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"Au bonheur d'Elise"
22 février 2012

article publié dans Agora Vox le 27 septembre 2011

Excellent constat toujours d'actualité (jjdupuis)

Les autistes en France : le casse-tête et l’horreur

A l’heure du bilan sur le second Plan Autisme, qui doit être prochainement remis à Mme la Ministre Roselyne Bachelot par la Sénatrice Mme Valérie Létard, la revue hispanophone de l’autisme « Autismo Diario » publie sur son site un article intitulé « Autisme en France : bienvenue au pays des horreurs ».

Cet article au titre lapidaire doit nous amener, nous citoyens Français, ainsi que nos médecins et nos responsables politiques, à nous interroger sur le sort qui est fait aux enfants autistes en France aujourd’hui. En effet, malgré plusieurs « plans autisme », 80% des enfants atteints d'autisme restent isolés de la société ordinaire, maintenus en institutions avec peu d’interaction avec le monde extérieur.

Pourtant les progrès accomplis depuis 40 ans sur les prise en charge et l’exemple d’autres pays plus avancés que nous sur la question (incluant certains de nos voisins géographiques) démontre qu’un tel traitement n’est ni inévitable, ni souhaitable, tant pour leur évolution propre que pour la société. Alors détaillons maintenant ce que nous savons de la situation de nos enfants lorsqu’ils ont la malchance d’être porteurs de ce trouble qu’on appelle l’autisme, et essayons de comprendre le pourquoi de cette condamnation sans appel de nos pratiques par les autres pays. Voyons donc le parcours-type d’un enfant présentant des troubles du spectre autistique.

Lorsque les parents ont réussi à convaincre leur pédiatre ou médecin traitant que le développement de leur enfant est inquiétant, ce dernier sera tout d’abord adressé au CAMSP (Centre d’Action Médico-Social Précoce). Les missions des CAMSP sont le dépistage, la prévention et le traitement en cure ambulatoire des enfants de 0 à 6 ans atteints d'un handicap sensoriel, moteur ou mental, en vue d'une adaptation sociale et éducative dans leur milieu naturel (loi du 30/06/75 et décret du 15/04/76). Les équipes des CAMSP (pédiatre, pédo-psychiatres, orthophonistes, psychomotriciens, éducateurs...) sont donc très généralistes et ont une formation initiale sur les troubles du spectre autistique à la fois succincte et obsolète (voir plus loin le paragraphe sur les hôpitaux de jour). Les parents qui viennent chercher des informations et un soutien se voient le plus souvent reprocher leur mode éducatif, prétendument responsable du repli autistique de leur enfant. Ils doivent souvent insister pour que leur enfant soit orienté vers le Centre de Ressources Autisme afin d’avoir un diagnostic. Jusqu’à l’âge de 6 ans - à moins que les parents aient accès à des professionnels libéraux (psychologue comportementaliste et accompagnants psycho-éducatifs) et qu’ils aient les moyens financiers d’y recourir – la seule prise en charge à leur disposition est celle proposée par le CAMSP. Compte tenu du nombre d’enfants suivis et de la multiplicité des handicaps traités, l’attribution des séances d’orthophonie, de psychomotricité et éventuellement d’ergothérapie répond plus aux contraintes temporelles des intervenants qu’aux besoins réels des enfants. Par exemple, un enfant se verra attribuer une séance hebdomadaire d’orthophonie alors que son bilan orthophonique en préconise trois, ou bien un enfant non-verbal se verra refuser l’orthophonie, alors que, au contraire, l’accès précoce à un mode de communication est un besoin prioritaire qui conditionne tout son devenir. Au total, la prise en charge en CAMSP se résume à une à trois séances de 45 minutes par semaine dans différentes disciplines par des intervenants la plupart du temps ignorants voire hostiles aux méthodes psycho-éducatives recommandées internationalement.

Au-delà de l’âge de 6 ans, voire parfois plus tôt selon sa situation géographique, si le handicap reste compatible avec un maintien dans le milieu familial et une scolarisation plus ou moins partielle, l’enfant est orienté vers un CMP (Centre Médico-Psychologique) - anciennement appelé dispensaire d’hygiène mentale-, ou un CMPP (Centre Médico-Psycho-Pédagogique). Ces structures, même si elles font appel à des intervenants similaires aux CAMSP, sont des structures essentiellement sanitaires rattachées au secteur hospitalier psychiatrique et ne sont donc absolument pas adaptées aux problématiques spécifiques du handicap neuro-développemental qu’est l’autisme.

Lorsque l’enfant présente des troubles du comportement importants ou un déficit intellectuel plus lourd, les parents n’ont pas d’autre alternative que les milieux fermés.

Parlons d’abord des "Hôpitaux de jour », terme politiquement correct pour désigner des hopitaux psychiatriques pour enfants où ils sont admis en journées. Ici on accueille en principe les enfants autistes les plus gravement atteints. Les « soins » qu'ils y reçoivent sont basés sur les théories psychodynamiques, inspirées des thèses de psychanalystes tels que Freud, Lacan, Tustin, Bettelheim, Klein ou Mannoni. Il s’agit de « guérir » le psychisme de l’enfant qu’on suppose malade. On va donc tenter d’agir sur l’évolution « dynamique » du psychisme dans son environnement (notamment familial et social) ; le travail est centré essentiellement sur « la relation à l'autre », à travers des activités dites d’échange (autocollant, dessin, ateliers de théâtre, psycho-drame, contes) et malheureusement aussi à l’aide de thérapies dites « corporelles ». Ainsi l’atelier « pataugeoire », qui consiste à mettre un enfant en maillot de bain dans une petite baignoire, où deux voire trois « thérapeutes » observent et interprètent son comportement dans l'eau : se touche-t’il les parties intimes ou non, quels sont ses gestes, ses expressions, et on en tire des conclusions savantes sur son psychisme. Il importe « d’accueillir toutes les productions de l’enfant quelles qu’elles soient », ainsi on en dira rien à un enfant qui défèquera dans la pataugeoire (au contraire cette « production » sera prise en compte dans l’analyse). Dans le cadre de cet exemple, le revers est que l’enfant pourra en déduire qu’il est normal et acceptable de déféquer en public, ce qui n’ira pas dans le sens d’aider son intégration sociale.

Pire encore est le « packing », destiné en principe aux enfants présentant « des troubles graves du comportement » (crises aiguës, auto-mutilation). Cette « thérapie » consiste à déshabiller l’enfant et une fois presque nu, l’emmailloter bien serré dans des draps mouillés préalablement placés au réfrigérateur à une température d’environ 10°C. Seul le visage est libre afin d’empêcher la suffocation. L'objectif est de générer un choc thermique et ainsi de permettre de « recréer le moi-peau psychique » censément défaillant chez ces enfants. Évidemment ce "traitement" n'a pas été validé par l'Organisation mondiale de la Santé, aucune étude scientifique n’a encore été menée à bien (l'unique étude en cours depuis 3 ans est menée par ceux-là mêmes qui ont introduit la pratique en France et qui la propagent aujourd'hui). Malgré cela, le packing est couramment pratiqué dans de nombreux hopitaux de jour et instituts spécialisés qui s'occupent d'enfants autistes, sans supervision et sans méthodologie claire. Les associations de parents s’en sont plaint plusieurs fois auprès du ministère de la Santé,sans résultat, le packing ayant été jugé « sans danger pour la santé » sans que les questions d’éthique et de possibilité de maltraitance aient été examinées.

D’une manière générale, bien que les hôpitaux de jour soient financés par la Sécurité Sociale, la plupart mettent en œuvre des prises en charge sur lesquelles il n’existe que très peu d’études d’efficacité. Face à la levée de bouclier des associations de familles, les hôpitaux de jour et centres spécialisés ont trouvé la parade : l’approche dite « intégrative » se targuant d’intégrer les approches comportementales ayant fait leurs preuves partout dans le monde . En réalité l’apport cognitivo comportemental se réduit bien souvent à peau de chagrin , pour la forme : quelques pictogrammes et quelques ateliers individuels de quelques minutes par semaine, et seulement si l’enfant est bien disposé. La plupart du temps il est très difficile aux familles des enfants qui y sont pris en charge de savoir exactement quelles activités sont menées avec leurs enfants, dans quels buts et pour quels résultats. Il est fréquent que de par leur formation psychanalytique, les professionnels de ces centres voient dans les difficultés de l’enfant un symptôme d’un trouble relationnel entre l’enfant et ses parents, ce qui les conduit à privilégier une psychothérapie psychanalytique sur toute la famille plutôt que de réellement stimuler l'enfant autiste. Parce qu'il y a peu (ou pas) de supervision réelle sur le terrain par le Ministère de la Santé ou par les Agences Régionales de Santé, ces équipes font en réalité ce qu'elles veulent.

Passons à présent aux Instituts Médico-Educatifs ou IME. On y reçoit des enfants et adolescents porteurs de handicaps divers, souvent mélangés dans la même structure, parfois répartis dans des structures spécialisées par type de handicap. Ces IME sont de qualité trés hétérogène selon les équipes qui les gèrent, leur formation (psychanalytique ou non), leur motivation également. Ainsi certains IME font exactement la même chose qu’en hôpital de jour, il n'y a rien qui mérite le terme « d’Educatif » dans ce qu'ils proposent. A l’inverse, quelques rares IME (la plupart du temps à l’instigation des associations de parents) commencent à utiliser les approches éducatives TEACCH, PECS et ABA dans le domaine de l’autisme, avec pour but que l’enfant puisse autant que possible rester en parallèle dans une école ordinaire, voire un jour quitter l’IME. Ces structures sont prises d’assaut par les familles et la liste d’attente y atteint plusieurs années.

Quoi qu'il en soit, d’une manière générale les IME reçoivent principalement des enfants rejetés par le système scolaire français en raison de leur « incapacité à suivre le niveau ». Certains IME gèrent des classes dites « d'intégration » au sein d’une école ordinaire, mais quand ils le font, rares sont ceux spécialisés dans l'autisme, et le temps d'intégration réel avec les enfants "ordinaires" est très faible (sports, dessin, musique). Souvent l'enseignant qui a en charge ces enfants (jusqu'à 12 par classes avec divers handicaps) n'a ni les ressources ni la formation ni l'expérience nécessaires, et le temps en classe tend plus vers la garderie que vers une véritable éducation.

Là encore, les situations sont très différentes en fonction des IME, des enseignants, etc. Il est très difficile de trouver une logique dans ce casse-tête et les familles doivent avoir la chance d’habiter au bon endroit, ou alors déménager, pour trouver un IME ce bonne qualité pour leur enfant.

Il faut aussi souligner qu’aujourd’hui les enfants autistes qui ont des problèmes de comportement (ce qui est assez souvent le cas, surtout avec une prise en charge inadaptée) se font fréquemment rejeter de l’école ordinaire, et sont quasi- systématiquement rejetés passé le stade de la maternelle (7 ans) dès qu’ils sont porteur de retard mental (soit au moins 50% des personnes autistes). Ils finiront leur vie dans un centre spécialisé fermé, coupés du milieu ordinaire. Parfois ils pourront intégrer une classe d’intégration spéciale (CLIS).

Aujourd’hui les élèves autistes passés 7ans, et sans déficience, sont acceptés en classe avec une auxiliaire de vie, s’ils ne perturbent pas la classe, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années, mais il n’en reste pas moins que pour le ministère de l'Education, un enfant avec un handicap mental est un enfant qui ne peut pas suivre le programme scolaire, et donc que sa place n'est pas avec les autres enfants, déficience avérée ou non. De plus, les évaluations des capacités de ces enfants sont essentiellement menées sur leurs aptitudes scolaires, ce qui fausse considérablement la donne eu égard au mode de fonctionnement neuro-psychologique de la personne autiste. 

En raison de cette situation, (enfants rejetés de l’école, très peu d’IME adaptés pour les autistes), beaucoup de mères sont contraintes d’arrêter de travailler pour s’occuper de leur enfant autiste à la maison, et les conduire aux quelques prises en charge qu’elles auront pu mettre en place la plupart du temps en libéral (orthophonie, psychomotricité, ABA ou TEACCH). Seule l’orthophonie étant remboursée, pour le reste des prises en charge les familles sollicitent des aides financières à la Maison des Personnes Handicapées. Dans ce domaine encore l’inégalité règne, certaines MDPH prenant en compte les frais de TEACCH ou d’ABA, d’autres refusant d’en entendre parler. Même dans un cas favorable l’allocation versée est insuffisante pour financer plus que quelques heures de prise en charge par semaine, alors que les études réalisées montrent qu’ils faut en général entre 10 et 20 heures hebdomadaires pour obtenir de bons résultats.

En résumé : selon le département de résidence, les frais de prise en charge liés à l’autisme d’un enfant seront couverts correctement,… ou pas. Vous pourrez trouver à côté de chez vous quelques rares structures adaptées, ou plus probablement des hopitaux de jour ou des IME qu’il vaut mieux fuir.

Comme nous l’évoquions plus haut, dans le cas des enfants sans déficience intellectuelle (autistes de haut niveau, syndrome d’asperger, mais aussi par exemple dysphasiques ou hyperactifs) il est possible en principe de rester scolarisé en milieu ordinaire avec l’aide d’une auxiliaire de vie. Mais là encore l’arbitraire règne selon les départements et les académies : la MDPH peut octroyer l’AVS nécessaire, ou non, pour des cas similaires ; ensuite selon les moyens alloués par le ministère de l’Education Nationale et les choix locaux des Recteurs et Inspecteurs d’Académie, les postes nécessaires seront effectivement mis en place localement, ou non ; pour finir, il est très difficile de recruter des candidats sur ces postes, étant donné le faible niveau de salaire et la précarité du contrat, compte tenu de la responsabilité qui est demandée. La plupart des AVS ne sont pas formées du tout au handicap de l’enfant qu’elles doivent aider, certaines abandonnent au bout de quelques jours ou semaines et laissent l’enfant sans accompagnement, ce qui induit souvent une déscolarisation. Il y a autant de situations que d’enfant et répertorier les cas illogiques ou scandaleux prendrait des années.

Un enfant qui reste scolarisé peut alors être suivi par un établissement de type « SESSAD ». Ces établissements sont dédiés au suivi d’enfants scolarisés en milieu ordinaire, contrairement aux IME ou aux hopitaux de jour. La encore, c’est la loterie : rien ne dit que le personnel du SESSAD est à jour dans son bagage théorique et fera véritablement de l’éducatif structuré.

On a compris le casse-tête auquel sont confrontées les familles d’enfants autistes en France. Devant le caractère insoutenable de leur situation beaucoup s’accomodent de ce qu’ils trouvent et confient l’enfant à l’hopital de jour ou à l’IME local. D’autres avec plus de chance (selon leur lieu de résidence et leurs moyens financiers) rament à contre-courant d’un système qui fait tout pour exclure leur enfant du milieu ordinaire, au leitmotiv de « Mais vous ne croyez pas qu’il serait mieux dans une école spécialisée ? Pensez au bien être de votre enfant un peu ».

Le Plan Autisme 2008-2011 a permis la création d’une poignée de structures dites « expérimentales », de type IME ou SESSAD, au sein desquelles les méthodes TEACCH, ABA et PECS sont utilisées. Mais ces structures ne représentent que 10% de l’argent de ce plan ; le reste a été récupéré par les établissements existants, qui restent ancrés dans leurs pratiques obsolètes, car il est plus facile d’agrandir une structure existante que de changer des pratiques en place depuis des années et ces structures peuvent facilement « faire moderne » en mettant en avant quelques pictogrammes scotchés sur les portes ou des formations ABA express de 3 jours de leurs personnels, qui resteront lettre morte devant le refus du pédopsychiatre ou du chef de service de mettre en pratique ces méthodes.

A l’arrivée, 80% des enfants autistes en France ne vont pas à l’école. Les 20% d’enfants « privilégiés » sont généralement autistes sans retard mental, avec quelques cas d’autistes avec retard, lorsque leurs parents se battent jusqu’au bout de leurs forces, au risque d’y user leur santé, leur couple et leurs finances. Et encore : à 7 ans c’est le rejet hors du système, et l’enfant reste à la maison, à la charge complète des parents qui refusent les IME « voie de garage » qu’on leur propose généralement. Parmi les enfants autistes scolarisés c’est encore question de chance locale (selon les établissements d’accueil, leur bienveillance) : certains iront à l’école presque à temps plein, d’autres ½ journée par semaine. Certains auront une AVS bien formée, d’autres une AVS non formée et non motivée…

Il faut dire que très peu d'argent est donné à l'Education Nationale pour former les enseignants au handicap. Il faut dire aussi que les enseignants en France ont parfois des classes de plus de 38 élèves. En France, 90% de l'argent pour aider les autistes va aux hôpitaux de jour et autres établissements « fermés », on ne donne pas les moyens de scolariser et maintenir les autistes à l’école ordinaire. Il y a aussi des croyances et des préjugés, mais il est évident que si plus d'argent était consacré à l'éducation plutôt qu’aux structures d’exclusion la situation serait moins grave. Un excellent centre de ressources existe pour les enseignants, l’INSHEA, mais les guides qu’il publie parviennent aux enseignants jusqu’à deux ans après leur parution…

En conclusion, si on veut sortir les autistes français et leurs familles du cauchemar dans lequel ils sont plongés, il faut :

- changer les mentalités en France : aller vers l’inclusion des handicapés dans la société, et non leur exclusion comme aujourd’hui ; il faut cesser de considérer les handicapés comme un problème à évacuer, il s’agit d’êtres humains avec un potentiel et une richesse

- réorienter les fonds publics vers l’éducation plutôt que les centres fermés au milieu ordinaire (hôpitaux de jour et la grande majorité des IME)

- généraliser les meilleures pratiques de prise en charge largement validées par des décennies d’utilisation dans les autres pays, accepter que l’autisme est un handicap et non une maladie psychique (due à une relation familiale déficiente ou à une maladie mentale propre à l’enfant).

