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"Au bonheur d'Elise"

9 juin 2017

Handicap : le gouvernement précise ses axes de travail

La secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, a presenté lors du Conseil des Ministres du 7 juin 2017, une communication intitulée « Handicap : une priorité du quinquennat ». Elle insiste sur la nécessité de « changer le regard de la société sur le handicap, vaincre les appréhensions et lever les obstacles » pour « relever le défi d’une société accessible, fraternelle et solidaire ». Face à un cadre législatif complexe, l’action du Gouvernement doit partir des besoins individuels et de l’expertise des personnes en situation de handicap, ainsi que de leurs proches, pour bâtir des solutions collectives en décloisonnant et simplifiant. Plusieurs axes de travail sont dégagés :

- Le Gouvernement souhaite apporter des solutions garantissant une rentrée scolaire plus fluide pour les enfants concernés dès septembre 2017. Un chantier de rénovation de l’accompagnement scolaire sera lancé pour répondre aux ruptures de parcours : tous les enfants qui en ont besoin devront avoir accès à l’accompagnement adapté leur permettant une scolarité et un accès aux activités périscolaires ou extrascolaires comme les autres.

- Pour un meilleur accompagnement des personnes souffrant d’autisme, la concertation du 4e plan autisme sera lancée en juillet 2017.

- L’allocation adulte handicapée sera revalorisée de 100 euros par mois.

- L’effort en faveur de l’apprentissage et de la formation des demandeurs d’emploi devra pleinement bénéficier aux personnes en situation de handicap. Il nécessitera une mobilisation accrue et la mise en place d’incitations à l’embauche, parmi lesquelles le déploiement effectif des services d’emloi accompagné, afin de favoriser leur emploi effectif. Emmanuel Macron inssite sur le fait que l’embauche des personnes en sitaution de handicap ne doit plus être une contrainte mais une opportunité de faire vivre la société du travail pour tous.

- En matière de transports, 100 % des trajets accessibles doivent être identifiés et cartographiés.

- Concernant le champ du logement et de la construction, les logements adaptés doivent être systématiquement identifiés et l’accessbilité précisée pour faciliter les recherches et le développement des habitats inclusifs favorisé par la levée des obstacles administratifs.

- Le Gouvernement s’engage également en faveur de l’accessibilité des services publics numériques pour tous et soutiendra l’innovation technologique pour les personnes en situation de handicap.

- Dernier chantier, la mise en œuvre de nouveaux droits concernant les conditions de travail des acompagnants et la qualité de vie des aidants familiaux.

Source : Compte-rendu du conseil des ministres du 7 juin 2017, Communication - Le handicap, une priorité du quinquennat (p.4)

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8 juin 2017

Le handicap fragilise le couple. Cliché ou réalité ?

Photo

canapé déclic : couple et handicap

Il paraît que les parents d’enfants handicapés se séparent plus que les autres. Il paraît aussi que l’arrivée d’un enfant est une épreuve pour le couple. Mais on entend aussi que la difficulté fortifie, rapproche. Et si la vérité était ailleurs ? Et s’il n’y avait que des histoires singulières ? Trois profils, trois histoires qui se sont croisés un jour d’octobre dans les locaux de Handicap International à Paris.

La probabilité d’avoir un enfant handicapé, vous en avez parlé entre conjoints ?

Dominique — J’avais 40 ans lorsque je suis tombée enceinte, j’encourrais donc des risques. Les médecins ont d’abord détecté une trisomie. J’ai pensé avorter, puis on m’a dit que tout allait bien. Mettre un terme à la grossesse n’était plus à l’ordre du jour pour moi. Le hic était que mon mari, lui, n’en voulait plus…

Rémy — Nous n’avons pas imaginé une seule seconde que ça puisse nous arriver. C’est comme anticiper le fait que son enfant puisse être victime d’un accident de voiture à 17 ans !

La naissance de votre enfant a-t-elle fragilisé votre couple ?

Dominique — C’est plutôt le contraire. Notre couple était déjà fragile lorsque Gabriel était « normal », qu’aucun diagnostic n’avait encore été établi. Sans lui, mon mari et moi nous serions séparés depuis bien longtemps. Le handicap nous a renforcés un temps. Pour Gabriel on avait  besoin l’un de l’autre.

Caroline — L’arrivée d’un enfant, en général, bouscule un couple. Le handicap a accentué le tout, rien de plus. Il nous a donné plus d’occasions de nous disputer. Mais il nous a aussi obligés à communiquer. C’est indispensable pour survivre.

Rémy — Je crois que c’est un cliché. Beaucoup de couples se séparent de toute façon. Le handicap ne fait que rajouter une couche.

 Le handicap d’un enfant peut-il pousser un couple à se séparer ?

Caroline — Notre capacité à accepter le handicap est un facteur de rupture. Comment faire quand l’un est encore dans une phase de colère et de désespoir, alors que l’autre a déjà accepté le handicap comme une composante de sa vie ? Les incompréhensions peuvent se multiplier. Le déséquilibre y est aussi pour quelque chose. En congé maternité, j’étais 24 heures sur 24 avec Louise. Je me suis occupée de tout : des dossiers, de la paperasse… Un véritable sujet de tension entre mon conjoint et moi ! Rééquilibrer la situation était devenu primordial. Sans ce réajustement, on aurait fini par tomber dans le reproche à l’autre.

Le déséquilibre entre l’investissement du père et de la mère est facteur de crise ?

Caroline — Oui, et l’instinct maternel est une escroquerie intellectuelle ! Il y a cette logique du « puisque tu ne travailles pas, tu as plus de temps, donc tu t’occupes de tout ». C’est ce qui nous perd, couplé au manque de reconnaissance intime de la part de celui qui travaille. Car il faut bien l’avouer, le père reconnaît difficilement le travail accompli par sa femme, puisque les tâches semblent naturellement réparties. Si le mari n’en prend pas conscience, ça s’installe insidieusement.

Dominique — C’est toujours le même schéma : la mère perd son emploi, son mari l’aide financièrement. Lui a un travail et une vie sociale, elle non. Ils deviennent alors un couple triste. Sans oublier l’enfer invisible : le regard des autres, pour qui le handicap s’impose au détriment de ceux qui le portent.

Continuer à travailler pour les mères, est-ce une clé ?

Caroline — La première chose que je me suis dite lorsque j’ai su que Louise était trisomique a été : surtout ne pas m’arrêter de travailler ! Il était hors de question que mon équilibre explose, que mon conjoint en pâtisse et que notre couple se brise. Je voyais très bien ce schéma !

Dominique — J’étais contente de pouvoir m’occuper de Gabriel lorsque j’ai arrêté de travailler. Avec le temps, ma vie professionnelle, et donc sociale, m’a manqué. Comédienne, j’ai voulu retourner sur les planches, mais entre les rendez-vous médicaux, les problèmes administratifs, la fatigue et le stress, j’ai raté de multiples opportunités. Au lieu d’apprécier ces moments avec mon enfant, je me suis sentie pénalisée. Le plus difficile a été ce sentiment d’exclusion. L’arrivée d’un enfant handicapé contraint à faire le ménage dans sa vie sociale. Ces seize années ont été pour moi un enfer d’emploi du temps. Des sorties entre amis ? Oui, mais quand ? Il faut avoir de l’argent pour pouvoir sortir, il faut pouvoir faire garder son enfant lorsqu’on n’a pas de famille. Quand on part en voyage, il est tout seul, et si on l’inscrit à un séjour adapté, une semaine coûte 1 800 €.

Et l’entourage, comment réagit-il par rapport au handicap de votre enfant ?

Dominique — Les autres c’est l’enfer ! Au début, on nous considère comme des super-héros, puis avec le temps cette image s’estompe. J’ai affronté les médecins, les administrations pour Gabriel. J’ai hurlé, menacé pour qu’il soit pris en charge. On m’a prise pour une folle. Mon couple en est sorti plus fragile. Si c’était à refaire, je serais plus égoïste, sinon on est perdu. J’ai perdu ma qualité de femme, je suis devenue la mère courage. C’est très insidieux.

Caroline — Père ou mère courage ce n’est pas très sexy…

Rémy — C’est valable pour tous les couples, pas seulement les parents d’enfants handicapés. Le milieu médical et les médecins misogynes qui font peser toutes les responsabilités sur la mère ont une grande responsabilité.

Caroline — C’est moi qui me suis tapée les 25 pages du dossier à remplir pour Louise. Et lorsque le dossier nous est revenu signé, dans la case du parent n° 1, le nom de Rémy était indiqué, dans celle de la personne à contacter, le mien. Ces petits trucs que nous inflige la société ont un côté agaçant.

Dominique — Le milieu médical ou éducatif cultive les stéréotypes.

Rémy — La mère n’est pas la seule à subir les stéréotypes. En tant que papa, j’ai aussi ressenti très fort qu’il fallait assurer financièrement. Je dois être à la fois le papa, l’amant, l’ami, le fondateur d’une entreprise familiale. C’est très difficile à gérer dans l’agenda.

Avez-vous déjà pensé à fuir de votre vie de couple ?

Dominique — Mon couple ? Je ne pouvais même pas divorcer, car dans ce cas, je perdais tout. On m’a dit :« vous n’avez pas le droit de tout quitter », à moi. Pas à mon mari.

Caroline — Un couple, quel qu’il soit, est en réajustement permanent. Plusieurs fois, j’ai fantasmé de tout plaquer et partir loin. Je me disais qu’alors mes problèmes s’évaporeraient.

Dominique — Il m’est arrivé de partir trois jours toute seule. À l’époque, ça a sauvé mon couple.

Caroline — Pour sauver son couple de la crise, il faut penser à s’extraire de l’étiquette de parents. Ne pas oublier d’être des amants.

Rémy — Il ne faut pas tout mettre sur le dos des enfants et de leur handicap. C’est aussi la faute des parents qui attendent beau beaucoup de leur progéniture, qui les imaginent comme ci ou comme ça. Oui, c’est difficile, oui, on est fatigués. Oui, on est parfois moins patients, moins disponibles, mais n’est-ce pas le cas de tous les couples ?

 

Propos recueillis par Vanessa Cornier

8 juin 2017

Des vacances pour des jeunes en situation de handicap

01/06/2017 05:29
Les donateurs du Lion's club Chambord à la rencontre des jeunes de l'IME de Crouy. - Les donateurs du Lion's club Chambord à la rencontre des jeunes de l'IME de Crouy. 
Les donateurs du Lion's club Chambord à la rencontre des jeunes de l'IME de Crouy.

L'IME (Institut médico-éducatif) du Val de Loire, site des Basses-Fontaines, avec son équipe éducative, organise chaque année des séjours éducatifs pour les enfants. Depuis deux ans, de nombreux partenaires l'ont aidé et soutenu dans différentes actions.

Lundi 29 mai, une réunion était organisée pour remercier particulièrement le Lions club Chambord qui remettait un chèque de 3.100 € afin de permettre l'aboutissement des différents projets de vacances. Cette année, les jeunes partiront à travers le Marais poitevin, en Dordogne et à Lyon, en lien avec le projet de l'année « Résidence d'artistes ».
Ce moment illustre parfaitement la dynamique partenariale de l'établissement qui s'entoure d'acteurs engagés dans la cause sociale envers des personnes en situation de handicap.
Cette année, sans l'aide du Lion's Club Chambord, ce rêve de vacances pour l'ensemble des jeunes n'aurait pas été pu se réaliser.

8 juin 2017

Autisme Sport Multi Approches (association ASMA77), une association à connaître ...

Voici un exemple de ce qui se passe chez Autisme Sport Multi Approches (association ASMA77)

Corinne Chaabane & asma 77 "un autre regard sur l'autisme" voici en 3 minutes un petit aperçu de la merveilleuse aventure que nous vivons avec zoé . merci à Amélie sa maman pour sa confiance et son engagement .

7 juin 2017

Handicap : une priorité du quinquennat

La secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées a présenté une communication intitulée « Handicap : une priorité du quinquennat ».
 
Le handicap est d’abord une histoire individuelle qui bouleverse le cours d’une vie, d’une fratrie, d’une famille. 12 millions de Français sur 65 millions sont touchés par le handicap.
 
Nous devons changer le regard de la société sur le handicap, vaincre les appréhensions et lever les obstacles. Nous devons relever le défi d’une société accessible, fraternelle et solidaire, qui facilite la vie au quotidien au lieu de segmenter, et qui rend possible au lieu de contraindre.
 
C’est cet objectif qui a guidé la décision de placer le secrétariat d’Etat chargé des personnes handicapées auprès du Premier ministre. Cette décision est le gage de la priorité que le Gouvernement entend donner à la réponse effective aux besoins des personnes en situation de handicap, quel que soit leur handicap et leur l’âge, dans l’ensemble des réformes qu’il mettra en œuvre.
 
Si le cadre législatif et réglementaire français est posé, il est complexe et génère trop de fonctionnement en silo. L’action du Gouvernement aura une boussole : partir des besoins individuels et de l’expertise des personnes en situation de handicap, ainsi que de leurs proches, pour bâtir des solutions collectives, et non l’inverse, en décloisonnant et simplifiant.
 
Elle se construira dans la concertation avec l'ensemble des acteurs et partenaires de cette politique, en particulier les collectivités territoriales, avec pour fil rouge la simplification de l'accès aux droits et l'amélioration de la qualité de service.
 
D’ores et déjà, le Gouvernement met tout en œuvre pour apporter des solutions garantissant une rentrée scolaire fluide pour les enfants concernés en septembre 2017. Parallèlement un chantier de rénovation de l’accompagnement sera lancé pour apporter des réponses aux ruptures de parcours : tous les enfants qui en ont besoin devront avoir accès à l’accompagnement adapté leur permettant une scolarité et un accès aux activités périscolaires ou extrascolaires comme les autres.
 
Pour mieux accompagner les personnes avec autisme, la concertation du 4ème plan « autisme » sera lancée le mois prochain.
 
Le Gouvernement définira rapidement les modalités de mise en œuvre de l’engagement du Président de la République de revaloriser l’allocation adulte handicapé de 100 euros par mois.

L’effort qui sera fait en faveur de l’apprentissage, ainsi que celui pour la formation des demandeurs d'emploi devront pleinement bénéficier aux personnes en situation de handicap. Il s’agit de deux clés pour favoriser leur accès à l’emploi, alors que leur taux de chômage reste plus du double de celui de la population active.
 
Cet effort devra être couplé avec une mobilisation accrue des différents acteurs des services publics de l’emploi et des employeurs. Des incitations à l’embauche des personnes handicapées, parmi lesquelles le déploiement effectif des services d'emploi accompagné, seront mises en œuvre afin de favoriser leur emploi effectif. L’embauche des personnes en situation de handicap ne doit plus être perçue comme une contrainte, mais comme une opportunité pour faire vivre la société du travail pour tous, voulue par le président de la République.
 
En matière de transports comme en matière de logement, c’est l’amélioration de la vie quotidienne de chacun qui doit être poursuivie. Ainsi, pour renforcer la mobilité, 100 % des trajets accessibles doivent être identifiés et cartographiés. Le plan d'investissement transports pourra être mobilisé en appui de l'amélioration de l'accessibilité.
 
