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"Au bonheur d'Elise"
28 septembre 2012

article publié sur le blog autiste en france le 28 septembre 2012

pateaugroire.jpg Il y a quelques semaines de cela j'ai eu la surprise de lire le témoignage d'une jeune psychomotricienne, intitulé «Une jeune psychomotricienne témoigne de son parcours professionnel» 

Il est rare de rencontrer dans ce milieu si fermé de la psychomotricité une telle audace, peu de psychomotriciens osant aller regarder au delà des pratiques si bien enseignées dans la plupart des instituts de formation français.

Si je choisis de m'exprimer aujourd'hui, c'est surtout parce que mon parcours de vie m'a également obligée à me questionner sur ma pratique professionnelle.

Psychomotricienne depuis 1998, formée à Lille,  j'ai rapidement, après quelques remplacements, exercée en hôpital de jour dans un premier temps, et auprès d'enfants présentant une déficience sensorielle et des troubles autistiques associés par la suite.
Lors des trois années de formation,  je n'ai que peu entendu parler d'autisme ou en tout cas certainement pas nommé ainsi.

Le tableau que j'en ai retenu m'avait amenée à l'époque, à exprimer en terme de choix de carrière : «  n'importe quelle population mais surtout pas l'autisme ». En débutant en hôpital de jour, le chemin était tracé !

Quatre années en inter secteur de pédo-psychiatrie, quatre années qui questionnent, du début à la fin. Lorsque j'ai été reçue pour l'entretien d'embauche, on m'a rapidement parlé d'enfants présentant des troubles du comportement, qu'il ne fallait pas que je m'inquiète. Dans la mesure où j'avais déjà beaucoup accompagné au cours de ma formation des enfants sourds (sans difficultés associées), des enfants sans langage n'allaient pas être une difficulté.

Voilà donc à quoi se sont résumés ces enfants autistes, oh pardon, psychotiques qui bénéficiaient de soins dans cet hôpital de jour : des enfants avec des troubles du comportement sans langage.

Autisme : quel gros mot.

« Les troubles autistiques et les troubles du développement limitent gravement le développement psychomoteur du sujet. L’intégration tonique, sensorielle, émotionnelle et cognitive s’en trouve compromise. Le schéma de structuration qu’offre habituellement le corps propre est incomplet ou distordu ; de plus, le corps du sujet ne peut être suffisamment source d’expériences satisfaisantes. Le rapport au corps propre et au corps de l’autre, le rapport à l’espace, induisent alors des comportements souvent difficiles à comprendre ; ils induisent aussi la mise en œuvre de solutions compensatoires très concrètes et invalidantes. L’établissement d’un cadre précis dans lequel l’ajustement du soignant est impératif, permettra l’établissement d’un espace corporel personnel, le développement des intégrations sensori-tonico-émotionnelles, l’enracinement et le déploiement des capacités cognitives, l’intérêt - et les moyens - pour la communication avec autrui ».

Tel est le contenu d'une formation proposée par le Syndicat National d'Union des Psychomotriciens dont l'intitulé est :
Troubles du spectre autistique et troubles envahissant du développement.
Concevoir et maintenir un projet en psychomotricité


Un projet en psychomotricité. Pour y parvenir, il faudrait dans un premier temps que tous les acteurs de celui-ci soient en accord. Il est fréquent de constater une organisation en groupe du travail proposé aux enfants autistes, le groupe sous entendant le plus souvent une approche pluridisciplinaire. En général, les soignants s'entendent sur l'approche qu'ils vont utiliser, mais aussi sur ce qu'ils nomment le tâtonnement.

Combien de fois ai-je pu entendre ce terme dans le domaine de l'autisme, et que d'éminents spécialistes nommés pour justifier les errements des soins proposés.

Un de mes favoris : la flaque thérapeutique, j'aime bien regarder les flaques mais en 15 ans,  je n'ai toujours pas compris ce qu'elles pouvaient avoir de thérapeutique.

J'apprécie aussi le groupe conte : un des plus plébiscité, le plus facile aussi à mettre en place : trois soignants (c'est moins dur à plusieurs, et le tiers est là au moins), un livre, une salle et on est parti pour plusieurs années...

Partis où, on ne sait pas, mais on va trouver. De toute manière, les grandes théories que nos avons bien apprises justifient notre travail. Donc pourquoi s'inquiéter ?

Dans le même registre, nous avons les groupes communication, enveloppes et contenants, cuisine ...  j'en passe et des meilleurs.

Les autres acteurs : « les parents  jamais disponibles, peu impliqués, dans le déni, socialement défavorisés... ». Pourquoi travailler avec eux ? Mais de toute manière, quelle connaissance ont-ils de l'autisme ?

Il me semblait pourtant qu'un décret de compétences guidait nos actions et notre projet en psychomotricité.

J'en ai surtout retenu une partie essentielle : «  Rééducation des troubles du développement psychomoteur ou des désordres psychomoteurs au moyen de techniques de relaxation dynamique, d’éducation gestuelle, d’expression corporelle ou plastique et par des activités rythmiques, de jeu, d’équilibration et de coordination.

Psychomotricité : ou plutôt psy-cho-motricité.

Comment ces trois petites lettres du début de notre intitulé professionnel, peuvent-elles autant guider notre manière de concevoir la psychomotricité et surtout ce que nous en faisons ?

Pourtant, dans notre intitulé, ce que j'en ai retenu c'est surtout la fin : motricité,..., si souvent oubliée. Les enfants autistes en auraient pourtant tellement besoin.

Apprendre à faire, avant même d'apprendre à faire pareil,  eux qui sont dans l'incapacité d'imiter les gestes moteurs les plus élémentaires (non, je n'invente rien, juste une petite recherche sur les neurones miroirs vous en convaincra).

L'apprentissage, la rééducation des gestes moteurs en tout genre ne ferait plus partie de notre champ de compétences : me voilà donc bien perdue.

Même si je n'oublie pas toute l'importance du travail de relation si compliquée pour ces enfants, il me semble que la psychomotricité peut offrir bien plus que les errements thérapeutiques d'une flaque, d'un conte,...

J'avais la certitude d'avoir passé un diplôme de psychomotricienne. Il y a des jours où j'en doute.

Cette lecture ne fera pas que des heureux, je n'en ai aucun doute.

Campez sur vos positions, dormez sur vos deux oreilles en rêvant à vos certitudes !

J'en ai fait de même pendant plusieurs années, jusqu'au jour où cela n'a plus suffi.

Mon fils autiste avait besoin de plus.

Mme Le Courtois
Psychomotricienne et maman d’un enfant atteint d’autisme

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