Les IME, c’est CACA. Complètement Absurde et Carrément Aberrant. Qu’on puisse encore de nos jours y mettre des enfants autistes et espérer qu’ils en ressortent un minimum autonomes me sidère. On dirait qu’on n’a rien appris du présent catastrophique de nos autistes adultes en France.
Alors puisqu’il faut le faire, je vais présenter mon opinion sur ces instituts, et je sais que cela ne va pas plaire à beaucoup de gens mais il est important de marquer le chemin pour les générations futures. Alors Autisme Infantile se dévoue.
Ça va être long, alors accrochez-vous.
Les IME, c’est quoi?
Ce sont des établissements où l’ont met les enfants autistes qui n’ont pas l’air « normaux »: ceux qui ne parlent pas, ceux qui ont du mal à tenir assis en classe et qui dérangent trop la maîtresse, ceux qui n’ont pas encore été aidés pour apprendre un minimum d’autonomie.
Logiquement, les IME à la base sont fait pour accueillir les enfants présentant des retards mentaux. Seulement les autistes, s’ils n’ont pas d’autre handicap associé qui pourrait justifier une déficience intellectuelle, sont tout à fait capables d’apprendre à condition qu’on les mette dans un environnement adapté. Je reviendrai plus tard dans l’article sur la raison pour laquelle l’IME n’est pas adapté pour eux.
On y trouve des éducateurs, des orthophonistes, parfois des psychomotricien(ne)s, et généralement un psychologue ou un pédopsychiatre. Tous les IME n’ont pas de psychomotricien. Les pédopsychiatres qui voient les enfants ans les IME n’ont généralement pas l’occasion de les voir chaque semaine.
Pourquoi les IME c’est CACA pour les enfants autistes?
La première de toutes les raisons, c’est le manque de traitement adapté. La mauvaise prise en charge des enfants fait qu’il n’y a en majorité que deux débouchés pour les enfants en IME: soit ils doivent rester dans ce même genre de structure, à faire de l’occupationnel le reste de leur vie, soit ils vont aller vers un IMPro et auront un travail dans un milieu très protégé. C’est-à-dire, ils vivront leur vie loin du regard extérieur, quand ils ne seront pas condamnés à rentrer chez leurs parents vieillissants qui ne sauront pas les gérer.
Jusqu’à l’année dernière, on pratiquait le packing sur les enfants autistes en IME et hôpitaux de jour. On y pratique encore la pataugeoire. Ce sont des pratiques psychanalytiques barbares d’un autre siècle basées sur des impressions masturbatoires de demeurés qui se prenaient pour des gourous de l’autisme (pardon, de la psychose).
Qu’on m’explique comment ces pratiques monstrueuses aident les enfants autistes à progresser. Qu’on m’explique comment la pâte à modeler, les ateliers contes et le poney vont les rendre autonome dans leur vie future.
Les maltraitances dans les IME
Ce n’est pas la première fois qu’on entend parler de maltraitance dans les IME. C’est simple: prenez un endroit où les patients peuvent être difficiles et où la plupart d’entre eux ne parlent pas, et la probabilité de maltraitance augmente. Entre le packing et la pataugeoire, les attouchements sexuels, les violences sur les enfants, on se demande comment on va bien pouvoir faire pour s’en sortir.
Je m’entends souvent dire que je dis n’importe quoi à propos des IME. La plupart de ces protestations véhémentes viennent des éducateurs qui y travaillent et des parents qui ont leur enfant dans ces instituts. J’entends que je dis n’importe quoi, que les IME c’est trop bien, que c’est pas beau d’amalgammer.
Le 19 janvier 2014 à 20h50, un reportage de Zone Interdite sur le sujet sera diffusé: Enfants handicapés: révélations sur les centres qui les maltraitent. Je serai devant mon écran pour la regarder, et je vous recommande de faire de même afin de savoir ce à quoi vous risquez d’exposer votre enfant.
Depuis quelques semaines, un Institut Médico Éducatif accueillant des enfants handicapés défraye la chronique : des membres du personnel dénoncent de nombreux actes de maltraitance envers les enfants. Les caméras de Zone Interdite sont les seules à avoir pu pénétrer dans cette institution et filmer la maltraitance subie par les enfants. Des images chocs dans lesquelles on peut voir des enfants attachés, enfermés dans des cages de verre, lavés en groupe, garçons et filles mélangés sans aucune intimité.
En France aujourd’hui, près de 700 000 personnes sont porteuses d’un handicap mental. Autisme, trisomie 21, maladies génétiques : chaque année, il naît entre 6 000 et 8 500 enfants qui ne pourront jamais, pour la plupart, être totalement autonomes.
La France manque cruellement de structures adaptées. Une pénurie qui ne laisse souvent d’autre choix aux parents que de placer leurs enfants très loin du domicile familial, voire à l’étranger. Les parents ignorent bien souvent comment leurs enfants sont pris en charge. Un mystère qui laisse la porte ouverte à tous les abus : violences psychologiques, physiques ou même sexuelles. Des milliers d’enfants handicapés seraient ainsi victimes chaque année de maltraitance.
Pendant plus d’un an, les caméras de Zone Interdite ont enquêté sur la prise en charge de ces enfants pas comme les autres. Une enquête accablante. Maltraitance médicamenteuse dans certaines cliniques psychiatriques privées : des autistes y sont attachés et bourrés de neuroleptiques sans aucun accompagnement. Violences physiques et humiliations. Nous avons suivi le procès d’éducateurs violents confondus par des vidéos accablantes…
Brisant la loi du silence, ce film de 90 minutes met en lumière le quotidien d’enfants jusque-là ignorés.