De même, dans le champ du logement et de la construction, l’objectif d’accessibilité fixé par la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées doit être réaffirmé. En outre, les logements adaptés doivent être systématiquement identifiés et l’accessibilité précisée pour faciliter les recherches. Le développement des habitats inclusifs doit être favorisé en levant les obstacles administratifs. Les bailleurs sociaux devront identifier les logements adaptés, et rendre cette liste transparente pour favoriser le logement des demandeurs en situation de handicap.
 
Le Gouvernement s’engage également pour l’accessibilité des services publics numériques pour tous. Il soutiendra également l’innovation technologique pour les personnes en situation de handicap.
 
Enfin, pour lutter contre l’usure sociale et la détresse des familles, il faut être particulièrement attentif aux conditions de travail des accompagnants et à la qualité de vie des aidants familiaux. Le Gouvernement s’attachera à mettre en œuvre les nouveaux droits annoncés par le Président de la République.
 
Le regard sur la personne handicapée, la reconnaissance de ses compétences, ne changera que si nous donnons toute sa place à la personne handicapée, et favorisons sa visibilité dans les médias. Les Jeux olympiques et paralympiques 2024 seront l'occasion de valoriser à leur juste niveau les compétences de nos athlètes paralympiques.
 
La politique du handicap du Gouvernement repose sur une responsabilité collective qui nous engage tous. Nous devons entrer dans une culture de l’efficacité et du résultat. Une société qui prend en compte les besoins des plus vulnérables se grandit.
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7 juin 2017

La théorie de l'esprit autistique

(Cet article n'est que le fruit d'une réflexion commune et le but n'est pas de généraliser ni de nous exprimer à ce sujet au nom de toute la communauté autiste.)

En psychologie cognitive, l'on définit la théorie de l'esprit par la faculté d'attribuer à autrui un état mental. Par exemple : déduire ses intentions, ce qu'il peut penser ou non, ce qu'il est susceptible de savoir ou non.

Derrière les mots « théories de l’esprit » ou « empathie», simples en apparences, nous mettons des notions en réalités plus complexes et pluriels. La théorie de l’esprit est une notion initialement issue de la primatologie (Premack et Woodruff, 1978), mais son intérêt dans la compréhension des TSA a été rapidement perçu par Simon Baron-Cohen (1985) lequel a conçu de nombreux tests basés sur cette théorie, servant à détecter l'autisme (l'AQ, l'EQ, le Test des Faux Pas, le tests des émotions faciales, c'est lui ^^).

Pour information, il existe à ce jour deux hypothèses subdivisées en deux sous- hypothèses décrivant la formation et le fonctionnement de la théorie de l'esprit. On distingue :

A) La théorie de la théorie (la théorie de l'esprit est le fruit d'apprentissage et d’expérience empiriques.)

  1. Modèle de l’apprentissage (essai/erreur dans un processus expérimental proto- scientifique)
  2. Modèle de la théorie modulable (théories formulées et modulées pour extraire des « lois » de fonctionnements sociaux)

B) La théorie de la simulation (système de correction mutuel des émotions)

  1.  Modèle analogique (analogie instinctive avec ses propres expériences)
  2. Modèle de l’imitation (imitation des réactions des autres)

N'oublions pas également de mentionner que l'empathie est une notion double constituée de l'empathie affective (ressentir l'émotion de l'autre de façon primaire par « contagion ». Par exemple : se sentir triste/bouleversé intérieurement lorsque l'on voit quelqu'un pleurer ou avoir mal) et de l'empathie cognitive (attribuer un état à autrui, se projeter à sa place, interpréter les expressions faciales...) C'est cette dernière, et seulement cette dernière, qui n'est autre qu'un synonyme de la théorie de l'esprit, qui serait déficitaire chez nous, les autistes.

A l’évidence, ces processus potentiels ne s’excluent pas les uns les autres, mais peuvent fonctionner, et interagir. Nous évoquerons plus tard les zones du cerveau qui les sous-tendent, mais il faut se souvenir que les liens de causalité ne sont pas facilement identifiables : en effet, a-t-on un bon odorat parce qu’on a une zone olfactive très développée ou un zone olfactive très développée parce qu’on a un bon odorat ?

Au sujet de la théorie de l'esprit, nous avons longuement réfléchi à ce sujet, et en sommes arrivés à ce questionnement :

«Comment peut on deviner l'état mental d'une personne dont le fonctionnement, l'agencement neuronal est qualitativement radicalement différent ? »

Et de ce fait : « Les neurotypiques ne manqueraient-ils pas de « théorie de l'esprit autistique » lorsqu'ils sont incapables de comprendre les réactions des personnes autistes, prenant pour base leurs propres réactions, leur propre ressenti ? »

Propulsés à notre place tels quels, selon leurs références, en tant qu'être de spécificité sociale, peut-être se sentiraient-ils dans un état de grande détresse, prisonniers de l'autisme. Or, nous sentons-nous TOUS ainsi en tant qu'autistes ? Pas nécessairement. En fait, nous fonctionnons ainsi, tout simplement. Différemment. Parce que, tout comme ils ignorent "ce que cela fait d'être autiste", nous ignorons majoritairement "ce que ça fait d'être neurotypique".

Nous pensons que la théorie de l'esprit dépend de la structure mentale de la personne à qui l'on s'adresse. Les autistes, entre eux, bien souvent, se comprennent, se retrouvent, voire... se reconnaissent. "Oh je compatis, tu dois te sentir complètement épuisé ! Courage !" ai-je souvent entendu de la part d'individus supposés manquer et d'empathie cognitive, l'autre nom de la théorie de l'esprit, de par leur condition d'autiste. Or, n'est-ce pas là un manifeste de la théorie de l'esprit, selon sa définition ?

Les neurotypiques qui cernent le mieux les autistes, sont ceux qui évoluent à leurs côtés. Dans leur métier, dans leur famille. Ils se rapprochent de leur vision des choses, ils ont appris à leurs côtés. Cela ne signifie pas que c'est naturel pour eux de "penser autiste". L'on pourrait dire que leur acquisition de la "théorie de l'esprit autistique" est qualitativement différente et sans doute régie par une intellectualisation permanente. Ils ont peut être appris lors de séminaires par exemple que la personne autiste avait des particularités sensorielles. Mais comme ils n'en feront jamais l'expérience, ils n'auront qu'une notion théorique de ce phénomène.

Il en va de même pour les autistes dans une société régie par des non-autistes. Beaucoup d'entre nous avons appris à l'usage, de façon consciente, que telle réaction signifiait ceci, que tel événement engendrait telle réaction. Sans doute parce que nous mêmes, ne manifestons pas nos émotions de la même manière, n'avons pas le même cheminement de pensée à la base. Sans doute parce que nos codes sont différents aussi. En effet, il nous est souvent dit: "Tu dis que tu n'es pas <tel caractère/telle émotion> pourtant, c'est ce que tu renvoies, alors change d'attitude !". Il n'y a rien de plus frustrant et de plus incompréhensible, voire blessant que cette phrase pour une personne autiste.

Nous nous sommes donc rendu compte que notre base, notre répertoire de réactions, d'intentionnalités, ne s'appliquait pas aux personnes non-autistes. Et que l'inverse était vrai aussi.

Les neurotypiques ne parlent-ils pas du "monde de l'autisme", pour le différencier du leur ?

L'on attribue souvent à la personne autiste des émotions, des intentions, des réactions qui ne sont pas les siennes. A titre d'exemple :

  • –  L'on attribue à notre mutisme et à notre fuite du regard de l'indifférence. Pourquoi ? Parce qu'un neurotypique qui réagirait ainsi ferait, LUI, montre d'indifférence. Sommes-nous pour autant indifférents ? 

  • –  L'on attribue aucun sens, aucune motivation ni aucun but à nos stéréotypies gestuelles. Pourquoi ? Parce que ces gestes n'ont pas de sens, qu'il soit social, langagier etc. d'un point de vue neurotypique... A quoi nous servent nos stéréotypies gestuelles ? Bien souvent à nous canaliser.

Le versant théorique de la théorie de l'esprit semble facilement transposable dans une pensée autistique : en effet, la plupart d’entre nous analysons et observons attentivement le comportement des autres afin d'en tirer des "règles", des "lois" des schémas de comportement. En revanche, cela relève d’un processus conscient et volontaire, intellectualisé, alors que cela nous semble être un processus inconscient et instinctif chez les neurotypiques, une capacité immédiate et spontanée à se projeter en lieu et place de la personne pour adopter, "imiter mentalement" ce qui semble être son point de vue. D'ailleurs, les psychanalystes appellent la théorie de l'esprit "mentalisation". Cette faculté se développe très tôt chez les neurotypiques (dès l'âge de 18 mois!!!) et se poursuit jusqu'à l'acquisition de l'aspect pragmatique du langage (les sous-entendus, l'implicite, le second degré...) normalement aux alentours de l'âge de... 7 ans (mais son acquisition débute bien plus précocement). À 7 ans, un enfant neurotypique est parfaitement conscient de la portée de ses paroles et maîtrise quasiment l'implicite, là ou l'enfant autiste n'a pas de filtre, du fait d'une différence qualitative de théorie de l'esprit, affectant la pragmatique du langage. Par exemple, il n'imagine pas que certaines de ses paroles puissent blesser l'autre. Non pas parce qu'il ne ressent rien à l'égard d'autrui, mais parce que d'une part, il a des difficultés à adopter son point de vue, qui est celui d'un neurotypique, d'autre part, pour lui, en toute logique, ses paroles n'étant pas blessantes, il ne voit pas pourquoi elles le seraient pour les autres. Quoi qu'il en soit, il n'y a pas d'intention de blesser autrui, car lorsqu'il sait que telle chose peut faire du mal, par essai/erreur, il ne le refait plus (voire, s'en veut énormément...) Ergo, il ne s'agit pas d'une absence d'empathie, mais d'un comportement « mal ajusté » par « erreur de mentalisation », liée à un mode de pensée différent, erreur interprétée par les NT comme une absence d'empathie, eux pour qui la mentalisation est devenue un réflexe, du « bon sens ».

Illustration : un enfant autiste va spontanément passer dans les rangs de la classe et corriger ses camarades en insistant lourdement et (en apparence) froidement sur les erreurs effectuées.

Pour l'enfant : c'est un simple fait, la vérité, et il n'y a rien de mal à le mentionner, surtout qu'il souligne et corrige les erreurs, donc de son point de vue, il se sert de ses capacités pour aider ses camarades....

Pour les camarades NT : « pour qui il se prend, lui ? », « ça ne se fait pas », c'est blessant et humiliant, d'autant plus que l'enfant est dans leur classe, donc un élève, tout comme eux. C'est pas à un élève de faire ça, c'est à l'instituteur. Ça ne viendrait à l'idée de personne parce que c'est « mal élevé ».

De façon générale, nous avons toujours été surpris du manque de recul de la plupart des gens quand ils sont confrontés à une autre personne qui fait ou dit quelque chose qui les dérange, s’énervant spontanément dans des certitudes sans s’interroger sur les raisons possibles de cet acte...

On constate une différence qualitative (mais non quantitative comme chez les personnes souffrants de TOC et de schizophrénie) dans le fonctionnement du cortex cingulaire antérieur, dont la zone dorsale est associée au fait de détecter les erreurs de prédictions et les conflits dans les réponses comportementales). Nous avons généralement du mal à prêter à l’autre des intentions ou des émotions précises, dès lors ce processus fonctionne de façon plus efficace entre autistes qu’avec des neurotypiques, qui eux sont, de plus, incapables de concevoir spontanément l’incompréhension des messages tacites chez l’autre. Les erreurs, en particulier, seront bien souvent considérées par eux comme délibérées et interprétées comme un comportement de provocation. Le fameux « tu le fais exprès ou quoi ? » ou encore, le « pour qui il se prend, lui ? » de l'exemple ci-dessus...

La théorie de l'esprit fonctionnerait donc mieux chez les autistes entre personnes autistes, car il est plus facile d'imaginer des expériences mentales lorsqu'elles sont proches des nôtres (ce qui est également valable pour les NT). Or les expériences mentales des autistes sont quelque peu différentes de celles des neurotypiques. En effet, ces particularités s’accompagnent souvent de co-morbidités comme les troubles anxieux, ou d’expériences sensitives particulières. Parmi ces différences de fonctionnement, l'on retrouve :

Sur le plan sensoriel :

- l'Hyper/hyposensibilité

Des différences significatives sont détectées dans le cortex pariétal inférieur des autistes (qui permet l’intégration des modalités sensorielles). En effet, nous pouvons présenter des hyper ou hyposensibilités, selon les cas, touchant un ou plusieurs sens.

Par exemple, en passant du temps ensemble, nous avons remarqué que nous réagissions souvent de concert aux mêmes stimuli sonores (mobylette sur-aiguë, nourrissons hurlant, tout cela saturant notre cerveau qui frise ou « coupe tout contact » avec l’extérieur). Nous n'avons pas eu besoin de verbaliser pour comprendre que nous avons tous deux été gênés par le même stimulus. Il semblerait que les neurotypiques, mêmes professionnels dans le domaine, n'en tiennent pas suffisamment compte dans l'aménagement des structures accueillant des personnes autistes et dans leur manière de concevoir l'autisme tout court, bien que cela tende à changer.

- La synesthésie

Cette expérience de « confusion » dans l’intégration des sens est peu connue des neurotypiques, mais semble plus fréquente chez les autistes, qui peuvent en avoir une vision commune et partager leurs expériences. (voir article à ce sujet) La synesthésie peut aussi expliquer une forme de sensibilité artistique et des liens entre objets qu'un NT qualifierait d'atypiques, d'inédits, d'originaux.

Sur les plans cognitif, émotionnel :


- La pensée en images et en schémas

Comme beaucoup d’autistes, nous pensons davantage en images et en systèmes qu’en mots, ce qui peut rendre les explications et les formulations que nous pouvons faire plus difficiles lorsqu'elles sont destinées à ceux qui ont une pensée plus sémantique. Cela peut parfois engendrer des quiproquo ou de notre part une insatisfaction de la façon dont on a verbalisé notre pensée. « Non, ce n'est pas exactement ce que je voulais dire... » est une réaction que nous avons souvent et qui est relativement frustrante.

- L'interprétation des expressions faciales

Le visage des neurotypiques est très mobile, exprimant un grand nombre d’émotions dans un temps réduit, toutes complexes et longues à analyser pour nous.

La persistance et le nombre d’informations exprimées par le visage d’un autiste est plus raisonnable, donc plus « lisible » entre nous.

D’autre part, Le lobe temporal inférieur, moins actif chez les autistes, permet l’interprétation des regards. Chez nous, l’information ne passe donc pas nécessairement par le regard mais par d’autres voies.

