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"Au bonheur d'Elise"
5 février 2017

Catherine Barthélémy, défricheuse de l'autisme

Longtemps critiquée par les psychiatres-psychanalystes pour avoir soutenu l’idée d’une origine neurobiologique de l’autisme, cette pédopsychiatre tourangelle vient de recevoir le prix d’honneur de l’Inserm pour sa carrière de médecin-chercheur.

La pédopsychiatre Catherine Barthélémy inscrit son travail auprès des autistes dans la continuité des travaux de toute une équipe.

La pédopsychiatre Catherine Barthélémy inscrit son travail auprès des autistes dans la continuité des travaux de toute une équipe. / Cyril Chigot pour La Croix

Sa maison de Tours est un lieu chaleureux et ouvert. Un peu à son image. Des gens vont et viennent, comme ce pianiste du conservatoire, qui joue quelques morceaux sur son piano. Elle nous reçoit à l’étage, dans son petit bureau « un peu en désordre », prévient-elle, empli de livres et de documents.

Signe qu’à 70 ans, Catherine Barthélémy n’a pas totalement pris sa retraite… Elle a cédé sa place à l’hôpital, mais elle continue à enseigner à la faculté de médecine, et est restée vice-présidente de l’Association pour la recherche sur l’autisme et la prévention des inadaptations (Arapi).

Le travail d’une équipe

Elle n’aime pas parler d’elle. Alors, elle commence par parler des autres. Du professeur Gilbert Lelord, dont la disparition récente l’a beaucoup affectée. C’est lui qui l’a conduite à s’aventurer sur ces terres alors inconnues de l’autisme. Elle a eu « la chance » d’être « pilotée » par lui, avant de prendre sa succession à la tête du service de pédopsychiatrie du CHU de Tours et de l’unité de recherche Inserm qu’il a créée.

Elle parle aussi de celle qu’elle a formée et qui a repris son flambeau en 2012 : le professeur Frédérique Bonnet-Brilhault. Elle veut inscrire sa carrière et le prix qu’elle vient de recevoir dans « la continuité des travaux de toute une équipe ». Elle montre des photos de ses collègues, médecins, infirmières, comme on montre des photos de sa famille. « Je n’existe pas sans ceux-là. »

à lire : L’Inserm distingue une spécialiste de l’autisme

Sa « vraie » famille, elle en parle avec pudeur, car elle n’aime pas « se raconter ». Elle est née après la guerre, de parents instituteurs. Dès l’âge de 6 ans, elle rêve de devenir pédiatre « pour ressembler au docteur Arinal, une grande dame généreuse, qui travaillait dans les écoles ». Son père tente en vain de la dissuader. « Les études sont longues et tu n’auras pas de vacances ! »

« Un fonctionnement cérébral différent »

Quand elle est admise à la faculté de médecine de Tours, elle a à peine 20 ans. « C’est là que ma carrière a commencé, dit-elle, sur les bancs de l’amphi Charcot, où le professeur Lelord enseignait la neurologie. » Elle y découvre « le fonctionnement du corps humain, de son cerveau ». Le professeur l’emmène aussi voir ces enfants qu’on disait à l’époque « arriérés ». Ils vivaient alors « parqués » dans des salles dédiées du « quartier des femmes » de l’hôpital Bretonneau (Tours). Elle nous montre un petit film qu’il avait pris à la fin des années 1960 : on y voit des enfants enfermés dans des locaux délabrés, et des infirmières débordées, qui s’efforcent de fermer les portes à clé pour éviter qu’ils ne s’échappent.

« Le professeur Lelord a alors l’idée de génie de leur faire passer des électroencéphalogrammes, explique-t-elle. Il a pu montrer pour la première fois que ces enfants, qu’on croyait “psychotiques”, avaient un fonctionnement cérébral différent, et que leurs difficultés à nouer des relations avec les autres étaient liées à des anomalies neurophysiologiques. »

Aux États-Unis, Leo Kanner avait, dès les années 1940, décrit l’autisme de l’enfant comme une « incapacité innée à établir le contact affectif avec les personnes, biologiquement prévu ». Mais on l’avait oublié.

Une démarche d’étude très critiquée

Catherine Barthélémy passe alors son concours de pédiatrie, puis de psychiatrie, et rejoint officiellement l’équipe du professeur Lelord. Les enfants « arriérés » sont installés dans un baraquement à l’entrée de l’hôpital, qui s’appelle désormais le « service des enfants ». Des infirmières s’occupent d’eux, les observent. Les parents sont « écoutés », alors qu’ils étaient jusque-là tenus à l’écart. « On a commencé à accomplir un travail d’équipe fantastique pour tenter de comprendre ce qu’est l’autisme », souligne Catherine Barthélémy.

