Il serait intéressant de savoir sur quelles statistiques s’appuie M. Bokobza pour affirmer de façon péremptoire son « très minoritaires ». Puisque le journaliste rappelle avec raison plus loin dans l’article la représentativité du collectif autisme. Et sachant qu’il n’existe aucun recensement formel du nombre de personnes autistes en France.
Sans parler du sous diagnostic largement orchestré par ses collègues qui continuent à ne pas vouloir « mettre d’étiquettes » et à préférer les termes de « psychose » ou « dysharmonie ».
Parfois, leur rejet de la psychanalyse peut être fondé: il existe des psychanalystes totalement délirants. Comme dans tous les métiers, il y a des bons et des mauvais psys.
Entre « totalement délirant » et « mauvais professionnels » il y a tout de même de la marge… Connaissez vous beaucoup de professions où il y a tellement de personnes « totalement délirantes » qu’on arrive à monter une vingtaine de leurs propos délirants dans un documentaire et qui donnent lieu à des centaines de témoignages différents ??
Mais la véritable explication, c’est qu’ils sont manipulés par le lobby des comportementalistes.
Les parents remercient M. Bokobza pour le grand cas qu’il accorde à leur intelligence. Et souhaiteraient avoir plus d’explications sur ce mystérieux lobby, si difficile à trouver dans notre beau pays. Car pour l’instant, ceux qui bloquent, monopolisent la parole dans les médias et orchestrent des « fuites » restent vos camarades !
On leur fait croire que l’approche comportementale peut sauver leurs enfants…
Mais qui parle de les « sauver » ? Non M. Bokobza, comme tout parent, les parents d’enfants autistes veulent avant tout leur apporter une éducation, un maximum d’autonomie, un avenir le meilleur possible. Quand on a un enfant autiste, on perd vite ses illusions M. Bokobza, encore faut-il vivre avec et l’élever au quotidien pour pouvoir en parler !!
Et pourquoi ne pas mentionner également les approches développementales, cognitives ?
Si c’était vrai, je l’utiliserais!
N’êtes-vous pas directeur d’un centre pour adultes « névrotiques et psychotiques » ? Si c’était vrai que vous vous occupiez d’enfants autistes, vous auriez surement dit moins de sottises !
En réalité, il s’agit de méthodes extrêmement violentes, importées des Etats-Unis.
La « méthode extrêmement violente » ici, c’est le mensonge sur les méthodes que visiblement vous ne connaissez pas. Enrouler un enfant autiste (c’est-à-dire qui a une grande peine à comprendre son environnement, et souvent des troubles sensitifs importants) dans des draps mouillés et glacés, sortant du frigidaire, ça c’est « une méthode extrêmement violente ». Nous attendons des preuves de la violence supposée des méthodes que vous dénoncez, sans d’ailleurs citer ces méthodes.
Elles coûtent 30 000 euros par an et par enfant.
Rappelez donc au lecteur combien coute à la sécurité sociale le merveilleux traitement psychanalytique en hôpital de jour français ? Entre 800 et 1000€ par jour selon notre dernière enquête, et encore parfois les enfants n’y passent pas la journée entière (2h facturées ½ ou 1 journée…). Pour 200 jours par an à 800€ ça fait… 160 000€. Aux frais de la sécu. Les parents qui demandent 2000€ par mois pour appliquer une prise en charge telle que recommandée par la HAS n’obtiennent pas les financements…
Il y a derrière tout ça un immense enjeu financier.
Là nous sommes bien d’accord ! Où est l’argent aujourd’hui, qui en bénéficie ? Et qui risque de le perdre ?
Et même si elles marchent parfois, cela reste du dressage!
Ça veut dire quoi « marcher » pour vous ?
Quelle différence faites-vous entre « éduquer » et « dresser » ?
C’est comme la peur du flic, certes efficace, mais à quel prix?
Bon alors, c’est efficace ou ça n’est pas efficace ? Il faudrait savoir !
Pour le reste, après avoir insulté les parents, leur intelligence, les praticiens cognitivo-comportementalistes vous vous en prenez à la maréchaussée. Je n’ose penser à la façon dont les parents membres des forces de l’ordre sont reçus chez vous…
On est également très surpris par l’efficacité que vous, professionnel, prêtez à la « peur du flic »…
Pourquoi les parents voudraient-ils confier leurs enfants à des professionnels qui pratiquent le dressage?