La plupart des professionnels en France ont 40 ans de retard tant théorique que pratique. Si ces professionnels continuent leurs mauvaises pratiques actuelles, sans que les Agences Régionales de Santé ne jouent leur rôle et les obligent à évoluer, le cauchemar continuera. L’accès aux prises en charges adaptées, l’inclusion scolaire et sociale, ne doivent pas être une question de hasard lié au lieu d’habitation et aux ressources financières, mais un droit pour tous les autistes français, enfants et adultes, quel que soit leur niveau.

http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/les-autistes-en-france-le-casse-101411

Documents joints à cet article

Les autistes en France : le casse-tête et l'horreur Les autistes en France : le casse-tête et l'horreur Les autistes en France : le casse-tête et l'horreur
 
par EgaliTED (son site) mardi 27 septembre 2011 - 40 réactions
 
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22 février 2012

article publié sur le site du Professeur Montagnier le 11 janvier 2012

Autisme : la piste microbienne

Toutes les versions de cette page : [English] [français]

 

par Luc Montagnier et le Groupe CHRONIMED, le 11 janvier 2012

Les autorités sanitaires de beaucoup de pays se préoccupent - à juste titre - de l’accroissement important du nombre d’enfants atteints d’un syndrome neuropsychiatrique particulier, l’autisme. Ainsi, on estime à plus de 150.000 le nombre d’enfants actuellement atteints par ce syndrome en France, une véritable épidémie !

Le gouvernement français en a pris conscience en faisant cette année de l’autisme une grande cause nationale, à la satisfaction de nombreuses associations de parents.

Si les aspects socio-psychologiques de ce syndrome complexe doivent être traités en tant que tels, nous, chercheurs et médecins, pensons qu’il faut aller plus loin en recherchant ses causes organiques, et en dériver une politique à la fois de traitement et de prévention.

L’accroissement observé ne peut provenir des facteurs génétiques de prédisposition, facteurs réels mais qui n’ont pas changé dans les différentes populations touchées en moins d’une génération. Par contre, il nous faut considérer les facteurs d’environnement qui, eux, ont changé considérablement notre biosphère : nutrition du nourrisson, pollution atmosphérique et pesticides, exposition accrue aux radiations électromagnétiques de toutes fréquences liées à la globalisation des communications humaines, évolution de la flore microbienne qui nous entoure.

Notre groupe de chercheurs et médecins s’est constitué en une structure d’étude des maladies chroniques, Chronimed. Nous voulons apporter ici des observations récentes qui peuvent conduire à de nouvelles approches thérapeutiques et préventives. Ces observations sont de deux ordres : biologiques et cliniques.

Il existe dans le sang de la plupart des enfants autistes - mais pas chez les enfants non atteints - des séquences d’ADN émettant spécifiquement dans certaines conditions des ondes électromagnétiques. L’analyse par les techniques de biologie moléculaire à notre disposition nous permet de les identifier comme provenant d’espèces bactériennes connues. Cette corrélation, établie maintenant sur plus d’une centaine d’enfants d’origine européenne, ne prouve pas naturellement une relation de causalité. Cependant, une approche thérapeutique, d’abord commencée indépendamment par un groupe de cliniciens puis maintenant effectuée en conjonction avec les observations de laboratoire, renforce l’idée que des infections bactériennes systémiques jouent un rôle dans la genèse des symptômes d’autisme.

Nos médecins généralistes ont en effet observé qu’un traitement de longue durée, constitué par des cures de combinaison d’antibiotiques connus, induisait dans 60 % des cas une amélioration considérable, parfois même une disparition complète des symptômes, l’enfant pouvant mener une vie familiale et scolaire normale. Ces traitements entrainaient conjointement la disparition des signaux électromagnétiques du plasma liés à de l’ADN bactérien.

Notre hypothèse de travail est qu’un dysfonctionnement immunitaire, associé à une souffrance inflammatoire de la muqueuse intestinale, entraine un passage de constituants bactériens, dont des neurotoxines, dans la circulation sanguine, créant notamment un stress oxydatif ainsi que des microvascularites, en particulier au niveau des vaisseaux méningés, et finalement une atteinte neuronale.

Naturellement, bien des recherches sont encore nécessaires pour consolider cette hypothèse, mais notre but est ici de porter dès à présent à la connaissance du monde médical et des parents, des possibilités immédiates de traitement qui peuvent améliorer ou guérir plus de la moitié des enfants autistes et qui pourront aussi, dans le futur, s’appliquer à d’autres affections chroniques graves de l’enfant et de l’adulte, notamment rhumatologiques.

Voir également de reportage de France 3 (à partir de la 16e minute).

http://montagnier.org/Autisme-la-piste-microbienne

21 février 2012

article publié dans Sciences et Vie le 20 février 2012

Autisme: des différences cérébrales visibles dès 6 mois

Créé le 20-02-2012 à 17h38 - Mis à jour le 21-02-2012 à 12h42      Réagir

Cécile Dumas
 
Par Cécile Dumas

Des différences de développement dans le cerveau d'enfants autistes se manifestent très tôt, révèle une étude, entre 6 mois et 2 ans.

 
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Reconstruction de la matière blanche à partir de l'imagerie cérébrale fonctionnelle utilisée chez les enfants. (Image Jason Wolff, PhD. )

Reconstruction de la matière blanche à partir de l'imagerie cérébrale fonctionnelle utilisée chez les enfants. (Image Jason Wolff, PhD. )
Sur le même sujet

Le cerveau des autistes est différent de celui des personnes ‘normales’, qui ne souffrent pas de ces troubles du développement neurologique. De nombreux travaux utilisant l’imagerie cérébrale fonctionnelle, comme ceux menés par Monica Zilbovicius en France (Inserm/CEA), ont révélé ces différences impliquées dans les difficultés de communication et d’interactions sociales des autistes. Une étude menée aux Etats-Unis montre que ces différences sont le fruit d’un long et progressif développement tout au long de l’enfance.

L’équipe dirigée par Joseph Piven (University of North Carolina) a comparé le développement cérébral de 92 enfants à 6, 12 et 24 mois. Ils avaient tous un aîné diagnostiqué autiste : un terrain génétique qui les place d’emblée dans une catégorie "à haut risque" de souffrir de troubles du spectre autistique (TSA).

A deux ans, 28 de ces enfants montraient les symptômes des TSA. Or la technique d’imagerie cérébrale utilisée par les chercheurs a révélé que chez ces enfants le développement de la matière blanche était différent dès l’âge de 6 mois. Cette matière blanche est riche en fibres nerveuses, entourées d’une gaine protectrice, la myéline. Elle est essentielle pour le transport des signaux nerveux et donc de l’information entre différentes parties du cerveau.

En reconstruisant en 3D la forme de cette matière blanche, Piven et ses collègues ont observé un développement plus lent de ces fibres entre 6 et 24 mois chez les enfants qui ont été diagnostiqués autistes.

Ces observations ne permettent pas encore de définir un nouvel outil de dépistage des TSA mais elles peuvent aider à les mettre au point, soulignent les chercheurs, qui publient leurs travaux dans l’American Journal of Psychiatry.

L'importance des gènes synaptiques

D’autres résultats importants ont été publiés ce mois-ci dans PLoS Genetics par l’équipe de Thomas Bourgeron (Institut Pasteur/CNRS) sur les bases génétiques de l’autisme. Les analyses de ces chercheurs révèlent le rôle d’une protéine localisée sur les synapses, les points de contact entre les neurones, dans les troubles autistiques. Une mutation du gène SHANK2 qui code cette protéine provoque une baisse du nombre de synapses et donc une moins bonne communication entre les neurones.

Bataille contre la psychanalyse

L’autisme est déclaré Grande cause nationale 2012 en France. La Haute autorité de santé doit publier le 6 mars prochain ses recommandations de bonnes pratiques pour le diagnostic et la prise en charge de l’autisme. D’après le journal Libération, ce rapport pourrait officiellement désavouer la psychanalyse dans la prise en charge de l’autisme –un rôle vivement dénoncé par les parents d’enfants autistes et qui ne subsiste qu’en France, où Lacan a fondé une école très influente. La bataille fait rage entre tenants des méthodes comportementalistes, appliquées partout dans le monde, et tenants de la psychanalyse, qui a défini l’autisme comme une maladie psychologique liée à de mauvais rapports mère-enfant (lire Autisme: un documentaire met la psychanalyse à l'épreuve).

 

C.D.
Sciences et Avenir.fr
20/02/12

http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20120220.OBS1859/autisme-des-differences-cerebrales-visibles-des-6-mois.html

21 février 2012

article publié sur le site du Conseil Economique, Social et Environnemental

Actualités et agendas > Actualités > Le CESE se mobilise sur l'autisme, grande cause nationale 2012
Le CESE se mobilise sur l'autisme, grande cause nationale 2012
Vie de l'assemblée
 
Le coût économique et social de l’autisme
 
Le CESE se mobilise sur l'autisme, grande cause nationale 2012
Un avis sur l'autisme sera rendu public au deuxième semestre 2012.

A l'occasion des premières rencontres parlementaires sur l'autisme, le CESE rapelle son implication sur le sujet, grande cause nationale 2012. Un avis sur l'autisme, suite à une saisine parlementaire datée du 12 octobre 2011, sera rendu public par le CESE au deuxième semestre 2012.

Le 12 octobre 2011, le Président de l'Assemblée Nationale, Monsieur Bernard Accoyer, a saisi le Conseil économique social et environnemental sur le sujet de l'autisme.
Christel Prado, Présidente de l'UNAPEI et membre du groupe des Associations et de la section des affaires sociales et de la santé, est la rapporteure de cet avis qui sera rendu public au deuxième semestre 2012.
Cette saisine parlementaire - la première depuis le renouvellement du CESE en novembre 2010 - fait suite à la pétition citoyenne lancée par le Collectif Autisme en avril dernier. Cette pétition souhaitait que le CESE puisse « évaluer la situation économique » de la prise en charge de cette maladie jugée « désastreuse ».
La pétition a été portée auprès du président de l'Assemblée Nationale par le groupe d'études parlementaire sur l'autisme, présidé par le député du Pas-de-Calais Daniel Fasquelle, afin que le CESE puisse s'emparer de cette problématique majeure sans attendre que le seuil des 500 000 signatures nécessaires à la recevabilité de la pétition citoyenne soit atteint. Bernard Accoyer a saisi officiellement le CESE sur le sujet le 12 octobre dernier.
Depuis, Christel Prado, Présidente de l'UNAPEI, membre du groupe des Associations et de la section des affaires sociales et de la santé, a été désignée comme rapporteure de l'avis. Les travaux de la section sont en cours. « Le CESE a pour vocation de s'emparer des problématiques qui concernent directement les citoyens français, ajoute Christel Prado, rapporteure de cet avis. Avec près de 600 000 personnes en France concernées par cette maladie, l'autisme nécessite et justifie une réflexion et une analyse sereine, loin des urgences politiques et des préjugés dont elle souffre. Les conseillers du CESE vont donc étudier le coût économique et social de sa prise en charge, mais aussi de sa non prise en charge, pour notre société. »
La publication de cet avis est attendue pour le deuxième semestre 2012.

21 février 2012

article publié sur le blog Théo m'a Lu Anne ! 21 février 2012

Ce qu'on ne dit qu'à demi-mots !

Les_5_sens_l_ouIe_3_TED_th_ophile

Est-ce qu'un jour quelqu'un va m'entendre??????????

Dans le monde de l'autisme il y a de mots que l'on ne prononce que très rarement et même les parents ont beaucoup de pudeur à évoquer certains sujets. Les deux principaux sont les suivants: l'argent des prises en charge et l'avenir de nos enfants.

Si le diagnostic est toujours un choc pour beaucoup (et fait bien souvent éclater la cellule familiale), ce n'est plus un sujet tabou et c'est même pour beaucoup de parents un soulagement après des mois d'errance et de questionnement. Si les prises en charges possibles ne sont pas toujours bien explicitées aux parents et si la liste n'est pas toujour présentée de manière objective et non exhaustive, internet permet aujourd'hui "de faire son marché" ou pour le moins de se faire une opinion sur ce qui relève de la méthode validée (et on l'espère efficace!) de celle plus hypothétique (et donc à éviter!).

Mais on ne parle jamais d'argent. De celui qui sort directement de la poche des familles, pas des milliards qui partent vers les établissements institutionnels et dont on ne sait pas toujours comment ils sont réellement utilisés.

Pendant un groupe d'EHS (entrainement aux habiléts sociales) auquel participe Théophile, une maman évoquait la possibilité de faire un emprunt auprès de sa banque pour financer la prise en charge de son fils. Sourires gênés de l'assistance (pour notre part c'est déjà fait, on s'en est pris pour une petite dizaine d'années) et la conversation en reste là. Je rappelle que seule la prise en charge en institutionnel, l'orthophonie (enfin si vous trouvez un professionnel compétent et...pas trop surbooké) et la psychanalyse (associée à la psychiatrie et donc prescrite par un médecin) sont remboursées par le sécurité sociale. La psychomotricité, et surtout les prises en charge comportementales (largement utilisées partout dans le monde sauf chez nous), elles, sont un véritable "luxe" et lorsque vous y faites appel, vous sentez très rapidement que vous allez devoir y laisser votre chemise...

Mais quelle autre solution pour le moment? Nous avions espoir que le député Fasquelle fasse un peu bouger les choses avec son projet de loi présenté à l'assemblée et que les nouvelles préconisations de la HAS (Haute autorité de santé) à paraître le 6 mars prochain mettant en avant l'efficacité des méthodes cognitivo-comportementales au détriment des traitements psychanalytiques (dont l'intérêt même est dénoncé de manière quasi unanime ces derniers temps) modifieraient sensiblement et durablement le paysage "nébuleux" des prises en charge. Que nenni, aux dernières nouvelles, la HAS rétropédalerait (les lobbies psychanalystes auraient-ils encore frappé?), c'est navrant.

Alors pour rendre les choses très claires, prenons notre exemple.

Notre fils dispose d'une prise en charge de 8h/semaine (c'est peu mais c'est tout ce que nous pouvons nous offrir enfin lui offrir) par un cabinet privé (très compétent et impliqué, nous n'avons jamais eu le sentiment de jeter notre argent par les fenêtres) qui applique les méthodes comportementales de manière souple et adaptée au cas de Théophile. Il aurait besoin de bien plus mais ça ne rentrerait plus dans notre "enveloppe" budgétaire.

Nous rémunérons donc l'accompagnante directement puisque nous sommes considérés comme "employeurs" enregistrés auprès de l'URSSAF. Donc en plus de gérer personnellement le handicap de notre fils, nous devons tenir "les comptes" et nous acquitter des charges salariales et patronales dont nous ne sommes que très partiellement  exonérés quoiqu'en pense une bonne partie de l'opinion!. Nous défrayons notre "employée" de ses frais de transport (au prix du litre d'essence, ça n'est pas une mince dépense).

Puis nous rémunérons les différents intervenants: la superviseuse pour les supervisions de l'accompagnante au cabinet et les psychologues qui organisent les groupes d'EHS. Les supervisions à domicile incluent bien sûr les frais de déplacement et les heures passées dans les transports par la psychologue. Je reprécise que nous habitons la "Province". Rapidement, nous nous sommes  aperçus du désert sanitaire auquel nous allions devoir faire face. Ne restait qu'une solution: la "Capitale. Nous ne comptons plus les kilomètres que nous rémunérons ou ceux que nous ajoutons au compteur de notre voiture. Pas le choix pour donner une petite chance à notre fils!