Elle rassemble sur des fiches bristol les informations récoltées : enfants qui jouent seuls dans leur coin, ne s’efforcent pas de communiquer, ne regardent pas l’autre. Avec l’aide d’ingénieurs, elle traite ces données, met au point des questionnaires, des « outils de mesure cliniques ».

interview : « Il faut sortir des polémiques et des querelles idéologiques »

« C’est là qu’on a commencé à déplaire, dit-elle. Cette approche scientifique des syndromes a beaucoup choqué les psychiatres de l’époque. » Elle se rappelle avoir été « très bousculée » au moment où elle a remis le rapport qui émanait de ses travaux. « On ouvrait un nouveau monde de la médecine, une démarche d’objectivation, dans la lignée de la psychiatrie biologique, et du comportementalisme… Alors qu’à l’époque, la psychiatrie en France était dominée par une seule école : la psychanalyse. » Elle se souvient s’être fait huer lors de ce congrès à Tours car elle osait avancer des explications neurobiologiques à l’autisme, alors que les psychiatres accusaient les « mères frigidaires ».

Le CHU de Tours, un « centre de ressources »

Si elle dérange les psychiatres, les parents eux s’enthousiasment. « Ils étaient au courant de ce qui se passait ailleurs (aux États-Unis, au Royaume-Uni…) et réclamaient qu’on renonce définitivement à l’idée que l’autisme est une psychose. » Avec la création d’une unité Inserm (en 1988) adossée au service, l’équipe intensifie ses recherches sur le cerveau des enfants autistes, étudie la façon dont ils perçoivent les sons, leur difficulté à se mettre dans la peau de l’autre, leur intolérance au changement…

Mais aussi les effets d’éventuels « médicaments » (comme la vitamine B6), en lien avec d’autres spécialistes en Angleterre et aux États-Unis. Parallèlement, de nombreux enfants, suivis par des neurologues, orthophonistes, psychomotriciens, et « rééduqués » par des thérapies « cognitivo-comportementales » sortent peu à peu du silence.

À la suite d’une émission diffusée en 1995, les parents se ruent vers Tours. L’équipe monte en deux jours une consultation nationale, qui deviendra en l’an 2000 un « centre de ressources » pilote.

reportage : À l’écoute des besoins des autistes adultes

« Une interaction entre les gènes et l’environnement »

Pourquoi a-t-elle eu tant de mal à se faire entendre en France ? Cette question l’embarrasse. Elle est « provinciale », sourit-elle, « à l’abri des débats parisiens de scientifiques jaloux de leur territoire ». Elle parle de « l’emprise de la psychanalyse sur les psychiatres, qui ont mis un couvercle sur un mouvement qui allait contre leurs pratiques, leurs convictions, leur pouvoir ».

Elle soulève la question de « la formation des médecins », et celle des psychologues, « qui reçoivent encore aujourd’hui des cours sur l’autisme, basés sur des connaissances du début du siècle dernier ». Elle déplore « une perte de chance énorme pour des générations d’enfants et de familles, qui n’ont pas eu accès à ces stratégies pour les éduquer et les soigner mieux ».

Elle reconnaît modestement qu’elle n’a pas réussi à percer tous les mystères de l’autisme. « On sait qu’il s’agit d’un trouble fonctionnel de l’ensemble des cellules du cerveau, probablement lié, comme pour d’autres maladies (tel le diabète), à une interaction entre les gènes et l’environnement : l’alimentation ? un virus ? un vaccin ? »

Faire participer les autistes « au progrès de la science »

Elle espère que les recherches en épigénétique, en plein essor, fourniront de nouvelles clés. Mais elle se réjouit d’avoir pu modestement « contribuer à ce que ces enfants (et leurs familles) puissent être le plus heureux possible ». « Il y a vingt-cinq ans, les deux tiers n’accédaient pas au langage, et un tiers arrivait à suivre une scolarité. En un quart de siècle on a inversé la proportion. Certains ont passé leur bac, vont à l’université… » Elle les a « fait participer aux progrès de la science ». Avec beaucoup d’humanité.

