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"Au bonheur d'Elise"
14 août 2014

Evolution dans notre compréhension des facteurs potentiellement à l'origine de l'autisme

article publié dans CareVox

Évolution dans notre compréhension des facteurs potentiellement à l'origine de l'autisme

Menée par Laurent Mottron de l'Université de Montréal, une analyse rétrospective des travaux de génétique, d'imagerie cérébrale et de la cognition de l'autisme transforme notre compréhension des facteurs potentiellement à l'origine de l'autisme, de son développement et de ses diverses manifestations.

 

L'équipe de chercheurs chevronnés a élaboré un modèle dit déclencheur- seuil - cible dans lequel l'autisme résulte d'une réaction du cerveau à un facteur génétique selon les principes de la plasticité cérébrale, la capacité du cerveau à s'adapter et se remodeler. L'élément déclencheur consisterait en une mutation génétique (il en existerait des centaines différentes) qui, combinée à un seuil de plasticité cérébrale génétiquement abaissé, déclencherait une réaction plastique ciblant certaines fonctions, essentiellement non-sociales. Selon la combinaison de ces trois facteurs déclencheur, seuil et cible, on observerait de l'autisme ou de la déficience intellectuelle avec ou sans autisme. Le modèle confirme qu'une personne autiste présente des facultés de traitement accrues pour certains types d'information, qui sont le résultat de processus de plasticité chez ces personnes, l'amenant à privilégier le contenu qui l'intéresse au détriment de toute autre donnée. « Notre modèle aura notamment pour effet d'axer les interventions en bas âge sur le développement des forces cognitives particulières de l'enfant, plutôt que de se concentrer uniquement sur les comportements manquants, pratique qui pourrait bien lui faire manquer une occasion unique dans sa vie », soutient M. Mottron.

Le chercheur et ses collègues ont mis au point ce modèle en observant les effets des quelques mutations dont la responsabilité dans l'autisme est démontrée ainsi que l'activité cérébrale de personnes autistes pendant qu'elles réalisaient des tâches, surtout perceptives. ‘'En greffant les mutations associées à l'autisme chez des animaux, les généticiens ont constaté que la majorité de celles-ci augmentait la plasticité des synapses, soit la capacité des cellules cérébrales de créer des connexions, normales ou anormales quand elles reçoivent une nouvelle information. En parallèle, notre équipe et d'autres chercheurs ont observé que l'autisme représente un modification de l'équilibre entre le traitement d'information à caractère social et non social – intérêt, performance et activité cérébrale – en faveur de l'information non sociale. Le modèle met en relation ces observations génétiques et cognitives en s'appuyant sur les effets neurocognitifs de la privation sensorielle, surdité ou cécité » explique M. Mottron

Les diverses supériorités affichées par les sous-groupes du spectre autistique dans les domaines du langage et de la perception présentent en effet des ressemblances frappantes avec celui des personnes privées d'un sens depuis leur naissance. Par exemple, un enfant aveugle compense l'absence d'information visuelle en ciblant l'audition, qui devient supérieure, tandis qu'un enfant sourd cible la perception visuelle, et traite les images et les mouvements de façon plus complexe. Les études en cognition et en imagerie cérébrale révèlent que, pour leur part, les personnes autistes présentent dans les régions perceptives du cerveau une activité plus vive, des connexions plus nombreuses et des modifications structurales. Les différences concernant l'information « ciblée » par ces processus cérébraux expliqueraient les forces et faiblesses de chaque personne autiste. « Les troubles de la parole et la mésadaptation sociale de certains jeunes enfants autistes ne sont peut-être pas le résultat d'une dysfonction initiale des mécanismes cérébraux liés à ces fonctions, mais plutôt d'une négligence précoce, avance M. Mottron. Notre modèle suggère que la perception supérieure des personnes autistes est en compétition avec l'apprentissage du langage parce que les ressources neuronales sont dirigées vers la dimension perceptive du langage et non vers sa dimension de communication. En revanche, dans le sous-groupe autistique appelé syndrome d'Asperger, la parole est surdéveloppée. Dans les deux cas, la fonction surdéveloppée compétitionne avec les ressources cérébrales requise pour la socialisation, entraînant un retard de développement au niveau social. »

Le modèle propose des explications sur un des mystères de l'autisme, qui est que l'autisme peut être accompagné ou non de déficience intellectuelle. Cette dernière surviendrait lorsque les mutations causales produisent une réaction plastique altérée, soit des connexions neuronales qu'on ne retrouve pas chez les personnes non autistes. En revanche, si la réaction cérébrale plastique déclenchée est normale, seule la répartition des ressources cérébrales serait modifiée.

Pour l'enfant autiste comme pour les autres, l'environnement et influence le développement et l'organisation du cerveau. « La plupart des programmes d'intervention précoce adoptent une approche réparatrice en se centrant sur les intérêts sociaux. Cette stratégie pourrait monopoliser les ressources cérébrales sur un type d'information que l'enfant traite avec moins de facilité, explique M. Mottron. Nous croyons que l'intervention précoce auprès des enfants autistes devrait s'inspirer des méthodes utilisées chez les enfants ayant une cécité congénitale, dont les facultés linguistiques se trouvent grandement améliorées par l'exposition précoce au langage des signes. Les traitements devraient donc se consacrer à l'identification et l'exploitation des forces de l'enfant autiste, comme le langage écrit. » En montrant que les intérêts restreints autistiques résultent des processus de plasticité cérébrale, ce modèle suggère qu'ils ont bel et bien une valeur adaptative et devraient être au cœur des techniques d'intervention pour l'autisme.

 À propos de cette étude

Laurent Mottron, M.D., Ph. D., et ses collègues Sylvie Belleville, Ph. D., Guy Rouleau, M.D., Ph. D., et Olivier Collignon, Ph. D, ont publié l'article « Linking Neocortical, Cognitive and Genetic Variability in Autism with Alterations of Brain Plasticity : the Trigger-Threshold-Target Model » dans la revue Neuroscience and Biobehavioural Reviews le 12 août 2014. Neuroscientifique en cognition s'intéressant à l'autisme, Laurent Mottron est chercheur à l'Hôpital Rivière-des-Prairies et au Centre d'excellence en troubles envahissants du développement de l'Université de Montréal (CETEDUM), qui relève du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM). Il est également professeur au Département de psychiatrie de l'Université. Sylvie Belleville est une neuroscientifique en cognition et imagerie cérébrale. Elle est directrice scientifique de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal affilié à l'Université de Montréal et professeure au Département de psychologie de l'Université. Guy Rouleau, neurologue et généticien, est le directeur scientifique de l'Institut et hôpital neurologiques de Montréal (Université McGill). Oliver Collignon dirige un groupe de recherche sur la plasticité cérébrale en lien avec la privation sensorielle au Center for Mind/Brain Sciences (CIMeC) affilié à l'Université de Trento, en Italie, où il est aussi professeur.

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13 août 2014

Sevran : le désarroi des parents d'Elias, jeune autiste de 16 ans

article publié dans Le Parisien

Il mesure 1,95m pour 140kg. A 16ans, ce jeune autiste n'a pas de structure d'accueil adaptée à son âge. La justice a pourtant ordonné à l'Etat de trouver une solution. Vanina Delmas | 4 août 2014, 07h00

Sevran, le 29 juillet. Elias, entouré de ses parents et de son frère. Sa famille se démène depuis novembre 2011 pour lui trouver un établissement adapté. Malgré son âge, il est toujours accueilli dans un IME, destiné aux enfants de 6 à 12 ans. (LP/V.D.)

Il est 16 h 30, Elias descend de sa chambre, calmement. Aussitôt, sa mère, Nadia Hamdaoui, l'accompagne à la cuisine pour lui préparer sa tasse Astérix et des biscuits. Puis il prend son goûter dans le canapé. Un rituel indispensable pour le canaliser au quotidien. A 16 ans, Elias mesure 1,95 m, pèse 140 kg et est diagnostiqué autiste depuis l'âge de 2 ans et demi. « C'est un gros nounours, mais si on lui dit non, ça tourne vite en crise, explique Nadia. Et avec son gabarit, il faut savoir le gérer. » Sur son bras, un bleu commence à disparaître, vestige de la dernière crise de son fils.

Depuis qu'il a 8 ans, Elias se rend à l'institut médico-éducatif (IME) Itard au Blanc-Mesnil, destiné aux enfants de 6 à 12 ans. Il a déjà dépassé l'âge limite et même les deux ans supplémentaires accordés par dérogation. Et en mars dernier, la sentence du directeur tombe : « Il faut partir ! » Mais pour aller où ? Depuis novembre 2011, ses parents sont pris dans l'engrenage des démarches administratives pour trouver un établissement adapté à leur enfant. « Nous avons commencé par le processus normal via la maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH), mais à chaque fois, c'est à nous de contacter les IME et d'entendre inlassablement qu'ils n'ont plus de places ! » raconte le père d'Elias, Driss Hamdaoui.

Ils passent alors à la vitesse supérieure en contactant députés, sénateurs, ministres, président de la République... En vain. Des désillusions qui n'entament pas leur détermination. « Ça fait dix ans que nous n'avons pas pris de congés en même temps, ma femme et moi, car tout tourne autour d'Elias, confie Driss. On ne se plaint pas, on se bat juste pour notre fils, mais ces aberrations administratives sont des machines à épuiser les parents ! » Employée à la Croix-Rouge, Nadia commence tous les jours à 5 heures du matin pour être là au retour de son fils. Quant au père, il fait du télétravail tous les mercredis car l'IME est fermé. Si Elias n'est accepté nulle part, Nadia devra arrêter de travailler. « Avec un salaire, on ne pourra plus rembourser le crédit de la maison », souffle Driss, humblement.

Aux grands maux, les grands remèdes. Ils ont saisi le tribunal administratif de Paris qui a ordonné à l'Etat d'agir dans les trois mois. C'était en décembre 2013. Depuis, l'IME du Blanc-Mesnil a accepté de garder Elias une année de plus, mais ses parents ne peuvent se satisfaire d'une telle décision. « C'est une situation ubuesque, s'emporte Driss Hamdaoui. Mon fils régresse là-bas : il n'a plus que dix mots dans son vocabulaire, et, parfois, il passe sa journée à dormir. On ne cherche pas une garderie ! » Les parents, qui ne peuvent se satisfaire de cette solution, ont une nouvelle fois saisi la justice administrative en référé. Si leur procédure d'urgence n'aboutit pas, ils n'hésiteront pas à aller devant la Cour européenne de justice « pour que la France ouvre les yeux sur l'isolement des jeunes adultes autistes ». « Un enfant né autiste devient forcément un adulte autiste, ça ne se guérit pas. Et l'Etat les abandonne sans scrupule », s'indignent les parents.

L'IME du Blanc-Mesnil n'a pas répondu à nos sollicitations. L'agence régionale de santé, organisme d'Etat en charge de cette question, n'a pas souhaité s'exprimer sur ce cas particulier.

13 août 2014

President Obama Signs Bipartisan Autism CARES Act Into Law - voir traduction in fine

Bill reauthorizes $1.3 billion in federal funding for autism

WASHINGTON, DC (August 8, 2014) – President Obama signed the Autism CARES Act today, which dedicates $1.3 billion in federal funding for autism over the next five years. Autism CARES—introduced by Sens. Menendez (D-NJ) and Enzi (R-WY) and Reps. Chris Smith (R-NJ) and Mike Doyle(D-PA)—enjoyed broad bipartisan support in both the Senate and the House.

“Autism Speaks commends President Obama and our Congressional leaders for taking action on behalf of the millions of families affected by autism, which continues to rise at an alarming rate,” said Autism Speaks President Liz Feld. “These families are our champions and this critical legislation would not have been possible without the voices of tens of thousands of grassroots advocates from across the country.”

Autism CARES reauthorizes the landmark 2006 Combating Autism Act for another five years at an annual funding level of $260 million. The funding will be used primarily for autism research grants awarded by the National Institutes of Health. Autism CARES will also ensure the continued funding of autism prevalence monitoring; training of medical professionals to detect autism; and continued efforts to develop treatments for medical conditions associated with autism.

“Since 2006, the prevalence of autism has risen at an alarming rate to 1 in 68, including 1 in 42 boys. Given this epidemic, there has never been a greater need for these types of bipartisan efforts to make autism a federal priority,” said Feld. “We applaud Senators Bob Menendez (D-NJ) and Michael Enzi (R-WY) and Reps. Chris Smith (R-NJ) and Mike Doyle (D-PA) for their continued leadership and commitment to autism families.”

Autism CARES also tasks the federal government with surveying the current landscape of adult services and reporting to Congress where gaps exist and how to most effectively address those needs.

“There is a particularly acute need to serve young people with autism as they transition to adulthood and need new housing, employment, transportation, and other services," Feld added. “Autism CARES will be critical to identifying these challenges and the ways that the federal and state officials can address them.”

The bill also empowers the Interagency Autism Coordinating Committee (IACC) with the task of avoiding unnecessary duplication and making recommendations to implement a strategic plan. The U.S. Department of Health and Human Services is required to take charge of implementing the plan and reporting to Congress on progress.

