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"Au bonheur d'Elise"
26 septembre 2011

article publié sur le site d'Autisme Infantile le 26 septembre 2011

Laurent Savard grimpe au MUR

Laurent, tu présentes, dans ton spectacle, la psy qui suivait Gabin à l’école d’une manière qui nous est complètement ridicule, à nous parents d’enfants autistes. Pour ma part, avant de visionner le reportage Le Mur par Sophie Robert, je n’avais jamais entendu ce genre de discours, à part dans les mots des parents qui passent sur Autisme Infantile, et j’ai été profondément choquée par leur message. Qu’as-tu pensé de ce reportage?

Sophie Robert a réalisé un travail remarquable, courageux et tellement révélateur! Bravo également à Autistes Sans Frontières, il y aura un AVANT et un APRÈS « LE MUR », c’est certain. Il suffit d’aller sur Facebook et de voir à quelle vitesse se reproduisent les crocodiles! J’ai même croisé quelques alligators, peut-être des mamans mal renseignées.

Plus sérieusement, l’enjeu est désormais que ce reportage soit diffusé le plus largement possible. La prise en charge de l’autisme, c’est comme le Médiator, c’est un problème de santé publique. Nos politiques peuvent-ils donc ainsi cautionner les dérives d’une pseudo-science qui est à la psychologie ce que l’astrologie est à l’astronomie? Bon, OK, j’avoue parfois regarder mon horoscope, mais dans une logique de pur divertissement. Mon regard sur la psychanalyse est du même ordre.

Qu’ils s’appellent Geneviève, Aldo ou Gaston, les propos livrés par les psychanalystes – et pas que dans ce reportage – sont de l’ordre du risible, l’absurde étant la base de l’humour, il suffit de relire Devos pour s’en convaincre. On dira donc que Gaston est un Raymond qui s’ignore.

Quand notre ami Aldo attribue « la culture » au père et « la nature » à la mère, « la culture » étant censée détacher l’enfant de mère « nature », j’ai donc deux options: soit je m’esclaffe, soit j’avoue avoir fauté, je n’ai pas joué mon rôle de père, putain, merde, j’ai laissé fusionner mon fils avec sa mère, et du coup j’ai fait barrage au langage et à toute bribe d’autonomie! Mais oui bien sûr, mais quel con je suis, quel con! Ou comme aurait pu dire l’ami Zemmour qui aime bien reprendre les propos d’Aldo, la classe en moins (notez la virgule), j’ai dû trop changer les couches de mon bébé de fils, trop dû lui donner son bain, ce qui rime avec Gabin bien sûr, et ça, forcément, ça a dû lui foutre tout un bordel dans la tête de voir son papa lui nettoyer les fesses!

Maintenant, c’est curieux, car juste à l’étage au dessus un couple d’amis avait aussi un petit garçon, à quelques mois près du même âge. Et je crois bien, j’en suis même sûr, que le papa lui donnait systématiquement le bain, je pense même qu’il lui a aussi nettoyé le zizi plus d’une fois… et bien rien, il avait rien son petit! Il a eu chaud, mais putain il a rien, il a très vite marché, parlé, non, rien, ni handicap, ni talent particulier. Bon, il faudrait songer à en parler à Aldo.

Oui, mieux vaut en rire, car bien évidemment, mis en application, les propos de Geneviève & friends n’aboutissent au mieux qu’à l’inaction, au pire… bah au pire. Packing, internement dans des pseudo-centres de soin, parfois en dehors de nos frontières. Où les enfants végètent toute la journée avec quelques Legos, à poil derrière des portes vitrées fermées à clef, et qu’on ne risque pas de faire poser dans un quelconque calendrier.

Les politiques ne peuvent plus continuer à ignorer ces pratiques, le traitement de l’autisme est une bombe à retardement bien plus terrible que le scandale du sang contaminé… et l’amie Martine – OK, Aubry, je dis Aubry – devrait demander plus de détails sur sa conception de la prise en charge de l’autisme à Monsieur Delion, qu’elle aurait choisi comme expert en la matière – désolé j’ai oublié le prénom, mais à priori ce n’est pas Gaston. En plus Lille n’est pas loin de la frontière, super pratique, juste un petit aller-retour. Si tu veux je viens avec toi Martine… euh je me permets le tu, en mec plutôt de gauche comme la plupart des artistes engagés mais pas trop. Mais qu’ils s’appellent Martine, Ségolène, Nicolas, François ou bien encore François – euh, Gaston y’a pas, et Marine on s’abstiendra, étant de plus en plus adepte de l’ »extrême-centre » – il est temps que les politiques s’engagent sur le sujet, et s’ils n’ont pas l’info qu’ils visionnent « le Mur » en priorité.

