Un homme condamné pour l’agression sexuelle de sa jeune voisine autiste à Sainte-Marie
article publié sur France bleu
jeudi 11 janvier 2018 à 17:08
Un habitant de Sainte-Marie-la-Mer (Pyrénées-Orientales) est condamné en appel pour avoir agressé sexuellement sa jeune voisine autiste âgée de 15 ans. En première instance, il avait été relaxé. Une affaire qui montre la difficulté pour la justice d'entendre la parole des enfants handicapés.
Palais de justice de Montpellier © Radio France - Salah Hamdaoui
Perpignan, France
C’est la fin d’une longue épreuve judiciaire pour la famille d’une adolescente atteinte d’autisme : il aura fallu trois ans d’abnégation et deux procès pour faire reconnaître la culpabilité de leur ancien voisin, un artisan de Sainte-Marie âgé de 57 ans.
L’homme a beau clamer son innocence, la cour d’appel de Montpellier vient de le condamner pour "agression sexuelle" sur la jeune adolescente handicapée. Il écope d’une peine de deux ans de prison avec sursis, assortie d’une mise à l’épreuve. Il est également inscrit sur la liste nationale des délinquants sexuels.
Eté 2015. L’adolescente est à la plage avec ses parents. Un voisin de la famille propose de l’emmener faire une promenade en barque dans l’embouchure de la rivière la Têt. En confiance, les parents acceptent de lui confier leur enfant quelques minutes.
Quelques jours plus tard, la jeune fille se confie à son éducatrice, alors qu’elle est de retour sur les lieux à l’occasion d’une promenade. La professionnelle donne l’alerte. Et devant les gendarmes, l’adolescente décrit une nouvelle fois des faits d’agression sexuelle.
"atre expertises psychologiques et psychiatriques sont diligentées. Toutes concluent à la crédibilité de la jeune fille. Pourtant, lors du procès devant le tribunal correctionnel de Perpignan, le dossier semble s’effondrer. Le parquet demande la relaxe et il est suivi par les juges.
« Les juges ont traité ce dossier comme s’ils n’avaient pas une enfant autiste sur le banc des parties civiles, analyse Maitre Corinne Serfati, l’avocate de la famille. Il ont voulu entendre et comprendre sa parole comme si elle n’avait pas de handicap. Nécessairement, ils sont passés à côté…"
"Ce jugement doit faire jurisprudence."
"Il faut que cette condamnation fasse jurisprudence, clame Maître Corinne Serfati. Quand il y a un handicap, la parole de l’enfant est plus difficile à recueillir, et surtout plus difficile à entendre et à comprendre pour les avocats et les magistrats. Ce dossier va donner des clés, pour ne plus passer à côté de la parole d’un enfant handicapé."