Je n'ai pas fini: à cela s'ajoutent les différentes évaluations annuelles nécessaires pour constituer le dossier d'AEEH (ah oui parce que celui-ci revient souvent et jamais avec la certitude que vous pourrez financer tout ce projet. C'est la MDPH qui décide, vous, vous avez juste le droit de vivre sur les nerfs!), les RDV chez les praticiens très souvent avec (gros) dépassement d'honoraires (certes compétents - si ça n'est pas le cas, un conseil: fuyez, n'hésitez pas à en changer même si vous devez raconter et re-raconter toute votre histoire familiale. Des parents possèdent d'excellentes adresses de professionnels efficaces qui vous feront gagner un temps précieux sans être vous-mêmes culpabilisés, ni interrogés sur votre vie intime!).

Donc je reprends: les évaluations (qui coûtent tout de même la bagatelle d'environ 450€ - mais lorque j'analyse le travail et les préconisations de la psychologue, je n'y trouve rien à redire, le travail est parfait, complet et nous permet de repartir pour une année de travail avec de nouvelles orientations et un point très complet sur les acquisitions de Théophile. Indispensables, donc!).

Total de tout cela par mois: 1200€. Tous les mois, nous percevons la somme de 830€. Et pas advitam aeternam: le dossier de notre fils est reévalué tous les 16 mois environ par une Commision.

J'entends déjà les petites voix qui murmurent: c'est déjà pas mal...C'est vrai mais au regard des sommes gigantesques versées à certaines institutions pour parfois un très piètre résultat et toujours au regard de l'implication des différents intervenants auprès de notre fils et de ses résultats aux différents tests, je le proclame: citoyen contribuable, rassure toi, ton argent n'est pas gaspillé!

Alors cette somme (1200€ - 830€ = ? et X 12= ?), il faut bien la trouver quelque part. A votre avis, où?

Nous avons cette grande chance d'avoir des filles qui ne bavent pas devant le dernier mobile "tendance", les souliers incontournables pour être "in" et qui ont rapidement compris que l'avenir de leur petit frère était une chose précieuse, qu'elles avaient ce privilège d'être nées non handicapées et dotées d'une intelligence d'esprit et de coeur rare. Qu'elles soient ici remerciées de tous les sacrifices que nous leur avons certainement réclamés et surtout d'avoir toujours été très compréhensives quelles qu'en soient les circonstances.

Et que dire de LePapa qui parfois a le sentiment de ne se rendre au travail que pour ça! Payer, payer et encore payer...Là ce ne sont même plus des remerciements, c'est totale admiration pour lui!

Alors oui, la prise en charge de l'autisme en France est un scandale. Sanitaire et financier...

A quand la reconnaissance pleine et entière de ces méthodes qui sortent quantités d'enfants du silence et de l'enfermement? Les politiques seront redevables un jour de tout ce gâchis et d'avoir sacrifié l'avenir de nos enfants alors même que tous les acteurs de l'autisme (associations, familles...) tiraient la sonnette d'alarme.

Notre cas n'est pas isolé et pas mal de familles renoncent à ces prises en charge faute de financement. Certains vendent leur résidence principale (encore faut-il en posséder une), s'éxilent (en Belgique principalement), ou se résignent à laisser leur enfant en institution médicalisée alors que ça n'est aucunement LEUR choix.C'est inadmissible...

Dans des moments de colère, il m'est arrivé de penser que si notre fils avait eu une maladie grave, aucun professionnel ne se serait posé la question du coût du traitement et tout aurait été fait pour qu'il ait un avenir, une chance de guérison. Je sais que beaucoup de familles ont la même réaction (rappelons que l'autiste n'est pas exempt de problèmes de santé parfois importants et invalidants).

Combien de temps continuera-t-on de penser (sans oser le dire bien entendu) que les parents d'enfants handicapés sont les premiers responsables du handicap de leur enfant, que dans le cas de l'autisme, il n'y a "pas mort d'homme"?

L'autisme est un trouble neuro-dévellopemental mal connu. Les causes sont multiples et variées et là très loin d'être parfaitement définies. Est-ce que parce que la science méconnaît tous les mécanismes déclencheurs d'un cancer, on en arrête pour autant de soigner les malades. Fort heureusement, non!

Dans le cas de l'autisme, c'est la même chose. Il s'agit d'avenir. Nous nous ne pouvons pas attendre que la science ait fait toute la lumière sur ce syndrome. Il n'est "plus urgent d'attendre"... Il y a urgence, tout simplement. Alors qui osera le premier donner un avenir à tous nos enfants ?

A bientôt

LaMaman

http://theomaluanneief.canalblog.com/archives/2012/02/21/23575057.html

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21 février 2012

article publié sur le blog autiste en france le 20 février 2012

Lundi 20 février 2012

Mon fils Tristan a commencé a avoir des troubles du sommeil vers l'âge de 14 mois, les problèmes se sont accentués à 2 ans où en plus de ses multiples réveils nocturnes, il s'est rajouté à cela des peurs incontrôlées, des hurlements, des crises qui pouvaient durées des heures !

Vers deux ans et demi, voyant que ses troubles s'accentuaient j'ai décidé de l'emmener à une consultation de pédopsychiatrie dans un centre public, suite à cet entretien la pédopsychiatre a trouvé que Tristan avait sans doute des problèmes d'ordre psychologiques, elle a donc décidé de devenir son pédopsychiatre référent et a mis en place une prise en charge avec une psychologue et une psychomotricienne en plus d'un traitement médicamenteux pour dormir.

Les années ont passé et les troubles de Tristan se sont accentués : problème dans les intéractions sociales, peurs très présentes, crises de hurlements fréquents.

A nos questions la pédopsychiatre n'avait rien à nous répondre, ni conseils, ni diagnostic .

Quand Adrien a eu l'âge de 6 ans je l'ai mise au pied du mur et lui ai demandé de me donner ne serait ce qu'un début de diagnostic, ce fut sans appel : "Votre fils a des Troubles Envahissants du Développement mais je vous déconseille d'aller sur internet car vous y trouverez associé le terme autisme et votre enfant ne l'est pas ! Il a des troubles psychotiques"

Nous avons eu un autre bébé en octobre 2010 et Tristan était de plus en plus dur malgré un traitement de cheval !!! Et des conséquences à ce traitement comme des toc et de l'automutilation qui n 'ont pas été pris en considération par l'équipe thérapeutique !

Le 06 juin 2011 nous avons fait part du fait que nous ne trouvions aucun changement dans les problèmes de Tristan et que nous étions très fatigués. La pédopsychiatre a pris son téléphone et a appelé le centre de soin fermé et elle nous a dit qu'il y avait un lit de disponible la bas et que nous devions y aller maintenant, mon mari et moi étions effondrés !

La pédopsychiatre est venue avec nous et on nous a demandé de signer les papiers pour son hospitalisation. Nous ne sommes même pas retournés chez nous et nous avons du ramener les affaires de Tristan le soir !

 Le 07 juin nous avons reçu un coup de fil du CDAS ( Centre Départemental d'Action Sociale ) qui nous a dit qu'ils avaient trouvé une famille d'accueil pour que nous soufflions ( je précise que nous n'étions pas contre l'idée que tristan aille en famille relais un week-end sur deux car pendant ma grossesse on nous l'avait "fortement " conseillé et n'ayant aucune famille sur la région nous avions accepté et nous étions tombés sur une famille très gentille avec laquelle nous avions pu dialoguer et surtout voir ou et dans quelles conditions Tristan était accueilli ) suite à ce coup de fil j'ai appelée la pédopsychiatre qui a été très vague en me disant de voir ce qu'ils nous proposaient !

   Le 08 juin nous sommes allés au CDAS et là le choc : on nous proposait pas du tout une famille relais mais une famille a la semaine ! Nous avons protesté mon mari et moi mais la conseillère enfance nous a répondu :"à votre stade un week end sur deux ne sera pas suffisant il faut un temps plein et vous le verrez le week-end". J'ai demandé ce qui se passerait si nous refusions et elle m'a répondu : "si dans six mois il n'y a aucune amélioration nous pourrons être amenés à demander un placement judiciaire" nous étions abasourdi.       

De plus on nous a rajouté une pression supplémentaire en nous disant que la famille qu'ils avaient trouvé était sur notre ville et que Tristan pourrait continuer à aller à la même école, que si nous refusions cette famille il n'était pas du tout certain que Tristan pourrait rester dans son école actuelle !

Il fallait se décider le jour même ! J'ai répliqué que Tristan venait de rentrer au centre de soin mais pour eux ce n'était pas un problème : la famille allait prendre contact pendant son hospitalisation.  

Que répondre ? Nous avions le sentiment d'avoir le couteau sous la gorge et nous avons donc signé...on nous a dit que nous gardions nos droits parentaux et que ce placement avait pour seul but de nous faire reposer.

On nous a dit aussi que nous n'étions pas des parents maltraitant mais que du fait de la pathologie de Tristan nous pourrions le devenir !

Tristan est resté six semaines en centre de soin car ils n'arrivaient pas a trouver de traitement adapté il est ressorti donc avec le mémé traitement qu'a son entrée! ( une aberration )

 Nous l'avons récupéré deux semaines pour les vacances et la conseillere enfance du CDAS nous a mis la pression pour que Tristan parte 3 semaines avec la famille d'accueil, chose que nous avons encore accepté...
A la rentrée tristan est devenu violent et à l'école cela se passait de mal en pis .nous n'avions aucun contact avec la famille d'accueil car nous devions passer par le référent CDAS qui nous cachait des informations

 La famille ne rentrait que dans le couloir, déposait le traitement de tristan dans la boite aux lettres...nous étions traités comme des parents déviants et indignes !
Suite à une grosse crise a l'école nous avons demandé a avoir des nouvelles en milieu de semaine ,ce qui nous a été refusé "pour le bien de tristan"

J'ai commencé à avoir des doutes sur les "magouilles" entre la pédopsychiatre et le CDAS quand j'ai entendu la conseillère enfance lors d'une réunion me dire " vous êtes trop fusionnelle" "il faut mettre de la distance entre vous" "vous devriez travailler ce lien qui vous unie a votre fils" ce n'était pas des paroles d'une travailleuse sociale, d'ailleurs le : "ces décisions ont été prises en rapport avec le secteur médical" me l'a confirmé.
J'ai donc eu une discussion avec la pédopsychiatre de Tristan qui m'a confirmé que la véritable raison de son placement était de "créer une séparation" car j'étais trop fusionnelle !!!

Nous avons été berné du début à la fin. 

J'ai pris contact avec une association de parents qui m'a beaucoup aidée et j'ai retiré Tristan de la famille d'accueil, j'ai également trouvé un très bon pédopsy et une prise en charge en libérale et j'ai retiré mon fils de la structure où il était depuis 5 ans !

Une demande de diagnostic est en cours à ma demande car la pédopsyciatre était contre !

Le nouveau pédopsychiatre qui le suit soupçonne un autisme asperger. Il va également avoir une IRM et un bilan génétique toujours a ma demande et en forçant des portes
.

Actuellement Tristan a très peur de l'abandon et cette expérience a créé un retour en arrière dans ses angoisses déjà bien présentes, je m'en veux de lui avoir fait subir tout cela bien que mon seul tort ai été d 'avoir fait confiance a des professionnels qui n'en sont pas !

Sylvie

http://autisteenfrance.over-blog.com/article-temoignage-de-sylvie-maman-de-tristan-99776002.html  


21 février 2012

Communiqué publié sur le site "Soutenons le Mur"

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COMMUNIQUE OFFICIEL – Soutenons Le Mur

Publié le 20 février 2012 à 23h30 TU

http://soutenonslemur.org, http://supportthewall.org, Twitter : @SoutenonsLeMur

Objet: Lettre ouverte à la Haute Autorité de Santé


À l’attention  de M. Jean-Luc HARROUSSEAU

Président du Collège de la Haute Autorité de Santé


À l’attention de M. Dominique Maigne

Directeur Général de la Haute Autorité de Santé

 

Le 20 février 2012

 

Objet : Le démenti de la Haute Autorité de Santé suite aux fuites organisées dans la presse

 

Monsieur le Président du Collège,
Monsieur le Directeur Général,

Nous avons constaté, suite aux fuites organisées dans la presse d’extraits du rapport sur les recommandations des bonnes pratiques dans la prise en charge de l’autisme, le recul de la Haute Autorité sur sa position quant au constat de l’absence de données pouvant permettre de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques, ni sur la psychothérapie institutionnelle, ni sur le packing.

Ces pressions sont intolérables, et il est encore plus intolérable de voir des instances tenues à un devoir de neutralité et d’intérêt général céder ainsi à des lobbies représentant des intérêts particuliers. Des vies sont en jeu, la santé de nos enfants, leur avenir. L’intérêt général doit primer.

Nous vous prions donc de bien vouloir reconsidérer votre position pour retrouver les recommandations telles que le rapport les formulait avant cette fuite délibérément organisée dans la presse, vraisemblablement par les mêmes lobbies qui ont fait pression sur la Haute Autorité de Santé.

Nous appelons également les membres des groupes de travail devant relire le texte et émettre d’éventuelles demandes de correction à nous rejoindre dans le refus de ce revirement et à ne pas apporter leur caution à de tels agissements en protestant vigoureusement et publiquement si cela s’avérait nécessaire, afin que tous puissent être en être informés.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président du Collège, Monsieur le Directeur Général, l’expression de notre considération.
 

Collectif Soutenons Le Mur et Défendons les Droits de la Personne Autiste en France

http://www.soutenonslemur.org/2012/02/21/lettre-ouverte-has/

21 février 2012

article publié dans Agora Vox le 16 janvier 2012

samedi 18 février - par Luc-Laurent Salvador

Pour une psychologie synthétique : le cas de l’autisme

Soixante-dix ans après sa découverte et malgré quelques avancées remarquables, il n’y a toujours pas d’accord sur la question de savoir ce qu’est l’autisme. La situation n’est guère meilleure concernant la conscience, les émotions, la volonté etc. La recherche scientifique est devenue une sorte de Babel croulant sous le poids des données accumulées par une multitude de disciplines et leurs différents courants. L’injonction « publier ou périr » a entraîné une fractalisation de la recherche et une insignifiance des résultats au détriment du besoin de comprendre. Sous couvert d’une mythique unité de LA science, il se joue en fait une incessante guerre des Balkans et les premiers à en faire les frais sont, comme toujours les populations, à savoir les citoyens qui financent les recherches et les différents usagers, en particulier les patients et leurs familles. Cet article est une tentative pour montrer l’intérêt d’un dépassement de Babel par une approche synthétique de la psychologie, et ce, à partir du cas de l’autisme.

 
 « C'est la théorie qui décide de ce que nous pouvons observer »
Albert Einstein, Comment je vois le monde (1934)
 
En 2009, un chercheur étasunien constatait au sujet de l’autisme que l’on n’en maîtrise rien, c’est-à-dire, ni les effets, ni les causes.[1]. 
 
Ce bilan honnête mais peu flatteur pour la recherche médicale explique la prudence du dernier rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui, bien que devant « établir […] un document répertoriant les données scientifiques disponibles » pour satisfaire la mesure 1 du Plan Autisme 2008-2010, s’est finalement cantonné à un « état des connaissances HORS mécanismes physiopathologiques, psychopathologiques et recherche fondamentale », écartant donc tout ce qui permet de construire un modèle.
 
Ainsi, la montagne de professionnels concertés a accouché d’une souris, c’est-à-dire d’un simple tableau descriptif qui informe sur le phénomène et sur les pratiques thérapeutiques et pédagogiques afférentes, mais qui, au final, se dispense de l’effort de comprendre et d’expliquer.
Il nous sera simplement donné à entendre que l’autisme se caractérise par « un développement nettement déficient de l’interaction sociale et de la communication, et un répertoire considérablement restreint d’activités ou d’intérêts. » [2]
Mais une telle définition est terriblement vague et sans utilité vu qu’elle pourrait même s’appliquer à ces politiciens qui deviennent autistes lorsqu’ils accèdent au pouvoir. Elle ne fait que pointer en direction d’un phénomène aux contours nuageux en se désintéressant de sa nature, c’est-à-dire, de son origine, qui reste insaisissable car égarée dans le chaos des interprétations concurrentes et/ou contradictoires.
 
Malheureusement, cela n’a rien d’exceptionnel. Il n’existe pas non plus de consensus concernant la conscience, les émotions, la volonté, ainsi que beaucoup d’autres concepts psychologiques fondamentaux qui semblent devoir éluder toutes les tentatives de définition claire et consensuelle.
 
Pour comprendre cette situation peu satisfaisante et même surprenante au regard des idéaux que nous entretenons au sujet de la science, une parole du Talmud peut nous aider :
« Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont mais telles que nous sommes. ».
 
Elle laisse entendre que le caractère énigmatique du tableau présenté par l’autisme pourrait provenir non de la complexité de cette pathologie mais de l’état babélien des sciences humaines en général, de la psychologie en particulier.
Cette dernière est, en effet, une « maison divisée contre elle-même ». Elle s’est laissé envahir par une foule de sciences concurrentes qui prétendent en baliser le territoire pour leur propre compte de sorte qu’au final la plupart de ses notions les plus fondamentales restent mal définies et dans un état de controverse permanente.
Dans le cas d’une pathologie aussi lourde que l’autisme, cette situation est regrettable car elle est préjudiciable à l’évolution des connaissances comme des pratiques thérapeutiques.
 