- l'imitation, la motricité et les fameux neurones miroirs

Le cortex pré-moteur abrite des neurones miroir, surnommés abusivement « neurones de l’empathie », qui permettent de s’identifier aux autres (« system of the same »). Si des différences dans l’activité de cette zone entre autistes et neurotypiques ont été observées, les neurones miroirs en tant que « neurones de l'empathie » ont été exclus de l’étiologie de l’autisme (arrêtez donc de nous dire que nous n’avons pas d’empathie ^^). Ces différences s’expliquent sans doute parce que cette zone est aussi associée à la planification et à l’organisation des mouvements. Or la psychomotricité fine est souvent moins performante chez les autistes. C’est peut-être lié à une moindre capacité dans le domaine de l'imitation et du traitement des gestes, ce qui expliquerait que beaucoup d'Asperger aient des traits dyspraxiques et que l'évaluation motrice soit un critère additionnel de diagnostic.

L’imitation motrice n’est effectivement pas très marquée chez nous. Par exemple, nous nous sommes toujours sentis ridicules, voire carrément bloqués en essayant d’imiter les gestes en cours de sport.

Tout ceci suggère la construction d’une théorie de l'esprit qualitativement différente chez les autistes plutôt qu’un déficit quantitatif. C'est ce qui nous emmène à parler de « théorie de l’esprit autistique ».

Et plus encore, tout ceci suggère qu'autistes et neurotypiques DOIVENT se fréquenter et s'inclure mutuellement au quotidien, afin d'apprendre à se connaître et de développer leurs « théories de l'esprit » respectives ;)

 

7 juin 2017

Strasbourg: Elles montent en haut d'une grue pour défendre la cause de leurs enfants handicapés

article publié dans 20 Minutes

FAITS DIVERS En fin de nuit ce mercredi, deux mères de famille sont montées sur une grue avec des banderoles pour réclamer des auxiliaires de vie scolaire pour leurs enfants handicapés…

B.P. avec AFP

Publié le 07/06/17 à 10h56 — Mis à jour le 07/06/17 à 11h22

Les deux mamans sont montées très tôt en haut d'une grue à Strasbourg, ce mercredi. Illustration

Les deux mamans sont montées très tôt en haut d'une grue à Strasbourg, ce mercredi. Illustration — Ludovic Marin AFP

Elles n’ont pas attendu le lever du jour. Vers 4h30 ce mercredi matin, deux mamans sont montées sur une grue de chantier située à Neudorf, quartier du sud de Strasbourg, afin de demander des auxiliaires de vie scolaire pour leurs enfants handicapés.

>> A lire aussi : VIDEO. Lille: Une mère de deux enfants autistes perchée en haut d'une grue

« Ecole MDPH : stop au sabotage »

Mères d’un enfant autiste et d’un hyperactif, elles ont pour faire entendre leur cause déployé deux banderoles à une quarantaine de mètres de hauteur : « En marche pour l’école », « Ecole MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) : stop au sabotage ».

D’après l’AFP, les pompiers et la police se sont vite rendus sur place, alors que les deux femmes se sont protégées de la pluie dans la cabine de la grue. Des négociations ont enfin été entamées dans la foulée par téléphone.

7 juin 2017

Sevran : bientôt 35 places pour adultes autistes

article publié dans Le Parisien
Carole Sterlé|05 juin 2017, 17h54|
Un foyer pour adultes atteints de troubles autistiques sévères ouvrira à Sevran en 2019. La fondation Les Amis de l’Atelier portera ce projet, cofinancé par l’agence régionale de santé (ARS) et le Département. DR : CREA7 Architectes

Il n’existe pas encore, mais son nom est tout trouvé. Il s’appellera « Les Temps Modernes », en référence à la rue Charlie-Chaplin où il doit ouvrir, dans le quartier Rougemont, à l’horizon 2019. C’est un foyer d’accueil médicalisé (FAM) pour 35 adultes avec « troubles à spectre autistique » avec une déficience intellectuelle relativement sévère.

« Le FAM de Sevran s’adresse aux adultes qui ne peuvent pas vivre seuls, ni travailler et qui ont besoin d’un suivi médico-social », résume Magalie Thibault, vice-présidente au conseil départemental, en charge des personnes handicapées et âgées. Le département a voté un plan de rattrapage, avec pour objectif d’ouvrir 1 000 places d’ici 2021.

Le rattrapage n’est pas un vain mot. « Les besoins sont énormes, on part de très très loin, rappelle André Masin, président d’AFG autisme France. En France, il y a 15 % à 20 % de réponses adaptées aux besoins des enfants autistes et seulement 3 % à 5 % pour les adultes. »

Le foyer de Sevran s’inscrit dans le cadre du 3e plan autisme 2013-2017, pour rattraper l’important déficit de places, en Ile-de-France et plus particulièrement en Seine-Saint-Denis.

L’appel à projet a été remporté ici par la fondation Les Amis de l’Atelier. Forte d’une soixantaine d’établissements en France, c’est le premier FAM pour autistes que la fondation ouvrira en France.

 

Avec trente places en internat et cinq en accueil de jour, ce foyer hyper médicalisé se composera de cinq unités de vie de six chambres, avec des lieux de vie, un pôle d’activités…*

Une femme à l’origine de la fondation des Amis de l’Atelier

DR.

Reconnue d’utilité publique en 2011, la fondation Les Amis de l’Atelier est née il y a plus de cinquante ans, de l’initiative personnelle d’Anne Sommermeyer, rappelle-t-on à la fondation. C’était au milieu des vergers à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Touchée par l’isolement de familles dont les enfants étaient exclus du système scolaire du fait de leur handicap, Anne Sommermeyer (à droite sur la photo) a décidé de les prendre sous son aile. Chez elle, d’abord, quelques heures par jour, puis ailleurs, du fait de l’hostilité de voisins. En 1957, elle a installé un jardin d’enfants pour déficients mentaux dans un cabanon.

Les enfants sont devenus adultes et Anne Sommermeyer les a aidés à avoir une activité. Un atelier est né, puis des logements ont été créés. La Fondation compte aujourd’hui une soixantaine d’établissements à travers la France.

« Le choix des sites se fait en fonction de la disponibilité du foncier et du bon partenariat avec les acteurs locaux », explique la fondation, en saluant le partenariat avec les hôpitaux René-Muret, Ballanger et le centre municipal de santé.

Coût de l’opération : 2, 1 M€ pour le conseil départemental et 900 000 € par an pour le forfait global annuel de soins pris en charge par l’agence régionale de santé (ARS). Les usagers seront orientés par la maison départementale du handicap.

*Des postes d’aides médico-psychologiques, d’aides soignants et de moniteurs éducateurs seront créés. Les candidatures peuvent être adressées à recrut.tempsmodernes@amisdelatelier.org

Autisme : comment le 93 tente de rattraper son retard

0,14 places pour 1 000 habitants existe en Seine-Saint-Denis pour les personnes avec troubles du spectre autistique (contre 0,17 pour mille en Ile-de-France). D’où l’appel à projet lancé par l’agence régionale de santé (ARS) et le Département pour créer 35 places pour adultes atteints de troubles à spectre autistique, qui verra le jour à Sevran.

3,5 M€ ont été engagés par l’ARS et le Département pour les enfants et 7,3 M€ pour les adultes, soit 81 places ouvertes en 2016. 142 places supplémentaires (en création ou extension) ont été validées.

73 places pour adultes avec troubles de spectre autistique existent en Seine-Saint-Denis (49 places à Bobigny et Pavillons-sous-Bois, dans deux maisons d’accueil spécialisé, et 24 places dans un foyer d’accueil médicalisé à Montreuil). Une extension est prévue à Neuilly-Plaisance ainsi qu’une unité renforcée de 6 places.

247 places pour enfants existent pour les enfants en Seine-Saint-Denis (156 en Institut médico-éducatif, 7 places en unité d’enseignement maternelle et 84 en service d’éducation spéciale et de soins à domicile). Sont prévues 32 places supplémentaires à Montreuil et 6 places à Epinay.

1 200 personnes handicapées en Seine-Saint-Denis, sont selon le Département, sans solution adaptée (300 enfants et 900 adultes).

  leparisien.fr
7 juin 2017

La Cour des Comptes se saisit de l’autisme : appels à participations

article publié sur Des Mots grattent
mardi 6 juin 2017

 

La Cour des Comptes conduit, à la demande de l’Assemblée nationale, une évaluation des politiques publiques destinées aux personnes autistes.
   
La Cour a souhaité se mettre à l’écoute des personnes autistes et de leurs accompagnants, afin de mieux comprendre leurs attentes et les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans tous les actes de la vie quotidienne et dans leurs relations avec l’ensemble des structures sanitaires, médico-sociales, sociales, éducatives et professionnelles.
 
Elle a lancé, à cet effet, une enquête publique visant à recueillir des données relatives à la situation actuelle des personnes autistes, les principales étapes de leur parcours et leurs modalités d’accompagnement.
 
Deux questionnaires ont été mis en ligne sur le site de la Cour, et accessibles via les liens ci-après et le compte Facebook de la Cour des Comptes :
L’un destiné aux personnes autistes elles-mêmes ;
L’autre à leurs accompagnants.
5 juin 2017

Les avantages insoupçonnés d’être un parent autiste

Être parent lorsque l’on est autiste peut sembler incroyablement difficile. Cependant une génération de parents atteints de ce trouble démontre qu’il y a des avantages, même quand l’enfant n’est pas lui-même concerné. Un article de Spectrum News.

Traduction de The unexpected plus of parenting with autism

Il est presque 20 heures et il règne un joyeux bazar dans la maison de Kirsten Hurley située à West Cork en Irlande. Elle a promis à ses enfants, Alex, 9 ans, et Isla, 4 ans, qu’ils auraient du chocolat s'ils ne lui traînaient pas dans les pattes pendant qu’elle parlerait à une journaliste sur Skype.

Mais ce pot-de-vin n’a pas l’air d’avoir l’effet escompté, du moins avec Isla qui grimpe sur le dos de sa mère et fait des acrobaties par-dessus ses épaules, en pouffant de rire, toute fière d’elle.

« C’est quelque chose qui me rend dingue » dit Hurley. Cette stimulation sensorielle incessante et intense qui est inévitable lorsque l’on est parent, le fait que l’enfant vous agrippe, vous grimpe dessus ou le fait de l’entendre répéter sans cesse « Maman, Maman, Maman, Maman, Maman », c’est quelque chose qu’elle a du mal à gérer car elle a une forme légère d’autisme connue sous le nom de syndrome d’Asperger.

Hurley a reçu son diagnostic de syndrome d’Asperger à 23 ans, alors que son fils avait environ 14 mois. Alex a reçu son diagnostic d’autisme environ un an après (aux Etats-Unis, le syndrome d’Asperger a été intégré dans la catégorie des troubles du spectre autistique en 2013 mais en Irlande et ailleurs cela reste un diagnostic distinct).

D’une certaine façon, le fait qu’ils soient tous les deux concernés a rendu l’éducation de son fils plus facile pour Hurley. « Alex m’a toujours semblé très logique » dit-elle. Isla, au contraire, n’est a priori pas autiste et son comportement d’enfant d’âge préscolaire typique est souvent déconcertant pour sa mère. Hurley trouve qu’elle a un besoin excessif d’attention et peut faire des choses telles que refuser un verre de jus d’orange alors qu’elle l’a demandé. « En fait, ces choses qu’elle fait et que je trouve complètement anormales parce qu’Alex ne les a pas faites sont en fait des choses typiques d’enfants » dit Hurley en riant.

Hurley gère les nombreuses complications dues au fait d’être parent autiste avec lucidité et une dose d’humour salutaire. Mais parfois, elle a été mal comprise lorsqu’elle demandait de l’aide. Un jour, Hurley a dit qu’elle avait le syndrome d’Asperger au nouveau thérapeute qu’elle consultait. Le thérapeute lui a alors demandé si elle aimait ses enfants, « Ce qui ne m’a pas beaucoup aidée » dit-elle. « Les gens ont ce genre d’idées reçues sur les autistes, cette idée qu’ils ne ressentiraient pas d’émotions. »

 

Gillan et Lizzie Drew, avec leur fille Izzie © Spectrum News Gillan et Lizzie Drew, avec leur fille Izzie © Spectrum News

Hurley n’est pas une exception contrairement à ce que l’on pourrait penser : un nombre conséquent de personnes diagnostiquées autistes élèvent des enfants. Plus de 300 mères autistes ont participé à une étude en ligne, ce qui laisse penser qu’il y a probablement des milliers de parents diagnostiqués autistes dans le monde, et sans doute des centaines de milliers voire des millions de parents sans diagnostics. Les groupes Facebook, les plate-formes de messagerie et les commentaires sur les blogs où les parents comparent leur vécu et partagent leur stratégies face aux problèmes en sont une preuve supplémentaire. Leurs récits montrent que l’autisme peut poser problème quand on devient parent car, non content de devoir gérer la surcharge sensorielle, ces parents qui ont eux-mêmes des difficultés avec les interactions sociales ont par exemple du mal à aider leurs enfants à apprendre les habiletés sociales. Cependant, les autistes peuvent avoir des compétences parentales précieuses, en particulier pour un enfant qui est lui-même sur le spectre.

Pourtant, à en croire la littérature scientifique, ces parents n’existent pas. Ce n’est que depuis peu, lorsque les scientifiques se sont intéressés à l’étude des adultes autistes, qu’ils ont commencé à se poser des questions sur ce type de parents. « Je pense qu’aujourd’hui, au 21e siècle, nous admettons que les personnes autistes sont parfaitement capables de participer à tous les aspects de la vie et qu’ils l’ont fait de façon quasi invisible jusqu’à maintenant, y compris en ce qui concerne la parentalité », dit Simon Baron-Cohen, directeur du Autism Research Center à l’université de Cambridge au Royaume-Uni.

Le manque actuel de recherches aboutit à ce que, non seulement ces parents manquent de soutien, mais aussi à ce que notre société ne soit pas préparée à cette vague croissante de personnes diagnostiquées autistes qui ont grandi et envisagent d’avoir des enfants. Sans l’information et le soutien nécessaires, ces jeunes gens peuvent conclure que devenir parent n’est pas une option pour eux. « Cela me fend le cœur de dire cela, mais ce sont des propos que l’on m’a tenus : ‘Est-ce que le fait d’être autiste ou Asperger veut dire que je ne devrais pas avoir d’enfant ?’ », dit Matthew Lerner, professeur adjoint de psychologie, psychiatrie et pédiatrie à l’université de Stony Brooks à New York. L’expérience de Hurley et les nombreux autres parents précurseurs de la parentalité avec autisme devrait calmer cette inquiétude en apportant de l’espoir.

De possibles parents

L’idée qu’une personne autiste pouvait devenir parent a longtemps été considérée comme impossible. Quand Edward Ritvo a proposé un article sur le sujet au Journal of Autism and Developmental Disorders en 1988, il l’a intitulé « Onze parents potentiellement autistes ». Il dit que sans ce bémol, il est quasiment certain que l’article n’aurait jamais été publié.

