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"Au bonheur d'Elise"
medicaments
24 juillet 2018

Traitements alternatifs dans l'autisme : briser l'omerta !

Résumé : Des mamans dénoncent l'usage de traitements alternatifs qui mettent les enfants autistes en danger. Proposés sous le manteau, sans suivi ni protocole, ces remèdes miracles alimentent un marché du désespoir.

Par , le 24-07-2018

Certains médecins joueraient-ils aux apprentis sorciers avec les enfants autistes ? L'association SOS autisme France lance l'alerte et dénonce dans une tribune le 24 juillet 2018, relayée, notamment, dans le Huffington Post, « une dérive médicale inacceptable qui met en danger la santé des enfants autistes ainsi que leurs droits ».

Des remèdes pas si miracles

Olivia Cattan, sa présidente, a été alertée sur l'existence d'un marché parallèle de vente de médicaments non autorisés ou non prescrits pour l'autisme. Selon elle, « certains parents se mettent parfois hors la loi pensant pouvoir guérir leurs enfants avec ces remèdes miracles ». Elle a répertorié tout ce qui se prescrit dans différents groupes Facebook : des diurétiques qui ont été donnés au départ sans protocole, des antibiotiques, des pulvérisations nasales d'ocytocine, du cannabis, des piqûres de magnésium et de B6... Mais aussi la thérapie de chélation des métaux lourds (pour enlever les agents toxiques comme le mercure) qui est aussi utilisée afin de « détoxifier » l'organisme. Un nouveau traitement, jugé « dangereux » déjà proposé en Amérique latine, arrive en France : le MMS (dioxyde de chlore). Enfin, le paracétamol à haute dose aurait le pouvoir de « calmer les crises ». Aux Etats-Unis, une maman a tué son enfant autiste en lui donnant de l'eau de javel parce qu'elle l'avait lu sur Facebook. Une maman, Estelle Ast, qui est passée par ce réseau et a tenté des essais, a décidé de témoigner ouvertement, d'autres de façon anonyme. Certaines familles mentionnent des effets secondaires importants : diarrhées, nausées, vomissements, fièvre, anorexie.

Un marché bien orchestré

Certaines molécules encore expérimentales seraient vendues lors de consultations collectives. Sans aucun protocole ou suivi des enfants, sans tenir compte du métabolisme ou des allergies éventuelles, ces substances leur sont administrées par les parents. D'autres familles passent par les réseaux sociaux pour s'approvisionner. Olivia et Estelle affirment que les parents y sont « poussés par des médecins appartenant à des groupes de recherche et encouragés par des responsables du milieu de l'autisme ». Elles appellent « à la plus grande vigilance ». Ce marché du désespoir -l'autisme concernerait 600 000 personnes en France- est également lourd de conséquences sur la situation financière des familles puisque ces traitements sont souvent extrêmement chers.

Tout tenter ?

Estelle et Olivia disent, elles aussi, avoir « connu des moments de doute et d'hésitation », consulté de nombreux médecins ou psychiatres d'hôpitaux, fait de multiples tentatives : des régimes sans caséine, sans lactose, des probiotiques, du magnésium, ou encore des antidépresseurs et des anxiolytiques. Estelle a opté pour le régime sans gluten ; il a soulagé son fils qui était intolérant mais ne l'a pas fait « guérir de l'autisme » parce que c'est un syndrome neurodéveloppemental. A l'inverse, les antibiotiques n'ont pas donné les résultats escomptés, accentuant ses troubles du comportement.

Le chant des sirènes

En France, on recense un nombre important d'associations parentales dans le champ de l'autisme, qui tentent d'apporter une aide ponctuelle et des réponses aux familles. Mais peuvent-elles trouver une solution pour chacun ? Le manque de médecins, l'absence de parcours de soins, le manque de formation des personnels concernés, le manque de lieux de vie pour adolescents ou adultes, le coût exorbitant de la prise en charge, ne leur permettent pas de répondre à toutes les demandes. Elles colmatent souvent les brèches pour se concentrer sur les cas les plus urgents. Face au flot de désespoir qui submerge les familles, parce qu'elles sont à bout, certaines n'hésitent donc pas à céder au chant des sirènes, à tenter le tout pour le tout. Quel risque pour quel bénéfice ? Peu importe, il faut trouver une solution, un remède, un apaisement. L'autisme, ce sont parfois des crises d'épilepsie, de violence et de tocs. Comment aider son enfant et rendre la vie familiale plus supportable ? Pourquoi ne pas essayer… Même si c'est illégal, parfois dangereux.

Cobayes des groupes de recherche

« Nos enfants ne doivent pas devenir les cobayes de groupes de recherche, et les réseaux sociaux les nouveaux prescripteurs médicaux. Il est donc temps de briser l'omerta qui règne dans le milieu de l'autisme et de mettre en lumière cette dérive afin de protéger la santé de nos enfants et de garantir leurs droits », poursuit Olivia Cattan. « Dans cette histoire, ceux à blâmer ne sont certainement pas les familles isolées et désespérées, explique-t-elle. Elles ne sont que les victimes d'un système de santé défaillant, et les proies d'un marché parallèle qui rapporte beaucoup d'argent à ceux qui l'initient ou y participent. » Jusqu'au jour où un enfant paiera de sa vie le prix fort de cette indifférence… SOS autisme France entend donc « alerter les pouvoirs publics sur ces dérives ».

RV avec la ministre

A l'heure où un rapport parlementaire sur l'autisme propose de diriger les financements publics vers les établissements et professionnels appliquant bien les recommandations de bonnes pratiques de la Haute autorité de santé (HAS), encore trop souvent ignorées (article en lien ci-dessous), l'association réclame un rendez-vous avec la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, dans les plus brefs délais, afin de mettre en place davantage de protocoles et de sanctionner officiellement et plus sévèrement cette « médecine sauvage ». L'Ordre des médecins et Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat en charge du Handicap, ont été alertés. Affaire à suivre... SOS autisme encourage les personnes qui auraient été confrontées à des situations similaires à se rapprocher de l'association pour témoigner…

© sangriana/Fotolia
 

Handicap.fr vous suggère les liens suivants :

Sur Handicap.fr

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24 juillet 2018

En Norvège, Le Premier Hôpital Psychiatrique Au Monde Sans Médicaments Ouvre Ses Portes

Si on considère la médecine occidentale, on remarque que pour chaque maladie, qu'elle soit physique ou mentale, on a presque immédiatement recours à l'administration de médicaments. Si une personne souffre de dépression, si une autre a des peurs liées à un état d'anxiété omniprésent, les médecins recommandent presque toujours d'en prendre, mais en Norvège on veut révolutionner ce concept, c'est en effet dans ce pays que naîtra le premier hôpital psychiatrique où les patients seront traités sans médicaments.

Le ministère norvégien de la Santé a lancé le programme "Traitement sans médicament" dans quatre unités sanitaires.

Tout a commencé dans la petite ville scandinave d'Åsgård, où un hôpital psychiatrique a été le pionnier d'un parcours très particulier avec ses patients, un parcours sans médicament. L'hôpital, situé à Tromsø, à 215 milles au nord du cercle polaire arctique, pouvait difficilement être situé plus loin des centres de psychiatrie occidentale...

C'est dans ce site reculé, dans un hôpital qui avait été fermé mais qui a été récemment rénové et rouvert, qu'on peut lire une pancarte portant la mention "Traitement sans médicaments". C'est l'initiative que le ministère norvégien de la Santé a ordonné d'étendre à quatre autres unités sanitaires régionales.

image: pexels.com

Le traitement consiste essentiellement à loger les patients dans une chambre de six lits, chacun destiné à un patient souffrant d'une maladie mentale grave. L'objectif est d'offrir une option aux patients, une alternative qui ne doit pas nécessairement impliquer l'utilisation de médicaments, en les aidant à réduire progressivement la prise de médicaments psychiatriques.