Read the official White House statement here.



 

tiret VIVRE FMTraduction google

Président Obama Signe bipartite autisme Loi CARES en droit

Le projet de loi reauthorizes 1,3 milliard de dollars de financement fédéral pour l'autisme

WASHINGTON, DC (8 Août, 2014) - Le président Obama a signé le autisme CARES Agissez dès aujourd'hui, qui consacre 1,3 milliard de dollars de financement fédéral pour l'autisme au cours des cinq prochaines années. Autisme CARES-présenté par Sens. Menendez (D-NJ) et Enzi (R-WY) et Reps. Chris Smith (R-NJ) et Mike Doyle (D-PA) -enjoyed large soutien bipartisan au Sénat et à la Chambre .

"Autism Speaks félicite le président Obama et nos dirigeants du Congrès pour agir au nom des millions de familles touchées par l'autisme, qui continue d'augmenter à un rythme alarmant», a déclaré le président de Autism Speaks Liz Feld. «Ces familles sont nos champions et cette législation critique n'aurait pas été possible sans les voix de dizaines de milliers de partisans à la base de tout le pays."

CARES de l'autisme reauthorizes le repère 2006 Combating Autism Act pour cinq ans à un niveau annuel de financement de 260 millions de dollars. Le financement sera utilisé principalement pour les subventions de recherche sur l'autisme délivrés par les National Institutes of Health. Autisme CARES également assurer le financement continu de surveillance de la prévalence de l'autisme; la formation des professionnels de la santé afin de détecter l'autisme; et les efforts visant à développer des traitements pour des conditions médicales associées à l'autisme continue.

«Depuis 2006, la prévalence de l'autisme a augmenté à un rythme alarmant à 1 en 68, dont 1 dans 42 garçons. Compte tenu de cette épidémie, il n'y a jamais eu autant besoin de ces types d'efforts des deux partis pour faire de l'autisme une priorité du gouvernement fédéral », a déclaré Feld. «Nous félicitons les sénateurs Bob Menendez (D-NJ) et Michael Enzi (R-WY) et Reps. Chris Smith (R-NJ) et Mike Doyle (D-PA) pour leur leadership et leur engagement envers les familles de l'autisme continue."

Autisme CARES également des tâches au gouvernement fédéral étudié la situation actuelle des services pour adultes et rendre compte au Congrès où sont les lacunes et la façon de traiter le plus efficacement à ces besoins.

"Il ya un besoin particulièrement aigu pour servir les jeunes autistes dans leur transition vers l'âge adulte et le besoin de nouveaux logements, l'emploi, le transport et d'autres services," Feld ajouté. "Autisme CARES sera essentiel d'identifier ces défis et la façon dont la fonctionnaires fédéraux et étatiques peuvent y répondre. "

Le projet de loi habilite également le Comité de coordination interinstitutions de l'autisme (CCIA) la tâche d'éviter les doubles emplois et de faire des recommandations à mettre en œuvre un plan stratégique. Le département américain de la Santé et des Services sociaux est nécessaire pour prendre en charge la mise en œuvre du plan et rendre compte au Congrès sur les progrès réalisés.

Lire le communiqué de la Maison Blanche officiel ici.

12 août 2014

Le désarroi des parents d'Elias jeune autiste de 16 ans - un dossier du Parisien

article publié dans le blog Des mots grattent

mardi 12 août 2014

À quand un « plan Marshall » pour l’autisme ?


 
Article à lire ici.
 
Autre article dans ce dossier :
 
Le département est particulièrement mal loti
 
L'an passé, en 2013, 129 places ont été créées en Seine-Saint-Denis, dont 102 pour les adultes handicapés et 27 pour les enfants. Le département fait partie des moins équipés, au même titre que Paris ou le Val-d'Oise. L'Ile-de-France a créé 861 places nouvelles l’an dernier, et l’agence régionale de santé (ARS) affirme que 1143 places supplémentaires ouvriront en 2014 en Ile-de-France.
 
Pour les familles, les démarches ressemblent toujours au parcours du combattant, même avec le troisième plan pour l’autisme de marie-Arlette Carlotti, alors ministre chargée des Personnes handicapées, lancé en mai 2013.
 
Le plan doté de 205,5 M€ n’aurait pourtant guère amélioré la prise en charge des adolescents et adultes autistes.
 
« À MOINS D’UN PLAN MARSHALL POUR L’AUTISME, RIEN NE POURRA RATTRAPER LE RETARD ACCUMULÉ PAR LA FRANCE DEPUIS QUARANTE ANS », assure Danièle Langloys, présidente de l’Association Autisme France.
 
Concernant l’autisme, le nombre de places aurait plus que doublé depuis 2007, atteignant 2400 places en Ile-de-France.
 
(V.D., « Le Parisien).

La famille d’Elias a écrit une pétition.

 
  

Publié par à 13:28

11 août 2014

"Autisme, sortir de l'impasse" - auteur Pierre SANS, médecin psychiatre

autisme sortir de l'impasse Pierre Sans

Du diagnostic à l'inclusion

Collection : Parlons psy
Editeur : De Boeck

La prise en charge des autistes a progressivement évolué du tout psychanalytique aux méthodes cognitivo-comportementales et à l’inclusion scolaire. Comment mettre fin au malentendu qui oppose les parents aux soignants ? Comment aider les familles?
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10 août 2014

Francis Perrin et son fils Louis , 12 ans, autiste : "Il est tiré d'affaire ..."

News publiée dans Pure People

Hier le Samedi 9 Août 2014 à 18:06

Francis Perrin, à Plan de la Tour, près de Ramatuelle, en août 2014.
Francis Perrin, à Plan de la Tour, près de Ramatuelle, en août 2014. Dans cette photo : Francis Perrin

Francis Perrin a posé ses valises à Ramatuelle, cet été. La Côte d'Azur et ses charmes intarissables sont un cadre idéal pour le comédien et scénariste de talent. Dans le Sud, en famille avec son épouse Gersende et leur fils Louis, il donnait une représentation de son spectacle, Molière malgré moi, une création originale qu'il présentait pour la dernière fois de l'été dans le cadre du Festival de Ramatuelle.

A son retour de vacances, il se consacrera pleinement au tournage imminent, pour France 3, de Mongeville, une fiction en plusieurs épisodes. "Une série que j'affectionne, d'autant plus que je vais écrire les dialogues des saisons 5 et 6. C'est une fierté pour moi et du boulot en perspective", explique-t-il avec un enthousiasme non dissimulé dans les colonnes de Nice-Matin, en date du vendredi 8 août 2014.

"Mon fils est tiré d'affaire..."

En 2012, Francis Perrin et Gersende publiaient un livre-témoignage poignant, Louis : Pas à pas (Éditions JC Lattès), dans lequel ils racontaient leur combat pour leur fils alors âgé de 10 ans, et dépisté autiste à l'âge de 3 ans. Un ouvrage dans lequel le couple raconte son quotidien, les mots parfois très violents des médecins ou des psychanalystes, tout en livrant un formidable message d'espoir.

Deux ans plus tard, avec l'aide de l'association Pas à pas, c'est confiant et plein d'optimisme que Francis Perrin livre un message d'espoir par l'intermédiaire de Nice-Matin. "Louis est tiré d'affaire. Notre combat avec mon épouse face à son autisme (...) a permis de lui redonner son autonomie. Aujourd'hui, il s'amuse avec ses frères et soeurs, entre en 5e avec 18,5 de moyenne, s'habille tout seul, etc. C'est un garçon comme les autres. Un pur bonheur !", constate-t-il avec fierté et émotion. Une formidable leçon de vie, et un combat émouvant et courageux qui sera retracé dans un téléfilm, attendu en février 2015 sur France 2, porté par Bernard Campan et Julie-Marie Parmentier.

Joachim Ohnona

6 août 2014

Vidéo : JR Rabanel psychiatre psychanalyste parle d'autisme

 

 

Ajoutée le 3 oct. 2013

Extrait d'une conférence de Jean-Robert Rabanel - De quoi parlons-nous quand nous disons "autisme" ? à l'Institut du Travail Social de la Région Auvergne, le 11 avril 2013.
Jean-Robert Rabanel est psychiatre psychanalyste au CTR de Nonette, établissement accueillant des autistes et psychotiques. Nonette appartient au RI3, réseau lacanien qui réunit 3 institutions membres : l'Antenne 110 de Bruxelles, le Courtil de Leers-Nord, le Centre Thérapeutique et de Recherche de Nonette et 5 institutions membres associés : le Prétexte en Belgique ; Podensac, l'Ile verte, la Demi-lune, à Bordeaux ; l'hôpital de jour d'Aubervilliers. Ces institutions ont pour stricte orientation thérapeutique la psychanalyse lacanienne telle que enseignée à l'Ecole de la Cause Freudienne dirigée par Jacques-Alain Miller, gendre de Lacan.

6 août 2014

Samedi 6 décembre : Congrès Autisme France 2014 au Palais des Congrès de Paris

 


Chercher, inventer, innover : c'est possible

Palais des Congrès de Paris
Amphithéâtre Bleu (800 places)
Samedi 6 décembre 2014

 

Alors que le plan autisme 3 se met progressivement en place, les attentes des familles et des professionnels qui s’investissent auprès de nos enfants et adultes sont toujours aussi grandes. Les formations spécifiques conformes aux recommandations de la Haute Autorité de Santé ne sont toujours pas majoritaires et les pratiques professionnelles restent très loin de la qualité requise. Les aidants trop souvent épuisés n’ont pas encore suffisamment de relais,  la scolarisation effective de  nos enfants reste encore largement théorique en l’absence d’appuis éducatifs et pédagogiques suffisants.

 

Ce congrès, comme les précédents, nous permettra de mettre en avant les avancées éducatives, pédagogiques, scientifiques qui répondent aux besoins de nos enfants et adultes et de :

  • mettre l’accent sur la recherche au service de l’amélioration de la vie quotidienne.
  • répondre aux besoins légitimes des adultes avec autisme qui continuent à trop souffrir du retard de la France, en mettant en œuvre la qualité de vie et l’éthique nécessaires.
  • développer des outils spécifiques pour répondre à l’ensemble des besoins éducatifs et pédagogiques des élèves.
  • intervenir concrètement pour limiter les troubles associés à l’autisme.
  • remplacer les logiques de places et de filières par des logiques de parcours adaptés aux choix et besoins des personnes concernées.



Inscription

Paiement en ligne sécurisé par Carte Bancaire

► Paiement par chèque ou virement : Bulletin à télécharger, à nous retourner accompagné de son règlement à Autisme France - 1175 avenue de la République - 06550 LA ROQUETTE-SUR-SIAGNE

5 août 2014

L'ARS Rhône-Alpes lance trois appels à projets pour développer l'accompagnement des personnes adultes autistes

article publié sur Planete-Douance

Engagée pour réduire les inégalités intra-régionales, garantir un parcours de santé continu et pour répondre aux objectifs du 3e plan autisme, l’ARS Rhône-Alpes souhaite favoriser l’accompagnement des personnes atteintes d’autisme en agissant sur la fluidité de leur parcours de vie et en augmentant les équipements.Dans cet objectif, l’ARS lance, ce vendredi 13 juin, trois appels à projets pour créer un établissement et deux services pour personnes adultes souffrant d’autisme dans le territoire de santé Est de la région.

Le territoire de santé Est, qui réunit une partie des départements de l’Ain, de l’Isère, et les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie, est le plus peuplé et le plus vaste de la région Rhône-Alpes avec 2 124 678 habitants1. Il fait partie des territoires identifiés comme étant les moins bien dotés de la région en termes d’équipements médico-sociaux, au moment de l’élaboration du Projet régional de santé Rhône-Alpes, et de son schéma régional d’organisation médico-social.

1. UN APPEL A PROJETS POUR CREER UNE EQUIPE MOBILE D’INTERVENTION MEDICO-SOCIALE DANS UNE PARTIE DE L’AIN ET DE LA HAUTE-SAVOIE

Cet appel à projets prévoit la création d’une équipe mobile d’intervention médico-sociale, dans une partie de l’Ain (dans un secteur de montagne délimité du Nord au Sud par les villes de Gex et de Belley) ainsi que sur le secteur de Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie). Localisée dans l’Ain, l’équipe fonctionnera en file active2 équivalent à 20 places de service pour personnes adultes autistes.

Conformément au cahier des charges, l’équipe d’intervention aura vocation à étayer les professionnels des établissements et services médico-sociaux de ces territoires dans l’accompagnement des adultes autistes. Cette équipe viendra aussi soutenir les patients à domicile dans l’objectif de favoriser la continuité de vie en milieu ordinaire et leur inclusion sociale.

300 000 € annuels engagés par l’ARS pour le fonctionnement du service dès 2015
Les 20 places du nouveau service devront être installées dès 2015. L’ARS Rhône-Alpes allouera un forfait soins de 15 000 € maximum par an et par place, versés par l’Assurance maladie, soit 300 000 € maximum pour l’équipe.

