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"Au bonheur d'Elise"
31 mars 2018

Autisme de l'enfant - Rester en alerte pour dépister au plus tôt

 

Autisme de l'enfant - Rester en alerte pour dépister au plus tôt

Inquiétude des parents sur le développement de leur enfant ou régression des habiletés langagières ou relationnelles sont les principaux signes d'alertes d'un trouble du spectre de l'autisme (TSA). La HAS a publié des recommandations sur le TSA, les signes d'alerte, le repérage et le diagnostic chez l'enfant et l'adolescent.

https://www.has-sante.fr

 

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31 mars 2018

"La France a 40 ans de retard" : la lettre à Emmanuel et Brigitte Macron de la présidente de SOS Autisme

article publié dans le JDD

12h27 , le 30 mars 2018, modifié à 12h32 , le 30 mars 2018

Olivia Cattan, présidente de SOS Autisme, écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron et à sa compagne Brigitte, impliquée sur ce sujet, avant la présentation du 4e plan autisme attendue début avril. Le JDD a décidé de la publier.

Olivia Cattan, présidente de l'association SOS Racisme.

Olivia Cattan, présidente de l'association SOS Racisme. (Sipa)

Faciliter l'accès aux soins des enfants autistes : telle est l'une des demandes d'Olivia Cattan au couple Macron dans un courrier rendu public vendredi. La présidente de l'association SOS Autisme France a pris la plume avant la journée mondiale de l'autisme, le 2 avril, et la présentation attendue du 4e plan autisme par l'exécutif. Au chef de l'Etat et à son épouse, qui s'est engagée personnellement sur cette question, cette mère d'enfant autiste regrette que "rien ne change ou si peu et surtout pas assez vite". Elle demande notamment de passer par la loi pour rembourser les soins des personnes autistes, de la psychologue à la psychomotricienne et ergothérapeute. Voici sa lettre.

Lire aussi : Les grands oubliés de l'autisme sont les adultes



"Monsieur le président de la République, Madame Brigitte Macron,

Cela fait plusieurs années que je travaille auprès des enfants autistes, étant mère d’un enfant autiste et sœur d’un autiste diagnostiqué à 35 ans. Je suis présidente de SOS autisme France que vous connaissez pour nos différentes actions de sensibilisation et de lutte pour l’intégration des personnes autistes dans notre société. Vous avez tous deux montré de l’intérêt pour cette cause. Je vous ai rencontré et travaillé avec vous sur les différentes propositions qui changeraient la vie des familles. Mais aujourd’hui, la situation est plus qu’intenable pour des milliers de vos concitoyens.

Vous le savez, la France a 40 ans de retard et cela ne se rattrapera pas en un jour, nous en sommes tous conscients.

L’intégration à l’école est toujours de 20% en primaire et il n’y a toujours que 2% de personnes autistes qui ont accès à l’emploi. La situation des autistes adultes est catastrophique. Les médecins et l’ensemble des personnels de santé ne sont pas formés, les auxiliaires de vie scolaire et les professeurs ne le sont pas davantage. Les séances des thérapeutes formés à l’autisme sont hors de prix et non remboursés par la sécurité sociale.

Et malgré vos bonnes intentions, et une ministre du Handicap engagée et à l’écoute, rien ne change ou si peu et surtout pas assez vite. Nos enfants grandissent et n’ont plus le temps d’attendre. Le temps politique n’est pas en adéquation avec notre urgence.

Il ne suffit pas de vouloir changer les choses avec quelques mesures qui mettront des années avant d’être effectives et ressenties dans notre quotidien. Il faut un plan Marshall de l’autisme pour faire face une crise sanitaire de grande ampleur.

Surendettées, précaires, isolées, les familles sont seules face au handicap de leur enfant

La situation des familles est dramatique. Surendettées, précaires, isolées, les familles sont seules face au handicap de leur enfant, devant se battre pour trouver les rares spécialistes de l’autisme, des thérapeutes formés et compétents, pour les inscrire à l’école, trouver des places en Sessad ou IME et des formations professionnelles…

Les mamans d’enfants autistes sont, généralement, obligées de s’arrêter de travailler et leur isolement social est d’une violence indicible.

Mais le pire dans tout cela est l’inégalité sociale d’une prise en charge nécessaire et adaptée que nous ne pouvons pas tous offrir à nos enfants. Et cette inégalité d’accès aux "soins" est inacceptable. Pourquoi alors qu’il y a 600.000 personnes autistes, la prise en charge n’est-elle toujours pas remboursée intégralement?

On ne guérit pas de l’autisme. Mais nos enfants grâce aux méthodes comportementales dispensées par des psychologues apprennent à parler, à se tenir à table, à adopter les bons comportements, à intégrer des apprentissages et réussissent à progresser. Grâce aux séances dispensées par des psychomotriciennes, nos enfants apprennent à tenir un stylo, à descendre les escaliers, à mâcher et avaler des aliments solides. Grâce aux ergothérapeutes, nos enfants parviennent à supporter certains bruits, certaines odeurs. Ils apprennent à maîtriser le temps, à s’organiser….Et ils apprennent ainsi à devenir plus autonomes. Ce qui limite les crises de violence, les stéréotypies et divers tocs.

Et là je m’adresse à Madame la première dame, à vous, chère Brigitte Macron, vous qui êtes une mère.

Voulez-vous chère Brigitte, que je vous raconte notre quotidien de maman? J’aimerais tellement vous inviter à passer une journée avec moi afin que vous compreniez réellement la situation.

Notre journée commence tôt et se finit souvent très tard. Les enfants autistes ont des difficultés de sommeil, dorment peu ou se réveillent plusieurs fois dans la nuit lorsque la mélatonine n’agit plus.

Au lieu de se dire qu’il faut mieux former les AVS et le personnel enseignant, on exclut l’enfant 

Certains enfants autistes vont à l’école lorsque nous avons réussi à les faire admettre, après de nombreuses batailles devant un corps professoral qui ne veut pas d’eux. Alors nous les accompagnons à l’école pour quelques heures ou pour quelques demi-journées, suivant ce qui leur est accordé. Et cela aussi sous condition d’avoir obtenu une Auxiliaire de vie scolaire. Parfois les familles se déplacent avec l’enfant pour rien, lorsque l’AVS est absente. Parfois elles ne se déplacent plus parce que l’AVS a démissionné et n’a pas été remplacée. Parfois elles se déplacent pour des réunions et encore d’autres réunions lorsque l’AVS, non formée spécifiquement à l’autisme, ne sait pas s’y prendre avec l’enfant. Et que les professeurs ne peuvent plus faire face à cette situation dans une classe de 30 élèves. Alors au lieu de se dire qu’il faut mieux former les AVS et le personnel enseignant, on exclut l’enfant expliquant aux familles que l’école n’est pas un lieu adapté à son handicap. Mais où est sa place alors? A son domicile? En IME?

Mais les IME sont pleins et les places sont manquantes, alors sa place est-elle à l’autre bout du lieu de résidence de la famille ou hors des frontières de leur propre pays, obligeant les familles à faire d’incessants allers-retours, ce qui détruit la fratrie!

Mais chère Brigitte, reprenons la description de notre journée. Lorsque l’enfant va à l’école. Il nous faut trouver tout de même les bons thérapeutes formés à ce syndrome spécifique : orthophonistes, psychologues, psychomotriciennes, ergothérapeutes. Le SESSAD ou l’IME qui a encore de la place en espérant que tous ces professionnels suivent les recommandations de la Haute autorité de Santé. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Et nous accompagnons et raccompagnons nos enfants pour chacune de ces séances, devenant de véritables taxis.

Puis il y a toutes les crises à gérer à la maison, dans la voiture, en faisant ses courses ; les tocs répétitifs, leurs mains qu’ils lavent ou relavent, les stéréotypies qui parfois les envahissent. Les jets d’objets ou les coups violents.

Il y a le moment des repas où la sélection alimentaire que beaucoup d’entre eux font, nous oblige à composer chaque menu avec beaucoup de finesse afin de les nourrir correctement.

