article publié sur le site Troubles du spectre autistique le
Bio-marqueurs découverts pour l'Autisme
Découverte de bio-marqueurs pour l'autisme
Source Autisme Information Science:
Biomarkers for Autism Discovered
Découverte de bio-marqueurs pour l'autisme
Source Autisme Information Science:
Biomarkers for Autism Discovered
Simple contrariété passagère ou expression de la folie ordinaire ? (jjdupuis)
Collectif des 39 contre la Nuit Sécuritaire
Communiqué de Presse
Lundi 26 mars 2012
Quelle hospitalité pour la folie en 2012 ?
Le 4ème meeting National du collectif des 39 s’est déroulé samedi 17 mars à Montreuil. Plus de 1200 personnes ont participé avec une grande attention durant toute la journée aux débats et aux témoignages des professionnels et des patients ou familles de patient, aux interventions de neurobiologiste, de philosophe. Il s’en est dégagé souvent une vive émotion et toujours une grande force de conviction et de détermination pour soutenir l’hospitalité en psychiatrie.
Autant par le nombre que par la pluralité des personnes, par la diversité de leur place comme de leur statut, la légitimité et la justesse de la dynamique maintenue depuis 3 ans par le collectif des 39 en est confirmée. L’affirmation de nos valeurs, de nos résistances pour promouvoir un accueil de qualité et une attention des pouvoirs publics quant à l’importance des soins psychiques en est sortie plus forte.
La nécessité d’abroger les lois sécuritaires, gestionnaires, liberticides, est un de nos objectifs essentiels. C’est aujourd’hui un de nos mots d’ordre.
-Abrogation de la Loi du 5 juillet 2011 concernant les soins sans consentement.
-Abrogation de la Loi hôpital Patient Santé Territoire.
-Revalorisation et renforcement de la politique de secteur, notamment par un budget spécifique pour la psychiatrie.
- Abandon du projet de valorisation de l’activité en psychiatrie pour le maintient d’un budget global.
-Dissolution de l’instance de la Haute Autorité de Santé.
Durant le meeting, les différents partis de gauche, les représentants des candidats à l’élection présidentielle ont exposé leur position concernant la politique à mener en matière de soins psychiques. Le Front de Gauche – Parti de Gauche, PC-, EELV, le NPA, L.O. ont pris des engagements très clairs. Les représentants des candidats de ces partis ont donné un écho favorable au Manifeste dans lequel le collectif des 39 présente ses propositions. Le Parti Socialiste, par la voix de son représentant s’est prononcé pour un aménagement de la loi HPST, un abandon de la tarification à l’acte sans assurer une enveloppe globale et une réorganisation de la HAS. À propos de la loi sur les soins sans consentement du 5 juillet 2011, il en a dénoncé le caractère sécuritaire, sans engagement sur son abrogation. Il a par contre évoqué que ce sera au Parlement nouvellement élu en juin 2012 de revenir sur ces lois.
Pierre Joxe, ancien ministre, présent avec le collectif des 39 ce samedi pour dénoncer la régression de la justice des mineurs et les attaques contre la prévention, a rappelé la responsabilité et le pouvoir des parlementaires dans l’écriture des textes de lois. La mobilisation auprès des députés est de toute évidence indispensable.
La Haute Autorité de Santé s’est totalement discréditée avec la parution de son rapport du 8 mars dernier, déclarant "la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle non consensuelles » pour la prise en charge de l'autisme, et interdisant la thérapeutique par le packing. Le collectif des 39 dénonce la dérive de cette instance.
Les 1200 personnes présentes ont manifesté leur soutien total au Professeur Pierre Delion, violemment attaqué, qui a été ovationné à l'issue de son intervention digne et combative.
Il est aujourd’hui clair que toute participation à cette instance anti-démocratique contribue à renforcer une entreprise idéologique visant à briser toute approche psychodynamique de la psychiatrie, à entraver la dimension thérapeutique pour les personnes autistes. Nous appelons tous les professionnels soignants à quitter leur fonction de cette instance.
Le Collectif des 39 a donné rendez vous à l'automne, à toutes celles et tous ceux qui veulent continuer ce combat, lors de l'organisation des assises pour une psychiatrie fondée sur l'hospitalité.
La comédienne française Sandrine Bonnaire était à Prague à la fin de la semaine dernière pour recevoir le prix Kristián dans le cadre du festival Febiobest. Le public praguois a ainsi la possibilité de voir ou de revoir certains des grands films qui ont marqué sa carrière. L’occasion de s’entretenir avec elle, notamment de son premier film en tant que réalisatrice, Elle s’appelle Sabine, documentaire consacré à sa sœur autiste. Un film bouleversant sur l’échec de sa prise en charge par le corps médical, un échec qui a eu des conséquences lourdes. Mais avant cela Radio Prague a recueilli ses réactions après la remise du prix Kristián :
« Cela fait plaisir bien sûr. On ne peut pas dire qu’on ne fait pas ce métier aussi pour ces raisons-là. Un travail reconnu, c’est toujours touchant. Après, je me dis : est-ce que c’est l’âge ? Il y a bien sûr la reconnaissance, mais j’ai trente ans de carrière. Alors est-ce que fait partie des… (rires) ?! »
Plusieurs de vos films ont été projetés en République tchèque ces dernières années, dans le cadre de festivals, qu’il s’agisse de films dans lesquels vous avez joué, ou du film que vous avez tourné sur votre sœur, autiste. Ce film, Elle s’appelle Sabine, pourquoi avez-vous voulu le faire ?
« J’ai était la marraine des journées de l’autisme en France pendant plusieurs années. Je me suis dit que la meilleure manière de défendre l’autisme était de le faire à travers Sabine. J’entendais tellement de témoignages de familles tout aussi tragiques que celui de Sabine que je me suis dit qu’il fallait dénoncer tout cela. Ce n’était pas tant pour parler de Sabine que pour dire que ça continuait. Ce film a été fait pour sensibiliser les pouvoirs publics, le public aussi à ce regard qui est souvent malveillant. Oui, c’était un acte politique. »
Avez-vous été surprise des réactions suite au film ? Qu’elles soient positives ou négatives…
« Je n’ai pas été surprise. Parce que c’était évident que l’histoire de Sabine était touchante et bouleversante. Personne ne peut être insensible au cas de Sabine. »
Il faut rappeler qu’elle a été diagnostiquée autiste très tard et très mal prise en charge surtout…
« Oui. A la limite le diagnostic à cet âge-là, c’est presque trop tard. On est diagnostiqué mais où oriente-t-on ces gens-là ? S’il n’y a pas de lieu de vie, de lieu de soins, que fait-on d’un diagnostic ? Ma démarche est surtout orientée sur cela : trouver des lieux de vie et de soins, où les parents peuvent souffler. »
Comment a-t-elle réagi au film ?
« Le film lui a fait beaucoup de bien, elle a été la première à le voir, avec les gens de l’association que j’avais filmés. Ensuite, elle me l’a demandé en DVD. Je lui ai passé. Elle le regardait tous les jours. Elle s’est presque dédoublée : à la fois cela lui a fait beaucoup de bien, car elle a vu comment elle était avant, elle s’est souvenue de ce qu’elle était avant, donc elle a eu besoin et envie de retrouver des forces pour y ressembler un peu. En même temps, il y avait un côté où elle était un peu comme une actrice – ce qui est vrai en sorte, mais plus tout-à-fait dans la réalité. Elle avait besoin de voir le film tous les jours ce qui était trop. Les gens qui s’occupent d’elle ont recadré tout cela. »
Comment va Sabine aujourd’hui ?