1 Source : population légale 2011 issue de l’outil DISCOS
2 Ensemble des patients vus au moins une fois pendant la période de référence (généralement l’année) par un ou plusieurs membres des équipes soignantes, quels que soient le nombre et la durée des prises en charge

2. UN APPEL A PROJETS POUR CREER 30 PLACES EN MAISON D’ACCUEIL SPECIALISEE EN ISERE POUR ADULTES AUTISTES OU HANDICAPES

Cet appel à projets prévoit la création de trois unités de 10 places en Maison d’accueil spécialisée (MAS) pour adultes atteints d’autisme et/ou de troubles envahissants du développement (handicap dominant), en Isère.

Les unités pourront être installées sous forme de création d’une nouvelle structure, ou d’extension d’un ou plusieurs établissements existants. Avec 26 places en hébergement permanent, 2 en hébergement temporaire et 2 en accueil de jour, ce sont au total 30 nouvelles places qui viendront renforcer les équipements isérois pour ces populations.

L’établissement devra accueillir des adultes autistes exigeant une « surveillance médicale et des soins constants », pris en charge soit de manière inadéquate dans un centre spécialisé en psychiatrie, soit dans une structure insuffisamment médicalisée, ou inadaptée3, soit se trouvant à leur domicile sans traitement approprié.

Dans le cadre de son projet, tout candidat devra expliciter comment seront prises en compte les spécificités des personnes sur l’ensemble des champs identifiés dans les recommandations de bonnes pratiques de la Haute autorité de santé (HAS) et de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM). Dans le détail, ces champs concernent les conceptions architecturales, la localisation, les ressources humaines, l’encadrement des personnels, les techniques de prise en charge adaptée et le projet individualisé, les partenariats et l’environnement.

2 250 000 € engagés chaque année par l’ARS pour le fonctionnement de ces 30 places en établissement dès 2016

La maison d’accueil spécialisée ou les différentes unités devront ouvrir au plus tard au premier trimestre 2016. L’ARS allouera un forfait soins maximum de 75 000 € par an et par place, versés par l’Assurance maladie, soit 2 250 000 € maximum par an pour le fonctionnement des 30 places du projet.

3. UN APPEL A PROJETS POUR CREER UN DISPOSITIF EXPERIMENTAL DE 25 PLACES POUR ADULTES AUTISTES EN HAUTE-SAVOIE

Ce troisième appel à projets prévoit la création d’un dispositif expérimental pour adultes autistes en Haute-Savoie. Dans ce département, au regard des stratégies éducatives antérieurement mises en place en direction des enfants, et pour assurer une continuité, il est apparu nécessaire d’ouvrir des places pour adultes en cheminement vers une plus grande autonomie.

L’appel à projets permettra de renforcer, de façon innovante, l’équipement existant au moyen de 25 nouvelles places de service pour personnes adultes autistes.

A terme, il est prévu que le dispositif évolue vers une plateforme multiservices développant des passerelles vers le milieu ordinaire ou vers des structures et/ou services adaptés pour les personnes en perte d’autonomie.

3 Adultes restés par obligation dans des instituts médico-éducatifs pour enfants par exemple

Avec une présence continue de personnel, le dispositif comprendra 10 logements regroupés, scindés en petites unités de vie, avec studios et espaces communs.

L’équipe mobile pluridisciplinaire fonctionnera en file active équivalent à 25 places, dont la mission sera d’accompagner les personnes vers un travail, une vie sociale, un soutien éducatif.

600 000 € engagés chaque année par l’ARS pour le fonctionnement de 25 places en service dès 2015
Le dispositif expérimental devra être opérationnel avant la fin de l’année 2015.

L’ARS allouera un forfait soins maximum de 24 000 € par an et par place, versés par l’Assurance maladie, soit 600 000 € maximum par an pour le fonctionnement des 25 places du projet.

UNE SELECTION EN FIN D’ANNEE 2014

La période de dépôt des dossiers sera close le 29 septembre 2014.
Une commission de sélection se réunira en fin d’année et émettra un avis de classement sur l’ensemble des dossiers reçus pour chacun des appels à projets. Madame WALLON, directrice générale de l’ARS Rhône-Alpes, autorisera ensuite ces nouveaux équipements à fonctionner pour une durée de 15 ans pour l’équipe mobile et la maison d’accueil spécialisée et de 5 ans pour le dispositif expérimental.

Ces équipements devront tous trois fonctionner en continu 365 jours par an.

POUR EN SAVOIR +
Consulter les trois appels à projets sur le site Internet de l’agence : www.ars.rhonealpes.sante.fr/Appels-a-projets-en-cours.145136.0.html

5 août 2014

Le mystère des enfants qui guérissent de l'autisme

Un enfant autiste. REUTERS/Jim Young

Un enfant autiste. REUTERS/Jim Young

L’idée qu’il serait possible de guérir de l’autisme a longtemps été rejetée par les médecins. Mais en 2013, deux études effectuées aux Etats-Unis ont montré que chez une minorité d’enfants, les symptômes pouvaient presque complètement disparaître.

Le magazine du New York Times s’est penché sur ces cas dans un article intitulé «Ces enfants qui ont vaincu l’autisme»

La journaliste y interviewe plusieurs enfants suivis dans ces études, dont B. ,un garçon qui avait complètement cesser de communiquer de un a trois ans (pas de contact oculaire, très peu de mots, cognements de la tête), mais qui s’est débarrassé de tous ces symptômes après plusieurs années de thérapie comportementale. A 12 ans, ses parents lui ont révélé qu’il avait été autiste, et il a été choqué de l’apprendre.

Souvent, les médecins considéraient que ces cas de «guérison» correspondaient à de mauvais diagnostics, des enfants qui n’avaient en fait jamais été autistes. Ce n’est pas le cas: il y a bien une forme de guérison chez certains patients.

En janvier 2013, une étude de l’University of Connecticut a examiné 34 jeunes (y compris B.) qui avaient reçu un diagnostic d’autisme et avaient par la suite fait des progrès exceptionnels. Les chercheurs ont confirmé que leurs comportements ne correspondaient plus aux critères du spectre des troubles autistiques.

En mai de la même année a été publiée une étude de Weill Cornell Medical College qui avait suivi 85 enfants pendant vingt ans depuis leur diagnostic d’autisme à deux ans. Au total, 9% des jeunes examinés n’avaient quasiment plus aucun symptôme.

Geraldine Dawson, une chercheuse en psychologie à l’université de Duke, résume la portée de ces études:

«Ceux d’entre nous qui travaillent aux côtés d’enfants autistes connaissaient déjà l’existence d’un petit groupe d’enfants qui commencent par être autistes et éliminent ensuite complètement leurs symptômes. Pourtant,  leur existence était constamment remise en question. Ce travail montre de manière rigoureuse et systématique que ces enfants existent bien.»

Le problème est que ce phénomène est rare et encore difficile à expliquer.

«Cela fait quarante ans que j’étudie les enfants autistes, mais il m’est encore impossible de prévoir qui va faire des progrès et qui va stagner», explique la chercheuse Deborah Fein, de l’University of Connecticut.

Lorsque B. suivait sa thérapie comportementale et apprenait à communiquer, un autre petit garçon qui avait reçu exactement les mêmes traitements n’a quasiment fait aucun progrès.

Il y a tout de même certains facteurs favorables à un développement positif. La plupart des autistes qui ont éliminé leurs symptômes avaient un QI de plus de 70, et l’implication des parents est aussi considérée comme cruciale. Quant à l’efficacité des thérapies comportementales, elle n’est pas garantie, comme l’explique la journaliste du New York Times magazine:

«De nombreuses études montrent que des thérapies comportementales intensives mises en place assez tôt peuvent significativement réduire les symptômes d’autisme. Mais la plupart des enfants qui sont traités avec ces thérapies demeurent autistes. Et d’autres, qui n’ont pas reçu ce type d’intervention, cessent d’être autistes.»

Lorsque les symptômes ont quasiment disparu, les parents expliquent que plus personne ne les croit quand ils disent que leur enfant était autiste. Les médecins considèrent toujours qu’il s’agissait de faux diagnostic. Pour les familles, ces réactions sont frustrantes car elles nient tous les efforts fournis avec leur enfant, les années passées à apprendre à parler et à interagir avec les autres.

5 août 2014

Management of autism in France : "a huge job to be done"

Despite the Ministry of Health's revised treatment plan, France recently faced criticism by the Council of Europe for its discrimination against those with autism. Some rights groups are calling the state of autism treatment in France a “scandal” and claim the government's plan doesn't go far enough. Others say the continued use of psychoanalysis to treat autism is keeping France from advancing.
Elodie Nourrisson, from the suburbs of Paris, first got answers about her son Thomas's behaviour when he was 26 months old. Since birth, he did not move or cry much, had difficulties walking, and was not troubled when separated from his parents. Lately, he had become hyperactive and was not sleeping more than 2 h per night. A doctor from one of the French public sector's Medico-psycho-pedagogical centres (CMPP) said that Thomas simply had developmental delays. “At the beginning, we felt reassured”, says Nourrisson. “[The doctor said] there was a significant overall retardation but that they could help him.”
Waiting lists, ineffective treatments, and frustration ensued for Nourrisson. It was not until she went to a private specialist, when Thomas was nearly 3 years old, that she finally heard the word “autism” in reference to her son.
Since the beginning, Nourrisson says she has been left by the public health system to “manage things on her own”. M'Hammed Sajidi, the president of the autism rights organisation Conquer Autism, says this scenario is all too familiar for families of the estimated one in 68 children with autism in France. “It's an absolute outrage”, says Sajidi, whose own son has autism. “France is the most delayed country in Europe when it comes to autism treatment.” According to Sajidi, medical professionals and teachers do not receive enough specialised training to treat autism, the government funds ineffective treatment methods—such as psychoanalysis—and families are often left to their own devices to treat their children.
Sajidi's frustration led his organisation, along with several others, to file a collective complaint in April, 2012, at the Council of Europe to take France to task on its treatment of people with autism. The Council's response was made public in February, 2014, stating that France had failed in its obligations to provide these children with an appropriate education. It is the second time the Council has condemned France over its autism treatment, with a similar condemnation taking place in 2004.
Sajidi says his overall goals in filing the complaint were met, but that France's woes concerning autism treatment are far from over. He says that the Ministry of Health's Third Autism Plan, published in May, 2013, has not gone far enough to improve diagnosis and treatment. “The state is giving money where it shouldn't, and not giving money where it should”, he says. Although psychoanalysis is now “not recommended” by the government, most public hospitals still use the method and when used there, it is reimbursed by the national health coverage.
The government's autism plan follows two previous ones, running from 2005—07 and 2008—10, based on recommendations set forth by France's National Authority for Health (HAS). The current plan, which will run until 2017, focuses on five essentials for autism treatment: early diagnosis and intervention, lifelong accompaniment, support for caregivers, and increased research and training for medical professionals and educators.
The government has allocated €195 million to the project. However, its Health Advisor for Disabled Persons, Hélène Marie, says that money alone is not enough. “There is a huge job to be done nationally in terms of training people in all professional categories—teachers, doctors, specialised educators”, says Marie. “And the medico-social system is especially inadequate.” Marie says the state faces challenges because no single organisation is responsible. “It's very complicated to coordinate things on a regional level”, she says.
The government is also working to increase autism research, which is vital to improving treatment, according to some of France's psychiatrists who say there is a strong genetic component to the illness. “We're around 90% sure that there is a genetic cause”, says Stéphane Jamain, a researcher of human genetics at the Paris-based research institute INSERM.
Frédérique Bonnet-Brilhault is a child psychiatrist at the Regional University Hospital Centre in Tours, which has worked with groups at INSERM in leading the country in autism research. Their findings have shown that there might be differences in the brain between those with autism and those without the disorder, and that an integrated approach to treatment is necessary. “Our programme is more medical than behavioural”, says Bonnet-Brilhault. “We look at digestive and visual development, eye tracking, emotional behaviour, self-esteem, as well as at possible anxiety or depression.”
Bonnet-Brilhault says each programme must be individually tailored to the child, and thus does not favour one method over another. The centre incorporates methods such as TEACH—a therapeutic tool that helps people with autism understand and navigate their surroundings—and applied behaviour analysis (ABA), which applies behavioural principles to everyday situations to increase or decrease some behaviours. She is not entirely opposed to the use of psychoanalysis to help families if it is part of an integrated plan, but not in the way it has been used in the past. “Blaming the mother for autism? That's finished”, says Bonnet-Brilhault. “We can no longer continue with this idea. Making the mother responsible is ignoring all the medical knowledge we have now. Parents need to be informed and accompanied, not put at the root of autism.”
As part of the HAS's 2012 autism recommendations, psychoanalysis is not recommended as an exclusive treatment method for people with autism. “We established that we don't have enough data on its effectiveness. And since there's a divergence between families and professionals—and among professionals themselves—no conclusion could have been drawn.” says HAS project leader Joelle André-Vert.
Still, psychoanalysis that is performed by a psychiatrist within the public sector is included in the national health coverage. And despite calls from the HAS and the health ministry to favour new methods like TEACH or ABA, it has been slow to take.
Nourrisson was told to begin psychoanalysis when her son Thomas was first diagnosed with developmental delays. Thomas was put on a waiting list at the CMPP while Nourrisson was told to meet with a child psychiatrist for psychoanalytic sessions. “The psychiatrist would ask me questions about my relationship with my mother and about my pregnancy”, says Nourrisson. “I was shamed in several sessions by the psychoanalyst…I would walk out in tears, while Thomas was left unattended and causing a ruckus.”
One Paris-based psychiatrist has been outspoken in his support for psychoanalysis to treat the early stages of autism. Charles Melman is the co-founder of the Association Lacanienne Internationale, which follows the principles of Freud and Lacan. He says, “it's not a question of blaming mothers, but allowing them to live their parenthood in a better way”. Melman says there is “no proof” that autism has genetic origins but instead results from a mother's emotional state or behaviour during pregnancy or in early parenthood. “[Autism] stems from a mother's incapacity to take her child's birth as a joyous occasion”, says Melman. He recently treated one woman whose son was diagnosed with autism at 6 months, using psychoanalysis with the mother and psychotherapy sessions for the child. He says that the child, now 18 months, no longer needs therapy.
Melman says that early detection is key, and that if children with autism receive therapeutic treatment between 3 months and 2·5 years, they can recover completely and return to “normal”. Detection of autism in France is happening too late, says Melman, whose organisation lodged an appeal against the government's Third Autism Plan.
Melman and fellow psychoanalysts—who traditionally wield great power in France when it comes to the treatment of mental illness—have been met with heated criticism in the face of the autism debate. But although opinions differ on the use of psychoanalysis, early detection and diagnosis is deemed essential by both sides. Child psychiatrist Deborah Cohen, who specialises in the treatment of children with autism, says giving a diagnosis is essential. “It allows for the child to receive the appropriate treatment and if it's an early diagnosis, it allows for a better understanding of the person and his specific needs”.
But Sajidi of Conquer Autism says that educators and doctors are hesitant to diagnose children with autism because of the label children must carry with them. “Those who say they don't put labels on people are ignoring offering diagnosis and treatment to those affected. It's extremely problematic”, says Sajidi.
Nourrisson says that when Thomas was first diagnosed by the CMPP, her doctor told her that it was better not to use labels. “Madame, do you want your child to be labelled ‘handicapped’ for the rest of his life?”, she recounts. Doctors there also told her that Thomas would never be able to attend school. However, things changed once Thomas began seeing a specialised, private child psychiatrist, who used treatments like the ABA method and developmental therapy. Now 6 years old, Thomas is not only in school, but he is also thriving. “The teachers have told me that he could practically skip a grade”, says Nourrisson, who adds that it costs a “small fortune” to maintain Thomas's private treatments. Although her region provides her some financial aid, her costs would normally run upwards of €1800 per month—not covered by the social security.
However, Nourrisson's costs are small compared with the number of families who feel they have nowhere else to turn but Belgium, which opens its psychiatric hospitals to French children with autism. The hospital costs are reimbursed by French social security, but children are forced to live far away from their families and it is difficult to monitor treatment methods from across the border.
In its recent remarks about France, the Council of Europe criticised the country on the fact that children with autism were being forced to leave the national territory to receive treatment. For the Ministry of Health and its Third Autism Plan, change is hopefully in the air. “We want to finance this change, when it comes to diagnosis, treatment, etc”, says Hélène Marie.
This is all welcome news for families like Nourrisson. “There's a lot to do, a lot to look at again”, says Nourrisson. “It's going to be hard to implement [the Third Autism Plan] but we're very hopeful. It's evolved in the right direction but when it comes to putting things into action, we're still too far away.”
5 août 2014

