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"Au bonheur d'Elise"

2 janvier 2013

Le réveillon d'un autiste

article publié dans Agoravox

En cette période de réveillon, voici un témoignage d'Arielle Dryen, membre du groupe EgaliTED et infirmière, qui nous fait découvrir le réveillon d'un autiste français parmi d'autres. Conformément à la législation relative au secret professionnel les noms ou prénoms comme des détails ont été modifiés afin de garantir l'anonymat des personnes et des lieux.

Je passe Noël à l’hôpital psychiatrique, j’ai une psychose infantile.

J’ai une vingtaine d’année, je ne sais pas lire ni écrire. Une infirmière décrit la façon dont je passe Noël, c’est le réveillon. Elle vient de me voir, cette après midi et ce soir. Je ne sais pas qu’elle écrit sur moi. 

Les médecins m’ont donné un diagnostic de psychose infantile depuis que je suis tout petit. Parfois je tape. On me dit « c’est pas bien tu vas être puni ». Dans le couloir quand ils ont fermé la porte j’entends « il n’est pas assez contenu ».

Quand j’ai compris que de toute façon ils m’amènent dans la chambre d’isolement et qu’ils en appelleront 4 ou 5 de plus si je me débats et que j’essaye de les mordre, j’y vais. Je suis triste j’ai la tête basse et je pleure. J’entre. Je tourne, je tourne… et ils parlent fort, très fort. Je finis par comprendre qu’il faut que et je m’assoie sur le lit.

On dirait que cette fois ci ils ne vont pas m’attacher « si tu es sage ». Je suis assis et je ne bouge pas. Je ne suis pas content. Je crie, « je voudrais un câlin de Stéphanie ! » mon infirmière préférée. Elle me caresse la tête quand je suis attaché pour me consoler.

Un infirmier reste debout devant moi, il est prêt. Il hausse le ton et dit « Oh Oh ! Du calme, arrête ». Je me crispe autant que je peux, je me mords. L’infirmière qui écrit en ce moment dit « On le laisse tranquille maintenant, on sort. »

Ils ne comprennent pas ; l’autre reste debout à me regarder. Je crie "Dehors !! Dehors !!!" L’infirmier dit plus fort "Oh !!! Ooo laa !". Je me balance et je me mords pour de vrai. Ils ne m’ont jamais attaché pour ça.
Ils se regardent.
Ils s’en vont.

 

Deux heures après, à peu près, ils se souhaitent un bon réveillon dans le couloir, ils finissent à 22H08. Je ne sais pas ce que c’est, le réveillon. Mais je connais toutes les marques de voitures et les modèles.

J’ai un diagnostic de psychose infantile.
Je ne comprends pas les règles sociales, il faut tout m’expliquer. Mais c’est flou. Je ne comprends pas non plus tout ce qu’ils disent. On dirait que pour eux c’est simple. Pas pour moi. En plus j’ai un appareil auditif à une oreille. Mes orteils sont très courts et je marche sur la pointe des pieds.
Je suis différent. J’ai une psychose infantile.

L’infirmière qui écrit sur moi pense que j’ai un autisme. Je ne sais pas ce que c’est. Mes parents non plus. Les gens de l’hôpital non plus.

 

C’est la fin de l’année de l’autisme.

Ici là ou je passe Noël personne n’est au courant, personne ne fait le lien avec qui je suis, ou comment je suis. Elle, elle sait que depuis 7 ans il y a des recommandations pour la pose du diagnostic, depuis 2010 un état des lieux des connaissances, depuis le printemps 2012 des recommandations de prise en charge pour les enfants.

Mais moi je suis adulte. Je vais souvent dans la chambre d’isolement. Je ne comprends pas.

Le collectif EGALITED souhaite à toutes les personnes avec autisme et à leurs familles, une année 2013 meilleure que l'année 2012. Nous souhaitons que malgré l'inertie institutionnelle la France finisse par rattraper ses 40 ans de retard sur les autres pays développés, qu'on arrive, comme ailleurs, à scolariser 80% des enfants autistes (au lieu de 20%), que les enfants bénéficient, comme ailleurs, d'un diagnostic précoce suivi d'une prise en charge éducative comportementale ou développementale, que les adultes autistes soient diagnostiqués correctement et traités humainement, dans des lieux de vie adaptés - en tout cas, pas en hôpital psychiatrique, où ils n'ont rien à faire, pas plus que les enfants autistes d'ailleurs.

Nous souhaitons que ce texte fasse enfin réfléchir et évoluer les décideurs administratifs et politiques, les psychiatres, les infirmiers, psychologues, éducateurs, mais aussi les professeurs des écoles, collèges, et lycées. Nous souhaitons qu'on comprenne que la place de nos enfants est à l'école, pas à l'hôpital. Que nos enfants ne sont pas fous, ni dangereux, mais qu'ils ont besoin qu'on les accepte pour ce qu'ils sont et qu'on les aide à trouver leur place parmi nous.

 

Bonne année 2013.

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2 janvier 2013

Brestois 2012. Eric Lemonnier a découvert un traitement contre l'autisme

Sondage mercredi 02 janvier 2013
 

Parmi les personnalités sélectionnées par la rédaction d'Ouest-France, pour être le Brestois de l'année 2012, Eric Lemonnier a mis en évidence les effets d’un diurétique qui diminuerait la sévérité des troubles autistiques.

C’est un traitement, considéré comme révolutionnaire, qui diminuerait la sévérité des troubles autistiques. Mi-décembre, le pédopsychiatre brestois Éric Lemonnier et le neurologue marseillais Yehezkel Ben-Ari, ont présenté les résultats d’un essai clinique Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) à portée internationale. Réalisé à Brest, l’essai a porté sur soixante autistes âgés de 3 à 11 ans suivis durant trois mois.

Les chercheurs ont étudié les niveaux de chlore dans les cellules du cerveau. Il diffère selon le degré de maturation. L’hypothèse est que les autistes ont une concentration de chlore intracellulaire élevée au niveau des neurones corticaux, qui empêche cette maturation. Les scientifiques se sont intéressés à un diurétique, le bumétanide, qui permet de bloquer ce niveau de chlore. Pour 90 % des enfants, des améliorations ont été observées.

Mieux. Sur 20 à 30 %, notamment sur les Asperger (autisme dit de haut niveau) les résultats ont été « magnifiques ». « Les troubles autistiques avaient quasiment disparu. »

Cependant, à l’arrêt du traitement, les symptômes reviennent. « Cette étude ouvre des perspectives mais il faut rester prudent. Une autre étude doit être réalisée », affirme le docteur.

Originaire de Paris, âgé de 53 ans, il est responsable du Centre régional autisme Bretagne, installé à l’hôpital de Bohars, depuis onze ans. Le praticien a participé à développer la nécessité d’un diagnostic précoce pour permettre une prise en charge plus efficace. Il a aussi incité à généraliser le recours à l’orthophonie dès les premiers troubles. Il a toujours incité les parents à scolariser les enfants. « L’école, c’est l’autoroute pour acquérir la liberté. »

2 janvier 2013

L'association Trott'Autrement

cheval fête

S'il est une activité qui convient parfaitement à Elise, c'est bien l'équitation et la rencontre de l'association Trott'Autrement a été quelque chose d'essentiel ... pour elle comme pour de nombreux cavaliers de tout âge et bien entendu leurs familles !

Vous connaissez le site :

logo trot courrier 3 10ème

cool gifTrott'Autrement est maintenant sur Facebook => et n'oubliez pas de cliquer sur J'AIME

bouton fb

Extrait de la Vie à Bry de décembre 2012 (page 11)

"Comment l’association Trott’autrement est-elle née ?

L’association « Trott’autrement » a été créée en 2005 sous l’impulsion de deux femmes passionnées de chevaux et mères d’enfants porteurs d’handicap. Soutenues par deux amies psychomotriciennes, elles ont mis en place des séances de thérapie avec les chevaux pour les personnes de tous âges et quelles que soient leurs difficultés ou handicaps. Au fil du temps, l’association a développé son activité et a vu augmenter le nombre de ses adhérents.

Quel est votre parcours au sein de l'association ?

Père d’une grande fille autiste de 27 ans pratiquant l’équitation depuis son plus jeune âge, je connais bien les difficultés rencontrées par les familles dès lors qu'elles veulent s'orienter vers la pratique de l'équitation. La rencontre avec Trott'Autrement a été un progrès assez fantastique en terme d'autonomie et d'accompagnement. Auparavant, je devais composer en permanence et cela relèvait un peu du parcours du combattant...
Aussi en 2008, quand j'ai découvert l'association via internet j'ai foncé et je dois dire que je n'ai jamais été déçu. Grâce au professionnalisme des intervenantes formées au handicap, tout devient plus facile et les parents peuvent respirer le temps de la séance.

Comment fonctionne l'association ?

Tous les dirigeants sont bénévoles et, pour la plupart, parents d'enfant avec handicap. Les séances sont encadrées par des professionnels qualifiés et salariés de l'association ayant fait le choix d’accompagner des personnes en difficulté ou en situation de handicap. Des partenariats sont établis avec les centres équestres
pour mettre en place les séances. Actuellement nous avons 6 centres équestres partenaires, dont le centre équestre municipal de Bry où des séances se déroulent le dimanche après-midi.

Quelles sont les différentes activités proposées par votre structure et pour quels objectifs ?

Il y a deux types de pôles :
- le pôle thérapie où des professionnels qualifiés mettent en oeuvre des séances de soins à l’aide du cheval qui est utilisé comme médiateur. C’est une rencontre avec l’animal qui est basée sur les sens, les émotions… cette activité a pour objectif de favoriser l’épanouissement de la personne.

- le pôle loisirs, quant à lui propose un apprentissage de l’équitation avec un encadrement adapté aux difficultés et potentialités de chacun. Il s’agit avant tout d’une démarche pédagogique qui privilégie la notion de plaisir.

Quels sont vos besoins et vos projets ?

Nous recherchons du personnel qualifié et des bénévoles (notamment à Torcy) pour ouvrir d’autres créneaux de séances d’équitation et accueillir les familles, car nos ateliers sont complets. Concernant nos projets, on souhaiterait offrir plus régulièrement à nos adhérents des animations adaptées autour du cheval et du milieu équestre afin de créer des liens. La ville de Bry a bien compris la noblesse de notre démarche et nous apporte son soutien."

élise fête de trot

1 janvier 2013

Recherche autisme : sujets d'actualité en 2012

article publié sur le site Autisme Information Science

Hot topics in 2012 publié sur le site du SFARI

Traduction : J.V.
 
 

L'année dernière a connu des développements majeurs dans la recherche sur l'autisme, comme les gènes candidats et le développement de médicaments, ainsi que certains grands débats, y compris les nouvelles lignes directrices de diagnostic. Nous explorons ici une dizaine de thèmes qui ont suscité un vif intérêt. 
 

1. De nouvelles approches de traitement

Dans l'un des plus médiatisés développements de l'année, les chercheurs de Seaside Therapeutics, une société basée dans le Massachusetts, ont annoncé qu'un médicament appelé arbaclofen améliore les problèmes de comportement chez les personnes atteintes du syndrome de l’X fragile.
Les résultats sont quelque peu controversés parce que le médicament n'a pas atteint son objectif principal, une diminution de l'irritabilité. D'autres chercheurs étudient une variété d'approches dans des modèles animaux de l'X fragile, y compris un médicament anti-cholestérol appelé lovastatine, une enzyme qui régule la synthèse des protéines, et une aide expérimentale pour le sommeil.
Les traitements ont montré des avantages dans des modèles animaux d'autisme, y compris un médicament pour l’épilepsie chez les souris atteintes du syndrome de Dravet, un trouble épileptique rare, et des greffes de moelle osseuse dans des modèles animaux à la fois de l'autisme et du syndrome de Rett. Deux études suggèrent que les suppléments nutritionnels peuvent également aider à traiter un petit nombre de cas d'autisme. 
Dans une étude, les chercheurs ont constaté qu'un défaut génétique dans la synthèse de la carnitine augmente légèrement le risque de l'autisme chez certains enfants. 
Dans une autre, une analyse des familles avec des formes héréditaires d’autisme a montré que les mutations rares qui accélèrent le métabolisme de certains acides aminés déclenchent une forme potentiellement curable de l'autisme. 
 