« Cet article a été rejeté huit fois par huit des principaux journaux de médecine et de psychiatrie », dit Ritvo, aujourd’hui professeur émérite de psychiatrie à l’université de Californie, Los Angeles. « Personne n’y croyait. Personne ne voulait croire que les parents étaient autistes, que des autistes pouvaient grandir, se marier et avoir des enfants. »

À l’époque, l’autisme était vu comme un trouble grave, généralement associé à une déficience intellectuelle, et la recherche s’intéressait quasi-exclusivement aux enfants autistes. Cependant les parents qui figuraient dans cette courte étude avaient des caractéristiques qu’on considère aujourd’hui comme typiques de l’autisme : comportements répétitifs tels que flapping et balancements d’avant en arrière, rituels particuliers tels qu’arriver très exactement 30 minutes en retard à chaque rendez-vous, désintérêt pour les interactions sociales, absence de contact visuel.

Les autres publications de Ritvo et son équipe ont démontré qu’il n’était pas anormal pour des personnes sur le spectre d’avoir des enfants: une étude de 1994 portait sur 14 personnes autistes qui avaient, à eux tous, 54 enfants. La plupart étaient les parents d’enfants que l’équipe de Ritvo avait vus en consultation. Ritvo et ses collègues s’étaient intéressés à ces parents car ils voulaient démontrer que l’autisme est un état physiologique d’origine héréditaire et non le résultat d’un trauma psychologique, comme on le pensait majoritairement dans les années 1960 et 1970.

Ces observations ont permis de lancer l’étude des gènes de l’autisme tandis que les vies de ces parents n’ont plus été étudiées. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas quelle proportion d’adultes autistes a des enfants, quelle proportion de ces enfants sera elle-même autiste, ou s’il est fréquent pour un enfant autiste d’avoir un parent sur le spectre. Et ces questions pourtant élémentaires n’abordent même pas les conditions de vie des parents autistes : leurs combats pour être parents, les forces qu’ils investissent pour élever leur enfant, la façon dont leurs espoirs et leurs peurs évoluent au fur et à mesure que leur enfant grandit.

Concrètement, la seule étude empirique sur le vécu de parents autistes est une étude en ligne conduite par l’équipe de Baron-Cohen, portant sur 325 mères diagnostiquées autistes à travers le monde. Les données non-publiées compilent les réponses à 89 questions conçues en collaboration avec des femmes autistes. Ces questions incluent des sujets tels que la grossesse et l’accouchement, l’expérience sociale de la maternité ainsi que les forces et faiblesses des parents autistes.

Les mères autistes de cette étude font état de davantage de dépressions prénatales et postnatales comparées au groupe de 91 femmes neurotypiques élevant au moins un enfant autiste. Elles se sentent plus isolées et jugées par les autres ; elles sont nombreuses à dire que personne ne les aident et qu’elles se sentent souvent incapables de gérer l’éducation d’un enfant.

Pour certains parents, la stigmatisation et les préjugés sur l’autisme peuvent avoir des conséquences dramatiques. Damon Matthew Wise Âû et sa femme ont été témoins du fait que les parents autistes sont plus facilement victimes d’une surveillance accrue de la part des services sociaux. Wise Âû est un pionnier du mouvement d’auto-défense des personnes Asperger, il vit à Shannon, Ireland. Sa femme, Karen, est elle aussi autiste, tout comme leurs trois enfants qui souffrent d’ailleurs de maladies chroniques telles que des intolérances alimentaires, de l’insomnie et des problèmes de peau.

À la naissance de leur plus jeune enfant en 2003, Wise Âû et sa femme ont eu recours de façon ponctuelle aux services de répit, ou accueil temporaire pour enfants, dans des familles d’accueil pour quelques heures ou un weekend. Au milieu de l’année 2009, encouragés par les travailleurs sociaux, ils laissaient leurs deux plus jeunes enfants passer quelques jours par semaine hors du domicile familial. Mais début 2010, le couple a appris que les services sociaux avaient entamé des démarches pour placer leurs trois enfants à temps plein de façon permanente. Selon Wise Âû, l’administration n’a jamais donné le moindre motif légal pour ce projet. Il dit que cet incident est révélateur des préjugés des services sociaux qui considèrent que les personnes autistes ne sont pas de bons parents. En mai 2010, les services sociaux ont finalement abandonné les démarches.

L’aîné de Wise Âû a reçu son diagnostic de syndrome d’Asperger alors qu’il allait fêter ses 16 ans, bien que ses parents aient suspecté qu’il était autiste un peu avant ses 2 ans. Les médecins et les travailleurs sociaux « pensaient que nous étions à l’origine de ses traits autistiques car il les apprenait en nous observant » se souvient Wise Âû. Les médecins ont suggéré que le couple voulait que leur fils soit autiste, comme s’ils avaient le syndrome de Münchhausen par procuration, un trouble psychiatrique dans lequel les personnes atteintes simulent des symptômes de maladies chez leurs enfants pour attirer l’attention sur eux-mêmes.

Le couple s’est aussi senti exclu des groupes de soutien pour parents élevant des enfants autistes. Dans ces groupes, ils ont souvent été confrontés à l’idée qu’être autiste est un drame ou un trouble que l’on doit soigner. « Nous avons été exclus et montrés du doigt parce que nous étions des parents autistes d’enfants autistes » dit Wise Âû. (Ils ont créé leur propre groupe de soutien sur Facebook dans lequel on combat les discours qui parlent de guérison.)

Logistique et émotion

Les parents autistes peuvent être confrontés à des difficultés pratiques liées à leur pathologie. Par exemple, beaucoup de personnes autistes ont des soucis avec les fonctions exécutives, cet ensemble de processus mentaux complexes qui nous permet de prévoir et réaliser nos activités quotidiennes. Ils ont aussi tendance à être profondément absorbés par ce qu’ils font, au détriment d’autres priorités. Hurley explique qu’en ce qui la concerne, cela a compliqué le fait de répondre aux exigences logistiques liées à l’éducation de ses enfants, tels que les amener à l’heure à l’école ou les laver et les nourrir. Quand ses enfants étaient plus jeunes, elle rédigeait des listes dans lesquelles elle détaillait les étapes pour l’aider à accomplir les tâches quotidiennes : Préparer le biberon. Préparer le repas. Donner son biberon et son repas à mon enfant.Mettre la vaisselle dans le lave-vaisselle. Nettoyer la table. Vérifier qu’il n’y a pas trop de miettes par terre. M’assurer que mon enfant est propre.

Certains parents autistes trouvent que des tâches telles que les réunions parents/professeurs sont épuisantes car les interactions sociales exigent des efforts cognitifs et émotionnels importants de leur part. D’autres ont des problèmes de traitement des informations auditives qui compliquent la communication verbale. La façon de faire assez directe, fréquente chez les personnes autistes, peut aussi amener ces parents à blesser leur interlocuteur même si ce n’est pas leur intention. Dans l’étude de Baron-Cohen, plus de 60 % des mères sur le spectre rapportaient qu’elles avaient du mal à communiquer avec les enseignants, les médecins et autres professionnels au sujet de leur enfant et que ces entretiens étaient source d’anxiété.

La partie émotionnelle de la parentalité peut aussi poser problème aux personnes autistes. Cependant, loin d’être insensibles ou indifférents comme le suggèrent les stéréotypes sur l’autisme, ces parents sont souvent parfaitement conscients des émotions de leurs enfants mais ont du mal à les aider. « Cela me peine et me blesse vraiment de ne parfois pas pouvoir les aider quand ils ne sont pas bien », dit Kimberley, une femme vivant en Caroline du Nord avec sa fille de 10 ans et son fils de 13 ans. « J’ai tendance à être submergée par les émotions intenses de mon fils de 13 ans et je suis moins apte à les gérer et à m’en remettre. » (Kimberley nous a demandé de ne pas utiliser son nom de famille).

Hurley pressent qu’elle devra affronter les mêmes difficultés quand ses enfants grandiront. « Quand Alex était plus jeune et qu’il était vraiment peiné par quelque chose, je lui racontais des blagues de pets », dit-elle. Mais elle a conscience que cette technique ne marchera pas éternellement. « Quand on a 14 ans et qu’on fait face à de vrais problèmes par rapport à son corps, les relations ou ce genre de choses, ce n’est pas en vous racontant des blagues de pets que votre mère va vous aider à les régler », ajoute-t-elle. Son mari et elle ont prévu que c’est lui qui gérera ce genre de questions, mais elle aimerait avoir davantage de conseils sur la façon de faire.

Cette idée qu’une mère doit être le parent-ressource au quotidien fait peser une charge supplémentaire sur les mères autistes. Les jeunes mères qui n’aiment pas spécialement papoter en groupe peuvent se retrouver sans soutien. Ces femmes peuvent se sentir obligées d’organiser des après-midi de jeux à la maison ou des sorties de groupe qui vont les exténuer, et les exigences constantes liées à la parentalité peuvent aussi les empêcher d’avoir les moments de solitude dont elles ont besoin pour recharger leurs batteries. « Il est bien plus facile pour les pères de battre en retraite, je pense, de s’éclipser dans leur atelier ou leur hangar ou tout autre lieu qui leur sert de tanière », dit Rochelle Johnson, femme autiste qui vit près de Melbourne en Australie et a trois filles dont deux autistes.

Mais les pères autistes sont eux aussi confrontés à la pression, dit Johnson qui a revendiqué sa transsexualité l’an dernier. « Les hommes autistes sont souvent vraiment inflexibles en ce qui concerne la façon dont on devrait ou ne devrait pas faire les choses, et je pense que cela peut être pris pour une façon très autoritaire d’élever ses enfants », dit-elle. D’après elle, si ces pères semblent stricts, ce n’est pas parce qu’ils veulent soumettre leurs enfants à leur volonté, mais parce qu’ils cherchent la sécurité que leur apportent les habitudes et les rituels.

Si la société avait davantage conscience de ces difficultés, on pourrait trouver des solutions simples. Par exemple, il serait plus facile pour les parents autistes de prendre les rendez-vous médicaux en ligne plutôt que par téléphone, ou de discuter avec les enseignants par émail plutôt qu’en face à face. D’autres parents pourraient bénéficier d’aide pour établir des routines domestiques lorsque leurs enfants sont en bas âge. Pourtant, quand Baron-Cohen et son équipe ont analysé les données de l’étude, ils ont constaté que 80 % des mères autistes du Royaume-Uni disaient ne pas avoir reçu d’aide de la part de l’école, des médecins ou des services sociaux, même lorsqu’elles l’avaient demandée.

Ça reste en famille

En dépit des difficultés qu’ils doivent affronter, beaucoup de parents autistes déclarent qu’avoir eu des enfants les a aidés à vivre avec leur condition ; certains disent même que leur autisme leur a permis d’être de meilleurs parents que ce qu’ils auraient été autrement.

Avoir des enfants peut protéger de l’isolement qui touche tant d’adultes autistes. « J’ai remarqué que beaucoup des gens que je rencontre sont vraiment très seuls, des adultes qui ont été diagnostiqués et n’ont pas de partenaires ou de familles », dit Hurley. « Je détesterais être seule tout le temps. ». Les enfants lui donnent accès à un milieu social qu’elle trouve bien plus accueillant que celui des adultes. « J’adore traîner avec des enfants », dit-elle. « J’aime l’énergie qu’ils dégagent et le fait que les conversations sont bien plus faciles qu’avec les adultes avec lesquels il faut faire bien plus attention à ce que l’on dit et à la façon dont on le dit ».

Le fait d’avoir des enfants a aidé Kimberley à surmonter son besoin envahissant de routine et de monotonie. « C’est la capacité à accepter que je peux avoir planifié toute ma journée et qu’une grosse diarrhée peut remettre en cause mes projets, ou que je vais dire qu’on va faire les courses à 10 heures, mais que cela n’arrivera pas » dit-elle. « Lorsque je n’avais pas d’enfants, je n’aurais jamais supporté ça. ».

D’un autre côté, certains de ces traits autistiques peuvent être un avantage lorsque l’on est parent. Kimberley dit que son besoin de cadres et d’organisation a, d’une certaine façon, été bénéfique pour ses enfants. « Je m’occupe de tout, que ce soit les leçons de tennis, les rendez-vous médicaux, les colonies de vacances, les cours qu’ils suivent, ou s’assurer qu’ils sont confrontés à de nouvelles idées, activités et expériences, c’est moi qui gère », dit-elle. « Je supervise tout.”. En fait, sa nature méthodique et obstinée explique sans doute pourquoi Kimberley a choisi d’être mère célibataire et d’adopter son premier enfant. (Elle s’est ensuite mariée et a adopté un second enfant avec son mari.) « C’est tellement Aspie », dit-elle en riant. « À partir du moment où j’ai décidé d’adopter, j’étais en mode pitt bull ; j’ai trouvé toutes les informations possibles et imaginables sur le sujet. »

Aucune étude scientifique n’a cherché à savoir si le fait d’être autiste offre des avantages quand on est parent, mais les médecins trouvent cette idée valable. « Mon expérience clinique me prouve que certains parents autistes sont des parents formidables », dit Baron-Cohen. « Ce type d’approche obsessionnelle qui caractérise l’autisme dans plusieurs domaines peut se révéler très positive quand on élève un enfant ».

L’avantage le plus évident est sans doute lorsque des parents autistes ont un fils ou une fille autiste. « En tant que parent autiste, je me trouve dans une position unique qui me permet d’avoir conscience de leurs difficultés, de ce qu’ils pensent et ressentent », dit Johnson. Johnson se souvient que quand sa fille aînée avait environ 8 ans, elle se faisait gronder à l’école car elle mettait sa tête sur le sol lorsque les élèves s’asseyaient par terre. En fait, sa fille « écoutait » l’enseignante de la classe voisine grâce aux vibrations.

Johnson avait instinctivement compris la situation. « D’un côté, en tant que parent, on a tendance à dire ‘Tu dois écouter en classe’ », dit Johnson. « Mais d’un autre côté, on a vraiment de l’empathie, car c’est complètement logique même si cela semble insensé. ». Johnson se souvient que, lorsqu’elle était elle-même enfant, elle faisait des choses insolites comme se sentir obligée de faire une action le même nombre de fois avec sa main gauche et droite.

Les parents autistes peuvent transmettre ce qu’ils ont appris à leurs enfants; ils peuvent aussi créer des liens avec leurs enfants en se basant sur leurs difficultés communes. Alex, le fils d’Hurley, a souvent ce qu’elle appelle des « attaques dépressives », de courts accès d’extrême tristesse qui ne sont pas nécessairement déclenchées par un événement précis mais viennent de son sentiment général d’être dépassé. Alex, garçon taciturne avec de grands yeux marrons et des tâches de rousseurs, a beaucoup de difficulté à verbaliser ce qu’il ressent. « Comment je me sens, j’ai vraiment du mal à expliquer comment je me sens », dit-il. Mais il dit que sa mère le comprend. Hurley se souvient avoir ressenti la même chose enfant et encore aujourd’hui de temps en temps. Pour gérer, elle se pose et se rappelle que ce sentiment est temporaire. Elle aide Alex à faire de même, en le soutenant sans le pousser à lui donner une raison qui explique sa tristesse.