Les gènes de l'autisme - Thomas Bourgeron

Depuis le début des années 2000, les premiers gènes impliqués dans l'autisme ont été découverts. La difficulté de la recherche sur cette maladie réside dans le fait que pour chaque enfant touché par la maladie, un gène différent est impliqué. Depuis 2 ans, les premiers modèles animaux ont permis de tester l'impact des gènes mis en cause dans les interactions sociales et la communication entre individus.

Une interview de la série Ils font avancer la recherche.

Réalisation : Institut Pasteur, Sup Biotech

  • Production : Institut Pasteur, Sup Biotech
  • Durée : 4 min 54 s
  • Vues : 150
  • Année de production : 2010
  • Date de diffusion : 29/07/2014
5 août 2014

Comment affronter le trouble et le déficit de l'attention

Le trouble et déficit de l'attention (TDA) est un trouble qui provoque chez l'individu, enfant ou adulte, une incapacité à maintenir son attention et rester concentré. Cette incapacité peut s'observer très tôt chez l'enfant et plus particulièrement à l'école, s'il a des difficultés d'apprentissage. Ce trouble est aujourd'hui reconnu et doit être pris en charge rapidement, afin d'aider l'enfant qui en souffre et ainsi améliorer ses capacités. Afin de vous aider à réduire les difficultés liées au TDA, si vous ou l'un de vos proches en êtes atteint, lisez cet article qui vous donnera de nombreuses pistes :

tiret VIVRE FMhttp://fr.m.wikihow.com/affronter-le-trouble-et-le-d%C3%A9ficit-de-l%27attention

4 août 2014

L'histoire du jour : Julian, "boule de tendresse"

04/08/2014 à 05:30

Élise Cheval envisage de quitter Châtenois-les-Forges pour s’installer à Saint-Nazaire. En Loire-Atlantique, elle bénéficierait de la prise en charge intégrale d’une méthode de traitement pour son fils autiste Julian, âgé de cinq ans.

Julian, 5 ans, un enfant pas si différent des autres. Photo DR

Julian, 5 ans, un enfant pas si différent des autres. Photo DR

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ELLE a décidé de tout « plaquer » : le Territoire de Belfort où elle est née, Châtenois-les-Forges où elle a sa maison, qu’elle s’apprête à mettre en vente. Elle a fait le choix de s’éloigner de sa maman dont elle est si proche, de ses amis. Elle se dit « prête à tout ». Prête à changer de vie pour en soutenir une autre, celle de Julian, son fils autiste âgé de 5 ans.

Son « Juju », sa frimousse, sa « boule de tendresse » pour qui elle a déjà consenti de nombreux sacrifices qu’elle juge naturels de la part d’une mère. Élise Cheval a abandonné un poste d’assistante de direction dans la restauration, puis un emploi à temps partiel pour s’occuper pleinement de son fils. Pour boucler des fins de mois parfois difficile, malgré la pension versée par son futur ex-mari, elle effectue quelques extras pour le compte d’un traiteur. « Il n’y a pas une journée où je ne stresse pas. J’ai souffert d’ulcères à l’estomac, je fais des crises d’angoisse, de l’hypocondrie », précise-t-elle.

Julian avait trois ans lorsqu’il a été diagnostiqué autiste sévère. À l’époque, la jeune maman opte pour la méthode ABA (Applied Behavior Analysis ou analyse appliquée du comportement) qui nécessite un budget de 423 à 517 euros par mois. Le coût d’un comportementaliste payé 47 euros de l’heure. La méthode ABA n’étant pas reconnue par la Haute autorité de la santé, ce genre de traitement n’est pas remboursé par la Sécurité sociale alors qu’Élise Cheval estime qu’une quarantaine d’heures hebdomadaires seraient nécessaires pour une réelle efficacité. Bien loin de ses moyens, d’autant plus qu’il faut aussi s’occuper d’Hugo, le grand frère solidaire âgé de 9 ans. « La situation n’est pas toujours simple pour lui, qui a parfois l’impression d’être délaissé. Mais il a acquis une grande maturité et je peux compter sur lui ».

« Il ne parle pas mais il sait se faire comprendre »

Elle avait projeté d’installer un module devant son domicile afin d’accueillir d’autres petits autistes. Aucune aide ne lui a été accordée. Elle a donc pris personnellement une partie des choses en main, patiemment, sans relâche. Elle fait travailler Julian « à table », encourage ses efforts, les récompense. Des séances chez un orthophoniste et une psychomotricienne stimulent parallèlement l’enfant.

« Il n’a pas encore acquis la propreté. Il ne parle pas mais il sait se faire comprendre », constate sa maman, qui a relevé de considérables progrès au cours des derniers mois, qu’elle attribue à l’ABA : « Auparavant, il déjeunait debout en se tapant les mains. Désormais, il mange assis et diversifie son alimentation. On peut maintenant aller au restaurant, je n’ai pas honte d’avoir un fils porteur d’un handicap ». Terminé le régime à base de röstis, frites, cancoillotte. Julian se laisse désormais tenter par une tranche de jambon, du fromage par petits morceaux et même des salsifis.

À l’aise sur le trampoline

Julian court, se dépense comme n’importe quel enfant. Dans la nature, mais aussi dans sa chambre où un trampoline a été installé, où il se sent si bien, où la parole semble parfois si proche de franchir le barrage de ses lèvres. Les fonctions de l’Ipad, il maîtrise, tout comme celles du téléphone portable. « Quand j’ai un problème, je lui demande », sourit Élise Cheval. Devant la télévision, il se passionne pour les émissions, notamment les interviews en anglais. Une langue qu’utilise avec parcimonie sa maman pour le faire agir ou réagir.

Grâce à un financement de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) pour un auxiliaire de vie scolaire individuel (Avsi), Julian a pu intégrer l’école maternelle Françoise-Dolto à Châtenois-les-Forges, durant ces deux dernières années, mais seulement deux matinées par semaine. Le 10 avril dernier, une notification préconisait une orientation de l’enfant vers le Sessad (Service d’éducation spéciale et de soins à domicile) Hisseo de Roppe, en semi-internat, à l’IME (Institut médico-éducatif) de Chambourcy (78) qu’Élise Cheval avait sollicité -sans succès- ou un autre établissement de ce type. Le recours déposé ayant reçu un avis favorable, Julian effectuera bien la rentrée en maternelle moyenne section dans son village.

Peut-être pas pour longtemps. Car la jeune femme a multiplié les contacts, les démarches pour obtenir une prise en charge élargie et intégrale du traitement. Après avoir subi jeudi la désillusion d’un refus dans une structure ABA à Lyon, sur un dossier pourtant bien engagé, Élise Cheval espère voir ses vœux enfin concrétisés. Vendredi, ses nerfs ont lâché et c’est en pleurs qu’elle a reçu un coup de téléphone du centre pour autistes de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique. Elle rencontrera le directeur de l’établissement le 1er septembre en Bretagne, pour une éventuelle intégration au sein de la structure, dès le 1er janvier 2015. « Julien serait pris en charge de 9 h à 16 h, il n’y aurait que les frais de cantine à payer », précise Élise Cheval. Elle a déjà consulté les sites de petites annonces pour louer un appartement ou une petite habitation. Elle évoque un projet de petite épicerie, souhaite prendre « un autre tournant et retrouver l’espoir ». Pour Julian.

Leur histoire a ému les membres du Kiwanis Montbéliard-Sochaux, qui organisent différente actions dans la région en faveur d’enfants malades, handicapés ou en difficulté. Le club, par l’intermédiaire de son président, Arnaud Miladinovic, a remis courant juin un chèque de 1.000 euros au profit de « Julian, un enfant pas si différent ».

Cette association a été créée en septembre 2012 par Élise Cheval pour aider les parents d’enfants autistes, financièrement mais également dans leurs démarches administratives, souvent longues et compliquées.

L’association compte à ce jour une quarantaine d’adhérents. Son action sera prochainement relayée sur un site internet ( http://julian-un-enfant-pas-si-different.association-club.mygaloo.fr/) en cours de création.

Sylvain MICHEL

2 août 2014

Instruction concernant les repérage, diagnostic et interventions précoces pour les enfants avec autisme ou TED - 17 juillet 2014

logo_legifrance

 

 

Publiée sur le site de Légifrance

Instruction relative au cadre national de repérage, de diagnostic et d’interventions précoces pour les enfants avec autisme ou autres troubles envahissants du développement prévu par le plan autisme (2013-2017).

 

tiret VIVRE FMConsulter (PDF, 340 ko)

  • Domaine(s) : Santé, solidarité
  • Ministère(s) déposant(s) : AFS - Affaires sociales et santé
  • Autre(s) Ministère(s) concerné(s) :
  • Date de signature : 17/07/2014 | Date de mise en ligne : 31/07/2014

Résumé : La présente instruction porte sur la mise en œuvre de l’action du plan autisme 2013-2017 relative à la mise en place d’une organisation régionale coordonnée et graduée favorisant le repérage, le diagnostic et les interventions précoces, avant l’âge de 6 ans, pour les enfants avec autisme ou autres troubles envahissants du développement. Cette instruction : - Précise les enjeux de cette action en termes de santé publique et d’organisation de l’offre médico-sociale et de soins ; - Fixe le cadre et les objectifs d’une démarche d’un « parcours » précoce autour de la mise en place d’une organisation coordonnée et graduée sur les territoires ; - Propose des éléments de démarche régionale.