2. De nouveaux gènes candidats pour l'autisme 

Ce fut une année charnière pour la génétique de l'autisme. L'accent a été mis sur des variantes rares - celles présentes dans moins de 1 % de la population - et trois méthodes ont non seulement identifié solidement des nouveaux gènes à risque, mais ont aussi promis d’en livrer d’autres dans les années à venir. 
Le séquençage de l’exome  , c’est-à-dire les régions du génome qui codent des protéines, chez les personnes atteintes d'autisme et leurs familles a identifié un certain nombre de nouveaux gènes à risque. Plusieurs études ont été axées sur les familles qui ont un seul enfant avec autisme et des frères ou sœurs non atteints, à la recherche des mutations ponctuelles perturbatrices du gène spontanées, ou ‘de novo’. 
Ces études suggèrent que pas moins de 500 à 1000 gènes peuvent être impliqués dans la maladie. Même si les scientifiques identifient des mutations dans ces gènes dans seulement deux ou trois personnes avec autisme, ils sont statistiquement très susceptibles d'être des gènes à risque authentiques [‘bona fide‘].
Le séquençage de l’exome a également montré de grandes promesses dans l'identification des mutations responsables présentes sur les deux copies du gène dans un certain nombre de familles qui ont plusieurs membres atteints d'autisme. 
Au-delà de l’exome, les chercheurs ont utilisé le séquençage de nouvelle génération pour identifier des anomalies chromosomiques équilibrées dans l'autisme - des morceaux d'ADN échangés entre chromosomes - et a constaté que de tels événements sont étonnamment commun. 
Ces premiers résultats fournissent déjà des connaissances sur la biologie de l'autisme. Les estimations à partir des données de l’exome suggèrent que près de la moitié des gènes à risque autistique se révéleront être des cibles directes de la protéine du syndrome de l’X fragile avec retard mental, FMRP, ce qui devrait inciter à une concentration renouvelée sur cette voie critique. 
De nombreux gènes impliqués dans la beta-caténine et la chromatine semblent également être perturbés, pointant vers de nouvelles voies à explorer. 
Enfin, les études ont identifié un certain nombre d'individus dont l'autisme peut être causé par des erreurs congénitales du métabolisme, ce qui soulève la possibilité que les compléments alimentaires peuvent, dans certains cas, être des traitements efficaces. 
 

3. Le débat sur les directives de diagnostic 

En Décembre 2012, après des années de débat, l'American Psychiatric Association a approuvé des mises à jour du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). 
Les nouvelles lignes directrices, détaillées dans la prochaine édition, le DSM-5, comprennent notamment des modifications substantielles dans les critères de diagnostic de l'autisme. 
Les lignes directrices, que l'Association a approuvé le 1er Décembre, ont déclenché une vive polémique dans la communauté de l'autisme. Un petit nombre d'études a suggéré que les nouvelles lignes directrices excluraient certaines personnes actuellement diagnostiquées avec autisme, et plus particulièrement celles qui ont des formes plus douces, telles que le syndrome d'Asperger et le Trouble Envahissant du Développement non-spécifié [TED-NS]. 
Mais les critiques disent ces études sont basées sur des données erronées, et au moins une étude approfondie a suggéré que les lignes directrices ne sont pas susceptibles d'exclure un grand nombre. 
 

4. Les artefacts en imagerie cérébrale

Sans doute le travail le plus passionnant de l'imagerie cérébrale au cours des deux dernières années est venu de la numérisation de cerveaux dits au repos de gens pendant qu'ils se reposaient dans la machine. Mais cette année, plusieurs scientifiques ont révélé que les résultats de certaines de ces études étaient dus à des participants qui bougeaient la tête dans le scanner - un défi particulièrement fréquent lorsque l'on travaille avec des enfants, et en particulier les enfants autistes. Les chercheurs travaillent sur de nouvelles techniques pour limiter les mouvements indésirables, mais l'artefact a déjà entaché le dossier scientifique. 
Par exemple, il porte atteinte à certains éléments de preuve utilisés pour soutenir la populaire « théorie de la connectivité » pour l'autisme, qui dit que le trouble provient de la faiblesse des connexions à longue portée. Même si les mouvements de tête ne seraient pas un problème, certains chercheurs tentent de découvrir si le cerveau au repos d'une personne autiste est plus influencé par l'excitation émotionnelle que celui des témoins. 
 

5. Plusieurs coups au génome 

En plus d'identifier les nouveaux gènes à risque, un certain nombre d'études publiées cette année corroborent l'idée que l'autisme résulte parfois de plus d'un coup dans le génome. Cela peut aider à expliquer pourquoi certaines variations génétiques semblent avoir des résultats variables, allant de l'autisme à une légère déficience intellectuelle, à la schizophrénie ou à un retard général du développement. 
Une étude à grande échelle de plus de 2.700 enfants avec des variations du nombre de copies (CNV) - délétions ou des duplications d'ADN - a révélé que ceux qui ont un retard de développement sont huit fois plus susceptibles d'avoir deux CNV que ne l’ont les personnes du groupe contrôle. 
Une étude du gène lié à l'autisme SHANK2 a constaté que trois personnes atteintes d'autisme présentent des mutations dans ce gène ainsi qu’une CNV dans une région liée à l'autisme du chromosome 15. 
Et une troisième étude a révélé que des variants génétiques communs - qui se trouvent dans 5% ou plus de la population - contribuent ensemble à un risque significatif d'autisme. (De vastes études de variantes communes n'ont pas réussi à identifier de manière fiable des variantes individuelles qui comportent un risque significatif.) 
 

6. Troubles neurologiques dans le cerveau adulte

L'autisme est un trouble qui commence tôt dans la vie, peut-être même dans l'utérus. Mais plusieurs études sur la souris publiées cette année montrent que certaines protéines liées à l'autisme jouent un rôle crucial dans le cerveau adulte. 
Ils s'ajoutent à un nombre croissant d'études sur des modèles animaux suggérant que les déficits neurologiques associés à l'autisme, comme les troubles peuvent être traités à l'âge adulte. Si les découvertes se vérifient chez les gens, cela permettrait de prolonger la fenêtre de traitement. 
Deux études ont suggéré que le cerveau peut être en mesure d'être recablé dans une certaine mesure après la période critique du développement de l'enfant. 
Rétablir la production de la protéine liée à l'autisme , neuroligine-3, chez des souris jeunes inverse des anomalies dans leurs neurones, et donner à des souris adolescentes un médicament qui a montré des résultats prometteurs dans le syndrome du X fragile lié à l'autisme améliore la sensibilité sensorielle et les problèmes d'apprentissage et de mémoire.
Une autre étude a renforcé l'idée que la protéine impliquée dans un autre trouble lié à l'autisme, le syndrome de Rett, est vitale pour le fonctionnement du cerveau adulte. L'étude suggère que les traitements ciblant cette protéine devraient être donnés tout au long de la vie d'une personne. 
 

7. Aperçu de la fratrie bébé 

La «fratrie bébé », les frères et sœurs d'enfants autistes ainsi appelés, a jusqu'à 20 fois plus de risque de développer la maladie. Un certain nombre d'études de « fratrie bébé » ont donné des résultats intrigants en 2012, y compris les premiers signes de caractéristiques qui peuvent prédire quels enfants développeront l'autisme. 
En Février, les chercheurs du réseau the British Autism Study of Infant Siblings ont rapporté les premières preuves d’une activité cérébrale qui pourrait prédire un développement ultérieur d'autisme. Ils ont constaté que les bébés de la fratrie qui développeront l'autisme ont une réponse cérébrale différente pour fixer le regard que ceux qui ne le feront pas. 
Les résultats de l'Infant Brain Imaging Study [étude d'imagerie cérébrale infantile] aux États-Unis, publié plus tard ce mois-là, montrent que les bébés frères et soeurs qui développeront l'autisme ont des anomalies de la substance blanche, les faisceaux de fibres nerveuses qui relient les différentes régions du cerveau, dès l'âge de 6 mois. 
D'autres études publiées cette année ont révélé que les bébés frères et sœurs ont plus de difficulté à intégrer l'information à partir de leur vue et de l'ouïe, et ont une activité cérébrale faible dans de nombreuses fréquences différentes. 
Leurs cerveaux ne font pas non plus la distinction entre mouvement brouillé [scrambled motion] et mouvement biologique, ou le mouvement des corps, de la façon dont les contrôles le font. 
 

8. Direction du cerveau 

La littérature sur l’autisme est en proie à des résultats mitigés de tests cognitifs chez les personnes atteintes d'autisme. Par exemple, certaines études suggèrent des déficits de flexibilité de la pensée ou dans l'exécution des tâches en plusieurs étapes, mais d'autres ne le font pas. 
Les chercheurs commencent à mieux résoudre ces incohérences par la conception de tests sophistiqués qui permettent de détecter exactement pourquoi les personnes atteintes d'autisme se débattent avec ces compétences dans le monde réel. 
En mai, un article provocant a suggéré que les personnes autistes font mal sur certains tests de la fonction exécutive, un ensemble de processus mentaux complexes impliqués dans la planification, l'organisation et des activités similaires, car ils ont du mal à imaginer ce que les autres pensent. 
Plus tard, une revue a rassemblé les preuves de plus de trois douzaines d'études pour montrer que les personnes autistes ne prêtent pas spontanément attention aux informations sociales, même si certaines peuvent interpréter correctement ces informations si elles sont expressément invitées à le faire dans un test de laboratoire. 
Enfin, un nouveau test sur ordinateur, qui a fait ses débuts lors de la conférence annuelle dela Society for Neuroscience à la Nouvelle-Orléans, promet de capter les difficultés que les personnes autistes ont dans la pensée flexible. 
 

9. L'inconvénient de la rétention des données 

Le partage des données a toujours été un principe de la démarche scientifique, mais dans le monde d'aujourd'hui des fonds de recherche super-concurrentiel, il devient de plus en plus difficile à faire. 
Cette année, la communauté de l'autisme a commencé à parler plus ouvertement des avantages du partage des données. Certains chercheurs ont choisi de ne pas envoyer leurs modèles animaux [souris] de l'autisme à un référentiel central - même après que les modèles aient été publiés. Les critiques disent que cela ralentit le progrès parce que d'autres chercheurs ne peuvent pas les étudier plus en profondeur.
En fait, dans le but de faire un modèle de souris particulièrement formidable à la disposition de la communauté scientifique, une petite organisation à but non lucratif a choisi de financer la recréation d’une souris. La générosité bénéficie à la personne qui partage aussi. Elle peut agir comme une assurance contre les dommages imprévus à un laboratoire unique, comme les chercheurs de l'Université de New York l’ont appris en octobre après que l'ouragan Sandy ait frappé. 
La mise en commun des données peut également augmenter la puissance statistique, ce qui est particulièrement utile dans les études génétiques. 
 

10. Rôle croissant du système immunitaire 

Depuis plus d'un siècle, les chercheurs ont trouvé des liens fascinants entre le système immunitaire et des troubles psychiatriques. 
Plusieurs groupes font état de mécanismes biologiques qui relient la fonction immunitaire et l'autisme.
Une étude, par exemple, a constaté que les enfants atteints d'autisme ont des taux sanguins anormaux des molécules immunitaires appelées cytokines à la naissance. 
Plusieurs autres documents trouvé que les microglies  - soldats immunitaires du cerveau - sont importantes pour le développement du cerveau, et se présentent en grappes anormales dans le cerveau des autistes. 
Et peut-être le plus provocant, des chercheurs ont renversé les symptômes dans un modèle de souris de l'autisme à la fois génétique et environnemental en effaçant les systèmes immunitaires des animaux avec une greffe de moelle osseuse.
 

29 décembre 2012

Bilan de l'année de l'autisme : Le changement, c'est ailleurs.


Et voila, c’est la fin de l’année de l’autisme… Quel bilan en tirer ?

C’est vrai qu’on a parlé d’autisme… Du coup, peut-être que les personnes non concernées pensent que enfin, la France est décidée à rattraper son retard, qu’enfin, les droits des enfants autistes à la scolarisation, à l’éducation seront respectés. Qu’enfin, les prises en charge adaptées seront accessibles aux enfants et adultes, que des aides à l’insertion professionnelle se développeront.

Et bien non, désolée… Le phénomène « Grande Cause Nationale » n’a amené aucun changement pour les familles et personnes concernées, comme le souligne Autisme France. Ce qui aurait pu amener un changement en revanche, c’est la publication tant attendue des recommandations de bonnes pratiques par la Haute Autorité de Santé (HAS) au mois de mars. Mais bon, le gouvernement semble pour l’instant les ignorer…

La France prend un an de retard par année….

