Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

"Au bonheur d'Elise"

20 décembre 2016

Personnes handicapées => Les comportements-problèmes. Recommandations des bonnes pratiques professionnelles

Capture d'écran 2016-12-20 09

 

Publicité
Publicité
20 décembre 2016

ANESM - Les comportements-problèmes au sein des établissements accueillant des enfants et adultes handicapés

logo ANESM

 

 

 

Anesm - Les " comportements-problèmes " au sein des établissements et services accueillant des enfants et adultes handicapés: Prévention et Réponses

Contexte, enjeux et objectifs des recommandations De par leur enjeu majeur, assurer un parcours de vie de qualité en misant sur la continuité des (...)..

http://www.anesm.sante.gouv.fr

 

19 décembre 2016

La monstrueuse erreur de Ari Ne'eman

19 déc. 2016
Par Etienne BixelleBlog : Le blog de Etienne Bixelle

Ari Ne'eman, ancien bénéficiaire de l'ABA ( Analytic Behaviour Analysis) , président de l'association Autistic Self Advocacy Network prétendrais que les parents d'autistes qui appliqueraient cette approche, chercherait à rendre leur enfant comme un robot. Et pourtant, il se trompe sur toute la ligne...

J'ai lu et relut les termes de cette citation que cite Jean Vinçot sur son blog à Médiapart. Ainsi d'après le président de l'association Autistic Self Advocacy Network

""L'ABA a une approche prédatrice des parents," dit Ari Ne'eman, le président du Autistic Self Advocacy Network et un dirigeant important du mouvement de la neurodiversité. Le message est "si vous ne faites pas appel à un prestataire ABA, votre enfant est perdu.""

Et bien ces assertions, venant d'une association d'autistes me fait bondir. Dites jeunes gens, réalisez vous la chance que vous avez eut de bénéficier de cette prise en charge?
 

Réalisez vous que des générations d'enfants autistes avant que les parents fassent sauter le carcan psychanalytique aux états unis, étaient sous le joug d'approches rétrogrades tel que "la mère frigidaire" de Bruno Beetheleim?

Je vous parle d'outre atlantique, de France. Un pays qui se targue d'être la terre des droits de l'homme mais quand on regarde la situation des 650000 français autistes ,on peux rester pantois. Tout comme la présence de quatres condamnations succesives par la cours européenne des droits de l'homme qui n'a pas permit de mettre un coup d'arrêt aux prises en charges proposés majoritairement en France, sous l'angle psychanalytique.

Jeunes gens, veuillez bien considérez que si des familles se jettent sur l'ABA avec tant d'ardeur, c'est dans l'espoir que leur progéniture autiste, intègre un jour la société actuelle et ce malgré toutes les contradictions et les défauts qu'on peux bien lui prêter.

M'autorisez vous à parler de moi à présent?

Pour faire le plus simple possible, je suis né en 1989, dans un pays ou la psychanalyse a une hégémonie totale sur la formation des psychologues, des intervenants dans les millieux scolaires, l'ASE, les experts judiciaires en cheville avec les tribunaux. Je ne peux pas non plus m'empêcher de vous mentionner la complaisance idéologique que beaucoup de députés de gauche, ect, et de droite partagent avec ces gens, y compris des pans entiers du ministère de la santé. Le cartel de la psychanalyse gouvernait donc en maître absolue.

De 1989 à 2000, il ne fut jamais question d'autisme mais de terminologie pas tout à fait précise tel que "bizzareries de développement", "troubles de comportement et de communication," ,"dhysarmonie évolutive". Le peu de prise en charge dispensé par le CAMPS et le CMPP s'est borné d'abord à régler les séquelles de ma naissance très prématurée et ensuite quand les troubles sont devenus au grand jour à l'école maternelle, dès 4 ans et demie, le CMPP est intervenu, j'étais alors en moyenne section.

Ainsi donc, parents, grands parents, cousins, enseignants, élèves ont nagé en eaux troubles avec des hauts et des bas. Une longue série de réajustements permanents, sans jamais vouloir poser de diagnostic, pour ne pas saboter mon intégration à l'école primaire. Mon enfance et ma petite enfance en ont gardé des traces, l'insoucience je n'y avais pas droit.

De 2000 à 2008, de l'entrée au collège à l'entrée en études supérieurs, en passant par le lycée, je dirais que ce fut plus tortueux. Les exigences de réajustement permanent dont je parle c'est l'addition de la pression de l'institution scolaire, les pressions sociales exercés par la mode et les envies de consommation et ce qu'on appelle l'influence entre pairs( Tout ces petites choses qui feront que vous serez intégré ou pas et dont on ne vous dira jamais l'importance de les faire pour être intégré au collège et au lycée).

En 2009, jusqu'à récément, ma vie à litteralement changer après le diagnostic. Pour autant, l'énergie familiale sur investie a donné des résultats encourageants ( poursuite d'études possible avec réussite au brevet des collège et au baccalauréat obtenu avec une mention BIEN). Sans le savoir, c'est de l'ABA qui fut fait. Je ne suis pas devenu un robot, on va dire que je me sens davantage inclus au sein d'une société qui ne m'a fait aucun cadeau.

Vous ne devriez pas en vouloir aux parents, d'après moi, mais plutôt vous interrogé sur ce qui fait fonctionner votre société aux états unis qui reste en comparaison à la France, beaucoup plus tolérante à l'autisme.


En attendant, plus une prise en charge précoce adaptée à l'enfant autiste sera mise en place, plus tôt et mieux il pourra se fondre avec les autres et ne sera pas toujours en perpetuelle conflit avec eux,. Etre contre les autres perpetuellement ou être avec les autres en s'assumant comme personne différente, voilà une problématique qui serait selon moi à valoriser.

Le métier de parent est le plus difficile du monde, et plus encore être parent d'un enfant différent de la majorité des membres d'une société donnée.

Etienne Bixelle.

18 décembre 2016

Enfants autistes : bienvenue à l'école ! 26 janvier 2017 19h30 Espace Michel-Simon à Noisy-le-Grand - Un film de Sophie Robert

affiche film inclusion scolaire espace Michel Simon Noisy Sophie Rober-page-001

18 décembre 2016

Autismes et Psychanalyse III

article publié sur le site de la CIPPA

=> En vous invitant à relire l'avis 102 du CCNE qui ne vise pas exactement à soutenir la thèse évoquée dans l'article.

Jean-Jacques Dupuis

Congrès organisé par la CIPPA avec le partenariat de l’Université Paris Diderot

Espace Reuilly, 21 rue Hénard, 75012 Paris
2 et 3 mars 2017 de 9 h à 18 h

Autisme(s) et Psychanalyse(s) III
Construction et partage du monde interne

Intervenants (sous réserve)

Marie ALLIONE, Pascale AMBROISE, Marie-Dominique AMY, François ANSERMET, Mireille BATTUT, Gabriel BERNOT, Anne BRUN, Yves BURNOD, Géraldine CERF de DUDZEELE, Claire FAVROT, Christine GINTZ, Bernard GOLSE, Geneviève HAAG, Marie-Christine LAZNIK, Chantal LHEUREUX-DAVDISE, Dominique MAZEAS, Valérie MONTREYNAUD, Lisa OUSS, Anne-Sylvie PELLOUX, Pierrette POYET, Geneviève SCHNEIDER, Maria SQUILLANTE, Hélène SUAREZ-LABAT.

L’autisme infantile et les fonctionnements pathologiques qui s'y rattachent, nous confrontent à trois grandes questions : la question du pourquoi, la question du comment et celle enfin du vécu des sujets concernés.
La question étiologique demeure aujourd'hui encore sans réponse univoque et la psychanalyse n'a ni l'ambition ni la prétention de vouloir la résoudre en tant que telle. La question des mécanismes qui président à la mise en place d'un fonctionnement autistique est extrêmement complexe, et la psychanalyse contribue efficacement à cette réflexion en montrant comment les mécanismes de défense mis en place à l’encontre des angoisses archaïques peuvent venir entraver le développement cognitif et affectif des enfants autistes.

Ce troisième congrès a choisi de se centrer sur la troisième question, à savoir celle du vécu des patients autistes, soit de leur monde interne.
Dès 2007, l’avis n°102 du Comité Consultatif National d'Ethique (CCNE) - alors présidé par Jean-Claude AMEISEN - soulignait que l'approfondissement de l’étude du monde interne des personnes autistes était désormais une priorité scientifique du fait des enjeux thérapeutiques qui en dépendent.
Pouvoir comprendre et partager quelque chose de la vision cognitive, émotionnelle, fantasmatique ou artistique qu'un patient autiste se fait du monde qui l’environne, qu'il s'agisse d’un bébé, d’un enfant, d’un adolescent ou d’un adulte, est en soi une aide apportée au processus d’accès à l’intersubjectivité si ce partage est vécu comme non dangereux et comme non menaçant.
C’est de ce pari d’un possible partage que ce 3ème congrès de la CIPPA a voulu témoigner en se proposant d’articuler des paroles de parents et des propos de professionnels ainsi que des témoignages de personnes autistes.

Inscriptions et tarifs: Clotûre des inscriptions le 15 février 2017

Mots-clés : autisme, psychanalyse.
Publicité
Publicité
18 décembre 2016

La polémique au sujet de la thérapie de l'autisme la plus répandue

17 déc. 2016
Par Jean Vinçot
Blog : Le blog de Jean Vinçot


L'analyse comportementale appliquée est le traitement de l'autisme le plus largement diffusé, mais quelques personnes affirment que ses exercices et ses programmes sont cruels, et ses objectifs malavisés.

Un article de "SpectrumNews", le meilleur site Internet d'information scientifique sur l'autisme, sur l'ABA aux USA.

Quand Norrin, le fils de Lisa Quinones-Fontanez, a été diagnostiqué autiste à l'âge de deux ans, elle et son mari ont fait ce que font la plupart des parents dans ce cas - ils se sont démenés à construire un programme pour aider leur enfant.

Finalement, ils ont suivi les conseils des experts. Ils ont placé Norrin dans une école pratiquant l'analyse comportementale appliquée, ou l'ABA, la forme de thérapie de l'autisme la plus ancienne et la plus établie. Ils ont aussi embauché un thérapeute pour mener un programme à domicile.

L'ABA nécessite jusqu'à quarante heures de soins individuels par semaine. Les thérapeutes diplômés fournissent ou supervisent le traitement, organisé selon les besoins individuels de l'enfant -  le développement de compétences sociales, par exemple, ou l'apprentissage de l'écriture, l'utilisation des toilettes. La méthode divise les comportements souhaitables en étapes et récompense l'enfant après chacune de ces étapes.

Au début, l'ABA a été difficile pour tout le monde, dit Lisa Quinones-Fontanez : "Il pleurait, assis à la table, pendant les séances, des pleurs hystériques. Je devais sortir de la salle et ouvrir le robinet pour les atténuer, parce que je ne pouvais pas l'entendre pleurer."

Mais après que son fils se soit installé dans cette routine, les choses s'améliorèrent, dit-elle. Avant de commencer les soins, Norrin ne parlait pas. Mais après quelques semaines, le thérapeute ABA parvint à faire que Norrin pointe des lettres du doigt. Finalement, il apprit à écrire des lettres, son nom et d'autres mots sur un tableau blanc. Il pouvait communiquer.

Norrin, aujourd'hui âgé de dix ans, a reçu depuis lors quinze heures par semaine de soins ABA, à la maison. Il est toujours inscrit dans une école ABA. Ses soignants l'aident à participer à des conversations adaptées à son âge et à acquérir des compétences sociales, à mémoriser son adresse et les noms et numéros de téléphone de ses parents.

"J'attribue à l'ABA le crédit de l'avoir aidé d'une façon dont je n'aurais pas été capable," dit Lisa Quinones-Fontanez. "Particulièrement pendant les premières années, je ne sais pas où nous en serions sans la thérapie ABA."

Mais ces dernières années, Lisa Quinones-Fontanez et d'autres parents comme elle ont été amenés à s'interroger, en grande partie du fait d'une communauté d'adultes autistes férocement éloquents et bruyants. Ces militants, pour nombre d'entre eux ayant bénéficié de l'ABA dans leur enfance, disent que ce traitement est néfaste. Ils soutiennent que l'ABA est basé sur un postulat cruel - tenter de rendre les enfants autistes 'normaux', un objectif formulé dans les années 60 par le psychologue Ole Ivar Lovaas, qui a développé l'ABA pour les autistes. Ce pour quoi ils militent plutôt, c'est l'acceptation de la neurodiversité - l'idée que les personnes autistes ou, disons, avec des troubles du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité, ou le syndrome de Giles de la Tourette, devraient être respectés comme étant naturellement différents, plutôt que des anormaux à corriger.

"L'ABA a une approche prédatrice des parents," dit Ari Ne'eman, le président du Autistic Self Advocacy Network et un dirigeant important du mouvement de la neurodiversité. Le message est "si vous ne faites pas appel à un prestataire ABA, votre enfant est perdu."