Nombre d'annexes : 5  

NOR : AFSA1417416J | Numéro interne : DGCS/SD3B/DGOS/SDR4/CNSA/2014/221 | CERFA : | Référence de publication au Journal officiel ou au Bulletin officiel :

  • Auteur :La directrice générale de la cohésion sociale, Le directeur général de l’offre de soins, Le directeur de la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie
  • Destinataire(s) :Directeurs généraux des agences régionales de santé, Copie : préfets de région, préfets de département
  • Signataire :Sabine FOURCADE, directrice générale de la cohésion sociale, Jean DEBEAUPUIS, directeur général de l’offre de soins, Luc ALLAIRE, directeur de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie
  • Catégorie :
    • - Mesures d'organisation des services retenues par le ministre pour la mise en oeuvre des dispositions dont il s'agit. 
  • Type :
    • - Instruction aux service déconcentrés : oui
    • - Instruction du Gouvernement : 
  • Texte(s) de référence :
  • Circulaires qui ne sont plus applicables :
  • Date de mise en application :
  • Mots clefs : Action sociale, santé, sécurité sociale
  • Autres mots clefs :handicap ; établissement et service médico-social ; établissement de santé ; plan autisme ; diagnostic ; interventions précoces ; offre médico-sociale

 INSTRUCTION N° DGCS/SD3B/DGOS/SDR4/CNSA/2014/221 du 17 juillet 2014 relative au cadre national de repérage, de diagnostic et d’interventions précoces pour les enfants avec autisme ou autres troubles envahissants du développement prévu par le plan autisme (2013-2017).

2 août 2014

Communication avec les animaux ... notamment pour les personnes avec autisme

cheval communication plus facile

2 août 2014

Les projections de "QUELQUE CHOSE EN PLUS" à Paris - film réalisé par Sophie Robert

Chers tous, les projections de QUELQUE CHOSE EN PLUS à la rentrée se profilent et s'étoffent.
Pour ce qui concerne Paris, les 3, 8, 16 et 22 septembre prochain, j'ai l'immense plaisir de vous annoncer que pour la séance du 3 septembre le DR Isabelle Allard de l'IME LES PETITES VICTOIRES se joindra à l'équipe d'AVA Chambourcy (Vincent Dennery président d'AVA et Stéphane DA directeur) et moi-même.
Pour la soirée débat du 16 septembre c'est TOUTE L'EQUIPE DE L'IME ECLAIR qui se joindra a la présidente d'AIME77 Liora Crespin pour animer le débat et répondre aux questions des participants (ainsi que Josepf Schovanec si Josef n'est pas en train de se faire capturer par des rebelles neurotypiques au Balouchestan oriental, ceux qui ont lu Josef me comprendrons).
As usual, tous les détails sur DRAGON BLEU TV WWW.DRAGONBLEUTV.COM

1 août 2014

Du mauvais usage du mot "Autiste" ...

Ras le bol

J’en ai ras le bol que l’on se serve du mot « autiste » pour décrire une personne qui ne l’est absolument pas.

Ras le bol que l’on associe l’autisme à une personne imperméable, dénuée d’émotions, insensible,  froide, renfermée, fermée aux autres.

Oui, pas mal de personnes autistes ont un abord renfermé : mais surtout,  ne croyez pas que ces personnes ne vous perçoivent pas, ne vous ressentent pas. C’est d’ailleurs complètement l’inverse.

 

Les autistes ne sont pas ce que vous croyez

Ces personnes sont, comme tout le monde, bombardées de stimuli, sauf que :

• Elles les traitent d’une manière différente de vous

• Beaucoup de ces stimuli sont perçus beaucoup plus intensément que vous

• Elles ont des difficultés à les filtrer,  à saisir l’information pertinente

La conséquence est, c’est vrai, souvent un repli, une façon de stopper ce bombardement, de se protéger de ces stimulations, que vous-mêmes ressentez à peine et décodez facilement.

Au final, ces personnes sont trop perméables.

Contrairement à l’idée véhiculée, elles éprouvent des émotions, comme tout le monde, mais la différence est dans la façon de les exprimer.

Elles sont sensibles. Mon fils est ultrasensible, certainement plus que la moyenne ordinaire.

Elles ressentent la douleur, tout comme vous. Mais de manière particulière parfois : des douleurs perçues comme peu intenses pour vous sont très intenses pour elles. L’inverse est également vrai.

 

Les autistes ne sont pas des êtres inférieurs 

J’en ai marre que les autistes soient systématiquement rabaissés, vus comme des êtres inférieurs, comme si les personnes ordinaires étaient parfaites…

Oui, on dit souvent qu’ils ont peu d’empathie (c’est un sujet qui ne fait pas l’unanimité parmi les professionnels et les autistes). Mais est-ce que les personnes ordinaires font preuve d’empathie quand elles n’éprouvent que de l’indifférence face au massacre organisé d’animaux qui ont vécu leur vie dans d’atroces souffrances du début à la fin ?

Ces ados parfaitement ordinaires qui s’en prennent aux plus faibles, leur rendant la vie infernale, les rabaissant, bousillant leur vie pour toujours, font-ils preuve d’empathie ?

Oui les autistes ont des difficultés à communiquer, oui… Mais sont-ils les seuls à avoir ces difficultés ?

Quand je vois les conflits, les guerres qui éclatent, les gens qui s’insultent, qui ne s’écoutent pas, qui sont prêts à tout pour avoir ce que l’autre a, qui mentent sans cesse… Toutes ces personnes ne sont absolument pas autistes.

Les personnes autistes sont des êtres  humains, donc des êtres sociaux. En grande majorité elles veulent communiquer,  elles veulent avoir des amis, des relations. Mais au bout de 1000000 tentatives qui aboutissent à un échec total, elles arrêtent d’essayer. C’est humain.

 

Stop, par respect

Ce qui me gêne le plus dans cette mauvaise utilisation du terme « autiste »,  c ‘est que cela encourage la propagation d’idées reçues, fausses…

On n’a vraiment pas besoin de cela dans notre cause, ce n’est vraiment pas aider les personnes autistes que de faire cela.

Alors, aux auteurs de ces phrases qui sont à la mode mais qui font mal : même si vous n’êtes pas concernés par ce syndrome, arrêtez de l’associer à des idées fausses.

Par respect, dans la volonté de ne pas nuire.

Enfin, voici une vidéo qui illustre ce qu’est l’autisme

1 août 2014

Les parents de Vincent épuisés

article publié dans LAPRESSE.CA

Publié le 27 juillet 2014 à 13h35 | Mis à jour le 27 juillet 2014 à 13h35

Leur fils de cinq ans est autiste

Karine Blackburn aurait bien besoin de répit. Son... ((Photo Michel Tremblay))

Karine Blackburn aurait bien besoin de répit. Son fils Vincent est atteint d'autisme et nécessite une surveillance constante.

(Photo Michel Tremblay)

Mélyssa Gagnon
Mélyssa Gagnon
Le Quotidien

(La Baie) Vincent, cinq ans, est autiste. Il est, en quelque sorte, prisonnier de son corps et de sa tête. Ses parents, épuisés parce qu'ils ne bénéficient d'aucun service de répit, ont eux aussi l'impression de se trouver derrière les barreaux.

C'est connu, avoir de jeunes enfants peut être très exigeant. L'implication quotidienne des parents est colossale, et si les dividendes récoltés sont souvent supérieurs aux efforts investis, il en est tout autrement pour certaines familles dont la progéniture est aux prises avec un trouble envahissant du développement (TED).

C'est le cas de Karine Blackburn et d'Évens Pellerin, un couple de La Baie parent de trois enfants. Ils ont commencé à soupçonner que quelque chose ne tournait pas rond avec Vincent alors que celui-ci avait environ 18 mois. Le bambin faisait d'interminables crises et son développement stagnait. À trois ans, il ne parlait pas, tournait constamment autour des objets et refusait tout contact visuel avec autrui. Le garçonnet s'alimentait difficilement, demeurait à l'écart et ne manifestait aucun intérêt pour ses cadeaux d'anniversaire.

«C'était un enfant exigeant», se souvient Karine Blackburn. Son visage rouge et ses yeux miroir trahissent un sentiment d'exaspération, celui d'une mère de famille épuisée qui ne sait plus vers qui se tourner pour recevoir de l'aide. Elle a communiqué avec Le Progrès-Dimanche en dernier recours.

Le conjoint de Karine travaille comme superviseur en forêt et doit s'éloigner du nid familial tôt le lundi matin, pour ne rentrer à la maison que le vendredi. Karine est seule toute la semaine à gérer la maisonnée et à s'occuper de Vincent, de sa grande soeur Suzie, six ans, et de son petit frère Serge, deux ans. La bambine, vive d'esprit et très active, requiert elle-même passablement d'attention et, comme le dit son père, «déplace de l'air pas mal». Le cadet, lui, tente tant bien que mal de tailler sa place dans un univers singulier et s'affirme en criant et en s'accrochant aux jambes de sa mère.

Deux des trois enfants fréquentent un service de garde cinq jours semaine. Vincent a joint les rangs du CPE Mini-Monde il y a un an et s'y rend tous les mercredis, jeudis et vendredis. Ce sont les seuls moments de répit pour Karine Blackburn, qui ne dort plus la nuit et qui suit le rythme effarant et irrégulier de son fils. Vincent peut passer des semaines sans dormir, se rendre dehors la nuit ou partir comme ça, en plein hiver, sans chaussures. Il porte toujours des couches et refuse de boire du lait autrement que dans un biberon. Karine, elle, est en mode survie.

«L'autisme n'est pas une maladie, c'est un état. La société pense que tous les enfants autistes sont des ''Rain Man'', comme dans le film. Je ne dis pas que mon fils n'est pas intelligent, au contraire, mais il ne parle pas et si sa routine est le moindrement bouleversée, c'est l'enfer. Les gens nous jugent facilement», explique-t-elle. Pour Vincent, un store fermé devient un irritant intolérable, tout comme un banal changement de draps. Ses souliers doivent être maintenus en place avec du ruban adhésif. Sinon, il marcherait pieds nus, peu importe la surface. Il grimpe dans les armoires et déverrouille les portes. Son état nécessite une surveillance constante.

Des membres de l'entourage de Karine lui ont suggéré de "placer" Vincent, ce qui paraît inconcevable aux yeux de cette mère de famille qui aime son fils plus que tout et qui souhaite continuer d'assumer ses responsabilités parentales.

1 août 2014

Questions au Dr Eric Lemmonnier

 

Pour la lettre d'Autisme France – 25 avril 2014

Texte revu par le Dr Lemonnier

1. Comment en êtes-vous arrivé à vous occuper de personnes autistes ?

Photo d'Éric Lemonnier
Éric Lemonnier

É.L. : Un peu le hasard. J'ai été interne des Hôpitaux de Paris. Puis j'ai travaillé 3 ans à la Salpêtrière. Je suis venu à Brest parce que le Pr Lazartigues m'avait proposé un poste de chef de clinique. Pendant 4 ans, j'ai été chef de clinique, je me suis occupé du centre de soins. A l'issue de ces 4 années, le centre de ressources autisme a été mis en place à Brest, le Pr Lazartigues m'a alors proposé d'en prendre la responsabilité. C'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à m'occuper de personnes autistes. Auparavant, j'avais vu quelques enfants autistes dans les stages de pédopsychiatrie que j'avais pu faire à Paris ; j'avais croisé, tout en ignorant le diagnostic, des personnes Asperger lors des stages en psychiatrie d'adulte, toujours à Paris. Tout le monde ignorait ce qu'était l'Asperger. On était très ignorants tous. Et mon expérience était vraiment très très modeste. C'est vraiment à partir du moment où j'ai pris en charge le centre de ressources que j'ai commencé à travailler avec les personnes autistes.

2. Vous n'êtes plus au CRA de Bretagne. Quelle est votre situation actuelle ?

É.L. : Actuellement, je travaille au pôle Organe des sens où j'ai une consultation de psychiatrie, ce qui me permet de poursuivre les activités que je menais auparavant. En tous les cas celles qui ne dépendent pas d'une équipe complète telle qu'elle est présente au CRA. Et je travaille également au Laboratoire de Neurosciences de Brest.

3. Quels obstacles avez-vous rencontrés au CIERA 1, puis au CRA de Bretagne ?

É.L. : C'est lié à plusieurs choses. Si le CIERA a été un des 3 centres de ressources expérimentaux créés par le Ministère, c'est parce qu'il voyait là l'occasion d'associer dans un centre de ressources une direction bicéphale entre un service hospitalo-universitaire et une association de parents, Sésame-Autisme. Marcel Hérault à l'époque dirigeait Sésame-Autisme. Quelques années auparavant, Alain Lazartigues avait déjà eu l'intuition qu'un centre de ressources serait d'un réel intérêt et quand il en avait fait la proposition en Bretagne, l'unanimité des collègues — les pédopsychiatres de Bretagne — s'était opposée à ce projet. Quand le centre de ressources a été imposé par le Ministère, la première difficulté a été de collaborer avec les pédopsychiatres ; cela n'a pas été de soi, parfois cette collaboration a pu se nouer, se construire au fil du temps et s'enrichir de manière réciproque, en revanche avec d'autres, c'est devenu mission impossible.