« Pas mal. Ce n’est pas encore cela, mais pas mal. Elle a énormément maigri, elle a eu envie de se laisser pousser les cheveux. Elle est plus comme avant, plus coquette. Et en même temps par moments, violente, mais c’est normal. C’est sa différence qui fait cela, Sabine s’exprime comme cela, de toute façon. »
Créé le 27-03-2012 à 19h03 - Mis à jour à 19h15
La "piste microbienne" défendue par le Pr Montagnier dans ses recherches sur l'autisme est à considérer "avec prudence" estime l'Académie de médecine. Au-delà, ce sont des théories très contestées qui sont en jeu.
Une semaine après une séance qui a choqué bon nombre de participants, l’Académie nationale de médecine publie un communiqué pour marquer ses distances avec la présentation faite par l’un de ses membres, le Pr Luc Montagnier. Mardi 20 mars, le chercheur, membre de l’Académie et prix Nobel de médecine, a présenté un exposé sur ses dernières recherches sur l’autisme et la piste microbienne.
Le Pr Montagnier «a été écouté avec l’intérêt que l’on doit à la parole d’un chercheur prestigieux». Ainsi commence le communiqué, qui poursuit : « Cependant, la méthode utilisée et les résultats annoncés demandent à être accueillis avec prudence. Il serait déraisonnable de donner aux parents d’enfants atteints de cette maladie des espoirs injustifiés avant une validation de ces résultats par plusieurs équipes médicales faisant la preuve de leur reproductibilité».
L’hypothèse du Pr Montagnier est que l’on assiste à une «véritable épidémie» d’autisme –terme regroupant différents troubles envahissants du développement- et que des facteurs génétiques ne suffisent pas à l'expliquer. Les causes seraient donc à chercher dans l’environnement, notamment dans des infections bactériennes.
Devant les académiciens, le co-découvreur du virus du sida, aujourd’hui âgé de 78 ans, a expliqué que des traitements par antibiotiques permettraient d’améliorer les symptômes des enfants autistes. Les cures ont été testées sur 97 enfants autistes avec une amélioration rapide dans plus de la moitié des cas.
«Comme le Pr Gilbert LELORD du CHU de Tours, pionnier de la prise en charge de l’autisme, l’a fait remarquer à la suite de l’exposé, il s’agit d’observations cliniques isolées et non d’un essai clinique de type cas-témoin » souligne l’Académie de médecine dans son communiqué. Elle rappelle également que de précédentes études menées dans les années 70 avec la vitamine B6, puis dans les années 80 avec la fenfluramine (une amphétamine), n’ont pas été concluants contre l'autisme.
C’est en Chine que le co-découvreur du virus du sida, aujourd’hui âgé de 78 ans, mène ses recherches. Depuis la fin 2010 il dirige un institut à l’université Jiaotong de Shanghai.
Au-delà de ces problèmes méthodologiques, c’est l’hypothèse de travail qui sous-tend les travaux du Pr Montagnier qui pose problème à la communauté scientifique. Dans deux articles publiés en 2009, il expliquait que des ondes électromagnétiques sont émises par des séquences d’ADN à de très hautes dilutions. Autrement dit, même si l’ADN lui-même n’est plus détectable, des signaux le sont encore. «Il existe dans le sang de la plupart des enfants autistes - mais pas chez les enfants non atteints - des séquences d’ADN émettant spécifiquement dans certaines conditions des ondes électromagnétiques» écrit-il dans un texte publié sur son site. Ces «signaux électromagnétiques» disparaissent avec les traitements antibiotiques, poursuit-il.
Cette hypothèse sur les signaux rappelle celle de la mémoire de l’eau de Jacques Benveniste, immunologiste français qui a défendu toute sa vie cette idée que l’effet biologique d’une substance persistait dans l’eau même s’il ne restait rien de cette substance. Des résultats publiés en 1988 dans Nature qui ont déclenché une controverse. Ils n’ont jamais été reproduits et la fameuse revue a finalement considéré qu’il s’agissait d’une illusion (delusion).
Le Pr Montagnier a récemment défendu la mémoire de l’eau et évoqué une « terreur intellectuelle » de la part de ceux qui ne la comprennent pas, ce qui empêchait des personnes ayant reproduit les résultats de Benveniste de publier (1).
Au traumatisme de la mémoire de l’eau s’ajoute celui de l’affaire Andrew Wakefield: en 1998 ce médecin britannique associe des problèmes intestinaux avec un autisme dit "régressif" et accuse la vaccination contre la rougeole (ROR) d’en être responsable. Cette étude a fait reculer la vaccination avant d’être totalement décrédibilisée en 2010. Une enquête du BMJ a montré qu’il s’agissait d’une véritable fraude (Lire Vaccination et autisme: histoire d'un faux).
Le terrain sur lequel s’avance le Pr Montagnier est donc plus que sensible. A fortiori dans un pays comme la France où le bras de fer est engagé avec la psychanalyse pour faire évoluer la prise en charge de l’autisme.
C.D.
Sciences & Avenir.fr
27/03/12
Créé le 26-03-2012 à 20h47 - Mis à jour à 20h47
"Ensemble pour l'autisme" lance cette semaine une campagne de sensibilisation pour mieux faire connaître l'autisme dont les Français sous-estiment la fréquence, selon une enquête de l'Institut OpinionWay.
Des spots radios de témoignages d'autistes (écoliers, musicienne mère de famille) et un spot TV, illustrant les difficultés de perception de l'autiste, seront diffusés jusqu'au 5 avril grâce au label Grande cause nationale 2012, selon ce rassemblement associatif, initié par le "Collectif Autisme" (www.autismegrandecause2012.fr).
Le 2 avril, pour la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, de nombreux monuments dans le monde seront illuminés en bleu avec notamment en France, le Louvre, le Musée Orsay, Chenonceau, le pont d'Avignon, le Château de Versailles, indique-t-on au Collectif (voir www.facebook.com/LaFranceEnBleu).
85% des Français sous-estiment le nombre d'autistes et considèrent presque ce handicap comme une maladie rare, d'après l'enquête OpinionWay réalisée auprès d'un échantillon représentatif 1.018 personnes vivant en métropole de plus de 18 ans, du 29 février au 2 mars.
Avant l'âge de 20 ans, l'autisme et autres troubles envahissants du développement touche un enfant sur 150.
Un Français sur quatre pense que les autistes ont une intelligence supérieure à la normale alors que 30% ont un retard mental.
87% savent qu'un autiste ne parvient pas à communiquer avec les autres. 54% pensent qu'il souffre de troubles neurologiques mais pour 37% c'est une personne qui souffre de troubles psychologiques.
Pour 79% des sondés, une personne autiste peut vivre comme les autres, majoritairement avec une aide et plus de 8 sur 10 déclarent que son état peut s'améliorer.
Pourtant un Français sur deux considère qu'un milieu "protégé" (établissements spécialisés...) est le meilleur environnement pour l'autiste.
La très grande majorité (90%) voit dans les techniques éducatives un moyen d'améliorer l'état des autistes. Les Français sont plus partagés concernant les thérapies psychanalytiques : un peu plus d'un sur deux (54%) leur accordent la capacité d'améliorer l'état des autistes, 9% sont d'avis contraire et 36% "ne savent pas".
Voici un article très intéressant publié dans la revue Science et pseudo-sciences n° 300 - avril 2012.
Son auteur, James Rivière, psychomotricien de formation, est maître de conférence en psychologie du développement à l'université de Rouen. Il est l'auteur d'un aricle paru en 2010 dans la revue Annales Médico-psychologiques qui promeut une pratique clinique basée sur les preuves dans le domaine de la psychomotricité.