 

Pour avoir l’avis d’une personne étrangère au pays, j’ai voulu savoir ce qu’en pensait Isabelle Resplendino, une maman (française) vivant en Belgique depuis 15 ans, et engagée pour l’inclusion des personnes autistes. Je l’ai connue l’année dernière au moment de la diffusion du film « Le mur ; la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme », qui est très probablement à l’origine du fait que l’autisme ait été grande cause nationale 2012.

Quelque part, Isabelle est une maman « chanceuse », puisqu’elle a épousé un Belge : son enfant, élevé en Belgique, a pu progresser et grandir parmi les autres, ce qui n’aurait probablement jamais pu se faire en France. C’est cette progression, la façon dont les personnes autistes sont considérées de l’autre coté de la frontière, qui l’a motivée à s’impliquer dans l’autisme dans le but d’essayer de changer en profondeur le système global de prise en charge en France.

En cette fin d’année de l’autisme, elle tire la sonnette d’alarme : le nombre de parents français téléphonant aux associations belges pour scolariser leur enfant n’a jamais été aussi élevé qu’auparavant, l’exil Belge continue plus que jamais… Pourquoi cela ?

Les impôts de G. Depardieu aideront à financer la scolarisation des enfants français en Belgique.

 

Quel est le parcours de ton fils, Wolfgang ?

Wolfgang a eu un diagnostic de trouble autistique (Syndrome d’Asperger) à l’age de 4 ans, par l’hôpital d’Anvers.

À cette époque,  on me donne le choix : ou l’enseignement spécialisé, ou l’hôpital de jour, mais le mieux est dans la langue maternelle (bien qu’il ne soit pratiquement pas verbal). Nous sommes en Flandre. Nous vendons notre maison pour en racheter une autre en Wallonie, dans le Hainaut, dense en enseignement spécialisé. Entre-temps, nous le déscolarisons : il ne supporte plus l’école ordinaire.

Il faut savoir qu’en Belgique, l’enseignement spécialisé dépend de l’éducation nationale : nous ne sommes pas dans le domaine du soin, mais bien dans celui de l’éducation. Les personnels paramédicaux qui sont affectés à l’enseignement dépendent de l’Education nationale.

Wolfgang fait sa rentrée à l’école spécialisée, en maternelle, en janvier 2006, chez une institutrice qui a suivi une brève formation autisme en cours de carrière avec le professeur Ghislain Magerotte.

À Pâques de la même année, il parle couramment, il mange des aliments solides et est propre de jour comme de nuit : nous avons utilisé des renforçateurs (système de croix : au bout de 10 croix un Pokemon).

Wolfgang et Isabelle Resplendino

 

Il continue à faire des progrès. À ma demande, le centre PMS (psycho-médico-social) dont dépend l’école vient le réévaluer : il n’a plus de déficience intellectuelle  il doit changer d’école, celle-là ne s’occupant que d’enfants avec déficience intellectuelle  En septembre 2008, il va dans une autre école, toujours spécialisée, mais qui s’occupe aussi en charge des enfants sans déficience (troubles d’apprentissage et troubles du comportement). Un an plus tard, il intègre l’école ordinaire dans une classe issue des expériences du scientifique Philippe Tremblay (un groupe d’enfants à besoins spécifiques dans une classe ordinaire avec deux enseignants, dont l’un est spécialisé). Sa moyenne oscille entre 90 et 95 %, il est le meilleur élève de l’école.

Aujourd’hui, il est en 5e primaire, nous avons 6 années de primaire en Belgique.

 

De quelle manière t’impliques tu aujourd’hui pour faire évoluer la prise en charge des personnes autistes ?

Dès les premiers progrès de Wolfgang, j’ai eu l’idée, connaissant la situation désastreuse en France, de travailler à un projet politique de scolarisation des enfants à besoins spécifiques. Je me suis aperçue que l’engagement politique n’était pas suffisant, c’est ce qui m’a conduit à venir à l’associatif. Ce n’est pas mon métier (je suis consultante en entreprise par ailleurs), c’est du bénévolat.

Je suis membre et/ou responsable de plusieurs associations (voir leurs références en fin d’article), que je représente dans des instances officielles : j’ai été, entre autres, nommée par la Ministre et le gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles au Conseil Supérieur de l’Enseignement Spécialisé pour y représenter les fédérations des associations de parents d’élèves et les principales associations du handicap.

Je suis pour les associations et les officiels de Belgique et de France une interlocutrice reconnue pour les Français de Belgique, connaissant bien les deux systèmes.

 

Quelles sont les grandes différences entre la Belgique et la France au niveau prise en charge des enfants autistes, pourquoi les enfants et adultes  autistes français vont en Belgique ?

La grande différence de prise en charge de l’autisme entre la Belgique et la France réside surtout dans le scolaire : nous avons les classes à pédagogie adaptée TEACCH, que Ghislain Magerotte a installé dans l’enseignement spécialisé après être allé les chercher avec son équipe aux USA, en Caroline du Nord (projet Caroline).

Nous avons aussi beaucoup d’enfants qui, sans être dans des classes TEACCH, suivent un programme d’inspiration TCC individualisé.

La scolarisation des enfants handicapés (autisme, polyhandicap, déficiences variées) est la raison de l’hébergement des enfants français en Belgique.

 

Si proche, si loin….

 

Pour les adultes, c’est le manque de structures en France qui pousse à cet exil, les réglementations étant moins strictes : les instituts hébergeurs ne sont pas agréés, mais ont reçu une simple autorisation de prise en charge ; c’est donc moins coûteux à court terme. Mais en termes de perte d’emplois et frais de déplacement, évidemment à la longue ça revient plus cher, ne parlons pas des enfants qui sont hébergés pour être simplement scolarisés !

 

Tu remarques des hausses de demandes des parents qui veulent mettre leur enfant en Belgique, à quoi est-ce du, selon toi ?

Pour moi, l’augmentation des demandes des parents français est due à ce que les parents ont beaucoup espéré des recommandations de la HAS, mais constatent que le gouvernement ne fait rien pour les faire appliquer, que le discours officiel des ministres concernés ne rejette pas du tout, bien au contraire, les approches psychanalytiques, et que les problèmes de scolarité continuent de plus belle…

 

Quel est ton bilan de l’autisme cette année ?

Mon bilan : on s’est fichus de nous.

J’ai assisté à un colloque sur l’autisme organisé par le sénat le 06 décembre.

On nous a annoncé comme une fleur qu’on sortirait les enfants de l’hôpital psychiatrique pour les mettre en IME… Et la scolarisation ? Rien.

La ministre Mme Carlotti a dit qu’elle allait faire pratiquer des études sur l’efficacité de toutes les thérapies sans exclusion et que le gouvernement attribuerait les fonds publics en fonction du résultat. Or ces études ont déjà été faites par le passé, et conclu à l’inefficacité de la prise en charge psychanalytique dans le domaine de l’autisme. De plus, des recommandations de bonnes pratiques viennent d’être publiées par la HAS, donc je ne vois pas l’intérêt de cette étude.

Je crains qu’on nous sorte alors à l’issue de cette étude probablement franco-française que la psychanalyse, mélangée aux autres thérapies, c’est bien, et qu’il faut continuer avec . Or, pour l’avoir constaté sur plusieurs enfants, je peux assurer que la psychanalyse sape le travail éducatif : en effet, l’analyse se focalise sur les comportements inadéquats de l’enfant en y accordant de la valeur, ce qui fait que ces comportements sont renforcés. De plus, relever et commenter des heures le moindre fait et geste, même le plus anodin de l’enfant et n’en rien faire d’éducatif, je ne vois pas l’intérêt, à part jeter l’argent des contribuables par la fenêtre et gaspiller le temps de l’enfant, du personnel et de la famille. Soyons sérieux une minute : partir du postulat que l’enfant est VOLONTAIREMENT autiste, que ce soit conscient ou non, que ce soit la faute de la mère (en off) ou bien : « non on ne dit plus ça » (en public) c’est déjà baser toute sa « thérapie » sur du faux…

 

Comment vois-tu le futur, en France ? 

Je le vois très mal. Les associations d’usagers ont été conviées deux heures par mois en réunion de concertation pour le prochain plan autisme qui sera présenté en janvier. Aucun travail sérieux ne peut y être effectué, ce sont les groupes de travail qui présentent leurs conclusions : les corrections à apporter sont donc à la marge : une virgule par ci, un mot par là… Les associations n’étaient pas dans les groupes de travail. Un proverbe qui est parfois attribué à Gandhi, parfois à un anonyme d’Afrique du Nord, dit cela « Ce que tu fais pour moi, si tu le fais sans moi, tu le fais contre moi ». Ce plan autisme est contre les personnes avec autisme.

Quant à l’inclusion scolaire, j’ai déjà répondu plus haut : ce qui est prévu, ce sont les IME, pas l’école pour nos enfants.

 

La France, bien bas….

 

 

Selon toi, comment faudrait-il faire pour que les choses évoluent ?

Pour que les choses évoluent, je pense que les parents devraient systématiquement faire un recours contre l’État pour défaut de scolarisation. Cela prendra du temps, mais à force l’Etat devra céder.

Je pense aussi que leur pouvoir réside dans leur bulletin de vote, et clairement ils devront exiger aux prochaines échéances d’avoir un programme digne de ce nom pour l’autisme, et voter en masse pour la, le ou les candidat(e)s qui le porteraient.

Sans cela, ils devraient glisser un bulletin où il y aurait écrit dans l’urne « AUTISME », d’autant plus que le compte blanc devrait être comptabilisé. À défaut, les dépouilleurs feront remonter cette action aux sièges de leurs partis respectifs, et cela en fera réfléchir plus d’un. Ceux qui nous gouvernent ne sont que nos employés, mais nous n’avons le pouvoir de les embaucher ou de les licencier que tous les 5 ans : utilisons bien ce pouvoir.

 

 

Isabelle Mostien-Resplendino

 

- Administratrice de l’Association des Parents pour l’Épanouissement des Personnes avec Autisme

www.ulg.ac.be/apepa – www.participate-autisme.be

 

- Représentante de la Concertation des 4 associations :

AFrAHM, (Association Francophone d’Aide aux Handicapés Mentaux)

APEM-T21, (Association de Personnes porteuses d’une Trisomie 21, de leurs parents et des professionnels qui les entourent)

APEPA, (Association des Parents pour l’Épanouissement des Personnes avec Autisme)

AP³ (Association de Parents et de Professionnels autour de la Personne Polyhandicapée)

 

- Représentante de la Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Obligatoire (plateforme commune avec l’UFAPEC, Union francophone des Associations de Parents de l’Enseignement Catholique)

www.fapeo.be – www.ufapec.be

 

- Membre du Conseil Supérieur de l’Enseignement Spécialisé

www.enseignement.be/index.php?page=24406

 

- Animatrice de la Commission Intégration de la Ligue des Droits de l’Enfant

www.ligue-enfants.be

 

- Ligue des Droits des Personnes Handicapées

www.ldph.be

 

- Collectif d’associations « Grandir Ensemble »

www.asbl-grandir-ensemble.net

 

- Ensemble pour une Vie Autonome

www.eva-bap.be

 

- Réseau francophone des acteurs du handicap Synergie-La Maison de l’Autonomie

www.lamaisondelautonomie.com

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29 décembre 2012

Affaire Depardieu : Gérard, tu veux défiscaliser ?

article publié dans le Nouvel Observateur

Créé le 29-12-2012 à 09h11 - Mis à jour à 10h53

Ce n'est pas le dernier acte de la polémique sur le départ de l'acteur mais le trait d'humour de l'association "Autistes sans frontières" pour encourager les dons.

 

L'association "Autistes sans frontières" interpelle l'acteur Gérard Depardieu dans une campagne de communication dans la presse pour encourager les dons. 

"Gérard tu veux défiscaliser? Envoie-nous un chèque avant le 31 décembre, t'auras 66% de déduction fiscale", peut-on lire sur l'encart. 

Sur le ton humoristique, l'association fait référence à la polémique sur le départ de l'acteur en Belgique pour des raisons fiscales.

Une décision qui a provoqué une vive polémique après que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, eut qualifié l'exil fiscal de l'acteur d'"assez minable".

"Communiquer sur l'autisme, ce n'est pas simple, puisque c'est un handicap un peu lourd. C'est quand on a vu l'histoire autour de Gérard Depardieu que l'on s'est demandé comment on pourrait surfer sur cette histoire", a expliqué le président de l'association Vincent Gehrards à France Info.