Les spécialistes cherchent à mettre l'accent sur l'activité physique, et celle artistique et surtout sur le dialogue et la réinsertion dans la vie quotidienne, qui sont les composantes principales du programme hebdomadaire d'un modèle d'hôpital psychiatrique qui, nous l'espérons, se répandra dans le monde entier.

=> Voir l'article original ci-après :

Drug Free Inpatient Psychiatric Care in Norway

Asgard Psychiatric Hospital, Tromso, Norway, credit "Mad in America" blog, March 2017 [http://bit.ly/2wbRrJW] In my previous post I ended up writing an overview of the changes over the time of the last 24 years since I personally date "mental health reform" commencing in this country as being the year 1992 when news of the beginning...

http://mentalhealthreformblog.com

 

23 juillet 2018

Intoxiqué aux métaux lourds... ah vraiment ? - Le Pharmachien

 

Intoxiqué aux métaux lourds... ah vraiment ? - Le Pharmachien

Une chélation des métaux lourds pour " guérir " l'autisme de son enfant ? Ou pour soigner l'arthrite, le cancer, le mal de dos ? Pour n'importe quoi ? Sur le Web, tout le monde semble avoir peur des métaux lourds, comme le plomb, le cadmium, l'arsenic et le mercure.

http://lepharmachien.com

 

23 juillet 2018

Mamans d'enfants autistes, nous mettons en garde contre ces traitements alternatifs qui mettent les enfants en danger

article publié sur le Huffingtonpost

Nous voulons alerter les familles qui viennent de recevoir le diagnostic de leur enfant, et qui sont parfois tellement désespérées qu’elles sont tentées de croire en tout et en n’importe quoi face à ce grand marché du désespoir.

Par Olivia Cattan
Estelle Ast

Mamans d'enfants autistes, nous mettons en garde contre ces traitements alternatifs qui mettent les enfants en danger.
KatarzynaBialasiewicz via Getty Images
Mamans d'enfants autistes, nous mettons en garde contre ces traitements alternatifs qui mettent les enfants en danger.

En tant que mamans d'enfants autistes, nous avons été alertées par des parents sur des dérives qui nous inquiètent au plus haut point. Alors nous avons décidé d'unir nos voix et nos paroles pour alerter le milieu de l'autisme dans son ensemble. Il y a un désert médical en matière d'autisme en France, un désert en ce qui concerne la recherche. Il y a de la colère de la part des familles, de l'isolement, et du désespoir.

Nous sommes mères d'enfants autistes et avons connu aussi des moments de doute et d'hésitation pour aider nos enfants. Le choix des méthodes éducatives a été fait, mais ces thérapies connaissent parfois leurs limites.

Alors chacune est allée voir différents médecins, psychiatres d'hôpitaux afin de trouver de l'aide au quotidien. Ces médecins nous ont, soit prescrit des régimes sans gluten et sans caséine, des probiotiques, du magnésium, soit des antidépresseurs et des anxiolytiques. Le choix d'Estelle a été d'opter pour une médecine alternative: elle a essayé le régime sans gluten. Cela a fait du bien à son fils qui était intolérant. Cela lui a fait du bien, mais ne l'a pas fait "guérir de l'autisme" parce que l'autisme est un syndrome neuro-développemental. Par contre, les antibiotiques n'ont pas du tout donné les résultats escomptés, accentuant ses troubles du comportement.

Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés.

De mon côté, j'ai misé sur les méthodes éducatives, tout en donnant du magnésium et en refusant le traitement médicamenteux proposé par les différents psychiatres. Mais aujourd'hui, de plus en plus d'études et de médecins qui proposent ces pratiques alternatives aimeraient nous faire croire qu'il existe un remède miracle qui aiderait nos enfants.

Estelle et moi avons répertorié, sans aucun jugement de notre part, tout ce qui se prescrit dans les différents groupes Facebook: des diurétiques qui ont été donnés au départ sans protocole comme le Burinex, des antibiotiques, des pulvérisations nasales d'ocytocine, du cannabis, des piqûres de magnésium et de B6, le Romidepsine. Mais aussi la thérapie de chélation des métaux lourds (pour enlever les agents toxiques comme le mercure) qui est aussi utilisée afin de "détoxifier" l'organisme. Il y a également un nouveau traitement très dangereux qui arrive en France, mais déjà pratiqué en Amérique Latine: le MMS (dioxyde de chlore). Il y a aussi des choses moins graves comme les probiotiques, les régimes sans gluten ni caséine. Enfin, le paracétamol à haute dose qui aurait le pouvoir de "calmer les crises".

Certains parents ont tout essayé afin d'aider leur enfant, mais dépassent parfois la durée de traitement ou le dosage, espérant plus d'efficacité. Ils se mettent parfois en danger et hors la loi pour se procurer des huiles à base de cannabis. De plus, ces médecins alternatifs ne leur prescrivent pas obligatoirement des analyses préalables et postérieures au traitement. Ils ne prennent pas non plus en compte le métabolisme de chaque enfant et les allergies éventuelles. Cette absence de protocole et d'encadrement, ce manque de suivi peuvent s'avérer dangereux pour la santé de l'enfant. A minima, cette médication sauvage n'est pas sans effet sur l'organisme de l'enfant.

Les réseaux sociaux, faits d'études et de témoignages en tous genres, ne peuvent pas remplacer les médecins et devenir notre prescripteur médical référent.

Alors cette tribune n'est pas faite pour juger les uns ou les autres, mais pour briser l'omerta qui règne dans le milieu de l'autisme, puisque des médecins et autres responsables encouragent et organisent ces pratiques.

Nous voulons alerter les familles qui viennent de recevoir le diagnostic de leur enfant, et qui sont parfois tellement désespérées qu'elles sont tentées de croire en tout et en n'importe quoi.

Enfin, notre objectif est d'alerter les pouvoirs publics sur ces dérives résultant du désert médical et scientifique en matière d'autisme. Il serait temps d'ouvrir de nouveaux protocoles qui permettraient de vérifier l'efficacité des différents traitements, et d'être plus vigilant afin que nos enfants ne deviennent pas des cobayes pour servir les intérêts de grands groupes de recherche.

Ne laissons pas les familles, guidées par l'envie de voir progresser leur enfant, jouer aux apprentis sorciers. Les conséquences peuvent être graves. Certaines familles qui ont accepté de témoigner nous ont parlé d'effets secondaires importants: diarrhées, nausées, vomissements, fièvre, anorexie.

Vous aussi, apportez-nous vos témoignages afin de pousser le gouvernement à agir plus efficacement en matière de recherche et de spécialisation des médecins.

En tant que Présidente de SOS autisme France et Estelle, maman d'un enfant autiste, nous voulions terminer cette tribune en rappelant aux familles que le cannabis est toujours interdit par la loi. Et qu'ils encourent des amendes et des peines de prison.

Enfin, nous demandons à être reçues par la Ministre de la Santé en présence de personnes autistes concernées, afin d'évoquer cette absence de prise en charge globale de nos enfants, qui conduit aujourd'hui à cette situation mettant en danger la santé et le droit de nos enfants autistes.

 

10 juillet 2018

Autisme : comment on veille sur la santé des enfants qui ne parlent pas

9 juillet 2018, 22:49 CEST

Les enfants autistes ont besoin, comme les autres, d'être soignés pour des otites ou d'autres maladies (photo d'illustration).

Le garçon a 3 ans, il est autiste. Avec ses parents, il vient en consultation dans l’unique centre spécialisé, en France, dans les soins pour les personnes ayant des difficultés à communiquer, au sein de l’établissement public de santé Barthélemy Durand à Étampes (Essonne).