De plus, cette thérapie s'accapare le marché, dit Ari Ne'eman. La plupart des Etats US prennent en charge les thérapies de l'autisme, dont, souvent, l'ABA - peut-être du fait de sa déjà longue histoire. Mais en Californie, par exemple, les parents désirant suivre une autre voie doivent en assurer le financement par elles-mêmes.

Ces critiques n'ont pas convaincu Lisa Quinones-Fontanez de cesser la thérapie ABA de Norrin, mais elles l'ont troublée. Elle dit pouvoir comprendre ce que disent les militants ; elle ne veut pas que son fils devienne un 'robot', répétant uniquement sur commande des phrases acceptables socialement parce qu'elles le font ressembler à tout un chacun. Parfois, Norrin aborde des personnes sympathiques dans la rue en leur disant, "Bonjour, quel est votre nom ?", comme on le lui a appris, mais n'attend pas la réponse, parce qu'il ne comprend pas vraiment pourquoi il le dit. "Il sait juste jouer son rôle," dit-elle.

Le message que l'ABA puisse être nocif la bouleverse. "J'essaie de faire de mon mieux. Je ne ferais jamais rien qui puisse blesser mon enfant," dit-elle. "ça marche pour lui ; je l'ai vu marcher."

Que l'ABA soit une aide ou une nuisance est devenu un sujet très controversé - comme une poudrière dont bien peu de personnes n'étant pas déjà militantes acceptent de parler en public. Nombreux parmi ceux que nous avons sollicité pour la rédaction de cet article ont refusé d'être interrogés, disant qu'ils anticipent des réactions négatives, quelle que soit leur opinion. Une femme qui tient un blog avec ses deux filles autistes dit avoir dû fermer les commentaires d'un article qui critiquait leur expérience d'un programme ABA intensif à cause du volume de commentaires - la plupart rédigés par des praticiens de l'ABA défendant la thérapie. Shannon Des Roches Rosa, co-fondatrice du groupe de militants influent Thinking Person's Guide to Autism, dit que quand elle poste un article sur ce sujet sur la page Facebook du groupe, elle doit consacrer des jours entiers à la modération des commentaires.

Les opinions tranchées abondent des deux côtés de ce débat. En attendant, les parents comme Lisa Quinones-Fontanez sont entre deux feux. Personne ne doute que tout le monde veut le meilleur pour ces enfants. Mais quel est donc ce meilleur ?

Une nouvelle approche

Avant les années 60, quand l'autisme était encore très peu compris, quelques enfants autistes étaient traités par la thérapie classique de la parole. Les enfants aux symptômes les plus graves ou ayant aussi une déficience intellectuelle étaient principalement relégués dans des asiles, avec un avenir bien sombre.

Dans ce contexte, l'ABA a tout d'abord paru miraculeux. Auparavant, Lovaas s'appuyait lui aussi sur une méthode psychothérapeutique, mais constata rapidement sa futilité et l'abandonna. Ce ne fut qu'après être devenu l'élève de Sidney Bijou, un comportementalisme de l'université de Washington, à Seattle - qui avait été lui aussi un élève de B.F. Skinner, le psychologue expérimental légendaire - que les choses commencèrent à prendre forme.

Skinner utilisait des méthodes comportementales pour, par exemple, dresser des rats à pousser une barre pour libérer une ration de nourriture. Jusqu'à ce qu'ils atteignent cet objectif, chaque avancée était récompensée par un granulé. Les animaux répétaient l'exercice jusqu'à le maîtriser.

Bijou envisageait d'utiliser des techniques similaires pour les personnes, estimant que des récompenses verbales - dire "bravo", par exemple - seraient des motivations suffisantes. Mais c'est Lovaas qui appliquera cette idée.

En 1970, Lovaas fonda le Young Autism Project à l'université de Californie, Los Angeles, dans le but d'appliquer les méthodes comportementalistes à des enfants autistes. Ce projet définit les méthodes et les objectifs qui devinrent l'ABA. Un part de l'intention était de rendre les enfants aussi 'normaux' que possible, en leur apprenant des comportements comme embrasser et regarder quelqu'un dans les yeux pendant un certain moment - ce que les enfants autistes tendent à éviter, ce qui les rend visiblement différents.

Un autre intérêt de Lovaas concernait les comportements ouvertement autistes. Sa méthode réprimait - souvent rudement - l'auto-stimulation, un groupe de comportements répétitifs comme agiter les mains, que les enfants autistes utilisent pour dissiper l'énergie et apaiser l'anxiété. Les thérapeutes appliquant le programme de Lovaas frappaient, criaient, ou infligeaient même des chocs électriques à un enfant pour faire cesser un de ces comportements. Les enfants devaient répéter ces exercices jour après jour, heure après heure. Des films de ces premières séances montrent les thérapeutes tenant des morceaux de nourriture pour inciter les enfants à les regarder, et les récompensant alors avec un peu de cette nourriture.

En dépit de sa nature rigide, la méthode semblait aux parents être une meilleure alternative à l'internement que risquaient les enfants. Dans la première étude de Lovaas sur ses patients, en 1973, vingt enfants sévèrement autistes reçurent quatorze mois de thérapie dans son service. Pendant ce traitement, les comportements inappropriés des enfants décrurent, et les comportements appropriés, comme la parole, le jeu et le comportement social non-verbal, s'améliorèrent, selon le rapport de Lovaas. Quelques enfants commencèrent à socialiser et utiliser le langage spontanément. Leur quotient intellectuel (QI) s'améliora aussi pendant cette période.

Quand il revit les enfants, entre un et quatre ans plus tard, Lovaas constata que les enfants étant rentrés chez eux, où leurs parents pouvaient appliquer un certain niveau de soins, avaient de meilleurs résultats que ceux replacés dans une institution. Bien que les enfants ayant suivi de l'ABA n'étaient pas devenus indistinguables de leurs camarades, comme Lovaas en avait l'intention, ils semblaient en avoir bénéficié.

En 1987, Lovaas publia des résultats étonnamment performants de ces traitements. Son étude concernait dix-neuf enfants autistes traités par l'ABA pendant plus de quarante heures par semaine - "pendant la plupart de leur temps éveillé, pendant plusieurs années," écrivit-il - et un groupe contrôle de dix-neuf enfants autistes recevant dix heures ou moins de traitement ABA.

Neuf des enfants du groupe recevant le traitement passèrent des caps intellectuels et scolaires normaux, comme la réussite aux examens du premier degré. Huit enfants suivirent le cursus du premier degré dans des classes pour les handicapés du langage ou de l'apprentissage et obtinrent un QI moyen de 70. Deux enfants avec des QI les plaçant dans les catégories des extrêmement déficients progressèrent dans une classe supérieure, mais restèrent sévèrement handicapés. En comparaison, un seul enfant seulement du groupe de contrôle atteint un fonctionnement scolaire et intellectuel normal. Six ans plus tard, une étude de suivi  constatait très peu de différences avec ces résultats.

Les méthodes assuraient aux parents quelque chose de nouveau : l'espoir d'une vie 'normale' pour leurs enfants. Les parents commencèrent à réclamer la thérapie, et bientôt cela devint l'option par défaut pour les familles.

Une pierre de touche

L'ABA de Lovaas était basée sur des formules, une thérapie uniforme dans laquelle tous les enfants commençaient par les mêmes leçons, peu importe leur stade de développement.

Dans les années 70, Michael Powers , le directeur du Center for Children With Special Needs de Glastonbury, dans le Connecticut, commença sa carrière dans une école pour les enfants autistes dans le New Jersey. Le thérapeute s'asseyait à une table, l'enfant en face de lui. Ensemble, ils suivaient un scénario pour apprendre une compétence particulière - encore et encore, jusqu'à ce que l'enfant le maîtrise.

"Nous faisions cela parce que c'était la seule chose qui fonctionnait à l'époque," dit Powers. "Les techniques de l'enseignement donné aux enfants autistes n'étaient pas encore suffisamment développées pour se distinguer." Rétrospectivement, il voit des erreurs, comme l'exigence que les enfants maintiennent le contact visuel pendant une longue et inconfortable période de temps. "Cinq secondes. C'était une compétence que nous essayions d'établir, comme si c'était un comportement essentiel," dit-il. Mais c'était artificiel : " La dernière fois que j'ai regardé quelqu'un dans les yeux pendant cinq secondes, je faisais ma demande en mariage."

Des doutes se formèrent sur l'utilité de ces comportements dans la vie réelle - sur la possibilité pour les enfants de transférer ce qu'ils avaient appris dans un environnement naturel. Un enfant peut savoir quand regarder un thérapeute dans les yeux, assis à une table, particulièrement avec une incitation et une récompense, mais ne toujours pas savoir que faire dans une situation sociale.

Les éléments répulsifs de la formation attirèrent elles aussi les critiques. Beaucoup de gens trouvèrent l'idée de la punition des enfants pour de 'mauvais' comportements, comme d'agiter les mains ou les cris, difficiles à tolérer.

Au fil des ans, l'ABA est devenue plus qu'une pierre de touche - une méthode basée sur la décomposition d'une compétence et son renforcement par la récompense, appliquée avec plus de flexibilité. C'est un large ensemble, abritant de nombreux styles différents de thérapies.

Parmi les nombreuses versions pratiquées aujourd'hui, il y a la Pivotal Response Training, une méthode basée sur le jeu interactif qui met de côté la pratique 'un comportement à la fois' de l'ABA traditionnelle pour cibler ce que la recherche a identifié comme étant les zones 'pivot' du développement d'un enfant, comme la motivation, l'autonomie et les initiations sociales. Une autre version est la Early Start Denver Model (ESDM), une thérapie basée sur le jeu qui s'adresse aux enfants entre un et quatre ans, se déroulant dans un environnement plus naturel - un terrain de jeu, par exemple, plutôt que l'organisation habituelle du soignant face à l'enfant. Ces innovations ont en partie résulté de la tendance à un diagnostic précoce et du besoin d'une thérapie applicable aux jeunes enfants.

Chaque type d'ABA est souvent associé à d'autres traitements, comme les thérapies de la parole ou l'ergothérapie, de façon à ce que deux programmes ne puissent pas se ressembler. "C'est comme un buffet chinois," dit Fred Volkmar, professeur de psychiatrie infantile, pédiatrie et psychologie au Child Study Center de l'université de Yale et auteur principal de Evidence -Based Practices and Treatments for Children with Autism, un ouvrage que beaucoup considèrent comme la référence en matière d'ABA.

De ce fait, quand on demande si l'ABA fonctionne, de nombreux experts vous répondent : "ça dépend de l'enfant."

Aujourd'hui, Lovaas est considéré avec la même sorte d'ambivalence respectueuse que l'on accorde à Sigmund Freud. On lui attribue le mérite d'avoir modifié le paradigme, de sans espoir à traitable. "Lovaas, qu'il repose en paix, a vraiment été en première ligne ; il y a trente ans, il disait que nous pouvions traiter les enfants autistes et faire avancer les choses," dit Susan Levy, membre du Center for Autisme Research au Children's Hospital de Philadelphie. Sans son engagement, dit Levy, de nombreuses générations d'enfants autistes auraient été internés. "On doit lui faire crédit d'avoir tenté sa chance et fait avancer les choses."

L'évaluation de l'ABA

Compte tenu de la diversité des traitements, il est difficile de  réunir une base d'éléments probants concernant l'ABA. Aucune étude ne prouve que ça fonctionne. Il est difficile d'impliquer des enfants autistes dans une étude pour tester une nouvelle thérapie, et particulièrement de les inclure dans des groupes de contrôle. La plupart des parents attendent avec impatience de commencer le traitement de leurs enfants avec la thérapie standard.

Il y a un vaste corpus de recherche sur l'ABA, mais peu d'études satisfont la référence absolue de l'essai aléatoire. En fait, le premier essai aléatoire de toutes les versions de l'ABA après l'article de Lovaas en 1987 n'a été publié qu'en 2010. Il a découvert que les nourrissons ayant reçu une thérapie ESDM pendant vingt heures par semaine pendant deux ans faisaient des progrès significatifs comparés aux enfants ayant bénéficié des soins habituels disponibles dans la communauté.

Cette année, un rapport de What Works Clearinghouse du ministère de l'éducation états-unien, une source de connaissances scientifiques sur les pratiques de l'éducation, a montré que sur les cinquante-huit études consacrées au modèle ABA de Lovaas, une seulement atteint ses standards de qualité, une autre les atteignant avec des réserves.

Ces deux études ont montré que l'ABA façon Lovaas apporte de petites améliorations dans le développement cognitif, les compétences de langage et de communication, le développement social-émotionnel, les compétences comportementales et fonctionnelles. Aucune de ces études de haut niveau n'a évalué les enfants sur l'alphabétisation, les mathématiques ou le bien-être physique.

L'année suivante, la U.S. Agency for Healthcare Research and Quality a commandé une enquête rigoureuse concernant les études sur les thérapies pour les enfants autistes, avec des résultats similaires. Sur cent cinquante-neuf études, il apparut que seules treize d'entre elles étaient de bonne qualité ; pour les thérapies du groupe ABA, l'étude se concentrait sur des interventions de deux heures par semaine pendant deux ans.

