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"Au bonheur d'Elise"
13 octobre 2012

Polémique sur le coût de l'autisme en France

article publié dans le nouvel observateur le 10 octobre 2012

Créé le 10-10-2012 à 16h40 - Mis à jour à 16h40
(Sipa) — Le flou qui persiste sur le coût de l'autisme en France empêche de bâtir une politique publique efficace, déplore le rapporteur d'un avis que vient de rendre public le Conseil économique social et environnemental (Cese).

Il n'existe "pas de données" en France sur la politique du handicap et "encore pire" sur l'autisme, a regretté mardi lors d'une conférence de presse la rapporteur de l'avis du Cese, Christel Prado, présidente de la fédération d'associations sur le handicap mental Unapei.

"La seule chose qu'on sait vraiment, que la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques du ministère des Affaires sociales et de la Santé) peut nous donner sont les dépenses d'allocations adultes handicapés et les prestations de compensation du handicap", a-t-elle expliqué.

L'avis du Cese fait état d'1,4 milliard d'euros consacrés par l'Etat en 2010 aux personnes atteintes d'autisme (680 millions d'euros à l'accueil en établissement et services médico-sociaux, 664 millions au versement d'allocations et 55 millions pour l'éducation).

Par ailleurs, "on ne sait pas combien il y a de personnes autistes", les estimations variant "de 250.000 à 600.000", note Christel Prado. Il est donc difficile de "construire une politique publique avec une telle fourchette", alors qu'il serait nécessaire de "mettre des moyens là où il faut et pour qui il faut", a-t-elle souligné. Le Cese, préconise donc, parmi 52 mesures, "la construction par la Drees d'un corpus statistique commun à l'ensemble des services de l'Etat".

Danièle Langlois, présidente de l'association Autisme France, s'est déclarée "déçue" que le Cese n'ait pu fournir de chiffres, contrairement à l'objectif fixé. "Je ne reproche rien au Cese qui ne peut pas inventer ce qui n'existe pas", mais il est possible de s'appuyer sur les données qu'ont les associations de famille, a-t-elle observé. Ces données du terrain montrent que "l'argent de l'autisme est gaspillé dans les hôpitaux" où les patients autistes sont déclarés "psychotiques". "La psychanalyse n'a rien à faire dans le champ de l'autisme qui relève d'approches éducatives variées", a-t-elle ajouté.

Christel Prado lui a rétorqué que les chiffres disponibles sur l'hospitalisation de jour ou sur les instituts médico-éducatifs (IME) étaient "très disparates".

Dans "Le Parisien" de mardi, le député UMP du Pas-de-Calais Daniel Fasquelle, qui a présidé un groupe autisme à l'Assemblée nationale, a lui tenté de fournir une estimation du coût global de l'autisme en France. "On sait que 8.000 enfants naissent chaque année avec des troubles autistiques. S'ils sont diagnostiqués à l'âge de 2 ans et qu'ils décèdent en moyenne à 65 ans, on sait exactement qu'ils coûteront 49,71 milliards d'euros à la société pendant toute la durée de leur vie, si l'on continue la prise en charge dans sa forme actuelle", a-t-il avancé.

Abandonner les méthodes psychanalytiques au profit des méthodes éducatives permettrait de "faire au moins 16 milliards d'économie", a ajouté dans le quotidien, le député PS du Morbihan Gwendal Rouillard, également impliqué dans le dossier autisme à l'Assemblée nationale.

Christel Prado a pesté contre ces deux députés à l'origine de la saisine du Cese. Ils "manquent de respect" en déclarant qu'"ils n'attendent rien" de l'avis du Cese. "S'ils avancent la réponse, je me demande pourquoi ils nous ont posé la question", s'est-elle interrogée.

Parmi les autres mesures proposées par le Cese, figurent un repérage et un diagnostic précoces de l'autisme. Le conseil demande d'utiliser des outils existants comme les certificats de santé des 9ème et 24ème mois et les carnets de santé, de permettre aux service de protection maternelle et infantile (PMI) de réaliser le bilan de santé des enfants âgés de trois ou quatre ans et d'organiser l'offre diagnostique dès l'âge de 30 mois.

Sur le diagnostic par exemple, des recommandations élaborées par la Haute autorité de santé (HAS) existent depuis 2005. Mais "encore beaucoup de gens s'assoient dessus. Ce n'est pas normal". Le diagnostic est ainsi établi par un seul professionnel (médecin, psychologue...) alors qu'il doit l'être par une équipe multidisciplinaire. Ces équipes, qui doivent être mieux identifiées, ne sont "pas assez nombreuses". Du coup, les praticiens donnent la priorité aux très jeunes enfants tandis que ceux âgés de 6 ans doivent attendre 8 à 18 mois de plus, a confié Christel Prado à Sipa.

vv/sb

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