D’abord, il fait le tour du hall, en visite chaque recoin. Puis il se décide à entrer dans la salle de soins, se glisse derrière mon bureau et vient tapoter sur le clavier de l’ordinateur. Il poursuit son exploration de la pièce, s’approche de la fenêtre, observe le store vénitien. Il refuse de s’allonger sur le lit d’examen et se couche au sol, à même le carrelage.

Ses parents, confus, lui reprochent son attitude. Je les rassure, ce n’est pas un problème. Je mets de la musique dans la salle. L’infirmière et moi-même nous étendons à côté de l’enfant. Ensemble, nous écoutons le morceau en regardant le plafond, couchés sur le dos, l’infirmière à sa droite et moi à sa gauche. Au bout d’un moment qui dure une trentaine de minutes peut-être, il accepte d’être examiné. Seulement ce sera par terre. Je l’ausculte à genoux. Puis l’infirmière s’installe en tailleur, pour lui faire la prise de sang.

Des personnes ayant des difficultés à se faire comprendre

Certaines personnes, parmi lesquelles des enfants et adultes autistes, ne parlent pas, ont des difficultés à se faire comprendre ou à percevoir les intentions des autres. Néanmoins elles ont, comme tout un chacun, des problèmes de santé. Or l’offre de soins adaptée à leurs particularités est très limitée sur le territoire français, ce qui entraîne des conséquences néfastes pour leur santé.

Globalement, les études scientifiques montrent que les individus ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA), des troubles psychiques ou une déficience intellectuelle voient leur espérance de vie réduite en raison, notamment, de maladies organiques.

Notre équipe, au Centre régional douleur et soins somatiques en santé mentale, autisme, polyhandicap et handicap génétique rare, compte maintenant cinq années d’expérience. Nos résultats montrent qu’en accordant le temps et l’attention nécessaires à ces patients, en utilisant des outils adaptés comme une échelle spéciale d’évaluation de la douleur, on parvient à les soigner et à éviter ainsi des complications ou des hospitalisations. Le centre mène également des recherches pour mieux mesurer la douleur en partenariat avec l’université Paris-Sud et le Centre Hospitalier Universitaire de Sherbrooke, au Canada.

Quand la patience ne suffit pas

Faire preuve de patience, comme dans le cas de l’enfant décrit plus haut, ne suffit pas toujours à convaincre une personne inquiète de l’intérêt de se laisser examiner. On peut alors utiliser la sédation consciente, c’est-à-dire l’inhalation d’un mélange gazeux qui diminue à la fois l’anxiété et la douleur. Il s’agit d’un mélange de protoxyde d’azote et d’oxygène grâce auquel la personne, totalement consciente, continue à interagir pendant tout l’examen.

Ainsi cet enfant de 6 ans, autiste sévère et dyscommunicant – c’est-à-dire n’ayant pas de langage verbal. Voilà plus d’un mois qu’il fait preuve d’agressivité et surtout qu’il se donne des coups, au moment où notre équipe le reçoit avec ses parents et l’équipe soignante de l’Institut médico-éducatif (IME) où il réside. Dans la salle de soins, il saute sur place et se frappe la mâchoire avec force.

D’après le personnel soignant de l’IME, ces comportements s’aggravent. L’enfant se réveille maintenant la nuit, se frappe les oreilles et saute sur son lit. Nous maintenons l’enfant allongé sur le lit d’examen, sous sédation consciente. L’examen clinique montre qu’il souffre en fait d’une otite purulente dans chaque oreille. Ainsi les coups qu’il se portait et les sauts étaient une manière, pour lui, de tenter de déboucher ses oreilles et d’atténuer sa douleur.

L’enfant avait pourtant été « examiné » à deux reprises, par un médecin généraliste puis par un spécialiste en oto-rhino-laryngologie (ORL). Chaque fois son comportement avait été attribué à son autisme, de sorte qu’aucun examen clinique abouti n’avait été pratiqué.

Un risque d’errance médicale pour les personnes autistes

Les troubles du spectre de l’autisme sont caractérisés par des difficultés de communication qui rendent très délicats l’évaluation de la douleur, ainsi que les soins. Les personnes avec autisme expriment leur souffrance différemment et ne savent pas toujours situer leurs points douloureux. D’où le besoin de soignants expérimentés. Or comme l’indique le ministère de la Santé dans son Bulletin officiel du 15 janvier 2016, citant le Schéma régional d’organisation des soins (SROS) Île-de-France, le dispositif de soins adapté aux personnes autistes « souvent complexe, concourt au risque d’errance [médicale] ».

La carence persistante d’une offre de soins adaptée est si bien établie que la Stratégie nationale autisme au sein des troubles du neuro-développement, adoptée pour la période 2018-2022, la prend en compte à travers son 4ᵉ engagement : « Garantir l’accès aux soins somatiques au travers de bilans de santé réguliers, conformément au plan national Prévention Santé, et en mettant en place des “consultations dédiées” dans les territoires ». Les actions 11, 14 et 15 du futur Plan santé mentale et psychiatrie appellent, elles aussi à « mieux prendre en charge la santé somatique des personnes vivant avec des troubles psychiques ».

Pour en revenir au trouble du spectre autistique, les chercheurs observent chez ces personnes une mortalité prématurée. Sur une période donnée, les décès sont 3 à 10 fois plus nombreux dans cette population, comparé à la population générale, selon une étude de 2016. Ces décès résultent, en plus des accidents liés à des comportements dangereux, de complications relatives à des pathologies purement physiques comme l’épilepsie, les troubles respiratoires, les troubles gastro-intestinaux ou les syndromes douloureux.

Les personnes atteintes de troubles psychiques ont, elles aussi, des pathologies organiques associées importantes. Les maladies cardiovasculaires sont, dans cette population, la première cause de décès. L’espérance de vie est réduite de 20 % chez les personnes touchées par le trouble bipolaire ou la schizophrénie, par rapport à la population générale, comme montré dans une étude de 2011. De manière générale, ces personnes ont tendance à négliger leur santé, alors même que les médicaments qu’elles prennent les exposent à des effets secondaires. Elles éprouvent des difficultés, de surcroît, à être reçues dans les centres de santé et les cabinets de médecins généralistes.

Un pavillon situé à l’écart, ouvrant sur les prés

À Étampes, le Centre régional de soins somatiques a développé un savoir-faire spécifique pour réussir à soigner ces patients particuliers. Il participe d’ailleurs, en tant qu’expert, aux recommandations de bonnes pratiques de la Haute autorité de santé pour les soins somatiques et la douleur, dans la santé mentale et l’autisme.

Ainsi, la manière dont la consultation va se passer leur est expliquée à l’avance pour qu’ils puissent l’anticiper et mieux gérer la situation le moment venu. L’inconnu et l’imprévu génèrent en effet une grande anxiété chez les personnes autistes. Lors de la préparation du rendez-vous, on utilise des supports visuels comme des photos du centre, des images ou des pictogrammes, qui peuvent notamment être insérées dans un emploi du temps pour donner de meilleurs repères.

Les conditions de l’accueil sont primordiales pour la suite, autrement dit le bon déroulement des soins. Le pavillon qui abrite le centre est situé à l’écart des services d’hospitalisation, dans un cadre serein ouvrant sur les prés et les bois. Le temps d’attente est limité, tout comme le bruit dans les locaux. Par contre le patient a le loisir de s’approprier l’environnement du centre : pas de précipitation pour faire les soins.

Les personnes autistes ayant souvent une hypersensibilité des cinq sens, la salle d’attente est conçue comme un lieu le moins stimulant possible, avec de la lumière naturelle ou tamisée. La salle d’examen est équipée pour que le patient puisse écouter de la musique ou regarder un film.

Les soignants se présentent et, lors de l’examen, expliquent ce qu’ils font. Ainsi, une première consultation dure en moyenne deux heures.