L'enquête concluait que les thérapies précoces intensives de comportement et de développement, dont le modèle Lovaas et l'ESDM, sont efficaces pour améliorer la performance cognitive, les compétences de langage et le comportement adaptatif pour quelques enfants. Les résultats pour une intervention intensive ESDM pour les enfants de moins de deux ans étaient "préliminaires mais prometteurs." Il y avait peu de connaissances pour évaluer d'autres thérapies comportementales, notèrent les auteurs de l'analyse, et l'information manquait sur les facteurs qui pourraient influencer l'efficacité et si des améliorations pouvaient être adoptées en dehors du milieu de traitement.

Levy, qui participa au groupe d'experts de l'enquête, dit que bien que les preuves en faveur de l'ABA ne sont pas de la meilleure qualité, le consensus dans la profession est que les thérapies basées sur l'ABA fonctionnent.

"Il y a beaucoup de bonnes preuves cliniques de son efficacité pour l'aide aux jeunes enfants dans l'apprentissage de nouvelles compétences et de son intervention appropriée dans le traitement des comportements ou des caractéristiques pouvant perturber les progrès d'apprentissage," dit Levy. Il y a aussi d'autres types d'ABA qui peuvent être plus appropriées pour les enfants plus âgés, requérant moins de soutiens, dit-elle.

Plus généralement, le corps de recherche des trente dernières années encourage l'utilisation de l'ABA, convient Volkmar. "Cela fonctionne particulièrement bien avec les enfants les plus classiquement atteints," dit Volkmar - ceux qui ne nécessitent pas un soutien très important. Un domaine actif de la recherche est le scannage de cerveaux d'enfants pour tenter de comprendre qui réagit et pourquoi. "Probablement, en avançant dans cette direction, nous observerons des enfants dont le cerveau ne se modifie pas par le traitement. Ils vont émerger comme un groupe important," dit Volkmar. "Nous n'en savons pas suffisamment sur eux."

Pouvoir identifier ces enfants qui n'ont pas les réponses neurologiques attendues - ou pouvoir classifier ceux qui le font dans des groupes significatifs - pourrait rendre possible une thérapie réglée avec précision.

"Un jour, ce serait une bonne chose de faire correspondre l'approche basée sur le traitement à plus d'informations sur ces profils, plutôt que les soins '˜un même modèle pour tous'," dit Karen Pierce, co-directrice du Autism Center for Excellence de l'université de Californie, San Diego, qui utilise l'imagerie médicale pour étudier les personnes autistes. "Si nous sommes mieux informés, les traitements seront plus efficaces."

L'opposition

En décembre 2007, une série d'affichettes dans le style de demandes de rançon commencèrent à apparaître dans la ville de New York. On pouvait lire sur l'un d'entre eux cet extrait, « Nous retenons votre fils. Nous nous assurerons qu'il ne soit pas capable de prendre soin de lui-même ou d'interagir socialement tout au long de sa vie." C'était signé "Autisme." Cette affichette et d'autres faisaient partie d'une campagne de publicité provocante pour le Child Study Center de l'université de New York.

La campagne provoqua intentionnellement un déluge de critiques et de colère de la part de militants opposés au centre, qui proposait de l'ABA. Nombre des militants les plus vindicatifs avaient bénéficié de soins ABA, et ils rejetaient à la fois la méthode de soins et les buts poursuivis.

Ne'eman, alors étudiant, était en première ligne de l'opposition. Une critique principale de l'ABA : le recours continu à la thérapie répulsive dont la souffrance, comme les électrochocs, pour prévenir des comportements comme l'automutilation. Ne'eman cite une enquête de 2008 auprès de dirigeants et d'experts dans le domaine des '˜interventions pour un comportement positif' - des techniques d'ABA qui promeuvent les comportements attendus plutôt que de punir les comportements dérangeants. Même parmi ces experts, plus d'un quart d'entre eux considéraient les électrochocs comme une pratique acceptable, et plus d'un tiers dirent qu'ils envisageraient d'utiliser les punitions sensorielles - mauvaises odeurs, substances au mauvais goût ou des sons très forts ou violents, par exemple. Ne'eman qualifia ces chiffres de "préoccupants.

Lui et d'autres rejetaient aussi ce qu'ils disaient être l'objectif fondamental de Lovaas : rendre les enfants autistes 'normaux'. Ne'eman dit que cet objectif est toujours présent chez les thérapeutes ABA, souvent encouragés par les parents qui veulent que leurs enfants s'intègrent dans la société. Mais, "ces objectifs ne correspondent pas nécessairement aux buts que les personnes se donnent à elles-mêmes," dit-il.

La difficulté principale de l'ABA est que "l'attention est portée sur la modification de comportements pour faire paraître l'enfant autiste non-autiste, plutôt que d'essayer de déterminer pourquoi une personne présente un certain comportement," dit Reid, un jeune homme autiste qui bénéficia des soins entre l'âge de deux à cinq ans. (Du fait de la nature controversée de l'ABA et pour protéger son identité, il a demandé que son nom de famille ne soit pas donné.) Les soins furent efficaces pour Reid. En fait, cela fonctionna si bien qu'il fut dirigé vers l'école maternelle sans qu'on lui dise qu'il avait été diagnostiqué autiste. Mais il fut harcelé et attaqué à l'école, et s'est toujours senti différent des autres enfants, pour des raisons qu'il ne comprenait pas, jusqu'à ce qu'il apprenne son diagnostic à l'adolescence. Ses thérapeutes lui ont appris à avoir honte de ses comportements répétitifs, et plus tard ses parents, dont il pense qu'ils suivaient juste les conseils des experts. Il n'a jamais réalisé qu'ils étaient des signes de son autisme.

Reid dit qu'il s'inquiète du fait que l'ABA force les enfants autistes à dissimuler leur véritable nature pour s'intégrer. "Cela m'a pris beaucoup de temps pour ne plus avoir honte d'être autiste, et cela n'est arrivé que parce que j'ai eu la chance d'apprendre auprès d'autres autistes à être fier de ce que je suis," dit-il.

Le juste milieu

Il doit y avoir un juste milieu entre les critiques et les promoteurs de l'ABA, dit John Elder Robinson, l'auteur à succès de Look Me In The Eye, diagnostiqué du syndrome d'Asperger à l'âge de quarante ans.

Du fait de son diagnostic tardif, Robinson n'a pas reçu lui-même de traitement ABA, mais il s'est impliqué dans le débat pour le compte de ceux qui le reçurent. Il conçoit une place de l'ABA pour les personnes autistes - tant qu'elle est correctement pratiquée. C'est à dire une attention aux compétences d'apprentissage, plutôt que des efforts vers la normalisation ou la suppression des comportements impliqués par l'autisme : aider un enfant qui ne peut pas communiquer à commencer à parler et à participer avec les autres enfants à l'école, par exemple. "C'est un changement de vie dans le bon sens," dit-il. Idem pour un thérapeute ABA qui assiste un élève de lycée ou de faculté à être mieux organisé. L'accent devrait être mis sur l'apprentissage du fonctionnement dans les domaines choisis par l'individu, pas sur la modification de ce qu'il est, dit Robinson.

Cette approche requerra un contrôle par les personnes autistes, dit Robinson. "Les programmes et les praticiens ABA vont devoir accepter la supervision de versions adultes des personnes qu'ils proposent de soigner," dit-il. "Ce qui n'était pas établi par le passé est que nous sommes les clients ; nous devrions avoir un mot dans ce qui se déroule."

Les militants disent que les scientifiques doivent aussi s'ouvrir au fait que l'ABA pourrait ne pas fonctionner pour tous. Il y a une connaissance croissante, par exemple, du fait que les enfants souffrant d'apraxie, ou de difficultés de planification motrice, peuvent parfois comprendre des instructions ou une demande, mais peuvent ne pas être capables d'organiser mentalement une réponse physique à une demande orale.

Ido Kedar, qui a publié à seize ans ses propres mémoires, Ido in Autismland: Climbing out of Autism's Silent Prison  écrit dans un article de son blog qu'il a passé la première moitié de sa vie "complètement enfermé dans le silence." Kedar a reçu quarante heures par semaine de thérapie ABA classique, en complément d'orthophonie, d'ergothérapie et de musicothérapie. Mais il ne peut toujours pas parler, communique non-verbalement, suit des instructions ou contrôle son comportement quand on le lui demande, par exemple, de prendre un certain nombre de baguettes. Kedar comprenait la demande, mais était incapable de coordonner son savoir à ses mouvements physiques. Il a été humilié quand le thérapeute ABA déclara qu'il n'avait "aucun sens des nombres."

De nombreux chercheurs étudiant l'ABA accueillent volontiers les contributions de voix comme celle de Kedar. "Je sens que c'est la plus merveilleuse, la plus formidable chose de pouvoir échanger avec des adultes autistes sur leurs expériences," dit Annette Estes, professeur de sciences du langage et de l'ouïe à l'université de Washington, Seattle. "Nous avons tous beaucoup à apprendre les uns des autres." Estes a dirigé deux études sur l'ESDM pour les enfants avec des signes précoces d'autisme. Elle dit que les pires histoires qu'elle a entendues ne sont pas celles des personnes ayant suivi une thérapie traumatisante, mais celles de ceux n'ayant bénéficié d'aucune thérapie.

"Ils ont de terribles souvenirs de harcèlement à l'école et de n'avoir eu personne pour les aider ou les intégrer ou les aider à se faire des amis ou à aborder des situations sociales compliquées," dit-elle. "Je reçois des lettres de personnes nous suppliant d'étendre nos services aux adultes pour les aider à apprendre comment faire des rencontres et être moins seuls et isolés."

Il n'y aura pas d'épilogue simple à cette discussion, et pendant ce temps, les parents doivent faire du mieux qu'ils peuvent. Lisa Quinones-Fontanez dit qu'elle comprend les argumentaires des anti-ABA, mais elle se demande quelle part du point de vue de ceux n'ayant pas besoin de beaucoup d'assistance s'applique à son fils. L'ABA, dit-elle, marche pour lui : "Je ne trouve pas que ce soit offensant."

"Je suis son avocate, et je me battrai pour lui parce qu'il n'est pas capable de le faire par lui-même," dit-elle. "J'essaie de le comprendre du mieux que je le peux."

Traduction par PY de Spectrumnews

Quelques remarques sur l'ABA et la prise en charge de l'autisme en France

Le terme ABA en France concerne une analyse appliquée du comportement, et rarement une prise en charge intensive du type de 40 heures par semaine. C'est de toute façon très rarement possible.

L'ESDM, variante de l'ABA pour jeunes enfants, qui est moins critiquée par les psychanalystes (JC Maleval dit qu'elle s'inspire d'un psychanalyste...), n'est pour autant mise en pratique que dans 4 hôpitaux psychiatriques, pour une cinquantaine d'enfants. ,L'ESDM est aussi appliquée par le réseau de Bernadette Rogé et, dans le Limousin, par le Centre Expert Autisme (Directeur, Dr Eric Lemonnier). Mais il y a 38 007 enfant sautistes de moins de 4 ans en France (évaluation d'Eric Fombonne) ...

Laurent Mottron, dans son dernier livre, critique fortement l'ESDM, qu'il trouve trop proche de l'ABA classique (il y a recours à l'ABA dès que la méthode par le jeu ne marche pas, après 3 semaines). Il propose à la place, pour les enfants autistes non-verbaux, une exposition maximale à des objets, des documents : c'est une idée séduisante, qui demande à être explorée, mais qui n'a fait l'objet d'aucune étude. Idée séduisante donc, mais pour la tester, il faudrait que « l’intervention habituelle » à comparer avec cette nouvelle méthode soit l'ESDM !

L'ABA reste encore très peu utilisée. Dans l'étude menée en Bretagne dans plus de 500 établissements médico-sociaux

  • l'ABA n'est connue que dans 20 structures pour enfants sur 176 (4/136 chez les adultes)
  • le PECS (apprentissage de la communication à l'aide de pictogrammes) dans 40 sur 176 (14/136 chez les adultes);
  • la méthode TEACCH (structuration de l'environnement) par 26 structures sur 176 (16/136 chez les adultes).

Il y a un seul établissement expérimental ABA (8 places jusqu'à récemment) en Bretagne, le SACS de Quimper.

Les méthodes recommandées par la HAS et l'ANESM sont donc présentes seulement dans 8% à 17% des établissements médico-sociaux. Il ne faut pas chercher plus loin les raisons du mécontentement des parents.

A noter que parmi le millier de personnes autistes inscrites sur le forum d'Asperansa, aucune ne s'est plainte de l'ABA. Les questions que se sont posées les associations représentant les adultes autistes comme l'ASAN aux USA ne sont pas les mêmes que celles qui se posent chez nous. Emmanuel « Data », longtemps président de Satedi, après avoir analysé l'histoire de l'ABA, a pris position en sa faveur (évidemment pas comme méthode unique).