Lire l'article => https://docs.google.com/file/d/0B6qRXqLeCMZpZVFwemdYbnJSdS1uWElwc25ZVmFKdw/edit?pli=1
Auteur | Sujet :
La psychomotricité, le drame de la formation |
---|
Lire la suite => http://forum.doctissimo.fr/sante/Autisme/psychomotricite-drame-formation-sujet_4627_1.htm
Questions à la CIPPA
Après ma série de questions à Bernard Golse (restées jusqu'ici sans réponse), je poursuis ma démarche de questionnement précis des théories et des pratiques psychanalytiques pour l'autisme, en envoyant les questions suivantes à la CIPPA.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO |23.03.2012 à 20h08 • Mis à jour le24.03.2012 à 17h54
Par Marc Gozlan
Chaque être humain héberge dans son intestin un écosystème composé de dix fois plus de bactéries que notre corps ne contient de cellules. L'ensemble des génomes de ces microorganismes constitue ce que les biologistes appellent le métagénome intestinal humain. Objet d'intenses recherches, il a été la vedette du congrès international MetaHIT, qui a réuni 600 chercheurs à Paris du 19 au 21 mars.
Les outils moléculaires et bio-informatiques permettent aujourd'hui de décrire la diversité des 10 000 milliards de bactéries qui colonisent notre tube digestif et forment le microbiote intestinal, ce que l'on appelait il n'y a pas si longtemps la flore intestinale. Formé durant l'accouchement, à partir de la flore fécale et vaginale maternelle, cet organe, non palpable alors que son poids peut atteindre deux kilogrammes, assure des fonctions essentielles pour l'hôte qui l'héberge à demeure. Ces microbes contribuent à la conversion des aliments en nutriments et en énergie, de même qu'à la synthèse de vitamines indispensables à l'organisme. Ils participent également à la maturation du système immunitaire. De récentes expériences chez la souris apportent un nouvel éclairage sur l'implication du microbiote intestinal dans plusieurs pathologies humaines non digestives, dont certaines en lien avec le fonctionnement cérébral.
Des études épidémiologiques ont montré que le microbiote intestinal des enfants asthmatiques diffère de celui des enfants sains et qu'il existe un risque accru de survenue d'un asthme en cas d'administration d'antibiotiques aux premiers âges de la vie. De même, les enfants nés par césarienne, non exposés aux bactéries vaginales et fécales de leur mère à la naissance, ont un microbiote intestinal différent des enfants accouchés par voie naturelle et présentent un risque plus élevé de développer un asthme.
Une étude canadienne, publiée dans la dernière livraison d'EMBO Report et présentée au congrès MetaHIT, montre que l'administration chez la souris de certains antibiotiques en période néonatale peut augmenter la susceptibilité à développer un asthme allergique. L'expérience, conduite par l'équipe de Brett Finlay, de l'Université de Colombie-Britannique à Vancouver (Canada), a comparé l'impact de deux antibiotiques, la streptomycine et la vancomycine, sur le microbiote intestinal de souriceaux nouveau-nés et a évalué leur capacité à favoriser l'apparition d'un asthme allergique après exposition à un allergène. Le traitement par streptomycine a eu un effet limité sur le microbiote intestinal et sur la maladie asthmatique, alors que la vancomycine a entraîné une importante réduction de la diversité microbienne intestinale et a augmenté la sévérité de l'asthme.
En revanche, aucun des deux antibiotiques n'a eu d'impact chez la souris adulte, ce qui montre qu'il existe une période critique, au début de la vie, durant laquelle une modification du microbiote intestinal peut perturber le développement du système immunitaire et entraîner une sensibilisation allergique. "C'est la première fois qu'une étude montre que le microbiote intestinal joue réellement un rôle dans la survenue de l'asthme", souligne le professeur Finlay.
Si le rôle qu'exerce le microbiote intestinal dans la maturation du système immunitaire est largement reconnu, il est plus difficile, à première vue, "de concevoir que la flore intestinale puisse avoir un impact sur les fonctions cérébrales et le comportement", reconnaît le professeur Stephen Collins, gastroentérologue de l'université MacMaster d'Hamilton (Canada). Plusieurs études chez l'animal ont pourtant contribué à renforcer le concept d'un "axe intestin-cerveau".
Schématiquement, ce réseau bidirectionnel permet au cerveau d'influer sur les activités motrices, sensitives et sécrétoires du tube digestif et à l'intestin d'exercer une action sur les fonctions cérébrales. L'équipe du professeur Collins a montré qu'un traitement oral d'une semaine par plusieurs antibiotiques chez la souris adulte induit des perturbations de la composition des populations bactériennes du côlon, un comportement anxieux, ainsi qu'une élévation du taux d'une protéine impliquée dans la croissance et la survie des neurones, le BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor), dans l'hippocampe et l'amygdale, régions du cerveau respectivement impliquées dans la mémoire et l'apprentissage d'une part, l'humeur et la mémoire d'autre part. L'arrêt de l'antibiotique a permis de restaurer le comportement normal des rongeurs.
Récemment, cette équipe a conduit une expérience qui exploite le fait que deux souches de souris n'ayant pas le même comportement naturel diffèrent également par la composition de leur flore intestinale. Les souris d'une souche sont timides et anxieuses alors que celles de l'autre souche montrent une grande tendance à explorer leur environnement. Elevées dans des conditions stériles, les deux souches de souris, dépourvues de germes intestinaux, ont été transplantées avec le microbiote intestinal de l'une ou l'autre souche. Résultat : les chercheurs ont inversé le comportement des rongeurs, les souris timides devenant de vraies exploratrices et vice-versa !
Pour Stephen Collins, "les bactéries résidentes intestinales pourraient produire des substances actives sur le cerveau. Dans les années à venir, la transcriptomique et la métabolomique, techniques permettant d'analyser le fonctionnement génétique et l'activité métabolique du microbiote intestinal, seront essentielles pour déterminer quelle bactérie produit telle molécule neuroactive, seule ou en coopération avec d'autres communautés microbiennes, et sur quelle cible la bactérie interagit".
Son équipe vient de montrer que le cerveau peut également avoir un impact sur le microbiote intestinal. Les chercheurs ont utilisé un modèle de dépression chez la souris par ablation chirurgicale des bulbes olfactifs. Chez ces souris rendues anxieuses et très sensibles au stress, les chercheurs ont observé une altération du microbiote intestinal de même qu'une augmentation du taux intracérébral de CRF, un neuromédiateur du stress libéré par l'hypothalamus. L'étape suivante a été d'injecter du CRF dans le cerveau de souris normales. Cette injection a eu pour conséquence de perturber la flore intestinale. L'axe intestin-cerveau est donc bien bidirectionnel.
Les travaux des chercheurs canadiens ont notamment révélé que les perturbations du microbiote intestinal chez les souris opérées et celles qui ont reçu du CRF en intra-cérébral sont associées à un changement de la motilité du côlon. "Ces nouveaux résultats permettent de penser que les perturbations de la chimie du cerveau observées chez les patients souffrant de pathologies neuropsychiatriques, comme l'autisme, la dépression et la schizophrénie, peuvent modifier la physiologie du côlon, en l'occurrence le transit intestinal, et impacter la composition de la flore intestinale", estime Stephen Collins.
La reconnaissance de l'existence de l'axe intestin-cerveau revêt une grande importance dans les maladies inflammatoires chroniques intestinales et dans le syndrome de l'intestin irritable (SII). Une pathologie psychiatrique est en effet observée chez 60 % à 85 % des patients souffrant de SII, le plus fréquent des troubles fonctionnels intestinaux qui affecte 10 % à 12 % de la population générale et se manifeste par une douleur abdominale, une constipation, une diarrhée ou une alternance de ces deux symptômes. Chez la souris présentant une inflammation intestinale chronique modérée, l'administration de probiotiques peut normaliser le comportement et la chimie du cerveau.