Derrière cela, ce qu'il avait comme point d'achoppement initial, c'était qu'il y avait réellement la remise en question éventuelle provenant d'un centre de ressources des modèles théoriques existants en Bretagne à ce moment-là. Et puis, au fur et à mesure qu'on a avancé, qu'on a insisté pour que des prises en charge précoces en orthophonie se fassent, pour qu'on puisse accompagner ces enfants vers une scolarisation traditionnelle, d'autres facteurs de résistance sont apparus, qui étaient liés, me semble-t-il, à l'organisation des soins.

4. Est-ce que les pratiques des professionnels évoluent vraiment, malgré leur formation idéologique psychanalytique ? L'avez-vous constaté de votre observatoire breton ?

É.L. : Je suis assez partagé sur cette idée. On avait un groupe à Rennes, animé par Claire Chevreuil, qui déjà depuis une dizaine d'années avant que le centre de ressources ne soit créé, avait fait évoluer ces pratiques de façon très intéressante et s'était saisi des approches TEACCH, ABA, PECS, avec des résultats très intéressants. Il y avait une autre équipe à Vannes qui était d'emblée dans une certaine distance avec les positions théoriques psychanalytiques. Mais pour autant, les pratiques pédopsychiatriques n'évoluaient pas beaucoup. Ne serait-ce qu'imposer l'orthophonie précoce, cela nous a pris 5-6 ans, avant que les collègues reconnaissent l'intérêt de cette pratique précoce dès que le diagnostic est évoqué pour un enfant autiste.

Aujourd'hui — je vais être abrupt — je n'ai pas le sentiment que nos pratiques de soins aient réellement évolué en Bretagne, mises à part encore une fois le groupe de Rennes et dans quelques unités. On est encore loin du compte.

Dans le libéral, on a vu apparaître un certain nombre de psychologues ayant une approche ABA qui se sont installés. Mais ce sont des prises en charge ponctuelles, coûteuses pour les familles et qui posent question par rapport à l'accès aux soins. Les orthophonistes libérales ont aussi rapidement vu l'intérêt du PECS.

Dans le secteur médico-social, je trouve que les choses évoluent très lentement. Il y a un IME près de Brest (Plabennec), dans lequel un éducateur avait investi beaucoup d'énergie à faire évoluer les pratiques, pour essayer de faire adopter l'ABA. Il avait fait un travail formidable, mais çà restait balbutiant, local et cela aurait mérité une supervision plus générale de façon à faire évoluer les choses au mieux.

Je suis assez questionné aujourd'hui sur l'offre de soins offerte aux enfants autistes.

5. Les détracteurs du CRA ont dit que vous, et le Pr Lazartigues, ne vous intéressiez qu'aux Asperger ? Un commentaire ?

É.L. : Non, ce n'est pas juste. D'abord, ma pratique, l'accompagnement que je fais des enfants en témoignent. De plus ce serait idiot. En revanche, nous avons découvert le syndrome d'Asperger après quelques années au centre de ressources. Les deux premières années, nous avons eu des enfants autistes avec un retard de développement assez important, qui correspondaient assez bien à la représentation qu'on en avait à ce moment là. Et puis au fil du temps, nous avons vu arriver des patients Asperger.

Cela pose des questions compliquées. D'abord, s'agit-il des mêmes troubles ? Sûrement non, car il y en a qui se développent convenablement et d'autres qui ne se développent pas du tout. On ne va pas dire qu'il s'agit exactement des mêmes troubles, mais du point de vue du fonctionnement cognitif, est-ce que l'on peut trouver des points communs entre les deux ? Est-ce ce qu'on a quelque chose à apprendre auprès des patients autistes de haut niveau et asperger pour faire bénéficier, les patients autistes qui ont plus de difficultés, d'une amélioration de la prise en charge ? Et là, je pense que oui. C'est effectivement les patients — et les familles — qui m'ont permis de modéliser le fonctionnement cognitif de tous ces patients et d'avancer dans des propositions thérapeutiques.

6. La collaboration avec les associations d'usagers semblait être un marqueur génétique du CRA de Brest, puisqu'il a été créé en collaboration avec Sésame Autisme (à Vertou – 44). Le Pr Jacques Hochman considère qu'il y a une contagion de l'autisme, en cela que les parents se constituent en associations sectaires du fait de la psychose de leur enfant. Pensez-vous qu'il est dangereux pour des professionnels de collaborer avec les usagers et leurs associations ?

É.L. : C'est l'inverse. Je suis en total désaccord avec le Pr Hochman sur ce point. Je ne suis pas sûr que ce soit le seul désaccord que j'ai avec lui. C'est quand même curieux l'idée de vouloir prendre en charge des enfants dont les situations de handicap sont lourdes, indépendamment des parents, de favoriser les processus de développement indépendamment de ce qui se fait hors du strict lieu de soins. Tout ceci marche sur la tête. C'est très spécifique à la psychiatrie. Quand il s'agit de soigner le diabète, on fait de l'éducation thérapeutique aux familles, on se déplace à domicile pour leur apprendre à gérer soins, hygiène. Cela ne pose aucun problème, c'est une évidence. Quand il s'agit de maladies psychiques, ce serait hors de propos ???

7. Vous avez participé à un des 3 premiers CRA, dont l'expérience a permis la généralisation des centres de ressources dans le cadre du 2ème plan autisme. Aujourd'hui, il y a des CRA dans chaque région administrative, mais les utilisateurs ont une confiance mitigée dans les CRA. Pensez-vous que la qualité des services rendus est homogène ?

É.L. : Bien sûr que non. Certains diraient : heureusement !. L'uniformisation n'étant jamais très bonne, bien sûr. Mais c'est très tributaire des positions théoriques que les uns et les autres ont. En France, on est souvent dans le royaume du dogmatisme. Ce n'est pas pour rien que la France est la fille aînée de l'Église ! Il faut plaider pour l'évolution des pratiques.

8. Vous aviez animé au CRA tous les mois des groupes de paroles. Quels enseignements en tirez-vous ? C'était, d'après le rapport d'audit sur le CRA 2, une occasion de lyncher vos collègues ?

É.L. : Les collègues n'ont pas besoin de moi pour être lynchés. Ils n'ont qu'à faire évoluer leurs pratiques. Les parents sont parfois fous furieux de ce qu'on leur propose comme prise en charge, de ce qu'on leur dit en termes de renvoi à eux-mêmes des difficultés de leur enfant … Et si çà n'évolue pas, mes collègues continueront à être lynchés… Ce n'est pas Lemonnier qui va les lyncher, c'est eux-mêmes qui se lynchent.

Je m'étais rendu compte assez rapidement en accueillant les parents et les familles que chacun d'entre eux développait des méthodes d'adaptation aux difficultés de leur enfant, avec des petites combines du quotidien qui me semblaient parfois très intéressantes et qu'on pouvait reproduire. J'ai donc trouvé d'un certain intérêt que les familles puissent échanger sur ces aspects-là. C'est comme çà que se sont créés ces groupes de paroles. On s'est rendu compte au fil des réunions qu'y associer des parents d'enfants en grande situation de handicap et des parents d'enfants qui avaient très convenablement avancé dans leur développement et la scolarité n'était pas simple, les familles ne se trouvaient pas devant les mêmes difficultés. D'autre part je me suis rendu compte que beaucoup des enfants qui avaient avancé dans leur développement et leur autonomie avaient le plus souvent bénéficié d'une prise en charge minimaliste, voire sans prise en charge, et qu'ils s'étaient eux-mêmes affrontés aux difficultés au prix d'un travail quotidien, parfois très lourd. Ceci peut être allégé par le partage d'expériences.

Scolarisation

9. Vous êtes notoirement favorable à la scolarisation en milieu ordinaire (voir article dans le livre coordonné par C. Barthélémyet F. Bonnet-Brilhaut 3). Quelles sont les buts et les conditions de cette scolarisation ?

É.L. : Quel est l'objectif du travail du psychiatre ? C'est de restituer aux gens leur liberté, en sachant que bien souvent, cette liberté reste altérée pour partie par les troubles dont ils souffrent. Et il faudra réduire le plus possible cette altération.

Quel est l'objectif de l'école ? C'est d'accéder à la liberté. Plus vous avancez dans votre scolarité, plus vous êtes libres de pouvoir choisir vos orientations professionnelles, vos qualifications.

Évidemment, l'école a aussi d'autres objectifs. Mais cela me semble être l'objectif essentiel. On voit là comment les deux aspects, du soin et de la scolarisation, se rejoignent sur cet objectif qui est de faire accéder nos patients à la plus grande liberté possible. Cela ne préjuge en rien de ce qui sera obtenu à l'arrivée. Cela veut dire qu'on avance ensemble vers cet objectif.

10. N'est-ce pas trop demander aux enfants autistes, les mettre en souffrance compte tenu notamment de leur fonctionnement sensoriel et de leurs difficultés dans les relations avec les pairs ?

É.L. : C'est exactement le contraire. C'est évidemment compliqué. Ils sont anxieux souvent, mais cette anxiété s'atténue avec le temps. Ils sont scolarisés avec leurs pairs et du coup ils gagnent en compréhension du fonctionnement d'autrui et en avancées vers la liberté, toutes choses qui leur sont essentielles.

Cette histoire de souffrance des enfants autistes demande à être réfléchie un instant. Tous ceux qui ont des enfants savent qu'éduquer un enfant, c'est lui imposer un certain nombre de choses qui lui sont désagréables. Et l'école fait partie des choses qui peuvent être désagréables, mais on ne leur laisse pas le choix. Pour autant ce n'est pas très désagréable, c'est juste un peu désagréable. C'est là que çà devient compliqué pour les enfants autistes, car je crois que pour les enfants autistes, c'est du même ordre [pas très désagréable]. En revanche, ils ont plus de difficultés à exprimer ce désagrément, à le nuancer. Et ce qu'on lit en terme comportemental de ce désagrément est cataclysmique car pas nuancé. Du coup il faudrait absolument les protéger de ce désagrément. Si on organise les choses comme çà, on les maintient dans un niveau de non-vie, on organise quelque chose de très répétitif, très modeste en termes d'objectif développemental et ce faisant, on les maintient dans un niveau de handicap très important. L'accompagnement par une AVS permet notamment de traiter cette anxiété en facilitant les choses.

11. Les auxiliaires de vie scolaire sont très peu formés par l'Éducation Nationale ? Comment peuvent-ils être utiles dans ce cas ?

É.L. : C'est un des paradoxes auxquels on assiste. Il y a quelques situations où la relation entre l'auxiliaire de vie scolaire et l'enfant — ou la relation entre l'AVS et l'enseignant, ou entre l'AVS et les parents — pose problème, et dans ce cas il convient de changer le couple AVS-enfant. Mais la plupart du temps, cela se passe bien. Et ce, malgré une formation très minimale.

Plusieurs conditions sont nécessaires pour que çà puisse fonctionner. L'une, c'est qu'il y ait une supervision à l'occasion des équipes de suivi de la scolarisation — les ESS — auxquels participent l'ensemble des professionnels qui prennent en charge l'enfant. Par ailleurs il faut privilégier le bon sens, et avec quelques clés de compréhension, la plupart des auxiliaires de vie scolaire arrivent à faire avancer ces enfants d'une manière intéressante.

Peut-être en professionnalisant les AVS et en les formant mieux, on obtiendrait des résultats plus importants. Mais dès à présent, les résultats obtenus sont très encourageants.

12. La politique de réduction du nombre de fonctionnaires s'est traduite par l'augmentation du nombre d'élèves par classe, par la remise en cause des RASED etc. Comment voulez-vous que les professeurs non formés spécifiquement au handicap, et à l'autisme en particulier, puissent être utiles aux enfants TED ? Ne vaudrait-il pas mieux orienter ces enfants vers un enseignement spécialisé ?

É.L. : L'enseignement spécialisé est de deux natures : soit des classes spécialisées dans des écoles ordinaires — les CLIS et les ULIS —, soit les IME. C'est idiot de dire qu'il faudra supprimer l'une ou l'autre de ces solutions. Elles nous sont utiles pour certains enfants. Mais pour la grande majorité des enfants autistes — c'est-à-dire ceux qui n'ont pas de retard mental, qui ont des potentialités d'avancée correcte, et il est très difficile de le savoir d'avance — la scolarisation en milieu traditionnel reste très bénéfique.

Dans la tradition française, ces enfants-là sont mis ailleurs que dans l'école ; l'école n'a pas à s'en préoccuper. Avec la loi de 2005, on change de paradigme. L'exemple des autres pays européens nous apprend qu'il y a quelque chose à gagner de la scolarisation des enfants handicapés. Pour les enfants eux-mêmes — et la situation des enfants autistes le démontre — mais aussi pour la représentation que chacun d'entre nous a du handicap et de la vie avec des personnes handicapées. On est un pays où il y a une certaine indignité civique collective dans l'accueil que l'on fait aux personnes handicapées. Et si on veut que çà évolue, cela passe notamment par le fait que les enfants grandissent ensemble.