Michelle Dawson est souvent citée par les psychnalystes pour son opposition en 2003 à l'application de l'ABA au Canada, mais :

  • le motif de la non-extension de l'ABA n'est pas liée à son intervention, mais à la répartition des pouvoirs entre Etat et provinces ;

  • elle estime que sa position est périmée : son combat porte plus sur le niveau de preuves exigé pour les interventions en autisme, qu'elle estime plus faible que normalement, et donc contraire à l'éthique.

Psychanalyse, psychothérapie institutionnelle, packing, de ce point de vue, relèveraient plus de la charlatanerie ou de l’escroquerie que de la science. La HAS (Haute Autorité de Santé) fut d'ailleurs fort bien dépourvue lors de l'hiver 2011-2012 pour trouver une étude scientifique validant leur efficacité pour l'autisme. Et depuis, il n'y en pas eu. Pas plus que sœur Anne, je ne vois rien qui brille du côté du réseau PREAUT, de Pierre Delion, des Thurin-Falissard-Cohen 

En attendant Godot, je pense à un des initiateurs de la pétition contre la « science d'Etat » : un « projet qui va nuire aux personnes autistes en leur imposant un seul type de méthodes alors que l'autisme est un syndrome polymorphe autant dans ses expressions cliniques que dans ses étiologies. » Il est quant à lui partisan de la cure analytique, de la pataugeoire, des psychotropes par précaution... Il s'est opposé au TEACCH.

Lors de la première matinée de la formation pour les aidants familiaux du Finistère en 2015, un parent a demandé s'il fallait réprimer le flapping [agitation des mains pour exprimer une émotion ou libérer son énergie ] chez son enfant.

J'ai donné l'exemple d'un élève de 6ème autiste qui s'est mis à en faire au collège. Mais, comme il comprenait que c'était socialement inadapté et que çà pourrait le stigmatiser, il est allé le faire aux toilettes. D'autres endroits du collège auraient pu être choisis. Mais cet exemple était merveilleux, pour le Professeur Universitaire Praticien Hospitalier Michel Botbol : « les WC, c'est le lieu où on expulse … c'est le lieu du caca ! »

Les débats scientifiques et pratiques pour la prise en charge de l'autisme seront difficiles en France tant que nous aurons ce type de professionnels majoritaires dans des instances comme le CNU (Conseil National des Universités).

Quand passeront les camions-poubelles pour nous débarrasser de ces dinosaures ?

17 décembre 2016

Un spectre qui a le dos large - Vidéo de la Fédération québécoise de l'autisme

Ajoutée le 29 nov. 2016

Capsule de sensibilisation produite par la Fédération québécoise de l'autisme dans le cadre de son 40e anniversaire. Lancement pour la Journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre 2016.

Réalisation et montage : Gabrielle Tremblay
Idée : Annick Lavogiez, Mathieu Gagnon-Lauzon, Gabrielle Tremblay
Comédiens : Sharon James et Pierre Leblanc
Caméra et DOP : Jean-Philippe Talbot / Son : Mikhaïl Plante
Merci à Lucie Robitaille et Amélie Laberge

16 décembre 2016

Dossier comprendre l'autisme - La lettre de l'Institut Pasteur - Novembre 2016

16 décembre 2016

Etiolles : cette maman dénonce une maltraitance sur son fils autiste à l'école

article publié dans Le Parisien

|Sébastien Morelli|15 décembre 2016, 18h50|0
Nathalie Iborra dénonce l’attitude inadaptée de l’enseignant face à son fils de 8 ans soufrant d’autisme. (LP/S.M.)
Sébastien Morelli

Nathalie Iborra est en colère et déterminée. Le 15 septembre dernier, cette maman d’un petit garçon autiste âgé de 8 ans, apprenait que ce dernier aurait été victime de maltraitance de la part de son professeur à l’école d’Etiolles. La scène lui a été rapportée par plusieurs parents à qui les camardes de son fils se sont confiés. Mais depuis, « rien ne se passe », déplore Nathalie, qui a retiré son fils de l’école et le scolarise à la maison.

« J’ai été prévenue le soir même par des parents qui m’ont appelé. Leur enfant, très troublé, leur avait raconté que l’enseignant avait hurlé sur lui. Puis l’avait tapé sur le bras. Le motif, c’est que mon fils avait de nouveau fait une crise en jetant ses affaires par terre. Ce genre de méthode sur un enfant autiste, c’est un cataclysme. Selon sa psychologue, cet événement a tout cassé. »

Cette scène, d’autres parents nous l’ont confirmée : « Ma fille m’a raconté qu’il avait claqué le bras de Romain. Tout le monde en parle », note cette maman. « Cet enseignant a la réputation d’être dur. Nous avons entendu parler d’autres problèmes les années précédentes. Des cris sur les enfants, des mouvements brutaux », raconte un autre parent d’élève.

 

« Mon fils ne peut plus retourner en classe avec lui »

L’enseignant, ainsi que l’auxiliaire de vie scolaire (AVS) qui suit Romain dans la classe, démentent. « S’il s’était excusé, ça se serait arrêté là. Mais ils se sont enfoncés dans le mensonge, regrette Nathalie. Romain nécessite des soins particuliers. Le problème de ce professeur, c’est qu’il refuse de s’adapter et le considère comme les autres enfants. Tout ce que je souhaite, c’est qu’il parte. Mon fils ne peut plus retourner en classe avec lui. Il ne va pas bien, il est en colère et trouve cela injuste. »

La maman, qui a pris une avocate spécialisée dans la prise en charge des problèmes liés à l’autisme, a rendez-vous avec l’inspection académique le 3 janvier prochain. Contacté, le service départemental n’a pas répondu à nos sollicitations.

  leparisien.fr

16 décembre 2016

La revanche des autistes

article publié sur LA PRESSE.ca

Publié le 15 décembre 2016 à 21h58 | Mis à jour le 16 décembre 2016 à 07h06

Michaël Châteauneuf a réussi à décrocher un emploi... (Le Soleil, Patrice Laroche)

Michaël Châteauneuf a réussi à décrocher un emploi où il peut mettre ses compétences à profit. Bien peu d'Asperger y parviennent.

Le Soleil, Patrice Laroche

(Québec) CHRONIQUE / Michaël Châteauneuf travaille au ministère du Revenu, en informatique, on lui avait confié un mandat sur l'ordinateur central, on avait calculé qu'il lui faudrait un mois.

Il l'a complété en une semaine. 

«Ils s'étaient basés, pour calculer, sur le temps qu'aurait pris une personne normale.» Michaël n'est pas «normal», il est autiste Asperger. Son cerveau a une capacité de concentration et d'analyse que la moyenne des ours n'a pas, il prend des raccourcis que lui seul connaît.

Voyez, on lui a fait faire un exercice pour le «remettre dans le bain» de la programmation, il devait livrer un algorithme pour prévoir les futures dates de Pâques. «Mon modèle fonctionnait mieux, il fonctionnait à 100 %, alors que celui du superviseur, à partir d'une certaine date, n'était plus totalement fiable.»

Pour lui, c'est normal.

On aurait dû lui confier le dossier santé informatisé, qui a engouffré plus de 2 milliards sur 25 ans.

Michaël vient d'avoir 31 ans, il sait depuis une dizaine d'années qu'il est autiste, sa mère se doutait déjà que quelque chose clochait. «On était en train de regarder l'émission La revanche des Nerdz, en 2006, ça parlait de l'autisme, ma mère a comme eu une révélation. Elle a dit : "Ça te ressemble", j'ai dit : "Ben voyons!"»

Le diagnostic est tombé deux ans plus tard. «Il y avait une liste d'attente...» Il est «autiste de haut niveau avec intelligence supérieure».

Un des dénominateurs communs des autistes est d'avoir des «intérêts spécifiques», parfois à la limite de l'obsession. Michaël en avait au moins deux, «les dragons et l'informatique», il a eu son premier coup de foudre avec un Atari ST. Il a suivi, à l'école secondaire, son premier cours de programmation.

Il a étudié en multimédia au Collège Mérici, en conception de jeux vidéo au Campus Ubisoft à Montréal, en programmation de jeux vidéo au Cégep Garneau, deux ans en techniques de l'informatique au Cégep de Sainte-Foy.

Et puis? Rien. Malgré ses diplômes, Michaël a eu toute la misère du monde à décrocher un boulot, jusqu'à ce qu'il atterrisse au ministère du Revenu, d'abord pour la sécurité informatique, puis au développement. «J'aime bien faire les choses. Quand on nous explique clairement, on est des machines à travailler.»

Mais Michaël aurait pu ne jamais travailler, au moins 80 % des Asperger seraient au chômage. Même s'ils ont le diplôme, les compétences, ils sont nuls en entrevue. Ils ont des tics, ils «boquent» sur des détails. Même si c'est justement parce qu'ils «boquent» sur des détails qu'ils sont meilleurs que les personnes «normales».

Microsoft a compris ça l'an passé, la compagnie recrute des autistes parce qu'elle a compris qu'ils sont plus efficaces, plus rapides, plus concentrés. D'autres compagnies de Silicon Valley ont emboîté le pas, en France aussi. Tant pis s'ils bafouillent pendant l'entrevue. Tant pis s'ils ont l'air un peu sauvages.

Si les codes informatiques n'ont pas de secret pour Michaël, les codes sociaux, eux, s'apparentent parfois à du chinois. «Quand j'étais petit, dans un travail d'équipe, je restais souvent seul. Je ne savais pas comment aborder les gens, comment il fallait entrer en relation avec eux.»

Il s'est pratiqué, il y arrive mieux. «Quand j'ai reçu mon diagnostic, ça m'a aidé à comprendre ce qui ne marchait pas, ça a mis des flags. Je me suis dit : "J'ai un trouble en ça, je vais le travailler." Je me suis pris en main.»

Quand je l'ai rencontré, je n'y ai vu que du feu.

Michaël n'y serait pas arrivé tout seul. «J'ai eu de l'aide tout le long du chemin. Mes parents d'abord, puis des conseillers, des directeurs d'école. Il y a un organisme aussi, ÉquiTravail, qui m'a aidé beaucoup pour trouver un emploi.»

Pour notre rencontre, Michaël m'avait préparé le récit de son parcours en deux pages, ses études, ses échecs, ses réussites. Le texte finissait comme ça : «Si j'avais à donner des conseils aux autistes qui se cherchent un emploi, ce serait de ne jamais baisser les bras et de chercher toute l'aide que vous pouvez avoir. Il n'en tient qu'aux employeurs et aux compagnies de s'ouvrir face aux autistes et à leurs capacités afin de leur donner une chance de réaliser leur vie.»

Il rêve du jour où on pourra lire, dans des offres d'emplois : autisme, un atout.

16 décembre 2016

Les hyperactifs au centre de l'attention à Charles-Perrens

article publié dans Rue 89 Bordeaux

L’hôpital Charles-Perrens est le premier en France à avoir obtenu le label « centre de référence déficits de l’attention et hyperactivité ». Pour faire le point sur une pathologie qui sème le trouble, Rue 89 Bordeaux a rencontré Manuel Bouvard, responsable de ce centre qui reçoit 1200 patients par an.

 

Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) toucherait, en France, entre 3,5% et 5,6% d’enfants et d’adolescents, selon la Haute Autorité de Santé. La prévalence est loin d’être négligeable. Pour autant, ce syndrome n’est pas reconnu comme une maladie à part entière, et suscite de nombreuses controverses tant sur le plan de ses causes, que de son diagnostic ou des traitements qu’il implique.

Pour Manuel Bouvard, pédopsychiatre dans le centre de consultations spécialisées de Charles-Perrens, depuis 20 ans, le scepticisme qui entoure encore la question du trouble de déficit de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH) est lassant :

« Pourquoi en France, la question des troubles de l’attention et de l’hyperactivité suscite tant de polémiques ? Pourquoi n’y croit-on pas vraiment, comme si c’était une maladie inventée par les Américains ? Parce qu’en France, les problèmes de comportement chez l’enfant sont toujours pensés comme une conséquence, d’une souffrance psychique, par exemple. Mais pour nous, les troubles du comportement peuvent, à l’inverse, être la cause de la souffrance… Rappelons que pendant longtemps, l’apparition de troubles autistiques chez un enfant était considérée comme étant de la responsabilité, de la faute de la mère… Aujourd’hui, on a dépassé cette vision. »

Comme il l’explique, la recherche avance et l’origine du TDAH se précise :

« Le TDAH est lié à un problème de maturation de certains circuits cérébraux, notamment les aires mettant en relation les informations sensorielles avec celles chargées de trier ces informations, et ainsi de piloter notre comportement, de l’adapter. Les personnes avec un TDAH ne parviennent pas à trier ces informations et ne pilotent donc pas leur comportement. Ce sont des choses que l’on peut voir avec des IRM ou des scanners : on constate que ce réseau ne se développe pas bien. »

Problèmes d’expositions

Pourquoi ? Manuel Bouvard le reconnaît, on ne le sait pas encore. Même si des pistes en faveur de facteur génétique mais aussi et surtout d’expositions à des produits modifiant le neuro-développement (pesticides, perturbateurs endocriniens, Dépakine, métaux lourds, etc.) pendant la grossesse ou la toute petite enfance sont de plus en plus privilégiées.