Le nerf de la guerre reste aussi l’argent 

Puis il nous faut également trouver le médecin qui sait comment appréhender une personne autiste et établir un véritable parcours de soins. Ainsi qu’un dentiste qui accepte de le soigner, sans anesthésie générale, lorsque notre enfant a une simple carie. Parce que faire passer une radio, ou emmener un enfant autiste à l’hôpital est à chaque fois une longue préparation pour l’enfant et une appréhension pour nous, ayant peur d’être face à des Médecins ou infirmiers non formés qui ne sauront pas s’y prendre. Nous avons eu échos grâce à des médecins et des familles de situations dramatiques.

Et dans ce pauvre temps qu’il nous reste, on s’informe, on se forme à différentes méthodes afin de les aider au maximum.

Mais le nerf de la guerre reste aussi l’argent de chacune des séances de psychologues, de psychomotriciennes et d’ergothérapeutes, qui coûtent 70 euros l’heure. Sans compter les tarifs d’une auxiliaire de vie scolaire privée lorsque nous tentons de leur offrir un parcours scolaire adapté à leurs besoins et pérenne, et qui peut atteindre 2.000 euros par mois.

Donc vous l’aurez compris, nous parents d’enfants autistes, nous n’avons ni repos, ni répit. Parce que lorsque notre journée est finie, nous pensons à leur avenir lorsque nous ne serons plus. Et quel avenir peuvent-ils avoir en France si vous ne remédiez pas de façon urgente à la situation?

Les exemples d’autres pays où les personnes autistes sont bien pris en charge et intégrées ne manquent pas : le Canada, les Etats-Unis, Israël, l’Italie…Mais j’ai parfois l’impression que la situation de nos enfants n’émeut pas grand monde dans la classe politique. A part quelques députés sensibles et engagés, nos enfants ne semblent pas être une urgence. Sans parler de la Ministre de la Santé ou le Ministre de l’éducation nationale dont "les agendas sont surchargés" les empêchant de recevoir les familles.

Pourtant il ne s’agit pas seulement de handicap mais de santé publique et de droit à l’éducation.

L’autisme n’est pas suffisamment enseigné aux étudiants en médecine

Depuis plusieurs mois, nous avons recensés grâce à nos antennes de province toutes les difficultés des familles. Et sur tout le territoire, y compris dans les grandes métropoles, les difficultés sont immenses ; j’ai rencontré et parlé avec des médecins, du généraliste au spécialiste jusqu’au dentiste ; des urgentistes comme Patrick Pelloux ; des pompiers. Et ils tous sont d’accords sur deux points : les médecins ne sont pas formés et ne savent pas toujours accueillir et soigner les personnes autistes. Mais ce qui est préoccupant est que l’autisme n’est pas suffisamment enseigné aux étudiants en médecine. Les médecins de demain ne seront donc pas plus formés que les précédents.

Les séances dispensées par les psychologues et les psychomotriciennes ne sont pas remboursées par la sécurité sociale, créant une inégalité sociale entre nos enfants. Et il serait temps de faire une loi afin d’y remédier.

L’Education nationale dans son ensemble, à part quelques exceptions, n’est pas prête à accueillir nos enfants parce qu’elle n’a pas assez de moyens financiers, et pas d’accompagnantes de vie scolaire et de professeurs formés.

Quant à l’emploi, à la culture ou au sport, vous comprendrez qu’après un tel parcours de vie, peu de nos enfants, y ait accès.

Alors je me tiens à votre disposition pour vous remettre ces comptes rendus de nos antennes de province, pour vous faire rencontrer ces familles, ces médecins, ces avs, ces professeurs de bonne volonté qui nous soutiennent et qui dénoncent avec nous cette situation d’urgence.

Alors cher Président et chère Brigitte Macron, je vous adresse cette lettre ouverte afin que vous compreniez mieux la situation que vivent des milliers de familles, nos attentes et nos espoirs.

Olivia Cattan, présidente de l'association SOS Autisme France"

31 mars 2018

Le 4e plan autisme attendu le 6 avril 2018

article publié sur Handicap.fr

Résumé : Le 4e plan autisme, qui doit viser à mieux diagnostiquer et accompagner les personnes avec autisme, doit être annoncé le 6 avril 2018 par Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Les associations se disent anxieuses de voir la France combler son retard.

Par , le 30-03-2018

Par Pascale Juilliard

« En matière de politique de l'autisme, la France n'est pas au niveau », reconnaissait récemment à l'Assemblée nationale la secrétaire d'État chargée du handicap, Sophie Cluzel. Les familles concernées sont trop souvent exposées à un « parcours du combattant indigne de notre République » et « la France se trouve loin derrière de nombreux pays de l'OCDE en matière de recherche », soulignait-elle. D'après elle, les détails du 4e plan, qui doit « remettre la science au coeur de la politique publique de l'autisme » seront connus quelques jours après la journée mondiale de sensibilisation du 2 avril. Il doit être annoncé le 6 par Emmanuel Macron et Edouard Philippe.

Prendre la mesure de l'urgence

Les « troubles du spectre de l'autisme » (TSA) touchent « environ 1% de la population », soulignait la Cour des Comptes en janvier. Elle estimait à 700 000 le nombre de personnes concernées en France, dont 600 000 adultes, bien que ces derniers ne soient « qu'environ 75 000 » à être aujourd'hui diagnostiqués. Ce trouble neurodéveloppemental se caractérise par des difficultés d'interaction sociale, des comportements répétitifs et des centres d'intérêt restreints ou spécifiques. Il peut s'accompagner ou non d'une déficience intellectuelle. Les associations de familles demandent régulièrement à l'État de « prendre la mesure de l'urgence » en matière de recherche et d'innovation, d'accompagnement vers la scolarité et l'emploi, d'accès à des thérapeutes formés, ou encore de création de places dans des structures spécialisées pour éviter des départs forcés en Belgique. L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) estime à plus de 7 000 le nombre d'enfants et adultes handicapés accueillis en Belgique, dont une proportion « conséquente » sont autistes. L'enveloppe destinée à la prévention des départs forcés a été "doublée en 2018" selon Mme Cluzel, passant à 30 millions d'euros.

Un bilan mitigé

Après trois plans successifs depuis 2005, Emmanuel Macron avait lancé en juillet 2017 la concertation sur ce nouveau plan (article en lien ci-dessous). Le précédent (2013-2017) avait été doté de 205 millions d'euros. « Les progrès réalisés dans la prise en charge des enfants, mais surtout des adultes, sont insuffisants », soulignait la Cour des comptes dans son récent rapport. Pour les enfants, une grande partie de l'offre de prise en charge « continue de s'écarter des bonnes pratiques recommandées » par la Haute Autorité de Santé (HAS), constatait-elle. Seuls « 15% environ » des enfants qui ont besoin d'interventions précoces en bénéficieraient. En juillet 2015, un tribunal administratif a condamné l'État français pour « des carences » dans la prise en charge d'enfants autistes.

Le taureau par les cornes

« On attend que le 4e plan prenne le taureau par les cornes, mais on n'est pas sûrs que la volonté politique existe », a souligné Danièle Langloys, présidente d'Autisme France, interrogée par l'AFP. Il est pour elle « fondamental qu'on repère les personnes autistes et qu'on les diagnostique correctement, et qu'on mette à leur service les interventions conformes aux recommandations de bonne pratique ». Après la prise en charge des enfants en 2012, la HAS a publié en février des recommandations très attendues sur l'accompagnement des adultes, destinées à améliorer la qualité des interventions des travailleurs sociaux, psychologues et autres professionnels de santé. « Le problème est que, sur le terrain, les recommandations ne sont souvent même pas connues, et donc très peu mises en œuvre », souligne Mme Langloys. « L'urgence numéro un » est pour elle de « refondre les formations » des médecins et autres professionnels. La deuxième priorité est « le contrôle de la qualité de ce qui existe », et la troisième « les adultes », dont les précédents plans ne se sont « jamais occupés », affirme-t-elle.


 

Handicap.fr vous suggère les liens suivants :

Sur Handicap.fr

31 mars 2018

Prise de position de Vincent Dennery -> Pour une évaluation du 4ème plan autisme basée sur les faits

30 mars 2018

Autisme, urgence nationale : le couple Macron alerté !