C’est plus facile de dire à un parent « vous n’y êtes pour rien dans l’autisme de votre enfant, c’est génétique ».
Euh, parce que ça n’est pas le cas selon vous ?
Ces professionnels jouent sur l’illusion.
Quelle illusion ? Le consensus de la communauté scientifique internationale est une illusion ?
Je comprends très bien que ce soit plus reposant pour les parents.
Reposant !??? ce qui est reposant c’est de mieux comprendre le fonctionnement de son enfant. En outre mettre en place une thérapie cognitivo-comportementale est plutôt très exigeant pour la famille !
C’est tellement l’horreur absolue d’avoir un enfant autiste.
!!?? C’est souvent difficile d’avoir un enfant autiste, mais « l’horreur absolue » c’est de lire ce que vous osez dire et prétendre, en toute impunité !
L’horreur absolue c’est de se dire qu’ils seront entre des mains comme les vôtres quand on ne sera plus là !
L’horreur absolue c’est de réaliser que les « médecins », les « soignants » supposés vous aider considèrent que votre enfant est « l’horreur absolue ».
Quels sont les arguments que les comportementalistes utilisent pour convaincre les parents?
Les comportementalistes disent que la psychanalyse n’est pas scientifique, qu’il n’y a pas de preuve de son efficacité.
Encore faux ! Les « comportamentalistes » comme vous les appelez ont autre chose à faire que de parler de la psychanalyse. Ils expliquent ce qu’ils font, ce qui va être fait ensemble, pour quels objectifs. Ils interrogent sur le fonctionnement de l’enfant, ses centres d’intérêts. Priorisent, en fonction des besoins de l’enfant et les priorités de la famille. Réadaptent à mesure des évolutions. Bref, ils font leur job de « soignants » au lieu de faire des procès d’intention aux autres disciplines…
Nous ne répondons pas à leurs critères d’évaluation donc, pour eux, nous ne sommes pas crédibles.
Il n’y a pas que pour « eux » que vous n’êtes pas crédibles ! (Par exemple, les experts de la HAS ne sont pas des « comportamentalistes », pas plus que ceux de l’INSERM ou les personnes qui ont constitué le rapport Fuentes en Espagne…).
Mais le principe d’évaluation à partir de normes est radicalement opposé à notre démarche! La relation avec le patient, on ne peut pas l’évaluer.
On ne peut même pas évaluer ses résultats dans l’évolution ou le bien être du « patient » ? Il faut donc vous faire confiance aveuglément ? Vous feriez ça vous si un de vos enfants a un cancer ?
Soigner, en psychiatrie, demande une éthique du doute, une prise de risque.
C’est quoi « l’éthique du doute » ? Celle de savoir remettre en cause ses croyances dans sa pratique professionnelle peut-être ?
Quand vous parlez de « prise de risque », qui prend le risque ? Et ce risque quel est-il ? Ca me rappelle étrangement la « prise de risque » avec ce jeune garçon ayant déjà un lourd crime à son actif balancé dans un pensionnat mixte sans autre forme de précautions. Qui a assumé le risque pris ? Le psychiatre ou la jeune fille sauvagement assassinée ?
On ne peut pas mettre des croix dans des cases.
Sauf dans celle des formulaires qui permettent de toucher les prises en charge sécu…
Vous allez même beaucoup plus loin, si l’on en croit votre site Internet: vous y dénoncez la « folie évaluatrice et normative » des autorités de santé. Pourtant, la HAS souhaite seulement développer la recherche clinique afin d’évaluer l’efficacité des pratiques psychanalytiques. Peut-on imaginer d’évaluer ces traitements autrement qu’avec des statistiques?
Cela se fait déjà, par un professeur de Lyon.
Ou sont les résultats ? Quelle recherche effectue-t-il (mise à part le packing, qui n’est pas éducatif, loin s’en faut, mais que le Professeur Delion décrit comme n’étant PAS psychanalytique, il faudrait vous entendre…)
C’est l’universitaire le plus ouvert dans le domaine.