Il y a donc de bonnes raisons de tenter de sortir de cette Babel conceptuelle, non par un nouvel apport de données empiriques sous lesquelles nous croulons, mais, au contraire, par un effort théorique qui permette d’articuler de manière plus cohérente les connaissances disponibles.
 
À cette fin, il convient de remettre les choses, c’est-à-dire les causes à leur place. En observant tout d’abord que comprendre l’autisme consiste à identifier les mécanismes psychologiques en cause, quels que soient les facteurs génétiques, physiologiques ou neurologiques sous-jacents.
Car c’est au seul niveau psychologique que les sujets que nous sommes « habitent », c’est à ce seul niveau que le syndrome autistique est défini et c’est à ce seul niveau qu’il peut être compris.
 
Pour bien saisir cela, imaginons que l’on puisse un jour établir que certaines mutations d’un gène ou d’un groupe de gènes sont les causes nécessaires et suffisantes de l’autisme. Imaginons même qu’une thérapie génique permettent de corriger complètement le matériel génétique incriminé. Isoler et traiter LA cause génétique de l’autisme constituerait en soi une formidable avancée, mais elle ne permettrait pas de comprendre la phénoménologie de l’autisme ; elle la ferait « seulement » disparaître.
 
Comme ceci vaut également pour les facteurs physiologiques ou neurologiques, nous pouvons tranquillement les écarter et en venir à la question fondamentale qui est de savoir quelles sont les fonctions psychologiques dont le déficit engendre le tableau autistique.
 
Immédiatement un douloureux constat se présente : faire table rase de la génétique, de la physiologie et de la neurophysiologie ne nous a pas encore fait sortir de l’auberge Babel. Les explications de nature psychologiques abondent et partent dans toutes les directions de sorte qu’il reste bien difficile de s’orienter.
Si on peut écarter d’emblée les nombreuses interprétations psychanalytiques de l’autisme, toutes plus saugrenues les unes que les autres (« mère frigidaire », « autisme = psychose », etc.), c’est pour découvrir très vite que la psychologie « scientifique » n’est pas en reste pour le prêt-à-penser réducteur.
 
Songeons à Uta Frith dont le livre L’Enigme de l’autisme défendait l’idée que les autistes ont un défaut de cohérence centrale, c’est-à-dire qu’ils manifestent une grande capacité d’attention aux détails mais sans parvenir à intégrer convenablement les informations en provenance de différentes sources. Comme au fond cette notion de cohérence centrale ne va pas au-delà de ce que nous appelons le bon sens ou, tout simplement, l’intelligence (comme mise en lien), elle aurait pu aussi bien dire qu’il leur manque un boulon. Cela ne nous avance guère, car le tableau de l’autisme déborde largement la question de la cohérence des représentations.
 
Ne serait-ce qu’en raison des troubles de la communication affective. Les autistes semblent, en effet, peu ou pas capables de comprendre, de reproduire et, par conséquent, de partager les émotions des autres. Le chercheur anglais Peter Hobson a, dans Autism and the Development of Mind, tenté d’en faire le déficit primaire à partir duquel découlerait tout le tableau de l’autisme.
 
Mais il est évident que ce dernier ne peut être réduit à un problème affectif de partage émotionnel car il inclut aussi la grande difficulté caractéristique des autistes à se représenter la pensée de l’autre, à se construire comme on dit à présent une théorie de l’esprit (de l’autre), ce que tout un chacun fait comme il respire, sans même y penser. En tant qu’elle traite de représentations, cette compétence relève non de l’affectif, mais du cognitif. Certains auteurs (Baron-Cohen, Leslie, Frith, 1985) ont à leur tour voulu faire de cette incapacité de l’autiste le déficit premier à partir duquel découlerait l’ensemble du tableau autistique. Mais, là encore, cette interprétation ignore superbement sa concurrente, ici la dimension affective pourtant tout aussi incontournable.
 
Ceci rappelle l’histoire indienne des aveugles et de l’éléphant. Chacun en touche une partie (la queue, la jambe, la trompe, le flanc, l’oreille) et croit que l’éléphant n’est que cela. Cette parabole est fréquente dans les manuels de psychologie mais tout se passe comme si les chercheurs eux-mêmes ne se sentaient pas concernés. Le pire, que l’histoire ne raconte pas, vient cependant des praticiens. Sous couvert d’ouverture d’esprit, de modération et de pragmatisme, nombre d’entre eux passent d’une conception à l’autre en fonction des patients en clamant haut et fort qu’ils sont sans a priori et que chaque patient est un cas particulier. Je sais bien que le comique Laurent Ruquier avait fait un slogan de l’idée qu’« il faut savoir changer de certitudes » mais ce n’est pas une raison pour le croire.
 
Imaginez que le chirurgien qui doit vous opérer de l’appendicite vous dise qu’il tente une technique personnalisée avec chacun de ses patients parce que nous sommes tous différents, vous seriez probablement inquiet.
 
L’éclectisme ou plus exactement le bricolage qui, en France, domine les approches thérapeutiques de l’autisme et auquel, malheureusement, tant de parents consentent souvent les yeux fermés, n’est pas le signe d’une maîtrise ou d’un pragmatisme mais bien plutôt celui d’une débâcle scientifique, d’un cul entre deux ou trois chaises paradigmatiques.
 
Car les aveugles ne dépassent pas leur cécité simplement en parlant à tour de rôle et en juxtaposant leurs convictions comme on alignerait les pièces d’un puzzle avant de le commencer. Pour reconstituer l’image de l’éléphant, il faut agencer correctement ses différentes parties les unes par rapport aux autres. Autrement dit, il faut penser et ne pas se contenter de collectionner les points de vue pour les « publier ».
 
Cet effort de pensée, paradoxalement, on le voit souvent chez certains parents d’enfants autistes auxquels les soins prodigués à leur enfant ne donnent pas satisfaction malgré la bonne volonté évidente des soignants. Bravant l’autorité médicale, ces parents se sont mis à penser pour eux-mêmes et dans l’effort pour donner à leur enfant toutes ses chances, ils ont souvent fait preuve d’une créativité et d’une rigueur intellectuelle extraordinaires dont, malheureusement, beaucoup de professionnels semblent dépourvus, coincés qu’ils sont dans les stéréotypes de leurs chapelles respectives. [3]
 
Mon sentiment est que comprendre l’autisme est, surtout pour les parents, un besoin intense autant que légitime. La profusion de livres et de sites internet qui y sont consacrés en atteste. Toutefois, leur diversité qui confine à la pagaille est aussi le signe sûr qu’après déjà plus de soixante années de recherche nous n’avons abouti à rien de bien solide et que nous nous trouvons, plus probablement, au point de départ, autour duquel nous n’avons fait que tourner en balayant toutes les directions.
 
Loin de se décourager, il faut se dire que nous avons peut-être maintenant toutes les pièces du puzzle en main et que, la science est décidément une affaire trop sérieuse pour être laissée aux seuls scientifiques.
 
 
21 février 2012

article publié dans RUE89 le 2 décembre 2011

Sur le terrain 02/12/2011 à 19h41

Autisme : la Belgique, fin de l'errance pour des familles françaises

Sophie Verney-Caillat | Journaliste Rue89
Audrey Cerdan | Photographe Rue89

Dans cette école belge, plus de la moitié des autistes sont Français. Grâce à des méthodes éducatives, ils deviennent « d'autres gamins ». Reportage.

 


Maël en classe dans son école à Mons, le 17 novembre 2011 (Audrey Cerdan/Rue89)

(De Mons) « Quand ils parleront, ils auront l'accent belge. » Sophie Carlier, institutrice spécialisée pour les autistes, n'a pas renoncé à faire parler ses élèves. Ils ne sont que quatre dans sa classe de maternelle intégrée dans le programme « Teacch », sont tous français et ont 6 ou 7 ans.

Assistée d'une puéricultrice et d'une stagiaire, elle applique cette méthode dite « comportementale », que leurs parents ont désespérément cherchée dans leur pays, avant de trouver leur eldorado chez notre voisin belge.

Au Clair Logis, école spécialisée nichée dans les bois en périphérie de Mons, Sophie tente d'« apprendre » à ces enfants entrés très tard à l'école. Apprendre à s'occuper seul, à écouter l'autre, à le regarder, apprendre des interactions simples comme « bonjour » ou « merci »… « On doit tout leur apprendre ! », sourit-elle, sans une once de découragement. Tout tient en un mot : autonomie.

A 5 ans, Maël a le développement d'un enfant de 18 mois

Maël, 7 ans, est autiste sévère : il ne parle pas, ne mange pas seul, grince des dents sans arrêt, porte des couches… mais sait nager, chanter et rire aux éclats. Comme tous les autistes, il a des capacités, mais ne les montrera pas s'il n'est pas stimulé. Et elles sont bien cachées.

Maël est arrivé au Clair Logis en mars, après une longue errance. Sa mère, Coralie Le Mor, s'était rendu compte dès ses neuf mois que la prématurité de Maël n'expliquait pas seule son comportement anormal :

« Au début, je me suis dit qu'il était peut-être sourd, puis je suis allée sur Internet et j'ai compris que son regard vide, son trop grand calme… c'était de l'autisme. »

A 3 ans, Maël n'entre pas à l'école, mais à l'hôpital de jour. Trois demi-journées par semaine. Le reste du temps, il est gardé par sa grand-mère. A 5 ans, « il a le développement d'un enfant de 18 mois », selon les pédopsychiatres. Ceux-ci conseillent aux parents d'attendre, car l'état de Maël peut s'améliorer… Mais comment ? La mère ne le voit pas.


Maël et sa mère Coralie (Audrey Cerdan/Rue89)

« Que les autres parents ne vivent pas ce que j'ai vécu »

Surtout lorsque Maël, aiguillé par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) atterrit dans un Institut médico-éducatif (IME), « là où tous les handicaps sont confondus », résume sa mère. Dans le minibus qui l'emmène chaque matin, Maël tape sans cesse à l'arrière du siège du chauffeur :

« Il refait des crises, me tape, je ne dors plus… Il ne va pas bien du tout du tout. »

Coralie décide de le sortir de là. C'est alors qu'elle entend parler des écoles publiques de la Communauté française de Belgique.

Au Clair Logis, la scolarité est gratuite, la Sécurité sociale française ne prend en charge que les allers-retours en taxi (57 km pour relier Mons à Valenciennes), qui se chiffrent à 2 500 euros par mois. « Ce n'est rien à côté de ce que coûte une place en IME : 950 euros par jour », dénonce Amandine Weaver, maman de Maxence, 13 ans, aussi élève au Clair Logis.

Désormais investie à temps plein dans son association, Le Monde de Maxence, cette jeune femme se définit d'emblée comme « militante extrême », et consacre toute son énergie à ce que « les autres parents d'autistes ne vivent pas ce que j'ai vécu », à savoir la culpabilisation par la psychanalyse, l'enfermement en HP de son fils, les neuroleptiques, l'impossibilité de trouver une assistante de vie scolaire faute de budget… et, finalement, la Belgique comme seul « avenir ».


Maxence en classe, le 17 novembre 2011 (Audrey Cerdan/Rue89)

« Parfois, ça peut virer au conditionnement »

La salle de classe est organisée en zones de travail afin que Maël et les autres aient plus de repères. Chaque enfant dispose d'un espace bien défini : à sa gauche, une étagère avec les paniers des activités qu'il doit faire, et à sa droite, une « finish box ». « Ça évite qu'ils recommencent toujours la même chose », remarque l'institutrice.

Ils apprennent déjà à jouer, mais sont-ils contents ? « Ça, on ne sait pas », reconnaît Sophie.

Après les activités individuelles, Maël se trouve assis à la table face à la maîtresse. La consigne : trier des photos représentant soit des chaussures, soit des bouteilles. On dirait que Maël fait exprès de se tromper pour provoquer l'adulte et faire durer le plaisir. Quand l'institutrice obtient ce qu'elle veut, elle le félicite : « Tu as fini ton travail, bravo ! »

Ce système de récompense est au cœur des pédagogies comportementalistes Teacch ou ABA, mais Sophie l'a adapté à sa manière :

« Parfois, ça peut virer au conditionnement, c'est un peu comme avec un chien à qui on donne un sucre. Moi, je préfère récompenser avec un sourire, un “bravo” ou une caresse plutôt que de la nourriture. »

S'intégrer « sans déranger les autres »

Maël a une ultra-sensibilité à la paume des mains, il est très réactif aux odeurs, il est chétif et a l'air fatigué. Mais à l'intérieur de cette coquille, bien caché, il semble y avoir un autre Maël. Un enfant qui sollicite l'attention, qui veut bien faire, qui hésite à dévoiler son intelligence, qui a besoin d'un contexte pour faire plaisir à l'adulte… Mais soudain, il peut sortir de son monde et partir dans un bref élan quand se noue une complicité.

Depuis qu'il est scolarisé au Clair Logis, « c'est un autre gamin. Il progresse à son niveau », selon sa mère. Maël peut espérer passer d'autiste sévère à autiste léger, « s'intégrer » selon sa maîtresse. C'est-à-dire qu'il n'ira pas dans le système « ordinaire », comme disent les Belges, mais pourra sortir au cinéma, au restaurant, à la plage avec ses parents sans « déranger les autres ».

Et c'est énorme. Beaucoup ne retournent plus au supermarché avec leur enfant s'il risque de se rouler par terre en public. C'est ainsi que nombre de parents d'autistes ne sortent pratiquement plus et finissent repliés sur la seule cellule familiale (ce qui explique l'explosion de nombreux couples).


Maël avec son institutrice (Audrey Cerdan/Rue89)

« Une journée sans crise, c'est une bonne journée »

Les parents d'autistes français qui se sont tournés vers ces techniques comportementales vantent leur efficacité, qui serait à les entendre scientifiquement prouvée. Au Clair Logis, plus de la moitié des élèves sont des Français, un chiffre en constante augmentation. Modestes, les institutrices qui utilisent ABA ou Teacch n'avancent aucune statistique.

Selon Françoise Zinque, institutrice dans l'une des classes de primaire, l'autisme n'est pas un « handicap », mais une « différence » :

« Ce qui veut dire qu'il y a une place pour tout le monde dans la société, c'est juste que pour eux, il faut plus de moyens. »

Dans le cahier de liaison, elle rend compte de tous les mini-événements de la journée. « Une journée sans crise, c'est une bonne journée », nous confie-t-elle. Elle ne se permet pas de remarques aux parents, même si elle trouve que certains sont « trop protecteurs, ils font tout à la place de leur enfant, ce qui n'est pas leur rendre service. »

La moitié parlera, un quart lira

Sophie Dieu, la directrice du Clair Logis, a découvert récemment qu'en France, l'autisme était souvent traité comme une « psychose infantile » dont la solution se trouvait dans la psychanalyse des parents, en particulier de la mère. Même si elle qualifie certaines mères de « trop fusionnelles », elle ne trouve « pas utile » de les culpabiliser, alors que ces parents sont surtout à ses yeux des gens « très courageux ».

Elle a été choquée quand elle a entendu parler du « packing », l'enveloppement de l'autiste dans des draps humides et froids censés l'aider à reconstituer sa personnalité fragmentée, qui se pratique en France mais est controversée.

Elle n'a qu'une idée en tête : qu'à l'issue de l'école primaire, la plupart des enfants sachent manger et s'habiller seuls, soient propres et jouent… qu'ils sachent gérer ce « trouble envahissant du développement » (TED) qu'est l'autisme et dont ils ne guériront pas. Si possible, qu'ils se mettent à parler (la moitié environ) et à lire (un quart).

Alors, ils pourront intégrer un collège spécialisé, faire des incursions dans des établissements ordinaires, et à leur majorité, rejoindre des ateliers protégés, où ils travailleront un peu. Au moins les parents seront-ils enfin soulagés.

Amandine, la mère de Maxence, n'a pas l'intention de s'affranchir de l'« épée de Damoclès » qui pèse au-dessus de la tête de son fils : elle veut lui faire intégrer un collège spécialisé en Belgique, ce qui n'est pour l'instant pas possible. Elle attend déjà que le Défenseur des droits (ex-Halde) se prononce sur la plainte qu'elle a déposée pour « discrimination » contre l'Etat français, qui n'avait pas pu scolariser son fils. Réponse attendue en janvier.