Résumé : Le 2 avril, journée mondiale de l'autisme. Un jour pour tirer la sonnette d'alarme sur une urgence sanitaire. Une association interpelle Emmanuel Macron et invite son épouse à venir passer une journée dans la peau d'une maman d'enfant autiste.

Par , le 30-03-2018

 

Le 2 avril, c'est la journée mondiale de l'autisme. Le 6, c'est au tour d'Emmanuel Macron et du Premier ministre de dévoiler non plus un « plan » mais une « stratégie » dans ce domaine. Cette démarche s'inscrit dans la lignée de la concertation lancée le 6 juillet 2018 à l'Elysée dans le cadre de la préparation du quatrième plan autisme (article en lien ci-dessous).

Lettre à Macron et Macron

Méfiance de la part des associations qui se demandent ce qu'un tel changement de terme peut bien dissimuler. En attendant le verdict, certaines n'hésitent à prendre leur plume pour interpeller directement le chef de l'État et son épouse Brigitte Macron qui a plusieurs fois manifesté son engagement public sur cette question. C'est le cas de SOS autisme qui, à l'aube de cette journée tout en bleu (la couleur de l'autisme) voit plutôt rouge. Sa présidente, Olivia Cattan déplore une « situation plus qu'intenable pour des milliers de vos concitoyens. » Dans sa lettre ouverte, cette maman et sœur de personnes avec autisme affirme que «  la France a 40 ans de retard ». Elle cite des chiffres : l'intégration à l'école est toujours de 20% en primaire et seulement 2% de personnes autistes ont accès à l'emploi. « La situation des autistes adultes est catastrophique, poursuit-elle. Les médecins et l'ensemble des personnels de santé ne sont pas formés, les auxiliaires de vie scolaire et les professeurs ne le sont pas davantage. »

Argent, nerf de la guerre

D'autres motifs de colère, inlassablement répétés : les carences de l'école, le manque de place en établissements, les exils forcés, les médecins qui savent rarement appréhender ce trouble, le parcours du combattant pour soigner une simple carie. Cette maman raconte le quotidien de ces parents qui, comme elle, doivent s'informer sans cesse, quitte à se former à tous les métiers. Sans que leur dévouement et leur expertise ne suffisent puisqu'il y a toujours un moment où il faut se résoudre à mettre la main à la poche. L'argent, ce nerf de la guerre qui laisse des familles exsangues. Jusqu'à « 2 000 euros par mois pour une auxiliaire de vie scolaire privée lorsque nous tentons de leur offrir un parcours scolaire adapté », s'indigne Olivia. Une vie sans repos, sans répit, ni fric aussi !

Des méthodes non remboursées

Elle regrette qu'une prise en charge adaptée, notamment via les méthodes comportementales, ne puisse être « offerte » à tous les enfants, faute de remboursement. 70 euros par exemple pour une séance de psychomotricité, à la charge des parents. Dispensées par des psychologues, ergothérapeutes, psychomotriciens, elles permettent pourtant d'apprendre à parler, à se tenir à table, à adopter les bons comportements, à tenir un stylo, à descendre les escaliers, à mâcher et avaler des aliments solides. Mais aussi à supporter certains bruits, certaines odeurs. Les enfants apprennent ainsi à maîtriser le temps, à s'organiser, à devenir plus autonomes, ce qui permet de limiter les crises de violence, les stéréotypies, les tocs. Dans ce contexte, l'association « exige de l'État qu'il élabore une loi afin que la prise en charge de nos enfants soit remboursée par la Sécurité sociale ».

Une mesure sans suite

Il y a deux ans, en avril 2016, la secrétaire d'État alors en charge du handicap, Ségolène Neuville, avait annoncé un dispositif destiné à pallier « l'insuffisance de prise en charge financière » de certains spécialistes. Il s'agissait de la création de « pôles de compétences et de prestations externalisées » (article en lien ci-dessous), des structures médico-sociales vers lesquelles les parents pourraient se tourner pour organiser les séances avec des professionnels. Ces derniers devaient ensuite être « rémunérés par ces structures sur des crédits de l'Assurance maladie ». Mais, selon Mme Cattan, les parents n'ont vu « aucune différence ». Le dispositif n'a pas eu le temps d'être déployé sous le quinquennat Hollande, et il n'y a « pas eu de suivi » après le changement de majorité, a-t-elle regretté.

Invitation à Brigitte Macron

Et de citer d'autres pays ou les personnes autistes sont mieux considérées et surtout intégrées ; le Canada, les États-Unis, Israël, l'Italie… En France, la présidente déplore qu'à part pour quelques députés « sensibles et engagés », ces enfants « ne semblent pas être une urgence ». Malgré de « bonnes intentions » du gouvernement et une « ministre du Handicap à l'écoute », Olivia Cattan déplore que « rien ne change ou si peu et surtout pas assez vite ». Le temps politique n'est décidemment pas en adéquation avec l'urgence de ceux qui vivent l'autisme au quotidien. Et de réclamer un « plan Marshall de l'autisme pour faire face une crise sanitaire de grande ampleur ». En conclusion, Olivia Cattan invite Brigitte Macron, « mère » elle aussi, à venir passer une journée avec elle pour comprendre « réellement » la situation, et pourquoi pas les nuits sans sommeil lorsque la « mélatonine n'agit plus ».

Une enquête et une campagne

Pour donner plus d'écho à son propos, SOS autisme s'est appuyée sur une enquête menée par l'Ifop à sa demande et dévoilée en mars 2018 : « Les Français et l'intégration des autistes dans la société ». Des Français qui, sur le papier, se déclarent en grande majorité (plus de 80%) inclusifs sur les trois questions posées ; ils accepteraient ainsi de voir plus de personnes autistes à l'école, de travailler à leur contact ou d'inciter à voter une loi permettant le remboursement total de la prise en charge. Et dans la réalité ? Pour impacter un peu plus les mentalités, SOS autisme lance, dans le même temps, une campagne nationale. Elle met à contribution quelques artistes, comme Bernard Campan ou Samuel Le Bihan (vidéo ci-dessous), qui, dans un spot, encouragent à « Parrainer la prise en charge d'un enfant autiste ». Son credo : « L'accès aux soins des personnes autistes : une urgence absolue ».

L'autisme à l'Assemblée nationale

Par ailleurs, l'expo photo Autiste et alors, signée, entre autres, Nikos Aliagas et Yann Arthus-Bertrand, qui s'est affichée sur les murs de l'hôtel de ville de Paris de décembre 2017 à février 2018 (article en lien ci-dessous), s'invite à compter du 11 avril, pour plusieurs semaines, dans la salle des Pas perdus et la Rotonde de l'Assemblée nationale avec l'objectif de sensibiliser les députés. Elle a également donné lieu à un livre éponyme (éditions Max Millo) qui traite de toutes les thématiques liées à l'autisme, l'école, l'emploi, les méthodes éducatives mais aussi des thèmes comme la famille, la croyance, la sexualité, la vieillesse. Il rassemble les témoignages de nombreuses familles et personnes autistes, filles et garçons, de 7 à 77 ans. Plusieurs textes de personnalités (Monica Bellucci, Marc Lavoine, Juliette Binoche, Patrick Pelloux, Marina Carrère d'Encausse, Michel Cymès, Axel Kahn…) concluent ce guide dont l'objectif est d'expliquer l'autisme pluriel.

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30 mars 2018

À la recherche des gènes de l'autisme - Interview de Thomas Bourgeron

 

À la recherche des gènes de l'autisme

Nous vous proposons cet article en partenariat avec l'émission de vulgarisation scientifique quotidienne " La Tête au carré ", présentée et produite par Mathieu Vidard sur France Inter. L'auteur de ce texte, Thomas Bourgeron, évoquera ses recherches dans l'émission du 30 mars 2018 en compagnie d'Aline Richard, éditrice Sciences et Technologies pour The Conversation France.

http://theconversation.com

 

29 mars 2018

Autisme: un enfant sur 64 au Québec diagnostiqué

 

Agence QMI
Jeudi, 29 mars 2018 13:55 MISE à JOUR Jeudi, 29 mars 2018 13:55

OTTAWA – Un enfant québécois sur 64, âgé de 5 à 17 ans, a reçu un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA), selon un nouveau rapport publié jeudi par l’Agence de la santé publique du Canada.