La modification des expressions du visage ou du sommeil sont des indices de la douleur

Un tel centre permet de découvrir des pathologies passées inaperçues, très souvent devenues chroniques faute de traitement. Chez plus de 80 % des personnes adressées à notre centre pour des comportements posant problème, on trouve une pathologie organique, selon nos statistiques. La modification du comportement de la personne, de ses mimiques et expressions du visage, de ses plaintes et de son sommeil par rapport à ses habitudes, sont autant d’indices qu’il faut apprendre à observer pour repérer une douleur.

En dépit de sa vocation régionale, le Centre d’Étampes reçoit des demandes de rendez-vous venant des départements du Nord-Pas-de-Calais, de l’Ain, de l’Indre et Loire, du Loiret ou encore de la région Aquitaine. Le besoin de tels centres dans les autres régions est ainsi rendu patent. Avant d’être autistes, ces patients sont avant tout des personnes, dont la souffrance ne peut pas être négligée.

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7 juillet 2018

SantéBD, Une application et des fiches pour aider les personnes handicapées à se préparer à des consultations médicales.

 

Des nouveautés pour SantéBD

Nous sommes heureux de vous adresser cette nouvelle newsletter, où vous trouverez l'actualité et les nouveautés de SantéBD. N'hésitez pas à la partager autour de vous ! Au sommaire de cette newsletter :

https://mailchi.mp

 

4 juillet 2018

" Les parents d'enfants handicapés ont un stress équivalent à un soldat "

 

" Les parents d'enfants handicapés ont un stress équivalent à un soldat "

Des mots face au handicap. Des paroles de colère, de découragement, de solitude aussi, souvent. Des témoignages de parents qui racontent la vie de leur enfant. Des appels au secours ou à la bienveillance. Des mots parfois teintés d'un humour un peu amer.

https://www.la-croix.com

 

20 juin 2018

Autisme - Un trouble du neurodéveloppement affectant les relations interpersonnelles

Les troubles du spectre de l'autisme (TSA) résultent d'anomalies du neurodéveloppement. Ils apparaissent précocement au cours de la petite enfance et persistent à l’âge adulte. Ils se manifestent par des altérations dans la capacité à établir des interactions sociales et à communiquer, ainsi que par des anomalies comportementales, en particulier une réticence au changement et une tendance à la répétition de comportements ou de discours. Les personnes concernées semblent souvent isolées dans leur monde intérieur et présentent des réactions sensorielles (auditives, visuelles, cutanées...) particulières. Malgré la diversité des troubles et les capacités d'insertion sociale très variables de ces personnes, l'autisme est reconnu comme un handicap en France depuis 1996. Il nécessite une recherche pluridisciplinaire pour comprendre ses mécanismes et améliorer sa prise en charge.

Environ 700 00 personnes concernées en France, dont 100 000 ont moins de 20 ansDes premiers signes manifestes apparaissant chez le nourrisson entre 18 et 36 moisUne origine multifactorielle et largement génétique


Dernière mise à jour

18.05.18


Dossier réalisé en collaboration avec Catherine Barthélémy, Prix d'honneur Inserm 2016, professeure émérite (Faculté de médecine et université de Tours), membre de l'Académie nationale de médecine.

Loupe comprendre Comprendre l’autisme

L'autisme "typique", décrit par le pédopsychiatre Leo Kanner en 1943, est aujourd'hui intégré dans un ensemble plus vaste, celui des troubles du spectre de l'autisme (TSA), qui rendent mieux compte de la diversité des situations.

Ces troubles rassemblent un ensemble de conditions caractérisées par :

  • des altérations des interactions sociales
  • des problèmes de communication (langage et communication non verbale)
  • des troubles du comportement correspondant à un répertoire d’intérêts et d’activités restreint, stéréotypé et répétitif
  • des réactions sensorielles inhabituelles

Autant de particularités souvent à l'origine de difficultés d’apprentissage et d'insertion sociale.

L’autisme (et les TSA en général) se manifeste le plus souvent durant la petite enfance, avant l’âge de trois ans, puis persiste tout au long de la vie. Au total, les TSA concernent environ 700 000 personnes en France, qui vivent toutes un handicap social. En revanche, contrairement à une idée répandue, l'autisme n'est pas systématiquement associé à un retard intellectuel. Le syndrome d'Asperger, par exemple, est un TSA associé à un très bon développement intellectuel. Cependant, un tiers des personnes concernées par un TSA présente une déficience intellectuelle, de gravité très variable. Des troubles associés à des handicaps intellectuels sévères, comme le syndrome de Rett, le syndrome du chromosome X fragile et les retards mentaux liés au X, font partie des TSA.

Picto Dialogue Des troubles affectant les relations interpersonnelles, la communication et le comportement

Les personnes atteintes d’autisme semblent peu accessibles aux autres. Elles établissent difficilement les contacts nécessaires à la construction d’une relation interpersonnelle, en particulier les contacts visuels. Le plus souvent, elles ne répondent pas lorsqu’on les appelle. Elles sourient très rarement et semblent ne pas comprendre les sentiments et les émotions des autres.

Les troubles de la communication associés à l’autisme touchent à la fois le langage et la communication non verbale. Une importante proportion – mais pas une majorité – des personnes atteintes de TSA présente des troubles du langage : répétition incessante des mêmes phrases, modulation et formulations inhabituelles, non utilisation de termes abstraits, etc. Une partie d'entre eux ne parle pas du tout. Au total, beaucoup d'autistes peinent à entrer dans un dialogue. Par ailleurs, ils ne comprennent et n’utilisent pas les éléments de communication non verbale tels que les gestes, les expressions du visage, le regard ou le ton de la voix.

Les personnes atteintes d’autisme ont souvent des comportements répétitifs (balancements du corps, battements des mains, tournoiements …), auto-agressifs (se mordre les mains, se cogner la tête…) ou inappropriés (pleurer ou rire sans raison apparente…). Elles s’attachent souvent à des objets qu’elles utilisent de manière détournée, par exemple en les alignant ou en les faisant tourner inlassablement. En général, elles tolèrent mal le changement (de lieux, d’emplois du temps, de vêtements, d'alimentation …). Une situation imprévisible peut provoquer une réaction d’angoisse ou de panique, de colère ou d’agressivité. Ces personnes qui semblent souvent indifférentes aux monde extérieur peuvent donc, de manière paradoxale, y être extrêmement sensibles: la lumière, le contact physique ou certaines odeurs peuvent déclencher des réactions de rejet très fortes.

L’autisme et les autres TSA s’accompagnent souvent de troubles du sommeil, de problèmes psychiatriques (dépression, anxiété), de troubles du développement (trouble de l'apprentissage ou de l’attention/hyperactivité). Près d'un autiste sur cinq souffre également d’épilepsie.

Les premiers signes, avant 3 ans

Les premiers signes évocateurs de l’autisme se manifestent le plus souvent entre 18 et 36 mois.
L’enfant est trop calme ou au contraire trop excité. Il semble indifférent au monde sonore et aux personnes qui l’entourent. Il ne répond pas à son prénom et ne réagit pas (ou peu) aux séparations et aux retrouvailles. Il ne sourit pas (ou rarement) et reste silencieux. Il ne regarde pas dans les yeux, ne joue pas à faire "coucou", ne pointe pas du doigt et ne cherche pas à imiter les adultes.

Picto ADN Une origine multifactorielle, largement génétique

L'autisme et les autres TSA sont liés à des anomalies très précoces – d'origine anténatale – du neurodéveloppement.

L'imagerie médicale, entre autres techniques, a mis en évidence chez ces personnes des défauts de mise en place et d'organisation de certains réseaux cérébraux spécialisés, dédiés à la communication sociale et à la modulation du comportement en fonction de l'environnement et de ses changements. La biologie moléculaire a pour sa part identifié plusieurs centaines de gènes dont l’altération semble conduire à une plus grande susceptibilité à l’autisme. Ces gènes sont impliqués dans des processus biologiques divers, mais nombre d’entre eux participent précisément à la formation du système nerveux et des connexions synaptiques, ainsi qu'à la synthèse de substances chimiques indispensables au bon fonctionnement du cerveau.