L'hôpital Charles Perrens est le premier en France à obtenir la labellisation « centre de référence déficits de l’attention et hyperactivité, enfants et adultes »

L’hôpital Charles-Perrens est le premier en France à obtenir la labellisation « centre de référence déficits de l’attention et hyperactivité, enfants et adultes »

Aussi, quand il y a un an, en janvier 2016, l’Agence régionale de santé (ARS) a décidé de labelliser son unité, le consacrant premier centre de références « Déficits de l’attention et hyperactivité », le pédopsychiatre a apprécié, enfin, de sentir souffler le vent de la reconnaissance.

En 2015, la Haute autorité de santé avait publié pour la première fois une recommandation pour que le TDAH « s’inscrive dans le cadre des priorités de santé publique ». Elle préconisait un meilleur diagnostic et une meilleure prise en charge de ce syndrome :

« Souvent réduit au terme “hyperactivité” ou à des enfants turbulents, le TDAH est pourtant un trouble complexe, difficile à repérer et qui associe différents symptômes. Le prendre en charge est essentiel pour les enfants et adolescents qui en souffrent au quotidien. »

« On ne jouait pas dans la même cour »

Pour Agnès (* les prénoms ont été modifiés), la labellisation octroyée à Charles-Perrens est, en effet, un grand pas.

« Avec ce label, c’est l’assurance pour les familles qui se posent des questions d’identifier un lieu ressource, où elles pourront s’adresser à des gens compétents, capables de poser un diagnostic fiable. »

Car pour cette maman, dont le fils aujourd’hui âgé d’une quarantaine d’année a été diagnostiqué TDAH à l’adolescence, au début des années 90, ce fut la croix et la bannière pour se faire entendre :

« Petit, mon fils était, disons, extrêmement dans la lune, il perdait tout, tout le temps… Il ne répondait pas quand je l’appelais. Je l’ai emmené chez des psy et on me répliquait toujours : madame, tous les enfants sont comme ça. Mais je voyais bien qu’on ne jouait pas dans la même cour. Le matin, il me fallait deux heures pour me calmer après l’avoir déposé à l’école. Et puis, un jour, tout s’est décanté quand à l’hôpital Robert Debré (Agnès et sa famille vivait alors en région parisienne, NDLR), on a posé le diagnostic : mon fils souffrait de TDAH. Je n’étais plus la mauvaise mère, j’avais un enfant avec un déficit de l’attention. »

Manuel Bouvard (AC)

Manuel Bouvard (AC/Rue89 Bordeaux)

Hyperactifs hyper-punis

« Bien repérer les enfants souffrant de TDAH est très important, confirme Manuel Bouvard, car bien souvent les familles confrontées à ce genre de situation sont usées, à bout, et les réponses éducatives peuvent déraper, soit vers trop de laxisme, soit le plus souvent vers trop de sévérité. Il faut savoir que le TDAH est un facteur de maltraitance que ce soit à la maison ou à l’école : les enfants ayant un TDAH sont des enfants trop souvent hyper-punis, qui perdent confiance en eux. »

Dans le centre de référence de Charles-Perrens, 1200 patients, dont 400 adolescents ou adultes, et 800 jeunes de moins de 15 ans, ont été reçus en 2015. Pour environ 20% d’entre eux, le diagnostic TDAH n’a pas été retenu. Pour les 80 % restants, c’est après une longue procédure d’environ 6 mois, que la sentence est tombée :

« Attention, on ne se base pas uniquement sur une crise de colère ou des phénomènes de turbulence pour poser le diagnostic, précise Manuel Bouvard, on est vigilant, on mène une véritable enquête. Notre rôle est de prendre en compte tous les facteurs (familiaux, médicaux) et de dresser un vrai bilan clinique via des séances avec un psychologue, un orthophoniste, des audiogrammes, des électro-encéphalogrammes, notamment. »

Objectif : éliminer, en premier lieu, la présence d’autres troubles qui pourraient affecter l’enfant soupçonné de TDAH, tels des troubles sensoriels, somatiques (épilepsie), un abus de corticoïdes (qui peut engendrer des dysfonctionnements du comportement), un autisme ou de l’anxiété. Et ce n’est qu’une fois que l’existence de ces autres troubles a été évacuée que le diagnostic de TDAH peut être posé.

Les deux tiers des enfants sous Ritaline

C’est alors qu’un projet de prise de charge est établi. En première intention, l’équipe soignante cherche une solution qui ne soit pas médicamenteuse, en menant un travail d’accompagnement auprès des parents, mais aussi en prenant contact avec les enseignants, afin que chacun apprennent à s’adapter à l’enfant TDAH.

Et bien sûr, c’est avec l’enfant, via une approche soit psychothérapique, soit psychomotricienne, soit orthophonistique, par exemple, que se joue une grande partie du traitement. Dans le centre de Charles-Perrens, un tiers des enfants suivis sont soignés de la sorte.

Mais si le caractère du trouble est aigu ou si la situation le réclame (déperdition scolaire, famille au bord de l’éclatement), la prise en charge passe, en deuxième intention, par l’usage d’un médicament sujet à controverse : le méthylphénidate, plus connu sous le nom de Ritaline. Un choix qui concerne donc les deux tiers des enfants diagnostiqués à Charles-Perrens…

teo-2

Teo (AC/Rue89 Bordeaux)

Entre 2008 et 2013, la prescription de Ritaline aurait augmenté de 70% en France, laissant dire qu’il y avait là un recours abusif à cette molécule. Pour Christine Getin de l’association HyperSupers – TDAH France, ces chiffres s’expliquent surtout par la hausse des diagnostics et une meilleure prise en charge du TDAH  :

« La Ritaline est une béquille qui, à un moment donné, aide l’enfant ou l’adulte hyperactif à passer un cap et elle est préférable aux neuroleptiques qui sont beaucoup prescrits. »

« Je m’en suis pris plein la tête »

Elle tient d’ailleurs à rappeler que l’usage de ce médicament reste très encadré : seules les structures hospitalières peuvent la prescrire pour la première fois à un patient. Et précise que la France est le pays, avec l’Italie, où l’on prescrit le moins de Ritaline.

Teo et Ugo, deux frères âgés respectivement de 15 et 13 ans, sont tous les deux sous Ritaline depuis leur 10 ans. Avant qu’ils ne soient diagnostiqués au centre Charles-Perrens à l’âge de 9 ans, la famille a traversé des années difficiles, comme le raconte, leur mère, Karine :

« Je m’en suis pris plein la tête, c’était bien sûr de ma faute, je ne savais pas les élever. Ils étaient tous les deux très speed, Téo avait des difficultés d’apprentissage à l’école, il souffrait de dyspraxie (maladresse pathologique, NDLR), Ugo était agressif, mais je ne voulais pas admettre qu’il y avait un vrai problème. »

Effets secondaires

C’est finalement en suivant les conseils de sa propre psychiatre qu’elle décide d’emmener ses fils chez un pédopsychiatre. Là on lui parle de TDAH. Et on lui conseille de prendre rendez-vous au centre Charles Perrens. Plusieurs mois après le diagnostic est établi : ses deux enfants souffrent bien de TDAH. Cela leur permet notamment de prétendre à une auxiliaire de vie scolaire pour Teo. Mais se pose aussi comme corollaire la nécessité de prendre de la Ritaline, tous les jours, sauf pendant les vacances scolaires.

« Au début, mon mari ne voulait pas, ce médicament lui faisait peur, et puis finalement après en avoir parlé avec son généraliste, il a accepté. Aujourd’hui c’est lui qui veille à ce qu’ils n’oublient pas leur traitement. »

Pour les deux garçons, les résultats semblent probants, même si les effets secondaires de ce médicament se font sentir, surtout chez Téo :

« Les risques sont de développer des insomnies et de perdre du poids. Téo souffre des deux. S’il continue à perdre trop de poids, il devra arrêter définitivement le traitement. »

Zone rouge

Ce qu’il ne veut pas :

« Quand je prends mon médoc, je ne pars plus dans tous les sens, c’est comme si ça me redirectionnait », confie-t-il alors que son téléphone bippe pour lui rappeler qu’il doit prendre son cachet.

Manuel Bouvard justifie l’usage de ce médicament :

« La Ritaline permet de sortir l’enfant de la zone rouge, de le remettre dans les clous en quelque sorte. Quand on sent que l’enfant est stabilisé, on arrête le traitement et on regarde comment l’enfant s’en sort. Si on estime qu’il peut gérer son TDAH, que ce trouble ne le met plus en grande difficultés dans son quotidien, on supprime la Ritaline. Même si l’on sait que ces enfants garderont toujours une attention un peu labile (instable, NDLR), qu’ils auront tendance à zapper plus que les autres. »

Avec la labellisation de son unité de soin, il estime pouvoir travailler plus sereinement. Mais il espère aussi que des financements à la hausse suivront. Ce qui n’est pas encore le cas.

15 décembre 2016

Condamnation de l'Etat pour non-prise en charge pluridisciplinaire d'un autiste

15 déc. 2016
Par Jean VinçotBlog : Le blog de Jean Vinçot
Dans la lignée de la jurisprudence Beaufils et des jugements du Tribunal Administratif de Paris, ci-dessous la première décision sur ce thème du Tribunal Administratif de Rennes.

TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE RENNES

1302758  Audience du 18 février 2016 - Lecture du 17 mars 2016

Vu la procédure suivante :

Par une requête et un mémoire, enregistrés les 26 juillet 2013 et 14 octobre 2015, M. et Mme B, en leur nom propre, et ès qualité de représentants légaux de leur fils mineur, N, représentés par Me Buors, demandent au tribunal, dans le dernier état de leurs écritures :

1°) de condamner l’État à leur payer la somme totale de 109 974,81 euros en réparation de leurs préjudices résultant du refus qui a été opposé à leur demande de prise en charge de leur enfant mineur, N, atteint du syndrome autistique, dans un établissement médico-social adapté à ses besoins ;

2°) de mettre à la charge de l’État le versement d’une somme de 2 000 euros sur le fondement de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.

Ils soutiennent que :

- le droit à une prise en charge pluridisciplinaire est garanti à toute personne atteinte du handicap résultant du syndrome autistique par l’article L. 246-1 du code de l'action sociale et des familles ; il appartient en outre à l’État de prendre les mesures nécessaires à la mise en œuvre effective de ce droit en application de l’article L. 114-1 du même code ; l’absence de réponse favorable à leur demande, de 2011 jusqu’au 1er septembre 2014, d’octroi d’une place à leur enfant N dans le seul établissement médico-social adapté à ses besoins dans le département du Finistère répondant aux recommandations de la Haute Autorité de Santé et recommandé par la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH), à savoir le service d’accompagnement comportemental spécialisé (SACS) de Quimper, est constitutive d’une faute de nature à engager la responsabilité de l’État ;

  • l’État est donc tenu de réparer les préjudices en lien direct et certain avec cette carence fautive, à savoir :
  • le préjudice moral causé à l’enfant, à hauteur de 10 000 euros ;
  • le préjudice moral causé au père, à hauteur de 10 000 euros ;
  • le préjudice moral causé à la mère, à hauteur de 10 000 euros ;
  • le préjudice matériel, d’un montant de 2 574,81 euros ;
  • le préjudice financier de Mme B, qui a été contrainte de cesser son activité professionnelle pour se consacrer à son enfant et subit une perte de revenus mensuelle de 1 800 euros du 31 janvier 2011 au 1er septembre 2014, soit 77 400 euros au total.

Par un mémoire en défense, enregistré le 28 octobre 2013, l'agence régionale de santé de Bretagne conclut, à titre principal, au rejet de la requête et, à titre subsidiaire, s’en rapporte à l’appréciation du tribunal sur l’indemnisation des préjudices moraux et conclut au rejet du surplus des conclusions indemnitaires et des conclusions à fin d’injonction.

Elle soutient que :

  • si aucune place n’a pu être proposée dans le seul SACS du Finistère, qui n’offre que huit places, les requérants n’établissent pas avoir fait des démarches auprès des services d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) du département, alors que la CDAPH s’était prononcée favorablement pour une orientation en SESSAD ; N a en outre bénéficié d’une prise ne charge pluridisciplinaire (auxiliaire de vie scolaire, prise en charge psychologique, encadrement par un éducateur spécialisé) ; la responsabilité de l’État ne saurait être engagée dès lors qu’il a rempli son obligation de résultat puisque des places en SESSAD sont disponibles dans le département du Finistère ;
  • subsidiairement, sur les préjudices :
  • la souffrance et les difficultés auxquelles est confrontée la famille B n’est pas remise en cause ;
  • la réalité des frais matériels demandés n’est pas établie par les pièces produites ; en outre, les époux B bénéficient de plusieurs aides ;
  • la perte de revenus doit prendre en compte l’allocation journalière de présence parentale et la prestation de compensation du handicap versées à Mme B.

Par ordonnance du 1er octobre 2015, la clôture d'instruction a été fixée au 30 octobre 2015.

Vu les autres pièces du dossier.

Vu :

  • le code de l'action sociale et des familles ;
  • le code de justice administrative.

Les parties ont été régulièrement averties du jour de l’audience.

