Accompagnement sexuel : aménager la loi sur le proxénétisme ?
Résumé : Une association pro-accompagnement sexuel en faveur des personnes handicapées réclame, en vue des Présidentielles, une exception à la loi sur le proxénétisme afin de permettre cette pratique légalisée dans d'autres pays. Une pétition est en ligne
Par Handicap.fr / Emmanuelle Dal'Secco, le 30-12-2016
Aujourd'hui, en France, l'accompagnement sexuel des personnes en situation de handicap ou de perte d'autonomie existe mais il n'est pas reconnu, et sa pratique est assimilée à de la prostitution. Selon l'APPAS (Association pour la promotion de l'accompagnement sexuel), « il a pourtant largement démontré qu'il est une alternative à des souffrances induites par la misère affective, sensuelle et sexuelle qu'endurent nombre de personnes en situation de handicap ou de perte d'autonomie. »
L'accompagnement sexuel est reconnu et pratiqué, ou commence à l'être, dans de nombreux pays : Pays‐Bas, Norvège, Danemark, Autriche, Allemagne, Suisse, Belgique, République tchèque, Australie, Israël, Nouvelle‐Zélande et certains États des États‐Unis. En France, depuis mars 2015, l'APPAS propose, en toute légalité, des formations pour accompagnant‐es sexuel‐les. L'association met également en relation, en toute illégalité, des personnes formées et des personnes en situation de handicap ou de perte d'autonomie. Son président, Marcel Nuss, assume la responsabilité de soutenir une activité qui, aux yeux de la loi, est qualifiée de proxénétisme bénévole ; il prend le risque d'être condamné à sept ans de prison et à 150 000 € d'amende. L'APPAS recevait pourtant, en juin 2015, le « Coup de cœur » du jury décerné par l'Ocirp dans le cadre de ses trophées « Acteurs économiques & handicap » (article en lien ci-dessous). Une « consécration » selon Marcel Nuss.
En 20 mois, l'association a reçu plus de 500 demandes d'accompagnement sexuel et formé 35 personnes issues d'horizons différents (article en lien ci-dessous). Cependant, seules 20% des demandes ont pu être satisfaites, faute d'un nombre suffisant d'accompagnant(e)s pour le moment. Et seulement 5% ont été formulées par des femmes. « Devant ces constats, à l'approche des élections présidentielles de 2017, explique l'APPAS, notre association ne peut rester inactive et se satisfaire d'une situation ambiguë face à un sujet humainement aussi primordial, sachant les bénéfices avérés de cette forme d'accompagnement approuvée dans tant de pays. »
Estimant que la liberté d'expérimenter et de découvrir la sexualité et le plaisir sans discrimination ni contrainte, y compris dans le cadre de relations tarifées, doit être légalisée, l'APPAS revendique une exception à la loi sur le proxénétisme et un statut pour les accompagnant‐es sexuel‐les. Une pétition est en ligne pour interpeller parlementaires et candidats (en lien ci-dessous)...