Et les jeunes autistes continuent à faire partie de sa vie. Comme ils font partie de la vie de ses propres enfants. « Je les ai toujours associés à mon travail. Ils ont été mêlés très tôt à ce monde de la différence. » Ils n’ont pas choisi la même voie qu’elle : sa fille (30 ans) est devenue danseuse ; son fils (28 ans) percussionniste…

Mais elle a pour eux « une grande admiration ». « Ils ont pris de cette vie un peu austère le meilleur : ils sont tous les deux rigoureux, exigeants, et en même temps très libres, très ouverts, tournés vers les autres. » Et elle organise avec eux des « événements » associant artistes et autistes. D’ailleurs, si elle a « beaucoup travaillé », sa vie n’a pas été « austère », corrige-t-elle, « elle a été aussi très joyeuse ! J’aime la vie, comme j’aime la musique. Et je sais qu’il me reste encore du bon temps. »

–––––––––––––

bio express

21 mars 1946. Naissance à Adriers (Vienne).

1963. Entame ses études de médecine.

1966-1969. Externe des hôpitaux de Tours, rejoint l’équipe du Pr Lelord.

1971. Docteur en médecine, médecin attaché au service de pédopsychiatrie du Pr Lelord au CHU de Tours.

1974-77. Reçue aux concours de pédiatrie puis de psychiatrie.

1983. Fonde avec le Pr Lelord l’Arapi (Association pour la recherche sur l’autisme et la prévention.

1988. Fondation par le Pr Lelord de la première équipe Inserm consacrée à l’autisme, dont elle est membre.

1992. Professeur à la faculté de médecine de Tours. Succède au Pr Lelord, à la tête du service de pédopsychiatrie du CHU de Tours et de l’équipe Inserm.

2007. Chevalier de la Légion d’honneur.

2015. Membre de l’Académie de médecine. Officier de la Légion d’honneur.

2016. Prix d’honneur de l’Inserm pour l’ensemble de sa carrière.

Christine Legrand
La pédopsychiatre Catherine Barthélémy a reçu le prix d’honneur de l’Inserm pour...

à suivre : L’Inserm distingue une spécialiste de l’autisme

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4 février 2017

ABA : Principes et Applications - Site d'Olivier Bourgueil

 

ABA : Principes et Applications

Bienvenue sur ce site dédié à la présentation des principes de l' ABA (analyse appliquée du comportement) et à ses applications, notamment auprès des personnes avec autisme.

http://aba-sd.info

 

3 février 2017

PCH : minuter l'aide humaine n'est plus à l'ordre du jour !

article publié sur Handicap.fr

Résumé : Un guide définissant un minutage précis des actes d'aide humaine pour les personnes handicapées édité par la CNSA avait provoqué un tollé ; elle vient de revoir sa copie et propose une nouvelle version, à la satisfaction des associations. Mais...

Par , le 01-02-2017

2 minutes pour couper les aliments, 5 pour manger, 24 pour s'habiller… Dans un guide pratique d'évaluation des besoins des personnes handicapées , la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie) avait prévu un calculateur Excel pour minuter très précisément les besoins en aide humaine. Le décorticage minutieux proposé dans ce guide « Accès à l'aide humaine de la prestation de compensation du handicap », à destination des MDPH, visait, en théorie, à favoriser une égalité de traitement sur tout le territoire. Mais, dans la pratique, ces estimations avaient pu conduire, dans certains cas, à une baisse de la PCH (prestation de compensation du handicap). Sorti en décembre 2013, il avait suscité le mécontentement de certaines associations de personnes handicapées. Face à la fronde qui s'en était suivie, la CNSA avait alors été sommée de revoir sa copie, les associations ayant trouvé auprès de ses services un interlocuteur attentif. C'est chose faite…

Une nouvelle version

Le 27 janvier 2017, la CNSA, reconnaissant dans un communiqué « certains défauts de l'outil » initial, a réuni un grand nombre d'associations du champ du handicap pour leur présenter une nouvelle mouture censée désormais tenir compte des observations formulées. La nouvelle version du guide insiste davantage sur l'appréciation globale des besoins en lien avec le projet de vie, conformément aux principes de la loi de 2005. L'outil excel et le fichier qui minutait le temps de chaque intervention ne figurent plus en annexe. La version définitive du guide devrait être diffusée aux MDPH au début du mois de mars 2017.

