Héricourt-en-Caux : le cheval médiateur thérapeutique au Bercail Saint-Denis
Le 6 novembre, le chantier du manège du Bercail Saint-Denis d’Héricourt-en-Caux a été réceptionné. « Ça fait une semaine qu’on l’utilise, explique Marjorie Gabriel, équithérapeute, et nous avons déjà accueilli, par groupes de deux ou trois, quarante jeunes et adultes en situation de handicap. Les enfants et les adultes sont impatients d’utiliser le manège. Il y a eu des émotions très fortes, des larmes de joie!»
Le manège est en bois. Sa taille, sa forme en rectangle, sa qualité acoustique en termes de résonance et sa luminosité en font un lieu chaleureux, rassurant et plein de repères. «La pose d’une lice intérieure permet d’avoir plusieurs étapes pour la mise à cheval et d’être en sécurité pour le transfert en position» poursuit Marjorie Gabriel.
Tout est parti de l’atelier nature, avec Agnès Caron et Isabelle Serf, aides médico-psychologiques et Marjorie Gabriel venue les rejoindre il y a 6 ans. Elles y ont développé l’approche sensorielle par les animaux de la ferme et par les plantes.
« Le projet de ce manège, en gestation depuis six ans, a été pensé en équipe. Marjorie avait les compétences d’équithérapeute, des demandes bien appuyées, la connaissance du public, du milieu et surtout de la persévérance, explique le directeur du Bercail, Patrick Legrand. » « Et un directeur qui m’a fait une confiance totale», ajoute Marjorie.
Le cheval lit le langage corporel
Mercredi dernier, une séance avait lieu avec le jeune Alain Pigné, en fauteuil, accompagné de Sylvain, aide médico-psychologique auprès des autistes. Alain, qui présente des troubles du comportement, était accueilli à la journée à la Maison d’accueil spécialisé du Bercail. La séance débutait par un temps de rencontre dans l’espace sensoriel des deux écuries avec le poney et la jument Sissi, une Merens de 9 ans.
« Elle est très porteuse, assez large, son pas cadencé est rassurant», expliquait Marjorie qui installait ensuite Alain sur le lève-personne. Une fois son casque bien serré, elle l’équipait d’un filet spécifique. Et à cheval, en douceur, pour deux tours de manège ! « Le cheval lit le langage corporel et psychique. La personne est en fusion avec le cheval. C’est un médiateur thérapeutique», ajoute Agnès.
Pour le directeur, c’est une première : « Je suis épaté devant le changement radical de comportement d’Alain. Sur le cheval, il est apaisé et calme. On a ici le bénéfice d’un investissement.» Alain est de nouveau en fauteuil et toute l’équipe raccompagne la jument Sissi dans son box.
Une grille d’évaluation après chaque séance permet un suivi personnalisé et des objectifs de progression. « Ce manège est un bel outil et tout un symbole pour l’atelier Nature qui fête ses dix ans cette année », conclut Marjorie Gabriel.