    

29 décembre 2012

Non, le tueur de Newtown n'était pas autiste

article publié sur VIVREfm

Mardi 18 Décembre 2012 - 15h39

Alors que de nombreux médias ont fait état d’un tueur « presque autiste », l’ONG américaine Autism Rights Watch dénonce l’amalgame et exhorte la presse et l’opinion à ne pas faire de rapprochement entre violence et autisme. « Les personnes autistes font déjà face à la ségrégation et aux préjugés au quotidien », s'indigne l’ONG.

Adam Lanza.
Adam Lanza.

Dans un communiqué publié le 17 décembre 2012, Autism Rights Watch dénonce l’acharnement des médias à vouloir présenter le tueur comme un jeune « avec une possible forme d’autisme » et « atteint du syndrome d’Asperger ». D’une part, on ignore si un diagnostic quant à sa santé avait été posé, d’autre part, une personne autiste n’est absolument pas un meutrier potentiel. C’est ce que déclare l’ONG : « être  "autiste", "bizarre", "maladroit", "timide face aux caméras", "intello" ou "quelqu’un mal à l’aise avec les autres" ne fait pas d’une personne un meutrier de masse. »

Les personnes autistes sont plus souvent victimes

L’ONG estime qu’il est important de rappeler que l’autisme n’est pas une maladie mentale et que « les personnes autistes ont plus de chances d’être des victimes que des personnes perpétrant des violences ». Ainsi, l'autisme n’est plus considéré comme une affection psychologique, il correspond à une véritable pathologie neurologique liée à des anomalies du système nerveux central. Il se caractérise essentiellement par une interaction sociale déficiente ; une personne autiste aura des difficultés particulières à communiquer et à évoluer en société, mais n’est aucunement violente.

A cette occasion, Autism Rights Watch rappelle que la vision médicale de l’autisme doit changer. « En France, le traitement médiatique de cette tragédie nous interpelle. Les experts psychiatres et psychanalystes continuent trop souvent d’accréditer l’idée fausse selon laquelle l’autisme est une maladie mentale ».

Adeline Grolleau

29 décembre 2012

Asperger : les autistes ignorés

article publié dans LE MONDE

26.12.2012 à 14h17 • Mis à jour le 27.12.2012 à 14h57

Pierre Mornet
Jérôme Ecochard a toujours su qu'il était différent, décalé. Vers 2 ou 3 ans, il était capable de reconnaître un itinéraire du premier coup, et même de le refaire à l'envers. Un peu plus tard, il n'est jamais arrivé à identifier ses propres coéquipiers lors d'un match de foot. Une petite voiture n'était pour lui qu'un bout de plastique et une épée de bois ne pouvait évidemment tuer personne.

En grandissant, les visages n'ont jamais été des livres ouverts, même dans la tristesse la plus profonde. Lorsqu'il enseignait au Greta (centres de formation pour adultes), il n'a pas compris les larmes qui coulaient sur les joues de ses stagiaires : un collègue était mort et lui, qui restait plein d'entrain, a choqué.

Jérôme Ecochard, aujourd'hui âgé de 54 ans, a toujours été mis à l'écart pour des comportements jugés déplacés. Il en a fait deux dépressions, dont une très sévère. En 2005, il finit par avoir la clé : il découvre, à 47 ans, qu'il est autiste, atteint du syndrome d'Asperger, un trouble du développement appartenant au spectre autistique.

Selon une étude britannique menée en mai 2011 par Traolach Brugha (université de Leicester), 1 % de la population adulte au Royaume-Uni serait atteinte d'autisme, et la plupart de ces sujets l'ignoreraient. En France, aucune étude épidémiologique n'existe, mais sur les forums Internet, comme dans les associations, les appels au secours se multiplient.

LEUR HANDICAP EST SOCIAL

Pour Danièle Langloys, présidente de l'association Autisme France, seuls 10 % des adultes atteints d'autisme auraient été correctement diagnostiqués. Une partie de ces autistes ignorés est déjà prise en charge, mais pour des pathologies associées et visibles, comme le retard mental ou le trouble psychomoteur. Le diagnostic permet alors de se diriger vers un traitement approprié.

L'étude de Traolach Brugha pointe surtout ceux qui sont passés inaperçus dans la société, notamment les autistes atteints du syndrome d'Asperger. Leur handicap est social : ils ne saisissent pas les codes qui régissent les comportements. Ils ne comprennent pas le second degré inhérent à toute conversation.

Elaine Hardiman-Taveau, présidente fondatrice d'Asperger Aide France, explique : "Si un enseignant dit à un enfant Asperger : "Il y a un papier par terre", l'enfant dira : "Oui." Mais il ne comprendra pas le second degré qui est : "Tu dois le ramasser et le mettre à la poubelle." L'enseignant va alors penser que l'élève est mal élevé et va le gronder."

Leur autisme engendre en outre des comportements peu sociaux : mouvements répétitifs, intérêts spéciaux (centres d'intérêt restreints et envahissants), difficulté à regarder dans les yeux, hypersensibilité au bruit, au toucher. De petits signes extérieurs d'un handicap invisible.

SE CONCENTRER POUR SE "BLOQUER"

Enfant, Jérôme Ecochard était souvent moqué, isolé, mais pas de quoi inquiéter un adulte. "J'étais la risée de tous, témoigne-t-il, mais j'ai eu la chance que mon intérêt spécial corresponde à une matière scolaire. J'étais bon en sciences. Je n'étais donc pas plus bête que les autres et ça me donnait un statut."

Petite fille un peu étrange par son obsession pour les dinosaures, et pas très douée en motricité fine, Manon Toulemont a également passé le stade de l'enfance sans éveiller de soupçon. Jugée surdouée pour avoir appris à lire toute seule à l'âge de 4 ans, "pour pouvoir tout lire sur les dinosaures", elle arrivait même à se concentrer pour se "bloquer" et supporter le contact physique avec les autres. Mais à l'adolescence, toute sa stratégie s'effondre. "Plus je grandissais et plus j'étais isolée. Au collège, les codes sont devenus trop compliqués pour moi", raconte la jeune femme, aujourd'hui âgée de 20 ans.

A l'époque, cette frêle Parisienne aux longs cheveux châtains ne supporte plus son exclusion et nourrit une colère contre le monde entier. Elle emporte un couteau au lycée, se griffe, détruit des posters, des objets importants pour elle. Sans réaction des adultes, elle décide, à 15 ans, d'aller voir une psychologue.

"Je voulais qu'elle convainque mon entourage de m'écouter, se souvient-elle. Mais elle m'a diagnostiqué un stress post-traumatique et une psychose." Avec la panoplie de lourds antidépresseurs. Il faut dire que Manon Toulemont, devenue spécialiste des tueurs en série, son nouvel intérêt spécial, singe Dexter, le serial killer de l'écrivain Jeff Lindsay, sur le canapé de la psychologue.

UNE LONGUE ERRANCE DIAGNOSTIQUE

Pour Elaine Hardiman-Taveau, cette violence se retrouve souvent dans les parcours de ces exclus : "Il y a beaucoup d'Asperger dans les prisons, ou dormant sur les bouches de métro, assure-t-elle. Plus ils sont maltraités et plus leur comportement empire !"

Pour pouvoir s'intégrer, la plupart des autistes atteints du syndrome d'Asperger imitent ou jouent les rôles qu'ils pensent que l'on attend d'eux. Et se perdent dans une longue errance diagnostique. Manon Toulemont a vu quatre psychologues, mais c'est sa mère qui trouva le nom de son handicap sur Internet, avant un diagnostic officiel à presque 17 ans.

Jean-Michel Devezeau a obtenu le sien le 5 septembre, à 36 ans, après avoir fréquenté cinq cabinets de psychiatre et de psychologue. Réfugié dans un village des Hautes-Alpes pour fuir le bruit de Marseille, il a trouvé par lui-même... alors qu'il se renseignait sur l'autisme de son fils. Il s'est aperçu que, pendant plus de vingt ans, il avait développé une stratégie d'imitation à outrance.

Après une scolarité écourtée à cause du harcèlement dont il est victime, il parvient à dominer sa gestuelle, à regarder dans les yeux lors des entretiens d'embauche, et réussit à décrocher des petits boulots dans l'informatique ou la boucherie. Qui ne durent jamais. "Je tenais les premiers mois, mais ça me demandait trop d'énergie, je ne suivais plus", témoigne-t-il.

MAL-ÊTRE

Même schéma côté sentimental. Le doux jeune homme attire les femmes par sa timidité touchante et ses conversations intellectuelles. Mais difficile d'aller plus loin : Jean-Michel Devezeau ne connaît que l'intellect. Impossible pour lui d'afficher et de lire les émotions. "Se comprendre d'un regard... ça ne m'arrivera jamais !", lâche-t-il.

Ses histoires ne durent que le temps du rôle qu'il se donne. La plus longue a tenu quatre ans, il en a eu un fils. "C'était un réflexe pour s'intégrer, explique-t-il. Je posais plein de questions sur la personne, puis je copiais sa personnalité."

Mettre un nom sur son mal-être lui a permis de résoudre la crise identitaire qu'il portait depuis tant d'années. Mais le diagnostic officiel a été difficile à obtenir. "J'ai longtemps cherché un spécialiste de l'autisme qui ne traite pas que les enfants", témoigne-t-il. "De nombreux départements, comme la Loire, n'ont pas un seul psychiatre qui accepte de diagnostiquer les adultes", souligne Danièle Langloys, d'Autisme France.

"Nous sommes submergés de demandes de toute la France, avec une liste d'attente de six mois. Mais nous n'avons pas les moyens de répondre à tout et d'assurer un suivi", ajoute le professeur Marion Leboyer, responsable du pôle psychiatrie du CHU de Créteil et directrice de la fondation scientifique FondaMental, qui travaille notamment sur le syndrome d'Asperger.

Pourtant, le diagnostic peut apporter un immense soulagement. "Je sais aujourd'hui que je ne suis pas fou", lâche Jean-Michel Devezeau. Pour Jérôme Ecochard, "le diagnostic permet de relire sa vie à travers cette nouvelle grille. [Il] étai[t] une véritable énigme". Le Grenoblois aux yeux bleus rêveurs et à l'allure un peu gauche avait pourtant réussi à s'intégrer au prix de gros efforts.

DES OUTILS DE COMPENSATION

Etudiant brillant à l'écrit, passionné de sciences, il perdait tous ses moyens à l'oral et n'a jamais pu soutenir sa thèse de physique. Il s'est donc tourné vers les concours de la fonction publique, avec d'abord le Greta puis le CNED et des postes éloignés de sa vocation, la recherche.

Il a vite appris à cacher ses "bizarreries" à ses collègues : "J'ai compris qu'il fallait regarder les gens dans les yeux mais, si je le fais trop longtemps, je perds le fil de la conversation." Malgré ces efforts, il reste très isolé et ses rares relations amoureuses ne durent que quelques mois. L'une d'elles l'a plongé dans une grave dépression. "Elle me disait qu'elle avait l'impression de vivre avec un étranger", résume-t-il.

Est-il psychotique ? Pervers ? En 2003, il tombe enfin sur un article sur l'autisme Asperger dans lequel il se reconnaît entièrement. La réponse à toutes ses questions existentielles. Le diagnostic, posé deux ans plus tard, lui permet d'obtenir un poste aménagé de correcteur et un bureau isolé au sein du CNED, dans un campus niché au creux des Alpes. Seul dans sa petite pièce, il peut se laisser aller à ces balancements qui le calment et ne craint plus que le bruit de la photocopieuse un peu trop près de sa porte, "mais je mets des boules Quies", ajoute-t-il.

Connaître la réalité de son handicap permet également à ces autistes de se doter d'outils de compensation. "J'ai mis en place une base de données intellectuelle sur chaque comportement "normal" que j'ai pu croiser et je l'enrichis dès que j'observe une situation nouvelle", explique Manon Toulemont, qui vient de publier un roman, Symfonia Ouverture (éditions du Rocher, 2011), premier volet d'une saga fantastique mettant en scène toutes les facettes de sa personnalité. Exemple tout bête : "Je sais qu'il faut être souriant quand on rencontre quelqu'un pour la première fois, même s'il n'y a aucune raison."

La seule situation quotidienne qui lui échappe encore se déroule à la boulangerie. "Je n'ai pas encore pu bien observer comment les gens géraient ce moment où il faut à la fois prendre le pain et la monnaie... je panique toujours !" Quant aux relations sociales plus approfondies, elles demeurent difficiles. Manon Toulemont lance désabusée : "J'essaie déjà de comprendre l'amitié, alors l'amour..."