Une première victoire mais…

La Coordination handicap et autonomie (CHA), qui a milité ardemment contre ce guide, se félicite de cette « première victoire » mais assure cependant « rester sur le pont » puisqu'une proposition de version définitive de ce guide d'appui refondu doit être faite aux associations en février, avant sa validation. Elle dit être en train de finaliser sa critique de la version présentée le 27 janvier et ses propositions. Par ailleurs, elle réaffirme qu'il « reste à retrouver et à identifier toutes ces personnes qui ont vu leur plan d'aide diminué, victimes de méthodes d'évaluation déshumanisantes » pour qu'elles puissent « obtenir en urgence une nouvelle évaluation respectueuse de leurs besoins et de leur projet de vie. »

Pour une équité des demandes

L'APF (Association des paralysés de France), comme toutes les associations qui se sont exprimées, souligne l'intérêt d'avoir un outil national de référence sur la PCH aide humaine afin d'assurer l'équité de traitement des demandes sur tout le territoire et d'accompagner les équipes MDPH dans leurs pratiques, ceci afin d'éviter tout outil « local » qui serait utilisé sans contrôle. Mais ce collectif assure qu'il restera très vigilent sur la prise en compte des dernières modifications proposées puis lors de sa mise en œuvre de cette nouvelle version ; il a, pour ce faire, demandé la mise en place d'un groupe de travail chargé d'assurer le suivi de son application. L'APF insiste par ailleurs sur la nécessité d'abandonner sans délai sa version précédente et d'en informer toutes les équipes des MDPH qui s'y référaient.

Un problème de fond ?

Enfin, de son côté, Handi-Social, s'interroge sur un « problème de fond » : pourquoi la CNSA veut-elle imposer des pratiques uniformes qui sont à l'opposé de l'individualisation pourtant prévue par le cadre réglementaire ? Cet outil de standardisation des réponses ne risque-t-il pas d'engendrer un nivellement, forcément par le bas ? « Coïncidant ainsi avec la volonté des départements de réduire les allocations de solidarité… », selon Handi-Social.

3 février 2017

Développement atypique des premiers circuits corticaux dans un modèle de souris du trouble du spectre de l'autisme

Article publié sur le blog Autisme Information Science

03 février 2017

Traduction partielle : G.M.
 
Cell Rep. 2017 Jan 31;18(5):1100-1108. doi: 10.1016/j.celrep.2017.01.006.

Abnormal Development of the Earliest Cortical Circuits in a Mouse Model of Autism Spectrum Disorder

Author information

  • 1Department of Biology, University of Maryland, College Park, MD 20742, USA.
  • 2Center for Biomedical Engineering and Technology, and Department of Physiology, University of Maryland School of Medicine, Baltimore, MD 21201, USA.
  • 3Department of Biology, University of Maryland, College Park, MD 20742, USA. Electronic address: pkanold@umd.edu

Abstract

Le trouble du spectre de l'autisme (TSA) implique des déficits dans le traitement de la parole et du son. Les changements de circuit corticaux au cours du développement précoce contribuent probablement à de tels déficits. Les neurones sous plaques (SPN) forment les premiers microcircuits corticaux et sont nécessaires au développement typique des circuits thalamocorticaux et intracorticaux. L'acide valproïque prénatal (VPA) augmente le risque de TSA, en particulier lorsqu'il est présent pendant une période de temps critique coïncidant avec la genèse de SPN.
 Autism spectrum disorder (ASD) involves deficits in speech and sound processing. Cortical circuit changes during early development likely contribute to such deficits. Subplate neurons (SPNs) form the earliest cortical microcircuits and are required for normal development of thalamocortical and intracortical circuits. Prenatal valproic acid (VPA) increases ASD risk, especially when present during a critical time window coinciding with SPN genesis. 
Using optical circuit mapping in mouse auditory cortex, we find that VPA exposure on E12 altered the functional excitatory and inhibitory connectivity of SPNs. Circuit changes manifested as "patches" of mostly increased connection probability or strength in the first postnatal week and as general hyper-connectivity after P10, shortly after ear opening. 
Ces résultats suggèrent que l'exposition prénatale au VPA affecte gravement la trajectoire du développement des circuits corticaux et que l'activité sensorielle peut exacerber les déficits antérieurs et subtils de la connectivité. Nos résultats identifient la sous-plaque comme un éventuel substrat pathophysiologique commun des déficits dans le TSA.
These results suggest that prenatal VPA exposure severely affects the developmental trajectory of cortical circuits and that sensory-driven activity may exacerbate earlier, subtle connectivity deficits. Our findings identify the subplate as a possible common pathophysiological substrate of deficits in ASD.
 