Autre pathologie où le microbiote intestinal est fortement soupçonné de jouer un rôle central : les douleurs abdominales récurrentes (DAR) de l'enfant, pathologie qui affecte 15 % à 45 % des enfants d'âge scolaire. "Nos travaux montrent que la flore bactérienne intestinale des enfants souffrant de douleurs abdominales récurrentes et du syndrome de l'intestin irritable est différente de celle des enfants sains, avec une composition anormalement élevée de certaines espèces bactériennes", indique le professeur James Versalovic, du département de pathologie du Baylor College of Medicine et du service de pédiatrie du Texas Children's Hospital d'Houston (Etats-Unis). Il souhaite "développer de nouvelles stratégies de manipulation microbienne par des interventions nutritionnelles, l'administration de probiotiques ou d'antibiotiques, afin de renforcer et favoriser les populations microbiennes bénéfiques ou celles capables de résister à la maladie". Le dialogue thérapeutique avec ce monde intérieur ne fait que commencer.
Marc Gozlan
Lexique
Microbiote intestinal Anciennement dénommé flore intestinale, il est constitué de l'ensemble des bactéries qui colonisent notre tube digestif. Il se forme durant l'accouchement, dès la rupture des membranes, à partir de la flore fécale et vaginale maternelle, puis se constitue par le biais de l'alimentation et le contact avec l'environnement, pour se stabiliser vers l'âge de 2 ans.
Métagénome intestinal humain Ensemble des génomes des bactéries qui colonisent l'intestin de l'homme.
Métagénomique Discipline qui permet de déterminer la présence et la fréquence des gènes microbiens présents dans le microbiote intestinal.
Métagénomique quantitative Technique consistant à extraire la totalité de l'ADN fécal pour ensuite amplifier un grand nombre de séquences génétiques. Chaque séquence est plus ou moins amplifiée selon l'abondance ou la rareté du gène bactérien correspondant.
Métagénomique fonctionnelle Technique visant à identifier les gènes microbiens intestinaux impliqués dans une grande variété de fonctions, notamment le dialogue entre le microbiote intestinal et les cellules humaines.
Transcriptomique Science qui permet l'analyser des ARN codés par l'ADN du métagénome bactérien.
Protéomique Science qui permet l'analyse des protéines synthétisées par les ARN bactériens.
Métabolomique Science qui permet l'identification des métabolites (petites molécules) issus de l'activité des populations bactériennes du microbiote intestinal.
Probiotiques Microorganismes (bactéries, levures) qui, après avoir été ingérés vivants en quantité suffisante, exercent un effet bénéfique sur la santé.
samedi 24.03.2012, 05:32- L. D.
« On nous a tellement pris pour des fous ! »
Pour Vinca Rivière, la reconnaissance officielle par la Haute Autorité de santé (HAS) de ce pour quoi elle se bat depuis des années est une victoire. ...
Le rapport dit que la méthode ABA (Applied Behavior Analysis), d'approche comportementale, que Mme Rivière a ramenée des États-Unis, en France, en créant le centre Camus de Villeneuve-d'Ascq, est désormais « recommandée ». Menace de fermeture, bataille acharnée, avec l'appui des parents, pour exister. Guerre à l'université : ça y est, une licence existe. Et les critiques essuyées du type : « L'ABA, c'est du dressage pour chien. » Voilà ce qu'a été le combat de ce docteur en psychologie.
Alors, aujourd'hui, elle se réjouit. Et les parents aussi. La maman de Nicolas, 14 ans, a les yeux qui brillent quand elle raconte les progrès accomplis par son fils grâce à l'ABA. « Il ne parlait pas, ne savait pas se laver, n'était pas propre la nuit. Tout ça, il l'a appris rapidement. » Grâce à cette méthode qui sollicite en permanence l'enfant, avec des éducateurs toujours présents, et des récompenses à la clef. « On a vécu l'hôpital de jour. Outre qu'il m'a demandé si l'enfant était désiré, si la grossesse s'était bien passée, le pédopsychiatre estimait qu'il fallait attendre que Nicolas agisse de lui-même, qu'il fallait laisser venir le désir. Il ne progressait pas du tout. Aujourd'hui, Nicolas va à l'école, on a une vie sociale avec lui. Je suis persuadée que si on n'avait pas connu le centre, il serait en hôpital psychiatrique. »
Vinca Rivière et la directrice du centre citent des enfants qui n'ont plus besoin du centre car le handicap est présent mais ne s'exprime plus. Aux critiques malgré tout persistantes, Mme Rivière rétorque que ces méthodes ne sont pas non plus censées faire de miracles.
Et elle tempère sa joie à l'idéequ'il va falloir des moyens pour étendre les méthodes comportementales et éducatives, dont l'ABA. Car il faut former des spécialistes. « C'est une méthode scientifique, qui ne s'apprend pas avec trois heures de formation », prévient-elle. Par ailleurs, l'ABA est très gourmande en personnels. Or, elle le sait, pour avoir plus, il faut que l'approche psychanalytique ait moins. Mais pour l'instant, le rapport ne dit rien dans ce sens.
samedi 24.03.2012, 09:02- Recueilli par LD
L'approche psychanalytique : un scandale ! »
Daniel Fasquelle, député-maire UMP du Touquet, mène la lutte politique contre l'approche psychanalytique du traitement de l'autisme, ayant même déposé une proposition de loi en janvier visant à l'interdire.
De fait, il se « réjouit » de ce rapport qui n’irait néanmoins « pas assez loin ». Il regrette que la Haute Autorité de santé (HAS) n’ait pas conservé « la version initiale de son rapport où elle parlait de méthodes "non recommandées" et pas seulement "non consensuelles". Et ce car le lobby a fait pression sur la HAS et j’en ai la preuve. »
Selon lui, en l’état, « ils vont continuer leurs méthodes dont aucune n’a montré une quelconque efficacité. Mais je ne les lâcherai pas. »
Daniel Fasquelle plaide pour une réaffectation des moyens. Lui qui précise ne pas être parent d’enfant autiste – « Je ne fais que remplir mon rôle de député » – veut mettre fin à « un scandale ». Il a des mots très durs. En déposant sa proposition, il justifiait : « Il faut arrêter le massacre. » S’agissant du packing, il parle de « méthode barbare ».
Et justifie : « Je suis dur car ils traumatisent les mamans et les couples en mettant la responsabilité sur les parents. On en est là aujourd’hui en France ! On a pris un retard monstre. En Angleterre, il y a dix-sept fois plus d’autistes à l’université qu’en France. Et qu’on ne nous dise pas qu’il faut un mélange des méthodes. La leur est mauvaise car elle part d’un mauvais diagnostic : l’autisme n’est pas une psychose, un problème de relation mère-enfant. Mais un problème neurologique. »
Il est le premier promoteur du packing en France. Le professeur Pierre Delion, pédopsychiatre au CHRU de Lille, n’a pas souhaité directement nous répondre, vu le contexte sensible, a-t-il justifié. Mais circule sur Internet sa prise de position écrite à la suite des recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS). L’interdiction du packing, sauf dans son service dans le cadre d’un programme de recherche, est « une catastrophe pour les enfants autistes qui bénéficient du packing et leurs parents » (…) « Elle empêche gravement la réalisation de la recherche entreprise en soumettant les chercheurs concernés à un paradoxe difficile à dépasser puisqu’il oblige les chercheurs à demander à des parents l’autorisation d’inclure leur enfant dans une recherche visant à prouver l’efficacité d’une technique qu’elle interdit par ailleurs. »
Il invoque un avis favorable du Haut Conseil de la santé publique, un autre du comité de protection des personnes. Et dénonce « une campagne calomnieuse et diffamatoire (…) orchestrée par des associations de parents (…) et s’en prenant bien au-delà du packing à la psychanalyse et à la psychothérapie institutionnelle ». Il dénonce enfin « une reprise des désinformations par des politiques pressés d’en découdre avec la pédopsychiatrie et une médiatisation trop partisane… »
Selon lui, la HAS « se disqualifie gravement » et « c’est toute la chaîne des décisions scientifiques qui est remise en question dans notre démocratie contemporaine. Cet état de fait ne pourra rester sans effets et sans suites. »
À l’instar du fondateur du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, dans L’Express : « Les psychanalystes vont entrer en résistance. »
samedi 24.03.2012, 05:32- La Voix du Nord
Un rapport tel une bombe. Le 8 mars, la Haute Autorité de santé (HAS) a remis en cause une longue tradition française en désavouant l'approche psychanalytique dans le traitement de l'autisme. Depuis, le débat ne cesse de déchaîner les passions, avec en son coeur des acteurs régionaux. Il faut dire que ses enjeux vont bien au-delà de la maladie et posent de grandes questions.
