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"Au bonheur d'Elise"
9 mars 2012

article publié dans l'express.fr le 8 mars 2012

Autisme: "Vous allez encourager les psychanalystes à évaluer leurs âneries!"

Par Estelle Saget, publié le 08/03/2012 à 19:04

 
Autisme: "Vous allez encourager les psychanalystes à évaluer leurs âneries!"

La Haute autorité de santé désavoue, à mots prudents, le recours à la psychanalyse dans l'autisme.

REUTERS/Ali Jarekji

La Haute autorité de santé désavoue, à mots prudents, le recours à la psychanalyse dans l'autisme. L'Express a laissé traîner ses oreilles dans les coulisses, à la fin de la conférence de presse. 

Il est 13h passés, en ce 8 mars, au siège de la Haute autorité de santé (HAS), voisin du stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). La conférence de presse consacrée aux traitements recommandés dans l'autisme vient de se terminer. Elle a mis fin au suspense entretenu depuis plusieurs semaines autour d'un sujet très polémique: faut-il continuer à recourir à la psychanalyse dans ce trouble précoce de la communication? La HAS s'est abstenue de trancher dans le vif. Elle n'a classé la psychanalyse ni dans la catégorie des interventions "non recommandées", ni dans celle des "recommandées", mais l'a placée, seule, dans une troisième rubrique, celle des interventions "non consensuelles". 

Les journalistes s'éclipsent pour préparer leurs sujets, les orateurs descendent de leur tribune. La présidente de l'association Autisme France, Danièle Langloys, remonte l'allée centrale à la rencontre du président de la HAS, le Pr Jean-Luc Harousseau. L'infatigable militante de la cause des enfants autistes -son fils de 27 ans est touché par ce trouble- fait partie du groupe de pilotage qui, depuis deux ans, travaillait à l'élaboration de cette recommandation. Elle croise pour la première fois l'hématologue et homme politique (centriste) nommé il y a un an à la tête de la HAS, à la suite du scandale du Mediator. S'ensuit un dialogue courtois, mais incisif, que nous retranscrivons ici. 

La psychanalyse ne figure pas dans les interventions recommandées, point 

Danièle Langloys, sévère: "Ce que les associations vous avaient demandé, monsieur, c'est de mettre: pas recommandé [NDLR : concernant l'approche psychanalytique]. 

Jean-Luc Harousseau, protestant: La phrase concernant la psychanalyse n'a pas été modifiée d'un iota! 

D.L.: Mais le chapeau [le titre de la rubrique] a été modifié. Il est passé de non consensuel ou non recommandé, à non consensuel. 

JL. H.: On est revenu une dernière fois vers les experts avant de finaliser la recommandation et ils nous ont dit: on ne peut pas écrire ça! Ecoutez, entre nous, je comprends votre émotion. 

D.L.: Ce n'est pas de l'émotion, c'est la nausée, juste de penser qu'on ne peut pas arriver à une position claire. 

JL.H.: C'est à vous [les associations] de jouer, maintenant. 

D.L.: Mais s'il n'y a pas de volonté politique derrière, on peut toujours râler et appeler à la vigilance, ça ne changera rien. On le fait depuis trente ans! 

JL.H.: Je ne sais pas comment les télés et les radios vont transmettre le message, mais pour moi, il est clair. La psychanalyse ne figure pas dans les interventions recommandées, point. 

D.L.: Vous savez que j'ai du me battre pour obtenir qu'elles n'y soient pas! Parce que derrière, il y a la question du financement des structures. 

JL.H.: On espère que les politiques vont s'appuyer sur nos recommandations quand ils devront faire des choix de financement. 

D.L.: Mais qui va dire aux établissements psychanalytiques qu'ils ne sont pas aux normes? C'est nous? 

Une méthode qui fait peur, c'est une méthode à laquelle il faut renoncer 

JL.H.: Nos recommandations sont incitatives. On ne va pas contrôler, ni sanctionner. La médecine relève de la responsabilité individuelle des médecins qui la pratique. Mais ils ne peuvent pas faire n'importe quoi. 

D.L.: Les psychanalystes ont noyauté toutes les facs de psychologie! 