La prochaine vague

Jusqu’aux années 1990, la majorité des personnes diagnostiquées autistes était atteinte d’une forme sévère du trouble et avait peu de chances d’avoir des enfants. Mais la prise de conscience accrue de l’autisme, ainsi que l’élargissement des critères de diagnostic, ont conduit à une vague croissante de personnes diagnostiquées avec une forme plus légère du trouble, et par conséquent davantage de parents et futurs parents autistes.

Un nombre croissant de personnes sont diagnostiquées à l’âge adulte, y compris des personnes qui ont déjà des enfants. « Bien souvent, c’est le diagnostic de l’enfant qui pousse les parents à se questionner et chercher à avoir un diagnostic tardif pour eux-mêmes », dit Susan White, co-directrice de la Virginia Tech Autism Clinic à Blacksburg en Virginie.

De nos jours, la plupart des parents autistes sont dans cette situation : ils reçoivent un diagnostic après avoir eu des enfants et en partie à cause de leurs enfants. Dans le futur, la majorité d’entre eux sauront qu’ils sont autistes avant de devenir parents. Ils risquent de se retrouver confrontés à de nouvelles difficultés : qu’on remette en question leur capacité à élever des enfants, par exemple, ou qu’ils soient troublés si leur enfant est concerné ou pas par l’autisme.

« Je n’ai jamais voulu être père », dit Gillan Drew qui vit dans un petit village du sud de l’Angleterre avec sa femme, Lizzie, elle aussi autiste, et leur fille qui aura bientôt 2 ans. « Je ne voulais pas transmettre mon autisme ou ma dépression ». Drew ne savait pas qu’il était autiste avant l’âge de 28 ans, mais il l’a appris avant de rencontrer son épouse et de décider de devenir père (son livre pour adultes récemment diagnostiqués autistes est sorti en mars et il a aussi un blog, Aspie Daddy). Sa femme, qui était à l’époque sa petite amie, voulait vraiment avoir un enfant, et finalement Drew a changé d’avis. « C’était quelque chose d’un peu spirituel », dit-il. « Je m’inquiétais et pensais que je n’en étais pas capable, mais si en fait j’en étais capable ? Est-ce que je ne laissais pas les éventuels facteurs de risque m’empêcher de profiter de la meilleure chose que j’avais faite ? »

Pour l’instant, leur fille Izzie ne montre pas de signes d’autisme, ce qui est un soulagement, dit-il, « parce que je sais à quel point c’est dur ». Mais c’est tout de même une source d’inquiétude pour sa femme. « Elle a très peur qu’Izzie la dépasse au niveau des compétences sociales lorsqu’elle grandira », dit Drew. C’est fascinant pour lui d’observer sa fille alors qu’elle apprend à partager, à communiquer ses envies et besoins, et même faire s’affronter ses parents. C’est une seconde chance pour lui d’apprendre les compétences sociales, mais aussi une expérience douloureuse qui met en lumière ses propres difficultés sociales. À la garderie, « elle y va, et elle apprend, et pendant qu’elle apprend, je reste en retrait et j’apprends en la regardant », dit-il. « Mais elle est bien meilleure que moi parce que c’est naturel pour elle. »

Drew a pleinement conscience de sa condition de parent autiste et s’assure de façon constante qu’il donne à sa fille tout ce dont elle a besoin. Avant la naissance d’Izzie, il a lu de nombreux récits d’adultes reprochant à leurs parents, qu’ils supposaient autistes, leur enfance compliquée. Les parents décrits dans la plupart de ces récits n’ont jamais reçu de diagnostic et aucune étude scientifique n’a évalué les conséquences d’avoir un parent autiste. Pourtant, il était inquiet. Il pense que son propre père était probablement autiste. Il se souvient qu’il aurait aimé que son père le félicite mais qu’au lieu de cela, celui-ci critiquait les dessins qu’il ramenait de l’école maternelle : « Tu aurais du mettre les yeux par là, et le nez est mal fait ».

Le fait que son enfant puisse vivre la même chose lui donnait des sueurs froides, alors Drew a décidé de modifier son comportement dans certains domaines. Par exemple, il se force à assister aux événements pour enfants, même si les couleurs vives et les sons forts lui semblent insurmontables. Il réprime son envie de grimacer lorsque sa fille a les mains couvertes de compote de pommes ou de porridge, parce qu’il ne veut pas lui transmettre son aversion pour les bouillies et les textures pâteuses. Et il s’extasie devant la moindre création artistique de sa fille. Le paradoxe, c’est que la conscience d’avoir un trouble qui complique sa capacité à exprimer son affection a littéralement transformé le moindre de ses actes en une expression d’amour.

Le vécu de Drew l’a convaincu que les personnes autistes ont besoin de conseils sur des sujets que les cours d’éducation parentale classiques et les manuels pour bébés n’abordent pas. « J’ai passé tellement de temps à chercher comment l’embrasser ou la câliner que je me suis rendu compte l’autre jour que je ne lui ai jamais dit que je l’aimais », dit-il. « Et je me suis dit, ‘C’est bizarre parce que c’est quelque chose qu’on devrait dire naturellement, mais je n’ai jamais prononcé ces mots. Alors maintenant, je fais un effort conscient pour dire ‘Je t’aime’. »

Malheureusement, ce genre d’aide est difficile à obtenir. Parce qu’il était autiste et son épouse aussi, le gouvernement a missionné une assistante sociale pour évaluer la famille lorsqu’elle est tombé enceinte. Cependant, quand elle a constaté qu’il n’y avait pas de risque de négligence ou de maltraitance pour le bébé, elle a mis fin à l’enquête. Lorsque le couple a demandé une aide plus soutenue aux travailleurs sociaux qui les suivaient, alors qu’ils aident sur des sujets tels que l’emploi ou les finances, ils ont répondu que les conseils parentaux ne relevaient pas de leurs compétences.

 

Des parents comme les Drew peuvent être uen source de conseil pour d'autres parents autistes © Spectrum News
Des parents comme les Drew peuvent être une source de conseil pour d'autres parents autistes © Spectrum News

En fait, les gens comme Drew sont finalement les plus à même d’aider les chercheurs à compiler les conseils ciblés que ces parents recherchent. « Je pense que nous devrions commencer par identifier les cas de réussite et trouver ce qui a marché », dit White. Chaque parent a des talents et faiblesses qui lui sont propres. Mais, à cause des caractéristiques de leur diagnostic (et sans doute à cause de la tendance à ruminer qui en fait partie), beaucoup de parents autistes passent un temps conséquent à réfléchir à des choses que d’autres considèrent comme allant de soi, que ce soient les détails pratiques concernant l’organisation d’une journée avec un nourrisson ou un enfant en bas âge, ou des questions plus profondes telles que la façon de démontrer leur amour ou s’occuper de leur enfant d’une façon qui correspond à ses besoins. « Je réfléchis beaucoup plus à mon rôle de parent que la plupart des gens que je connais », dit Hurley.

Certains chercheurs insistent pour que l’on s’intéresse aux besoins de ces parents, une première étape avant de leur proposer des solutions. Baron-Cohen envisage de suivre 40 mères autistes et leurs bébés de la grossesse jusqu’à leurs 2 ans. Son équipe s’intéressera au développement de ces bébés car ils ont un risque accru d’être autistes, mais interrogera aussi les mères sur leur vécu. « Notre travail consistera principalement à écouter le point de vue de ces femmes autistes », dit Baron-Cohen. Par exemple, est-ce que les femmes autistes se sentent capables de faire part de leurs besoins pendant les rendez-vous prénataux ? Trouvent-elles les groupes de soutien pour jeunes mères utiles ? « Nous devons les écouter et comprendre leur vécu », dit-il.

Malgré les hauts et les bas, le fait d’être parent est une source de joie pour Hurley et donne un sens à sa vie. « C’est une maison de fous, mais j’aime ça », dit-elle. Pendant la session Skype de ce soir, sa frustration est empreinte de tendresse. Elle prend Isla pour la mettre sur ses genoux et l’entoure de ses bras. « Tu veux un câlin ? Ça t’aiderait à te calmer ?” dit-elle en serrant fort Isla dans ses bras alors qu’elle se penche vers son ordinateur portable pour reprendre la conversation. Plus tard, lorsqu’Isla s’agite de nouveau, Hurley appelle Alex qui fait sortir sa petite sœur de la pièce afin que sa mère puisse discuter tranquillement.

Je sais que mes enfants passeront à côté de certaines choses parce que je suis Asperger. Mais j’essaie de compenser », dit Hurley. Par exemple, elle élève ses enfants dans une atmosphère d’acceptation de l’autisme, ce qui n’était pas le cas lorsqu’elle était elle-même enfant. Pour Alex en particulier : « Je pense que le fait qu’il ait été élevé dans un foyer où on parlait de façon ouverte et positive de l’autisme portera ses fruits dans sa vie future », dit-elle.

Bien qu’Isla soit trop jeune pour laisser sa mère tranquille ne serait-ce que le temps d’un appel téléphonique, Hurley pense déjà au jour où elle sera grand-mère. Ses beaux-parents gardent souvent les enfants chez eux pour une nuit, et elle espère pouvoir faire de même avec ses propres petits-enfants un jour. Et quand elle parle de ce rêve, elle ne fait pas de différence entre ses enfants : la parentalité est une option pour Alex comme pour Isla.

Merci à Isabelle Besnier-Pachot pour la traduction.

4 juin 2017

Le gouvernement va-t-il défendre l'habitat inclusif ?

article publié sur handicap.fr

Résumé : L'habitat inclusif, au cœur de la cité, serait-il un modèle d'avenir pour les personnes handicapées qui le souhaitent ? Pour l'un de ses 1ers déplacements officiels, Edouard Philippe s'est rendu dans une Maison partagée à Rungis. Pas un hasard ?

Par , le 02-06-2017

Les personnes handicapées veulent pouvoir choisir là où elles vivent. Comme tout le monde ! C'est pourtant rarement le cas, faute de bénéficier d'un accompagnement humain et d'aides financières adaptés. Parce que l'habitat est une problématique centrale pour faire émerger une société inclusive et solidaire, l'Unapei a choisi de mettre ce thème à l'honneur lors de son 57ème congrès, à Nancy. Le vendredi 2 juin, Sophie Cluzel, secrétaire d'État en charge des Personnes handicapées, sera présente.

Edouard Philippe à Rungis

Cette nécessité, la ministre l'a défendue trois jours à peine après sa nomination, en se rendant, le dimanche 21 mai 2017, à la rencontre des habitants de la Maison partagée de Rungis. Elle était accompagnée du Premier ministre, Edouard Philippe (article en lien ci-dessous). Un déplacement à la symbolique très forte pour ce gouvernement qui va devoir plancher en urgence sur un dossier épineux. Parce que de nombreuses personnes handicapées souhaitent échapper à l'alternative « domicile/établissement », des solutions voient le jour. Une troisième option qui dessine des projets inclusifs, innovants, audacieux, à l'instar de cette Maison de Rungis ouverte en février 2017 sous l'égide de la Fédération Simon de Cyrène. Son directeur, Laurent de Cherisey, qui s'est engagé dans cette voie pour sa sœur touchée par un grave accident, cite Gandhi : « Donnez-moi dix personnes déterminées et je changerai le monde ». Ses Maisons partagées, lauréates de la France s'Engage, ont suivi cette route, essaimant jusqu'au Canada.

La solitude plus que le handicap

Plus que le handicap, c'est la solitude qui, souvent, meurtrit. « Derrière cela, s'est profilé un projet de société très concret et une expérience de vie, explique Laurent de Cherisey. « Depuis qu'on est handicapé, on ne peut plus avoir notre propre famille », lui ont confié certains. Alors si on créait une famille d'amis. » Cette réflexion a nourri l'aventure. La première « famille d'amis » voit le jour en 2009. Mais pas question de s'isoler ; ces lieux de vie doivent occuper le cœur de la cité. A Rungis, elle a investi une ancienne ferme, lieu mythique. Lors de l'élaboration du projet, la Fédération a pu compter sur l'accueil et l'aide financière du maire qui a organisé des réunions avec les habitants pour « faire tomber les murs de la peur ».

Une 3ème voie ?

Aujourd'hui, les Maisons partagées Simon de Cyrène sont implantées dans 12 villes. Selon Laurent de Cherisey, « ce modèle peut faire sens dans le monde de la dépendance ». Avec Denis Piveteau, auteur du rapport « Zéro sans solution », l'Arche en France et l'APF , il a prévu de remettre au Premier ministre un document sur l'intérêt de l'habitat inclusif et partagé ; cette solution est, selon le président du conseil d'administration de la Maison de Rungis, Jean-Baptiste Labrusse, une « alliance entre l'innovation et l'action sociale ».

Pour d'autres publics

Déjà en décembre 2016, le CIH (comité interministériel du handicap) s'en était inspiré, posant sur ce type d'accueil une option très forte. « L'idée, explique Sophie Cluzel lors de sa visite à Rungis, est d'adapter ce modèle de vivre ensemble, ouvert sur la société à d'autres publics, et notamment les personnes avec autisme ». Elle plaide pour une évolution du modèle médico-social vers des structures beaucoup plus souples. « Ce qui n'est pas une mise en accusation du schéma médico-social qui vient en complément », modère Denis Piveteau, présent lors de cette rencontre. Une option qui permet, par ailleurs, d'alléger les dépenses de l'Etat.

AAH, APL et PCH

La construction de ces maisons est financée en logement social via le PLAI (Prêt locatif aidé d'intégration) avec des subventions publiques. Les résidents, eux, perçoivent l'AAH (allocation adulte handicapé) et l'APL (aide au logement). Les heures d'aide humaine accordées dans le cadre de la PCH (prestation de compensation du handicap) sont mises en commun. Un système qui, au final, « coûte moins cher » que de vivre seul chez soi. 23 salariés sont présents sur le site. Des jeunes du Service civique s'engagent à leurs côtés, durant un an. Une expérience qui, selon Laurent de Cherisey, « bouleverse leur vie ». Ce que confirme l'un des volontaires : « J'ai assisté à un repas des compagnons et j'ai su que ma place était là. »

Une championne, des comédiens…

Lors de la visite du Premier ministre, les résidents étaient venus nombreux pour témoigner. « Ici, nous partageons les bons moments avec les autres, pour les mauvais, c'est déjà fait », confie l'un d'eux. De la bonne humeur, du bien-être et des talents à revendre. Claudine explique qu'elle est championne handisport en tennis de table. D'autres, dans le cadre du GEM Les Colibris de Rungis, ont joué dans une pièce de théâtre au nom sans équivoque : « Aimez ce que nous sommes ! ». Elle a été donnée devant les habitants de Rungis. Alors, aujourd'hui encore, certains se retournent parfois dans la rue : « On vous a vus sur scène ! ». « C'est l'objectif, se félicite Sophie Cluzel. Croiser le regard ». Edouard Philippe promet « de se battre sur ce terrain-là. »
 

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Sur Handicap.fr

Sur le web

4 juin 2017

Vidéo -> Sophie Cluzel, Secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, lors du 57ème Congrès de l'UNAPEI

logo unapei

Ajoutée le 2 juin 2017

Intervention de Sophie Cluzel, Secrétaire d’État chargée des personnes handicapées à l'attention de Luc Gateau, Président de l'Unapei.

