article paru dans le Télégramme du 31 mars 2009
Finistère
Autisme. Le Dr Lemonnier veut faire bouger les choses
31 mars 2009
Pédopsychiatre au centre de ressources sur
l'autisme, à l'hôpital de Bohars, le Dr Éric Lemonnier donnera une
conférence vendredi, à Quimper
Le problème de
l'autisme, c'est qu'on est dans un domaine où les connaissances ne sont
pas très établies. Il n'y a que des faisceaux de présomption et cela
laisse la porte ouverte à tout», souligne le Dr Éric Lemonnier, du
centre de ressources sur l'autisme, un des trois premiers centres à
avoir vu le jour en France avec Montpellier et Tours. «En dix ans, ce
sont quelque 7.800 personnes qui ont été évaluées dont deux tiers
d'autistes», souligne le médecin qui a eu l'occasion de voir en
consultation «tout l'éventail de l'autisme». «Clairement, tous les
spécialistes de l'autisme s'accordent pour dire qu'il s'agit d'un
trouble du développement du système nerveux. Au moment du deuxième
trimestre de la grossesse, les structures cérébrales ne se mettent pas
en place de la même façon. Cela a pour conséquence, qu'on naît autiste
et qu'on va fabriquer de la pensée selon des processus différents des
nôtres», explique ce dernier.
Une méthode intéressante
Mais
aujourd'hui encore, il doit se heurter au refus de beaucoup de
praticiens d'entendre raison sur cette approche. «Ce sont des troubles
associatifs. L'autiste n'arrive pas à associer et il faut tout leur
apprendre. Cela peut passer par la méthode ABA qui aide à mettre en
place le langage. Cela leur offre un degré de liberté supplémentaire»,
précise Dr Lemonnier. Il regarde aussi avec beaucoup intérêt la
thérapie d'échange et développement, expérimentée avec succès par
l'équipe de Tours qui travaille depuis quarante ans sur l'autisme.
«Cela permettrait de se dégager des débats comportementalistes et
non-comportementalistes». Et de constater que, paradoxalement, c'est
dans les IME pour enfants ou les foyers d'accueil sociaux que les
choses bougent, qu'on prend en compte les particularités de l'autisme
et qu'on change les méthodes.
«L'école c'est fondamental»
«L'école,
c'est fondamental pour eux. Quand le langage est acquis avant six ans,
on peut les faire rentrer au CP. On a des surprises étonnantes. Il y a
ainsi plus de 150 enfants qui sont scolarisés normalement. C'est très
compliqué à mettre en place, il faut parfois des auxiliaires de vie
scolaire», «Mon travail, c'est de faire progresser les uns et les
autres», précise ce dernier, qui se rend aussi dans les écoles pour
expliquer aux enseignants les spécificités de l'autisme. «Avec dix ans
de recul, on a réussi à convaincre les enseignants référents. On a été
sollicité pour faire des formations et cela va se mettre en place», se
réjouit le spécialiste, qui insiste sur la nécessité d'un diagnostic
précoce mais aussi d'une prise en charge, le plut tôt possible - sans
attendre que le diagnostic soit posé à 3 ans ou confirmé à 5 ans- par
une orthophoniste qui pratique le PECS (système de communication par
échange d'image) de la méthode ABA ou le Teach. Pratique Conférence
du Dr Éric Lemonnier sur l'autisme, à l'initiative de l'association
Autisme Cornouaille, vendredi, à 20h, aux Halles Saint-François, à
Quimper.
- Delphine Tanguy