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"Au bonheur d'Elise"
6 mars 2016

Autisme : récit d'une grand-mère

article publié sur le site de l'association Petit bonheur

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Aujourd’hui, c’est la fête des grands-mères. Et pour l’occasion, Petit Bonheur a décidé de donner la parole à Monique, mamie d’un petit Ethan de 6 ans.

Les grands parents ne savent pas toujours quelle posture adopter face à l’autisme de d’un leurs petits-enfants. Aider ou ne pas déranger? Certains d’entre eux sombrent même dans le déni (sujet évoqué notamment l’an dernier).

Monique nous explique toutes les phases par lesquelles elle est passé à l’annonce de l’autisme d’Ethan, et le rôle qu’elle a décidé aujourd’hui de jouer auprès de son petit fils.


Au départ c’est simple: je n’y croyais pas

 Ethan est mon premier petit-enfant, et même si j’avais remarqué quelques unes de ses difficultés (notamment le fait qu’il ne répondait pas à son prénom), je mettais cela sur le compte d’un manque d’attention de sa part.

J’avoue aussi avoir beaucoup critiqué les manières de faire de ma belle-fille, et la manière dont Ethan était éduqué. Pour moi, cela justifiait tout.

Ensuite j’ai fini par chercher un coupable à cette situation. S’il était vraiment autiste, ça venait forcément de l’autre côté de la famille, et certainement pas de la mienne. Et comme il n’y avait pas d’autistes dans nos familles, Ethan n’était donc pas autiste.

« Maman c’est ta dernière chance »

Progressivement, les repas de famille se faisaient de plus en plus rares, et lorsqu’ils se faisaient, une certaine tension y régnait. Nous évitions tous les sujets qui fâchent, et l’autisme en faisait partie. Puis un soir de Noël, mon fils et ma belle-fille m’ont offert un cadeau: il s’agissait du livre de Anne Idoux-Thivet, Écouter l’autisme. J’ai d’abord penser à un affront de leur part. Puis mon fils m’a mise en garde « Maman c’est ta dernière chance. Si après ça tu n’as toujours pas compris, nous ne remettrons plus jamais les pieds ici. »  Ils m’ont ensuite donné 3 semaines pour lire l’ouvrage, suite auxquelles ils reviendraient « tâter le terrain ».

Au fur et à mesure de ma lecture, j’ai compris pourquoi ils avaient choisi de m’offrir ce livre: le déni des beaux-parents de la narratrice sur l’autisme de son fils, était l’une des principales raison pour lesquelles ils n’arrivaient pas à avancer sereinement.

« À l’heure où j’écris ces lignes, plus d’un an et demi plus tard, le déni de mes beaux-parents est toujours là. Nous avons perdu un temps considérable et une énergie folle à essayer de leur démontrer que nous n’avions pas inventé notre malheur. »

Je ne voulais pas être « ce genre de personnes »

Cela allait faire 1 an que mon fils m’avait annoncé l’autisme d’Ethan, et j’en étais au même point que ces personnes dont parlait la narratrice… Je ne voulais pas être « ce genre de personnes » bornées et imbuvables, incapable de se remettre en question… Alors à l’issue de mes trois semaines de lecture, dès que mon fils et sa petite famille ont posé les pieds hors de leur voiture, j’ai couru dans les bras de ma belle-fille pour lui demander pardon. J’ai littéralement éclaté en sanglots dans ses bras et j’ai du lui dire « pardon » au moins 15 fois avant que mon fils ne me prenne à son tour dans ses bras.

Nous avons discuté de longues heures durant, et j’ai pris conscience que j’avais été un vrai fardeau dans la vie de mon fils pendant tous ces mois, alors que lui et sa femme s’acharnaient, eux, à digérer la nouvelle du diagnostic et à mettre des choses en place pour aider Ethan.

Aujourd’hui, j’ai complètement accepté la particularité de mon petit-fils. Très vite, j’ai commencé à accompagner Ethan à quelques unes de ses prises en charge. Et je trouve extrêmement enrichissant de le voir progresser et de me dire que j’y suis, en quelques sortes, pour quelque chose.

SI j’avais un conseil à donner aux grands-parents qui se retrouvent dans cette situation, ce serait de ne jamais remettre en questions les capacités de votre enfant et de votre belle-fille (ou beau-fils) à être de bons parents! Vous avez le droit d’être en colère et d’ne vouloir à la Terre entière mais ne faites surtout pas ça, j’ai faillis briser ma famille à cause de cela… Lorsque ma belle-fille m’a raconté en détail toutes les réflexions culpabilisantes qu’elle subissait au quotidien (parfois même de la part de certains professionnels!), j’ai compris que j’avais adopté la mauvaise posture dès le départ, celle des inconnus, alors que j’aurais du adopter la posture familiale.

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Commentaires
T
Témoignage courageux !<br /> <br /> En espérant qu'il serve à bien d'autres grands-parents désemparés ou simplement désappointés par l'autisme de leurs petits-enfants.<br /> <br /> C'est toujours plus facile d'avancer "groupés"...
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