Cécile Bontron

28 décembre 2012

L'éditorial du directeur du SFARI : 2012 en revue

Gerald D. Fischbach
20 Décembre 2012

 
 
Nous avons appris au fil des ans que le paysage génétique de l'autisme est complexe. La diversité énorme des ARN et des modifications des protéines va certainement ajouter à cette complexité, tout comme les influences de l'environnement. Mais comme les articles notables de 2012 le montrent, nous sommes, enfin, sur le chemin.
Plusieurs articles de cette année ont clarifié le paysage génétique de l'autisme. Les quatre articles dont je discute ci-dessous ont tous fortement recherché les mutations ‘de novo’, ou spontanées, dans les familles simplex [avec un seul enfant affecté].
Trois des quatre études sont basées sur les familles de la collection Simplex Simons (SSC), financée par la Fondation Simons, l'organisation mère de SFARI.org. La structure quadruple - avec des échantillons provenant de deux parents non atteints, un enfant autiste et un frère/soeur non atteint – a ajouté à la puissance statistique des résultats.
Même si elles sont individuellement rares, on estime actuellement que plus de 400 mutations aberrantes «cibles» seront trouvées, et pourront représenter une fraction importante de tous les cas idiopathiques d'autisme - ceux qui ont une cause inconnue.
Un critère essentiel est la récurrence. Les études ont identifié un certain nombre de variantes chez plusieurs personnes, et le nombre va sûrement augmenter à mesure que les chercheurs complètent les analyses du SSC et scrutent d'autres cohortes pour des candidats probables.
Les premières analyses des réseaux de gènes et de protéines pointent fortement sur la construction des protéines au niveau des connexions excitatrices et inhibitrices entre les neurones, sur le système immunitaire, et sur la structure de la chromatine.
Environ 30 % des personnes atteintes du syndrome de l'X fragile ont des traits d'autisme. La découverte qu'il y a un chevauchement important entre les facteurs de risque d'autisme ‘de novo’ et un sous-ensemble de protéines qui interagissent avec la protéine FMRP - la protéine manquante dans le syndrome de l'X fragile - est d'une grande importance.
 

Effet commun

De rares variantes ‘de novo’ ne sont pas la seule source de variation génétique qui augmente le risque d'autisme.
Dans leur article, Klei et al. ont fourni la preuve que des variantes communes qui ont un effet faible ou négligeable d’elles-mêmes peuvent contribuer à l'autisme dans 40 % des cas simplex et dans plus de 60 % des familles multiplex - ceux qui ont plus d’un enfant autiste.
L'accent mis sur la génétique n'exclut certainement pas le rôle des influences de l'environnement.
Plusieurs observations indiquent une altération de la réponse immunitaire, par exemple. Les modèles animaux de l'autisme et les cerveaux post mortem d'enfants et d'adultes atteints de la maladie ont été montrés comme ayant plus d’astrocytes et de microglies activés que les témoins. Des études ont également révélé des niveaux modifiés de cytokines dans le cerveau post-mortem, le liquide céphalo-rachidien et le plasma des personnes atteintes d'autisme.
Deux articles de cette année ont abordé la question de la cause et de l'effet en utilisant la greffe de moelle osseuse dans un modèle animal (souris) de syndrome de Rett et un modèle immunitaire de l'autisme.
Chez les souris Rett, la transplantation améliore symptômes respiratoires et autres, et normalise différents marqueurs de la réponse immunitaire. Les souris traitées sont également devenues plus actives et vivent plus longtemps que les souris non traitées. Mais comment les microglies - que les chercheurs ont rapporté comme étant cruciales dans le traitement - font leur travail reste incertain.Dans le domaine de la thérapeutique, des médicaments qui imitent l'action de l'acide gamma-aminobutyrique ou GABA, le neurotransmetteur qui sert d’intermédiaire pour l’inhibition, se sont tenus au centre.
Il est désormais admis qu'un corrélat de l'autisme est un déséquilibre entre excitation et inhibition (E / I) dans des régions critiques du cerveau. Bien que l'on ne peut pas être plus précis à l'heure actuelle, des tentatives sont en cours pour manipuler cet équilibre avec des médicaments qui améliorent la signalisation par le GABA et atténuent la signalisation par le glutamate neurotransmetteur excitateur.
L’Arbaclofen, un agoniste GABA-B, s'est avéré peu efficace dans les deux essais avec syndrome de l'X fragile. Dans le premier, en double aveugle, l’étude croisée contrôlée par placebo de 65 individus porteurs de la mutation complète de l’X fragile, les chercheurs ont observé des "tendances positives" dans "plusieurs mesures   globales."
Un autre groupe a étudié l’arbaclofen chez les souris dépourvues FMR1, le gène de l’X fragile. Les chercheurs ont constaté que l’arbaclofen restaure la synthèse des protéines dans le cerveau des souris à des niveaux normaux. Surtout, l'administration chronique d’arbaclofen diminue la densité des épines dendritiques - les branches de neurones  pour la réception de signal - chez les souris mutantes, mais pas chez les témoins.
 

Dysfonctionnement cérébral

Dans un autre article élégant, les chercheurs ont décrit comment éliminer un gène appelé TAOK2 change la forme des dendrites. Ce gène est présent dans la région chromosomique 16p11.2, qui est fortement liée à l'autisme. TAOK2 interagit avec trois protéines, NRP1, Sema3A et JNK. Ces interactions peuvent être un facteur important dans l’équilibre E / I .
Certaines des premières études sur des modèles de souris et des autopsies humaines ont trouvé des preuves de la fonction du cervelet altérée dans l'autisme. Un article publié cette année a démontré que le nombre de cellules de Purkinje baisse de 60 % après deux mois et de 80 % après quatre mois chez des modèles de souris de la sclérose tubéreuse complexe.
Les souris montrent également des modifications radicales dans la forme de l'arbre caractéristique des cellules   dendritiques de Purkinje, avec une densité réduite dans la colonne vertébrale. Ils ont plusieurs comportements de type autistique, notamment le manque d'intérêt pour une autre souris, le toilettage répétitif, et plus de vocalisations par rapport aux témoins. Fait intéressant, la perte de cellules de Purkinje se produit longtemps après que les comportements altérés ont d'abord été observés. Il est encourageant de constater que tous ces symptômes peuvent être évitées et annulés par un traitement à la rapamycine.
En dépit de l'hétérogénéité de l'autisme dans la population humaine et les modèles animaux, la plupart des chercheurs se concentrent sur les réponses moyennes. L'éventail des réponses est grand, donc beaucoup d'animaux sont nécessaires. En particulier, les enregistrements d’IRM électrophysiologique ou fonctionnelle du cortex cérébral sont particulièrement variables.
Un article important a appelé l'attention sur la possibilité que la variation entre les réponses corticales peut contenir des informations importantes. En examinant plusieurs modalités sensorielles, les chercheurs ont constaté que les réponses moyennes ne sont pas différentes entre les autistes de haut niveau et les individus neurotypiques du groupe contrôle, mais que la variabilité des réponses est différente entre les deux groupes. Ils ont exclu les artefacts du mouvement en utilisant des expériences astucieuses à l'aide de réponses globales enregistrées dans les mêmes régions d'intérêt.
Cela introduit un nouveau concept inattendu d'un «cerveau intrinsèquement bruyant" chez les autistes qui doit être expliqué et pourrait éventuellement servir de biomarqueur pour ce désordre. Les analyses de la fonction des gènes dans des modèles animaux devraient peut-être examiner la variabilité individuelle autant que des changements dans la réponse moyenne.
Le défi pour 2013 est de mettre ces découvertes en génétique, en circuits neuronaux et en comportements un peu plus ensemble, et d'utiliser toutes les informations pour penser à de nouvelles approches thérapeutiques.
28 décembre 2012

Autisme : la recherche avance

article publié dans RTFLASH



L’autisme est un trouble grave et envahissant du comportement (La Haute Autorité de Santé définit l’autisme comme un trouble neuro-développemental) qui existe partout dans le monde et toucherait à présent près de 70 millions de personnes.

Sa prévalence serait passée en 50 ans d’une naissance sur 2000 à une naissance sur 150 de nos jours, sans qu’on puisse clairement expliquer les raisons de cette très forte progression qui ne semble pas seulement liée à l’évolution des critères médicaux et scientifiques internationaux de définition de cette affection.

En France, les estimations du nombre de personnes atteintes d’autisme varient de 300 000 à 600 000 et les principales associations retiennent généralement le chiffre moyen de 440 000 personnes autistes (dont les trois-quarts sont des hommes), ce qui représente l’équivalent de la ville de Lyon.

Il existe aujourd’hui un large consensus scientifique pour considérer que l’autisme est une maladie complexe dont les causes sont multiples et font intervenir de manière intriquée des facteurs génétiques, biologiques, environnementaux, psychologiques, affectifs et familiaux.

La prise en charge de ce trouble reste très insuffisante dans notre pays mais, grâce aux efforts des médecins, des familles et des associations, les choses sont en train d’évoluer et les pouvoirs publics ont pris conscience de la gravité de ce problème et ont déclaré l’autisme « grande cause nationale 2012 ».

Un troisième plan autisme doit être annoncé dans quelques semaines et, s’appuyant sur les dernières avancées scientifiques, il va mettre l’accent sur la question capitale du dépistage précoce de cette maladie.

Il est en effet possible aujourd’hui, grâce à de nouveaux outils de dépistage, de repérer l’autisme entre 18 mois et 3 ans, ce qui permet, en utilisant l’extraordinaire plasticité du cerveau des jeunes enfants, de mettre en place des thérapies qui obtiennent de bien meilleurs résultats en terme de réinsertion sociale, éducative et relationnelle.

En matière de dépistage précoce, des chercheurs de l’Université of Pittsburgh viennent ainsi de montrer qu’il était possible, en analysant l'acoustique des cris du nourrisson à 6 mois, de repérer des nourrissons qui présentent un fort risque de trouble autistique et qui seront diagnostiqués comme autistes à l’âge de trois ans.

Il existe plusieurs approches complémentaires de l’autisme, trouble dont le polymorphisme mobilise à la fois les neuro-sciences, la biologie, la génétique, la psychologie et la psychanalyse. Ces différents « angles de vision » sont tous nécessaires pour avancer dans la compréhension de cette affection.

Si l’autisme a une base génétique indéniable (comme le montre le risque d’autisme pour les vrais jumeaux quand l’un des deux est touché, qui est de l’ordre de 70 %, contre 10 % pour les faux jumeaux), on sait aujourd’hui, grâce à de vastes études réalisées au cours de ces dernières années, qu’une multitude de gènes distribués dans des régions très différentes du génome sont impliqués à des degrés variables dans le risque d’autisme. En outre, ces prédispositions génétiques très complexes auront une expression complètement différente en fonction des nombreux facteurs environnementaux et familiaux propres à l’enfant.

Comme le montre de manière remarquable Bertrand Jordan dans son livre « L’autisme : le gène introuvable », l’approche génétique, pour indispensable qu’elle soit, ne saurait à elle seule expliquer l’autisme, sauf à tomber dans une forme de réductionnisme scientifique stérile.

Il n’en demeure pas moins vrai que les avancées dans la connaissance des mécanismes biologiques et génétiques à l’œuvre dans l’autisme sont réelles. De récentes recherches publiées en avril 2012 par trois équipes américaines (La première du Harvard-MIT Broad Institute, la seconde de l'université de Yale et la troisième de l'université de Washington) ont ainsi montré pourquoi un père âgé de plus de 40 ans avait six fois plus de risque d'avoir un enfant autiste qu'un père âgé d'une vingtaine d'années (Voir l'excellent article).

La forte augmentation de ce risque provient de l’augmentation statistique de la fréquence de certains types de mutations génétiques chez les pères plus âgés.

Mais, comme l’admettent à présent la plupart des chercheurs, une connaissance très fine des facteurs génétiques de l’autisme ne suffira pas pour mettre au point un test diagnostique infaillible et, en supposant même qu’on parvienne un jour à identifier l’ensemble des gènes, protéines et interactions génétiques impliqués dans l’autisme, on ne pourrait qu’estimer la probabilité, pour un cadre environnemental donné, de développer ce trouble. 

Une autre voie de recherche encore balbutiante mérite d’être évoquée. Il s’agit des effets sur le développement cérébral de l’exposition, à certains âges de la vie, à une pollution chimique diffuse.