De mon côté je retiens la phrase de mon pote Laurent – le prénom en commun, peut-être: « Si l’enfant ne fait rien de toute la séance et que je somnole à coté de lui, ça m’est égal. Je suis habitué à ça dans mon travail de psychanalyste ». Oui, c’est mon pote, car nous sommes deux à aimer faire la sieste, rien de tel après une bonne bière. La seule différence, c’est que Gabin ne m’en laisse pas le loisir. Gabin étant aussi hyperactif, je pense même que l’autre Laurent aurait beaucoup de mal à faire sa petite sieste « tranquille, à la cool, je rêve de mon plumard ». Mais Laurent n’en demeure pas moins mon pote, car je préfère de loin un psychanalyste qui sommeille.

Si tu avais pu poser une question aux psychanalystes interviewés, qu’aurais-tu demandé?

Bon, là je vais faire super court: « eh les ami(e)s, pourquoi vous posez tou(te)s devant une bibliothèque? Les livres, c’est pour faire intelligent ou c’est parce que vous planquez vos Pif Gadget? » Bon, OK, on leur a peut-être demandé, et à sa décharge Bernard (Golse) est à son bureau, et on remarque une jolie peinture à sa droite. J’aime bien ce coté dépouillé, il me fait penser à mon salon super feng-shui et super dépouillé, vu que mes livres sont un peu dans leurs cartons. Pour cette note artistique, merci Bernard.

J’ai décidé, puisque je suis une maman crocodile, de profiter de mon statut pour montrer les dents aux psychanalystes. On n’entend pas très souvent les papas. Que penses-tu de ton statut de stylo Bic?

J’adore écrire, mais paradoxalement je fais usage principalement du clavier, cela dénote un problème, pas de doute. Qui plus est, Marylou, la maman de Gabin, collectionne les 4 couleurs (véridique)! C’est donc un très gros problème, seul un psychanalyste digne de ce nom serait capable d’expliquer – pardon, interpréter – la chose.

Mais puisqu’on fait ici allusion à cette chère Geneviève du reportage – le voir pour le croire – je dois avouer ma gêne. Si Geneviève savait tout ce que j’ai pu faire subir à mes jouets étant jeune, j’aurais rassemblé tous les handicaps possibles sur terre, il est même probable que ma mère m’ait expulsé avant même la conception.

Pour ma part, en tant que papa qui ne peut donc montrer ses dents (et mon sourire n’est peut-être pas des plus terribles), comme chacun des personnages que j’interprète dans mon spectacle, j’essaie de comprendre qui sont les psychanalystes, comment ils fonctionnent, comment situer une Geneviève ou un Aldo dans le spectre psychanalytique… et, à l’image de nos enfants, ils sont bien sûr tous très différents. Et comme au final j’ai beaucoup de mal à les comprendre (voilà ce que c’est de ne pas avoir lu tous les bouquins de la bibliothèque), je préfère les interpréter… mais pas qu’eux bien sûr, ils ne sont pour moi source d’aucune obsession.

Dans le parcours de votre famille pour aider Gabin (obtention du diagnostic, prises en charge), avez-vous souvent eu affaire avec des personnes d’obédience psychanalytique?

La psychologue scolaire que j’interprète dans Le Bal des Pompiers, nous l’avons croisée bien entendu. Ses propos sur Gabin, qui se mettait au centre d’un cerceau pour mieux chercher l’utérus de sa maman, elle les a effectivement tenus. Le terme de succion auto-érotique – Gabin suçait son pouce – elle l’a également écrit mot pour mot dans une lettre adressée au psychologue d’un CMP, que nous ne sommes jamais allés voir, bien sûr. Et la lettre nous l’avons décachetée, cela va de soi.