 

3 février 2017

Annuaire francophone des professionnels de l'ABA - par Laurent Keser

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2 février 2017

Pierre Delion et son combat pour une psychiatrie humaine

Ajoutée le 27 janv. 2017

Que faire contre la maladie ? Comment les livres peuvent-ils aider à traverser sereinement cette épreuve ? Les écrivains Pascal Quignard, auteur de «Performances de ténèbres» et Rosa Montero, qui publie «La Chair», apportent leurs réponses, optimistes, à cette douloureuse question. Egalement invité de la Grande Librairie, Christophe André explique comment la méditation peut changer une vie. À leurs côtés sur le plateau, le professeur Pierre Delion, qui milite pour une psychiatrie humaine, et Patrizia Paterlini-Bréchot, auteur de «Tuer le cancer», participent au débat.

1 février 2017

ANESM - Les espaces de calme-retrait et d'apaisement

 

Anesm - Les espaces de calme-retrait et d'apaisement

Contexte, enjeux et objectifs Ces recommandations s'inscrivent au programme de travail de l'Anesm au titre du Programme 3, "les (...)..

http://www.anesm.sante.gouv.fr

 

1 février 2017

Lille : perchée sur une grue, elle obtient de l'aide pour ses enfants autistes

artile publié dans Le Parisien

01 février 2017, 14h55 | MAJ : 01 février 2017, 15h53|2

 Pour demander une meilleure prise en charge de ses enfants autistes, une jeune femme est montée en haut d'une grue dans le quartier des Fives à Lille. 

(Capture Google maps)

Pour demander une meilleure prise en charge de ses enfants, une jeune femme est montée en haut d'une grue dans le quartier des Fives, à Lille. 

Une mère de famille de 32 ans s'est hissée en haut d'une grue, tôt mercredi matin, à Lille, pour réclamer une meilleure prise en charge de ses deux enfants autistes. Les secours étaient eux aussi montés en haut de cette grue au pied d'un chantier du quartier de Fives, près des gares. Ils ont tenté pendant 10 heures de la convaincre de mettre un terme à son action, entamée depuis 4h30.

Après avoir obtenu des garanties de la part de la Maison départementale des handicapés, elle a arrêté son action vers 15 heures selon la Voix du Nord.

Une couverture de survie lui avait été distribuée «en raison des risques d'hypothermie», selon Arnaud Deslandes, directeur de cabinet de Martine Aubry, maire de Lille, présent sur les lieux.

Le protocole pour le remboursement des soins

La jeune femme réclamait que «la caisse primaire d'assurance-maladie respecte le protocole pour le remboursement des soins des enfants qui pour le moment ne nous sont pas remboursés. En outre, le père des deux enfants demandait que «la maison départementale des personnes handicapées accorde le complément d'allocation dont nous avons droit.»

grue

Selon lui, la jeune femme «ne descendra pas de la grue tant que nous n'avons pas l'assurance d'avoir ce que nous demandons.»

Les parents affirment avoir le sentiment de ne pas être entendus par les administrations alors qu'ils ont arrêté de travailler en 2012 pour s'occuper à temps plein de leurs deux enfants.

Pour l'association Handignez-vous, ce type d'action arrive parfois chez des parents désespérés. En mai 2014, Estelle Ast, également maman d'un garçon autiste, était grimpée au sommet d'une grue dans le centre de Toulouse. En juillet 2015, c'était au tour de Jérôme Claro de se hisser sur un bras télescopique loué pour l'occasion, à Barcelonnette (04).

  leparisien.fr

1 février 2017

Sud-Gironde : les parents d'autistes réclament un véritable plan

article publié dans Sud-Ouest

Publié le 01/02/2017 à 3h39. Mis à jour à 9h32 par Pascale Lartigue.

 Sud-Gironde : les parents d’autistes réclament un véritable plan Stéphane Vaidie, directeur de la MAS du Sabla : «Le diagnostic précoce est un enjeu vital».

P. L.

28 autistes adultes sont accueillis à la Maison d’accueil spécialisé de Grignols. Les familles souhaitent un plan Marshall de l’autisme

La Maison d’accueil spécialisé (MAS) Le Sabla à Grignols a été créée en 2007 par l’association Autisme Sud Gironde qui rassemble les familles de jeunes adultes avec autisme lourdement atteints. Elle avait déjà contribué à créer, à Cenon, un établissement pour les enfants : le Sessad Les Tournesols.

Mais une fois ceux-ci devenus adultes, il a fallu trouver une réponse éducative adaptée à leurs besoins. C’est la MAS le Sabla de Grignols.