Ainsi, la prévalence globale du TSA au Québec chez cette tranche de la population était de 15,5 pour 1000 (1 sur 64 ou 1,6 %) en 2015. Environ trois quarts des cas sont diagnostiqués avant l’âge de 10 ans dans la province.

À l’échelle du pays, les données québécoises sont proches de la moyenne canadienne avec un enfant sur 66 ayant reçu un diagnostic de TSA.

De plus, ce diagnostic est quatre fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles au Canada. En outre, plus de la moitié (56 %) des enfants et des adolescents diagnostiqués l’ont été avant l’âge de 6 ans et plus de 90 % avant l’âge de 12 ans.

Il s’agit là des toutes premières estimations du taux de prévalence du TSA chez les enfants et adolescents à l’échelle nationale. «Ce rapport est une étape importante pour les scientifiques et les chercheurs qui étudient le TSA et il sert de base pour améliorer la prise de décisions fondées sur des données probantes», a expliqué la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada.

Basé sur des données datant de 2015, le rapport «Trouble du spectre de l’autisme chez les enfants et les adolescents au Canada 2018» a été préparé avec les provinces, les territoires et des organismes.

Selon Ottawa, ces données vont permettre d’avoir un point de comparaison utile pour les chercheurs afin d’évaluer l’évolution des taux de prévalence du TSA au fil du temps.

«J’ai espoir que ces données, en plus des nouveaux investissements importants proposés dans le budget de 2018, pourront améliorer la qualité de vie des personnes avec un TSA et celle de leurs familles», a précisé dans un communiqué la ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor.

Les conclusions sont aussi similaires aux chiffres observés aux États-Unis qui indiquent qu’un enfant sur 68 a reçu un diagnostic de TSA et que ce diagnostic est 4,5 fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles.

29 mars 2018

« Je n'ai jamais vu Ryan si heureux » : un jeune autiste réalise son rêve de vivre seul

article publié sur Radio-Canada

Publié le lundi 26 mars 2018

Ryan Hébert et sa mère Cheryl LeBlanc

Ryan Hébert et sa mère Cheryl LeBlanc   Photo : Radio-Canada / Amélie Gosselin

Grâce à la persévérance de sa mère, Ryan Hébert, un jeune homme autiste de 21 ans, habite maintenant seul en appartement à Shediac.

Jusqu'à récemment, le projet semblait impossible notamment pour des raisons de sécurités. La mère de Ryan, Cheryl LeBlanc, croyait qu'il habiterait toujours dans la maison familiale.

ll y a quatre ou cinq ans, je ne pensais pas que mon fils avait un futur, mais avec du dévouement, mon garçon est au collège et depuis deux semaines, il a son appartement.

Cheryl LeBlanc, mère de Ryan Hébert

Ryan Hébert a terminé son secondaire à l'école LJR de Shédiac. Il poursuit maintenant des études au CCNB de Dieppe en administration de bureau, encadré par des mentors.

Selon sa mère, depuis son entrée au postsecondaire, il s'émancipe. Il a atteint de nouveaux paliers et il était prêt à vivre seul, dans son chez-soi.

J'ai toujours dit que je voulais aller au collège et avoir mon appartement, c'était ça mon défi.

Ryan Hébert

Ryan Hébert collectionne les disques compacts. Il adore la musique.
Ryan Hébert collectionne les disques compacts. Il adore la musique. Photo : Radio-Canada/Amélie Gosselin

Alors que Ryan goûte à son indépendance, sa mère apprend à composer avec l'éloignement. « Comme maman je suis très heureuse, mais en tant que mère monoparentale de jumeaux c'est très difficile. On était toujours ensemble. Je sens le vide, mais de le voir si heureux, c'est comme un trophée », souligne-t-elle.

Cheryl LeBlanc passe en fin de journée à l'appartement de Ryan, une petite visite quotidienne pour s'assurer que tout va bien. Différents groupes de soutien sont aussi impliqués dans la transition pour lui offrir de l'aide.

Apprendre à vivre seul

Ryan a appris à cuisiner et à prendre soin de son appartement. « J'avais beaucoup de forces à la maison. Je faisais toujours mon lit, mais je savais pas comment me faire à manger », dit-il.

D'ailleurs, il adore cuisiner en écoutant la radio. La musique a une place bien particulière dans sa vie. Il possède plus de 3000 disques compacts. Il les classe et en joue tous les jours.

J'ai toujours aimé les disques. J'aime les noms de chansons, les couverts c'est le fun d'avoir quelque chose qu'on peut toucher.

Ryan Hébert

Ryan embrasse sa nouvelle vie. Il affirme être heureux et à l'aise dans son nouvel espace.

Puisqu'il est autiste, Ryan Hébert est appuyé par le programme de logement abordable de Développement social du Nouveau-Brunswick. Il reçoit une aide financière pour payer son logement.

Cheryl LeBlanc a mené plusieurs batailles pour que son fils ait accès à des services depuis qu'il est tout petit. Ce n'est pas sa dernière puisqu'elle compte bien voir Ryan sur le marché du travail après ses études, pour qu'il soit encore plus indépendant et qu'il paye lui même son logement.

29 mars 2018

Marchons ensemble pour l'autisme - Ville de Bry-sur-Marne - 2 avril 2018

 

Marchons ensemble pour l'autisme - Ville de Bry-sur-Marne

A l'occasion de la journée mondiale de l'autisme qui a lieu le lundi 2 avril, la Ville organise une marche.

http://www.bry94.fr

 

29 mars 2018

Villecresnes : l’école pour autistes menacée de fermeture

article publié dans Le Parisien

Charlotte Follana| 25 mars 2018, 15h39 | MAJ : 27 mars 2018, 14h52 |1
Villecresnes-Crosne. A l’école privée pour enfants autistes « L’Etoile », Philippe, 12 ans, réalise des algorithmes. LP/Charlotte Follana

Faute de financement, l’école privée pour enfants autistes « L’Etoile » risque de fermer ses portes d’ici la fin de l’année. La directrice et présidente de l’association « Espoir Autisme 94 » lance un appel aux dons.

Les dix enfants autistes scolarisés à l’école spécialisée « L’Etoile » pourraient bien se retrouver sans établissement à la rentrée prochaine. « On arrive au bout de nos subventions », s’inquiète Tina Bento, directrice et fondatrice de l’école privée à Villecresnes créée en 2010.

Aujourd’hui, celle-ci, qui a momentanément déménagé à Crosne (Essonne), est menacée de disparaître, faute de moyens. « On aurait besoin de 80 000 € pour la sauver », souligne la présidente de l’association « Espoir Autisme 94 » qui se bat chaque année pour faire vivre la structure quitte à payer de sa poche. « L’argent sert avant tout à rémunérer les huit éducateurs qui travaillent dans l’établissement », ajoute-elle.

Plusieurs fois, l’école a failli fermer. « Nous avons été sauvés de justesse l’an passé », confie Tina, en détresse. Malgré le soutien d’entreprises locales, de dons de particuliers, des mairies telles que Villecresnes, Santeny, Varennes-Jarcy (Essonne), cela ne suffit plus. Sans aide financière de l’Etat, son avenir reste toujours incertain. « La situation est précaire depuis huit ans. On vit mois par mois. L’Etat n’a jamais répondu à mes courriers », explique la bénévole. A Villecresnes, le maire (LR) Gérard Guille indique faire son « maximum pour pérenniser l’association ». « Chaque année, on donne environ 3 500 € de subventions », précise l’élu.

Un appel aux dons est donc lancé mais le combat reste difficile. Si la caisse centrale d’activités sociales (CCAS) devrait verser 4 000 € à l’école, l’Agence régionale de santé (ARS) n’a pas pu apporter son aide pour une question de statut.

« Nous sommes une école pluridisciplinaire et non un institut médico-social », glisse Tina. Et l’Ars ne finance que ce type de structure. Les demandes d’inscription augmentent en tout cas chaque année. Plus de 90 bambins seraient sur liste d’attente, selon la directrice. La faute notamment au manque d’établissement de ce genre dans le pays en général, en Ile-de-France en particulier. Et l’institut ne peut pas suivre, même avec la meilleure volonté du monde. « Nous sommes passés de 5 à 10 enfants autistes en 2017 », précise-t-elle. Pour renflouer les caisses, cette mère de famille mise aussi sur l’organisation d’événements caritatifs.