Le « plus ouvert » à quoi au juste ? A l’interdisciplinarité entre freudiens et lacaniens ? Voyez dans cet article son degré d’ouverture
Et c’est lui qui est harcelé par les associations de parents. Il fait pourtant de la recherche et prône une approche intégrative de toutes les disciplines.
La seule recherche connue est celle du packing, où est l’approche intégrative là dedans ?
Personnellement, je ne refuse pas l’évaluation: je l’exige tous les jours de la part de mes équipes [NDLR: le centre psychotérapique Saint-Martin-du-Vignogoul, dans l'Hérault, pour adultes atteints de psychose ou de névrose].
Elles se basent sur quoi vos évaluations ? Comment peut-on évaluer « quotidiennement » un traitement au long cours de l’humain ?
Mais je suis opposé aux normes à base de statistiques et de chiffres que les comportementalistes tentent d’imposer.
Elles ne prennent pas en compte la singularité de chacun.
Affirmation péremptoire, sans fondement, et insultante pour les praticiens concernés.
Vous affirmez avoir de bons retours de la part des parents d’enfants fréquentant vos centres. Comment expliquez-vous leur silence dans le débat actuel?
Selon moi, si les parents satisfaits de la psychanalyse ne s’expriment pas, c’est qu’ils ont honte.
Ils apprécieront surement… Donc vous ne culpabilisez pas les familles mais elles ont quand même honte. Et n’osent pas faire entendre leur voix, on ne peut pas dire que vos traitements et prises en charge les aident à s’exprimer, c’est un peu dommage tout de même !
L’arrivée d’un enfant autiste bouleverse une famille. Cela renvoie les parents à leur histoire personnelle, à des choses extrêmement douloureuses.
En quoi l’arrivée d’un enfant autiste renverrait FORCEMENT à son histoire personnelle, et que celle-ci sera FORCEMENT remplie de « choses extrêmement douloureuses » ? Si l’on suit votre raisonnement l’autisme serait donc lié à une histoire personnelle remplie de ces choses extrêmement douloureuses ?
Cela touche à leur intimité, qu’ils n’ont pas envie de dévoiler.
Comment se fait-il alors que les centaines de parents qui témoignent depuis des années, et plus encore depuis la sortie du documentaire « Le Mur » de Sophie Robert n’aient pas honte ? En quoi témoigner de sa satisfaction quant à une prise en charge pour leur enfant les forcerait à « dévoiler leur intimité » ?
Compte-tenu du manque criant de structures d’accueil pour les enfants autistes en France, ont-ils vraiment la liberté de critiquer les services proposés?
Vous ne pensez quand même pas qu’on irait virer un enfant parce que ses parents discutent nos méthodes?
Non c’est plus simple que ça… Quand ils n’ont pas été démolis par vos « séances », quand les couples n’ont pas explosés devant vos interrogatoires soit ils essaient de discuter et de savoir, et on ne leur répond pas (ou mieux, on leur renvoit une question personnelle pour n’avoir pas à répondre et mieux déstabiliser), soit ils se sauvent en courant, en devant prendre moultes précautions pour ne pas être poursuivis par vos confrères pour « défaut de soin ».
Les associations de parents qui récusent aujourd’hui notre approche, c’est vingt personnes qui passent leur vie sur internet! [NDLR: 19 associations et fédérations de parents d'enfants autistes ont été sollicités par la HAS pour la rédaction de son dernier rapport].
Merci à la rédaction de l’Express pour ce FAIT… Sesame Autisme, Autisme France, Vaincre l’Autisme, Autistes Sans Frontières, Satedi ainsi que tous ceux qui ont été consultés apprécieront d’être « 20 personnes qui passent leur vie sur Internet »…
Ils font de l’envahissement paranoïaque.
Donc faire entendre une autre voix que la votre c’est être paranoïaque…
Ces gens-là ne se posent aucune question concernant leur enfant.
Avec un tel manque de respect, il faudrait en plus que les parents disent merci sans doute ?
Ils refusent, par exemple, qu’on leur demande s’ils l’ont vraiment désiré.