JL.H.: On en est conscient, on a mis un chapitre sur la formation dans la recommandation. On a posé la première pierre. J'espère comme vous que nous serons écoutés. C'est déjà beaucoup, d'avoir donné une liste des interventions recommandées. 

D.L.: C'est un message difficile à faire passer auprès des parents, vous savez. J'essaie de contenir mes troupes, monsieur. 

JL.H.: Ils [les défenseurs de la psychanalyse] ont quand même accepté le qualificatif "non pertinent". Et pour le packing [une technique défendue par les psychanalystes: l'enfant autiste en crise est enveloppé dans des draps mouillés froids pour le calmer], je me suis permis de dire, tout à l'heure, qu'il y avait très peu d'adhésion de la part des parents. Une méthode qui fait peur, c'est une méthode à laquelle il faut renoncer. Je l'ai vu dans le cancer [sa spécialité]. Un traitement qui fiche la trouille au patient ne pourra jamais s'imposer. 

D.L.: Mais monsieur, vous allez vraiment encourager les psychanalystes à évaluer leurs âneries [le rapport recommande de faire des essais cliniques dans la psychanalyse, alors que la communauté scientifique internationale a abandonné ce champ de recherche]? Vous, un homme de sciences ? Vous me décevez. 

JL.H.: Mais je vous parie qu'ils ne le feront pas! Allez, dans un an, on fait le point ensemble. Et si les pratiques n'ont pas évolué sur le terrain, alors on en reparle ". 

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/autisme-vous-allez-encourager-les-psychanalystes-a-evaluer-leurs-aneries_1091368.html

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Commentaires
J
Il est vrai que cette recommandation marque une évolution et constitue un socle intéressant qui sera opposable.<br /> <br /> Néanmoins elle n'est pas contraignante ... les intervenants (plutôt que praticiens) restent libres des méthodes employées ... ce qui laisse les portes ouvertes aux diverses pratiques actuelles à l'exception du packing.<br /> <br /> Il va falloir maintenant une prise de conscience des équipes et une remise en question ... cela passe par la formation et prendra du temps ... le le grand paquebot mettra du temps à virer de bord d'autant que l'équipage reste le même ... et qu'il est difficile de décréter un changement de mentalité.<br /> <br /> Pas d'organisme de contrôle et d'évaluation des établissements prévus pour l'instant. Il faudra sans doute le créer.<br /> <br /> Pour résumer c'est une avancée indéniable mais les parents devront continuer à "pousser" et faire preuve de vigilance.
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L
ce dialogue est génial!<br /> <br /> Je ne suis pas loin de penser comme le Pr Harousseau. C'est une première étape!<br /> <br /> Soit les psyks arrivent à prouver et à faire alider la pertinence de leurs méthodes (mais là, tout le monde sait que ce sera très compliqué) soit ça capote et là, exit la psychanalyse en France!<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense effectivement qu'il n'était peut-être pas pertinent de la supprimer d'emblée. Le relais dans les médias et la contre-publicité provoquée par la plainte de quelques psys délirants (à la suite du film "Le Mur") a fait beaucoup de mal à la pratique psychanalytique. <br /> <br /> Maintenant les famille, l'opinion sait que des médecins se servent de techniques non validées, non pertinentes, coûteuses et pour certains à deux doigts de la dérive sectaire.<br /> <br /> <br /> <br /> Aujourd'hui, ON SAIT !<br /> <br /> <br /> <br /> Les associations ont fait leur travail et l'ont bien fait. Il leur faut continuer à informer et à batailler. Les parents leur sont reconnaissants de ce premier pas important.<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant reste le problème des financements et de la formation des intervenants.<br /> <br /> Et quid du financement des techniques éducatives et comportementales en libéral? Nous verrons dans les mois à venir si les MDPH (par exemple) sont plus ouvertes à ces techniques et tiennent compte des recommandations de la HAS...<br /> <br /> Et là les associations ont un énorme travail de veille, de médiatisation qui les attend.<br /> <br /> <br /> <br /> Nous les soutiendrons. La prochaine étape sera la bonne pour qu'enfin nos enfants soit traités dignement et qu'ils puissent réellement évoluer<br /> <br /> <br /> <br /> ValérieJ
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