 

GIF : autoportrait de Maxence.

http://www.rue89.com/2011/12/02/autisme-la-belgique-fin-de-lerrance-pour-des-familles-francaises-226887

21 février 2012

article publié sur le blog autiste en france le 18 février 2012

Samedi 18 février 2012
A Mr Favereau, journaliste à "Libération" - Auteur d'un article le 14 févier sur l'énigme de l'autisme
A Madame Vincent,journaliste à "Le monde" - Auteure de deux articles le 16 Février sur le packing et l'autisme
 
Je vous écris car je suis extrêmement choquée du parti pris sur l'autisme, qui se retrouve dans vos différents articles
 
Aujourd'hui la France a au moins 40 ans de retard sur les pays développés en matière de dépistage, prise en charge : la situation des autistes est catastrophique : les adultes d'aujourd'hui, qui n'ont reçu et reçoivent que une prise en charge psychanalytique sont
 
- internés en hôpital ou institution psychiatrique, bourrés de neuroleptiques, non respectés dans leurs fonctionnements particuliers.
- gardés chez leurs parents, qui ont encore la force et qui refusent la 1ere solution. Souvent ils ont bataillé auprès des praticiens pour retirer leur enfant de l'institut ou hôpital psychiatrique
 
Je veux que vous preniez conscience des faits suivant
 
- Les parents n'ont rien contre la psychanalyse : simplement, leur enfant est victime d'une erreur médicale : on a donné, et on donne encore un traitement qui, au lieu de faire progresser l'enfant, augmente ses troubles. Lorsqu' un enfant autiste ne reçoit pas un traitement spécifique adapté, ses troubles du comportement augmentent. Pour un enfant de 3 ans, c'est gerable , mais pour un adolescent ou adulte c'est gerable seulement avec des neuroleptiques. Vous comprenez ? La priorité c'est apprendre à l'enfant à gérer ses émotions, et lui apprendre à communiquer.
Comment seriez vous si vous etiez brusquement en chine, sans argent, ne parlant pas chinois, ne comprenant pas les coutumes du pays, et surtout sans personne pour vous apprendre tout ça ? Vous faites une crise d'angoisse ; et vous vous retrouvez à l'hôpital avec des psychotropes, et petit à petit la descente aux enfers pour vous.
 
- Les parents n'ont rien contre le fait que des personnes consultent des psychanalystes, ils s'en moquent : chacun fait bien ce qu'il veut.
Mais ils ne veulent pas que leur enfant ai un traitement inadapté. Tout simplement . Et c'est bien le problème en France : pourquoi croyez vous qu'on ai tant de retard ? Faire une prise en charge psychanalytique sur un enfant autiste ( actuellement seule cette prise en charge est reconnue ) a autant d'effet que sur une personne ayant la maladie d'alzheimer par exemple ; aucun effet, et donc des troubles du comportement s'installent...
 
 
En prenant parti comme vous le faites, vous encouragez un traitement qui est prouvé inadapté, vous savez donc pertinemment qu'il y a des erreurs médicales, mais au lieu de les signaler, vous persistez. Au détriment de dizaines de milliers d'enfants, qui en sont victimes.
 
Rappelez vous que ne rien faire pour un autiste ( la psychanalyse propose simplement d'attendre que l'enfant soit prêt ), c'est la pire des maltraitances.
 
Quant au fait que les psychanalystes auraient des facilités à rentrer dans le monde interne des autistes...c'est faux : je suis dans les troubles du spectre autistique et tout ce qu'ils disent, c'est faux, je ne m'y reconnais pas du tout, et je ne suis pas la seule. Donna Williams, Temple Grandin, Gunilla Gerland ( 3 autistes écrivains dont j'ai le témoignage ) ne s'y reconnaissent pas.
 
La plupart des autistes que je connais ( et oui les autistes parlent et écrivent ) pensent comme moi.
Les psychanalystes leur font peur.
 
Quant au fait que le comportementalisme c'est du dressage par ce que répétition du même geste : mais comment avez vous appris à écrire ? Vous même n'avez pas fait des lignes de lettres avant de savoir écrire?
Et pour apprendre à conduire ? ça vous est venu immédiatement ?
 
Beaucoup de choses que nous apprenons ne nous sont pas spontanées : il faut répéter, répéter; pour les autistes, c'est pareil, sauf qu'il y a beaucoup plus de choses non spontanées.

Merci de m'avoir lue. J'espère que quand vous écrirez vos articles, vous penserez en premier aux enfants..et à leurs parents qui ne pensent qu'à une chose : s'exiler.

21 février 2012

article publié dans le monde.fr le 20 février 2012

"Les parents d'enfants autistes s'épuisent à chercher des solutions de prise en charge"

LEMONDE.FR | 20.02.12 | 14h33

A la suite de l'article "Guerre ouverte contre la psychanalyse dans le traitement de l'autisme", paru dans Le Monde daté 17 février, nous avons lancé un appel à témoignages aux parents d'enfants autistes afin qu'ils racontent les difficultés de la prise en charge. Voici une sélection de leurs récits.

Lire les témoignages : http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/02/20/les-parents-d-enfants-autistes-s-epuisent-a-chercher-des-solutions-de-prise-en-charge_1644943_3224.html

20 février 2012

Autisme : Appel à la mobilisation des bonnes volontés !

Préambule

Je pense que tout ceux qui s'intéresse au sujet auront noté combien la tension est vive actuellement dès que l'on parle de l'accompagnement des personnes autistes (TED ou TSA). A l'aune de ce que j'ai pu observer tout au long du parcours de ma fille Elise, 27 ans, autiste non diagnostiquée "officiellement", je voudrais apporter ici mon soutien appuyé aux actions de M. Bernard Accoyer, M. Daniel Fasquelle, Mme Valérie Létard, M. Jean-François Chossy, Mme Danièle Langloys, Mme Catherine Barthélémy, M. Jean-Claude Ameisen, Mme Monica Zilbovicius, M. Thomas Bougeron, Mme Monica Zilbovicius, Mme Bernadette Rogé, Mlle Sophie Robert et à tous les participants des premières journées parlementaires sur l'autisme  pour ne citer qu'eux. Je voudrais souligner et rendre hommage à toutes les associations de parents regroupées à présent au sein du collectif autisme qui oeuvrent pour une évolution depuis de nombreuses années non seulement des méthodes d'accompagnement mais aussi des mentalités.

M. Fillon, premier ministre les a entendus en déclarant l'autisme grande cause nationale pour l'année 2012.

Cette année 2012 s'annonce donc assez exceptionnelle et certaines prises de position me poussent à m'engager davantage lire l'article dont je vous livre la conclusion :

"Au-delà de la personne du député Fasquelle qui vient de se discréditer irrémédiablement et dont nous exigeons la démission de la présidence du Groupe d’études sur l’autisme à l’Assemblée Nationale, nous nous inquiétons de cette dérive inquiétante où des propos tenus jusqu’alors uniquement par des sectes telles que l’église de scientologie font retour depuis le sommet de l’Etat.

Cette dérive au même titre que certains discours prônant l’inégalité des cultures est en train d’introduire un discours populiste fort inquiétant pour la démocratie.

Nous appelons donc tous les professionnels du soin psychique, mais aussi  tous les citoyens à une vigilance républicaine pour refuser un tel tournant dangereux pour les libertés."

Les libertés parlons en ...

Historique succinct

Tout d'abord rappelons que l'évolution récente de l'accompagnement des personnes autistes s'est faite à la demande des familles désirant voir leurs enfants bénéficier du meilleur accompagnement possible. Les premières structures "innovantes" ont été ouvertes sur décision politique (les projets avaient été refusées en commission adhoc). Rappelons aussi que l'on qualifie d'innovantes dans l'hexagone des méthodes adoptées dans l'ensemble du monde développé. (lire le Bilan d’étape du plan autisme en février 2010 sur le site du Ministère des Solidarités et de la Cohésion Sociale).

Rappelons aussi l'action du Ministre de la santé de l'époque  (2005) M. Douste Blazy qui avait enterré le rapport de l'INSERM commandé par le Gouvernement http://www.aapel.org/temoignages/douste_blazy_psychotherapies.html. Ce rapport préconisait la mise en oeuvre des méthodes comportementales ... Décision qualifiée de «conte de fée» par le gendre de Lacan, Jacques-Alain Miller. Lire à ce sujet l'article de Jacques Van Rillaer Professeur de psychologie à l'Université de Louvain-la-Neuveet aux Facultés universitaires St-Louis (Bruxelles) dont l'expertise n'est plus à démontrer.

Depuis un certains nombre de documents font référence :

Or, l’ANESM et la HAS ont débuté en 2010 l’élaboration de recommandations de bonne pratique sur l’autisme et les troubles envahissants du développement chez l’enfant et l’adolescent. Ce travail est en cours de finalisation. L’ANESM et la HAS délibéreront d’ici la fin du mois de février sur une version définitive qui tiendra compte des éventuelles observations de l’ensemble des experts qui ont participé à ce travail.

Ces recommandations seront présentées lors d’une conférence de presse le 6 mars prochain. L’objectif sera de mettre en lumière les avancées les plus importantes pour les enfants et leur famille ainsi que pour les professionnels concernés des secteurs médico-social et sanitaire.

Des fuites organisées via le journal Libération semblent compromettre la sérénité nécessaire à l'élaboration du document. Une mise au point a d'ailleurs été publiée sur le site de la HAS sous la forme d'un communiqué de presse en date du 13 février 2012.

Mon témoignage

Ma fille Elise, autiste hyperactive est née le 27 avril 1985. Elle a, classiquement pour l'époque, été orientée par étape vers un hôpital de jour (cf. les principales étapes de la vie d'Elise) où elle a passé 10 années de sa vie.

Disons pour être honnête et simple que nous étions à l'époque très mal informés sur le handicap de notre fille.

J'ai découvert depuis que nous baignions sans le savoir précisément dans une prise en charge du type psychanalytique ... De fait je n'ai commencé à vraiment chercher à comprendre que depuis le 2 février 2006 ...
La  création de ce blog qui lui est dédié m'a conduit à parfaire mes connaissances et très vite à les partager.

Donc au sein de l'hôpital de jour aucun diagnostic. Aucun diagnostic non plus auprès des différents "experts" extérieurs que nous avons vu dont certains de haut niveau  ... lorsque l'on nous interrogeaient dans la vie courante, nous avions trouvé une formule "Elle a des problèmes" ... qui nous permettait d'avancer.

Que faisait-elle dans cet hôpital de jour ?

A la vérité nous n'en savions pas grand chose ... "il fallait préserver le lieu où Elise pourrait trouver sa place". Nous faisions en l'absence d'information confiance au système. La prise en charge était totale, gratuite et confortable : un taxi puis par la suite un minibus faisait la liaison entre la maison et l'hôpital matin et soir. Nous pouvions de ce fait travailler.

A intervalles réguliers (en gros tous les 2 mois) nous rencontrions médecins et psychologues lors de réunions qui je dois dire mettaient mon épouse mal à l'aise et ne nous apportaient pas grand chose. Avec le recul je pense que ces réunions étaient surtout destinées à évaluer nos réactions plutôt qu'à nous apporter des informations.

Au fil du temps, 10 ans c'est long, la communication s'est un peu améliorée et vers la fin des entretiens avec les différents intervenants de l'établissement furent organisées, des réunions de parents, des réunions avec les frères et soeurs etc.

Mais malgré tout la transparence n'était absolument pas de mise sur les méthodes mises en oeuvre et pas vraiment de stimulation pour Elise ... un poste d'enseignant affiché, presque jamais pourvu et la dernière institutrice nommée qui est resté très peu de temps (proche de la retraite) : "Oh,la classe : Elise ça ne l'intéresse pas". Finalement elle avait décidé de l'emmener en sortie ... et nous étions satisfaits : elle pouvait au moins sortir !

En final, la prise en charge n'était absolument plus adaptée ... Elise se retrouvait non plus avec ses pairs mais avec de tout jeunes enfants ... l'équipe était en difficulté ... et plutôt que de se poser des questions en interne ... j'ai quelques souvenirs marquants où très clairement le praticien recherchait les causes des difficultés d'Elise du côté de la famille. Une façon quelque part de se déculpabiliser ou de ne pas se remettre en question.

La socialisation ?

Je me dois de souligner que c'est nous, sa famille, qui l'avons faite pendant les week-end à la maison, les vacances etc. ... les sorties pour faire les courses, les ballades, le vélo, les centres de vacances ... avec notre fille difficile à contrôler à l'époque ... sans avoir vraiment quoi faire ... et avec le recul il est évident que nous avons fait des erreurs ... disons très simplement que nous avions tendance à nous adapter à Elise plutôt qu'à la "recadrer" ce qu'il aurait sans doute fallu faire. Mais en l'absence de conseil il fallait bien se débrouiller et j'étais passé maître en vigilance me bornant à intervenir dans les situations qui me paraissaient présenter trop de difficultés ou des dangers.

L'hôpital de jour est rappelons le un lieu fermé, protégé, où l'enfant n'apprend pas à gérer les situations qu'il peut rencontrer dans la vie courante.

Grâce à Elise j'ai conservé une excellente condition physique car l'hyperactivité, assez modérée, dont elle peut faire preuve actuellement n'est absolument pas comparable à celle que nous avons connu pendant toute son enfance : elle partait souvent droit devant elle happée par une idée ...et ne tenait pas en place ... se réveillait la nuit etc. ...

Nous avons fait face mais sans aucune méthode susceptible de nous venir en aide.

Et ensuite ?

Aussi, c'est avec un très grand soulagement que nous avons quitté  l'hôpital de jour pour l'IPPA Maisons Alfort (structure adolescents) qui venait d'ouvrir ... L'esprit qui régnait à l'époque dans ce lieu répondait vraiment à nos attentes et les apprentissages étaient recherchés. Son directeur, M. Patrick Sanson est un homme ouvert pour lequel j'ai beaucoup d'estime et au contact duquel j'ai appris énormément. Le dialogue avec chacun des intervenants était encouragé. Mais pour Elise, 17 ans, il était déjà bien tard ....

Et très vite il nous a fallu envisager la recherche d'une structure pour adulte ... plusieurs dossiers ... un petit tour en Belgique pour visiter une structure "centre reine Fabiola" ... Intéressant, mais nous n'étions absolument pas fana ... la distance et gestion des problèmes potentiels ne nous convenait pas, plusieurs stages dans des établissements susceptibles de l'accueillir ...

La suite vous la connaissez si vous lisez ce blog. Nous pouvons témoigner que non seulement Elise progresse mais qu'elle s'épanouit. Une "stratégie globale" s'est mise en place au fil du temps associant activités et loisirs :

Les principaux acteurs sont :

  • sa famille bien sûr avec qui Elise entretient des liens privilégiés ;
  • toute l'équipe de la résidence "Moi la vie" (foyer de vie) avec qui elle parfait sa sociabilité, son autonomie et bien d'autre chose encore à travers différentes activités ... dans le cadre de son projet de vie ;
  • les psychologues du cabinet ESPAS-IDDEES avec qui Elise fait des séances individuelles à raison de 8 heures par semaine au sein même de son établissement ;
  • l'association A Bras Ouverts et ses extraordinaires accompagnateurs/trices qui lui permettent de partir en week-end et de faire de courts séjours dans une ambiance festive ... Elle est toujours partante ;
  • l'association Envol Loisirs qui lui permet de pratiquer la voile et de faire de nombreuses rencontres, cette association monte des projets visant à la pratique des loisirs des personnes autistes et TED ;
  • l'association Trott'Autrement avec laquelle Elise fait de l'équitation adaptée en petit groupe ;
  • la drôle de compagnie avec laquelle elle participe à des séances de théâtre sur des thèmes variés.

Le diagnostic ?

Actuellement toujours pas "officiellement" ... comme le dit mon épouse si on la pousse un peu "- C'est son Père qui a décidé qu'Elise est autiste" ... Lire à ce sujet comment j'ai appris la nouvelle http://dupuiselise.canalblog.com/archives/2006/04/27/1778253.html

Très clairement il n'y a pas photo Elise est autiste et passablement extraordinaire ...

Là encore le diagnostic à l'époque n'était pas de mode ! J'ai d'ailleurs fait remplacer depuis les termes "psychose infantile" qui figuraient dans son projet de vie par Troubles du Syndrome Autistique en conformité avec les recommandations de l'ANESM.

Mon opinion sur l'actualité récente concernant l'autisme

Depuis 2006, qui correspond à la sortie de la période d'ignorance où l'on m'avait maintenu et/ou je m'étais complu, je pense avoir pris un certain recul et accumulé quelques connaissances sur le sujet. Je me permets donc d'exprimer mon point de vue :

  • Le Diagnostic doit bien évidemment intervenir le plus tôt possible.
  • L'accompagnement par des méthodes comportementales adaptées et validées doit être mis en place dès le diagnostic établi pour permettre de profiter de la plasticité cérébrale qui permet des apprentissages en contournant les atteintes neuronales. A ce stade, il a été démontré que le cerveau a les capacités de développer d'autres circuits.
  • Cet accompagnement précoce et adapté devrait permettre à de nombreux enfants d'être scolarisés accompagnés par des personnes formées (AVS).
  • Et en final, nous pouvons espérer avoir des personnes adultes beaucoup plus autonomes.
  • Ce qui induit d'ailleurs pour la société des économies à terme quand on connaît le prix de journée dans les hôpitaux.