> Ça concerne qui ?
Une personne sur 150 est autiste. Des enfants, mais plus encore des adultes. « Longtemps, on a très peu dépisté », justifie Olivier Masson, directeur du « très neutre » Centre ressources autisme régional (CRA). Les autistes seraient donc 20 000 dans la région. Contrairement aux idées reçues, ils ne sont pas de plus en plus nombreux. Ou plutôt, « il n'y a pas d'épidémie. Mais vu qu'on dépiste plus et qu'on a élargi le terme, on en compte plus », précise M. Masson. Cela étant, même cette question fait débat. Le prix Nobel de médecine Luc Montagnier a soulevé mardi la polémique en parlant d'« épidémie » et en préconisant le traitement par antibiotiques. Position marginale.
> Que sait-on de l'autisme ?
« Une part génétique importante l'explique. Mais il ne faut pas exclure la dimension environnementale », explique Olivier Masson. « Tout le monde est à peu près d'accord là-dessus », affirme-t-il. Enfin, on en est moins sûr quand on entend le député-maire UMP du Touquet, Daniel Fasquelle, pourfendeur de l'approche psychanalytique : « La vérité, c'est que le cerveau n'est pas le même. Or, les psychanalystes expliquent l'autisme par une psychose, un problème de relation mère - enfant. » Si cette opposition est assez caricaturale, la dimension nature-culture du débat participe néanmoins de l'intérêt de beaucoup de professionnels et d'anonymes pour la question de l'autisme.
> Que dit le rapport ?
Que « les interventions fondées sur l'approche psychanalytique et la psychothérapie institutionnelle » ne sont « pas consensuelles ». Recommandant la mise en place d'un « projet personnalisé d'interventions adapté et réévalué régulièrement »... Des interventions fondées sur « une approche éducative, comportementale et développementale ». Une bombe dans le sens où, en France, l'approche psychanalytique, très influente chez les psychiatres, dominait jusqu'alors largement.
> Débat passionné
Écrire sur l'autisme, c'est la certitude de recevoir dès le lendemain une missive d'un camp ou de l'autre. Parfois des deux. Chacun ne se contente pas de renvoyer à l'autre l'inefficacité de son approche. La critique répandue (notamment chez les parents, constitués en associations) de la psychanalyse consiste à la décrire comme culpabilisant lourdement les mamans. Et celle des méthodes comportementales les décrit comme relevant du dressage. Or, selon Olivier Masson, « bon nombre de psychiatres, même formés à la psychanalyse, sont ouverts et utilisent des approches éducatives ». Quant au terme « dressage »...
> Pourquoi tant de tensions ?
Forte souffrance des familles, enjeux financiers importants, débat inné - acquis, politisation. La caricature veut même que l'approche psychanalytique soit de gauche et la comportementaliste de droite. Ensuite, des psychanalystes ont pu avoir des approches trop culpabilisantes. Et les parents s'impatientent. Car au pays de naissance du lacanisme, l'approche comportementale, très répandue dans les pays anglo-saxons, a eu bien du mal à se faire une place. Tellement attaquée dans son histoire, la psychanalyse a tendance à ne pas lâcher facilement un combat. Et les progrès de la génétique ont été tels qu'il n'est pas facile pour elle de céder si rapidement du terrain. Enfin, il y a la question de la prise en compte de la personne autiste. Doit-on à tout prix en faire quelqu'un de « normal » ? Se pose alors la question de l'acceptation de la différence dans notre société.
> Révolution ?
Le rapport n'interdit pas les approches psychanalytiques. Il ne décide même pas d'une réaffectation de moyens. En tout cas pas pour l'instant : « La psychanalyse va devoir apporter les preuves de son efficacité », décrypte Olivier Masson.
Ce contre quoi, depuis le rapport, certains se battent car ils ne sont pas favorables à, disent-ils, l'évaluation statistique. « Il faut qu'ils fassent cet effort. Et si les résultats ne sont pas bons, il faudra revoir la réaffectation des moyens. »
Crucial : le rapport préconise un taux d'encadrement d'un adulte pour un enfant à hauteur de 20-25 heures par semaine. Et il faut aussi former des soignants ou encadrants aux méthodes éducatives. Même s'il n'a pas force de coercition ou de loi, ce rapport ouvre un immense chantier. Dont on n'a pas fini de parler. •
Une avancée considérable dans l'étude des maladies mentales vient d'être accomplie par des chercheurs de l'Université de Californie et du laboratoire Spring Harbor de New York qui ont travaillé avec des outils totalement inédits: des cellules de la peau de malades schizophrènes transformées en neurones. Ils ont ainsi pu mettre en évidence sur ces cultures des troubles importants de la connection neuronale, mettant le doigt sur les mécanismes biologiques de la maladie. Ils ont également testé des médicaments antipsychotiques sur ces cultures et montré que l'un d'entre eux améliorait les connections entre neurones. Grâce à ces travaux publiés mercredi sur le site de la revue Nature, une nouvelle ère s'ouvre dans la recherche en psychiatrie qui devrait déboucher sur une meilleure compréhension de ces maladies, trop longtemps considérées par certains psychanalystes comme la conséquence de mauvaises interactions «parents-enfants», et sur une meilleure évaluation des médicaments.
La schizophrénie, qui touche 1% de la population, survient en général entre 15 et 25 ans par des symptômes variables selon les patients: délires, hallucinations, repli sur soi, désocialisation. Malgré sa fréquence, et le fait qu'elle frappe une population jeune, les recherches restent insuffisantes. Depuis plus d'une décennie des travaux ont néanmoins permis de comprendre que cette maladie avait un support biologique très important avec des facteurs génétiques notables, associés à certains facteurs environnementaux (prise de cannabis, infections maternelles pendant la grossesse, traumatismes obstétricaux…). En l'absence de modèle animal, l'étude de cette maladie basée sur la génétique, l'imagerie et l'épidémiologie restait assez limitée.
L'équipe de Fred Cage connue pour ses travaux innovants sur les cellules souches, à mille lieues des maladies mentales, s'est intéressée à la schizophrénie selon une démarche totalement innovante. Les chercheurs ont d'abord prélevé des cellules de la peau de quatre malades schizophrènes. Grâce à certaines alchimies, ils les ont transformées en cellules souches pluripotentes, ces dernières étant transformées ensuite en neurones. Par le biais de cette magie biologique ultramoderne, des neurones spécifiques de chacun de ces malades ont pu être créés. Des neurones de personnes «témoins» en bonne santé ont été produits de la même manière.