Il est désormais bien établi qu'il s'agit de maladies d'origine multifactorielle, avec cependant une forte composante génétique. Etre un garçon et présenter des antécédents familiaux sont d'ailleurs deux facteurs de risque reconnus. Cela n'exclut pas l'intervention de facteurs environnementaux – neuroinflammation, virus, toxiques ... – durant la grossesse, mais leur nature exacte n'est pas connue actuellement. La naissance prématurée constitue un autre facteur de risque reconnu et important. Par ailleurs, certains médicaments antiépileptiques administrés à la mère durant la grossesse, comme la Depakine, sont actuellement sur la sellette.

Quatre garçons pour une fille?

Si les garçons sont plus souvent atteints d’autisme que les filles, ce chiffre très souvent cité doit être relativisé. En effet les outils de détection et d'évaluation de ce trouble ont été essentiellement validés sur des populations de garçons, avec le risque d'occultation de signes propres aux filles. Une méta-analyse récente évoque plutôt un rapport de trois garçons pour une fille, rapport qui pourrait encore évoluer avec les progrès de la détection.

Faux coupables

Les données actuellement disponibles montrent que, contrairement à des croyances tenaces, ni les maladies cœliaques secondaires à une intolérance au gluten, ni la vaccination combinée contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), ni les caractéristiques psychologiques des parents (en particulier les prétendues "mères réfrigérateurs") ne sont des facteurs de risque de TSA.

Picto Famille Une prise en charge globale

L’autisme ne se soigne pas mais une prise en charge adaptée à l’enfant améliore ses capacités fonctionnelles à interagir avec le monde qui l’entoure et à s’y adapter. Cette prise en charge, pluridisciplinaire et individualisée, est un parcours de soin qui évolue avec l'enfant, puis l'adolescent et l'adulte. L'autisme persistant toute la vie, sa prise en charge doit "suivre" le patient.

Des troubles à dépister au plus tôt

Pour prendre en charge les autistes, encore faut-il les reconnaître comme tels. A cet égard, un dépistage précoce – autant que possible dès 18 mois – est essentiel : plus tôt est démarrée la prise en charge et meilleurs en seront les résultats. Une prise en charge précoce permet en effet des progrès supérieurs et évite l'apparition de sur-handicaps. Dans ce domaine, entre autres, la France doit rattraper un retard certain. La nouvelle stratégie nationale pour l'autisme le prend en compte (voir plus loin).

Prix d'honneur Inserm 2016 pour Catherine Barthélémy
Catherine Barthélémy, Prix d'honneur Inserm 2016, professeure émérite de la faculté de médecine de Tours, et ancienne directrice de l’équipe Autisme de l’unité de recherche Inserm 930 "Imagerie et Cerveau" à Tours.

Fondée sur une approche comportementale et développementale, la prise en charge comprend des dimensions sanitaires, médico-sociales et sociales. Le développement de l’enfant est régulièrement évalué (au moins une fois par an), de manière à pouvoir ajuster sa prise en charge. L’enfant reçoit des soins psycho-éducatifs, basés sur le jeu, qui l’aident à développer son langage, ses compétences cognitives, sensorielles et motrices, à adapter son comportement, à gérer ses émotions… Cela se fait à la maison – dans le lieu habituel de vie – et avec la famille. L’objectif est de lui donner (ainsi qu'à son entourage) les outils pour interagir avec les autres et à acquérir de l’autonomie.

Dans toute la mesure du possible, la prise en charge est conçue et réalisée avec la personne concernée et non pour elle. Un des enjeux actuels est de scolariser les autistes et de les aider à s'insérer dans la société plutôt que les cantonner dans des institutions. Pour une minorité de personnes ne pouvant pas s'insérer socialement, des centres d'accueil spécialisés sont apparus en France en 1996 mais ils restent peu nombreux. Beaucoup trop d'adultes autistes sont actuellement placés dans des lieux inadéquats (hôpital psychiatrique, institution pour personnes mentalement déficientes) ou laissés à la charge de parents vieillissants.

Des médicaments ?

A ce jour, aucun traitement médicamenteux ne guérit l’autisme. Toutefois, certains médicaments sont utilisés pour traiter les pathologies souvent associées aux TSA, comme l’épilepsie.

Pictogramme microscope Les enjeux de la recherche

La recherche française sur l’autisme et les autres TSA se structure désormais autour de l'Institut thématique multi-organismes Neurosciences, sciences cognitives, neurologie, psychiatrie, qui regroupe des équipes de l’Inserm, de CNRS, des Universités, des CHRU, de l’Institut Pasteur, de l’Inra, du CEA, etc. Des chercheurs et des praticiens de différentes disciplines – imagerie, biologie moléculaire, génétique, recherche clinique, psychologie, sciences cognitives, sciences sociales, etc. – collaborent pour tenter de comprendre les mécanismes de l'autisme, les relier à la clinique, esquisser de meilleures méthodes de détection et de prise en charge et comprendre comment la société pourrait mieux inclure ces personnes.

Rouages Comprendre

Pour mieux comprendre le développement très précoce des circuits cérébraux et leur lien avec le tableau clinique, la recherche s'articule autour de quatre axes:

  • la période pré et périnatale, où il s'agit d'étudier les interaction gènes-environnement au cours de la mise en place des réseaux cérébraux
  • l'enfance, avec sa trajectoire de développement et ses éventuelles régressions : il faut identifier les réseaux neuronaux concernés et faire le lien avec les manifestations cliniques. Cela suppose l'identification de nouveaux marqueurs et le développement d'outils diagnostiques.
  • l'adolescence : le devenir des troubles du développement durant cette période charnière de la maturation cérébrale est peu exploré. Or ils peuvent évoluer très favorablement... ou s'aggraver, allant parfois jusqu'à une transition vers la schizophrénie. A l'inverse, durant cette période, des troubles psychiques ou cognitifs préexistants peuvent "réveiller" un autisme passé inaperçu jusque-là.
  • les adultes sont les "grands oubliés" de la recherche. La biologie et les manifestations cliniques de l'autisme ne sont pas forcément les mêmes que chez les enfants. Il s'agit donc d'explorer tous les aspects de l'autisme adulte: tableau clinique, troubles associés, mécanismes de compensation, biologie, aspect sociologiques ...  

Pictogramme bloc notes diagnostic et stéthoscope Détecter et prendre en charge

Etude de suivi du regard "eye tracking"
Etude de suivi du regard "eye tracking". Etude sur l'autisme au service Explorations fonctionnelles et neurophysiologie en pédopsychiatrie, équipe Autisme, unité Inserm 930 Imagerie et cerveau, Centre hospitalier universitaire Bretonneau, Tours. © Inserm/Patrice Latron

De nouveaux outils (analyse automatique de films, suivi du regard...) sont à l'étude pour détecter l'autisme à la maison, dans le cadre habituel de vie du bébé et non dans un environnement étranger (cabinet, hôpital). La linguistique est aussi mise à contribution pour mieux analyser les particularités formelles du langage dans les TSA.

Un champ de recherche nouveau s'ouvre également pour développer un corpus de connaissances sur l'éducation de ces enfants : comment les aider à acquérir des connaissances, à devenir réellement des apprentis à l'école. Il fait appel aussi bien à la psychologie du développement et de l'apprentissage qu'aux neurosciences cognitives, voire à l'imagerie cérébrale fonctionnelle.

Les sciences humaines et sociales (sociologie, économie, psychologie) sont aussi mises à contribution pour comprendre comment la société accueille – ou pas – ces personnes.

Pictogramme gélule Traiter ?