Trois évidences à ne pas perdre de vue

  • L'autisme est un handicap.
  • On ne peut pas en guérir.
  • Mais la personne peut progresser à tout âge.

La Psychanalyse

La psychanalyse à mon sens peut s'adresser à des personnes en état de communiquer et de payer ... si j'ai bien compris la démarche de la plupart des fondateurs de ses différentes écoles. On doit pouvoir entrer en psychanalyse et pouvoir en sortir ... Après cela repose sur le libre arbitre de chacun ... Je crois qu'elle peut apporter un certain soulagement à des personnes en difficulté ... mais pour cela il faut qu'elles soient en capacité d'adhérer et il me paraît évident que ce n'est pas le cas de la très grande majorité des autistes.

La "prise en charge" actuelle des autistes en France, ressemble encore actuellement à une prise d'otages. Dans notre exception française (avec l'Argentine) les autistes et leur familles sont dirigés vers le secteur médico- social dont ils dépendent. Ils sont ensuite pris en charge par des équipes bien souvent formées à la psychanalyse et orientés vers un hôpital de jour (avec des variantes) où les équipes reste majoritairement formées à la psychanalyse : pataugeoire, atelier contes etc. et non tournée vers les apprentissages "la fameuse théorie de l'émergence du désir" ...
La suite on la connaît ... pas vraiment de progression attendue ... pas vraiment de progression au final et des adultes qui finissent en hôpital psychiatrique où ils n'ont pas leur place.

Les seules familles qui manifestent des velléités de se soustraire au système vont à la rencontre de nombreuses difficultés et doivent pratiquement tout organiser en libéral. Bien souvent les coûts engendrés par la démarche ne sont que partiellement remboursés. Heureusement les associations et les nouveaux outils de communication sont là pour donner la marche à suivre : Egalited est vraiment très intéressant.

Ne pas confondre défense du secteur psychiatrique et défense de la psychanalyse

La lecture de certains articles habiles amèneraient à penser que l'on voudrait éradiquer la psychanalyse du système de soin. La mobilisation est déclarée sur ce thème ... une pétition circule ...

Je ne le pense pas. Encore une fois, la psychanalyse semble pouvoir apporter un réconfort à certains patients en demande ... et propose son interprétation au mal être de personnes  en difficultés. Pourquoi pas ... Si les individus adhèrent et s'en trouve soulagés.

J'ai pu noté que ce n'était en aucun cas une science exacte et que les courants de pensée étaient multiples ... à chacun d'apprécier. Elle a d'ailleurs toujours été controversée y compris en son sein avec la naissance de différentes écoles. Théories et controverses ont jalonnées sa "construction" tant il est vrai qu'il est difficile d'interpréter l'inconscient ... Maîtres et disciples ne s'accordent pas toujours.

Cette construction théorique, intellectuelle, d'ailleurs passablement intéressante, repose essentiellement sur des études de cas.

Mais clairement, je ne pense pas que la psychanalyse soit indiquée pour encourager une personne autiste à progresser ... elle est visiblement démunie comme le montre le film "Le Mur" et les interprétations successives ont conduit à bien des dérives ... mettant notamment les Mères en accusation.

Donc ne pas confondre les psychanalystes avec les médecins psychiatres qui ont bien sûr tout leur rôle à jouer pour soigner avec leur expertise reconnue des personnes handicapées qui peuvent être soulagées par des traitements validés là encore. Rappelons que les traitements doivent être régulièrement réévalués ... les effets secondaires sur le long terme étant souvent mal connus (bénéfices/risques).

Sophie Robert avec son film "Le Mur" a réussi a convaincre des psychanalystes de renom à se livrer devant la caméra. Disons le tout net résultat est simplement consternant. Clairement, c'est un documentaire militant mais après ce qu'elle a découvert je comprends qu'elle ait été choquée ... et personne n'aurait compris qu'elle puisse faire l'éloge de la psychanalyse après de telles déclarations de personnes en charge du soin de nos enfants.

La plupart des familles ont reconnus dans ce documentaire "les traitements" qu'elles avaient dûs subir tout au long de leur parcours. Et visiblement les théories qui soit disant n'ont plus cours actuellement sont encore très présentes dans la conscience des psychanalystes ... leur culture n'a pas changé ... seul l'affichage peut se montrer plus ou moins discret en fonction des circonstances.

Ce documentaire, j'ai eu la chance de le voir avant son interdiction, est révélateur et a d'ailleurs provoqué une onde de choc salutaire amplifiée par la procédure toujours en cours puisque Sophie Robert a fait appel.

Conclusion

Pour les personnes autistes en particulier, la Loi du 11 décembre 1996, dite "Loi Chossy", a permis de quitter l’immobilisme Français en reconnaissant l’autisme comme un handicap.

La loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées renforce les actions en faveur de la scolarisation des élèves handicapés. Elle affirme le droit pour chacun à une scolarisation en milieu ordinaire au plus près de son domicile, à un parcours scolaire continu et adapté. Les parents sont de plus étroitement associés à la décision d'orientation de leur enfant et à la définition de son projet personnalisé de scolarisation (P.P.S.).

Il importe donc de conjuguer les efforts pour permettre à l'enfant autiste, dès que le diagnostic est connu, de bénéficier d'un accompagnement de qualité de type comportemental validé par les instances internationales.

Cet accompagnement, basé sur les apprentissages, devant le conduire avec un maximum de chance vers une scolarisation en milieu ordinaire pour accéder à une vie la plus intéressante possible.

C'est donc bien une décision politique dont nous avons besoin puisque le système livré à lui-même n'a pas su se réformer.

Je reste persuadé que la Haute Autorité de Santé (HAS) qui a pris toute la mesure du problème ne reculera pas devant la difficulté.

Il importe que l'Etat dans ce domaine comme dans d'autres exerce ses fonctions régaliennes pour mettre en oeuvre les conditions nécessaires pour que tous nos concitoyens autistes puissent prétendre au meilleur accompagnement possible.

Dans le cas contraire la majorité des parents ne comprendrait pas.

Pour ce rattrapage, nous avons besoin de convaincre et l'autisme déclaré grande cause nationale pour l'année 2012 est une opportunité sans précédent pour permettre à tout un chacun de mieux appréhender ce handicap.

Mais nous avons aussi besoin de décisions préconisant les méthodes les mieux adaptées pour faire progresser nos enfants, leur permettre d'avoir un maximum de chances de combler leur handicap et de devenir des adultes dotés d'un maximum d'autonomie.

Je ne crois pas qu'aucun parent croit en une méthode miracle. En revanche, l'exigence légitime des familles est bien le meilleur accompagnement possible. Il faut bien reconnaître que les libertés prises, sans aucune validation scientifique, dans ce domaine ont été néfastes.

Il faut, à mon sens, faire preuve de volonté, valider, améliorer, et contrôler l'application des méthodes d'apprentissage comme cela se passe d'ailleurs dans l'enseignement classique.

Aussi, je recommande pour ma part à tous les élus et responsables de notre société de prendre les mesures nécessaires pour corriger une situation de fait qui ne saurait perdurer.

Notre pays fidèle à ses valeurs doit reprendre dans ce domaine le chemin de la modernité et tenir compte de l'état des connaissances.

Vous l'aurez sans doute compris à mon sens ce ne peut être qu'une étape. Les prochaines nous pouvons les gagner si nous nous en donnons les moyens ...

Je vous remercie de votre attention et vais d'ailleurs adresser un courrier à mon député pour le sensibiliser et lui faire connaître ma position.

           Jean-Jacques Dupuis

20 février 2012

Réponse ouverte de Daniel Fasquelle à Edwige Antier en date du 9 février 2012

concernant la proposition de loi visant l'arrêt des pratiques psychanalytiques dans l'accompagnement des personnes autistes :

https://docs.google.com/document/d/1xr8vLlUx_NrZDNUNePc-qrTxlRbJmMoE3zknpLI13-g/edit?pli=1

20 février 2012

article publié sur le blog de Jean-Marie de Lacan (Critique raisonnée du Non psychanalytique)

Lettre ouverte aux psychanalystes de tous bords

Chers camarades,

Nous sommes comme vous le savez, et comme nous l’avons toujours su, la cible d’un gigantesque complot dont la source se situe évidemment au-delà des frontières de l’empire franco-argentin. La menace totalitaire et scientiste des saxons et autres américos semble chaque jour davantage infiltrer, corrompre, dresser les diverses instances qui étaient les nôtres.

Les scientifiques refusent désormais de nous croire sur parole au sujet de la garantie satisfait ou résistant. Il ne s’agit pas de dire que la psychanalyse est inévaluable, mais qu’elle ne peut être évaluée que par les psychanalystes, ou plutôt par les bons psychanalystes, et ce au cas par cas, c’est à dire en tenant compte de façon singulière, significative et exclusive des patients les plus signifiants.

Les patients critiques, insatisfait ou récalcitrants se font de plus en plus manifestes. Ils refusent désormais d’en revenir à Freud et osent nous accuser de l’échec de leur prise en charge, un fait acté et mobilisé dont nous dénions toute responsabilité, qu’elle soit symbolique ou palpable. L’entourage et notamment les parents, auparavant de fiers alliés qui savaient nous assister dans la noble tache consistant à remettre le patient à sa place de castré du divan, semblent avoir été contaminés par la fièvre de la preuve scientiste. Ils protestent, manifestent et inondent les réseaux sociaux de leur propagande ignare et souillée par la génétique.

Les médias, ou du moins la frange médiatique non communiste, ne semble plus capable de contenir les pressions américano-fascisantes en matière de santé mentale. Le résultats est désastreux comme en témoignent ces multiples pamphlets et autres torchons calomnieux, négationistes et j’en passe.

Les politiciens osent désormais nous défier, notamment en dédaignant nos divans parisiens et en batifolant allègrement avec les comportementalo-fachos, les cognitivos et autres biolos, les parents toxiques et pire que tout : ils pensent devoir tenir compte de l’opinion du patient sans recueillir nos préalables avis éclairés.

Nous devons dénoncer ces pratiques d’un autre âge, qui nous rappellent les heures sombres de notre histoire :

  • Les scientifiques n’ont pas à dicter des lois!
  • Les politiciens n’ont pas à légiférer sur la science!
  • Les parents n’ont pas à décider du sort de leurs enfants!
  • Les patients ne peuvent pas savoir ce qui est bon pour eux, sans nous!

Ainsi, chers psychanalystes de tous bords et malgré tous les défauts inhérents à vos écoles respectives, rassemblez vous derrière moi, Jean-Marie de Lacan! L’union fait la force à condition d’avoir le bon guide par tous les saints. Je saurais vous diriger afin de bouter l’envahisseur scientiste hors de l’empire franco-argentin!

Lorsque la psychanalyse est ainsi visée, la psychothérapie, la médecine, la science, la santé mentale, l’humanisme, la démocratie, la liberté de penser, l’égalité, la fraternité, l’inconscient, le symbolique, l’inceste, la scientologie, la littérature, la philosophie, la misogynie, la castration, la singularité du sujet, la relation, le symptôme, et les trous, féminins comme de la sécu, sont en grand péril.

Ainsi, en vue de l’élection présidentielle, nous exigeons aussi fermement qu’un phallus dressé :

  • L’exclusion des TCC du champ du soin et de la psychothérapie ainsi que leur interdiction et leur condamnation pour crime contre l’humanité.
  • Le retour au monopole psychanalytique en matière de psychiatrie, de psychologie, de psychothérapie.
  • La validation de la psychanalyse pour ses vertus curatives dans les autres spécialités médicales telles que la cancérologie ou la proctologie.
  • La psychanalyse obligatoire et préalable à l’exercice de la médecine, du journalisme, de la politique et de la parentalité.
  • Le contrôle humaniste de toute recherche scientifique selon la sainte-éthique psychanalytique.
  • L’abrogation de tout contrôle étatique ou policier sur nos temples ainsi que l’immunité totale de nos praticiens.
  • Plus de moyens, à définir par nous.
  • La fortification des frontières de l’empire franco-argentin.
  • La supervision clinique des réseaux sociaux.
  • L’abrogation de toutes les lois du domaine de la santé mentale au profit de la loi de l’émergence du désir.

Rejoignez-moi et boutons l’imposture scientiste, boutons l’idéologie falsificatrice, boutons l’appareil gestionnaire et annihilateur de singularité du sujet, boutons les parents scientologues et hystériques qui osent défier le nom du père!

Ils peuvent nous ôter la vie, mais ils ne nous ôterons jamais notre liberté!

Bravecœurement vôtre,

http://jyaimedesailes.wordpress.com/2012/02/19/lettre-ouverte-a-aux-psychanalystes-de-tous-bords/

19 février 2012

article publié sur le site de la Fédération française des Dys

LA PSYCHANALYSE, LES DYS ET L’AUTISME

Les enfants « dys » aussi sont des victimes de la psychanalyse

Le documentaire « Le Mur ou la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » met crûment en lumière la persistance de théories et de pratiques psychanalytiques totalement dépassées, réfutées scientifiquement, et inefficaces, dans la prise en charge des enfants avec autisme en France. Grâce à ce documentaire, grâce à la tentative de censure dont il a fait l’objet, grâce à l’exposition médiatique et à la prise de conscience politique qui ont suivi, la prise en charge de l’autisme en France est sur le point de progresser autant en 2012 qu’au cours des trente années qui ont précédé.

On ne peut que s’en féliciter pour les enfants autistes et leurs familles. Et les autres? Les enfants autistes ne sont pas les seules victimes de la psychanalyse. Il ne faudrait pas qu’ils soient les seuls bénéficiaires de la prise de conscience qui est en train de s’opérer.

Les enfants avec troubles spécifiques du langage ou des apprentissages et leurs familles ont été victimes des mêmes théories et des mêmes pratiques que les enfants autistes: mère trop distante ou trop fusionnelle, père pas assez présent, complexe d’Œdipe mal résolu, « secret familial », absence de « désir de parler », manifestation d’une souffrance par le trouble, dysharmonie, psychose… Ces hypothèses ont été les seules considérées par beaucoup de psychanalystes qui ont pris en charge des enfants dys, alors même qu’elles n’ont jamais été étayées par des données scientifiques, et alors qu’en parallèle les données s’accumulaient en faveur de l’hypothèse de troubles neurodéveloppementaux d’origine en partie génétique[1].

Les  troubles spécifiques du langage et des apprentissages, dont la prévalence est dix fois celle de l’autisme, ont largement bénéficié du rapport Ringard sur l’enfant dysphasique et l’enfant dyslexique (2000), qui a débouché sur la circulaire pour la « Mise en œuvre d’un plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage oral et écrit » (7 février 2002). Ces mesures ont permis la création des centres référents pour les troubles du langage, ont conduit à mettre à jour la formation de nombreux professionnels, et ont incontestablement apporté au cours des dix dernières années une amélioration significative du diagnostic et de la prise en charge des enfants avec troubles du langage ou des apprentissages.

Pourtant, aujourd’hui encore, on compte de nombreux enfants dys en situation d’errance diagnostique et/ou thérapeutique, notamment dans les Centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP). Ces enfants sont souvent pris en charge suivant une grille de lecture exclusivement psychanalytique, sans diagnostic pluridisciplinaire, sans rééducation adaptée, à l’encontre de toutes les recommandations scientifiques et médicales, françaises et internationales. Lorsqu’ils sont finalement diagnostiqués et pris en charge d’une manière adéquate, il est souvent bien tard, beaucoup d’années de scolarité ont été perdues, et au fil des années de nombreuses difficultés se sont superposées au trouble initial: échec scolaire, perte d’estime de soi, troubles psychologiques, conflits familiaux… Il est temps que cesse cet immense gâchis.

Il ne s’agit pas pour autant de rejeter tout apport de la psychologie ou de la psychiatrie aux troubles dys. Une partie des enfants dys ont également des troubles psychologiques voire psychiatriques, souvent consécutifs à la situation d’échec et de détresse dans laquelle ils sont plongés. Ces troubles, même s’ils ne constituent pas la cause primaire des troubles du langage ou des apprentissages, nécessitent aussi une prise en charge, et celle-ci doit être efficace, donc évaluée.

En résumé, les enfants dys ont besoin d’une part, d’un diagnostic pluridisciplinaire, basé sur les classifications médicales internationales, incluant typiquement au moins un bilan de langage et un bilan neuropsychologique. Une grille de lecture exclusivement psychanalytique est inadéquate pour un diagnostic correct. D’autre part, ils ont besoin d’une prise en charge globale, incluant une rééducation adaptée au profil cognitif spécifique de l’enfant, et, si les symptômes le justifient, d’une prise en charge psychologique. Mais cette dernière ne doit pas se faire en lieu et place d’une rééducation. De plus, les méthodes de rééducation et de psychothérapie doivent être évaluées et faire la preuve de leur efficacité, ce qui fait cruellement défaut actuellement. Enfin, les retards d’apprentissage s’accumulent vite et se rattrapent difficilement, et les prises en charge offrent un pronostic d’autant meilleur qu’elles interviennent tôt, d’où l’importance d’un diagnostic précoce, sans attendre un quelconque « désir » et sans passer par une longue phase d’observation informelle. Pour permettre la mise en œuvre effective de ces mesures, une mise à jour de la formation de tous les professionnels concernés paraît impérative.