Les chercheurs ont examiné ces cultures et découvert que les neurones produits à partir des malades étaient différents de ceux issus de personnes saines. En particulier, ils développent bien moins de connections entre eux que les «normaux». Ils ont aussi mis en évidence des prolongements synaptiques moins développés chez les malades. Ils ont ensuite testé cinq différents médicaments utilisés dans la schizophrénie sur ces cultures et pu constater que l'un d'entre eux (la loxapine) améliorait les connections neuronales. Par ailleurs, l'analyse génétique a permis d'identifier 600 gènes dérégulés dans ces neurones, dont 25% avaient déjà été impliqués dans la schizophrénie antérieurement. Selon les auteurs, outre la compréhension de cette maladie, ces neurones fabriqués à partir de cellules souches issues de malades offrent un outil irremplaçable pour tester des médicaments et mettre en œuvre une «médecine personnalisée».
«Ces travaux sont passionnants, s'exclame le professeur Marion Leboyer (spécialiste de la génétique des maladies mentales, groupe hospitalier Chenevier-Mondor) qui s'indigne du manque de moyens dédiés en France à la recherche sur les maladies mentales, alors qu'elles sont si fréquentes et désespèrent les jeunes malades et leur famille. Nous avions aussi l'idée de ce type de recherche, mais pas suffisamment de financement.» Le professeur Marc Peschanski, spécialiste des cellules souches en France, estime important que cette voie de recherche s'attaque à la pathologie mentale, mais souligne que «ces résultats méritent une validation sur de plus grands effectifs».
Roselyne Bachelot, hier à Nantes. L. Failler / 20 Minutes
Elle craignait de devoir fermer ses portes à la rentrée prochaine, faute de financements suffisants. L'école nantaise pour enfants autistes Les Petits malins pourra finalement poursuivre son activité. Venue observer par elle-même le fonctionnement de cette structure associative qui utilise la méthode d'éducation ABA, Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la cohésion sociale, a en effet annoncé ce mardi que l'Etat verserait 710 000€ pour la pérennisation des cinq places actuelles aux rentrées 2012 et 2013 et la création de cinq places de plus à partir de 2014.
Méthode encore critiquée
« C'est un grand jour, commente, ému et surpris, Renaud Dupont, directeur des Petits malins. Notre école a ouvert en septembre 2011 grâce à l'énergie des parents, au soutien financier de sponsors et aux locaux prêtés par la ville. On accueille cinq enfants, âgés de 5 à 15 ans. Mais toutes les semaines, on reçoit des appels de familles désespérées cherchant une place en école ABA. » L'ABA est une méthode comportementale basée sur la stimulation par des exercices répétés. De plus en plus répandue à l'étranger, elle reste très critiquée en France par les défenseurs des méthodes psychanalytiques. « La Haute autorité de santé recommande désormais l'approche Aba, rappelle Renaud Dupont. J'ai vu mon fils atteint d'un autisme sévère réalisé ici en trois mois des progrès que je n'avais jamais vu dans les établissements spécialisés. Ma réponse aux critiques est là. »F.Brenon
http://www.20minutes.fr/article/901861/etat-financera-ecole-aba-nantaise
L'homme du jour 13/12/2010 - 08:36
Le Professeur Luc Montagnier se confie sur les recherches sur l'autisme qu'il mènera en Chine.
En duplex : Professeur Luc Montagnier, Codécouvreur du virus du sida et Prix Nobel de Médecine
Ecouter (8 minutes) => http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/L-homme-du-jour/Sons/Je-ne-peux-plus-faire-de-recherches-en-France-335285/
Le président de SATEDI, Emmanuel Dubrulle, a souhaité apporter des précisions suite à la tribune de Gabriel Bernot publiée par Le Monde le 21 mars 2012 et dont nous nous étions fait l’écho hier.
—
Mesdames messieurs, je souhaites brièvement répondre à la tribune de Gabriel Bernot qui a
été mentionné comme membre de SAtedi dans le texte « Gabriel Bernot « Moi, autiste, face à la
guerre des lobbies » dont le titre original était en réalité « Autisme : deux lobbies pour un
jackpot ? » Ce texte a subit d’après l’intéressé des modifications inopportunes de la part de la
rédaction du journal Le Monde.
Détail qui n’est pas anodin, il m’affirme qu’il n’avait pas mentionné son appartenance à
SAtedi. Dans les faits Gabriel Bernot est bien membre Adhérent mais il ne fait plus partie du
comité directeur de cette association et n’en est pas non plus un porte parole.
Si je ne récuse pas totalement ce texte , je ne suis pas non plus entièrement d’accord avec son
contenu qu’il convient de nuancer et remettre dans un contexte qui n’est pas clairement
explicité par ce même texte, faute de place. L’association SAtedi a donc été mise devant le fait
accompli et à son insu. Je ne vais cependant pas blâmer Gabriel Bernot qui a des sensibilités
différentes des miennes, je tiens à les relire avec vous et les reformuler si ce dernier le permet.
La question qu’il pose c’est – est ce que les approches maintenant prônées par le rapport HAS
sont réellement des approches permettant le progrès ? Est-ce qu’elles ne recueilleraient pas
plutôt les lauriers d’un développement type qui s’avérerait « normal » pour un autiste pour
autant qu’on le laisse pas sans une éducation guidée par une pédagogie had-oc. A question
complexe, réponse complexe que je ne saurai pas résumer en deux lignes.
L’autre question : le système français ne s’est-il pas fourvoyé en privilégiant dans un premier
temps le médico-social au lieu d’un système éducatif, avec une véritable pédagogie dédiée à
ces enfants affranchies de postulats en matière de théories de l’apprentissage qui sont
aujourd’hui dépassés ?
Il y a un risque de faire du surplace, l’HAS qui a pourtant réalisé un travail énorme auquel je
rend hommage, a en effet posé les mauvaises questions induisant des réponses « correctes »
mais qui dans la pratique iront droit dans le mur. La politique de l’éducation en France et en
particulier celle dédiée aux autistes devrait être plus cohérente, il y aura encore des travaux de
longue haleine à mener.
Les initiatives en matière de scolarisation des autistes sont pauvres : CLISS, AVS (pas
toujours bien formés ni valorisés) ainsi que des projets locaux initiés par les associations de
parents main dans la main avec des professionnels.
Pour beaucoup d’autistes ce qu’il faut avant tout c’est une pédagogie qui leur soit adaptée
mais, encore faut-il qu’elle existe, je ne connais pas l’heureuse élue parmi celles qui existent -
ce qui est bien plus facile à constater qu’à résoudre à l’échelle d’un pays qui au demeurant n’est
pas le mien, je vis en Belgique. Chez nous nous avons un réseau spécialisé d’enseignement, de
vraies écoles pour les handicapés dont font partie dans une large proportions les personnes
avec TSA. Des écoles de ce type ne sont peut-être pas la solution à copier, mais cela peut
servir de base de réflexion.
Si dans mon cas il n’a pas été nécessaire de recourir à cet enseignement qui tient pourtant
structurellement compte du handicap de l’élève, cela a été bel et bien le cas pour mon jeune
frère, et il est pour moi un rappel constant que si il y a des jeunes qui ont eu un parcours
comme le mien, il ne faut pas oublier ceux qui sont comme lui.
Emmanuël DUBRULLE – Président de SAtedi.
Hervé Bokobza, psychanalyste avant d’être psychiatre, fondateur du Collectif des 39,dont je vous laisse admirer la prose sur le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, a publié dans l’Express un article profondément révoltant: Autisme: « Les psychanalystes vont entrer en résistance ».
Je n’entrerai pas dans les détails, cet article me donne envie de vomir.
Je dirais simplement à ce monsieur que c’est fantastique d’avoir un enfant autiste quand on peut l’éduquer et lui donner les clés comportementales pour se développer, différent parmis les autres.