Ont été entendus au cours de l’audience publique :

  • le rapport de M. Vennéguès, rapporteur,
  • les conclusions de M. Bouju, rapporteur public,
  • et les observations de Me Buors, représentant M. et Mme B.

Sur les conclusions indemnitaires :

 

Sur la responsabilité :

1. Considérant, d’une part, qu’aux termes de l’article L. 114-1 du code de l'action sociale et des familles : « La personne handicapée a droit à la compensation des conséquences de son handicap quels que soient l’origine et la nature de sa déficience, son âge ou son mode de vie » ; qu’aux termes de l’article L. 246-1 du même code : « Toute personne atteinte du handicap résultant du syndrome autistique et des troubles qui lui sont apparentés bénéficie, quel que soit son âge, d'une prise en charge pluridisciplinaire qui tient compte de ses besoins et difficultés spécifiques. Adaptée à l'état et à l'âge de la personne, cette prise en charge peut être d'ordre éducatif, pédagogique, thérapeutique et social (…) » ; qu’il résulte de ces dispositions que le droit à une prise en charge pluridisciplinaire est garanti à toute personne atteinte du handicap résultant du syndrome autistique, quelles que soient les différences de situation ; que cette prise en charge doit être effective dans la durée, pluridisciplinaire et adaptée à l’état et à l’âge de la personne atteinte de ce syndrome ;

2. Considérant, d’autre part, qu’aux termes de l’article L. 241-6 du code de l’action sociale et des familles : « I. - La commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées est compétente pour : / 1° Se prononcer sur l'orientation de la personne handicapée et les mesures propres à assurer son insertion scolaire ou professionnelle et sociale ; / 2° Désigner les établissements ou les services correspondant aux besoins de l'enfant ou de l'adolescent ou concourant à la rééducation, à l'éducation, au reclassement et à l'accueil de l'adulte handicapé et en mesure de l'accueillir (…) / II. - Les décisions de la commission sont, dans tous les cas, motivées et font l'objet d'une révision périodique. La périodicité de cette révision et ses modalités, notamment au regard du caractère réversible ou non du handicap, sont fixées par décret. / III. - Lorsqu'elle se prononce sur l'orientation de la personne handicapée et lorsqu'elle désigne les établissements ou services susceptibles de l'accueillir, la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées est tenue de proposer à la personne handicapée ou, le cas échéant, à ses parents ou à son représentant légal un choix entre plusieurs solutions adaptées. / La décision de la commission prise au titre du 2° du I s'impose à tout établissement ou service dans la limite de la spécialité au titre de laquelle il a été autorisé ou agréé. / Lorsque les parents ou le représentant légal de l'enfant ou de l'adolescent handicapé ou l'adulte handicapé ou son représentant légal font connaître leur préférence pour un établissement ou un service entrant dans la catégorie de ceux vers lesquels la commission a décidé de l'orienter et en mesure de l'accueillir, la commission est tenue de faire figurer cet établissement ou ce service au nombre de ceux qu'elle désigne, quelle que soit sa localisation. / A titre exceptionnel, la commission peut désigner un seul établissement ou service. / Lorsque l'évolution de son état ou de sa situation le justifie, l'adulte handicapé ou son représentant légal, les parents ou le représentant légal de l'enfant ou de l'adolescent handicapé ou l'établissement ou le service peuvent demander la révision de la décision d'orientation prise par la commission. L'établissement ou le service ne peut mettre fin, de sa propre initiative, à l'accompagnement sans décision préalable de la commission. » ; qu’en vertu de ces dispositions, il incombe à la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH) de se prononcer, à la demande des parents, sur l’orientation des enfants atteints du syndrome autistique et de désigner les établissements ou les services correspondant aux besoins de ceux-ci et étant en mesure de les accueillir, ces structures étant tenues de se conformer à la décision de la commission ; qu’ainsi, lorsqu’un enfant autiste ne peut être pris en charge par l’une des structures désignées par la CDAPH en raison d’un manque de place disponible, l’absence de prise en charge pluridisciplinaire qui en résulte est, en principe, de nature à révéler une carence de l’Etat dans la mise en œuvre des moyens nécessaires pour que cet enfant bénéficie effectivement d’une telle prise en charge dans une structure adaptée ;

3. Considérant, d’une part, qu’il résulte de l’instruction que M. et Mme B, parents d’un enfant prénommé N né le 7 mai 2007, atteint d’un syndrome autistique, ont déposé pour la première fois en 2011 une demande d’orientation de leur enfant vers un établissement spécialisé auprès de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) ; que la CDAPH s’est prononcée le 26 janvier 2011 en faveur d’une orientation en services d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) du 26 janvier 2011 au 31 août 2012 et a désigné le service d’accompagnement comportemental spécialisé (SACS) de Quimper ; que la prise en charge de l’enfant dans cet établissement, qui ne compte que huit places, n’a toutefois pu avoir lieu faute de place disponible ; que M. et Mme B ont renouvelé leur demande auprès de la MDPH en 2012 ; que la CDAPH a décidé d’orienter l’enfant vers le même service, pour la période du 1er septembre 2012 au 31 août 2014 ; que le 1er octobre 2012, le SACS de Quimper a informé les requérants que leur fils ne pouvait être accueilli en l’absence de place disponible ; que N n’a finalement été pris en charge par le SACS de Quimper qu’à compter du 1er septembre 2014 ;

4. Considérant, d’autre part, qu’il en est résulté pour N une absence de prise en charge pluridisciplinaire tenant compte de ses besoins et difficultés spécifiques du 26 janvier 2011 au 31 août 2014 qui révèle une carence de l’État dans la mise en œuvre des moyens nécessaires pour que cet enfant bénéficie effectivement d’une telle prise en charge dans une structure adaptée ; que, si l’enfant a pu néanmoins bénéficier pendant cette période de l’assistance d’une auxiliaire de vie scolaire, d’un suivi psychologique et d’un soutien éducatif, il ne peut être regardé comme ayant reçu une prise en charge effective dans la durée, pluridisciplinaire et adaptée à son état et à son âge, dès lors que la CDAPH, seule compétente pour « désigner les établissements ou les services correspondant aux besoins de l'enfant ou de l'adolescent » s’était prononcée en faveur de son orientation au SACS de Quimper ; que cette commission ayant fait le choix de ne désigner qu’un seul établissement, comme le permettent à titre exceptionnel les dispositions précitées de l’article L. 241-6 du code de l'action sociale et des familles, il ne saurait être reproché à M. et Mme B de ne pas avoir tenté de faire admettre leur enfant dans un autre SESSAD du département du Finistère, où il n’est au demeurant pas établi qu’il aurait pu bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire adaptée à ses besoins et difficultés spécifiques ; qu’eu égard à l’ensemble de ces éléments, M. et Mme B sont fondés à soutenir que la carence de l’État dans ce domaine a été constitutive d’une faute de nature à engager sa responsabilité, sans que l’administration puisse utilement se prévaloir de la circonstance que les requérants ont bénéficié de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) et de la prestation de compensation du handicap (PCH), lesquelles visent seulement à aider les parents à assumer les charges particulières liées à l’éducation d’un enfant handicapé et n’ont pas pour objet de compenser un défaut de prise en charge conforme à l’objectif fixé par le législateur ;

Sur les préjudices :

5. Considérant, en premier lieu, que le défaut de prise en charge pluridisciplinaire de l’enfant N par le service désigné par la CDAPH compétente entre le 26 janvier 2011 et le 31 août 2014 a causé à ce dernier un préjudice moral dont il sera fait une juste appréciation en évaluant à la somme de 8 000 euros l’indemnisation due à ce titre ; que M. et Mme B peuvent prétendre, au titre de la même période, chacun à une indemnité de 8 000 euros en réparation de leur propre préjudice moral et des troubles qu’ils ont subis dans leurs conditions d’existence ;

6. Considérant, en deuxième lieu, que les requérants justifient avoir exposé jusqu’en décembre 2012 des frais pour les suivis psychologique et psycho-éducatif de leur enfant et l’aide d’une éducatrice spécialisée ; que compte tenu des factures produites et de la circonstance qu’ils ont notamment bénéficié de l’aide spécifique ou exceptionnelle, au titre de la prestation de compensation du handicap (PCH), s’agissant des bilans psychologiques et frais de psychologue, il sera fait une juste appréciation en évaluant à la somme de 1 300 euros l’indemnisation due à ce titre ;

7. Considérant, en dernier lieu, que Mme B soutient qu’en l’absence de prise en charge adéquate de son fils entre 2011 et 2014, elle a été contrainte d’abandonner son activité professionnelle ; que, toutefois, en se bornant à produire deux avis d’imposition concernant les années 2004 et 2005, qui mentionnent un revenu net imposable moyen mensuel de Mme B de l’ordre de 1 820 euros, et l’avis d’imposition au titre de l’année 2011, qui ne fait état d’aucun revenu déclaré de l’intéressée, la requérante n’établit pas avoir dû renoncer à un travail à temps plein en raison de l’insuffisance de prise en charge de son fils entre le 26 janvier 2011 et le 31 août 2014 ; que sa demande d’indemnisation de la perte de revenus qu’elle aurait subie pendant cette période doit dès lors être rejetée ;

8. Considérant qu’il résulte de tout ce qui précède qu’il y a lieu de condamner l’Etat à verser à M. et Mme B la somme totale de 25 300 euros ;

Sur les conclusions à fin d’injonction :

9. Considérant que, par mémoire enregistré le 14 octobre 2015, les requérants ont demandé au tribunal de constater qu’il n’y avait plus lieu de statuer sur les conclusions de leur requête tendant à ce qu’il soit enjoint à l’État d’octroyer une place à leur enfant dans un établissement médico-social adapté à ses besoins d’enfant handicapé, dans la mesure où celui-ci était pris en charge par le SACS de Quimper depuis le 1er septembre 2014 ; qu’ils doivent ainsi être regardés comme se désistant de leurs conclusions à fin d’injonction ; qu’il convient de leur en donner acte ;

Sur les conclusions présentées sur le fondement de l’article L. 761-1 du code de justice administrative :

10. Considérant qu’il y a lieu, dans les circonstances de l’espèce, de faire application de ces dispositions et de mettre à la charge de l’État une somme de 1 500 euros au titre des frais exposés par M. et Mme B et non compris dans les dépens ;

D E C I D E :

Article 1er : L’État versera à M. et Mme B, en leur qualité de représentants légaux de leur fils mineur N, la somme de 8 000 euros.

Article 2 : L’État versera à M. et Mme B la somme de 17 300 euros en réparation de leurs propres préjudices.

Article 3 : Il est donné acte du désistement des conclusions à fin d’injonction de la requête de M. et Mme B.

Article 4 : L’État versera à M. et Mme B la somme de 1 500 euros sur le fondement de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.

Article 5 : Le surplus des conclusions de la requête de M. et Mme B est rejeté.

Article 6 : Le présent jugement sera notifié à M. et Mme  B et à l'agence régionale de santé de Bretagne.

 

Délibéré après l'audience du 18 février 2016, à laquelle siégeaient :

M. Sudron, président,

M. Vennéguès, premier conseiller,

Mme Gourmelon, première conseillère.

Lu en audience publique le 17 mars 2016.

15 décembre 2016

Un enfant avec autisme pourra pratiquer son sport favori avec les enfants ordinaires

article publié par la Fondation Orange

Nous avons signé aujourd’hui une convention permettant aux enfants autistes de 18 mois à 9 ans de faire du sport dans les Clubs du mouvement ASPTT.

Un groupe d’enfants « ordinaires » est encadré par un éducateur. L’enfant autiste est accompagné d’un éducateur spécialisé qui l’a préparé aux exercices, en amont, avec une tablette. Tous les enfants peuvent pratiquer le sport ensemble et les barrières tombent.

 

 

Nous avons dans un premier temps, soutenu cette démarche d’inclusion avec une action pilote au sein du Montpellier Métropole ASPTT en lien avec le Centre de Ressources Autisme dirigé par le Professeur Amaria Bagdhali du CHRU de Montpellier. Le bilan de cette première expérience auprès de 7 enfants autistes, ayant été très positif, elle va s’étendre progressivement sur le territoire national :
la Fédération Sportive des ASPTT, a déjà proposé cette activité dans 4 nouveaux clubs à Toulouse, Marseille, Strasbourg et Rouen. Les activités concernées sont des ateliers d’éveil sportif (kidiSPORT®), la natation ou tout autre sport choisi par l’enfant autiste. Ce programme éducatif et sportif s’étendra chaque année à 4 nouveaux clubs pour irriguer progressivement l’ensemble du territoire national. Partout en France en 2020, un enfant avec autisme pourra pratiquer son sport favori au milieu d’enfants ordinaires.

La convention signée avec la Fondation Orange permet d’assurer le lancement dans de bonnes conditions dans le but de pérenniser cette pratique sur le long terme.
« Nous sommes fiers de nous associer à cette action qui vise à réduire l’isolement des familles d’enfants autistes », déclare Brigitte Audy, notre secrétaire générale.

Comment se déroule la pratique sportive ?