Cette question n’est pas habile, je vous l’accorde, mais elle est incontournable.
Ca veut dire quoi « vraiment désirer » un enfant ? En quoi cette question est elle incontournable ?
C’est quoi le lien avec l’autisme ? Ca va servir à quoi pour aider cet enfant à grandir ?
On est étonné de lire cela alors que des « experts » qui pronent la psychanalyse tels MC Laznik, B Golse, la CIPPA… crient haut et fort à longueur de médias que l’histoire des parents n’est pas en cause dans l’autisme de leurs enfants… Là encore il faudrait accorder vos violons !
Vous prétendez défendre une approche humaniste de la santé mentale, par opposition aux comportementalistes qui voudraient, selon vous, « normaliser » les comportements. N’est ce pas réducteur?
Parfois, je peux envoyer un patient consulter un comportementaliste, parce que sa phobie est indécrottable.
Le comportementalisme comme dernier recours quand la psychanalyse échoue, c’est quand même le plus bel argument contre cette pratique jamais lu sous la plume d’un psychanalyste !
On peut être comportementaliste et humaniste, à condition toutefois que la technique comportementaliste ne soit pas le coeur du soin. C’est dans la relation avec l’enfant qu’il se passe quelque chose. Or cette relation n’est possible qu’avec la psychanalyse.
Ceux qui pratiquent leur métier sans psychanalyse vont également apprécier ! Alors bon, l’enseignant, les rééducateurs, les AVS, sans oublier les parents, n’ont aucune relation avec l’enfant où il « se passe quelque chose » ? En quoi la psychanalyse est-elle indispensable pour établir une relation de qualité avec quelqu’un ? Vous avez besoin d’une « grille de lecture » pour entrer en relation avec quelqu’un ?
Sans elle, on devient des machines, des techniciens de la santé.
D’ailleurs c’est bien connu, il n’y a que les psychanalystes qui soient humains. Le reste du monde est constitué de robots car les psychiatres ne sont pas psychanalystes et ne savent donc pas rentrer en relation avec leurs patients…
Actuellement, la majorité des établissements accueillant les enfants autistes utilisent la psychanalyse. Mais que va-t-il se passer maintenant que la HAS a déclaré cette approche non pertinente ?
Nous allons rentrer en résistance, en continuant de défendre haut et fort ce que nous pensons.
Vous allez donc continuer d’utiliser de l’argent public pour « soigner » avec des méthodes non recommandées (pardon « non consensuelles »). Vous pensez que ça va marcher encore combien de temps ? A un moment donné, vos obligations de médecin ne vont-elles pas vous rattraper ?
La psychiatrie française, que le monde entier admire, ne doit pas être balayée par le moyen des critères d’évaluation.
Le monde entier admire la psychiatrie française ??!! Où ça où ça ? Où sont tous ces patients qui viennent se faire soigner ici car c’est tellement mieux qu’ailleurs ? Où sont tous ces autistes si brillamment pris en charge par vos institutions pour témoigner du bien qu’on leur a fait (ha bon ils ne parlent pas, n’écrivent pas et sont dans des centres avec des cocktails de médocs qui les abrutissent ?).
Mais nous allons réfléchir autour des recommandations de la HAS.
Vous prétendez vous substituer, sans apporter la moindre preuve de vos magnifiques résultats ni le support d’aucun praticien étranger ou société savante internationale – juste parce que vous savez que vous avez raison et que ce que vous faites c’est bien parce que vous le faites depuis longtemps ?
Nous prônons une refondation de la psychiatrie et nous prévoyons pour cela d’organiser des assises en septembre.
Mais pourquoi refonder ? Si l’on en croit ce discours et les écrits de vos camarades des 39 ce que vous faites est parfait et vous avez raison sur tout, en dépit de ce que peuvent dire des collèges d’experts indépendants, de ce qui se pratique partout ailleurs dans le monde et des centaines de milliers d’adultes autistes français hyper dépendants et hyper médicamentés… Alors non vraiment on ne comprend pas pourquoi vous voulez « refonder » cette psychiatrie que le monde entier nous envierait…
Nathalie Radosevic, parent d’un enfant TED et membre du Collectif Soutenons Le Mur