Quelques molécules, en particulier des diurétiques, ont donné des résultats intéressants, mais très préliminaires, sur certains traits comportementaux. Il reste à mieux mesurer leur effet et à visualiser et comprendre les mécanismes de restauration du fonctionnement des circuits cérébraux. La voie menant à d'éventuelles aides médicamenteuses à la prise en charge (si elles existent un jour) reste très longue.

La stratégie nationale pour l'autisme (2018 -2022)

Présentée au public le 6 avril 2018, la stratégie nationale pour l'autisme prend la suite de trois plans nationaux successifs. 

Dotée d'environ 350 millions d'euros, elle s'articule autour de quatre grandes ambitions:

  • inclure les personnes autistes dans la société
  • intervenir de manière adaptée et respectueuse de leurs choix et de ceux de leur famille
  • donner aux professionnels les moyens d'agir
  • placer la science au cœur de la politique publique en créant un réseau de recherche d'excellence et en assurant la diffusion des connaissances. Il s'agit également de favoriser les méthodes de prise en charge réellement évaluées.
27 mai 2018

À propos du reportage sur les autistes de la silicon Valley : et si Evan était français ?

article publié dans l'Express

Le parcours du combattant the-autist, publié le 23/05/2018 à 18:09

Je voudrais réagir par rapport au reportage sur ces autistes « nouveaux talents de la Silicon Valley », diffusé au JT de France 2 le 20 mai 2018.

Comment dire ? C’est un reportage que je trouve très intéressant sur deux points.

Le premier, c’est qu’il n’apparaît aucune femme autiste qui travaille.

Mais est-ce que les femmes autistes Asperger existent ? On vient à en douter. Peut-être est-ce parce que selon certains psychanalystes la femme n’existe tout simplement pas (voir cette vidéo à 5min45s). Alors imaginez une femme autiste… Et qui travaille dans l’informatique, qui plus est…

 

Le second point, c’est la différence de traitement constatée entre les autistes en France et aux États-Unis.

Imaginons un reportage similaire en France, tourné par un pays étranger. Voici ce que cela donnerait si Evan, qui apparaît dans le « vrai » reportage, était français :

(commentaire journaliste)

Cet État, la France, crée chaque année plus de places en centres sanitaires (CMP), établissements médico-sociaux et hôpitaux psychiatrique/hôpitaux de jour aux personnes autistes.

Evan, 35 ans, est l’un deux : il quitte chaque matin son domicile avec ses médicaments dans son sac. Il rejoint un hôpital de jour à Lyon, qui l’a débauché il y a 5 ans.

« C’est très facile d’être dans un hôpital de jour ; en fait, dès lors qu’on a un diagnostic d’autisme ou de trouble psychiatrique, on y est poussé naturellement par le système ! »

Dans la vie de tous les jours, il devient de plus en plus dépendant, diminué et soumis, avec l’effet des neuroleptiques. « On a les compétences pour travailler mais c’est juste qu’il faut remplir les structures sanitaires pour justifier le salaire des psychiatres et leur permettre de s’assurer une belle retraite aux frais de l’État », explique-t-il.

Si ces centres sanitaires et hôpitaux psychiatriques accueillent beaucoup d’autistes, c’est parce qu’ils représentent un  investissement rentable. Grâce à eux le directeur de l’hôpital de jour fête l’aval financier du gouvernement pour ouvrir un autre hôpital de jour dans un autre arrondissement de sa ville.

« Quand on a besoin de patients pas trop difficiles à gérer, pourquoi ne pas taper à la porte de cette population ? Actuellement il y a environ 30 000 autistes (diagnostiqués ou non) qui sont accueillis dans 568 structures psychiatriques », explique-t-il.

neuroleptique

Ces structures psychiatriques publiques sont très présentes dans le paysage culturel français et le gouvernement leur confère beaucoup de pouvoir en les finançant généreusement (un patient accueilli une journée et une nuit en Hôpital Psychiatrique coûte environ 500 € à la sécurité sociale), malgré la dette faramineuse de la sécurité sociale (appelée communément « Trou de la Sécu »), sans contre-partie sur l’évolution de l’état du patient :

« Ce qui est très intéressant pour nous, c’est que les évaluations externes des établissements ne prennent pas en compte l’évolution de leur état de santé : nous n’avons de comptes à rendre à personne sur ce plan, et les budgets sont renouvelés sans condition concernant leur évolution. C’est donc dans notre intérêt de les rendre le plus dépendants possible, et les neuroleptiques nous y aident beaucoup. Les autistes, deviennent plus dociles avec ces traitements, leurs facultés intellectuelles sont altérées, ce qui diminue la probabilité qu’ils puissent travailler et donc augmente les chances qu’ils restent dans nos murs, pérennisant ainsi nos emplois. De plus, ces neuroleptiques agissent comme une drogue, de sorte qu’ils en deviennent addicts, et nous sommes un peu comme leur dealer, ils sont obligés de venir pour pouvoir se les procurer et en plus nous sommes payés pour leur en fournir. »

Evan commente les dires du directeur : « C’est flippant de se dire qu’il y a des professionnels de santé payés par la sécurité sociale qui s’intéressent à notre profil, et qui nous éloignent des possibilités de travail et d’autonomie en nous abrutissant de neuroleptiques. »

 

Tous les adultes autistes ne sont pas dans des établissements sanitaires. Il existe une partie qui vivent encore chez leurs parents (sans possibilité de vie sociale/travail dans un environnement adapté). D’autres ont leur indépendance au niveau logement mais sont en grande précarité : au RSA car pas assez handicapés pour toucher l’Allocation Adulte Handicapé, d’autant plus que les critères d’attribution de cette allocation risquent d’être révisés, et sans possibilité de travail dans un environnement adapté. Une dernière partie est SDF. Parmi eux, beaucoup pensent au suicide et certains passent à l’acte.

Une infime minorité réussit cependant à travailler en milieu spécialisé ou ordinaire, mais rares sont les emplois qui leurs sont adaptés.

Des engagements récents de ce gouvernement visent à inclure d’avantage de personnes autistes dans la société, sans (apparemment) pour autant remettre en question le fonctionnement des secteurs du sanitaire (psychiatrie) et du médico-social.

 

 

 

+ Derniers articles publiés :

10 mai 2018

L'homéopathie est-elle un placebo ?

 

L'homéopathie est-elle un placebo ?

L'homéopathie, ses principes et la question de son efficacité, sont au coeur cette semaine de notre nouveau programme hebdomadaire, Les Idées claires, par Nicolas Martin, et proposé par France Culture et France Info et destiné à lutter contre les désordres de l'information, des fake news aux idées reçues.

https://www.franceculture.fr

 

7 mai 2018

Autisme : le cannabis thérapeutique bientôt testé ?


feuile cannabis

Marie-Céline Ray

Journaliste

Des scientifiques de l'université de Californie à San Diego veulent mener des recherches pour savoir si le cannabidiol peut soulager les symptômes d'enfants autistes. Ils ont reçu un don de 4,7 millions de dollars pour ce projet.

Les causes précises de l'autisme demeurent inconnues. Mais les cerveaux des personnes autistes présentent des anomalies, comme une baisse de la quantité de sérotonine disponible, une molécule impliquée dans le contrôle de l'humeur. Or le cannabidiol (CBD), extrait du cannabis, a des effets sur le système nerveux central qui pourraient être intéressants pour les patients autistes. Par exemple, le CBD favorise l'activité des endocannabinoïdes, des neurotransmetteurs impliqués dans l'humeur, la mémoire et d'autres processus cognitifs.

Le centre de recherche sur le cannabis médicinal, situé à l'université de Californie à San Diego, a reçu un don important de la fondation Ray and Tye Noorda pour soutenir ses travaux. Cette somme est destinée à la recherche en faveur de traitements utilisant des cannabinoïdes pour soulager les symptômes d'enfants souffrant d'un autisme sévère.