 

 

3 juin 2017

Être psychanalyste

1 juin 2017
Par Christophe Gerbaud
Blog : Christophe Gerbaud

Le psychanalyste est un poète. La psychanalyse est une pratique qui ne guérit pas. Là n'est pas son but. Or, certains "scientistes" porteraient à penser que la psychanalyse se définit comme autre chose que littéraire. Cette vision est fausse, elle est poétique et politique de l'âme. Au même titre que leurs analysants, les psychanalystes sont des (miroirs) "fous"; mais savants; lucides, "kritikos".

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"La mélancolie est le partage de tous les hommes de génie". Aristote ; Les Problèmes - IVe s. av. J.-C.

 

« Si l’on considère que la normalité consiste à se conformer à l’ordre existant, alors on pourra interpréter mon insatisfaction comme un signe de trouble mental. Mais si l’on prend pour norme l’épanouissement de toutes les virtualités innées de l’homme et si l’on sait intuitivement, et par expérience, que l’ordre social existant rend impossible cet accomplissement suprême de l’individu et de l’humanité, alors c’est celui qui se satisfait de l’ordre existant qu’on considérera comme inférieur. » Otto Gross (Médecin et psychanalyste percçu comme génial et psychotique)

"La psychanalyse d'individus de tous les âges, de tous les pays et de toutes les couches sociales montre que la conjoncture des structures socio-économiques et sexuelle de la société ainsi que sa reproduction structurelle s'opèrent au cours des quatre ou cinq premières années de la vie par les soins de la famille autoritaire. L'Eglise ne fait ensuite que perpétuer cette fonction. Ainsi l'Etat autoritaire trouve un intérêt majeur dans la famille autoritaire : elle est la fabrique où s'élaborent sa structure et son idéologie. La structuration autoritaire de l'homme se produit - ce qu'il s'agit de ne jamais perdre de vue - en premier lieu par l'ancrage d'inhibitions et d'angoisses sexuelles dans la matière vivante des pulsions sexuelles. "La Psychologie de masse du fascisme"  Wilhelm Reich (psychiatre-psychanalyste militant révolutionnaire pour la libération sexuelle)

 

L'analyse, comme aurait dit le psychiatre Francesc Tosquelles Llauradó, à travers ses association d'idées "déconne". Cela nous renvoie au féminin qu'il y a en chacun de nous ("ce con"). Un psychanalyste est une femme ou un individu qui a fait suffisamment de travail sur soi pour entendre la souffrance d'autrui. Il s'agir, précisément, d'un travail: "d'em-pathie" (prendre, à la manière d'une mère ; la souffrance avec soi). Etre psychanalyste, c'est être poète, en ce sens qu'il s'agit de poétiser la science. Le psychanalyste qui est allé suffisamment loin en lui-même - de façon auto -analytique ou à travers une analyse avec un autre psychanalyste - reste un individu "écorché-vif", sensible (qui peut même connaitre l'agressivité) comme peut l'être tout autre homme. Mais dans la pratique clinique, il donne de son amour. Analyser est radicalement le contraire de détester dans des sursauts de haine (tirée contre soi ou autrui). Car, nous sommes toutes et tous similaires, égos en matière d'amour et de haine ; dans la mesure où nous sommes névrosés i-e : peur de devenir fou ou peur de faire face à notre noyau de folie interne. Le psychanalyste est ainsi un homme comme tous les autres, mais qui ordonne, met en mots ses comportements. Et par ailleurs, il adopte un langage qui est celui de l'inconscient, des émotions profondes. Son travail est de décortiquer tout comportement biologique, psychologique ou politico-social, à travers des symboles : des mythes, des représentations, des signes.

 

Mais un psychanalyste peu-il être, à la fois, patient atteint de déficits psychiques avérés et prompt à 'écouter un patient (analysant) ?

A cette question, il est aisé de répondre que tout dépend des cas. Cela étant dit, la richesse d'une souffrance subjective, l'expérience traumatique est dans tous les cas une mine d'or, toute une littérature pour le psychanalyste concerné. Un psychanalyste bien analysé est un individu qui sait quelles sont ses limites, qui connait par cœur ses failles ; qui a déployé tout un Savoir clinique sur ses "dites" maladies. Dans le cas d'un psychanalyste atteint de troubles identitaires, d'errance, de nomadisme ; l'activité psychanalytique - ouvrant à l'attention à l'Autre... à l'association d'idées et à son décorticage - est entièrement bienvenue. En fait le psychanalyste est un fou comme les autres, à ceci prés qu'il maitrise avec génie sa folie ; il est un fou qui ne s'ignore pas, au peintre surraliste de dire : "La seule chose que je sais, c'est que je ne suis pas fou"...  

3 juin 2017

L’autisme à bras-le-corps

L’autisme à bras-le-corps

Yehudi Tingo Farine, un jeune Guyanais double champion de France en 2016 en cross court et sur 800 m, souffrant de troubles du spectre de l’autisme, paraît abandonné en rase campagne par les pouvoirs publics.

Il est pourtant, en tant qu’athlète, sur la liste du ministère des sports comme espoir de la fédération française du sport adapté.

Sans structure de prise en charge, déscolarisé, désocialisé, ce jeune homme est dans une situation intolérable selon son père.

Après quelques réticences, notre collaborateur qui a donné un point presse sur le sujet mardi devant l’ARS a accepté d’ouvrir le livre de cette histoire.

Pour quelle raison Yehudi a-t-il a été hospitalisé ?

Souffrant de troubles du spectre autistique (TSA), Yehudi peut avoir du mal à maîtriser certaines émotions voire certaines angoisses. En ce moment, il pouvait être calme voire souriant 23h30 sur 24 puis il y a une demi-heure où tout peut basculer. Il semble ruminer une idée fixe qui a souvent un rapport avec ce souvenir d’un élève voire de plusieurs élèves « l’embêtant », selon ses termes, au collège ou lycée. Je ne sais pas si c’est pour chasser ces idées ou trouver un apaisement, mais, à ce moment-là, il part, ces tous derniers temps, en courant, pieds nus.  C’est quelque chose qui est arrivé pour la première fois de sa vie le 17 décembre 2015, jour où lui a été annoncé le diagnostic de manière un peu abrupt par le psychiatre qui l’a évalué :  » Tu es autiste mais ça ne veut pas dire que tu n’est pas intelligent ». Ce jour là, quelques heures plus tard, il avait été repéré courant pieds nus près du quartier Maya à Matoury par les gendarmes qui l’avaient interpellé sans ménagement, plaqué au sol et menotté. Plus tard, j’étais allé voir une ostéopathe pour lui. Elle en a conclu qu’il avait le dos en vrac qu’il avait clairement les symptômes d’une personne qu’on a écrasée au sol. Depuis en règle générale mais pas toujours, s’ils sont avisés de sa singularité, les gendarmes parlementent avec lui, le maintiennent debout, lui donnent à boire. Ca fonctionne très bien. Il est tombé sur quelques gendarmes supers sur ce point. Désormais, au bout de 20 à 30 minutes de course ou de marche il commence à être apaisé et retrouve progressivement ses esprits. Dans les premières minutes de cette fuite, il ne peut pas se calmer. Fin mars, c’esr quelque chose qu’il ne faisait plus depuis plusieurs mois réussissant à aller prendre une douche à la place. C’est revenu au moment des barrages routiers qui n’en finissaient plus et l’oppressaient. A ce moment là, il se met en danger : la semaine derrière il a couru à plusieurs reprises sur la deux fois deux voies entre le rond point Balata et celui de la crique Fouillée voire celui des Maringouins. Samedi , il a été arrêté un peu brutalement par les gendarmes -dont un avait sorti sa mitraillette- qui l’ont plaqué au sol face contre le bitume alors qu’il ne courait que depuis 5 minutes donc était toujours en état de crise. Certes, à la sortie du rond point Balata, il prenait la bretelle de la RN1 en sens inverse. Mercredi dernier c’est une dame qui s’est révélée être une infirmière libérale qui l’avait suivi et à réussi à parlementer avec lui. Samedi dernier, c’était la 4ème course pieds nus en 5 jours (contre zéro entre début janvier et avril). Ses plantes de pied étaient blessées par ces courses successives sur le sol brûlant, un petit morceau de caillou s’était même incrusté dans la plante d’un pied a-t-on vu aux urgences samedi. Le psychiatre du CMP (centre médico-psychologique) qui le suit une fois tous les deux mois environ a décidé de le placer en observation au pôle psychiatrique pour le protéger provisoirement selon lui estimant qu’il risquait un accident. Mais on ne m’a pas tout dit au moment de cette décision. Au pôle psychiatrique quand j’y ai accompagné mon fils on s’est excusé de ne pas avoir d’espace approprié aux autistes. C’est un peu la Cour des miracles. Si la salle dédiée au personnel est climatisée, ce n’est pas le cas des chambres des patients. Dans la chambre de mon fils, pas d’oreiller, pas de climatisation ni de ventilateurs, interdit m’y a-t-on dit. En revanche, dans sa chambre, il y a des tiges métalliques de 10 cm non protégées par le moindre caoutchouc pour fermer les stores des fenêtres en partie cassés d’ailleurs. On dirait presque une mèche de perçeuse. Ca me paraît plus dangereux qu’un ventilateur. Il y a les mêmes tiges dans la salle commune. L’eau de son lavabo coule directement sur le sol de son coin toilettes/salles de bain, le tuyau d’évacuation n’a pas de fond (!). Je l’ai signalé mardi midi. Mercredi après-midi, l’eau du lavabo s’écoulait toujours directement sur le sol. Mercredi, il y avait un nouvel épisode : plusieurs patients, dont Yehudi, étaient patraques : sans doute l’alimentation servie m’a dit le personnel qui me semble gentil et rassurant. Une infirmière m’a dit :  » votre fils est agréable, jamais dans l’opposition. Avec ses petits rituels : sa radio, ses livres ». A ses côtés, des patients qui ont des accoutumances ont le droit de fumer six cigarettes par jour.

Depuis le diagnostic tardif des troubles du spectre de l’autisme dont souffre Yehudi, pouvez-vous décrire le parcours du combattant auprès des différentes structures ?

Les difficultés rencontrées sont en partie liées à ce diagnostic tardif en fait. C’est un peu une double peine. En primaire, en Français, Yehudi était au-dessus de la moyenne nationale dans les tests d’entrée en 6ème. Au collège jusqu’en fin de 3ème Yehudi a été considéré comme un bon élève avec tableaux d’honneur à la clef chaque année. Avec quasiment toute sa scolarité au collège dans une petite structure avec 12 ou 13 élèves par classe à Cacao, puis une fin d’année dans la meilleure classe de 3ème à Lise Ophion à Matoury quand c’était plus simple pour l’athlétisme. Ses résultats en athlétisme, discipline commencée en 2013, ont été immédiatement excellents. Plutôt sprinter au départ, il remporte la Corrida de la St-Sylvestre minimes à Cayenne sur 3 km sans entraînement particulier alors qu’il n’était pas encore licencié. En juin 2013, aux championnats de Guyane, il bat Loïc Prévot (premier athlète cadet français à être descendu sous les 47 secondes sur 400 m) sur 1000 m un peu à la surprise générale. Un mois avant sur 1000 m il n’arrivait pas à le suivre. 15 jours avant les championnats, il le battait. En juillet, il fait ses 2 premiers meetings en France, il y remporte 3 courses : deux 50 m et un 1000 m. En août il court en Belgique : il y remporte un 400 m et plusieurs 1000 m. Evidemment, un tel don a retardé le diagnostic de TSA. Surtout qu’un jour, à cette époque, il m’a posé cette question :  » Papa, est-ce qu’on peut réussir dans la vie simplement avec un don ?. » Pourtant, rétrospectivement, des signes de TSA étaient déjà présents. Plus jeune, il ne regardait pas son interlocuteur dans les yeux, c’est un symptôme, cela a été mis sur le compte d’une timidité ou sur une attitude culturelle. En CP où il a appris à lire comme les autres, son institutrice a souhaité qu’il soit vu par une orthophoniste et un CMP (centre médico-psychologique) parce qu’il parlait peu ou pas. A l’époque, il a encore su donner le change. Au bout de 6 mois CMP et orthophoniste ont dit que ce n’était plus la peine qu’il soit suivi, que ça allait. Il avait alors juste commenté :  » c’est dommage, il y avait des jeux ». Il ne participait pas non plus aux conversations de groupe mais faisait tout pour donner l’impression d’en être, se mettant à côté des gens qui parlaient par exemple. Paradoxalement, il aimait bien la compagnie des autres. Son langage se limitait souvent à une phrase pour exprimer un besoin. Il était très compétent sur un truc qui l’intéressait, le foot par exemple. Il pouvait aussi répéter ce que je disais, c’est encore un symptôme. En 6ème, son prof d’EPS me disait : « avec Yehudi, une consigne ça va, plusieurs c’est compliqué. » J’ai eu des doutes vers 2012/2013 où j’ai senti une sorte de rupture au début de l’adolescence. Il me disait que la violence était arrivée à Cacao. Et pour cause, le rectorat menaçant d’y fermer des classes, ce collège avait du se résoudre à accueillir certains élèves à lourd passif, exclus d’établissements du littoral. Ses crayons et son matériel disparaissaient régulièrement de sa trousse. J’ai vu aussi qu’il ne savait pas planifier ses révisions de Brevet en 3ème. Un brevet qu’il a obtenu. C’est aussi le moment où il a donc commencé l’athlétisme, un sport très exigeant. Son premier trimestre en seconde était bon, puis, quand la saison de compétition d’athlétisme a débuté, il faisait des siestes de 2 à 3 heures. Idem l’année de 1ère où, après un premier trimestre convenable, il était  trop fatigué pour répondre aux exigences du Bac Français. Mais toujours pas de signalement en milieu scolaire. De plus, alors qu’il était au lycée, sa progression en athlétisme se poursuivait. Il était passé en 1mn 59 sur 800 m  et à 52s sur 400 en dépit de problème de coordination des bras. Il s’était même qualifié aux Carifta Games. Il n’y avait eu que 4 jeunes athlètes guyanais ayant réalisé les minimas pour y être dont lui. Au retour des Carifta Games, où il avait passé 8 jours avec la sélection Guyane en avril 2015 son entraîneur m’a dit. « Ton fils est adorable mais il a besoin d’aide. Jusque là je pensais que ce n’était que de l’étourderie… ». L’été 2015 pour en avoir le coeur net, ai contacté le CRA (Centre de ressource de l’autisme) à Lille dans le Nord-Pas de Calais, région dont je suis originaire. Un psychologue de ce CRA m’a fait cette réponse affligeante, en ai conservé l’email : « Nous sommes (…) confrontés à une difficulté géographique car nous ne pouvons recevoir que les personnes résidant dans la région Nord Pas de Calais. Cela se justifie d’une part par notre liste d’attente déjà importante sur la région seule, et d’autre part par le fait que la facturation de nos actes n’est possible que pour les patients rattachés à la sécurité sociale de la région ». Ce second argument était un bobard. Lorsque je l’ai fait remarquer à ce psychologue, il m’a alors indiqué « dans tous les cas, puisqu’il a plus de 15 ans, l’attente pour votre fils sera de 2 ans ». Puis je me suis adressé à Lille au CRDTA (Centre de ressources des troubles de l’apprentissage), une entité qui n’existe pas en Guyane. On m’a demandé d’y déposer un dossier et on m’a dit qu’on le regarderait avec bienveillance puisque nous devions repartir en Guyane. Au bout d’un mois ne voyant rien venir, j’y suis retourné : et là, une secrétaire m’a sorti :  » Ah bon, on ne vous a rien dit ? Comme votre fils a plus de 15 ans, il ne ressort plus d’un CRDTA ». Alors que j’avais donné son âge dès le départ. Enfin, dans le Nord, cet été-là, le médecin qui l’a connu enfant, ne voulait pas croire aux TSA mais voyait qu’il y avait quelque chose. Il a donc suivi la procédure pour écarter une éventuelle maladie organique évolutive comme une tumeur au cerveau. Il a fallu faire un scanner cérébral, une IRM cérébrale etc. Résultats normaux. Il a fallu aussi voir un neurologue. Yehudi en a raté la rentrée. Je passe sur la pédagogie de ce neurologue expérimenté revenu de tout qui a enregistré dans son dictaphone ses hypothèses les plus apocalyptiques devant mon fils qui en pleurait en silence dans la voiture après la consultation. J’ai sollicité, parallèlement, le Centre de ressource de l’autisme (CRA) de Guyane qui dépend de l’hôpital de Cayenne en vue de notre retour. Fin 2015, après une relance, le médecin du CRA m’a reçu mais il n’a jamais reçu mon fils et n’a donc pas daigner l’observer une seconde à ce jour. J’ai du me débrouiller pour le faire évaluer en libéral par un psychiatre formé à l’autisme. Il a conclu aux troubles du spectre de l’autisme (TSA) fin décembre 2015. Son diagnostic a été confirmé par une psychiatre qui a observé mon fils en unité en France presque 20 jours en 2016. Dès que le diagnostic a été rendu en décembre 2015, j’ai pris contact par e-mail avec l’inspecteur du rectorat de la Guyane en charge de ce type de singularité. Il m’a principalement suggéré d’aller « prospecter en France » car selon lui, sur le plan scolaire « rien n’est parfaitement adapté pour votre fils en Guyane ». Cette posture est inacceptable. La France venait alors d’être condamnée en juiillet 2015 pour ne pas prendre en charge les personnes autistes et pour les exiler en Belgique. Je pense que ça pourrait faire jurisprudence pour une personne guyanaise que l’on somme de s’exiler à 8 000 km. J’ai relancé depuis cet inspecteur du rectorat. Il n’a plus jamais répondu.