Samedi 31 mars, loto solidaire à 20 heures. Salle polyvalente, 26, rue d’Yerres. Samedi 28 avril, soirée caritative, à 20 heures. Salle des fêtes de l’Orangerie, 40, rue de Cerçay. Renseignements : 06.61.61.99.34.

28 mars 2018

Pontoise : Autisme ensemble 95 prend la main des tout-petits

article publié dans Le Parisien

Marie Persidat
27 mars 2018, 16h24
L’association Autisme Espérer 95 accueille désormais les petits dès deux ans, et propose une prise en charge globale comme elle le fait déjà pour les enfants en âge d’être à l’école primaire.

L’association lance une prise en charge des enfants souffrant de troubles autistiques dès deux ans. Un âge où tout est encore possible…

« Tu veux le tracteur Louis ? » Dans un grand sourire, Laurine prend le doigt du petit garçon pour le tendre vers un puzzle en bois représentant le fameux tracteur. Louis a une petite bouille d’ange et de grands yeux charmeurs. Mais à plus de deux ans, il est incapable de montrer le jouet qui lui fait envie ou d’établir la moindre communication. Ce geste du doigt accompagné du mot correspondant, Laurine Le Couviour, psychomotricienne, va le répéter des dizaines et des dizaines de fois, patiemment, en une demi-journée de séance. Comme un cadeau à la fin de la matinée, Louis va finir par prononcer le mot « train » lorsqu’il va vouloir jouer avec un circuit de petits wagons en bois.

L’association Autisme ensemble 95 a lancé, début février, une prise en charge des tout-petits à partir de 2 ans. Et déjà, cette méthode donne des résultats spectaculaires. Comme pour son « atelier des grands », mis en place depuis quelque temps pour dix jeunes en âge d’être en primaire, la structure propose une approche globale de l’autisme et des troubles autistiques.

Un coût important

Il ne s’agit pas seulement, de suivre l’enfant lors de séances particulières dans les locaux de l’association, rue Claude-Debussy à Pontoise. « Nous nous rendons aussi au domicile et nous montrons aux parents comment développer certains objectifs fixés, indique Laurine. Nous allons aussi à l’école. Nous faisons tout pour faciliter leur intégration dans la société. » Car l’objectif d’Autisme ensemble 95 est clair. « L’inclusion », martèle la présidente Isabelle Rolland. Et plus la prise en charge est précoce, plus l’enfant semble avoir de chance de trouver sa place dans cette société étrangère pour lui.

-/LP/Marie Persidat

« Les progrès se font beaucoup plus vite que chez un adulte », constate Vanessa Riesgo, psychologue. « Ces petits n’ont pas vraiment la possibilité d’apprendre par l’imitation. Via la répétition notamment, nous les amenons à retrouver la trajectoire d’un enfant classique. » Cette prise en charge globale a bien sûr un coût important. Autisme ensemble 95 a cependant réussi à la financer à 35 % grâce à des partenaires privés. Restent environ 1 100 € à charge des familles, qui peuvent être quasiment couverts, dans bien des cas, par les allocations de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).


La maman de Gaëtan : « aujourd’hui mon fils est heureux »

« Il y a un an et demi, je ne communiquais pas du tout avec mon fils. Maintenant, quand je lui demande ce qu’il veut au petit-déjeuner il me répond ! » Marie-Delphine a les larmes aux yeux. Comme dans la plupart des cas en France, le diagnostic concernant son fils Gaëtan - 4 ans maintenant - a été compliqué et long à obtenir. Lorsqu’elle a su qu’il s’agissait de troubles autistiques, cette maman a pu être accompagnée par Autisme ensemble 95. « Une prise en charge globale, cela change la vie. » Marie-Delphine a appris par exemple à ne jamais dire « ne pas » lorsqu’elle parle à son fils, une notion qu’il comprend à l’envers. « On découvre plein de choses sur l’autisme, une fois qu’on les sait cela change tout. Aujourd’hui mon fils est heureux. Il comprend ce qu’il fait. »

Si Autisme espérer 95 a voulu étendre son accueil aux plus jeunes, ce n’est pas qu’une question d’efficacité, c’est aussi pour répondre à la détresse des familles. A ses débuts, l’association organisait uniquement des ateliers de parents. « Et puis nous nous sommes rendu compte que la meilleure façon d’aider les parents c’était quand même de leur proposer une bonne prise en charge pour leurs enfants », raconte Isabelle Rolland la présidente.

L’association a été créée en 2012, par des parents d’enfants souffrant de troubles autistiques qui racontent tous leur calvaire avant l’obtention d’un diagnostic et leurs difficultés à trouver une prise en charge. « Nous nous sommes dit qu’il fallait mettre en place pour les tout-petits ce qu’on aurait aimé avoir nous », complète la présidente.

Ma.P.

28 mars 2018

Lannion. Autiste, Brice espère juste passer en 1re théâtre

article publié dans Ouest France

Brice devant ses cahiers de cours, entouré de Janic Drouot intervenante à domicile, de sa mère, Hélène Tadié et de Noémie Libouban, une amie monitrice éducatrice formée à l’autisme.
Brice devant ses cahiers de cours, entouré de Janic Drouot intervenante à domicile, de sa mère, Hélène Tadié et de Noémie Libouban, une amie monitrice éducatrice formée à l’autisme. | Sylvie Ribot

 

Pour devenir auteur ou monter sur les planches, le lycéen trégorrois doit remonter ses notes. Sa famille réclame quelques aménagements pour mieux tenir compte de sa différence.

« Ce que je veux, depuis 3 ans, c’est devenir auteur, acteur, scénariste de films ou de jeux vidéo. » Quand Brice Le Thous, 17 ans, élève de 2de, a une idée en tête, elle est bien ancrée. Et surtout elle le motive à fond pour surmonter sa différence et mettre les bouchées doubles. Alors que Brice a été diagnostiqué autiste Asperger à l’âge de 10 ans, sa mère Hélène Tadié a dû batailler, à chaque étape, pour que le garçon aille dans une classe comme les autres. Accompagné d’une AVS, auxiliaire de vie scolaire.

Bien adapté socialement

Dernièrement, le moral du jeune homme en a pris un coup parce qu’avec son changement de lycée, les notes ont dégringolé. « Au collège de Plouaret, en fin de 3e, il avait 14,6 de moyenne en français, 14 en histoire géo, 13,7 en maths… Il a eu son brevet. Là, il est à 6 de moyenne », se désole sa maman.

À la suite d’une erreur d’aiguillage administratif, Brice, qui habite Plouaret, s’est retrouvé inscrit au lycée Le Dantec (Lannion) en septembre, puis a bifurqué à sa demande sur Savina (Tréguier) après la Toussaint, pour pouvoir prendre l’option théâtre tant espérée en 1re.

« Il s’est hyper bien adapté socialement et s’est fait des copains à Savina. Sa nouvelle AVS est super », trouve Janic Drouot, intervenante comportementale à domicile (32h/mois), qui suit Brice depuis 2013. Celle-ci a pu faire une information auprès de la classe et d’un prof pour expliquer ce qu’engendre l’autisme de Brice.

Mais pour l’instant, les préconisations qu’Hélène avait données à la direction de l’établissement tardent un peu à se mettre en place. « Ils manquent sans doute de moyens ou de temps, mais c’est dommage parce que c’est son avenir qui est en jeu », s’alarme la maman.

Exos à trous et QCM

« Brice a surtout besoin que les cours ou exercices soient écrits plus gros. Que les exercices soient plutôt avec des questionnaires à trous ou des QCM. Que les contrôles aient moins de questions pour lui ou qu’il ait droit à plus de temps pour y répondre », car l’écriture manuscrite « et la motricité fine », ça n’est pas son point fort. C’est d’ailleurs son AVS qui assure la prise de notes. « Autre problème, son attitude, quand il n’est pas motivé et son hyperfatigabilité peuvent vite passer pour de la nonchalance », reconnaît Hélène Tadié.