Un groupe de 10 enfants « encadré » par l’éducateur référent de la discipline dont un enfant autiste « coaché » par un éducateur sportif spécialisé « Activités Physiques Adaptées » : la méthode utilisée est celle du 1 + 1.

Pour permettre d’intégrer dans les meilleures conditions les enfants autistes et contribuer à leur épanouissement physique et psychique, le programme pédagogique est conçu en étroite collaboration avec le Centre de Ressources Autisme. Il repose sur :

  • 1 éducateur APA (Activité Physique Adapté) qualifié et diplômé pour 1 enfant autiste.
  • Un programme moteur généralisé (du BABYsport®, au KIDISPORT+® en passant par le kidiSPORT®).
  • Une approche ludique et progressive des activités physiques et sportives.
  • Du matériel et des outils adaptés pour faciliter la pédagogie de l’éducateur vers l’enfant.
  • Un suivi individualisé de l’enfant et des bilans réguliers avec les parents.
  • Du conseil aux parents et aux enfants sur le choix d’une activité.

Les parents et la fratrie font parties intégrantes de ce projet. Des activités leurs sont proposées et un débriefing hebdomadaire est organisé avec l’éducateur APA.

 

 

Des parents témoignent

Mme Garcia, maman de Louca qui participe au cours de natation à Montpellier Métropole ASPTT
"Notre fils Louca a toujours aimé l’eau, c’est un milieu dans lequel il se sent à l’aise qui lui permet aussi de renforcer sa confiance en lui, du coup depuis deux ans je cherchais une association qui pourrait prendre en charge mon garçon.
J’ai d’abord essayé les bébés nageurs, mon fils a adoré, seul inconvénient c’est qu’il a fait le tour de toutes les installations très vite et a fini par s’ennuyer, de plus ma présence était obligatoire, ensuite nous avons essayé des cours de natation en milieu ordinaire voués à l’échec sans encadrement personnalisé.
Le jour où le CRA nous a contactés, j’ai sauté de joie !!!! Montpellier Métropole ASPTT regroupe tous les critères dont mon fils a besoin : des personnes bienveillantes, un accompagnant individuel formé à l’autisme et des cours avec d’autres enfants en milieu ordinaire. La qualité de l’accompagnement est aussi très importante, nous avons fait une merveilleuse rencontre avec Sandrine, l’éducatrice sportive qui fait partie de ces personnes rares qui sont tolérantes mais aussi très impliquées avec un grand sens de l’écoute.
Notre fils est capable de tout faire à condition qu’on prenne le temps et qu’on l’encourage.

Charlyse Mas, maman de Quentin qui participe au cours de kidiSPORT®
"C’est une chance pour Quentin de pouvoir intégrer une activité sportive dans ces conditions : tout au long de la séance, Sandrine est là pour l’encourager, le guider, lui expliquer les consignes… Sans cette présence, il aurait été impossible à Quentin de rejoindre le groupe.
Mon fils n’est pas comme les autres enfants. Il ne peut pas encore mettre le brassard au couleur de son groupe et il a besoin de quelqu’un pour l’aider à comprendre les consignes car il parle peu mais il est avec les autres enfants de son âge et il s’amuse tout autant."

 

 

En 2020, des enfants autistes pourront pratiquer du sport en milieu ordinaire dans toute la France au sein des clubs ASPTT. Afin d’atteindre cet objectif, nous sollicitons 4 clubs par an pour accueillir chacun au moins 4 enfants par saison.

15 décembre 2016

La PCH aidant familial et ses impacts sur vos allocations et votre impôt

article publié sur TOUPI

Cet article traite de la PCH aide humaine versée pour un aidant familial. Faites bien attention : il ne s’agit pas de la partie de la PCH aide humaine éventuellement versée pour rémunérer une tierce personne.

La PCH aidant familial et le RSA

La PCH aidant familial, si vous la touchez pour un enfant handicapé, est exclue de l’assiette des ressources prises en compte pour le calcul de votre RSA. Elle ne doit donc pas impacter à la baisse votre RSA. L’article R262-11 du CASF est très clair sur ce point :

« Pour l’application de l’article R. 262-6, il n’est pas tenu compte :

(…)

6° De l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé et de ses compléments mentionnés à l’article L. 541-1 du code de la sécurité sociale, de la majoration spécifique pour personne isolée mentionnée à l’article L. 541-4 du même code ainsi que de la prestation de compensation du handicap lorsqu’elle est perçue en application de l’article 94 de la loi n° 2007-1786 du 19 décembre 2007 de financement de la sécurité sociale pour 2008 »

La PCH perçue en application de la loi du 19/12/2007 désigne la PCH enfant.

En revanche, si vous touchez la PCH aidant familial pour un adulte handicapé, alors elle compte dans l’assiette de votre RSA et l’impacte à la baisse.

Attention toutefois, les CAF ignorent bien souvent cette subtilité entre PCH adulte et PCH enfant. De plus, la déclaration de ressources au titre du RSA ne comporte pas de case qui permettrait de distinguer le dédommagement familial perçu pour un enfant ou perçu pour un adulte. Si la CAF vous réclame un indu, contactez-nous très vite pour engager un recours. Et surtout, ne demandez pas une remise de dette qui reviendrait à reconnaître votre dette (les remises de dettes aboutissent le plus souvent à des remises partielles).

La PCH aidant familial et l’impôt sur le revenu

Même si l’article 81 du Code Général des Impôts prévoyait que la PCH n’était pas imposable, l’administration fiscale a décidé d’une interprétation différente et a estimé que si elle n’était pas imposable pour la personne handicapée, elle l’est pour l’aidant familial (cf. BOFIP, point 60).

En conséquence, la PCH aidant familiale est assujettie à CSG-CRDS (environ 15,5%) et doit être déclarée en bénéfices non commerciaux : voir fiche pratique ici.

La PCH aidant familial et l’allocation-logement

L’allocation-logement étant calculée en fonction de votre revenu imposable et la PCH aidant familial étant considérée comme un revenu imposable par l’administration fiscale, la PCH aidant familial est susceptible d’impacter le montant de votre allocation-logement.

La PCH aidant familial et la prime d’activité

La PCH, qu’elle soit versée pour votre rôle d’aidant familial auprès d’un enfant handicapé ou d’un adulte handicapé, entre dans l’assiette des revenus professionnels ou assimilés pour le calcul de la prime d’activité, comme indiqué par l’article R844-1 du Code de la Sécurité Sociale :

« Ont le caractère de revenus professionnels ou en tiennent lieu en application du 1° de l’article L. 842-4 :

(…)

9° Les sommes perçues au titre du dédommagement par l’aidant familial tel que défini à l’ article R. 245-7 du code de l’action sociale et des familles »

La PCH aidant familial est donc susceptible de vous ouvrir droit à la prime d’activité.

La PCH aidant familial et la protection maladie

Le décret du 19 juillet 2016 supprime le statut d’ayant droit de son conjoint à la Sécurité Sociale lorsqu’on ne travaille pas. Si vous n’avez pas droit à la Sécurité Sociale (parce que vous ne travaillez pas par exemple) et que vous touchez plus de 805€ de PCH aidant familial/mois, alors vous devrez payer 8% de cotisation sur votre PCH pour être couvert par la protection universelle maladie.

15 décembre 2016

Le restaurant extra-ordinaire Le Reflet ouvre ses portes

Un restaurant employant des personnels trisomiques : c’était le projet de fin d’études d’une jeune architecte d’intérieur nantaise, c’est aujourd’hui une nouvelle table dans le centre-ville de Nantes !

De grands sourires, de l’émotion, un peu d’appréhension aussi… C’est le menu quotidien de l’équipe du restaurant Le Reflet Lien ouvert dans une nouvelle fenêtre, qui ouvre en cette mi-décembre dans la rue des Trois-Croissants, à Nantes. Une équipe véritablement « extra-ordinaire » : aux côtés du gérant et de la chef de cuisine, l’établissement emploie deux cuisiniers et quatre serveurs trisomiques.

« Mon grand frère est trisomique et de fait, on est confronté au regard des autres, on voit que beaucoup reste à faire, explique Flore Lelièvre, qui a imaginé ce projet dès 2013, pour achever sa formation d’architecte d’intérieur. Mon idée était donc de créer un lieu qui leur permette de s’intégrer dans la société ».

« Banaliser la différence, dans un lieu ordinaire »

Le projet de fin d’études de la jeune Nantaise a soulevé l’enthousiasme. Son professeur à l’école Pivaud, Jérôme Nicot, s’y est associé très tôt. Un réseau de compétences diverses s’est mis en place puis s’est constitué en association, Trinôme. A l’été 2016, elle a conduit une levée de fonds qui a dépassé toutes les espérances en rapportant 400 000 €. Le financement participatif a également été sollicité. « Nous avons ainsi pu acheter plus facilement les murs et le fonds de commerce », explique Flore, qui parle d’une « aventure humaine très forte ».
Recrutés pour leur motivation, les six employés porteurs de trisomie 21 vont donner une visibilité à toute une catégorie de la population. « Il faut banaliser la différence et pour cela, il faut un lieu où se rencontrer. Un lieu ordinaire, comme un restaurant », insiste la jeune femme.

Projet de partenariats avec des chefs locaux

De lourds travaux d’accessibilité ont été réalisés pour transformer l’ancienne Table des Roys, nom de la précédente enseigne. « On leur demande toujours de s’adapter. Ici, c’est le lieu qui s’adapte », souligne Flore. Une gamme d’assiettes a été imaginée et permet une prise en main plus facile. Un système spécifique de prise et de transmission des commandes a été mis au point, tous les employés ne maîtrisant pas l’écrit. Une salle de repos a été aménagée, pour surmonter les coups de fatigue.
Le lieu totalise 36 couverts. Ce qu’on trouve dans les assiettes ? « Une cuisine française et du monde, avec des produits de saison ! » précise Flore, qui imagine à terme des partenariats avec des chefs locaux pour apporter de nouvelles saveurs. A vous de goûter cette cuisine où différence rime avec solidarité !

14 décembre 2016

La Présidente de l'Unapei, Christel Prado, vers un avenir encore trop incertain ...

Christel PRADO lors de son intervention face aux responsables et elus politiques pour le congre de Unapei a ToulouseSix ans après son arrivée a la tête de l'Unapei et que l'Unapei fête cette année son cinquante sixieme anniversaire de sa création, Christel PRADO, et à six mois des présidentielle. La présidente nous dresse un nouvelle aparcue de la situation des personnes en situation de handicap a mobilité intellectuelle, face à des responsable politique qui font beaucoup de promesse. Pour la présidente de l'Unapei les«réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux. A une vaste problématique sociétale, on répond par de la bricolothérapie».

FHI --- L’Unapei a fête cette année son 56é anniversaire, plus d’un demi-siècle plus tard et six ans après votre prise de fonction en juin 2010, quel regard portez-vous sur votre action et le bilan dressez-vous sur celui de l’association ?

Christel PRADO --- Je pense que l’Unapei a réussi à atteindre beaucoup de ses objectifs : donner de la visibilité à la problématique des personnes handicapées qui restent sans solution ou à celles qui sont déplacées contre leur gré loin de leur famille, voire en Belgique.

L’Unapei a réussi à démontrer que l’avenir de notre société était d’être inclusive et solidaire, c’est-à-dire qu’il n’était plus supportable pour personne de voir émerger des politiques catégorielles qui ne répondent pas à l’universalité de ce que constitue une société. Pour autant, les moyens n’ont jamais été à la hauteur des annonces faites par les responsables politiques. Pour gouverner, avoir bon cœur ne suffit pas. Il faut faire des choix et donc des arbitrages budgétaires. Ils n’ont clairement pas été ces dernières années à la hauteur des ambitions politiques et surtout des besoins des personnes en situation de handicap et de leur famille.

Nous entrons dans une nouvelle phase associative : celui de nouveaux portages politiques. Les associations ont totalement conscience que lorsque la pénurie est là, il ne faut pas se contenter de la gérer. Il faut contraindre les décideurs à agir par notre mobilisation.

FHI --- Comme je préfère personnellement le terme d’inclusion plutôt que celui d’intégration, vous-même préféré le terme personnes à mobilité intellectuelle réduite que celui personnes handicapées mentales. Mais quelle est la différence, pouvez-vous nous l’expliquer ?

Christel PRADO --- L’Unapei milite pour une société inclusive et solidaire, c’est-à-dire qui lutte contre toutes les formes persistantes d’exclusivité. Nous souhaitons que le droit commun s’applique à tous et que le médico-social ne vienne que renforcer les politiques de droit commun en terme de compensation des conséquences du handicap.

Nous ne souhaitons pas utiliser l’anglicisme inclusion parce que c’est un mot statique. Il ne permet pas aux acteurs de se mettre tous en mouvement au service de la citoyenneté de tous. Nous préférons utiliser l’adjectif inclusif qui est adjoint à une terminologie partagée par tous.

FHI --- J’ai eu l’occasion plusieurs fois de vous entendre lors de vos discours, comme a Toulouse lors du congrès de l’Unapei, exprimant parfois une certaine de forme de colère. Quelles sont les raisons qui freinent leurs inclusions aujourd’hui ?