Des recherches chez l’animal menées par des chercheurs américains de l'Université de Davis ont montré que certaines substances chimiques présentes dans notre environnement pouvaient avoir des effets néfastes sur le développement du cerveau et perturber la capacité relationnelle et les fonctions cognitives jusqu’à aboutir à des symptômes proches de ceux de l’autisme (Voir SFARI).

Une autre équipe de recherche de l'Université de Californie du Sud dirigée par Pat Levitt, a pu montrer, pour sa part, dans une étude publiée fin 2010, qu’une exposition précoce et prolongée au benzopyrène, un composant chimique des gaz d'échappement des moteurs diesel, entraînait une perturbation de la synthèse de méthionine, une protéine indispensable à la bonne interconnexion des neurones (Voir NCBI).

Enfin, il y a quelques semaines, une nouvelle étude américaine, dirigée par la professeure Heather Volk, de l'Université de Californie du Sud, a confirmé ce lien puissant entre niveau de pollution et risque d’autisme. Selon ces travaux qui ont porté sur plus de 500 enfants, les enfants qui avaient été exposés pendant leur première année de vie à un haut niveau de pollution de l’air et dont les mères avaient elles mêmes été exposées à une forte pollution pendant leur grossesse, avaient trois fois plus de risques de développer un trouble autistique (Voir JAMA).

En matière de nouvelles perspectives thérapeutiques, certaines études récentes ont montré qu’une prise en charge médicamenteuse de l’autisme était, dans certains cas envisageable et pouvait, sans constituer une panacée ni écarter les autres formes de thérapies, déboucher sur de réels progrès pour les malades.

La première de ces pistes concerne les effets préventifs de certaines vitamines.

Plusieurs études ont en effet montré qu’une supplémentation en magnésium et vitamine B6 avait des effets positifs sur le comportement des enfants autistes.

En 1985, une étude réalisée sur 60 enfants autistes avait montré une amélioration du comportement des enfants grâce à une supplémentation associant vitamine B6 et magnésium.

En 2006, une autre étude française réalisée sur 33 enfants souffrant de troubles autistiques a confirmé que la prise régulière pendant huit mois de vitamine B6 associée au magnésium améliorait, chez 23 d’entre eux, le niveau de communication et d’interactions sociales (Voir Etude).

Une étude suédoise a également montré un lien entre le niveau de vitamine D chez la mère et le risque d’autisme chez l’enfant. Dans cette étude, les chercheurs ont constaté que des femmes immigrantes d'origine somalienne ayant eu un enfant autiste présentaient toutes des niveaux très faibles de vitamine D.

Or, on sait que l'autisme est plus fréquent dans les régions à faible ensoleillement et chez les personnes à peau sombre qui présentent plus souvent des carences sévères en vitamine. Ce lien entre vitamine D et risque d’autisme vient d’être confirmé il y a quelques jours par une nouvelle étude américaine publiée dans la revue Dermato-Endocrinology.

Ces travaux qui ont porté sur des enfants âgés de 5 à 17 ans, ont montré que les risques de développer un trouble autistique étaient divisés par deux dans les états américains où le niveau d’ensoleillement était le plus important en été. En revanche, dans les états du Nord, à faible niveau d’ensoleillement, les Américains de couleur voyaient leur risque d'autisme augmenter de 40 % (Voir Landes Bioscience).

Plus récemment, en juillet 2012, une autre étude américaine portant sur 429 mères d'enfants de 2 à 5 ans atteints d'autisme a montré quune supplémentation en vitamine B9 (acide folique) au début de la grossesse diminuait le risque d'autisme (Voir University of California et The American Journal of Clinical Nutrition).

Ces recherches ont montré qu’une prise journalière d’au moins 600 microgrammes d’acide folique réduisait de 38 % le risque pour les futurs enfants de développer un trouble autistique.

Mais, observation encore plus intéressante, cet effet protecteur de l’acide folique n’était pas le même pour toutes les mères et variait sensiblement en fonction de la présence ou non de certaines mutations génétiques chez la mère, ce qui confirme pleinement le rôle déterminant des interactions entre gènes et environnement dans cette affection.

La deuxième piste intéressante est celle du traitement hormonal.

Une étude remarquée, publiée en janvier 2010 et conduite par Angela Sirigu sur 13 adultes autistes atteints du syndrome d'Asperger (une forme particulière d'autisme), a montré qu’une hormone, l'ocytocine, semblait fortement impliquée dans l’intensité des symptômes autistiques (Voir article dans PNAS).

Cette étude montre que l'administration d’ocytocine permet à certains autistes de retrouver un niveau de relations affectives et sociales plus satisfaisant. L’hypothèse défendue par Madame Sirigu est que ces patients possèdent bien toutes les compétences sociales nécessaires mais ne peuvent les exprimer à cause de l’angoisse et du stress résultant de l'interaction sociale.

Enfin, la dernière piste a été révélée il y a quelques jours, le 11 décembre, par Yehezkel Ben-Ari, fondateur et directeur honoraire Inserm de l'Institut de neurobiologie de la Méditerranée et Eric Lemonnier, clinicien spécialiste de l'autisme au CHRU de Brest.

Ces deux chercheurs reconnus viennent de publier les résultats d'un essai en double aveugle portant sur les effets thérapeutiques d'un diurétique dans le traitement de l'autisme.

Dans cette étude, soixante enfants autistes de 3 à 11 ans recevaient pendant 3 mois un placebo ou un diurétique ayant pour effet de diminuer les niveaux de chlore intracellulaire (Voir article Nature).

Ces travaux ont montré que ce diurétique entraînait chez une majorité d’enfants (77 % d’entre eux) une diminution sensible des symptômes liés à l’autisme.

Ce résultat surprenant s’expliquerait par le fait que le chlore inhiberait la production du GABA (acide gamma-aminobutyrique), le principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central, ce qui aurait pour effet de réduire l’intensité des symptômes de l’autisme et d’améliorer le niveau de communication des enfants souffrant de ce trouble.

Ces recherches et découvertes multiples, surprenantes et passionnantes, montrent à quel point il est important de reconnaître l’extrême complexité de l’autisme et d’appréhender cet ensemble de troubles dans toutes leurs dimensions, sans se laisser enfermer dans une approche unique ou un paradigme réducteur.

Souhaitons que ces avancées scientifiques et médicales permettent, dans le nouveau cadre d’une meilleure reconnaissance de cette affection par notre société, de prendre en charge plus précocement et plus efficacement, en étroite coopération avec les familles et les associations, les personnes souffrant de ces troubles afin de permettre, autant que possible, leur insertion sociale, professionnelle et relationnelle, dans le respect de leur singularité existentielle et de leur dignité.

René TRÉGOUËT

Sénateur Honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

 

28 décembre 2012

Autisme : Pascal Brun lance un appel à la mobilisation

Publié le vendredi 28 décembre 2012 à 10H28

Pascal Brun : « Il faudrait que les financements soient au moins doublés »

Pascal Brun : « Il faudrait que les financements soient au moins doublés »

Aube - Le troisième plan autisme est annoncé pour le début de l'année 2013. Avec deux priorités d'ores et déjà évoquées par Arlette Carlotti, ministre en charge des Personnes handicapées : le dépistage et le diagnostic précoce.
Pascal Brun, père d'une jeune autiste, très impliqué dans les revendications en faveur des enfants touchés par ces troubles autistiques, serait ravi que ces axes soient retenus.
Mais pour le moment, il ne cache pas sa déception. « 2012 avait été décrétée année de l'autisme, mais il ne s'est pratiquement rien passé », confie-t-il. Seule véritable concrétisation, une étude lancée par le Conseil économique et social dont les conclusions doivent servir de base au 3e plan autisme. « Pour le reste, mis à part deux IME (instituts médico-éducatifs NDLR) et un troisième en construction lancés par une association de parents, je constate que les collectivités ne prennent pas l'initiative », regrette cet Aubois.
Pourquoi une telle situation ? Pourquoi cette année n'a-t-elle pas permis d'obtenir de véritables avancées ? « Nous souffrons d'une exception à la française. C'est le poids de la psychiatrie, l'héritage du freudisme et du lacanisme. C'est un véritable obstacle à l'émancipation de l'autisme, alors qu'on sait bien aujourd'hui qu'il n'existe pas de rapport entre l'autisme et la psychiatrie. Même le personnel est encore formé avec cette idée que l'autisme est une maladie mentale », constate Pascal Brun.


Dépistage dès 18 mois


La France compte 450 à 600 000 autistes. Pour eux, il souhaite que des avancées soient enfin obtenues sur quelques points majeurs : le dépistage systématique dès l'âge de 18 mois, la prise en charge de la scolarité avec des assistantes de vie scolaire, des mesures pour que les enfants soient pris en charge après l'école primaire, précisément dans les collèges. « Dans la structure mise en place à Troyes, avenue Pasteur, une quinzaine d'enfants sont accueillis. Mais ils ne sont pris en charge que durant six ou sept heures par semaine. C'est insuffisant. Il faudrait que les financements soient au moins doublés », indique-t-il. Aussi lance-t-il un appel aux élus et aux parents d'enfants autistes « pour qu'enfin intervienne une prise de conscience avec à la clé des moyens suffisants ». Sera-t-il entendu ?

Contact :
Pascal Brun
pascal.brun@ac-reims.fr
Tél. 06 95 59 20 80.

27 décembre 2012

Autisme : réponse à la question de M. Yves Foulon (Assemblée Nationale)

publié sur le site de l'Assemblée Nationale

14èmelégislature

Question N° : 1511 de M. Yves Foulon ( Union pour un Mouvement Populaire - Gironde ) Question écrite
Ministère interrogé > Affaires sociales et santé Ministère attributaire > Handicapés
Rubrique > handicapés Tête d'analyse > politique à l'égard des handicapés Analyse > autistes. perspectives
Question publiée au JO le : 24/07/2012 page : 4435
Réponse publiée au JO le : 25/12/2012 page : 7933
Date de changement d'attribution : 11/12/2012
Date de renouvellement : 13/11/2012

Texte de la question

M. Yves Foulon appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur l'autisme, consacré Grande cause nationale 2012 par le Premier ministre François Fillon. Cette maladie, généralement constituée vers l'âge de deux ou trois ans, se manifeste par une triade de symptômes associant troubles de la socialisation, de la communication et du comportement, pouvant ainsi retarder le développement des enfants de façon variable et hétérogène. Les solutions esquissées pour favoriser la participation sociale des autistes restent, selon l'association Vaincre l'Autisme, encore trop timides et ne permettant donc pas de faire tomber les préjugés sur ce handicap encore trop peu connu. Pourtant, la proportion de personnes atteintes de ce handicap au sein de la population représente une naissance sur cent cinquante, c'est pourquoi il devient urgent d'améliorer la prise en de ces enfants dès leur plus jeune âge, afin de les aider à communiquer avec leur entourage. Ainsi, en développant des structures spécialisées et surtout en favorisant leur intégration au sein des écoles publiques, ces enfants auront davantage de chances de créer le lien avec la société. La meilleure gestion de ce handicap passe également par la mise en place de formations à destination des parents, qui leur permettraient de mieux comprendre et d'appréhender dans le temps cette lourde épreuve. Ils seraient ainsi, eux aussi, moins isolés. Il souhaite par conséquent connaitre les mesures concrètes envisagées par le Gouvernement afin d'améliorer la prise en charge des enfants autistes.
Texte de la réponse

La France est très en retard dans le dépistage et la prise en charge de l'autisme. Il revient au nouveau Gouvernement de réaliser concrètement le troisième plan autisme. C'est aujourd'hui un impératif : la prévalence de l'autisme est de plus en plus importante, alors que les outils de dépistage et l'offre d'accompagnement sont gravement insuffisants. Plusieurs milliers de familles françaises sont obligées d'aller en Belgique pour voir leur enfant bénéficier d'une réponse efficace à ses besoins. C'est pourquoi il faut agir vite, et sur plusieurs plans. Renforcer la recherche, dans le champ épidémiologique comme dans le champ social. Développer l'offre d'accompagnement, à partir d'un dépistage plus précoce et en tenant compte des recommandations publiées le 8 mars 2012 par la Haute autorité de santé et l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux. Changer de regard sur l'autisme et changer de pratiques. Cela passe à la fois par la sensibilisaation de l'opinion publique et par une meilleure formation des professionnels, notamment des médecins et des pédiatres. La logique générale dans laquelle ce plan va s'inscrire est celle de la personnalisation et de l'accessibilité du milieu ordinaire. Et des mesures spécifiques de soutien aux aidants familiaux seront mises à l'étude. La ministre déléguée en charge des Personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion a réuni le conseil national de l'autisme le 18 juillet 2012, pour constituer des groupes de travail thématiques autour de ces axes. Ces groupes se réuniront par tranches d'âge et par thèmes jusqu'à la fin de l'année, sous le suivi attentif d'un groupe ad hoc. Le troisième plan sera lancé formellement au début de l'année 2013, afin de répondre aux besoins réels des personnes avec autisme et de ceux qui les entourent.
27 décembre 2012

Expertise de l'INSERM sur les psychothérapies (2004)

24 décembre 2012

joyeux noel

24 décembre 2012

Film : Autisme solutions d'espoir, ou comment faire face à ce que le pays peut faire de pire ...