À sa demande, une réunion d’ESS (équipe de suivi de la scolarisation) va se tenir ce jeudi 29 mars avec les équipes du lycée, la prof référente de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), l’AVS, l’intervenante à domicile, Brice, Hélène… Il espère qu’elle lui permettra d’ouvrir une nouvelle page de sa vie scolaire. « Je souhaite tellement aller en 1re L option théâtre ! » explique le jeune homme, à l’aise en impro, prompt à inventer des histoires « qui n’ont pas de fin », et incollable sur l’univers de la fantasy, de Lovecraft, Star wars…

« Moi, j’aime les univers sombres, avec des créatures. Sur l’histoire de World of Warcraft, je suis pointilleux, j’en deviendrais insupportable ! » Ses proches opinent. Pour les « journées d’expression » à Savina, ne laissant aucun détail de côté, il s’est teint les cheveux en roux et s’est levé à pas d’heure pour se maquiller en Joker de la série Gotham.

« J’ai pas mal d’imagination : hélas pour vous, heureusement pour moi ! » lance-t-il avec aplomb. « Vous », c’est les autres. Ceux dont il sent parfois les regards « même si je suis de dos. Ces regards observateurs, j’ai horreur de ça, ils sont comme l’œil de Sauron dans le Seigneur des anneaux. » Rien à voir, pour lui, avec le regard du public sur un comédien qu’il espère connaître un jour.

Le lycée va faire un point d'étape sur les besoins de Brice

Anne d’Angely, proviseur adjointe du lycée Savina, de Tréguier. | DR

Trois questions à

Anne d’Angely, proviseur adjointe du lycée Savina, de Tréguier.

Comment se prépare l’arrivée d’un élève ayant un handicap comme Brice ?

On reçoit la famille en amont et on est en lien avec l’enseignant référent de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). Pour Brice, j’avais été contactée dès février 2017 et invitée à une réunion de suivi dans son collège. Sa mère m’avait même donné une fiche rédigée par son médecin, alors que d’habitude, on nous dit juste les symptômes mais sans nous stipuler le diagnostic. Là au moins, c’était transparent : Brice est autiste.

Quel dispositif a été mis en place pour lui ?

Il a une AVS (auxiliaire de vie scolaire) et un emploi du temps adapté : pas de 2e langue vivante, d’EPS, d’enseignement d’exploration, et 1 h de maths en moins car il a une grande fatigabilité. S’il faut des textes plus gros ou des exercices à trous, on doit pouvoir l’organiser assez vite.Après, du côté des enseignants, cela peut être compliqué si à chaque fois il faut préparer une variante d’exercice. Des fois les profs ont aussi du mal à évaluer si, quand on leur rend une copie blanche, cela relève du handicap ou d’un éventuel manque de travail, c’est vrai. On a peut-être un peu raté le coche, à un moment, avec une réunion de présentation aux équipes qui n’a pas pu se tenir.Cependant, une info aux élèves a été faite et les profs ont tous été prévenus du handicap de Brice. J’aurais voulu le faire plus tôt mais ce jeudi, on a une réunion avec nos équipes, la MDPH et la famille pour voir comment ça se passe et parler de l’orientation de Brice. Un point d’étape pour voir si ce que l’on fait correspond bien à ses besoins… Parce qu’il ne faut pas oublier qu’on parle d’humain.

Le lycée n’a pas de moyens supplémentaires pour l’accueil d’élèves handicapés ?

Non. À part les AVS (1) et/ou des ordinateurs affectés aux élèves sur décision de la MDPH, on n’a pas de moyens financiers ou de personnels en plus. Pourtant, le suivi d’un tel élève est plus difficile au lycée parce qu’il n’a pas qu’un seul enseignant comme en primaire et que les profs ont aussi l’objectif de préparer tous les élèves au bac.

(1) Savina en a 5 cette année qui suivent 7 élèves. Sur les 670 élèves, 46 ont une scolarité adaptée dont 14 relevant du handicap.

27 mars 2018

Le 4e plan Autisme se transforme en stratégie nationale intégrant les troubles du neurodéveloppement

Ce 26 mars, Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées, avait rendez-vous avec le comité de pilotage de la concertation autisme pour un quatrième plan. Il s'agissait de la dernière réunion de ce comité avant la présentation officielle des conclusions du Gouvernement éclairées par le travail des différents groupes de réflexion et de pilotage, indique à Hospimedia, Claire Compagnon, inspectrice générale des affaires sociales (Igas) chargée du comité de pilotage.

Dans la foulée du 2 avril, date de la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, Sophie Cluzel aurait donc prévu de préciser la nouvelle donne le 6 avril prochain. Sans entrer dans les détails, Claire Compagnon souligne toutefois qu'il "n'y aura pas de quatrième plan Autisme mais une stratégie nationale pour l'autisme au sein des troubles du neurodéveloppement (TND)". Ce changement de dénomination marque selon elle une véritable ouverture de la problématique. Les TND concernent en effet l'ensemble des anomalies cérébrales freinant le développement d'une personne. Les actions de repérage, d'information et de recherche de la future stratégie ne se limiteront plus simplement à l'autisme. Claire Compagnon évoque ainsi la volonté gouvernementale d'inscrire la future programmation pour l'autisme et les TND en cohérence avec les autres dispositifs lancés dernièrement comme par exemple la stratégie nationale de santé et son plan de santé publique.

Comme cet été, lors du lancement des travaux pour un quatrième plan Autisme, l'interministérialité reste au cœur de la programmation. Petit changement, la restitution publique ne devrait pas se dérouler cette fois à l'Élysée (lire notre article), le lieu n'aurait pas encore été choisi. Sans dévoiler la feuille de route de la stratégie nationale pour l'autisme au sein des TND présentée par la secrétaire d'État au comité, Claire Compagnon estime que le Gouvernement, dans sa traduction administrative des mesures issues des concertations, "a largement suivi les recommandations et demandes qui lui ont été soumises".

27 mars 2018

Des travailleurs d'Esat médaillés d'or pour leur bière

article publié sur Handicap.fr

Résumé : La brasserie de l'Esat d'Armentières a conquis le jury du Salon de l'agriculture. En mars 2018, l'une des bières produites par des personnes handicapées mentales a remporté une prestigieuse médaille d'or. La reconnaissance de leurs compétences !

Par , le 25-03-2018

Les travailleurs handicapés auraient-ils de bonnes raisons de se faire « mousser » ? Oui, répond le concours du Salon de l'Agriculture qui, en mars 2018, a décerné deux médailles aux brasseurs en situation de handicap mental de la brasserie Malécot. « C'est une immense fierté pour nous ! », se réjouit Elisabeth Zureck, directrice de cet Établissement et service d'aide par le travail (Esat) situé à Armentières (Hauts-de-France).

Un travail de grande qualité

Le Salon de l'agriculture est l'évènement qui récompense les meilleurs produits du terroir français. La brasserie Malécot participait à son concours national pour la première fois en 2018. « En y allant, nous n'avions pas en tête de revenir avec une médaille. C'était surtout l'occasion de découvrir le salon et son déroulement », poursuit la directrice. Et pourtant, ce n'est pas avec une mais bien deux médailles qu'elle est repartie. La Léonce Triple, créée en juin 2016, a remporté la médaille d'or, et la Blonde, née fin 2009, le bronze. « Jamais, durant la compétition, nous n'avons mis en avant le fait que notre bière était produite par des personnes en situation de handicap mental, explique la direction. Le fait que la Blonde, qui est la première bière entièrement brassée par nos soins, soit primée, prouve que le travail initial était déjà d'une grande qualité. »

Un véritable savoir-faire

La brasserie Malécot compte aujourd'hui une dizaine de brasseurs avec un handicap mental, accompagnés par deux moniteurs maîtres brasseurs. « Ce ne sont pas des professionnels issus d'une formation de brasseur mais des amateurs qui produisaient déjà de la bière à titre personnel », déclare la directrice. Du choix des grains à la fermentation, en passant par le brassage et l'embouteillage, les travailleurs créent la boisson de A à Z. Le processus de création d'une nouvelle bière les inclut et se déroule en différentes étapes. Dans un premier temps, la direction se réunit afin de savoir quel type de bière elle souhaite créer ; « Dans le cas de la Léonce Triple, nous sommes partis sur un triple affinage », précise-t-elle. Une fois la décision prise, les brasseurs sont chargés de faire quelques essais et ajustements, jusqu'à concocter le breuvage idéal.