Vincent Lochmann, Président de la Fédération Française des Dys ,
Membre du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées

Franck Ramus, Directeur de recherches au CNRS,
Membre du Comité Scientifique de la Fédération Française des Dys

www.ffdys.fr


[1] Expertise collective de l’Inserm. (2007). Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie: Bilan des données scientifiques. Paris: Editions INSERM. Téléchargeable sur http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/074000190/index.shtml.

http://www.ffdys.com/a-la-une/evenementiel/la-psychanalyse-les-dys-et-lautisme.htm

19 février 2012

Réaction de Marcel Herault, président de Sésame Autisme, suite à l'article publié dans Libération

19 février 2012

article publié sur le site de la Fédération Française Sésame Autisme

Autisme et psychanalyse : La polémique

AUTISME ET PSYCHANALYSE : LA POLEMIQUE
Comment en est-on arrivé là ?

Une polémique qui monte en puissance depuis au moins 2 ans...

Jusque là, dans le petit monde de l'autisme, on avait fini par se dire que la psychanalyse était bonne à ranger au « magasin des accessoires » du passé. Je connais même beaucoup de psychanalystes qui partageaient cette opinion (la familiarité de l'expression en moins). Je ne parle que de la psychanalyse par rapport à l'autisme. Libre à chacun de la considérer comme une philosophie ou une sagesse ou un substitut de la religion. Je me contente d'observer que ses adeptes deviennent individualistes et l'individualisme n'est peut-être pas le vrai chemin du bonheur.

Les tensions ont commencé à se faire jour avec la saisine de la HAS par le Ministère de la santé (la dernière en date concernant l'évaluation des méthodes). Observons que ce n'est pas ce qui était initialement prévu dans le plan autisme, puisqu'il devait y avoir une réflexion séparée sur l'accompagnement dans le secteur sanitaire (l'ANESM ayant elle, terminé la sienne qui n'a pas soulevé de telles vagues). Ceux qui ont pris la décision de commander cette recommandation conjointe à la HAS et à l'ANESM voulaient éviter de faire une recommandation spécifique pour les « hôpitaux de jour pour enfants » (quelle expression !) ; l'existence même de la pédopsychiatrie infantile dans le dispositif de l'accompagnement des enfants avec autisme est un sujet tabou depuis 1995 (je me souviens des débats à cette époque avant la sortie de la « Circulaire Veil »). Pour ne pas affronter ce problème on a déplacé la polémique et aggravé les difficultés. Je ne pense pas que l'annonce d'un plan autisme par Roselyne Bachelot (ministre de la santé en 2008) et par Valérie Létard (simple secrétaire d'Etat ne pouvant jouer la vedette en tant que représentante du médico-social) ait été une bonne chose. Tout le monde a compris qui était le pilote, le secteur médical en premier. Alors que depuis 1995, l'autisme était dans le champ du médico-social (l'autisme est un handicap, loi de 1996 !), brusquement il basculait dans le champ du sanitaire. Il ne suffit pas de dire que de toute façon, c'est la sécurité sociale qui paie, que les frontières du sanitaire et du médico-social sont arbitraires (voire !), le mal était fait.

Ensuite, le scénario s'est déroulé comme on pouvait s'y attendre et les débats houleux et difficiles sur la recommandation à paraître début mars se sont étalés sur plus d'un an, chaque camp utilisant les armes du lobbying. Par camp, j'entends les « pro » et les « anti » psychanalyse, car le reste de la recommandation (très riche) risque de passer au second plan.

A l'automne, un autre événement intervient, qui corse la situation. La sortie du film « Le Mur », un documentaire de 52 minutes réalisé par Sophie Robert et produit par « Autistes sans frontières ». Très vite sur Internet ce fut le « buzz ». La publicité pour ce film a été assurée également par les trois psychanalystes, qui ont saisi la justice. Indépendamment des conclusions de la justice, car je crois que la réalisatrice a fait appel du jugement interdisant en l'état la diffusion du film, on peut dire qu'il a eu des « effets thérapeutiques », car de nombreuses familles se sont souvenu d'avoir rencontré certains psychiatres comme ceux  caricaturés dans le film et ont plutôt ri, les réserves portant plutôt sur l'éloge lui-aussi un peu caricatural des méthodes comportementales (utiles bien sûr, mais je n'aime pas les oppositions trop simplistes).

Bien sûr, avant la décision du tribunal de Lille, la presse s'était largement fait l'écho de cette polémique avec des titres éloquents : « Autisme : feu sur la psychanalyse » par exemple (Nouvel observateur - 8 déc. 2011).

Pendant ce temps-là, l'autre camp (les pro-psychanalystes) s'organisait et on a vu la naissance ou la « re-naissance » d'associations de psychanalystes (institut psychanalytique de l'enfant, coordination internationale entre psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme CIPPA...). Même les politiques ont été sommés de choisir leur camp et Martine Aubry a été prise en flagrant délit de double langage entre ses déclarations d'un côté et son amitié affichée pour le professeur Delion (sous réserve de vérification car Internet peut se tromper !).

Le dernier palier est franchi avec le dépôt d'une proposition de loi du député UMP Fasquelle « visant l'arrêt des pratiques psychanalytiques dans l'accompagnement des personnes autistes, la généralisation des méthodes éducatives et comportementales et la réaffectation de tous les financements à ces méthodes » (vendredi 20 janvier). Les associations du Collectif sont priées de s'associer à ces démarches ; bien qu'aussitôt Sésame-Autisme et Autisme France font connaître leur réserve sur la méthode, un communiqué du Collectif (envoyé aux parlementaires par erreur, nous a-t-on expliqué) a fait état d'un soutien inconditionnel...

L'Unapei de son côté, envoie un communiqué à l'Agence France Presse pour déclarer qu'elle condamnait cette initiative du député ; cette déclaration peu nuancée fait vite des vagues sur Internet et la présidente Christel Prado doit s'expliquer auprès de ses adhérents. C'est une illustration de ce qui arrive quand la polémique atteint une telle intensité. Soit on soutient l'initiative du député Fasquelle, soit on n'est pas d'accord et on apparaît malgré soi comme des suppôts du diable, je veux dire des psychanalystes. Ce texte n'a d'autre ambition que de desserrer l'étau.

A ce jour d'autres prises de position se manifestent (et cela ne va pas s'arrêter), Edwige Antier, la célèbre pédiatre (UMP) prend la tête d'une pétition contre son collège UMP (à la différence du PS où une seule personne concentre sur elle deux attitudes, à droite, on est favorable au bicéphalisme, d'ailleurs Edwige Antier ne se contente pas de critiquer la démarche de son collègue, elle défend l'utilité de la psychanalyse dans les soins aux personnes autistes). C'est ce que prétend du moins l'Institut psychanalytique de l'enfant).

L'ANCRA (Association Nationale des Centres de Ressources Autisme) se fend d'un communiqué nuancé... et la presse continue avec par exemple un article du Figaro (sorti comme par hasard le jour de la conférence de presse de F. Fillon pour lancer l'année de la Grande cause nationale) dont le titre est éloquent

« Autisme : la neurobiologie discrédite la psychanalyse ». On s'attend à des révélations, des découvertes, mais en fait les découvertes dont il est question (et qui sont très importantes) sont déjà anciennes et connues de tous. Qui oserait contester « qu'il y a une racine biologique à l'autisme » ?

Alors peut-on sereinement essayer d'y voir un peu plus clair dans ce débat passionné, où tous les arguments sont bons, tous les amalgames sont faits et où on ne pourrait plus s'exprimer sans se faire lyncher.

D'abord on peut vraiment s'interroger sur la démarche du député Fasquelle (un homme poli et agréable) ? :

- Un tel article de loi (5 lignes) ne ressort pas des compétences du Parlement, de l'avis unanime des juristes.

- Dans un mois, la HAS et l'ANESM, à la demande du Gouvernement vont rendre publique la recommandation   « Autisme et autres TED : interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l'enfant et l'adolescent ». La conférence de presse aura lieu le mardi 6 mars 2012. Cette recommandation ayant fait l'objet de très nombreuses concertations est déjà plus ou moins connue, et on peut craindre que sur certains points sensibles elle décevra. Mais c'est ainsi, cela veut dire qu'il faudra continuer à convaincre...

- Personnellement, je ne pense pas qu'il soit possible d'instituer une « police de la pensée » et de promouvoir des vérités imposées d'en haut. Bien sûr, dans d'autres domaines de la médecine, les avancées de la science s'imposent d'elles-mêmes et les spécialistes suivent le mouvement. En France, en tout cas, la psychiatrie semble faire exception... mais je ne pense pas malgré tout que la décision médicale puisse appartenir au pouvoir politique. C'est une vision léniniste du pouvoir, du haut vers le bas ; c'est aussi une démarche qui rappelle trop l'inquisition.

- Enfin, depuis 50 ans et ma classe de philo je continue à penser que la fin ne justifie pas les moyens et que si j'estime avec une très grande majorité des adhérents et de militants de Sésame Autisme que la psychanalyse n'est pas utile dans la compréhension de l'autisme ni par les méthodes qui découleraient d'elle, je ne pense vraiment pas qu'il faut user de menaces ou de terrorisme (d'ailleurs je n'oublie pas qu'il y a 30 ans, certains psychanalystes utilisaient le chantage et que la culpabilisation n'a pas disparu). Cette proposition de loi aboutit même à un résultat paradoxal, car elle « victimise » les psychanalystes qui en général savent bien jouer cette partition (les polémiques au moment de la parution du livre d'Onfray « Le crépuscule d'une idole » et auparavant celui du livre noir de la psychanalyse).

 

Où va se « nicher » la psychanalyse ?

Mais au fait, qu'est-ce qu'on veut interdire au juste quand on évoque « les pratiques psychanalytiques » et peut-on espérer « la réaffectation de tous les financements existants à ces méthodes » (éducatives et comportementales, qui ne sont pas plus définies). En effet une telle loi supposerait un décret d'application qui définirait ce qu'on ne devrait plus faire (bonjour la jurisprudence !). Il n'est pas si facile que cela de trouver « la psychanalyse » dans ce qui existe en faveur des personnes avec autisme. Je vais tenter d'énumérer quelques domaines où la « psychanalyse s'exerce ».

1. Les psychothérapies d'inspiration analytique qui s'adressent aux enfants.

Elles étaient en voie de disparition il y a quelques années. Aujourd'hui en France, c'est Geneviève Hagg qui fédère ce mouvement (avec M. D. Amy) et on peut penser (en lisant leurs écrits) que ces personnes pratiquent des psychothérapies individuelles pour aider l'enfant autiste : mettre en mot ses vécus corporels (je schématise) et l'aider à se construire un monde symbolique... Je remarque que cette « psychanalyse » s'oriente de plus en plus sur le vécu sensoriel et sur la psychomotricité (travaux du Professeur Bullinger).

Les entretiens avec les familles constituent eux-aussi une part importante de la

« prise en charge » psychanalytique. Ce que les familles souhaitent c'est d'avoir en face d'eux un médecin qui apportera des connaissances et des savoir-faire ; or ce n'est pas sous cet angle que se déroulent les entretiens « psychanalytiques », ce qui évidemment contribue à creuser le fossé entre les professionnels (psychanalystes) et les parents.

Ce courant de pensée a comme ambition également de réconcilier la psychanalyse et les neuro-sciences. Ce qui personnellement m'agace dans ces théories c'est que les psychanalystes ont préempté le champ entier de la psychologie ; pour eux c'est une évidence qu'il n'y a pas de psychologie autre que la psychanalyse. C'est malheureusement vrai dans beaucoup de facultés de psychologie en France, mais évidemment c'est un hold-up sur cette discipline scientifique, qui est un domaine passionnant et indispensable. L'avenir, bien sûr, c'est le dialogue entre les neuro-sciences et la psychologie cognitive (et c'est bien différent du rapprochement entre la psychanalyse et les neuro-sciences).

Peut-on interdire, pour revenir à la proposition de loi, ces consultations d'inspiration psychanalytique ? Vous voyez la levée de bouclier, si on s'avisait à regarder par le trou de la serrure ce qui se passe dans un cabinet privé ou même si on écoutait aux portes les entretiens à l'hôpital de jour. Infaisable, bien sûr, si on ne veut pas avoir sur le dos la communauté médicale, le Conseil de l'ordre des médecins... et d'ailleurs qui souhaite vraiment un tel enrégimentement ?

2. Les réunions de synthèse, les projets individualisés ou les rencontres avec les familles

 

D'après moi, c'est plutôt dans ces lieux ou dans ces domaines que les représentations (liées à une grille de lecture de la psyché humaine qui découle d'un courant psychanalytique) peuvent avoir un impact négatif.

Comment interpréter une attitude, un comportement et comment tenter de le modifier ou en tout cas de favoriser une évolution vers la socialisation, vers le bien être... ?

Soit on considère que c'est un symptôme, un langage et qu'il faut le laisser se développer pour mieux le comprendre, espérant que de lui-même il disparaîtra avec la souffrance affective qu'il est censé révéler ; soit on le regarde comme une des manifestations de l'autisme et on utilisera d'autres outils pour en atténuer les effets (cf. les outils d'analyse des comportements-problèmes).

Soit on se centre sur l'enfant et sa famille et on va chercher ce qui pourrait expliquer telle attitude, telle manifestation, soit on met tous ses efforts à connaître le mode de fonctionnement autistique pour être utile aux personnes avec autisme...

Le lecteur reconnaîtra des pratiques qu'il a rencontrées. Les conséquences ne sont jamais neutres. Pour moi, si on veut respecter les personnes avec autisme, il faut connaître les particularités du « fonctionnement » autistique et accepter leur différence... et ne pas s'amuser à rechercher des causes souvent imaginaires.

Le regard que porte le professionnel sur les personnes qu'il a en face de lui est essentiel. Je me souviens de ce que m'expliquait un médecin psychiatre d'un hôpital de jour (qui faisait partie de l'association à cette époque) lorsqu'il il a eu entre les mains le compte rendu d'un examen génétique à Necker ; son « patient autiste » souffrait d'une maladie génétique connue. A partir de là, tous les éducateurs l'ont regardé autrement et cela a tout changé. C'est la « révolution » qu'ont tant de mal à faire les psychanalystes encore aujourd'hui.

Maintenant peut-on « quantifier » les équipes qui fonctionnent sur ce mode « psychanalytique ». Personnellement j'en suis bien incapable. En tout cas, ce n'est pas marqué sur la porte de l'établissement, plus souvent un hôpital de jour mais pas uniquement (je connais des « équipes » dans les IME qui réagissent avec des grilles de lecture psychanalytique).

Qui pourrait aujourd'hui faire une liste des établissements concernés ? On ne peut quand même pas utiliser la délation ou la rumeur ? Parfois même un seul professionnel se réfère explicitement à la psychanalyse...

Ce que je fais personnellement c'est de regarder de près les projets d'établissement et de faire en sorte qu'ils soient précis sur les questions essentielles.

Evidemment, on ne peut pas condamner non plus tous les « hôpitaux de jour » pour enfants. De nombreux chercheurs travaillent d'ailleurs en pédo-psychiatrie. Et de toute façon aucun redéploiement financier n'est possible.

Si par un hasard extraordinaire, on décrétait que les enfants avec autisme ne devaient plus fréquenter les hôpitaux de jour, non seulement on se retrouverait avec plusieurs milliers d'enfants sans solution, mais en plus les hôpitaux de jour accueilleraient d'autres pathologies, sans qu'on puisse supprimer la moindre place. Pour moi, et j'en suis sûr, c'est une fausse piste pour trouver de l'argent.

3. La psychanalyse comme outil d'analyse de l'institution

 

C'est, si je ne m'abuse, ce qu'on appelait jadis la psychothérapie institutionnelle. Le lecteur n'aura pas de mal à trouver sur Internet l'histoire de ce concept, car ce serait très long à expliquer. Ce courant est inséparable de la psychose, de l'histoire de la psychiatrie (de la fin de la guerre à la naissance des hôpitaux de jour au début des années 70), du développement de la psychanalyse en psychiatrie adulte également pour changer la vie asilaire...

L'institution doit être « soignée » si on veut qu'elle ne maltraite pas les patients, idée qui est loin d'être ridicule, mais dans ces années-là on ne connaissait que la psychanalyse comme outil pour étudier les comportements de groupe.