 

Un documentaire choc sur les adultes autistes

J’ai enfin trouvé le courage de regarder le documentaire du réalisateur Romain Carciofo , « Autisme, solutions d’espoir », qui montre le quotidien d’adultes autistes. Ce film de 50 minutes vient d’être diffusé dans plusieurs régions par France 3, et  est en ligne depuis le 22 décembre sur leur site.

Étant en contact régulier avec des familles d’adultes autistes, je savais plus ou moins ce que j’allais y découvrir, et c’est bien pour cela qu’il me fallait du courage pour le voir.

J’ai été profondément touchée par ce documentaire, que je trouve très bien fait : au début, le réalisateur explique très simplement comment il en est arrivé à s’intéresser au devenir des autistes ; puis comment il est amené à rencontrer des familles, à filmer ou essayer de filmer le quotidien d’adultes autistes, à rencontrer des professionnels. Le sujet est traité en profondeur, avec des explications pédagogiques sur ce qu’est l’autisme, et pourquoi il faut le diagnostiquer le plus tôt possible.

 

Où sont les adultes autistes aujourd’hui ?

- Soit ils sont chez leurs parents vieillissants, faute de place.

Des parents sans aide, abandonnés de l’État : on les laisse se débrouiller, et la société évolue comme si ils n’existaient pas. On les laisse sans solutions d’espoir, avec simplement un bel article de loi, l’article L242-4 du CASF,  si peu respecté : [...]toutes les dispositions sont prises en suffisance et en qualité pour créer, selon une programmation pluriannuelle, les places en établissement nécessaires à l’accueil des jeunes personnes handicapées âgées de plus de vingt ans.

Aujourd’hui, je sais que beaucoup de parents d’adolescents autistes sont terriblement inquiets pour l’avenir de leur enfant à l’âge adulte. Ils ont peur de ce qui peut lui arriver quand ils ne seront plus là, comme par exemple la maman de Hugo-Paul, qui me confie qu’elle préférerait ôter la vie de son enfant pour lui éviter de vivre le restant des ses jours dans une institution psychiatrique.

 

Combien de personnes condamnées  ?

 

- Et les autres adultes, ceux qui ne sont pas chez leurs parents ?

Ils sont à la rue ou en établissement inadapté avec comme conséquence des séjours en hôpital psychiatrique, de plus en plus fréquents, pour finalement y rester à vie.

Ces séquences filmées sont insoutenables pour moi, maman d’un enfant autiste qui sera bientôt un adulte. En fait, c’est comme si le gouvernement promettait mon fils à un camp de concentration, à vie. Dans ces images on y voit un être humain moins bien traité qu’un animal de compagnie, comme si il n’éprouvait aucune émotion, aucune douleur, comme si il était mort quelque part. Lentement empoisonné par des neuroleptiques qui l’abrutissent, le font baver, trembler. Une intoxication possible sur simple demande d’ordonnance au psychiatre. Mieux qu’un électrochoc, un choc chimique.

On dirait qu’avec ces adultes, tout est permis : sont-ils encore considérés comme des êtres humains ? Ont-ils seulement des droits ? Quand on lit la charte européenne des droits des personnes autistes, on se dit simplement que décidément non, la France ne mérite vraiment plus d’être dans l’Union Européenne, et oui, là on voit, comme le dit le réalisateur, ce que qu’on peut faire de pire dans ce pays.

 

Un prisonnier des camps de concentration ? Non, c’est Acacio, adulte autiste pris en charge par l’État français…

 

Indignation, incompréhension

Je bouillonne de rage en regardant ces images. Je sais que si ces adultes sont dans un tel état de dépendance aujourd’hui, c’est parce qu’ils n’ont jamais pu bénéficier d’une prise en charge adaptée : le gouvernement y a soigneusement veillé, en les mettant dans les mains de professionnels qui considèrent qu’il n’y a rien d’autre à faire qu’attendre l’émergence du désir de ne plus être autiste.

Je sais en plus que rien n’a changé depuis, ou si peu…

Mais le film ne s’arrête pas là… Car dans le titre il y a « solutions d’espoir », alors oui, de l’espoir il y en a… On le voit, quand le réalisateur nous fait découvrir tout ce qu’une prise en charge adaptée peut amener comme progrès, même sur des adultes autistes auparavant maltraités, devenus violents : on en a la preuve en images, et avec des explications très claires du directeur du centre. Des moyens humains, des activités structurées, encadrées, mais qui ne coûtent pas plus cher que les 900€ que l’État débourse par journées d’Hôpital Psychiatrique. Et aussi le respect de la personne autiste en tant qu’être humain capable de comprendre, d’apprendre, au lieu de « régler le problème » par des piqûres de neuroleptique tout comme ça l’a été pour Acacio (en photo ci-dessus), aujourd’hui en pleine progression depuis son admission dans ce centre.

Acacio, avec une prise en charge adaptée et humaine.

 

Des solutions existent mais rien ne bouge

L’ espoir existe mais il est bien mince, car ce centre est tellement rare, il y en a combien en France ? Pour combien d’adultes autistes ayant besoin d’une place ?

Par exemple, je viens de recevoir ce courrier d’une association de parents d’adultes autistes : cela fait 30 ans qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour ouvrir un centre. Mais ça a toujours coincé au niveau des finances de l’État. Désespérés, désabusés, ils m’envoient cette dernière lettre dans laquelle ils annoncent la fermeture de leur association, puisque aucune solution d’espoir ne leur a jamais été permise.

 

Je suis désespérée de savoir que rien n’est fait pour remédier à cette situation, et il est inutile de compter sur le prochain plan autisme, ni sur une bonne volonté du président de la république et du premier ministre. Ce n’est pas d’un plan autisme que nous avons besoin, mais bien de traiter le problème complètement autrement, par exemple en s’appuyant sur cette proposition d’Autisme France.

Mais pour cela il faudrait peut être qu’il soit reconnu comme un problème de santé publique. Il ne l’est toujours pas… Les politiques préfèrent se concerter ci et là pour savoir quoi faire alors que nous savons parfaitement quoi faire, et en attendant on laisse le massacre se poursuivre ; un massacre, oui, le mot est adapté à la situation…

Un bon test pour évaluer la volonté du gouvernement à faire évoluer les choses sera de voir si la résolution de proposition de commission d’enquête pour mettre fin au scandale français sera retenue par l’assemblée nationale. (résolution  pour l’instant soumise uniquement aux députés UMP)

 

Un petit espoir est dans les médias, qui commencent tout doucement à s’intéresser au problème, à diffuser des films qui peut-être sensibiliseront le public comme ça l’a été pour « Le cerveau d’Hugo » sur France 2 le mois dernier.

Un espoir, en attendant que les familles obligent elles-mêmes l’État à appliquer concrètement ce qui est très clairement mentionné dans l’article L246-1 du CASF :

Toute personne atteinte du handicap résultant du syndrome autistique et des troubles qui lui sont apparentés bénéficie, quel que soit son âge, d’une prise en charge pluridisciplinaire qui tient compte de ses besoins et difficultés spécifiques.

 Adaptée à l’état et à l’âge de la personne, cette prise en charge peut être d’ordre éducatif, pédagogique, thérapeutique et social.

 Il en est de même des personnes atteintes de polyhandicap.

22 décembre 2012

Le cirque Pinder : le cadeau d'Elise pour Noël

affiche-cirque1

Elodie et David ont fait la surprise à Lisou hier ... ils ont été la chercher au foyer pour l'emmener au cirque Pinder ... Cadeau de Noël avant l'heure.

Elise adore le cirque !!!

Petit reportage photos ici

22 décembre 2012

culture pub - J'adore !

21 décembre 2012

Autisme : un médicament expérimental cible le neurotransmetteur glutamate

article publié sur Psychomédia

Un médicament expérimental cible le glutamate, un neurotransmetteur important utilisé par près de la moitié des cellules nerveuses du cerveau, pour le traitement de l'autisme. La molécule réduit, indiquent les chercheurs dont les travaux sont publiés dans la revue Science Translational Medicine, deux comportements chez la souris qui ressemblent à des symptômes importants de l'autisme : le comportement répétitif et le manque de sociabilité.

La molécule GRN-529 inhibe l'activité d'un type de récepteur du glutamate, le mGluR5. Des médicaments de cette classe sont actuellement testés chez l'humain pour le syndrome de l'X fragile qui partage plusieurs symptômes avec l'autisme. Les neurones qui contiennent le glutamate contrôleraient les comportements répétitifs et sociaux.

Jacqueline Crawley et Jill Silverman du National Institute of Mental Health (NIMH) américain et de Pfizer Worldwide Research and Development ont, avec leurs collègues, testé les effets de la molécule sur des souches de souris qui constituent un modèle animal de l'autisme. La molécule réduisait les comportements répétitifs et améliorait la sociabilité sans améliorer la communication.

Ces résultats remettent en question le dogme selon lequel les bases biologiques de la maladie seraient "hardwired" (fixés anatomiquement) durant la période prénatale. "Bien que l'autisme ne soit souvent considéré que comme un handicap nécessitant une réhabilitation, nous pouvons maintenant aborder l'autisme comme un trouble pouvant répondre à des traitements biomédicaux", a commenté Thomas R. Insel, directeur du NIMH.

Des études ayant suggéré que certains gènes impliqués dans l'autisme jouent un rôle dans la formation des synapses (espace de communication entre les cellules où les neurotransmetteurs interagissent avec des récepteurs) ont amené à rechercher des molécules qui pourraient altérer la fonction de ces gènes.

Les experts s'entendent pour souligner qu'il faudra plusieurs années pour vérifier la pertinence d'un tel médicament. Par ailleurs, plusieurs cas d'autisme impliquent d'autres processus qu'une activité excessive du glutamate.

Voyez également:

21 décembre 2012

Autisme, le livre "Qu'ont-ils fait de Florian ?" est-il trop réaliste ?

 

Jean Christophe Pietri est père de trois enfants dont Florian, jeune autiste âgé de 13 ans scolarisé en 6éme normale cette année.

Son parcours pour l’emmener jusque là a été semé d’embûches : le parcours  du combattant habituel, sans répit pour les parents d’enfants autistes. Ces fameux obstacles à l’inclusion scolaire, qui sont bien trop nombreux pour que la majorité d’entre nous puissent les franchir.

Mais les parents de Florian se sont accrochés, et je suis admirative de leur ténacité.

Aujourd’hui, Jean-Christophe, lui-même dyslexique, vient de publier un livre ,« Qu’ont-ils fait de Florian ? », dans lequel il décrit ce parcours personnel… J’ai trouvé ce livre très juste et si réaliste, peut être trop au gout de certains ? Un livre écrit sans langue de bois, qui m’a fait beaucoup rire par ses expressions imagées dignes d’une parodie (sauf que ce n’en est pas une), par le ton humoristique employé. Cet humour est bien souvent salvateur pour survivre, pour pouvoir faire face à des situations souvent inimaginables pour la plupart des parents d’enfants « ordinaires ».

Actuellement ce livre, en vente depuis le 15 novembre, dérange beaucoup de personnes qui sont prêtes à tout pour empêcher sa diffusion… Mais pourquoi  donc ?  L’auteur le raconte très bien dans un interview de Alta Frequenza, une radio corse. Tout cela m’a donné envie d’en savoir plus, je lui ai posé quelques questions pour y voir plus clair.

Que raconte ce livre ?

Il raconte mon histoire et celle de mon fils, qui sert de prétexte à un reportage sur le monde des parents et enfants autistes confrontés à un système dont l’hypocrisie est telle qu’au lieu de vous aider on vous enfonce.