Ici, l’objectif paraît simple : mener une vie ordinaire. Mais pour y parvenir 47 personnes, éducatifs et soignants travaillent 365 jours par an et 24 heures sur 24 à abaisser la frontière entre les deux mondes. Et ce pour 28 résidents de 30 ans de moyenne d’âge.


Prise en charge personnalisée

Stéphane Vaidie, directeur, décrit une prise en charge totale et personnalisée qui se définit au cas par cas. Chaque résident a, en effet, un profil différent et des moyens de communication variables.

Pour chacun, il est donc nécessaire d’adapter l’apprentissage de la communication, de l’autonomie, de l’expression. Une pédagogie spécifique individualisée répond aux particularités somatiques, cognitives, comportementales et sensorielles de chaque personne.

La structuration d’une journée sous forme de programmes séquentiels permet de supprimer les espaces-temps vides. Les interactions sociales qui décryptent les codes sociaux s’effectuent à travers des apprentissages qui élargissent les centres d’intérêt aussi bien dans l’établissement qu’à l’extérieur au contact par exemple des résidents de l’Ehpad voisin, en forêt ou bien à la palombière.

Une intégration possible

Un autre challenge réside dans la prévention du mal-être physique et l’habituation aux soins médicaux. Les retours à la maison sont fréquents. Les parents, en partenaires avisés, assurent la continuité des dispositifs ingénieux mis en place en lien avec les équipes éducatives.

L’outil numérique comme moyen de communication contribue à maintenir les liens familiaux. Dans le cadre d’un plan annuel, des axes de travail sont évalués toutes les huit semaines pour mesurer les acquis.

« L’intégration est possible tout au long de la vie » confie Marie Claude Leclerc, présidente de l’association Autisme Gironde, qui interpelle le « manque de courage des politiques incapables de résister au poids des lobbies : Il faut un plan Marshall de l’autisme. Nous demandons une redistribution des moyens. Une journée en hôpital psychiatrique coûte 1 000 euros. Imaginez ce qui peut être mis en place en structures médico-sociales pour permettre aux personnes autistes de sortir de l’abandon ».

Une lueur d’espoir pour les familles : Verdelais en 2017 et Saint-Macaire en 2018 doivent ouvrir de nouvelles places d’accueil.

SOS autismophobie : 0820 71 00 54. MAS Le Sabla, Grignols : 05 65 65 06 70.

Un manque de structures

En France, un enfant sur 150 et 4,6 % des 85 000 enfants de Gironde naissent atteints d’un trouble du spectre autistique (TSA). L’intuition des parents en repère les premiers signes. Ils plongent alors dans un abîme de culpabilité et commencent leur long et terrible parcours du combattant, le combat de toute une vie.

On ne guérit pas de l’autisme. La famille, quand elle n’implose pas, laissant souvent les mamans dans une situation dramatiquement précaire, doit trouver la force morale et la ressource financière pour faire face.

La prise en charge coûte entre 2 500 et 3 000 euros par mois. Au contraire de la Suède, des Pays Bas, du Canada ou d’Israël, en France les portes se ferment bien que 650 000 cas soient recensés (5 millions en Europe. Trois garçons pour une fille).

Errance du diagnostic, scolarisation quasi impossible (20 % des cas seulement sont scolarisés en milieu ordinaire et à temps partiel, dont 755 en Gironde), confrontés à un invraisemblable aveuglement politique et un défaut chronique de formations médicales et médico-sociales adaptées, certains parents choisissent l’exil pour sauver leur enfant de l’asile psychiatrique.

« En Gironde, 240 autistes sont encore hospitalisés en asile psychiatrique sous camisole chimique faute de structures adaptées en nombre suffisant pour les enfants comme pour les adultes. Certain en Girondes finissent SDF » rappelle Marie Claude Leclerc, présidente de l’association Autisme Gironde.

Le malaise est grandissant car, alors que dotée de compétences et d’innovations aux résultats probants grâce aux familles et aux professionnels, la France est pointée pour la deuxième fois (2004 et 2014) comme mauvaise élève en matière de respect des droits des autistes par le conseil de L’Europe.

Les « Plans autisme » mis en œuvre par l’État depuis quinze ans sont très en deçà des besoins réels et des attentes des familles. L’autisme se révèle être un défi de santé publique auquel il devient urgent de répondre efficacement.

Les parents, en galère, sont entrés en lutte pour donner un avenir à leur enfant, citoyen français doté de droits à part entière.

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