Un essai clinique pour évaluer l’intérêt du cannabidiol

Igor Grant, professeur de psychiatrie et directeur du centre de recherche, a expliqué dans un communiqué que « Les manifestations les plus sévères de l'autisme sont difficiles à traiter, ce qui pousse les parents à rechercher des remèdes non-traditionnels. » Certaines données, non confirmées, suggèrent que le cannabidiol pourrait être utile, « mais il n'y a pas d'études précises pour documenter ses avantages ou sa sécurité ». Le don permettra de mettre en œuvre un programme de recherche, avec un essai clinique et des études fondamentales pour savoir si la piste du cannabidiol est intéressante.

Le centre de recherche sur le cannabis médicinal, créé en 2000, a déjà travaillé sur l'utilisation du cannabis thérapeutique pour des douleurs chroniques.

19 avril 2018

Dimitri, 38 ans, autiste en psychiatrie : un combat vain ?

article publié sur Handicap.fr

Résumé : Voilà 38 ans que Dimitri, autiste, ne connait que les murs de la psychiatrie. Après une tentative avortée dans un centre, son frère repart au combat alors qu'Edouard Philippe déclare que les personnes autistes n'ont rien à faire à l'hôpital.

Par , le 18-04-2018

"Aujourd'hui, nous sommes face à une obligation éthique, à une responsabilité collective car le lieu de vie des adultes autistes, au XXIe siècle, ne peut pas être l'hôpital", a déclaré Edouard Philippe, Premier ministre, le 6 avril 2018 à l'occasion du lancement de la Stratégie nationale pour l'autisme. Et pourtant ! Il est en qui y sont, en réchappent, y retournent, qu'on balade... C'est le cas de Dimitri Fargette.

Opérations coup de poing

L'un de ses frères (ils sont triplés), Nicolas, s'est fait connaître en menant deux opérations coup de poing. En septembre 2015, il s'enchaîne aux grilles de la préfecture du Jura. Quelques semaines plus tard, il escalade sa façade pour y déployer sa banderole (article en lien ci-dessous). A travers cette action spectaculaire, il réclame une place en MAS (maison d'accueil spécialisée), pour Dimitri, "incarcéré", selon lui, en hôpital psychiatrique depuis plus de 17 ans et récemment placé dans une Unité pour malades difficiles (UMD), sur décision d'un représentant de l'Etat. Il est maintenu à l'isolement, attaché, sous camisole chimique avec pas moins de quinze médicaments par jour. Il avait été diagnostiqué autiste le 7 octobre 2015. A l'âge de 35 ans ! Après une procédure judiciaire, la famille Fargette finit par obtenir gain de cause. Tout au moins en partie. Pas de place en établissement, pour le moment, mais la "permission" de retourner au domicile familial.

Bienvenue à domicile

Le 9 février 2016, se referment derrière Dimitri les portes de l'hôpital. Mais la situation n'est pas gérable à long terme. Nicolas a dû arrêter de travailler pour s'occuper de ce frère autiste, de surcroît très malvoyant. Il aurait besoin d'une prise en charge à plein temps mais la MDPH octroie à sa famille une compensation (PCH) de 3 heures 30 par jour à 3,50 euros de l'heure. Une aumône de 393,90 par mois ! Le montant journalier en centre hospitalier était de 673,35 euros par jour, soit 20 200 euros par mois. "Au CHS, mon frère restait attaché sur son lit H24 sans aucune sortie ni activité, explique Nicolas. Sans compter le prix des médicaments, qui ont nettement baissé depuis sa sortie... Ça fait cher pour être un esclave du système !".

Retour à l'envoyeur

Quelques mois plus tard, Dimitri finit par obtenir une place en FAM (foyer d'accueil médicalisé), près de chez lui. Mais l'embellie ne dure qu'un temps... Le 8 février 2018, Dimitri doit quitter cet établissement. Retour à l'envoyeur : l'hôpital psychiatrique de Dole où il a déjà séjourné durant de nombreuses années. Nicolas reconnait que son frère peut avoir des "troubles du comportement" mais explique : "Dimitri a commencé à les manifester à cause du changement de personnel parce que l'établissement peine à recruter. Il a beaucoup de rituels et, s'ils ne sont pas respectés, cela pose problème. Il faut des personnels formés à la prise en compte des personnes autistes. On sait bien que, parfois, avec ce public, c'est difficile mais il faut savoir s'adapter." Ce n'est pas le gouvernement qui prétendra le contraire ; dans sa Stratégie autisme 2018-2022, il est écrit noir sur blanc : "Beaucoup sont à l'hôpital, ce qui ne devrait pas être leur place. Certains troubles du comportement aigus sont parfois les conséquences directes de cette mauvaise prise en charge". Selon le rapport de la Cour des comptes sur l'autisme publié en janvier 2018, "10 % des hospitalisations au long-cours en hôpital et 40 % des journées d'hospitalisation inadéquates concernent des patients atteints de troubles du spectre de l'autisme". En attendant, Dimitri est à l'isolement avec de trop rares sorties et aucune visite de ses proches.

Pas de solutions officielles

Depuis deux mois, la famille est baladée de services en services. Invoquant une "situation critique" qui devrait faire l'objet d'un traitement spécifique, Nicolas a frappé à toutes les portes : celle de la MDPH, bien sûr, qu'il harcèle d'appels chaque jour, mais aussi de l'ARS (Agence régionale de santé), du président du Conseil général du Jura, du secrétariat d'Etat au handicap, d'Agnès Buzyn ministre de la santé, du Premier ministre et même d'Emmanuel Macron... On accuse, parfois, réception de ses lettres mais rien n'avance. Pour alerter l'opinion publique, il crée une page Facebook "Soutien à Dimitri Fargette". Le 28 mars 2018, il reçoit une lettre de Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, qui se dit "très attentive à l'accompagnement des personnes en situation de handicap" et affirme comprendre le "désarroi" de ce frère, contraint, notamment, d'abandonner sa vie professionnelle. Elle précise avoir interpellé le directeur de l'Agence régionale de santé Bourgogne-Franche Comté ainsi que la directrice de la MDPH du Jura. Cette dernière a effectivement reçu des consignes ministérielles et répond que "des recherches ont été faites mais qu'il n'y a de place nulle part", selon Nicolas. "D'après elle, la ministre donne des directives mais pas les moyens pour les réaliser", explique-t-il. Il a également sollicité les associations de personnes autistes, en vain, qui l'ont parfois mené sur de fausses pistes. Même son de cloches : "Pas de place, faut attendre". Combien de temps encore ? Dimitiri a 38 ans.

Un certificat médical manquant

Le 16 avril, énième rendez-vous avec la MDPH. Il manque un papier, un certificat médical attestant que Dimitri n'a rien à faire en psychiatrie et peut être accueilli dans un établissement médico-social. La famille a déjà produit ce document émanant d'un psychiatre en ville qui assure qu'il n'est pas dangereux et serait tout à fait apte à vivre en collectivité, sans risque pour les autres résidents. Mais cela ne suffit pas ; il faut le tampon de l'hôpital de Dole. Coups de fil. Chacun se renvoie la balle. Le médecin n'est pas là ; c'est lui qui décidera. Un autre rendez-vous doit avoir lieu dans la semaine entre la directrice de la MDPH et le médecin de l'hôpital.

Ces dernières années, la famille Fargette a jeté toutes ses forces dans la bataille. Elle ne croit plus aux promesses. Lui reste pourtant un sursaut de persévérance qui lui intime de ne pas céder. Et puis le Premier ministre a promis dans la mesure 13 de sa Stratégie autisme de "Mettre fin aux hospitalisations inadéquates des adultes autistes et renforcer la pertinence des prises en charge sanitaires". Des raisons d'espérer ? Et de continuer à lutter ?