Un franc succès

Si, aujourd'hui, l'Esat d'Armentières gère l'intégralité de sa production, cela ne fut pas toujours le cas. « Au début du projet, nos bières étaient produites en Belgique par un brasseur local qui nous envoyait ensuite la production. Après, nous prenions en main l'étiquetage », Elisabeth Zureck. Mais, en février 2015, avec le soutien de l'association des Papillons Blancs de Lille, l'Esat investit dans une micro brasserie pour gérer le processus en totale autonomie. Selon la directrice, « il aura fallu du temps pour prouver que le projet était viable ». Aujourd'hui, la brasserie dispose de cinq cuves. Une sixième a été achetée grâce à une campagne de financement participatif. « Avec cette dernière cuve, nous avons atteint notre maximum de capacité. » Pourtant, elle a des projets pour l'avenir. La bière Léonce est actuellement vendue dans près de 100 sites différents mais la directrice confie que, depuis l'annonce de la médaille, elle reçoit des appels de distributeurs partout en France qui souhaitent, eux aussi, la commercialiser.

Un avenir radieux

« Nous souhaiterions accroître notre production et ainsi offrir plus de postes de travail aux personnes accompagnées, essentiellement à l'étiquetage et le conditionnement », conclut Elisabeth. En effet, le travail au sein de la brasserie Malécot a déjà permis à deux travailleurs en situation de handicap mental de valider leurs compétences grâce à une validation des acquis d'expérience sur le métier de brasseur ; la direction espère encourager davantage ce type d'initiatives. De plus, deux nouvelles bières devraient voir le jour d'ici la fin de l'année.

© Facebook et Papillons blancs de Lille

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Sur Handicap.fr

Sur le web

 

26 mars 2018

BRY-SUR-MARNE 2 avril 2018 9h45 -> Marche de soutien pour la JOURNEE MONDIALE DE L'AUTISME

invitation-journée-autisme-VF Bry-sur-Marne 2 avril 2018

26 mars 2018

Un vendredi comme les autres

 

Un vendredi comme les autres.

Un vendredi. Vous commencez la journée bien calmement, vous avez du boulot, pas trop urgent, mais votre planning est fait. N'y comptez plus, il va être bouleversé.

http://desmotsgrattent.blogspot.co.il

 

26 mars 2018

Je sature

 

Je sature

Je sature des guerres entre parents d'autistes et autistes verbaux. Je sature des lapidations publiques. Je sature de l'orgueil très mal placé de certains. Je sature des autistes qui refusent le mot "autiste", terrifiés à l'idée d'être assimilés à ceux que l'ont appelaient et appellent encore les "kanner", les "sévères".

http://journalduneasperger.com

 

25 mars 2018

« Les neurosciences, d'un point de vue éducatif, ne servent à rien ! »

Interview de Gérard Pommier psychanalyste Lacanien. Tout est dans l'outrance ...

Point de vue que je ne partage évidémment pas

(Jean-Jacques Dupuis)

article publié dans Le Point

Le psychiatre Gérard Pommier réclame la démission du neuroscientifique Stanislas Dehaene à la tête du Conseil scientifique de l'Éducation nationale.

Propos recueillis par Émilie Trevert
Modifié le 24/03/2018 à 14:52 - Publié le 24/03/2018 à 12:24 | Le Point.fr
La question des neurosciences dans l'Éducation nationale fait débat.

La question des neurosciences dans l'Éducation nationale fait débat.

© LODI Franck/SIPA / SIPA/

Ce samedi soir, à La Bellevilloise (Paris, 20e), autour de psychanalystes, de pédopsychiatres et d'enseignants, le fondateur de l'association Pour la psychanalyse invite à débattre autour de la question des neurosciences dans l'Éducation nationale : « Révolution ou coup de force ? » Le psychiatre et psychanalyste lacanien Gérard Pommier a déjà la réponse. Explications.

Le Point : Pourquoi appelez-vous à la démission de Stanislas Dehaene ? N'est-ce pas un peu provocateur ?

Gérard Pommier : Non, c'est sa nomination qui a été une provocation ! Nommer un neuroscientifique à la tête d'un conseil de l'Éducation nationale est un coup de force. C'est un paradigme qui change : avec les neurosciences, on nous fait croire que les problèmes des enfants sont des problèmes de conformité génétique, de neuro-développement… alors que ces causes sont insignifiantes par rapport aux déterminations psychiques et familiales. Dire que l'humain est déterminé à l'avance par ses gènes, c'est de l'eugénisme ! Les théories de l'homme-machine, de l'enfant sauvage, cela fait plus d'un siècle que cela existe…

Vous allez jusqu'à comparer «  ce genre de science » avec celle qui était utilisée « au nom de l'hérédité et de la race »...

Les médecins allemands de 1890 faisaient les mêmes démonstrations pour accréditer leurs thèses de différences entre les races. Il suffit de laisser entendre que la causalité est génétique, comme le fait l'un des membres du Conseil scientifique, Franck Ramus (psychologue et neuroscientifique, directeur de recherche au CNRS, il travaille sur le développement de l'enfant et sur la cause des troubles comme la dyslexie ou l'autisme, NDLR), pour en conclure que ces thèses sont eugénistes.

Dire que l'humain est déterminé à l'avance par ses gènes, c'est de l'eugénisme !

Que reprochez-vous concrètement aux neurosciences ?

Je n'ai rien contre les neurosciences – je les ai moi-même étudiées et j'ai écrit un livre* là-dessus –, mais je suis contre leur utilisation politique. Ce qui me scandalise, c'est l'utilisation d'une science qui n'a pas fait ses preuves et qui devient un instrument de ségrégation à l'école. Un enfant qui a des difficultés à l'école ou qui est agité devient un infirme, un handicapé !

La sélection est cautionnée par les neurosciences. Dans certaines classes, en CP par exemple, il existe déjà des tests d'orientation. Une patiente me racontait que son fils a eu le « test du lion » : on note publiquement l'enfant en fonction de son comportement et on lui colle une étiquette « lion rouge », « lion vert » ou « lion noir »… Sur le site de l'Éducation nationale, on trouve une fiche qui permet aux enseignants de faire le diagnostic des troubles de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Trouble qui est annoncé comme une « maladie neuro-développementale ». Il n'en existe aucune preuve, et ce diagnostic n'est même pas reconnu dans les nomenclatures françaises. Celui-ci a comme conséquence la plus fréquente l'administration de Ritaline, une drogue provoquant une accoutumance.

Pourtant, les découvertes des neurosciences ont pu être éclairantes sur les apprentissages, notamment sur la lecture ou l'intuition mathématique.

Les neurosciences, d'un point de vue éducatif, ne servent à rien ! L'imagerie cérébrale prend des photos de ce qui se passe après coup. C'est un relevé, cela ne dit rien de la causalité. Elle n'informe pas sur les processus d'apprentissage, qui sont extérieurs au cerveau et tributaires des relations familiales et sociales. Sur le langage par exemple, un enfant n'apprend pas à parler si on ne lui parle pas. M. Dehaene veut-il refaire l'expérience de l'empereur Frédéric II qui – au XIIIe siècle – isola six enfants avec interdiction de leur parler, et cela pour savoir dans quelle langue ils s'exprimeraient spontanément ? Ils moururent... La parole n'est pas plus dans le cerveau que les apprentissages qui en procèdent.

Qu'espérez-vous en lançant une pétition ?

Ce n'est pas la personne de M. Dehaene qui est en cause, mais il est le symbole d'un bouleversement radical du rapport à l'humanité que nous contestons : nous pensons qu'il ne lui revient pas de présider le Conseil scientifique. Nous souhaitons un remaniement de ce conseil qui comprend plus de la moitié de personnes qui s'inscrivent dans cette tendance neuroscientifique (le Conseil scientifique n'en compte en fait qu'un tiers, NDLR). Et espérons y voir des enseignants, des parents d'élèves, des sociologues, des psychanalystes, qui éduquent et s'occupent des enfants en souffrance depuis longtemps. Les neuroscientifiques, eux, devraient rester dans leurs laboratoires avec leurs singes, leurs souris et leurs cohortes de patients qu'ils n'ont jamais vus.