Quelles sont les caractéristiques d’une personne souffrant de troubles du spectre autistique (TSA) ?

Si on parle aujourd’hui de spectre de l’autisme, c’est que le spectre justement peut-être large et diversifié. Il y a tout de même des caractéristiques. Concernant mon fils, très jeune, il ne répondait pas toujours immédiatement à l’appel de son prénom s’il avait le dos tourné. Il avait ses quelques activités rituelles. Il prenait rarement l’initiative d’une conversation. Quand il était chez ses grands parents en France, il n’éprouvait jamais le besoin de m’appeler. Idem quand il est en Guyane, il n’éprouvera pas le besoin d’appeler ses grands-parents. Au lycée, à un moment donné, je lui disais, quand tu sors, tu m’appelles. Il m’appelait et raccrochait.

L’abstraction est difficile pour lui, c’est une autre caractéristique. Lors de son premier stage au sein du pôle espoirs de la fédération française du sport adapté qu’il avait intégré après son diagnostic, au cours d’une réunion, un cadre de la fédé a dit aux stagiaires :  » il faut que vous ayez un projet sportif « . Ca l’avait perturbé : « c’est quoi leur bèt (créole guyanais), leur projet ? » m’avait-il ensuite demandé.

Les signes sont devenus plus apparents depuis que le diagnostic a été rendu comme si Yehudi avait tout fait pendant trop longtemps pour être comme les autres. Son orthophoniste (vue seulement depuis fin 2016) me disait récemment,  » pourquoi, cela n’a-t-il pas été signalé avant car c’est flagrant, les écholalies par exemple ». Tout simplement parce ce n’était pas apparent, lui ai-je répondu. La femme d’un ami, assistante sociale, m’a néanmoins postérieurement appris avoir eu des doutes car elle avait remarqué que mon fils mangeait comme s’il n’avait pas la sensation de satiété. Ou encore un jour, il s’était baigné dans la piscine avec ses deux enfants. Et à la sortie, il avait enfilé les habits d’un de ses enfants âgé de 5 ans de moins que lui. Elle m’a dit plus tard : « c’était délicat de t’en parler ».

Quelles sont les actions que vous souhaitez engager ?

Parfois je me demande si je ne devrais pas commettre un délit pénal pour être hors service et pour obliger ces autorités qui adoptent des comportements de monstres froids à prendre le problème à bras le corps et à trouver une structure de prise en charge pour épauler et resocialiser mon fils.

Pour rester dans le domaine du droit, je me demande si un référé-liberté au tribunal administratif doit être tenté.

L’autisme étant une priorité de santé publique, deux libertés fondamentales me semblent bafouées : le droit à la continuité scolaire, le droit urgent à bénéficier d’une prise en charge par une structure. C’est ce que stipule un praticien dans un courrier sinon la santé va se dégrader selon lui

Suite à mon point presse devant l’ARS mardi, un avocat du barreau de la Guyane m’a appelé. Lui estime que l’attitude du rectorat voire des autorités pourrait être qualifiée de « discrimination par rapport au handicap », un fait grave. Il pense plutôt à un référé-injonction

J’ai lancé mercredi un dernier appel au bon sens à l’adresse autorités sanitaires par courrier. Car le mot « autisme » peut faire peur et vous enfermer dans un carcan.

Il ne me semble pas impérieux pour Yehudi que la structure soit ultra-perfectionnée et forcément uniquement dédiée à l’autisme puisque son parcours de vie (scolarisation, sport : football et athlétisme) l’a longtemps vu vivre avec des personnes diverses.

Donc une structure qui pourrait, ponctuellement dans la semaine -et de jour voire plusieurs demi-journées- l’accueillir cela existe en Guyane. Son intégration est juste une question de bonne ou de mauvaise volonté.

Je pense qu’il s’agit de bien comprendre qu’un accueil de la part d’une structure même adaptée à son cas théoriquement à 70% serait, en tous les cas, une solution mieux adaptée que l’absence actuelle d’accès à la moindre structure resocialisante.

Quelle est le procédure pour que votre fils ait de meilleurs soins et suivis ?

La procédure en vigueur a été suivie. Dès que mon fils a eu son diagnostic de TSA en décembre 2015, je suis allé à la MDPH (Maison des personnes handicapées) pour remplir un dossier. J’y avais été très bien reçu par deux personnes de cette structure qui m’ont en revanche mal orienté pour la rédaction du projet de vie, pan incontournable du dossier. On m’y avançait alors qu’il s’agissait d’un projet professionnel ou d’un projet scolaire. Or ce n’est pas ça. Là encore, j’ai du finir par consulte, un directeur de Sessad dans l’Hexagone, l’été dernier, qui m’a aidé à rédiger un projet de vie. En fait, ce sont les besoins d’accompagnement financiers et structurels. J’ai déposé le dossier mieux finalisé et enregistré complet à la rentrée de septembre. La MDPH a théoriquement 4 mois pour statuer. Après bien des courriers de ma part, j’ai eu une réunion avec la responsable du pôle pluridisciplinaire de la MDPH le 27 avril dernier. La MDPH a finalement inscrit Yehudi à la commission censée statuer le 24 mai. Je n’ai pas encore le résultat de la notification. Je veux une notifcation concrète. Une affectation pour mon fils. Si je ne suis pas d’accord, nous aurons un mois pour contester et ce sera encore du temps perdu. Je ne veux pas croire à ce scénario catastrophe.

En ce moment, ce qui m’inquiète c’est de constater la tendance qu’ont les psychiatres en France à surmédicaliser et à assomer pour que l’entourage soit tranquille. J’ai vu ce qu’on donne à mon fils, c’est sûr ce n’est pas dans la liste des produits dopants. Je l’ai vérifié avec le moteur de recherche de l’AFLD (Agence Française de lutte contre le dopage). C’est tout le contraire, ça assome et ça affaiblit le tonus musculaire.

Là, au bout deux jours au pôle psychiatrique, une psychiatre qui l’a vu pour la première fois de sa vie, sans avoir eu accès à son parcours médical, a décidé de modifier son traitement. On est mis devant le fait accompli. Je me méfie des apprenti-sorciers.

Surtout qu’en matière d’autisme, un consensus scientifique international a conclu à la prédominance du facteur neurologique.

Je persiste à penser qu’une resocialisation c’est mieux que des médicaments

Quelles ont été les réponses données ?

J’ai fait confiance à l’association Atipa Autisme qui m’avait fait miroiter un projet d’accompagnement deux ou trois demi-journées par semaine en Guyane en lien avec une psychologue travaillant avec des autistes et exerçant  de l’Hexagone, dans l’hypothèse où Yehudi ferait des aller-retour au pôle espoirs de Reims pour des stages, ce qu’il n’a pu faire ces derniers mois (blessé à la cheville). Malheureusement, cet accompagnement censé être mis en oeuvre par l’association n’a jamais vu le jour

Le rectorat de Guyane, indifférent à mes sollicitations depuis de longs mois aurait le devoir de mettre en oeuvre de petites structures, des cours avec de petits effectifs, mieux adaptés

De son côté, fin 2016, l’ARS, à l’instar du rectorat un an auparavant, m’a suggéré de « prospecter en métropole » sachant que je ne peux prospecter nulle part tant que le sésame de la MDPH n’a pas été notifié. C’est un système d’entonnoir bête et bloquant. Pour faire une analogie, je me souviens d’un reportage d’investigation que j’avais fait en 2011 sur le projet agricole de Wayabo. C’est un projet dans lequel il était évidemment prévu l’électrification du secteur. Un ingénieur qui avait travaillé sur le projet à la Daf (Direction de l’Agriculture et de la forêt) me l’avait confirmé. Problème, au moment de le mettre en oeuvre, au ministère de l’agriculture, la ligne budgétaire de l’électrification était passée à la trappe. En toute mauvaise foi, l’administration n’a jamais voulu le reconnaître. Or, des citoyens avaient bâti leur projet en tenant compte de cette électrification promise. Un agriculteur s’est retrouvé à devoir adapter son système de poules pondeuses avec un groupe électrogène. Un ingénieur hongrois était venu avec sa famille pour un projet de tomates sous serre. Il m’a dit :  » j’ai connu la bureaucratie de l’Union soviétique (…) en Guyane face à cette bureaucratie on a envie de sortir les couteaux ». Pour l’autisme, c’est un peu ça. Ce qui est exaspérant, c’est cette capacité qu’ont les gens détenteurs de leviers à faire semblant de faire. Ce jeudi en fin de journée à l’Eldorado à Cayenne est prévue une conférence ou une projection sur « la sexualité des personnes autistes ». Les 18 et 19 juin est prévu un… colloque sur l’autisme. Ce ne sont pas les priorités. C’est de l’affichage, de la poudre aux yeux, un écran de fumée. Il va falloir trouver un moyen d’empêcher tous ces gens de dormir et les convaincre de ne plus faire semblant.

3 juin 2017

Des patous des Pyrénées viennent en aide à deux frères handicapés

Publié le 02/06/2017 à 14:58, Mis à jour le 02/06/2017 à 17:27

 

C’est par un pur hasard que Tomy et Beille, deux patous des Pyrénées, qui vivent en Ariège avec leur maître Nicolas, ont rencontré Mathis et Mathéo, deux enfants béarnais handicapés.

Rien ne les prédestinaient à se rencontrer. D’un côté, il y a Nicolas Colombiès, boulanger de profession, amoureux des montagnes des Pyrénées et propriétaire de deux chiens de cette race. De l’autre, il y a la famille Cauber, et leurs deux enfants handicapés, Mathis et Mathéo. Mathis, 12 ans, est diagnostiqué TDAH (trouble déficit de l’attention/hyperactivité) et Mathéo, 11 ans, est autiste non verbal. Les premiers vivent à Mazères, en Ariège, les seconds près de Pau, dans le Béarn. Nicolas partage sa passion sur Facebook et poste de nombreuses photos et vidéos des balades qu’il fait avec ses fidèles compagnons. C’est de cette manière que Christelle, la maman des deux jeunes garçons découvre Tomy, Beille et leur maître.

L’histoire débute ainsi, il y a deux ans. Christelle prend alors l’habitude de montrer la page Facebook des deux compères à ses enfants, qui s’intéressent très vite à leurs tribulations. Face à cet intérêt inattendu, Christelle contacte Nicolas pour organiser une rencontre. Nicolas accepte immédiatement et une balade est planifiée au lac des Gaves, à Argelès.

« Pour le plus grand, quand il a vu les chiens pour de vrai, c’était comme un rêve » explique Christelle. « Pour le plus petit, il a eu besoin d’un peu plus de temps. Il a eu un peu peur, je crois, car les patous sont vraiment imposants », se rappelle la maman. « Mais peu à peu, il s’est habitué, et maintenant il est vraiment très proche de Beille ». Et Nicolas d’ajouter : « le contact avec les chiens a vraiment permis aux enfants de s’apaiser ».

Une rencontre qui a changé leurs vies

Mathéo, qui ne parle pas et communique avec ses parents à l’aide d’images, « essaye vraiment de communiquer depuis qu’il a rencontré Tomy et Beille », explique Nicolas. « Beille c’est même le seul mot qu’il réussit à dire », remarque-t-il. Le contact des chiens avec les enfants a un effet bénéfique sur le comportement des deux enfants, « qui sont plus calmes et stimulés », détaille Nicolas. Un avis partagé par Christelle.

« Cette rencontre a vraiment changé notre vie », se félicite la famille Caubet. Nicolas, quant à lui, avoue aussi avoir « trouvé de nouveaux amis ». « Nous avons créé des liens et je me suis très attaché à eux, souligne-t-il. Les chiens eux-mêmes se sont pris d’affection pour les deux petits, avec qui ils se montrent très protecteurs.  Par exemple quand nous croisons des randonneurs, ils se mettent toujours devant les enfants, comme pour les protéger ».

Depuis, cette première rencontre, Nicolas et Christelle organisent des balades et des vacances régulièrement. Tantôt chez l’un, tantôt chez les autres. Nicolas, a vraiment pris à cœur d’aider cette famille, et a même pris l’initiative de mener plusieurs opérations afin d’accentuer son soutien.