Ce n’est pas l’horreur, certainement pas. L’horreur c’est de laisser, lorsque l’on est médecin psychiatre, des enfants sans prise en charge efficace de leur autisme, des familles croire que l’on est le docteur, celui qui sait, alors que l’on est un ignorant, incapable de remise en question, et qui ne prend pas la peine de se tenir au courant des approches, pourtant diverses, utilisées mondialement hors des frontières hexagonales. Par simple dogmatisme psychanalytique.
Monsieur Bokobza dit que nous ne sommes qu’une petite vingtaine de forcenés à passer notre vie sur internet pour contester la psychanalyse, mais engage malgré tout ses collègues à entrer en résistance (quelle bravoure!).
Nous voudrions par cet action d’une part le soutenir dans sa guerre contre les familles d’enfants autistes, mais aussi lui signifier que, systématiquement, une armée de crocobics se lèvera et dira son mécontentement dès lors que nous serons bafoués.
Nous ne défendons ni un dogme ni un bifsteack, nous défendons les vies de nos enfants, de leurs fratries, de nos familles. C’est pour cela que nous sommes invincibles.
Voici donc un chant de Résistants (les vrais, ceux-là), remis à la sauce autistique. Nous nous sommes bien amusés à le faire (comme quoi, nous ne vivons pas dans le Rocky Horror Picture Show).
Opération Autisme Infantile
Nous vous invitons à l’envoyer au Centre Psychologique où Monsieur Bokobza est médecin directeur, le Centre Psychologique de St Martin de Vigognoul, en passant par leur formulaire de contact que vous trouverez ici:
http://www.centrepsychotherapique.com/contactnf.htm
Nous vous invitons aussi à ajouter en commentaire ce lien sur l’article de l’Express ici:
Enfin, les commentaires sont souvent fermés sur le blog Collectif des 39, mais j’en ai trouvé un ouvert ici (il faudra vous connecter pour laisser un commentaire en donnant un mot de passe et une adresse e-mail):
http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=3153&cpage=1#comment-3816
Bref, il y a de quoi s’amuser.
Pour les amateurs de karaoké, voici les paroles:
Le chant des Non-Psykktisans
Psykk, entends-tu la fin de ta profession qu’on piétine?
Psykk, entends-tu les cris de joie de nos gosses qu’on libère?
Ohé! Les parents, et tous les intervenants, c’est la fête.
Ce soir, les psykk sauront que c’est là l’heure de leur retraite.
Assaillez sans relâche de dossiers toutes les MDPH!
Insistez, exigez, que votre enfant à l’école ait sa place!
Ohé! Les orthos, plastifiez vite vos pictos, pour le PECS!
Ohé! Psykk, vraiment on s’en contrefiche si on vous vexe!
C’est nous qui ôtons les draps froids du packing sur nos gosses!
Les ateliers contes et la pataugeoire qui les cabossent!
Il est des pays où les enfants autistes sont intégrés!
Mais ici, eux vois-tu, ils sont enfermés, drogués, et brimés.
Ici les parents savent ce qu’ils veulent pour leurs gosses.
Psykk, toi qui tombes, on ne veut plus personne pour prendre ta place.
Demain, ABA, TEACCH et PECS seront légion, car on milite.
Foncez, les parents, le bonheur de vos enfants est en route.
Ami, entends-tu les cris rauques des psykk que l’on jette?
Ami, entends-tu les progrès de ton enfant qu’on éduque?
Et surtout, n’oubliez pas les paroles!
LE MONDE ET L’AUTISME : INFORMER OU MANIPULER ?
Ce billet a été écrit suite à plusieurs articles du journal Le Monde sur le thème de l’autisme et des récentes recommandations de la HAS sur le sujet. Suite, en particulier au plus récent d’entre eux « Moi, autiste, face à la guerre des lobbies », paru le 21 mars.
ENTRE PARTI-PRIS ET CONTRE-VÉRITÉS
Ce dernier article est, comme l’indique son titre, l’œuvre d’une personne qui se présente comme « autiste ». En l’ayant publié, Le Monde en rend la critique d’autant plus pénible ; mais au-delà de la gêne éprouvée face au style très « auto-centré » et à la fatuité un peu ridicule de certaines formulations [1], on ne peut manquer d’y relever un grand nombre de contre-vérités et d’affirmations péremptoires.
Intéressons-nous par exemple seulement à ce paragraphe : « La Haute Autorité de santé (HAS) a publié le 8 mars un texte influencé par le lobby anti-psychanalyse, qui affirme impossible notre réussite en visant à imposer des "interventions globales précoces" aux enfants comme ceux que nous étions. En réalité, derrière une façade d'"approche éclectique et diversifiée", ces interventions consistent en un conditionnement comportemental intensif de l'enfant à mimer des compétences. Un postulat incontournable du comportementalisme est la non-pertinence des phénomènes mentaux : il refuse donc de stimuler les compétences intellectuelles de l'enfant, lui fermant la porte d'un avenir décent. »
Si tant est que la première phrase ait un sens, le rapport, consultable ici, n’affirme nulle part « impossible (la) réussite (des autistes) ».
Quant aux deux autres phrases, elles trahissent surtout l’ignorance crasse de l’auteur à propos des TCC, sur lesquelles il n’a visiblement que des idées reçues [2]. Comment affirmer, en effet, que les interventions se réclamant de ces méthodes consistent à « mimer des compétences » et qu’un de leurs « postulat(s) » est la « non-pertinence des phénomènes mentaux » (si tant est, là encore, que cette expression ait un sens) ?
On pourrait aisément objecter à l’auteur qu’au-delà de ses jugements personnels, le dossier des études portant sur l’efficacité des TCC dans le domaine de l’autisme est étoffé (voir par exemple les deux revues Cochrane ici et là), alors que celui de la psychanalyse reste désespérément vide [3]. Et que l’efficacité des interventions TCC est donc un fait, même si, un peu à la manière d’un « expert » qui nous expliquerait que le Titanic n’a pas coulé parce que « c’était impossible », notre auteur cherche à nous expliquer pourquoi elles ne devraient pas « marcher ».
On pourrait, en d’autres termes, lui rappeler qu’en science, le monde des faits prime sur le monde des idées.
Mais surtout, si, comme moi, Le Monde avait pensé à l’interroger, le Pr. Scania de Schonen aurait répondu ceci (en majuscules : souligné par moi) : « Les techniques comportementales ne sont efficaces que PARCE QUE LES ACTIVITES MENTALES DE L'ENFANT AVEC AUTISME SONT MOBILISABLES. Par exemple quand on enseigne à un enfant avec autisme à faire une action en réponse à une situation, on veille à ce que cette action SE GENERALISE A D'AUTRES SITUATIONS PERTINENTES ET S'ADAPTE EN FONCTION DES VARIATIONS DE CES SITUATIONS. Concrètement, on change donc une ou deux fois la situation (parfois plus), on aide à adapter l'action, puis on fournit d'autres situations plus ou moins semblables, et on vérifie que l'enfant généralise ce qu'il a appris aux situations pertinentes et ne généralise pas aux situations non pertinentes. Cette généralisation IMPLIQUE QUE L'ENFANT RECONNAIT LES DIVERSES SITUATIONS COMME AYANT DES POINTS COMMUNS et qu'il détecte les aspects de son action qu'il faut modifier pour s'adapter. Cela s'appelle de la catégorisation et peut se faire a des niveaux DE PLUS EN PLUS ABSTRAITS. Autrement dit, L'INTERVENTION COMPORTEMENTALE S'APPUIE SUR LES ACTIVITES MENTALES sinon elle n'aurait jamais obtenu aucun résultat. Penser aussi à ce qu'il faut que le très jeune enfant comprenne dans les situations où on lui enseigne a diriger son attention vers autrui. IL NE SERVIRAIT A RIEN D'ENSEIGNER A FAIRE ATTENTION DANS UNE SEULE SITUATION ET A UNE SEULE PERSONNE (cela serait du dressage).