23 mars 2018

Une institution vaudoise accusée de maltraitance sur de jeunes autistes

 

Une institution vaudoise accusée de maltraitance sur de jeunes autistes

Les faits se seraient produits entre 2013 et 2017 dans cet établissement situé à Saint-Légier et qui dépend de la Fondation Eben-Hézer. Les familles de ces jeunes adultes attendent les résultats de l'enquête depuis bientôt deux ans. Journaliste à l'émission CQFD sur La Première, Bastien Confino a pu rencontrer la plupart d'entre elles (cinq sur six).

https://www.rts.ch

 

23 mars 2018

Hugo Horiot, autoportrait d'un ancien autiste

L'article date de 2013 mais me paraît intéressant  pour éclairer le parcours singulier d'Hugo Horiot qualifié ici d'ancien autiste ... (Jean-Jacques Dupuis)

article publié dans Le Figaro

Par  Astrid de Larminat Publié le 11/04/2013 à 14:44

HUGO HORIOT CRITIQUE - L'auteur, aujourd'hui comédien, a réussi à quitter la prison de ses rêves pour en faire une œuvre. Un récit exceptionnel dans lequel il donne les clefs de son comportement.

Bien qu'il se soit exprimé sur les plateaux de télévision à l'occasion de la Journée de l'autisme la semaine dernière, disant sans détour ce qu'il pensait des traitements qui ont cours en France, Hugo Horiot a pris soin de ne pas faire figurer les termes «autisme» et «autiste» dans son récit. De sorte que, quiconque a ressenti, comme lui, la souffrance de ne pas correspondre à la norme, quiconque est doté d'une sensibilité extrême qui le fragilise ou est révolté par le monde tel qu'il va, trouvera un écho à son désarroi dans ce livre, qui n'est pas tant un témoignage qu'un récit de combat, intense, puissant.

Pourtant, bien que ce soit insoupçonnable aujourd'hui, Hugo Horiot avait bien des caractéristiques autistiques lourdes, hurlements de bête, obsession pour certains objets, évitement du regard, raideur du corps, jeux interminables des mains, etc. Il suffit pour s'en assurer de se plonger dans les livres magnifiques que sa mère, la romancière Françoise Lefèvre, a écrit à son sujet Le Petit Prince cannibale(prix Goncourt des lycéens) et Surtout ne me dessine pas un mouton : «Pour apprendre à aimer et tenter de guérir un enfant autiste, c'est beaucoup plus simple de l'imaginer comme un Petit Prince», écrivait Françoise Lefèvre. C'est ainsi, en s'invitant sur sa planète, en entrant dans son monde, qu'elle a pu l'attirer doucement vers la Terre.

«Coupé du monde et de l'infini»

Dès l'âge de dix-huit mois, Hugo avait pourtant été orienté en psychiatrie. Sa mère l'avait emmené à l'hôpital de jour, une, puis deux, trois, quatre fois par semaine, jusqu'à ce qu'elle décide, mue par une intuition et une force intérieure inouïes, de le tirer de là, de s'en occuper elle-même, puis de le scolariser. Hugo Horiot se rappelle le bureau de la pédopsychiatre: «Je pense qu'elle croit que je suis un enfant. Je ne suis pas un enfant même si je leur ressemble (…) Ici, je suis coupé du monde et de l'infini.»

Son récit a cela d'exceptionnel qu'il donne les clés de son comportement autistique. S'il faisait tourner des roues pendant des heures, ce n'était pas par démence mais parce que le geste circulaire le mettait à l'unisson de la rotation de la Terre. Il était - et est toujours - fasciné par le noyau et les confins de l'Univers. Ainsi, c'est pour entendre battre le cœur de la Terre qu'il passait tant de temps sous les lavabos, l'oreille collée aux tuyaux. En fait, le petit Hugo avait la nostalgie d'un «royaume perdu». C'est dans l'espoir d'y retourner en redevenant petit qu'il refusera de mâcher jusqu'à l'âge de cinq ans.

On songe aux histoires de Mary Poppins, inspirées de certaines traditions spirituelles, où les nouveau-nés se rappellent le monde d'où ils viennent et connaissent encore pendant un temps le langage des animaux. C'est justement sur un manège, comme celui qui renvoie Mary Poppins de l'autre côté du visible, qu'Hugo vécut une expérience décisive: «Sensation de gravité, de la force centrifuge. J'ai touché l'infini, j'ai touché l'éternité. Un jour j'y retournerai.» Et s'il hurlait comme un forcené lorsque les tourterelles chantaient, c'est en fait parce qu'il leur enviait douloureusement leur liberté. «Je rêvais d'être un oiseau ou un dragon. Mon corps était une prison. Je n'avais pas d'ailes, ni de pieds palmés», explique-t-il. Hugo n'a pas dit un mot jusqu'à l'âge de cinq ans, puis pendant longtemps, il n'a parlé qu'à sa mère. Pourtant, lorsqu'il avait 2 ans et demi, elle lui avait appris l'alphabet en dessinant les lettres dans sa chambre. C'est ainsi qu'elle sut qu'il comprenait et enregistrait tout ce qui se passait autour de lui, bien qu'il parût totalement absent.

Sa mère a créé les conditions de sa guérison mais, c'est bien lui qui a décidé de sortir de son solipsisme. «Vers six ans, je me suis dit que si ma mère, la personne qui m'aimait le plus, se donnait tant de mal pour que j'accepte de vivre dans ce monde, ce serait peut-être bien que je le fasse.» C'est alors qu'il annonça à sa mère qu'il changeait de prénom. Il s'appelait Julien, il s'appellerait désormais Hugo, son second ­prénom. C'était, explique-t-il, une façon de tuer en lui le dictateur qu'incarnait Julien, un puritain qui ne souffrait aucune compromission et préférait son rêve à la réalité bruyante. Hugo représentait en lui la voix de la diplomatie.

S'adapter sans étouffer son univers intérieur

Lorsqu'on l'interroge, Hugo Horiot n'est pas sur la défensive, même si l'on sent qu'il a l'habitude de ne pas laisser paraître ses émotions. Son regard s'allume fugitivement, cependant, lorsqu'une question touche à l'enjeu vital auquel il fut confronté, en CP, tandis que les autres enfants s'ébrouaient en cours de récréation: vivre avec les autres sans se tuer lui-même, s'adapter sans étouffer son univers intérieur, le seul espace où il respire librement. «À l'école, on me dit que je suis un cerveau lent. Ils ne savent pas comme les images défilent vite dans ma tête. Le monde n'aime pas les rêveurs. Si je continue à rêver, on va me jeter à la poubelle. Mais sans mes rêves, je suis mort. Je dois m'entraîner à me battre», écrit-il. Vers l'âge de huit ans, il se remit de nouveau en question, au contact de son cousin qui eut la patience (d'ange) de l'apprivoiser, devint son premier ami et lui apprit à rire, à lui, l'enfant qui ne prenait rien à la légère. Lorsqu'il entra au collège, harcelé par ses camarades et constatant qu'il était incapable de se défendre par des coups, il prit une nouvelle décision: combattre par le langage. Quelque temps après, sa mère fut convoquée et réprimandée par son professeur de français parce qu'il parlait un langage trop soutenu: Hugo détestait l'à-peu-près… Au lycée, nouvelle étape: il entreprend d'éradiquer tout signe d'autisme. L'hypercontrôle de soi l'a protégé et lui a permis de s'adapter mais cette arme a bien failli se retourner contre lui: «Quand j'ai commencé à être normal, je suis devenu vide.» C'est l'école de théâtre, où il est entré à dix-huit ans, qui l'a sauvé. Il est maintenant comédien. À l'âge de six ans, il disait à sa mère: «Quand je rêve, je bloque une image et j'entre dans mon rêve alors je suis libre.» Aujourd'hui, il a placé en exergue de son livre ce mot de Victor Hugo: «Seulement n'oubliez pas ceci: il faut que le songeur soit plus fort que le songe. Autrement danger.» Une leçon de vie.

L'empereur, c'est moi, d'Hugo Horiot, L'Iconoclaste, 214 p., 17€.

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