La question fondamentale qu’il pose est « pourquoi un tel acharnement sur un handicap, ou plutôt une différence, qui met tant de gens dans des situations ubuesques mais bien réelles ? »

Je me suis efforcé de montrer le vrai visage d’une France qui par hypocrisie et par manque de courage massacre les personnes autistes.

La question que pose ce livre va plus loin que l’autisme dans une société où l’on forme les gens pour aduler le principe de l’élitisme. Nous avons développé le principe d’enseigner à nos élites de répondre à un problème par une procédure.

Si on répond à la procédure différemment, avec mon regard de dyslexique, que se passe-t-il?

Si on met un grain de sable dans la machine avec les armes de l’administration que se passe-t-il ?

« Qu’ont-ils fait de Florian ? » est à la fois un témoignage, un cours de droit simplifié, un reportage sur les administrations confrontées au problème de l’autisme, mais c’est aussi une histoire d’hommes qui ne se connaissaient pas et qui se sont fait confiance immédiatement pour aller jusqu’au bout.

Concernant le public visé, la question qui s’est posée était de raconter une histoire qui ne concerne pas uniquement les personnes ayant des membres de leur famille avec autisme. C’était trop restrictif et n’aurait pas attiré l’attention sur notre cause.

J’ai  donc voulu raconter une histoire qui s’adresse à tout citoyen qui, par le biais du problème de l’autisme, pourra réfléchir au fonctionnement de notre société.

Quels objectifs visais tu en l’écrivant ?

Mettre en évidence le scandale de l’autisme avec le problème de la distribution démente des crédits : nous dépensons l’argent pour l’entretien d’une Ferrari pour avoir la rentabilité d’une mobylette.

Le livre ne fait pas de concessions, ni à l’Education nationale, ni à l’Agence Régionale de Santé (ARS), ni à la Maison Départementale de la Personne Handicapée (MDPH), même les éducateurs, associations de parents et parents d’enfants autistes en prennent pour leur grade.

Il est volontairement dérangeant pour créer un électrochoc.

S’il crée des réactions, quelles quelles soient, alors j’aurai réussi mon pari : médiatiser la cause de l’autisme sans pleurer, sans se plaindre, mais en demandant notre dû ainsi que la réparation du mal fait aux adultes autistes.

Quelles réactions espérais tu obtenir de la part des lecteurs en écrivant le livre ?

Plusieurs réactions et de divers types :

- À une réaction violente, du genre de celle qui a lieu actuellement avec des interventions dans les librairies de Bastia pour interdire la lecture de mon livre, comme les nazis sous le 3ème Reich, ce qui prouve que pour certains dans notre pays la diffusion d’idée n’est pas si libre que cela.

- Une réaction de gêne car qu’on le veuille ou non le livre est dérangeant.

- Une compréhension de mon message : on ne négocie pas avec des gens qui ne veulent pas négocier surtout quand le droit est pour nous.

- Enfin, une réaction de soutien des médias, durable pour rappeler aux pouvoirs publics de ne pas nous oublier.

Si une seule de ces réactions est atteinte, alors une petite pierre sera apportée à notre cause.

Quelles sont les réactions des lecteurs ?

Elles sont assez diverses:

- Violentes, insultantes même. Certains considèrent le livre comme un ouvrage qui massacre l’Éducation Nationale ou les associations, d’autres estiment que c’est trop.

Pour ceux-là je répondrais que ma vérité n’est pas bonne à lire.

- Les politiques et le recteur d’Académie ont une approche plus douce, puisque le livre leur a plu, voire les a fortement interpellés sur leurs fonctions de personnes politiques ou de fonctionnaires, certains m’ont même dit qu’ils avaient eu du mal à dormir après la lecture d’un tel ouvrage.

- Les lecteurs de familles avec enfant autiste me disent se retrouver dans mes écrits car en fait, mon histoire n’est pas la mienne mais celle de tous les français qui ont un problème avec leur enfant et qui se trouvent dans des situations de fou à cause du système.

Quels objectifs as-tu après la diffusion de ce livre ?

Avant même la sortie du livre, un producteur, Antoine Gannac, a voulu en faire un documentaire de 52mn qui passera à une heure de grande écoute sur France 3 et qui sera subventionné par la Collectivité Territoriale de Corse.

Le livre et le film passeront en boucle sur tous les bateaux de la SNCM tout l’été 2013.

J’ai proposé le livre à plusieurs producteurs pour en faire un film fiction, Muriel Robin est d’accord pour se pencher sur le scénario, le livre est sur la table de Fréderic Mitterrand pour avis. Je l’ai remis à plusieurs acteurs comme Céline Paoli ou Eric Fraticelli (mafiosa) pour avis.

Faire un film fiction me permettrait de faire passer des idées que je ne peux pas diffuser dans un livre ou un documentaire.

J’en profite pour faire un appel au cas où un producteur serait intéressé.

Qu’est ce qu’il faudrait changer selon toi dans le gouvernement, dans les associations de parents, pour que la situation de l’autisme s’améliore en France ?

Pour moi, la loi existe il faut la faire appliquer et l’adopter. Dans certain cas, nos prédécesseurs dans les associations ont fait un très bon travail puisqu’ils ont réussi à faire sortir cette fameuse loi du 11 février 2005.

Aujourd’hui, le temps de la négociation est fini.

Il est temps d’aller au combat, la loi est pour nous, alors prenons des avocats systématiquement et proposons-leur un intéressement au résultat financier des gains obtenus lors des procès.

Si des milliers de personnes et d’associations procèdent de cette façon, les pouvoirs publics seront obligés de plier.

Quel conseil donnes-tu aux parents d’enfants autistes ? aux non-parents d’enfants autistes ?

- Aux parents :

La seule chose à laquelle je crois tient en un mot : « adaptabilité ». Je ne crois pas à un dogme précis et je ne me sens pas le droit de donner des conseils à des gens qui ont des situations aussi différentes et qui à la fois sont aussi semblables à la mienne. Je ne suis qu’un spécialiste de mon fils et encore mon but était de témoigner en choquant grâce à ma vision de ce que j’ai vécu. Je ne revendique pas détenir la vérité, je donne la vision d’un dyslexique sur les problèmes qu’il rencontre avec le système quand il se retrouve confronté à l’autisme de son fils.

- Aux non-parents et aux lecteurs qui n’ont pas de rapport direct avec des personnes avec autisme :

Tout est possible dans la mesure où les gens ne croient pas au miracle et ne fantasment pas sur les autistes.

Je reprendrai une phrase d’Agnés Woimant, présidente de Autisme et Apprentissages :  « pas formé, pas déformé » ce qui veut dire que nous avons affaire à des gens différents et que nos habitudes sont à mettre en cause. Nous acceptons les noirs, les jaunes…. Pourquoi ne pas accepter les autistes pour ce qu’ils sont ?

 

La question qui se pose pour nous français est de savoir pourquoi, dans les pays modernes, nous sommes les seuls à avoir une attitude proche du massacre scolaire qui s’applique non seulement aux autistes mais aussi aux dyslexiques et autres dyspraxiques, etc..

Pourquoi ces personnes, quand elles sont cadrées, sont-elles recherchées dans les entreprises américaines ?

Un travail de réflexion est à faire sur la façon de réfléchir des personnes autistes et sur leur capacité à regarder notre société. A l’heure où nous recherchons des innovations, pourquoi ne pas se pencher sur leur façon de réfléchir pour aborder nos problèmes différemment, tant dans le domaine du droit, de l’informatique, du design ou tout simplement de la créativité, même pour ceux qui ne feront pas d’études leur façon d’appréhender la manutention ou la pâtisserie pourrait nous surprendre.

 

À méditer

20 décembre 2012

Dans l'autisme, tout ne marche pas, même si on met le paquet

jeudi 20 décembre 2012

Dans Libération du 14/02/2012, Bernard Golse affirmait: "Dans l'autisme, rien n'est validé, tout marche si on met le paquet, c'est l'intensité de la prise en charge qui compte". Dans mes questions à Bernard Golse du 17/02/2012 (qui n'ont jamais reçu de réponse), je l'interpellais particulièrement sur la 1ère partie de l'affirmation selon laquelle rien n'est validé.
Il se trouve qu'une étude récente permet également de discuter la 2ème partie de son affirmation selon laquelle " tout marche si on met le paquet, c'est l'intensité de la prise en charge qui compte". Il s'agit de l'étude suivante de Darrou et coll. (2010). Cette étude française, coordonnée par l'équipe d'Amaria Baghdadli à Montpellier, dresse un tableau édifiant des résultats de la prise en charge de "psychothérapie institutionnelle" proposée à la plupart des enfants autistes en France (ainsi qu'en Belgique, Suisse et Luxembourg francophones).
Le premier résultat de cette étude, c'est de mettre en évidence les progrès extrêmement limités que permettent ces prises en charge. En effet, l'âge de développement de ces enfants (mesuré par la Vineland Adaptive Behavior Scale, échelles communication et daily-living skills) a progressé de 12 à 13 mois en moyenne sur la période de 40 mois sur laquelle s'est déroulé le suivi. Au lieu de 40 mois, si ces enfants suivaient une trajectoire développementale normale (sans même parler de rattraper leur retard). Autrement dit, les capacités de communication et d’adaptation de ces enfants ne progressent que de 4 mois en moyenne par année de prise en charge, ce qui est très peu, et surtout bien en-deçà de ce que permettent les interventions comportementales et éducatives passées en revue par la HAS.
En effet, si l’on regarde les résultats d’un essai clinique américain (Howard et coll. 2005) ayant suivi la progression de différents groupes d’enfants autistes sur les mêmes échelles de développement en fonction du type d’intervention qu’ils recevaient, les enfants qui suivaient une prise en charge comportementale intensive (une variante d’ABA) progressaient de 11 à 17 mois par an, ceux qui suivaient un programme comportemental éclectique (empruntant des éléments d’ABA, de TEACCH et de PECS) progressaient de 6 à 9 mois par an, et le groupe contrôle qui était juste scolarisé dans une école spécialisée pour enfants handicapés progressait de 5 à 10 mois par an. Autrement dit, les enfants autistes pris en charge en France progressent 3 fois moins en moyenne que les enfants américains suivant un programme ABA, et même un peu moins que le groupe contrôle ! Ce qui suggère que le système éducatif américain tout-venant, même lorsqu’il n’implémente pas des programmes spécifiquement dédiés à l’autisme, met en œuvre des pratiques qui sont au moins aussi efficaces que celles de nos brillantes institutions françaises pratiquant la "psychothérapie institutionnelle" "intégrative" et "multidisciplinaire".
Certes, les enfants participant à l’étude de Darrou et coll. (2010) ont été recrutés dans 51 unités différentes ayant sans doute une grande diversité de pratiques, qui n'ont pas été décrites dans l'étude. Il n'est donc pas possible d'attribuer ces mauvais résultats à une pratique thérapeutique unique bien identifiée. Mais étant donné la taille de la cohorte (208 enfants) et le nombre de centres impliqués, cette étude montre de manière claire que les pratiques ayant cours dans un ensemble représentatif d'institutions prenant en charge les enfants autistes en France ont des effets d'une médiocrité accablante.
Deuxième résultat de cette étude: les facteurs prédisant l'évolution (plus ou moins mauvaise) des enfants entre le début et la fin du suivi incluent la sévérité de l'autisme (la plus grande sévérité prédisant une évolution moins bonne) et le niveau de langage (un plus haut niveau de langage prédisant une évolution meilleure). A la surprise des auteurs, l'intensité de la prise en charge ne s'est révélée avoir aucune influence sur l'évolution des enfants! Pourtant, cette intensité était conséquente, puisque la médiane se situait à 30 heures par semaine, avec une grande variabilité selon les enfants.
La conclusion, c'est que, n'en déplaise à M. Golse, lorsque les pratiques thérapeutiques sont médiocres, cela ne marche pas, même si on met le paquet.

Références

Darrou, C., Pry, R., Pernon, E., Michelon, C., Aussilloux, C., & Baghdadli, A. (2010). Outcome of young children with autism. Autism, 14(6), 663-677. doi: 10.1177/1362361310374156
Howard, J. S., Sparkman, C. R., Cohen, H. G., Green, G., & Stanislaw, H. (2005). A comparison of intensive behavior analytic and eclectic treatments for young children with autism. Research in Developmental Disabilities, 26(4), 359-383. doi: DOI 10.1016/j.ridd.2004.09.005
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