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"Au bonheur d'Elise"
23 décembre 2015

Steenvoorde : la maman qui a enlevé son enfant autiste nous a téléphoné depuis l'Espagne

Publié le 21/12/2015

article publié dans La Voix du Nord

Elle est recherchée depuis fin novembre pour avoir enlevé son fils Nathan, autiste sévère, devenu majeur quelques jours plus tard, le 8 décembre. Cette mère de 56 ans nous explique, par téléphone, qu’elle l’a emmené en Andalousie et nous affirme qu’il se porte bien.

 

« Mon fils va bien, il est content, il ne manque de rien. Il reprend une vie normale car il n’est plus enfermé comme à La Sapinière », estime cette mère de 56 ans, recherchée pour avoir enlevé Nathan, son fils autiste sévère, dont le père vit à Steenvoorde. La Sapinière, c’est l’institut médico-éducatif de Saint-Jans-Cappel, où elle ne l’a pas ramené comme prévu le lundi 30 novembre, à l’issue d’un droit de garde le week-end précédent. La première fois qu’elle pouvait garder son fils sans la présence d’un tiers... Elle a aussitôt quitté le pays et pris la direction de l’Espagne avec lui.

Ce lundi matin, cette professeur de français et de latin retraitée nous a appelés à la rédaction d’Hazebrouck, depuis son téléphone portable. Elle accepte de nous donner quelques précisions sur l’endroit où elle se trouve exactement : « J’ai loué une très belle maison en Andalousie, avec trois chambres, un grand jardin, une piscine. » Un témoignage surréaliste. Quand nous lui demandons si elle se rend compte qu’elle est recherchée par la police, qu’une enquête a été ouverte pour enlèvement, elle nous rétorque : « Recherchée, oui et non, estime-t-elle. Mon fils a eu 18 ans le 8 décembre. Légalement, une fois majeur, il devait décider avec qui il voulait vivre, son père ou sa mère. » Nathan ne pouvait évidemment pas décider. Selon elle, il possède le développement mental « d’un enfant de 2 ans. Mais la loi ne dit rien dans ces cas-là, il y a un vide juridique », dit celle qui semble au fait de la chose juridique. Alors elle a choisi pour Nathan.

Un acte prémédité ?

Son acte était donc prémédité ? Celle qui répond au prénom de Sophie nous glisse entre les lignes que... oui : « J’avais prévu pour ma retraite d’aller vivre en Espagne, où le coût de la vie est moins élevé. Je regardais déjà les maisons. Et quelques jours avant mon départ, j’ai consulté un avocat qui m’a dit que c’était au premier qui prenait Nathan... Bien sûr, ce n’était pas dans ces termes-là, mais c’est ce que cela voulait dire. » Sous-entendu, selon ses dires : le premier du père ou de la mère qui met la main sur leur fils le garde. « Si les autorités me trouvent ? Mon fils n’est pas sous tutelle, il est majeur, ce qui est valable en France est valable ici », répète-t-elle.

Nous nous apercevons au fil de la conversation téléphonique, qui a duré vingt bonnes minutes, qu’elle est – c’est en tout cas ce qu’elle nous affirme –, en lien avec plusieurs avocats, du Nord et d’ailleurs. Notamment parce qu’elle cherchait à récupérer depuis des années la garde de Nathan. Comme le rappelle Éric Fouard, procureur de la République : « Elle n’avait pas eu la garde de l’enfant et ça, c’est rarissime... » Celle qui décrit le père de Nathan, son ex-mari, comme un individu néfaste, estime, elle, qu’elle « a sauvé Nathan ».

Nathan prend moins de médicaments...

Lorsque nous demandons à cette femme des nouvelles précises de Nathan, elle explique qu’ « il est heureux » en Espagne, qu’un éducateur vient s’en occuper « chaque matin sauf le dimanche ». Elle poursuit : « Il bénéficie des meilleurs soins. En France, il prend 11 neuroleptiques et psychotropes par jour. On a pu réduire de moitié ici, grâce à un autre traitement. » Selon cette maman, Nathan prend trop de médicaments.

Elle défend sa fille

Si la mère de Nathan nous a contactés, au départ, c’est pour défendre sa fille Jeanne, demi-sœur de Nathan. Elle estime que cette dernière a été maltraitée dans l’article paru dans nos colonnes le mercredi 16 décembre, que le père de Nathan a exprimé des choses fausses sur elle. « De dire que ma fille est violente, instable, dangereuse, c’est faux ! De toute façon, une plainte pour diffamation sera déposée contre le père. »

Cet entretien nous a aussi permis de savoir que, contrairement à ce que tout le monde pensait jusqu’ici, Jeanne, étudiante, ne serait pas partie avec Sophie et Nathan en Espagne. « Elle vit tranquillement à La Rochelle. C’est une étudiante sans histoire. Elle a appris par la rumeur diffusée par votre article qu’elle était recherchée par la police et qu’elle était dangereuse. Elle s’est présentée spontanément à la police, qui n’était au courant de rien. Ma fille n’est pas en fuite ! »

Trois questions au procureur de la République

Le procureur de la République de Dunkerque, Éric Fouard, pense que la vie de Nathan n’est pas en danger. Il prend évidemment l’affaire au sérieux, a ouvert une enquête pour enlèvement et travaille en lien avec les autorités espagnoles.

Cette mère est-elle toujours recherchée pour enlèvement, maintenant que son fils est majeur ?

« Même si l’infraction a disparu en termes de soustraction d’enfant, elle existait à l’époque (Nathan a été enlevé quelques jours avant ses 18 ans) donc elle a commis un délit. Je n’ai pas ouvert l’enquête pour soustraction de mineur par ascendant, mais pour enlèvement, ce qui s’applique aux majeurs comme aux mineurs. S’il s’était agi d’un gamin en bonne santé, je n’aurais rien fait. »

Où en est l’enquête ?

« Le système de géolocalisation des portables ne fonctionne pas en Espagne. Ce que je veux, c’est la retrouver pour parler avec elle. Interpol n’est pas encore saisi. Là, je suis en lien avec les autorités espagnoles pour voir comment on se débrouille. Vu le contexte, je n’ai pas employé les grands moyens. Je préfère essayer de la trouver et d’agir avec les autorités locales, plus doucement... Je ne vais pas envoyer des hommes armés à 6 h du matin chercher cet enfant. Pour moi, il n’y a pas d’urgence absolue. »

Pour vous, Nathan n’est pas en danger ?

« Pour moi, il n’est pas en danger de mort immédiate, mais c’est quelqu’un de fragile qui a été enlevé de son milieu dans des conditions rocambolesques. Ça me gêne qu’elle soit partie en fraude à l’étranger avec ce gamin. »

PAR VIRGINIE DUBOIS

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