Une explosion de couleurs et de fraîcheur. Sur les toiles de Charles rassemblées dans une pièce de la maison familiale, des animaux, des insectes, des véhicules, des objets en tous genres. Charles peint. Il s’est découvert cette passion en août 2017, ébahi devant la collection d’art contemporain d’une amie de sa maman. Un choc esthétique.

« Est-ce que vous voudriez peindre quelque chose pour moi ? », lui a-t-elle demandé. Oui. Charles en est à une centaine de créations. De l’art brut né de ses envies. Charles passe aussi une grande partie de son temps à faire des recherches sur Internet. Une source inépuisable de savoirs.

Charles sait lire, écrire, récite des fables de La Fontaine, Le chêne et le roseau est sa préférée. Il adore découper, assembler, coller. Joue du piano, chante Brassens, La cane de Jeanne , en s’accompagnant d’une guitare posée sur ses genoux. Il adore cuisiner, prépare de savoureux spaghettis à la bolognaise.

Charles a été diagnostiqué autiste sévère à 5 ans et demi. Absence de langage, de communication sociale, intérêts restreints et stéréotypies ont conduit ses parents, Marielle et Gérard Mercuriali, enseignants, à consulter à l’hôpital Robert-Debré, à Paris. « On nous a dit que Charles avait beaucoup d’émergences à développer, c’est-à-dire des capacités d’apprentissage ».

« Il a fallu convaincre »

Sur prescription, Charles est scolarisé en milieu ordinaire. Un an à Robert-Espagne pour un essai, puis à Combles jusqu’en CM2, avec une auxiliaire de vie scolaire individuelle. Difficile. « Il a développé son langage grâce à l’orthophonie, la psychomotricité, au programme Teacch, des interventions comportementales en milieu aménagé, à la maison. On a bossé dur », glissent ses parents, jour et nuit à ses côtés.

Charles entre ensuite au collège Theuriet. Sept ans de socialisation avec un emploi du temps adapté à ses goûts, ses compétences. « Il suivait des cours académiques car il savait lire et écrire. Nous les transposions en fiches. Ses savoirs sont en dents de scie, hétérogènes. Mais on a vu des progrès dans les comportements et les centres d’intérêt. Il a enrichi son vocabulaire, appris à manger à la cantine, à attendre dans les files », note Marielle.

L’intégration au lycée paraissait compliquée. « Il a fallu convaincre la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), avec preuves médicales et bilans de compétences ». Charles est accueilli à la fois par le lycée Saint-Louis et le lycée agricole de Bar-le-Duc, durant 4 ans, « pour définir une orientation professionnelle », même s’il en sort sans diplôme.

Comme il adore aller au supermarché, Charles rejoint le magasin Bio Clair à 22 ans (voir ci-contre). Il suit le programme A.B.A, guidé trois fois par semaine par des techniciens comportementaux. « Pour un coût d’intervention moins onéreux qu’une institution, en grande partie pris en charge par la prestation de compensation handicap de la MDPH », observe Marielle.

Objectif de Charles : un emploi à mi-temps. « Pour tendre vers l’autonomie. Son avenir reste à inventer, comme on a inventé sa scolarisation. Il ne faut jamais renoncer avec un enfant autiste. Il faut sortir avec lui, vivre en société, ouvrir à la tolérance. Un enfant autiste a tellement de choses à nous apprendre… »

  Charles est évalué tous les 2 ans par un neuropsychologue pour mesurer ses progrès.

Nicolas GALMICHE