Cela fait 25 ans que Loïc a un compte à la Caisse d’Epargne. Le retraité, 65 ans, n’a pas de carnet de chèque et va tous les mardis faire un retrait au guichet de l’agence de Bourg-L’Evêque, à Rennes. Le 9 août dernier, il s’y rend avec son fils Fabien, un jeune autiste.
Courrier recommandéAu guichet, le retraité voit son fils s’agiter. Il a envie d’uriner et commence à ouvrir son pantalon. Le père réagit rapidement, gronde son fils et le rassure. Quelques instants plus tard, le jeune homme se rend dans un bureau et essaie une nouvelle fois de baisser son pantalon. Loïc réprimande encore Fabien et parvient à le maîtriser.
Une semaine plus tard, le retraité reçoit un recommandé, daté du 16 août, de la Caisse d’épargne. La lettre informe le père et le fils que leurs comptes vont être fermés. Ils ont deux mois pour trouver une autre banque.
Plainte pour discrimination« Comment je vais faire ? s’inquiète le retraité. C’est la première fois que Fabien a un comportement déplacé mais il n’a pas fait de gestes obscènes. Et ils savent bien que mon fils est handicapé. » Le père a saisi un avocat, Me Le Mintier, qui a porté plainte contre la Caisse d’épargne pour « discrimination sur une personne vulnérable dans un endroit public ».
Saisie de la vidéosurveillanceBruno Leclerc, secrétaire général de la Caisse d’épargne pour la Bretagne et les Pays-de-Loire, estime « qu’un attentat à la pudeur a traumatisé une collègue ». Le père conteste. Pour en avoir le cœur net, son avocat Me Le Mintier demande la saisie de la vidéosurveillance. Mais le responsable de la banque reconnaît « qu’on est allé un peu vite. On va reprendre la négociation pour que cette famille maintienne ses comptes ».
Dévoué à son fils au quotidien, Loïc s'interroge: « Dois-je le mettre dans une cage quand je vais retirer de l’argent à la banque ? »