13. La loi de 2005 permet l'inscription à l'école de tout enfant handicapé. Certains ont craint que cela entraînerait des problèmes d'emploi et de gestion dans les IME. Cela n'est manifestement pas le cas. Qu'en pensez-vous ?

É.L. : Si nous parvenons à un meilleur développement des enfants autistes et ce faisant une avancée facilitée dans la scolarisation, un certain nombre d'entre eux qui auparavant auraient été en IME, n'iront pas en IME. Cela veut dire que les IME seront amenés à faire évoluer leurs pratiques — puisque ces enfants ont besoin de soins — pour accompagner ces enfants indépendamment du fait qu'ils les accueillent toute la journée. Cela fait partie des facteurs de résistance. Si la seule raison de ne pas développer des techniques et des approches plus pertinentes, c'est le risque de réduire les missions d'autres structures cela me semble inacceptable.

14. Vous avez animé en décembre 2013 une journée d'information des professionnels organisée par le conseil général et la MDPH des Côtes d'Armor sur les recommandations de la HAS. Pensez-vous que les MDPH prennent bien en compte le handicap autistique ? Que doivent-elles faire ?

É.L. : Il y a une très grande diversité dans les MDPH. Elles sont là aussi tributaires des collègues qui y participent, et des représentations qui sont les leurs. Il faut du temps pour faire évoluer ces représentations. La résistance de la psychiatrie est très importante. Les MDPH commencent à prendre conscience qu'il y a des pratiques qui sont mieux adaptées, prennent conscience que la scolarisation est bénéfique. Pour autant, elles ne peuvent imposer à qui que ce soit certaines formes de pratiques. La MDPH n'est là que pour discuter de l'attribution des aides et des orientations.

15. Vous avez donné votre avis pour l'émission de Zone Interdite diffusée par M6 le 19 janvier. Ces maltraitances sont-elles exceptionnelles, la pointe émergée de l'iceberg ou le signe d'un problème diffus ?

É.L. : J'espère — je ne suis pas au courant de tout ce qui se passe dans toutes les structures pour personnes handicapées — que les situations que nous avons vues à M6 étaient des situations caricaturales. Pour autant, qu'est ce que la maltraitance dans une situation de cette nature ? Tout ce qui n'est pas le mieux adapté en regard des connaissances actuelles constitue de la maltraitance. Nous sommes dans des champs où nous sommes — devrions être — gouvernés par la connaissance. Et nous constatons que nous sommes gouvernés par des systèmes de représentation obsolètes, des pratiques ancestrales qu'on ne parvient pas à faire évoluer. Du coup, on n'offre pas toujours aux gens les soins les mieux adaptés …

Imaginez que vous ayez une tuberculose osseuse et qu'on vous soigne comme avant l'invention de la pénicilline, au prétexte que c'était comme çà qu'on faisait avant : c'est de la maltraitance. Alors pourquoi est-ce accepté dans la maladie mentale ? Oui, les parcours de soins sont lents à se mettre en place. Oui, on est encore dans un système de soin assez éloigné des exemples étrangers.

Adultes

16. Les questions d'emploi des personnes autistes sont un terrain vierge en France. Avez-vous une expérience en la matière et en tirez-vous des conclusions ? En ce qui nous concerne, les entretiens d'embauche nous apparaissent discriminatoires par principe : inefficaces pour tous, et entraînant systématiquement l'exclusion des personnes autistes qui n'ont pas les codes nécessaires.

É.L. : La situation de l'emploi des personnes autistes est assez complexe et assez diverse. D'abord parce qu'il y a vraisemblablement un certain nombre de gens qui sont Asperger, autistes de haut niveau, non repérés et qui ont un emploi. On les repère lorsqu'il y a un problème, et le problème intervient parfois assez tardivement dans la vie professionnelle. Peut-être la situation n'est pas aussi catastrophique que çà.

Pour autant, maintenant qu'on repère ces enfants tôt, qu'on les accompagne dans leur formation professionnelle, quand il s'agit pour eux de rentrer dans le monde du travail, c'est souvent très difficile. Et finalement les difficultés que nous avions pour les scolariser, se reposent à l'identique, toutes proportions gardées. Il faut que le monde professionnel arrive à s'adapter aux particularités cognitives de ces patients. Si le monde professionnel y parvient, ce sera un enrichissement ; j'en suis convaincu, pour des raisons subtiles compliquées à développer ici.

Aujourd'hui, le monde professionnel est fait de communication avec les autres. On estime qu'un cadre dans une entreprise doit passer à peu près 20 % de son temps à faire valoir son travail plutôt qu'à travailler à proprement parler. Voilà des choses qui sont très compliquées pour des personnes autistes. Cette sur-adaptation sociale aujourd'hui demandée dans le monde professionnel est évidemment sur-handicapante pour les personnes autistes.

Dans les situations où çà ne fonctionne pas, où il faut remettre en chantier les choses, on a une structure à Lorient qui a développé un savoir-faire très intéressant : Le Chalet. S'appuyant sur deux ESAT, un chocolatier et le zoo de Pont-Scorff 4, et travaillant l'autonomie au quotidien avec des appartements dits thérapeutiques et un petit groupe de professionnels qui font un travail magnifique. On apprend une chose, c'est que c'est très long. Et que s'il n'y a pas un écho dans le monde professionnel, cela reste un travail sans lendemain.

17. Comment le fonctionnement sensoriel des personnes autistes a-t-il des conséquences sur leurs inter-actions sociales ? Est-ce que le fonctionnement cognitif particulier des personnes autistes peut être un point fort pour eux ?

É.L. : Ils le disent tous : l'aspect neurosensoriel leur pose des problèmes du point de vue social. Le témoignage d'un adulte Asperger qui dit qu'il ne peut pas regarder les gens dans les yeux, car les ils brillent trop. Un restaurant d'entreprise, trop bruyant. Ce qui est compliqué, c'est que le même bruit peut à un moment donné être insupportable, et à un autre moment, peut ne pas être perçu. Cela dépend ce sur quoi ils portent leur attention. Quand ils sont dans une situation d'attention diffuse, flottante, ils saisissent immédiatement l'élément qui les perturbe. Cela devient insupportable parfois pour des choses très minimes : le bruit d'un crayon à papier sur une feuille … et cela peut donc être compliqué dans le monde du travail.

Pour le fonctionnement cognitif, les personnes autistes sont des spécialistes de l'idiosyncrasie 5. Je pense qu'ils ont des capacités d'inventivité, qui, s'affranchissant des contraintes contextuelles, leur permet de proposer des choses très intéressantes. Ils ont du mal à faire le tri entre ce qui peut être intéressant et ce qui ne l'est pas. Il faut les aider à faire ce tri.

Bumétanide

18. Vous avez été à l'origine, suite à un colloque de l'ARAPI, d'un essai sur le bumétanide dont nous connaissons aujourd'hui les développements spectaculaires. Pouvez-vous nous expliquer les hypothèses de ces essais et leurs résultats ?

É.L. : L'hypothèse de départ repose sur la meilleure compréhension qu'ont les chercheurs fondamentalistes, en l'occurrence Yezekhel Ben-Ari, du développement du cerveau. Il nous apprend que le cerveau du fœtus est un cerveau qui fonctionne, mais qui ne fonctionne pas du tout comme le cerveau mature. Dans cette différence de fonctionnement, il s'était intéressé particulièrement aux neurones GABA. Il avait montré que les neurones GABA sont excitateurs pendant la vie fœtale : exerçant alors une fonction particulière qui est de participer au contrôle de la migration neuronale. Une fois la migration finie, ces neurones changent d'activité, deviennent inhibiteurs et ont alors pour fonction de synchroniser le fonctionnement, avec des synchronisations subtiles et diverses, modulaires parfois. 

Ce qui m'a amené à penser qu'il y avait quelque chose à faire chez les enfants autistes, je le dois là encore aux parents. Ils m'avaient appris que lorsqu'ils avaient été parfois amenés à donner du valium à leur enfant, en recherchant une sédation, pour des soins dentaires ou autres, ils observaient une réaction paradoxale d'excitation de l'enfant. Cela voulait dire qu'on avait des neurones GABA qui restaient dans une position d'excitateurs, ou qui étaient revenus dans une position d'excitateurs, et qui n'assuraient donc plus cette fonction de synchronisation. L'hypothèse initiale s'est construite autour de ce constat clinique et de l'exposé qu'avait fait Ben-Ari à l'ARAPI, de cette meilleure connaissance du développement du cerveau.

On a alors regardé si on pouvait intervenir sur le taux de chlore des neurones GABA, puisque c'est de cela qu'il s'agit au niveau physiologique. On s'est rendu compte qu'on avait dans la pharmacopée humaine à disposition un diurétique, qui intervenait de façon très intéressante et très spécifique sur ce taux de chlore. On a proposé un traitement par ce diurétique, et on a eu beaucoup de chance : d'abord, parce qu'il s'agissait d'un diurétique qui existait depuis 40 ans, on en connaissait assez bien l'utilisation humaine. J'ai réussi à convaincre les différents comités de protection des personnes, le comité d'éthique du CHU de Brest, qu'il y avait un certain intérêt à mener ces essais. Le CHU de Brest m'a suivi à ce moment-là de façon magnifique, me permettant de réaliser un premier essai randomisé, en double aveugle, portant sur 60 patients. On a constaté une amélioration clinique. Moi, je constate que chez les patients qui poursuivent au fil du temps ce traitement, l'amélioration se renforce. Ces premiers résultats nous ont amenés à poursuivre l'aventure, avec plusieurs objectifs : un premier objectif simple est de disposer dans notre arsenal thérapeutique de ce traitement.

Pour le moment il nous faut confirmer par de nouvelles études multicentriques nos premiers résultats, c'est la condition nécessaire avant d'envisager de proposer ce traitement de manière ouverte.

19. Quels sont les risques dans l'utilisation du bumétanide ? À court terme ? À long terme ?

É.L. : À court terme, comme tous les médicaments, il a des risques qui peuvent concerner les allergies. C'est un diurétique, il fait pisser, il peut provoquer des hypotensions hypostatiques, une déshydratation. On a de la chance d'être efficaces avec des doses très faibles. En revanche même à ces faibles posologies il provoque, dans un tiers des cas, une perte en potassium. Il faut surveiller strictement le taux de potassium, et proposer une supplémentation si le taux vient à baisser.

À long terme, il peut avoir des effets sur la fonction rénale et la fonction hépatique, et donc on les surveille tous les 6 mois, de manière à cesser le traitement si on observait une perturbation de ces fonctions.

Il faut un strict suivi médical. La bumétanide sans strict suivi médical, c'est mettre en danger de mort les patients. Cela fait un peu bizarre, mais la perte de potassium peut entraîner des troubles cardiaques et la mort. Et trop de potassium peut entraîner la même chose. On ne peut pas s'aventurer à poursuivre ce traitement comme çà, en aveugle. Il est absolument nécessaire qu'il soit encadré médicalement.

20. Le bumétanide agit-il différemment suivant le type d'autisme ? Comment le savoir ?

É.L. : C'est une question qui est évidemment essentielle. Je suis bien incapable de répondre à cette question pour l'instant. Mon impression est que si on rétablit les capacités de synchronisation du fonctionnement cognitif, les enfants autistes qui se retrouveront dans des situations assez diverses — la diversité du quotidien — en bénéficient mieux que ceux qui se trouvent dans des situations très répétitives.

On a bénéficié de financements, notamment de l'Agence Nationale de la Recherche, qui nous permettent d'avancer dans l'exploration scientifique, sur la meilleure compréhension de l'efficacité de ces traitements. Nous menons des études sur le long terme pour mesurer sur quoi porte cette amélioration et sur la cinétique de cette amélioration. Il est vraisemblable que nous nous trouvions un jour dans une situation où l'amélioration sera sensiblement différente selon l'âge de début du traitement.

21. Le bumétanide a-t-il un impact sur le fonctionnement sensoriel des personnes autistes ?

É.L. : Cliniquement, les témoignages des parents sont compliqués à comprendre. Parfois, ils rapportent des améliorations claires, et parfois des aggravations. Est-ce que ces deux choses sont contradictoires ? Je ne crois pas. Mais comment les comprendre ? Ou est-ce qu'on a affaire à des formes différentes ? Cela fait partie des travaux de recherche indiqués précédemment.

22. Le mécanisme sur le niveau de chlore dans les neurones est-il spécifique à l'autisme, ou peut-il concerner d'autres troubles ?

É.L. : Il semblerait que ce mécanisme soit réactionnel à un assez grand nombre de troubles neurodéveloppementaux. Il est encore trop tôt pour en dresser la liste.

23. Votre chef de service se répand dans la presse et les administrations pour dire que vous êtes en conflit d'intérêt 6. L'accusation peut paraître plaisante, dans la mesure où il a fait la promotion d'un article sur Mediapart 7 qui accuse de conflit d'intérêt le co-président du groupe parlementaire autisme, Gwendal Rouillard, au motif qu'il a un frère autiste. Rassurez-nous : aucun autiste dans votre famille proche ? Et autre conflit d'intérêt possible ?

