimiques et autres traitements indignes; ils ont été exilés en Belgique et leurs droits de citoyen a été bafoué. Mais les associations de parents se sont battues et aujourd'hui les personnes handicapées ont rejoint largement cette lutte contre toutes ces discriminations. Les autorités publiques l'ont entendu et ont évolué même si encore aujourd'hui tout est loin d'être parfait. Politiquement des erreurs ont été faites en cette rentrée. Mais l'envie de faire évoluer l'école est bien là.

L'école de demain est en marche et rien ne l'arrêtera

Et en tant qu'association, nous sommes là pour qu'un jour cette inclusion se réalise dans les meilleures conditions. Nous sommes là aussi pour aider ces enseignants et ces accompagnants qui croient aux compétences de nos enfant. Mais personne aujourd'hui ne remettra en cause la loi de 2005 pour laquelle des parents sont prêts à monter sur des grues, faire des grèves de la faim, et aller porter cette honte française jusqu'aux portes de l'ONU. Les discriminations envers nos enfants doivent être punies par la loi au même titre que tous ceux qui ont été un jour stigmatisés, faute d'ignorance. Le Mammouth devra suivre le changement. L'école de demain est en marche et rien ne l'arrêtera.

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