 


Un soutien financier

Nicolas a souhaité poursuivre son aide et apportant un soutien financier à la famille Caubet. Pour ce faire, le boulanger a mis en place une cagnotte sur un site participatif. Près de 500 euros ont ainsi été récoltés. De même, il a fait éditer des cartes postales de ses chiens, dont le montant de la vente sera intégralement reversé sur la cagnotte. 

Tomy, Beille et Nicolas assisteront dimanche 4 juin à la Fête de la montagne, à Saint-Béat (31). Ils tiendront dans ce cadre un stand, où seront bien sûr à disposition les cartes postales des deux compères. L’occasion aussi pour les amoureux de ces chiens-là de prendre des photos avec eux !

Plus d’informations sur la page Facebook des patous ou sur le site de crowdfunding.

EMILIE LAURIA

3 juin 2017

Handicap. "Un moment fort" : la visite d'Emmanuel Macron au petit Pablo à Vannes

Ce jeudi matin, après avoir passé la nuit à la préfecture du Morbihan à Vannes, Emmanuel Macron s’est rendu au domicile d’un enfant handicapé pour un tête à tête, à l’abri des regards.

Ce jeudi matin, après avoir passé la nuit à la préfecture du Morbihan à Vannes, Emmanuel Macron s’est rendu au domicile d’un enfant handicapé pour un tête à tête, à l’abri des regards. | Cabioch Lione

Lionel Cabioch

Ce jeudi matin, après avoir passé la nuit à la préfecture du Morbihan à Vannes, Emmanuel Macron s’est rendu au domicile d’un enfant handicapé pour un tête à tête, à l’abri des regards.

Le président de la République a tenu sa promesse. Mercredi soir, en arrivant au dîner républicain organisé à la préfecture de Vannes, Emmanuel Macron a croisé par hasard lors d’un bain de foule le père de Pablo, 7 ans et demi, atteint du Syndrome du X fragile, à l’origine de retards intellectuels et physiques.


« Demain, j’irai vous voir chez vous », lui a alors promis spontanément le président. C’est ce qu’il a fait jeudi matin, avant de prendre la direction de Lorient, pour visiter le port de pêche.

"Un tête à tête sincère, fort et simple"

« C’est Pablo qui lui a ouvert la porte, les médias sont restés dehors et la garde rapprochée du président Macron sur le palier, témoigne Emmanuel Paugam, le papa de l’enfant. C’était un entretien en tête à tête. Ça a été un moment sincère, fort et simple au cours duquel Pablo lui a parlé directement. On a pu lui raconter notre histoire et exposer nos difficultés. »

Quinze minutes ont suffi au président, « visiblement très au fait de la problématique du handicap », pour s’imprégner du quotidien de la famille.

Une visibilité à six mois de l'avenir de Pablo

« On a une visibilité à six mois seulement de l’avenir de notre fils, déplore le père. Pour l’instant, il est scolarisé en Ulis, à l’école Saint-Guen à Vannes. Tous les ans, pour bénéficier du suivi scolaire, on doit justifier de sa production, de ses progrès. A chaque fois, c’est l’angoisse. Des murs, on s’en prend tous les jours ou presque. Pas plus tard que ce matin ! On vient d’apprendre que l’assistante de vie scolaire de Pablo ne sera pas la même l’an prochain car son contrat de deux ans arrive à échéance. Or notre enfant a besoin de repères stables. »

L'inclusion, un véritable combat !

Les parents ont fait de l’inclusion de leur fils un véritable combat. « Pablo est inscrit au Rugby-Club de Vannes. Avant, il n’était pas capable de courir. Désormais, il parcourt le terrain dans tous les sens. On a aussi la chance qu’il soit accepté en centre de loisirs, ce qui n’est pas le cas dans beaucoup de villes. »

La ministre en charge du handicap reprendra contact

Et pourtant, ça n’a pas été toujours simple. « Le pédopsychiatre voulait mettre Pablo en hôpital de jour. Ça revenait à faire le deuil de notre enfant. On a refusé et préféré suivre les conseils d’un généticien. Aujourd’hui, en France, l’approche psychanalytique est remboursée (alors qu’elle est interdite partout ailleurs aux moins de 12 ans) mais pas la méthode comportementale, pourtant efficace, qui se base sur la psychomotricité. »

Le président Macron a écouté Pablo et ses parents. « Il s’est engagé à ce que la ministre en charge du handicap reprenne contact avec nous. » Le couple entend saisir ce coup de projecteur inespéré pour faire avancer la cause des enfants handicapés.

3 juin 2017

Enfant retirée à sa mère à Montpellier : ce singulier placement dénoncé par l'avocat

Enfant retirée à sa mère à Montpellier : ce singulier placement dénoncé par l'avocat
“La fillette est heureuse avec sa mère”, plaide l’avocat.
J.-M. M.

Des professionnels, médecin-traitant, psychomotricienne, directrice d'école, attestent pourtant de l'absence de maltraitance.

"C'est une décision surréaliste !”, s'indigne maître Marc Gallix. Qui, la semaine dernière, a appris la décision de placement prise par une juge des enfants de la fillette, âgée de 7 ans, de l'une de ses clientes. Une enfant faisant l'objet d'une mesure d'assistance éducative (elle souffre de dysphasie, soit d'un trouble du langage).

La justice et l'aide sociale nourrissant à l'endroit de sa mère des manquements liés à cette mesure d'assistance. Il s'agirait de non-paiement de séances à l'orthophoniste et à la psychomotricienne suivant l'enfant.

Des documents à décharge “écartés par la juge”

Reste que cette décision-là laisse le pénaliste interdit. Et ce dernier de raconter : “Le 9 mai, la juge des enfants chargée du dossier avait ordonné une mesure d'investigation éducative vis-à-vis des déclarations faites, sur l'audience, par la mère. Et dont les résultats d'enquête devaient lui être communiqués d'ici au 9 novembre prochain. Sur le placement même, un sursis à statuer avait été prononcé et la magistrate avait convoqué les parties pour une nouvelle audience, fixée au 19 mai.”

Mais le 19 mai, l'Aide sociale à l'enfance (Ase) rend un rapport défavorable et préconise un placement de la fillette. Et ce, malgré les pièces apportées par le conseil de cette mère de famille. Soit des copies des formules de chèques adressés aux différents spécialistes, des attestations du médecin traitant de l'enfant, de la directrice de l'école où elle est scolarisée.

Des documents “écartés d'un revers de la main par la magistrate, qui a dit à ma cliente qu'elle avait menti”, poursuit Me Gallix. Le placement étant alors acté. Et confirmé par une décision reçue par l'auxiliaire, le 29 mai. Et dont l'avocat a fait appel dans la foulée (celui-ci sera examiné par les conseillers de la cour le... 6 octobre prochain).

“Aucun signe de mauvais traitement”

“La magistrate a confié l'enfant à l'Ase pour six mois et a accordé un droit de visite, une fois par semaine, à la mère dans un lieu indéterminé. C'est une décision de folie ! L'exécution de cette décision va créer un choc violent qui, pour l'enfant, sera irrécupérable ! Il n'y a aucun signe de maltraitance physique ou de mauvais traitement. La fillette est heureuse avec sa mère, à l'école... La maman a peut-être besoin d'un suivi socio-éducatif mais entre ça et un placement... !”, enchaîne, dépité, Marc Gallix.

Il ajoute : “C'est une enfant que l'on arrache à sa mère et il va en découler un grave traumatisme qui risque de durer toute la vie. C'est extrêmement violent. Cette décision, si elle est exécutée, aura de graves conséquences sur l'enfant et sur sa mère.”

Jeudi et selon nos informations, la fillette n'avait toujours pas été récupérée par l'Ase. Me Gallix n'ayant plus aucune nouvelle de sa cliente depuis mardi soir. Mais, toujours selon nos informations, on sait que la procédure de placement a été initiée et des recherches lancées.

► Jeudi 1er juin, nous avons contacté le Département, dont l'Ase est une émanation, pour recueillir l'avis de ces professionnels. Sans obtenir de réponse.

 

"Ce sera un drame"

"Ce placement, c’est idiot ! Je pense que c’est un règlement de compte plus qu’autre chose. Cette petite est très légèrement perturbée. Je la suis depuis trois, quatre ans. Mais en aucun cas elle est maltraitée ! Je crois que toute cette affaire est partie d’une mésentente avec les gens de l’Ase. Si on la retire à sa maman, ce sera un drame", estime le docteur Jean-Noël Roy, le médecin traitant de la famille.

"Un placement, cela me semble un peu... Je ne suis pas sûre que cela soit très adapté. Mais cette maman a besoin d’aide", estime, de son côté, la psychomotricienne qui suit la fillette. "Ce que nous avons observé, c’est que cette petite s’est bien intégrée. Elle travaille, est volontaire, heureuse. Je ne suis pas habitué à porter un regard sur d’éventuels manquements. Mais l’école n’est pas le lieu où appliquer une décision de justice mais de transmission des savoirs. Pas un endroit où s’appliquent des décisions dont nous ne sommes même pas informés. Cela peut traumatiser l’enfant, ses camarades et les enseignants", estime la directrice de l’école internationale Antonia, où est scolarisée la petite.

2 juin 2017

Patrick Cohen et son épouse Alexandra, couple soudé face à Tonya Kinzinger


Exclusif - Patrick Cohen et sa femme Alexan­dra - Dîner de gala caritatif pour l'association Autistes Sans Frontières à l'hôtel Marcel Dassault à Paris, France, le 1er juin 2017. © Rachid Bellak/Bestimage
Réunis pour la bonne cause.

Jeudi 1er juin à Paris, l'association Autistes sans Frontières organisait un important dîner de gala à l'hôtel Marcel Dassault. Donné pour la cinquième année consécutive, l'événement caritatif a pour mission de récolter des fonds afin de favoriser la scolarisation d'enfants atteints d'un trouble du spectre de l'autisme.

Plusieurs personnalités avaient donc répondu à l'invitation de la présidente de la fondation, Estelle Malherbe. Depuis des années, Autistes sans Frontières oeuvre pour la promotion de la scolarisation en milieu ordinaire des enfants autistes, mais a également pour mission de financer des dispositifs d'accompagnements spécialisés, de mobiliser les pouvoirs publics, de sensibiliser et d'informer l'opinion publique.

Repéré par les photographes, l'animateur Patrick Cohen a pris la pose au côté de son épouse, la journaliste Alexandra Cooren. Souriant et complice, le discret couple parent de trois enfants était assorti de la tête au pied pour se plier au traditionnel photocall. Sur place, Tonya Kinzinger a également pris la pose devant les caméras. Vêtue d'une robe bustier, l'actrice de 48 ans (qui a déjà participé aux deux précédentes éditions du gala, en 2015 et 2016) était absolument ravissante.

Roselyne Bachelot a quant à elle été vue en train de prendre la pose au côté du chef Alain Passard. Élu meilleur chef au monde en novembre 2016, ce dernier a généreusement orchestré le menu de la soirée. Enfin, le sportif Jean-Marc Mormeck et Harry Roselmack (qui a également pris l'habitude de soutenir le réseau Autistes sans Frontières) étaient également présents.

Le 02 Juin 2017 - 11h38
2 juin 2017

Autisme et handicap : démarche et droits

logo canal autisme

article publié sur Canal Autisme

L'objectif de cette formation : permettre aux familles de mieux comprendre le fonctionnement des institutions (MDPH, système scolaire) de connaître leurs droits et les faire respecter. Cette formation s'articule en 4 parties et dure environ 3 heures :

1. La MDPH
2. Autres aides financières et mesures de protection
3. La scolarité
4. Les prises en charge

     
Odile DE VISMES
Présidente de l’association TouPI (Tous Pour l’Inclusion) depuis juin 2013 : association de familles d’enfants ayant un handicap cognitif (autisme, handicap mental, troubles des apprentissages, TDAH, etc). Elle accompagne des familles dans leurs démarches (dossier MDPH, démarches scolaires, etc) et dans leurs recours. Ancienne administratrice de la FCPE 75, elle a été membre de la CDAPH de la MDPH 75 pendant deux ans, ainsi que de la CDOEA de l'académie de Paris.
Le site de l'Association TouPI : http://toupi.fr
   
  • Pré-requis
Aucune connaissance spécifique n'est nécessaire pour suivre cette formation. Elle s'adresse principalement aux familles.

  • Plusieurs thématiques seront abordées pendant cette formation
- La MDPH
- Pourquoi la MDPH ?
- Processus
- Dossier enfant
- Passage à l’âge adulte
- L’organisation académique
- Les types de scolarité
- Les AVS
- ESS et équipe éducative
- Maintiens
- 1er degré : périscolaire, extrascolaire
- 2nd degré : examens, orientation
- Transports
- Aides et recours
- Les prises en charge
- Prise en charge institutionnelle
- Prise en charge en libéral
- Double prise en charge
- Transport


  • Les outils & moyens pédagogiques
Une formation 100% en ligne disponible 24h/24, 7j/7, composée de modules vidéo courts avec :
- un support de formation à télécharger
- des échanges avec les membres de la communauté Canal Autisme sur la Page Facebook

  • Durée
Cette formation dure environ 3 heures


1 juin 2017

Vannes. Au réveil, le Président Macron s’invite chez un article publié dans Ouest France

article publié dans Ouest France

Ce jeudi matin, après avoir passé la nuit à la préfecture du Morbihan à Vannes, le président Macron s'est rendu au domicile de Pablo, un enfant handicapé.

Ce jeudi matin, après avoir passé la nuit à la préfecture du Morbihan à Vannes, le président Macron s'est rendu au domicile de Pablo, un enfant handicapé. | Maël FABRE

Maël FABRE

Ce jeudi matin, après avoir passé la nuit à la préfecture du Morbihan à Vannes, le président Macron s’est rendu au domicile de Pablo, un enfant handicapé.

Hier soir, à son arrivée à la préfecture, Emmanuel Macron s’est entretenu quelques minutes avec le papa de Pablo, jeune enfant handicapé.

Emmanuel Macron a écouté et tranché en quelques secondes. « J’irai vous voir » a-t-il annoncé tout de go. Et a adressé d’un de ses collaborateurs : « Vous prenez les coordonnées. Ce monsieur habite juste à côté de la préfecture je veux le voir demain avant de partir. »

Très ému, le père a souligné : « C’est peut-être un changement dont le handicap a besoin en France. C’est un concours de circonstances, je suis sorti de chez moi au bon moment, j’habite à 20 m. Maintenant, si le sujet intéresse le Président, ce dossier est important pour mon enfant, pour la France, pour la société. »

Le Président Macron a tenu sa promesse puisqu’il s’est rendu, peu après 8 h 30, au domicile de Pablo. Il a emprunté une grille dérobée sur le côté de la préfecture pour s’y rendre à pied. Après 10 minutes d’entretien, le président est ressorti et est allé saluer les badauds massés sur le trottoir d’en face avant de remonter dans sa voiture direction Lorient, son port de pêche, ses commandos et ses sauveteurs de la SNSM.

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