Christel PRADO --- Les freins sont de plusieurs natures : beaucoup de nos concitoyens considèrent encore que les personnes en situation de handicap sont contagieuses voire dangereuses, mais les freins majeurs sont ceux des frontières que constituent chaque culture institutionnelle. Chacun travaille entre soi et il est très difficile de travailler ensemble pour répondre aux besoins de la personne sans essayer d’en faire un faire-valoir pour l’Etat, les collectivités ou les associations.

FHI --- Vous m’aviez confié lors d’une précédente interview il y a quelques mois, et notamment lors du début quinquennat attendre beaucoup du gouvernement actuel face au retard accumuler depuis plusieurs décennies. Avez-vous pu trouver les réponses à vos questions et demandes ? 

Christel PRADO --- Les réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux. A une vaste problématique sociétale, on répond par de la bricolothérapie. C’est indigne. Nous avions de l’espoir parce que nous étions compris et les objectifs étaient partagés. Le passage du gouvernement Ayrault au gouvernement Valls a constitué une fracture dans les engagements.

FHI --- Vous parler d’Éducation, d’emploi, la vieillesse et depuis quelques années aussi comme celle de la sexualité même si un certain tabou demeure sur la question, sont des questions prioritaires pour l’Unapei, comme vous l’indiquez dans ma première question. Pouvez-vous me dire ce que le Gouvernement de François HOLLANDE aura permis d’améliorer ou aura ignoré ?

Christel PRADO --- Tout a été en trompe l’œil. Si communiquer sur ce qu’on fait sans le faire, c’est répondre aux besoins, alors ce gouvernement a été performant. Quand je vois le nombre de nos concitoyens handicapés sans réponse ou vivant la pauvreté augmenter, je suis très amère, sans pour cela douter de la sincérité de mes interlocuteurs.

FHI --- L’Unapei sera telle présente dans cette campagne présidentielle ?

Christel PRADO --- Oui. Nous nous engageons dans une campagne sociétale qui vise à faire bouger l’ensemble des acteurs de la société et pas seulement les pouvoirs publics et les associations. Nous souhaitons que notre société devienne inclusive et solidaire. C’était le thème de notre dernier congrès à Colmar. Le prochain, à Nancy sera sur l’habitat inclusif.

FHI --- Le polyhandicap demeure aujourd’hui l’une des nombreuses problématiques, une question parfois aborder par les politiques et parfois quelques promesses qui non jamais trouvé de mise en œuvre, des associations réclame aujourd’hui un plan similaire a l’autisme, cela est-il vraiment une nécessité selon vous et quel niveau ?

Christel PRADO --- Nous avons publié un Livre Blanc sur le Polyhandicap qui appelle l’ensemble des parties prenantes territoriales à signer des engagements. Nous pensons qu’il ne faut pas segmenter les plans. Nous réclamons un plan pour les personnes souffrant de troubles du neuro-développement (déficience intellectuelle, autisme, polyhandicap, DYS, TDAH, IMC ...). En ce qui concerne le cancer, les plans sont globaux et pas différenciés selon le type de cancer, ce qui permet de dégager de véritables volumes financiers opérants. Pourquoi faire différemment pour le handicap ?

FHI ---Sur l’emploi, l’Unapei reste très active, comme l’indiquent de récentes conventions de partenariats, comme celle avec la banque alimentaire ? l UNAPEI signe une convention avec la banque alimentaire

L’emploi notamment dans les secteurs de la communication ou des médias en général restant très fermé aux personnes à mobilité intellectuelle réduite ou psychique pourtant des initiatives ici ou la prouve le contraire, comme l’affirme notre syndicat. Comment expliquez-vous cette situation ?

Christel PRADO --- Le taux de chômage des PH est le double de celui de la population ordinaire. C’est dû à la méconnaissance des situations de handicap par les employeurs, au manque de qualification des PH (qui je le rappelle ont rarement accès à l’école) et au manque d’accompagnement dans l’emploi.

FHI --- Six ans après votre élection, j’ai entendu dire que vous envisagiez de quitter la présidence de l’Unapei. Pourquoi une telle décision et quel serait vos prochains objectifs, la politique ?

Christel PRADO --- Je suis avant tout une femme et je dois assurer l’avenir de mes deux enfants. La présidence de l’Unapei est bénévole. J’ai reçu pendant un an une indemnité pour pouvoir continuer. J’estime ne pas devoir faire porter cette charge à mon association.

D’autre part, j’avais toujours dit que j’assumerais cette fonction pendant 8 ans maximum. C’est un véritable sacerdoce qui ne permet pas d’avoir de temps familiaux et de loisirs.
J’ai candidaté sur le poste de directrice générale adjointe cohésion sociale et territoires du département de la Manche et j’ai l’honneur d’avoir été retenue. Je suis fière de mettre mes compétences au service de cette collectivité et de ses habitants.

La politique ? Nous en faisons tous quand nous sommes engagés dans une association militante. Elle n’est pas associée à un parti politique c’est tout. Je ne suis pas membre d’un parti politique et cela semble être une condition en France pour faire de la politique. Je ne remplis donc pas les conditions.

Interview Réalisé par
Stéphane LAGOUTIERE

13 décembre 2016

Autisme : le site du gouvernement

 

L'autisme

Cet espace est destiné à informer le grand public, tout comme les personnes concernées et leurs familles. Il délivre une information officielle et validée par un comité scientifique conforme aux recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de Santé et de l'ANESM.

http://social-sante.gouv.fr

 

13 décembre 2016

Maisons partagées, de nouveaux projets dans toute la France

article publié sur Handicap.fr

Résumé : Des maisons partagées, dans lesquelles vivent personnes valides et handicapées, vont ouvrir dans 10 nouvelles villes de France. Cette innovation sociale qui a fait ses preuves est menée depuis 2009 par la fédération Simon de Cyrène.

Par , le 24-04-2015

Solitude et isolement douloureux pour certaines personnes handicapées... Alors, parfois, on leur propose de vivre chez eux, sans pour autant être seuls. La Fédération Simon de Cyrène  a ouvert des « maisons partagées », expérience innovante entre personnes valides et handicapées (trauma crâniens, AVC, lésions cérébrales, handicap psychique, autisme…). Chacun dispose de son propre studio aménagé dans de grands appartements ou maisons. Leur force, c'est le binôme dans l'esprit des communautés de L'Arche de Jean Vanier : un résident et un assistant qui l'accompagne au quotidien (préparation des repas, déplacements, loisirs, vacances...) et agit sous la houlette d'un responsable de foyer. La première communauté a ouvert en 2009 à Vanves (92). Depuis, ces lieux de vie connaissent un bel essaimage. Entre 2015 et 2017, la Fédération ouvrira des maisons partagées dans 10 nouvelles villes de France !

600 logements en projet

Ainsi, la maison d'Angers a ouvert ses portes fin mars 2015. Elle reçoit 12 résidents handicapés, assistants professionnels et jeunes volontaires et 30 adultes handicapés en activités de jour. En avril 2015, la première pierre a été posée pour la construction de cinq nouvelles maisons à Rungis (Val de Marne) ; 70 personnes pourront vivre ensemble dans des appartements répartis sur 5 maisons situées au sein d'une ancienne ferme briarde (2 800 m² d'habitat partagé) au milieu d'un hectare de parc en centre-ville. En 2015, des permis de construire sont déposés dans 4 villes (Dijon, Nantes, Lyon, Ré) et trois autres groupes de compagnons sont créés (Marseille, Lille, Bordeaux). Au total, près de 600 logements et 400 emplois sont en cours de création.

Un vrai projet de société

L'expérience des maisons partagées Simon de Cyrène s'inscrit comme un projet de société fondé sur un « art du vivre ensemble ». Elle témoigne que la fragilité invite à la fraternité et à la confiance et propose une réponse à mi-chemin entre le domicile diffus, souvent désocialisant et l'institution. Selon une étude DDASS 92 de 2006, 95% des personnes veulent en effet quitter leur établissement !

12 décembre 2016

Maman d'enfant handicapé j'ai fait un burn-out

 

Mère qui médite en apesanteur au-dessus de sa cuisine. Enfants qui volent.

Photo
Un tabouret jeté contre le mur par son fils et Sandrine a fait sa valise.  Elle n’est pas allée loin, mais c’était nécessaire. Témoignage d’un burn-out que Sandrine a partagé sur la toile et dont elle sort peu à peu.

Sandrine est la maman d’un garçon de 14 ans, TDAH, et d’un petit de 7 ans, précoce avec un haut potentiel intellectuel (HPI). Elle gérait tant bien que mal un quotidien pesant quand la goutte d’eau a fait déborder le vase. Une fois de plus, son plus jeune fils n’a pas pu gérer sa frustration : en cause,  un yaourt non désiré pour le petit-déjeuner, qui l’a poussé à balancer son tabouret contre les murs de la cuisine. Sandrine ne l’a pas encaissé comme d’autres fois. En quelques secondes, elle a bouclé ses valises. Son conjoint l’a prise de revers en lui disant que c’était une bonne idée de fuir ainsi. « Ça m’a d’abord vexé, explique Sandrine. Puis j’ai saisi la brèche et je suis partie m’enfermer seule, trois jours, dans la maison de campagne de mes parents. » Sandrine a fait du sport, lu des livres, libre de toute contrainte horaire, et de ses responsabilités.

« Ça s’est aggravé avec le temps »

Avec le recul, Sandrine a réalisé que l’épisode du yaourt n’était pas la vraie raison de son burn-out. « Mon fils aîné a été difficile à gérer pendant des années. Il a un comportement intrusif, que je vis comme une agression. Mon plus jeune ne sait pas gérer sa frustration, avec lui tout est une question de négociation. Je mène une lutte permanente, qui se termine par des crises de plus en plus violentes. Avec eux la journée n’est jamais terminée… »

La peur de craquer

« Je ne me sentais pas le droit de lâcher, alors j’ai tenu le coup en attendant que ça passe. Pendant des années, j’ai eu peur de craquer. Jusqu’au jour où je n’ai pas pu me retenir d’exploser ! J’avais l’impression qu’on m’avalait toute crue, que mes enfants se servaient de moi comme d’un punchingball. Même un bisou était devenu agressif. Si je n’étais pas partie ce week-end-là,  je ne sais pas ce qui aurait pu se passer… », raconte Sandrine.

Affronter le regard des autres

Sandrine ne regrette pas d’être partie, mais plutôt de l’avoir fait sous l’emprise de la colère. « Je ne suis pas fière d’être partie en claquant la porte de la sorte car cela a fait peur à mes enfants. Mais je pense que ça a été salvateur pour tout le monde. Si c’était à refaire je n’attendrais pas autant. »
De son escapade, elle en a écrit un article qu’elle a publié sur son blog Maman@home. « Mes lectrices ont été très compréhensives et bienveillantes, contrairement à la majorité des internautes ayant découvert mon article repris par le site Lalibre Belgique. Leurs propos étaient haineux et violents, ils  m’ont traitée d’égoïste, j’ai été accusée d’avoir abandonné ma famille, de ne pas savoir m’occuper de mes enfants prétendument « atypiques ». Quand on fait un bun-out professionnel, craquer est normal, tout le monde peut comprendre. Mais quand ce sont vos propres enfants qui vous poussent à bout, alors vous devez assumer avec le sourire. Je ne suis pas d’accord ! On peut craquer et ne pas être une mauvaise mère pour autant. Cette escapade de quelques jours m’a permis de prendre du recul. Je l’ai fait, et ça m’a procuré un bien fou. Je me rends compte aujourd’hui que j’ai le droit de prendre du temps pour moi, que j’ai le droit de ne plus supporter. Et que ce n’est pas grave. La peur de craquer a été bien plus angoissante que celle de passer à l’acte. »

Vanessa Cornier

12 décembre 2016

1er arbre de Noël d'Autisme Deux-Sèvres : un grand succès !

logo Autime Deux-Sèvres

article publié sur le site d'Autisme Deux Sèvres


Le : 12 Décembre 2016 - 14:39

Ce samedi 10 décembre, Autisme 79 organisait son 1er arbre de Noël. Une soixantaine de personnes se sont retrouvées à la salle des fêtes de la commune de Coutières. Un goûter et une magnifique pièce montée de bonbons ont régalé les enfants et les parents.

l1100464.jpg

Puis le Père Noël a fait son apparition, chargé des cadeaux pour les enfants de l'association et leurs frères et soeurs.

20161210_155211.jpg

Merci à toutes les personnes qui ont participé à la réussite de cette journée.

Le mot de notre présidente :

J'espère que cette après-midi ensemble a permis aux nouvelles familles de rencontrer les familles plus "anciennes" et que cette belle dynamique continuera tout au long des années à venir.

Je vous souhaite de belles fêtes de fin d'année

Frédérique Buffet

Publicité
Publicité
Publicité
"Au bonheur d'Elise"
Visiteurs
Depuis la création 2 397 679
Newsletter
"Au bonheur d'Elise"
Archives
Publicité