Est-ce impossible de penser que, il y a quelques années, quand je tapais déjà sur les IME, les parents dont les enfants sont concernés par ce reportage m’ont dit, eux aussi, que « C’EST TROP N’IMPORTE QUOI CE QUE TU DIS, AUTISME INFANTILE, L’IME C’EST TROP BIEN KIKOULOL ». Excusez mon amertume, ce n’est pas un sujet amusant. Ce que je veux dire, c’est que VOUS NE SAVEZ PAS ce qui se passe lorsque vous n’êtes pas là.
Tous les IME sont-ils maltraitants? Oui.
Laissez-moi expliquer avant de sauter au plafond.
Non, tous les éducateurs dans les IME ne sont pas des monstres. Il y en a qui prennent leur travail à coeur, qui sont pleins de bonne volonté, qui vont se donner à fond et aiment sincèrement leur métier.
Cela dit, il ne faut pas laisser sa fierté entraver les progrès d’un enfant. Il y a beaucoup d’éducateurs dans les IME avec qui j’ai discuté qui ont confessé leur impuissance et méconnaissance de l’autisme. Toute la bonne volonté du monde ne suffit pas, sinon tous les enfants seraient sauvés ou presque. La bienveillance ne remplace pas la compétence.
Il y en a d’autres qui pensent encore que l’autisme et un souci de relation entre la mère et l’enfant. Oui, en 2014. Il suffit pour s’en persuader de regarder la liste des signataires de la pétition internationale pour l’abord clinique de l’autisme. Tous ces gens sont pro-packing, pro-pataugeoire, pro-séparation de l’enfant de sa maman, et pensent que l’autisme n’existe pas (non non, c’est pas de l’autisme, le reste du monde n’y connait rien: c’est une psychose).
Le fait de proposer une mauvaise prise en charge est une maltraitance. Quelque chose qui serait inacceptable envers un petit enfant cancéreux, par exemple, mais qui apparemment est totalement okay pour nos enfants autistes. Si on ne donnait pas le meilleur traitement possible à un enfant ayant le cancer, les parents feraient un tollé et se battraient pour la vie de leur enfant. Seulement nos enfants ne risquent pas de mourir eux. C’est seulement la perspective de leur vie future qu’on assassine.
Même les IME ABA n’arrivent pas à rendre les enfants autistes autonomes chez eux, la scolarisation est extrêmement réduite voir non-existante, on parque nos enfants dans des classes non-inclusives pour qu’ils restent entre eux.
L’IME, c’est pour les parents non informés
Ou pour ceux qui ont opté pour la solution de facilité. Mais c’est un mauvais calcul, parce que ceux qui espèrent ainsi se libérer aujourd’hui se retrouveront bien mal barrés dans une quinzaine d’année. Il y a très peu de places en Foyers d’Accueil Médicalisés (FAM). Les hôpitaux psychiatriques sont pleins. Même en décidant de « sacrifier » son enfant, ils ne s’accordent qu’un temps limité de répit, car quand leur enfant devenu adulte se retrouvera à la maison faute de place ailleurs, qu’il sera incontinent, aucunement autonome, ne parlera pas et tapera comme moyen de communication, ça sera coton.
Parce que non, l’enfant en IME n’en sortira très probablement pas sans souci. Il y a des séquelles à attribuer à la prise abusive de calmants, à l’absence d’enseignement adapté. Combien d’ados en IME ne sont-ils toujours pas continents? Combien d’entre eux parlent et s’expriment? Combien d’entre eux sont déjà une lourde charge pour leurs parents chaque week-end et pendant les vacances?
Est-ce vraiment à quarante ou cinquante ans que vous aurez le plus d’énergie pour aider votre enfant? Quand il faudra le laver à l’âge adulte? Quand il faudra lui essuyer les fesses? Le faire manger? Quand il fera le bazar la nuit parce qu’il ne dort pas?
Il faut investir dans l’avenir
L’investissement des parents fait toute la différence. Je sais que c’est dur, qu’il faut une énorme abnégation pour mettre sa vie en pause pour aider son enfant. Mais cela paiera quand, lorsque vous serez vieux, vous n’aurez plus à vous en inquiéter. Je sais que c’est difficile, parce que vous n’êtes pas cousus d’or, qu’il est difficile de trouver de bons intervenants, que l’absence de vrais professionnels n’est égalée que par le manque d’aides de la part de l’État.
- Les enfants autistes ont leur place à l’école–même les enfants qui ont un autisme sévère. Battez-vous pour qu’ils y aillent le plus longtemps et le plus souvent possible. Il faut réclamer les AVSi, insister pour avoir un suivi du SESSAD à l’école, demander au CRA de venir parler aux enseignants.
- Une prise en charge à la maison, avec une guidance parentale par des professionnels, sera plus efficace pour aider vos enfants que l’IME.
- Il existe des aides financières (AEEH + complément ou PCH) pour les parents qui souhaitent cesser leur activité pour aider leur enfant. On peut vivre avec ces aides, même quand on est parent solo.
Alors, certes, vous êtes fatigués maintenant. Imaginez comment vous serez dans quinze ans, avec un adulte à gérer qui ne se laisse pas faire, qui se met en danger, et qui devient violent lorsqu’on le frustre.
Ne vous cachez pas les yeux.
C’est le moment.
C’est maintenant.
Faites les démarches pour avoir un soutien financier et sortez votre enfant de cette impasse.
Dans une vingtaine d’année, votre enfant sera-t-il enfermé dans un FAM, ou bien vivra-t-il différent parmi les autres? Tuerez-vous son potentiel pour un soulagement temporaire, ou lui donnerez-vous une solution à long terme? Quel sera votre choix pour l’avenir de votre enfant?