La conférence nationale du handicap a été prévue par la loi de 2005. Elle se tient tous les 3 ans. Son but : l’application de la loi – ce qui a été fait – ce qui reste à faire.
Cette conférence s’est tenue cette année le 8 juin à Beaubourg, avec une organisation parfaite. Dans la salle, 700 personnes dont fort peu de personnes handicapées. A l’extérieur, une manifestation des associations d’aveugles sous le regard attentif de la police.
A aucun moment, la salle n’a eu la parole. Il n’y a pas eu de vrais débats sinon sur l’estrade où quelques "tables rondes" sous l’égide, chaque fois, d’un ministre ont donné lieu à un petit discours de chacun des participants successivement.
En revanche, trois discours en début de programme, et trois discours à la fin avant la clôture de cette journée par le Président de la République, qui, en dehors de deux annonces concernant l’école et l’accessibilité, s’est livré pour sa part, à un inventaire que le public aurait pu lui souffler, en concluant que le handicap était une injustice et qu’il fallait donc "poursuivre le chemin"... !
Que peut apporter une telle conférence au handicap? Bien peu de raisons d’espérer de véritables progrès. Trop de lieux communs, de vœux pieux, de constats mille fois entendus. Quant aux annonces et engagements pris, peut-on être assurés qu’ils seront exécutés? Il y a eu trop souvent des déceptions en pareils cas.
Quand sortirons-nous de cette situation? Quand les pouvoirs publics réaliseront-ils enfin le retard pris par la France, les difficultés que vivent les personnes handicapées dans leur vie quotidienne et l’exclusion dont ils continuent d’être les victimes?
Quand parviendrons-nous, comme dans la plupart des autres pays, à obtenir de nos compatriotes qu’ils se comportent avec les personnes handicapées comme avec les autres? Qu’il s’agisse des professionnels, des administrations, de chacun d’entre nous, il y a là un devoir impérieux dans une société qui se dit civilisée.
Cela est d’autant plus vrai qu’il existe en France des hommes et des femmes qui montent avec les personnes handicapées des projets courageux et réussis, qui les accueillent les bras ouverts dans leurs entreprises, leurs écoles, leurs clubs de sport, dans leur famille. Ils sont formidables mais trop peu nombreux. Donnez-nous les moyens de sensibiliser, de communiquer plus et mieux, de réaliser des émissions, des campagnes pour convaincre et obtenir enfin une réelle participation des personnes handicapées à la vie de la cité.
Monique PELLETIER
Présidente du Conseil national handicap
ancien ministre
membre honoraire du Conseil constitutionnel
avocat au barreau de Paris