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"Au bonheur d'Elise"
18 novembre 2011

article publié dans l'express.fr le 18 novembre 2011

Autisme: des psychanalystes attaquent en justice une documentariste

Par Estelle Saget, publié le 18/11/2011 à 12:36, mis à jour à 14:28

Autisme: des psychanalystes attaquent en justice une documentariste

Le packing, pratique qui consiste à envelopper l'enfant dans des couvertures humides est considéré comme "barbare" par les associations.

JPGuilloteau/L'Express

Une bataille judiciaire s'engage autour du film Le mur, ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme qui conclut à l'échec de la psychanalyse chez les enfants autistes. 

La bataille judiciaire autour du documentaire Le mur, ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme est engagée. Une première audience s'est tenue le 15 novembre devant le tribunal de grande instance de Lille. Trois des psychanalystes interviewés dans ce film, disponible sur Internet depuis deux mois, demandent que celui-ci soit interdit d'exploitation. Ils réclament à la documentariste et productrice indépendante, Sophie Robert, la somme de 290 000 euros, pour l'essentiel des dommages et intérêts. 

Ce documentaire de 52 minutes est présenté, sur le site de l'association Autistes sans frontières, comme une "véritable démonstration par l'absurde de l'inefficacité de l'approche psychanalytique de l'autisme." Les plaignants, Eric Laurent, Esthela Solano et Alexandre Stevens, membres de l'Ecole de la cause freudienne fondée par Jacques Lacan, estiment avoir été "piégés". Le projet, qui leur a été présenté sous le titre Voyage dans l'inconscient, s'est révélé, selon eux, une "entreprise polémique destinée à ridiculiser la psychanalyse". Dans leur requête, ils écrivent: "On a dénaturé la pensée et les propos des intervenants en les réduisant ou en déformant leur sens par des commentaires." 

"Les propos ne sont pas sortis de leur contexte"

Cette affaire survient alors que la plupart des associations représentant les autistes et leurs familles dénoncent l'approche psychanalytique du traitement de la maladie en France. Elles réclament en vain, depuis des années, l'accès à des thérapies dites "éducatives" largement développées à l'étranger. Citée par Rue 89, la déléguée générale d'Autistes sans frontières, Delphine Piloquet souligne la rudesse de leur combat: "On a l'impression qu'on attaque une religion d'Etat, c'est une fatwa qui s'abat sur ce film." Un site parodique de la pensée des Lacaniens reprend d'ailleurs, avec humour, l'essentiel de la polémique sous un titre explicite, Sang sur le Mur!  

Les juges doivent rendre, le 29 novembre, une première décision concernant la demande de saisie des rushes, c'est-à-dire les séquences brutes du tournage. Interrogé par L'Express, l'avocat des plaignants, Me Christian Charrière-Bournazel, justifie cette demande en expliquant que "ses clients veulent pouvoir visionner les rushes afin de voir le montage qui en a été fait." De fait, l'affaire a commencé quand la documentariste, Sophie Robert, a découvert un post-it collé sur sa boîte aux lettres, dans l'immeuble du vieux Lille qu'elle habite - sa société, Océan invisible production, y est également domiciliée. Le papier indiquait qu'elle devait rappeler un huissier dont le numéro était mentionné. 

L'huissier, qu'elle a reçu le 25 octobre, l'a informée de la procédure en cours et lui a demandé les rushes. Sophie Robert a refusé, considérant que cette demande était "attentatoire au secret des sources des journalistes." Hormis les 3 plaignants, 24 autres personnes ont en effet été interviewées pour ce documentaire. Par la suite, elle a communiqué à l'huissier les transcriptions écrites des séquences dont sont tirés les propos des trois plaignants. "Je n'ai rien à cacher, affirme-t-elle. Les propos tenus par les intéressés ne sont pas sortis de leur contexte, ils sont d'ailleurs conformes aux thèses psychanalytiques connues et mises en oeuvre de longue date." 

Les psychanalistes dans l'impasse face à l'autisme

Le fond de l'affaire, avec la question de l'interdiction d'exploitation, sera abordé lors d'une seconde audience, fixée au 8 décembre. L'avocat de la documentariste, Me Benoît Titran, alerte sur l'importance des débats. "On n'est pas dans la diffamation mais dans la question du droit à l'image, analyse-t-il. Les plaignants ont livré de l'information en connaissance de cause. Ils se sont rendu compte après-coup de la portée de leurs propos, ne les assument plus et voudraient pouvoir revenir sur les autorisations qu'ils ont données. Si le tribunal accédait à leur demande, ce serait la base même du travail journalistique qui serait sapée." 

Au-delà du sort de ce documentaire, c'est la question du traitement des enfants autistes qui est posée, une nouvelle fois, dans ce procès. Leur pathologie est aujourd'hui considérée par la majorité de la communauté scientifique comme un trouble neurologique, sans doute d'origine génétique. Des associations de parents se battent pour que des programmes destinées à pallier ce handicap, comme ABA ou Pecs, soient développés en France. Mais pour les psychanalystes, l'autisme s'explique toujours par une mauvaise relation avec la mère, qui serait soit trop fusionnelle, soit trop distante. 

Dès lors, que peuvent attendre les autistes de la psychanalyse? Les thérapeutes renommés interrogés dans le film donnent, avec une sincérité confondante, le sentiment d'être dans l'impasse. "Le plaisir de s'intéresser à une bulle de savon, répond l'un d'eux après un long silence. Je ne peux pas vous répondre autre chose." Un autre explique: "Avec un enfant autiste, j'en fais très peu. Très peu, ça veut dire quoi? Que je pose mes fesses, que je me mets à côté de lui et j'attends qu'il se passe quelque chose." Un troisième: "J'essaie d'apprivoiser l'enfant, je me tiens en retrait." Aucun ne cite la méthode du packing, pourtant basée sur des fondements psychanalytiques, mais sans doute trop décriée pour être mentionnée. Celle-ci consiste à envelopper l'enfant dans des couvertures froides et humides avec l'objectif de l'apaiser, un traitement considéré comme "barbare" par plusieurs associations. 

En demandant l'interdiction du documentaire litigieux, les trois psychanalystes ont pris un risque. Celui d'attirer l'attention générale sur un film dont l'audience est restée confinée, jusqu'ici, aux militants de la cause des enfants autistes. 

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/autisme-des-psychanalystes-attaquent-en-justice-une-documentariste_1052492.html

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Commentaires
L
Ah oui alors: quelle publicité !!!<br /> On n'aurait pas pu trouver mieux pour la promotion du film...<br /> Et au moins maintenant on en parle sur toutes les radios, dans tous les journaux. Super!<br /> Bonne soirée<br /> ValérieJ
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