É.L. : Moi, j'ai une famille normale, de français normaux, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui ont des maladies mentales graves. C'est tabou, on n'en parle pas. Est-ce que certains d'entre eux ont été concernés par l'autisme ? A priori pas, même si des erreurs de diagnostic sont toujours possibles. Mais il est impossible de reconstruire historiquement un diagnostic précis. En tous les cas, ce n'est pas çà qui m'a incité à m'intéresser à l'autisme. Est-ce que ceci a quelque chose à voir dans ma détermination à être psychiatre ? Peut-être, mais là encore, je n'en suis pas sûr. C'est très multifactoriel.

En revanche, cette histoire de conflit d'intérêt mérite d'être éclaircie. Quand nous avons découvert, avec les premiers résultats, que la bumétanide avait un bénéfice pour l'autisme, le CHU de Brest et l'INSERM ont conjointement déposé un brevet d'application dont les co-inventeurs étaient Yezekhel Ben-Ari et Éric Lemonnier. L'INSERM, par la voie de son service de valorisation, a demandé à Y. Ben-Ari d'avancer vers l'obtention de l'Autorisation de Mise sur le Marché - l'AMM -, et de constituer à cette fin une start-up. Nous avons avec Ben-Ari constitué une start-up pour répondre à cet objectif d'obtenir l'AMM pour le bumétanide dans l'autisme. Évidemment, et le CHU de Brest et l'INSERM sont intéressés financièrement dans le succès de l'entreprise. Évidemment, Ben-Ari et moi aussi. À partir du moment où les choses sont clairement dites, je ne vois pas là de conflit d'intérêts.

Une fois que cette entreprise sera menée à son terme, nous verrons bien ce que nous déciderons de faire les uns et les autres avec la société Neurochlore 8. Ce n'est pas à 55 ans que je vais commencer une carrière d'industriel. Je suis psychiatre, je suis très épanoui dans ce métier, j'y trouve un intérêt chaque jour renouvelé. Et en plus, j'ai la chance de participer à une élaboration tout à fait nouvelle et prometteuse. Cela suffit à remplir la vie. L'argent, c'est du fantasme. Cela me fait marrer.

24. Il vous accuse également publiquement d'une utilisation illégale du bumétanide ? Un commentaire ?

É.L. : Mon chef de service ne sait pas très bien de quoi il parle. Un médecin est dans la liberté de prescrire ce que bon lui semble pour le bénéfice de son patient. Il y a deux limites à çà : il n'a pas le droit de le tuer ni de lui faire du mal, et si possible, il vaut mieux qu'il ne fasse pas n'importe quoi – l'autorisation de mise sur le marché n'est pas un cadre légal de prescription et n'affranchit pas le médecin de sa responsabilité.

Si çà se passe mal, il est traîné devant les tribunaux par les patients ou les familles, et il sera tenu comme responsable. L'AMM ne protège en rien le médecin. C'est juste un cadre de remboursement du médicament.

Il s'avère qu'en pédiatrie, en pédopsychiatrie particulièrement, on prescrit beaucoup hors AMM pour des raisons qui tiennent au développement des industries pharmaceutiques, qui, la plupart du temps, ne font pas les études nécessaires pour obtenir l'AMM chez les enfants. Il est donc absolument nécessaire lorsqu'on prescrit en pédiatrie hors AMM de s'assurer qu'on ne fasse pas n'importe quoi. On doit s'appuyer sur un corpus scientifique..

Pour le bumétanide, c'est particulier. La bumétanide a une AMM en pédiatrie, puisqu'on peut l'utiliser en pédiatrie lorsqu'il s'agit de traiter les situations d'œdème. Elle ne l'a pas concernant l'autisme, évidemment. Nous sommes en train de constituer ce corpus. Plus nous avançons, plus nous accumulons des publications, des éléments de preuve. Ce traitement n'est pas nouveau dans le sens où il existe depuis 40 ans. Nous ne pouvons pas nous abriter derrière un gros laboratoire pharmaceutique qui en prendrait la responsabilité, et nous sommes à la fois le laboratoire pharmaceutique et le prescripteur. J'en assume tout à fait la responsabilité.

Il n'y a pas interdiction de prescrire hors AMM : il y a juste interdiction d'abîmer nos patients. Je pense que le chef de service serait d'accord avec moi.

25. Pouvez-vous faire le point sur les études en cours ?

É.L. : C'est l'Agence Européenne du Médicament qui délivre aujourd'hui les AMM. La société Neurochlore a signé un PIP (programme d'investigation pédiatrique) qui nous permettra d'accéder à cet AMM. L'Agence nous demande de faire deux essais supplémentaires : le premier essai vise à déterminer la posologie la plus adaptée, en fonctions des bénéfices et des inconvénients. Cet essai est un essai multicentrique 9 qui se déroule actuellement, et dont on espère qu'il sera fini à la fin de l'automne.

À l'issue de cet essai, nous ferons un second essai, toujours multicentrique, dans un plus grand nombre de centres, avec la participation de plusieurs pays européens, qui nous permettra de confirmer les résultats. On espère que ce second essai pourra commencer courant 2015, et fin 2015, on espère avoir fini ce travail et obtenir l'AMM.

Il n'est pas impossible, en raison du fait que le bumétanide est connu depuis longtemps, que nous puissions obtenir une Autorisation Provisoire d'Utilisation à l'issue de l'étape actuellement en cours. On verra.

26. Pensez-vous pouvoir guérir l'autisme par une manipulation génétique ou un traitement médicamenteux préventif avant ou après l'accouchement ?

É.L. : L'autisme, c'est neurodéveloppemental, et à l'origine de l'autisme, il y a des anomalies génétiques complexes et multiples. Vraisemblablement, celles-ci doivent exister dans un certain environnement, dont on ignore pratiquement tout, pour que la maladie se développe. L'événement génétique initial va se dérouler très précocement, et il y a une cascade d'événements qui vont suivre, concernant pour partie les neurones GABA. L'autisme se diagnostiquant, lui, assez tardivement : 18 mois, 24 mois, 36 mois, 5 ans. Il n'est pas du tout clair que si l'on intervienne par une thérapie génique sur l'origine, cela modifie toute la cascade. Les choses se sont déjà écoulées. Et les spécialistes du développement du cerveau semblent dire que çà ne serait pas le cas. La thérapie génique dans l'autisme, je crois que c'est un rêve inaccessible.

Dans l'autisme, tel que nous le définissons aujourd'hui cliniquement, qu'est-ce qui revient à tel type de mécanisme neurobiologique ou à tel autre ? Si un grand nombre de troubles de l'autisme actuellement reviennent au mécanisme du type GABA inversé, alors on peut espérer pouvoir réduire très tôt ce type de symptômes. Mais il restera les autres symptômes éventuels, qui ne sont pas secondaires à ce mécanisme-là.

Derrière ces questions, il faut d'abord que nous ayons une physiopathologie de l'autisme. On a mis avec l'histoire des GABA un premier pied dans cette affaire. Très prometteur puisqu'on a aussi un traitement. D'autres travaux sont menés. On va avancer sur cette question.

27. Pour nous, l'autisme est un handicap cognitif. La plupart de vos collègues français semblent penser encore qu'il s'agit d'une psychose. Certains adultes autistes parlent de neurodiversité et Laurent Mottron dit que l'autisme est une autre forme d'intelligence. Votre avis ?

É.L. : On est dans un débat impossible. S'il s'agit juste de faire que les processus de pensée soient identiques chez tout le monde, c'est débile. Si on se contente de dire que l'autisme est une autre forme d'intelligence et qu'il faut la respecter comme telle, pourquoi pas ? À la condition que les autistes soient heureux. La réalité, c'est que la plupart des personnes autistes sont dans des situations de handicap très profond, avec le cortège de souffrances et de difficultés. C'est de ceux-là qu'il s'agit.

Imaginons qu'un jour on dispose d'un traitement très précoce qui nous permettent de rétablir les capacités cognitives – pour aller vite, de traitement simultané. À ce moment-là, on perdra vraisemblablement un certain nombre de spécificités de la pensée dans le champ humain. Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Parce que je vais améliorer certaines situations catastrophiques, je vais prendre le risque de perdre quelque chose. C'est une situation très compliquée. Mais ce n'est pas parce qu'on peut avoir une fascination pour l'intelligence particulière que peuvent représenter certains de ces patients qui sont dans des situations d'autonomie et de liberté réelle qu'il faut refuser un éventuel traitement, il ne faut pas oublier que c'est d'abord de la souffrance pour tout le monde.

28. La cause est-elle héréditaire ? génétique ? environnementale (à expliciter) ? psychologique ? Est-ce utile de le savoir ou faut-il se contenter désormais d'une origine officiellement inconnue, pour mieux travailler avec les parents ? 

É.L. : L'autisme trouve ses origines dans le neurodéveloppement précoce. Tous les travaux actuels nous y ramènent, Éric Courchesne etc … Pour quelles raisons ? Il semble que les causes génétiques soient clairement les plus candidates à l'explication. Mais comme les choses sont très compliquées, comme pour l'instant même sur le plan génétique, on ignore la plupart des processus, et qu'à chaque fois qu'on trouve un gène, on trouve des gens qui portent ce gène — ou les mêmes anomalies génétiques — et qui vont bien, ou qui n'ont pas les mêmes formes de troubles, on a le sentiment qu'interviendraient d'autres facteurs environnementaux. Dans le neurodéveloppement, de toute façon, c'est très entremêlé, environnement et génétique, dès qu'un neurone apparaît, il fonctionne et apprend de son environnement. On avancera dans les explications, on fera la part de ce qui revient à la génétique et de ce qui revient à l'environnement. Est-ce que dans ces causes-là, la psychologie intervient ? Il n'y a pas de raison que çà n'intervienne pas. Quelle place a-t-elle ? Je n'en sais rien. Primordiale : je n'en suis pas sûr. Qu'est-ce qu'on appelle psychologie ? Et quand il s'agit de l'environnement fœtal, la psychologie peut intervenir bien sûr. Si la maman est très stressée durant la grossesse, peut-être cela peut jouer un rôle. Cela reste très hypothétique ? Est-ce que ceci a de l'intérêt quand il s'agit de travailler avec les parents ? On arrive après coup. Quel est l'intérêt de savoir que vous avez été stressés des années auparavant si ce n'est d'alimenter la culpabilisation, la où il nous faut au contraire me semble-t-il, la réduire, de manière à faciliter l'accompagnement de ces enfants par les parents ?

29. À quoi devraient servir les CRA à l'avenir, selon vous ?

É.L. : Les CRA avaient des missions. Elles étaient bonnes. Leurs succès : mieux comprendre l'autisme, accompagner, informer sur les protocoles thérapeutiques (scolarisation, médicaments, approches éducatives). Leur échec, c'est l'incapacité à faire évoluer les pratiques.

30. Avez-vous des projets en ce qui concerne les personnes autistes ?

É.L. : D'abord en ce qui concerne les enfants : mettre en place des prises en charge précoces et adaptées, très tôt. Il faut s'appuyer sur l'empathie et l'imitation (voir méthode de Denver) ; en cas de retard mental, utiliser les approches de Bruno Gepner et Carole Tardif ; et des approches médicales nouvelles. Les structures de prise en charge doivent garder une grande souplesse d'adaptation et de réactivité.

Sur le plan médical, une grande attention doit être portée :

  • aux soins somatiques : par exemple il semble qu'il y ait plus d'infections par pylobacter ;
  • aux troubles de la migration cellulaire, aux foyers infracliniques d'épilepsie.

Pour les adultes :

  • pour les autistes de haut niveau, il faut accroître leur autonomie – et parfois repartir depuis le départ (exemple du Chalet à Pont-Scoff) :
  • en cas de grand handicap : aller voir des FAM. Avez-vous envie d'y vivre là, vous ? Cela peut être d'une grande indignité. Il faut mieux faire valoir les souhaits et les désirs des familles et des patients aussi handicapés soient-ils.

1 CIERA : CRA de Bretagne et Pays de Loire (1999-2006) avant la généralisation des CRA par région administrative dans le cadre du 2ème plan autisme.

2 Mission d'expertise sur l'organisation et le fonctionnement du Centre Ressources Autisme (CRA) de Bretagne à la demande de l'ARS de Bretagne et du Centre Hospitalier Régional Universitaire de BREST, décembre 2013 (document PDF), p. 27

3 L'autisme : De l'enfance à l'âge adulte

4 Le Chalet : unique en France !

5 Idiosyncrasie : comportement particulier, propre à celui-ci, d'un individu face aux influences de divers agents extérieurs

6 Autisme. Le devenir du centre de ressources en question.

7 Blog : Autisme : l'enjeu de la protection sociale

8 La start-up créée.

9 CRA Lyon, Nice, Marseille, Laboratoire de Neurosciences de Brest, Joaquin Fuentes (Pays Basque)

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