Bien sûr il y a eu des dérives sectaires graves puisque la loi de la république s'arrêtait à la porte de l'établissement et une communauté édictait ses propres règles (très souvent énoncées par le médecin supposé savoir qu'était le médecin directeur psychanalyste qui lui n'était contrôlé par personne...).

Ce courant de pensée s'est retrouvé également dans le domaine de l'éducation et a tenté un temps la pédagogie Freinet (l'élève et le maître sur un pied d'égalité). J'ai bien connu cette époque (mai 68, les frères Cohn-Bendit, l'Ecole supérieure de la rue d'Ulm où enseignait Lacan, et c'est avec (presque) de la nostalgie que j'ai retrouvé ce concept dans la recommandation de la HAS et de l'ANESM qui sera bientôt rendue publique. Tout à la fin, il est question des travaux de recherche « recommandés » pour évaluer certaines pratiques et la

« psychothérapie institutionnelle » est citée... Moi qui pensais qu'elle avait disparu des « écrans radars » depuis des lustres et qu'elle ne parlait plus qu'aux « soixante-huitards » oscillant entre l'anarchisme et la psychanalyse lacanienne...  

 

Peut-être la « psychothérapie institutionnelle » est-elle le nouveau nom de la psychanalyse et j'aurais manqué une étape ? On aurait classé celle-ci dans les interventions globales non recommandées ou non-consensuelles (il faudra lire le sous-titre dans l'ordre inverse, vous verrez quand vous aurez reçu cette recommandation) pour la faire revenir à la fin de la recommandation. Je dois avoir l'esprit mal tourné.

Soyons sérieux, j'ai connu des établissements il y a certes longtemps (il y a encore des survivants et je connais un hôpital de jour en Seine-St-Denis qui fonctionne sur ce modèle) dont le fonctionnement s'inspirait des théories énoncées dans les livres sur la psychothérapie institutionnelle. Tous les éducateurs, personnels d'entretien, personnels administratifs... devaient faire une analyse car tout le monde devait comprendre la même chose ; on devait vénérer la même philosophie, celle de Freud, de Lacan... et celle du psychiatre de l'institution (à travers ses écrits). La présence aux « séminaires » organisés était contrôlée... Pour comprendre, allez chercher dans votre bibliothèque ou vidéothèque « Au nom de la Rose »...

Pour être totalement objectif, il y eut aussi des idées originales (intervenants extérieurs, activités manuelles ou artistiques, etc. et bien sûr nous les avons reprises dans nos établissements en les débarrassant de leur gangue idéologique (Freud, Marx, Marcuse, Foucault, l'anti-psychiatrie....

On peut mettre ce que l'on veut derrière les mots et faire renaître des concepts anciens, mais comme ce vocable n'est nulle part défini et je ne connais pas d'autres définitions.

Pour être complet, je précise qu'il est souhaitable de porter toute son attention à la vie des petits groupes qui constituent nos SESSAD, IME, foyers de vie, FAM, MAS ; des relations se nouent entre enfants, entre adultes, entre enfants et adultes. La psychologie sociale (discipline encore naissante) nous apporterait des outils utiles. Le professeur que j'ai été sait bien qu'une classe ne ressemble pas à une autre et qu'une dynamique positive ou négative se met rapidement en place. C'est la même chose en entreprise et cela ne doit pas être négligé. Mais pour moi cela n'a rien à voir avec le courant de pensée désignée par la psychothérapie institutionnelle (dont le porte-parole le plus connu est aujourd'hui le Professeur P. Delion).

4. Les CRA (Centres de ressources autisme)

 

Les premiers centres ont été animés au début par des équipes hospitalières le plus souvent (s'est adjoint parfois un pôle médico-social, comme celui auquel j'ai participé avec le Professeur Alain Lazartigues) très au fait des recherches sur l'autisme et souhaitant jouer un rôle moteur dans la diffusion du diagnostic d'autisme et plus généralement des connaissances de l'autisme.

Puis notre chère administration a demandé de créer un CRA par région, sans s'interroger sur l'existence au sein de la région d'équipes de recherche. Ce rouleau compresseur administratif a favorisé le développement de CRA qui n'étaient pas tous sur la même longueur d'onde.

Et puis dans un troisième temps, ces CRA sont devenus des enjeux stratégiques dans la lutte d'influence idéologique et des psychiatres « d'obédience psychanalytique » se sont mis à s'intéresser à ces CRA et à tenter de rattraper leur retard depuis les années 2000. Bien sûr, tout le monde dira qu'ils se réfèrent aux textes officiels, mais la réalité est souvent différente. On retrouve aujourd'hui au niveau des CRA des luttes d'influence comparables à celles qui existent pour détenir une chaire de pédopsychiatrie... au nez et à la barbe de l'administration, surtout depuis que les CRA sont de compétence ARS...

Alors, soyons un peu pragmatiques s'il vous plaît. Au lieu de faire une proposition de loi « épouvantail », regardons d'un peu plus près sur le terrain les évolutions et on pourra constater qu'il y a un fossé entre les déclarations et la réalité.

C'est sur le terrain que la situation bougera, c'est le défi que nous devons relever. Les pouvoirs publics ont une très grande responsabilité lorsqu'ils s'imaginent qu'il suffit de faire des textes et oublient le travail de contrôle qui leur appartient. A nous de les alerter et de continuer à faire preuve de créativité et d'imagination dans le travail quotidien (les « petites victoires »).

Il n'y a pas de « FIN de l'Histoire » (encore une utopie qui a fait des dégâts), ni même d'An I... l'histoire est une longue et patiente évolution, il faut tous les jours se remettre en question, car c'est cela la véritable démarche scientifique.

Marcel HERAULT

Même si je suis certain que les propos que j'émets sont très largement partagés au sein de la Fédération Française Sésame-Autisme et de Sésame Autisme Gestion et Perspectives dont je suis le président, je préfère en assurer seul la responsabilité.

http://www.sesame-autisme.com/textes-de-la-federation.html

18 février 2012

Le blog des rêves de Christiane Riedel ...

Je ne saurai trop vous conseiller de prendre connaissance de l'article publié par Christiane Riedel sur son blog le 17 février 2012. Je joins à cette publication une petite vidéo sympa qui permet de mieux la connaître.

(jean-Jacques Dupuis)

L’AUTISME ET LES RAVAGES DE LA PSYCHANALYSE

"Depuis que j’ai ouvert mon blog en janvier 2007, vous m’avez vu m’élever à plusieurs reprises pour dénoncer les aberrations de la psychanalyse freudienne. Les Français, qui sont si suspicieux à l’égard des sectes et en voient partout, ne s’aperçoivent pas que la psychanalyse freudienne en France pourrait être considérée sous certains aspects comme une secte matérialiste tentaculaire. Elle a en effet investi sournoisement tous les domaines, l’université, la médecine, les hôpitaux, les administrations, elle domine dans les esprits, formate la pensée, détruit les familles et les gens, les jeunes en particulier, et gagne des sommes d’argent folles.

Vous verrez ci-dessous les critères qui définissent une secte selon la MIVILUDES."

Lire la suite => ICI

 

CHRISTIANE RIEDEL Thérapeute de l’âme, Spécialiste de l’interprétation des rêves, Continuatrice de l’œuvre de Carl Gustav Jung, Fondatrice de l’Académie d'Interprétation des Rêves «Ailleurs Vécu», Consultante, Formatrice, Auteure, Conférencière

17 février 2012

article publié sur le blog de Franck Ramus FRblog le 17 février 2012

Questions à Bernard Golse

Cher collègue,
Vous êtes récemment intervenu dans de nombreux médias, et notamment dans Libération (le 13/02/2012) et dans le Magazine de la santé sur France 5 le 14/02/2012. Vous regrettez la polarisation du débat entre la psychanalyse et les autres approches. Je trouve personnellement que ce débat n'a pas lieu, car les argumentaires sont produits en parallèle et se rencontrent rarement. Par exemple, France 5 vous a interviewé sans aucun contradicteur. Libération juxtapose vos propos à ceux d'un responsable associatif, mais sans que vous puissiez vous répondre sur des points précis. Et les journalistes qui vous ont interrogé n'ont pas tous les éléments qui leur permettraient de vous poser les questions les plus pertinentes, d'apprécier la justesse de vos réponses, et de repérer celles de vos affirmations qui pourraient être contestées.
Afin de rétablir un véritable dialogue entre deux approches en apparence incompatibles, je vous propose, cher collègue, de répondre le plus précisément possible à mes questions ci-dessous. Et, afin d'éclairer au mieux le débat public, je vous propose de rendre publiques mes questions et vos réponses, sur mon blog ainsi que sur tout autre média approprié.
Bien entendu, si jamais vous aviez été cité incorrectement dans Libération, ou si jamais vous n'aviez pas pu exprimer correctement votre pensée sur France 5, n'hésitez pas à rectifier vos propos de manière à ce que le fond de votre pensée soit absolument clair pour tout le monde.
 

Sur ce qu'est l'autisme


Dans le Magazine de la santé, vous dites " tout le monde est à peu près d'accord pour une définition qui serait de dire que : l'enfant autiste a du mal à ressentir que l'autre existe et qu'un autre est différent de soi. Il a du mal à prendre en compte l'existence des autres."
Ce n'est pourtant pas la définition de l'autisme que donnent les classifications internationales (ni même la CFTMEA). Ce sur quoi tout le monde s'accorde, c'est sur le fait d'inclure dans la définition de l'autisme une difficulté à établir des relations sociales. Mais je considère (et je pense que la plupart des chercheurs sur l'autisme seraient d'accord sur ce point) que votre affirmation est une surinterprétation sans fondement.

1.       Quelles sont les données qui vous permettent d'affirmer que l'enfant autiste a du mal à ressentir que l'autre existe et qu'un autre est différent de soi?


Sur les théories de l'autisme


Dans le Magazine de la santé, vous dites "les psychanalystes en ont un peu assez de cet arrêt sur image qui dit que quand on est psychanalyste et qu'on veut aider un enfant autiste de manière psychanalytique on est simplement à la recherche du coupable : la mère ou je ne sais qui. Mais ça c'est complètement ringard !". Si je vous comprends bien, vous rejetez les hypothèses psychanalytiques traditionnelles selon lesquelles les causes de l'autisme se trouvent dans la relation avec les parents.

2.       Est-ce bien le cas?

Dans le documentaire suivant: http://rutube.ru/tracks/5180041.html, qui daterait de 1998 et qui serait encore utilisé à des fins de formation, on peut vous voir avec Serge Lebovici discuter du cas d'un enfant avec un trouble du langage (il n'apparaît pas clairement s'il est autiste ou pas). La seule hypothèse que vous y évoquez pour expliquer le trouble serait celle d'un secret familial concernant son père.

3.   A. Ne s'agit-il pas là précisément du genre d'hypothèses que vous qualifiez de complètement ringarde?

B. Pouvez-vous expliquez cette contradiction apparente? 

C. Si vous avez changé d'avis depuis 1998, envisagez-vous d'en faire état publiquement, de vous distancier du discours tenu dans ce documentaire, et de recommander qu'il ne soit plus utilisé pour la formation de professionnels?


Sur les pratiques thérapeutiques pour l'autisme


Dans le Magazine de la santé, vous dites qu'aider un enfant autiste c'est "l'aider par la relation à admettre qu'un autre existe et qui n'est pas un danger", ainsi que "mettre des mots sur ses émotions sur ses angoisses, l'aider à mettre du sens sur ses comportements, ses stéréotypies".

4.       Quelles sont les données à l'appui de ces affirmations? Quelles sont les données montrant que ces approches aident réellement les enfants autistes?

 
Dans Libération, vous dites: "Dans l'autisme, rien n'est validé, tout marche si on met le paquet, c'est l'intensité de la prise en charge qui compte", propos que vous réitérez dans le Magazine de la santé.
Pourtant, il y a eu de nombreux essais cliniques qui ont montré l'efficacité de certaines méthodes éducatives (notamment ABA, ESDM) significativement supérieure aux soins courants, voire à d'autres méthodes structurées. Voir par exemple la bibliographie rassemblée par Egalited, ainsi que la méta-analyse la plus récente sur l'ABA. On peut aussi consulter la version provisoire de l'argumentaire du rapport 2012 de la HAS sur les bonnes pratiques pour l'autisme, qui fait la revue de toutes ces études.

5.       Avez-vous connaissance de ces études? Si oui, pourquoi répétez-vous que dans l'autisme "rien n'est validé"? Si non, cette méconnaissance n'est-elle pas problématique pour un chef de service de pédopsychiatrie?


6.       Avez-vous connaissance d'études similaires évaluant des prises en charges psychanalytiques de l'autisme, publiées dans des revues scientifiques internationales? Si oui, pouvez-vous en donner les références? Si non, sur quelle base préconisez-vous leur usage?

 
Dans le Magazine de la santé, à l'appui de l'efficacité des pratiques psychanalytiques, vous évoquez "des choses en cours de validation", ainsi qu'une étude pilotée par Geneviève Haag et vous-même. Je trouve admirable que de telles études aient lieu, y compris l'essai clinique sur le packing de Pierre Delion, car en tant que chercheur, je considère qu'il faut bien que la recherche se fasse pour que l'on apprenne quelque chose.

7.       Mais pourquoi si tard? Comment se fait-il qu'en 2012 vous ne puissiez faire référence qu'à des études en cours? Depuis plus de trente ans que des enfants autistes font l'objet de prises en charges psychanalytiques en France, comment se fait-il que des données n'aient pas été collectées systématiquement, et que des évaluations rigoureuses n'aient pas été conduites beaucoup plus tôt?

 
J'attends, cher collègue, vos éclaircissements avec impatience.
Bien cordialement,
 
Franck Ramus
 
17 février 2012

article publié sur le site d'Autisme Infantile le 17 février 2012

Grandir avec son enfant

Oui, j’avoue, là où je vais vous dire qu’il faut grandir avec votre enfant, j’ai souvent failli. Mais mieux vaut tard que jamais. Même si, heureusement, je pense ne pas être trop nulle dans l’accompagnement de ma fille, je pense que je peux mieux faire, et surtout je dois continuer de grandir avec elle. C’est-à-dire que j’ai eu tendance à l’infantiliser ou à ne pas me poser les bonnes questions au bon moment.

Retrospectivement, je vois dans cette « défaillance » le fait que je n’ai pas quatre bras, mais aussi que j’ai attendu de Mathilde qu’elle me montre d’elle même ce qu’elle savait faire, et ce qu’elle était prête à faire. Grosse erreur, quand on sait qu’elle a principalement besoin de ré-éducation, donc d’être guidée beaucoup plus qu’un autre enfant. Il ne faut pas se dire qu’elle saura faire quand elle sera plus grande, qu’il faut lui laisser le temps! Non non non, l’enfant doit être éduqué à faire ce qu’un autre pourrait faire au même âge ou presque. Il peut y avoir des retards, surtout dans les apprentissages scolaires, mais pour le reste il n’y a pas de raison. Si l’enfant est bien guidé, il doit pouvoir y arriver. Je parle principalement des actes « physiques » de la vie quotidienne.

La principale question à se poser est alors: que fait un enfant du même âge dans telle situation? La grande règle étant: ne pas faire à sa place, parce que c’est plus rapide, ou parce que l’on croit qu’il ne saura pas.

À l’école pour les petits: poser son manteau au bon endroit (l’AVS doit lui apprendre), savoir le mettre, savoir l’enlever, mettre son bonnet. Tenir un crayon, découper, coller. Tenir ses couverts, mettre sa serviette, boire au verre. Mettre son cartable sur son dos ou le tenir à la main.

À la maison: lui apprendre à se laver et se sécher, à aller aux toilettes seul, à s’habiller en mettant des repères sur les habits si nécessaire, à ranger son manteau et ses chaussures en rentrant et les mettre pour partir…

En fait, je crois qu’il faut évidemment penser à sa place, parce que l’enfant ne sait pas ce qu’il faut faire parfois, ni comment, ni à quel moment, mais il est important qu’il apprenne le geste pour savoir faire seul. Plus on attend, plus la routine s’installe, et finalement on ne se rend même plus compte que ce que l’on fait peut être fait par l’enfant. Et il faut dire aussi que Mathilde aime se laisser aller, et qu’elle ne fera pas à la maison ce qu’elle fait à l’extérieur, puisqu’elle sait que je vais le faire à sa place…

Je suis passée à côté de beaucoup de choses durant ces dernières années. Je vais donc prendre une feuille, noter ce qu’elle est physiquement capable de faire seule par rapport à ses frères et soeurs, et travailler avec elle.

Il y avait deux choses vraiment visibles qui faisaient penser que c’était encore un « bébé »: la tétine et les couches. Ça, c’est fini! Elle grandit, moi aussi, alors au boulot!

http://autismeinfantile.com/prise-en-charge/a-la-maison/suggestions-aux-parents/grandir-avec-son-enfant/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+AutismeInfantile+%28Autisme+Infantile%29

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