La psychanalyse était en elle depuis toujours, c’est certain, un peu comme une Jeannie Longo accro à son vélo, pas moyen de la faire pédaler autrement – métaphore de haut vol, je sais – mais dans le même temps, sa voix douce et son attention sincère, son physique plutôt agréable – je parle de la psy bien sûr – faisaient qu’il était plutôt sexy d’être en sa compagnie. Il fallait juste ne pas l’écouter ou plutôt faire en sorte que ce soit elle qui nous écoute. Sinon c’était tomber dans un terrible piège, qu’elle n’était même pas consciente de nous tendre. Et nous esquissions faussement un sourire complice quand elle nous glissait qu’on en était plus à Bettelheim. C’est l’avantage d’être comédiens. On décode peut-être aussi plus vite les intentions.

Que penses-tu du fait que la majorité des prises en charge en France pour les autistes soient trustées par les psychanalystes, sachant que cette pratique n’a jamais donné de résultat sur nos enfants?

Il est amusant de voir comment les psychanalystes concernés introduisent progressivement des techniques comportementalistes ou des supports visuels tout en ne démordant pas de Freud et Lacan. D’ailleurs le problème n’est pas la psychanalyse en soi, on s’en tape de Freud et Lacan tant qu’ils ne mènent pas à une maltraitance de nos enfants. Qu’un adulte majeur et consentant ne souffrant d’aucune pathologie aille livrer ses rêves et autres névroses en cabinet, et qu’éventuellement il en tire un bénéfice ou quelque rééquilibrage psychologique, why not… et quand Carla Bruni – exemple d’adulte à priori consentante, choisie au pif avec ou sans gadget – déclarait se rendre deux fois par semaine chez son analyste par « hygiène », même si j’ai du mal à établir le rapport entre lavage des mains et abréaction (bon j’avoue j’ai quelques restes du Bibliobus), là encore je me dis que chacun voit midi à sa porte-fenêtre – métaphore Lorenove cette fois… mais cette même Carla aurait-elle accepté qu’on l’enveloppe dans des draps glacés? « Et vous trouvez ça normal!?! » aurait même ajouté son protecteur de mari. Non tu as raison Nicolas, ce n’est pas normal, c’est même une honte nationale!

Alors s’il est encore une majorité d’établissements « trustés par les psychanalystes » – il faudrait avoir les chiffres – c’est tout simplement parce que depuis trop longtemps on a enseigné la psychanalyse comme une science établie, irréfutable. Depuis mes cours de philo où Freud ne nous avait pas lâché pendant tout un trimestre je fais d’ailleurs super gaffe à la position de ma tête sur mon oreiller, parce que sans le savoir on exprime des trucs pas toujours super-clean tout de même!

Oui, la psychanalyse est partout, et a conditionné – ce qu’on reproche souvent au comportementalisme – des générations entières d’enseignants, de médecins et de psychologues scolaires, entre autres. Dans ma propre famille, j’ai souvent l’occasion de m’opposer sur ce sujet. La plasticité cérébrale a ses limites et nous avons toutes et tous notre part de rigidité. Mais de la part de gens qui se disent avoir une démarche scientifique, c’est plus que troublant. J’ai fait des études scientifiques (bac C comme comique) et, même si j’ai manqué quelques matinées et brûlé quelques neurones lors de soirées étudiantes un brin dévastatrices, j’ai gardé de cette période un certain sens de l’analyse, et une rigueur intellectuelle, qui m’est à la fois utile dans ma vie de papa d’enfant dit différent et sur scène … parce que l’air de rien, faire rire les gens, c’est un métier super sérieux!

Plusieurs fois, tu nous as donné ton soutien, notamment pour nos dernières actions militantes anti-psykk. Quelle est la ligne d’action qui te semble la plus intéressante pour faire tomber la psychanalyse de son piédéstal?

Certains psychanalystes commencent à faire marche arrière d’eux-mêmes, disent qu’en effet la psychanalyse ne peut rien apporter au traitement de l’autisme. À long terme ne devrait rester qu’une poignée d’irréductibles emMURés dans leurs idées… peut-être joueront-ils les victimes, crieront-ils à l’acharnement. Bon, on a vu des combats plus utiles. Et rien ne vaut le retrait d’attention.