Il me semble que ces processus de généralisation déclenchés, mais non créés (car le processus de généralisation fait partie des facultés de l'enfant), par la technique d'enseignement montre bien qu'il ne s'agit pas d'un dressage. »
La position choisie par Le Monde relève donc largement du parti-pris.
TOUS LES AUTISTES SONT TITULAIRES D’UNE THÈSE DE DOCTORAT !
TOUS ? NON : SEULEMENT CEUX QUI ONT EU LA CHANCE D’ÉCHAPPER À ABA !
C’est d’autant plus préoccupant que le journal n’en est pas à son coup d’essai. Le Monde, qui a toujours défendu la psychanalyse au-delà de toute raison, se trouve sans doute aujourd’hui, face aux remises en cause « multimodales » [4] dont elle est l’objet et que, tout à son aveuglement, il n’a pas du tout anticipées, dans une situation classique de dissonance cognitive. Il est naturel qu’il cherche à la réduire, mais les lecteurs doivent savoir que ceci a lieu au détriment de la qualité de l’information.
Comment par exemple ne pas être interloquéspar la façon dont Le Monde avait, quelques jours auparavant, instrumentalisé les positions de Laurent Mottron ? Le journal avait en effet titré « Autisme : une mise en garde contre la méthode ABA » un article du chercheur canadien. Le Monde ayant choisi de traiter le problème de la controverse actuelle (à propos de l’autisme) avec une grille de lecture « guerre des psys – comportementalistes vs. psychanalystes », un tel titre laissait penser que Laurent Mottron était favorable à l’approche psychanalytique… alors qu’il n’en était rien, ce que l’intéressé précisait… dans l’article lui-même ! On a beau se dire qu’en matière de « tromperie par le titre », les défenseurs de la psychanalyse avaient de « glorieux » précédents [5], il est à craindre qu’avec de tels procédés, le lecteur pressé ait tôt fait de penser que tous les autistes sont (ou pourraient, que dis-je, devraient être) tous titulaires d’une thèse de doctorat… à l’exception bien sûr de ceux qui ont eu la malchance d’avoir des parents qui leur ont imposé des méthodes comportementales !
Comme si cela ne suffisait pas, l’article en rajoute encore dans la culpabilisation des parents en accusant ceux qui recherchent ces méthodes (au prix, faut-il le rappeler, d’un véritable parcours du combattant dans notre pays) de vouloir des « enfants parfaits ». On trouve ainsi cette phrase où l’auteur semble content de lui en comparant la situation des autistes à celles des sourds : « Les implants cochléaires, outre qu'ils répondent au « désir d'enfant parfait » des parents d'enfants sourds, favorisent les intérêts des chirurgiens ORL ». Notre autiste thésard devrait réfléchir au fait que dans une société fondée sur le profit, des intérêts vont forcément être « favorisés », quelle que soit la valeur de la méthode utilisée. Si des parents (parce qu’ils veulent un enfant « imparfait » ?) consultent un psychanalyste, ils vont « favoriser son intérêt » : en quoi ceci nous dit-il quelque chose sur la validité de telle ou telle méthode ?
Le jour où Le Monde décidera, sur ce sujet, d’informer ses lecteurs au lieu de les manipuler, il lui sera loisible d’interroger quelques parents incriminés. Voici quelques réactions, glanés sur un célèbre « réseau social », qu’il pourrait alors recueillir, permettant ainsi aux lecteurs en question de percevoir d’autres enjeux :
« C'est toujours blessant de lire que chercher à éduquer avec des méthodes qui nous semblent adaptées, c'est dresser ! »
« C'est la dialectique habituelle de certains Asperger qui ne se rendent pas compte que beaucoup d'autistes n'ont pas la chance de pouvoir s'exprimer verbalement dès le plus jeune âge... »
« Oui il est très blessant cet article. Enfin, c'est ainsi que je le ressens et mon petit Martin est loin d'avoir la capacité verbale et l'autonomie qu'a sûrement cette personne et que je souhaite à tous. C'est très dur d'être égoïste comme ça ! »
« Il me semble en plus que nous sommes plus dans le "désir" d'apporter le mieux possible à nos enfants plutôt que des parents dans un désir d'enfant parfait" (sic). D'autant que je n'entends pas bien cette expression, qui est pour moi pur fantasme... »
« Le Monde a déniché un gars pour mettre dos à dos les psychanalystes et les parents, comme si nous étions en présence de deux forces équivalentes. »
« Et si je suis né avec une jambe trop courte, une prothèse qui m’aide à marcher fait de mes parents des frustrés de l’enfant rêvé parfait et les complices des orthopédistes qui en vivent ? »
Que dire de plus ? Rien. Ou plutôt si, une dernière chose « avec Internet, nous pouvons tout à fait nous passer du Monde pour avoir une information de qualité. Et c’est tant mieux ! »
NOTES :
[1] comme par exemple « notre expérience montre » ou ces « théories dont nous avons démontré l'invalidité » : on peut se demander sérieusement qui est ce mystérieux « nous » et dans quelle revue scientifique à comité de lecture on peut trouver ce qu’il a « démontré » ;
[2] Il est vrai qu’il en est de même de la collaboratrice (et, pour ainsi dire, responsable de la rubrique « psychanalyse ») du journal, Elisabeth Roudinesco ; ainsi, dans un article où elle se réjouissait de la mise à l’index du rapport de l’Inserm (de 2004, sur l’évaluation des psychothérapies, rapport qui concluait, pour faire court, à l’inefficacité de la psychanalyse) par le ministre Douste-Blazy, on pouvait lire : « A vouloir médicaliser à outrance l’existence humaine, on tombe dans le ridicule comme le font certains comportementalistes qui prétendent guérir des phobies en trois semaines en obligeant un patient qui redoute les araignées à plonger sa main dans un bocal rempli d’inoffensives mygales » !!!
[3] Sans compter, on l’oublie trop souvent, qu’un élément est déterminant dans l'évaluation d'un traitement : l'acceptabilité. Manifestement les familles n’acceptent pas (ou plus) la psychanalyse.
[4] au sens où ces remises en cause viennent de champs aussi divers que la psychologie, la neurologie, l’histoire, la sociologie, l’ethnologie…
[5] Les décideurs culturels hexagonaux sont, pour la plupart, dans un tel état de sidération lorsque la psychanalyse est l’objet de critiques qu’ils essaient par tous les moyens de les cacher. Ainsi, lorsqu’ils ne peuvent empêcher la parution en français d’un ouvrage étranger critique sur la psychanalyse, certains tentent parfois d’en atténuer la portée en modifiant considérablement son titre. C’est comme cela que l’ouvrage Freud, Biologist of the Mind, Beyond the Psychoanalytic Legend de Frank Sulloway* est devenu Freud, biologiste de l’esprit**. La mention « au delà de la légende psychanalytique » a mystérieusement disparu. Quant à Why Freud Was Wrong : Sin, Science and Psychoanalysis de Richard Webster***, il s’est mué en Le Freud inconnu, l’invention de la psychanalyse****. Pas question de laisser celui qui ne verrait que les titres associer « psychanalyse » et « légende » ou imaginer que Freud a pu se tromper !
C’était en tous cas la situation qui a longtemps prévalu, même si, dans les 10 dernières années, elle a un peu évolué, la psychanalyse perdant inexorablement de son pouvoir (voir « 10 ans de science et de liberté d'expression face à la psychanalyse »).
* New York, Basic Books, 1979.
** Fayard, 1981.
*** New York, Harper Collins / Basic Books, 1995.
**** Exergue, 1998.
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-louis-racca/230312/le-monde-et-l-autisme-informer-ou-manipuler