Le mieux serait simplement qu’ils s’investissent dans d’autres domaines de recherche qui ne soient dommageables à personne. Ainsi, Geneviève pourrait s’investir dans l’analyse des peluches sauvages et autres tortues d’eau, il y a en effet foule de choses à interpréter. Bernard dans l’interprétation des œuvres picturales, je pressens même qu’il est déjà sensible au sujet. Entre Beaubourg et Le Louvre, il y a de quoi s’occuper, pas de doute.

Quant à Aldo, on lui laisse la primeur des plateaux télés. Rares sont en effet les émissions sans leur psychanalyste de service. Qu’il s’agisse de la dette grecque, de la préparation du cartable à la rentrée ou des errances de DSK, pas de doute, les psychanalystes fournissent la meilleure analyse possible. Qui sait, peut-être sauront-ils nous sortir de la crise? Mais les médias étant globalement une sphère de divertissement, OK, c’est peut-être le meilleur débouché finalement. Et je ne suis pas sûr que la reconnaissance médiatique soit un piedestal des plus stables.

Et surtout mon fond humaniste et d’éducation catholique – même si j’ai fait acte d’apostasie depuis un bon bout de temps – fait que je vois en chacun chacune un(e) ami(e) potentiel(le) malgré tout. Aldo, si tu veux être pote sur Facebook, c’est donc OK, tu pourras même faire ta promo sur mon mur, no problemo. Bon, pour Geneviève, ce sera peut-être un peu plus difficile, je ne suis pas sûr qu’elle apprécie plus que cela mon second degré. Mais j’espère de tout cœur qu’ils viendront me voir sur scène. Mon spectacle est tout public – bon, à mon tour de faire ma promo, Aldo – on peut donc y croiser des étudiants, en psycho ou pas, des familles concernées par l’autisme, des gens qui veulent rire et s’émouvoir pas trop connement, quelques vedettes du show-bizz, et même des psychologues scolaires! Bon Aldo, si tu viens, pense à réserver, même si je ne dispose pas encore de tes accès médias, mon spectacle remplit plutôt bien les salles. Je te donne même ci-dessous toutes les infos sur la tournée et le Déjazet au mois de mai. Tu peux les mettre sur ton MUR bien entendu.

As-tu une dernière chose à ajouter?

Juste cette petite info dénichée sur le net (actualités-sciences.com) en réponse aux psychanalystes qui pourraient s’offusquer de mes propos ou de devoir faire face à une marée de crocodiles et autres cartes postales terrifiantes (euh, là, vu que je suis super lâche – mais sincère – je tiens à préciser que je n’en suis pas l’instigateur):
Le rire est un antécédent évolutionnaire de la joie humaine, qui aurait évolué chez les chimpanzés et chez les êtres humains pour établir une hiérarchie sociale. Le rire serait un outil de survie, pas nécessairement une réponse intellectuelle à l’humour. Telle est l’hypothèse de plusieurs chercheurs -neuroscientifiques, psychologues sociaux- qui étudient le rire de manière scientifique.

Tu vois Geneviève, ces mamans crocos ne sont pas si méchantes.

Le Bal des Pompiers

LE BAL DES POMPIERS (de et par Laurent Savard)

  • ANGERS – Théâtre Chanzy, dimanche 16 octobre à 15H30 / RESA : 06.78.02.58.68
  • SANNOIS – à l’E.M.B., samedi 05 novembre à 20H30 / RESA : 01.39.80.01.39
  • NICE – Théâtre Francis Gag, samedi 12 novembre à 20H30 / RESA : 04.92.60.97.68
  • LAUSANNE/St PREX – Centre du Vieux Moulin, sam. 03 déc à 20H30/RESA 021 341 04 20
  • LYON – Salle Victor Hugo, mercredi 14 décembre à 20H30 / RESA : 04.78.60.52.59
  • POITIERS- St BENOIT, La Hune, vendredi 6 avril 2012 à 20H / RESA : 06.76.36.65.68
  • PARIS, Théâtre Déjazet, du 2 au 19 mai 2012 à 20H30 / RESA : 01.48.87.52.55 (13 exceptionnelles du mardi au samedi / Relâche le 8 mai /Traduction LSF prévue)
  • également prévues: ARRAS, BRUXELLES, BRETAGNE, AGEN, … et NOUMEA si je surmonte ma peur de l’avion!)

Plus d’infos sur la page Facebook Le Bal des Pompiers.

http://autismeinfantile.com/

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Commentaires
M
Super article !! tout y est dit !!
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