 

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Sur Handicap.fr

21 février 2018

La recommandation de bonne pratique relative aux adultes autistes sonne comme une leçon de vie

article le 19/02/18 par HOSPIMEDIA

La HAS et l'Anesm mettent à l'honneur le parcours dans leur recommandation de bonne pratique consacrée aux adultes autistes. Le document attendu depuis plusieurs années est issu d'un large consensus de professionnels, d'associations et de personnes autistes. La vie des personnes autistes passe par l'inclusion, l'emploi, l'habitat, les droits...

La Haute Autorité de santé (HAS) et l'Agence nationale de l'évaluation de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) rendent officiellement publique leur recommandation de bonne pratique relative aux interventions et parcours de vie de l'adulte autiste (à télécharger ci-dessous). Ce travail, issu du troisième plan Autiste et diffusé juste avant que ne soit dévoilé le quatrième, a été annoncé de longue date par les différentes ministres ou secrétaires d'État en charge du handicap depuis 2013 (soit dans l'ordre Marie-Arlette Carlotti, Ségolène Neuville et Sophie Cluzel). Presque finalisé cet été (lire notre article), le document s'est vraiment fait attendre.

La revanche des adultes

Comme le rappelle dans leur communiqué de présentation l'Anesm et la HAS, "l'offre d'accompagnement des adultes autistes est moins développée et structurée que pour l'enfant". Interrogé par Hospimedia, Dominique Fiard, psychiatre et coprésident du groupe en charge de la recommandation autisme adulte confirme : "La tâche a été considérable", tout d'abord pour constituer une base de données et aussi un état des connaissances exhaustif en ne partant quasiment de rien. La littérature même étrangère sur le sujet est extrêmement limité, souligne-t-il. Par ailleurs, la diversité des situations et des acteurs du monde de l'autisme que ce soit les professionnels ou les représentants des familles, n'a pas simplifié la tâche. En fin de recommandation, la liste des participants à l'ouvrage prend d'ailleurs sept pages. Tous les adultes autistes n'ont pas les mêmes besoins. Les deux coauteurs écrivent que "chaque situation est unique : les manifestations de l'autisme varient de façon importante selon les personnes, entraînant un impact sur le quotidien et des situations très différentes. Si le chiffre de 600 000 adultes autistes est parfois avancé pour estimer la prévalence en France, aucune donnée épidémiologique n'existe à ce jour." Les classifications internationales citées à plusieurs reprises distinguent pour leur part les autistes avec ou sans déficit intellectuel associé, avec ou pas d'altération du langage, ceux souffrant d'une pathologie médicale ou génétique, d'un trouble du développement ou du comportement... l'éventail est large.

350 recommandations de vie

Le document — et sa soixantaine de pages — compte finalement 350 recommandations qui ont toutes été discutées au regard des différentes postures avec en même temps un souci de lisibilité et de simplification. "Cela nous a pris deux ans et demi et ce n'est pas trop long pour aboutir à un consensus formalisé concernant les interventions et le parcours de vie de la personne autiste". Toutes les recommandations semblent vouloir aller à l'essentiel pour ne pas perdre de vue la démarche consensuelle, indique Dominique Fiard. Pour les introduire, il est à chaque fois précisé les enjeux et effets attendus pour les adultes autistes. Une façon claire de replacer l'adulte autiste au cœur de son parcours. Autre impératif mis en avant, il faut privilégier l'inclusion en milieu ordinaire pour ces adultes, même si la vie en établissement médico-social ne doit pas être écartée pour autant systématiquement. La HAS et l'Anesm encouragent au passage le développement de nouvelles formes de cadre de vie.

Une base consensuelle

De son côté, le psychiatre insiste sur le fait qu'il s'agit d'une première base de réflexion commune, qui pourra faire l'objet d'une réactualisation à l'avenir à l'image par exemple de la recommandation enfants autistes. Si pour ces derniers, les deux agences avaient insisté sur les interventions thérapeutiques et éducatives coordonnées, dans le cas des adultes, les maîtres mot restent "parcours de vie" ou encore "inclusion" et surtout "participation de l'adulte autiste" et "respect de ses droits".

Dans cet ensemble, le parcours de santé se résume globalement à trois pages, si on ne compte pas la prévention. Concernant les soins psychiatriques, "certaines personnes autistes peuvent avoir des troubles psychiatriques associés", préviennent les agences. Elles rappellent surtout qu'il "n'existe pas d'indication des psychotropes spécifiques à l'autisme". Prudentes, elles suggèrent :"En l'absence de données spécifiques sur les traitements des troubles psychiatriques associés à l’autisme, de se référer aux recommandations existantes pour ces troubles, toujours en tenant compte du fonctionnement de l'adulte autiste".

Les grands axes de la recommandation adultes autistes

La Haute Autorité de santé (HAS) et l'Agence nationale de l'évaluation de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) ont articulé leur travail autour du parcours de vie démarrant à l'adolescence et se terminant avec la vieillesse. Huit grands axes sont ainsi identifiés :

  • passage de l'adolescence à l'âge adulte ;
  • participation de l'adulte autiste (respect de ses droits, de ses choix, droit de regard dans les décisions le concernant...) ;
  • rappels sur le diagnostic et les évaluations du fonctionnement chez l'adulte ;
  • interventions sur l'environnement de la personne (rôle de la famille, solutions de répit, habitat...) ;
  • accompagnement de l'adulte autiste et évaluation des effets attendus ;
  • parcours de santé ;
  • prévention et gestion des comportements-problèmes ;
  • vieillissement.

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Recommandation de bonne pratique adultes autistes

12 février 2018

Vu du Royaume-Uni. Le traitement archaïque et inhumain de l'autisme en France

 

Vu du Royaume-Uni. Le traitement archaïque et inhumain de l'autisme en France

Enfants arrachés à leurs parents, placements en hôpitaux psychiatriques, surmédication... Les soins apportés aux autistes en France révoltent les associations françaises et les institutions à l'étranger. État des lieux par The Guardian. Comme des milliers d'enfants français que leurs parents croient autistes, le fils de Rachel, 6 ans, a été dirigé par les pouvoirs publics vers un hôpital de jour.

https://www.courrierinternational.com

 

12 décembre 2017

La gestion de l’autisme en France : « c’est catastrophique »

article publié sur VIVRE fm

Lundi 11 Décembre 2017 - 13h59

autisme

Des enfants placés en hôpital de jour, des difficultés à être scolarisés, des adultes qui se retrouvent sans place en établissement spécialisé : devant l’indigence de la situation en France, certains parents disent leur colère.

Albert Algoud dénonce les conditions d'accueil de son fils autiste en établissement
Albert Algoud dénonce les conditions d'accueil de son fils autiste en établissement

Le 8 décembre, lors du vernissage de l’exposition de photographies « Autiste et alors ? » sur les grilles de l’Hôtel de Ville de Paris, dont certains clichés ont été pris par Yann Arthus-Bertrand et Nikos Aliagas, la rédaction a rencontré des parents d’enfants autistes. L’occasion de revenir sur les conditions de prise en charge de ce public dans les établissements dédiés. L’autisme a une prévalence d’une personne sur 150 en France. Près de 100 000 jeunes de moins de 20 ans sont touchés dans notre pays. Pourtant, les structures ne suivent pas.

« 40 ans de retard »

Laure Delaronde, vice-présidente de SOS Autisme, association organisatrice de l’exposition, est catégorique sur la gestion de l’autisme par les pouvoirs publics. « On a quarante ans de retard par rapport à l’autisme en France. On a encore la psychiatrie qui prévaut. On a des enfants qui sont encore enfermés dans des hôpitaux de jour alors que l’autisme n’est pas une maladie psychiatrique, une psychose.  Moi, c’est ce qu’on m’a proposé pour mon fils, à deux ans », dénonce Laure Delaronde.Et pour les adultes, la situation est pire.  

Dans le dernier plan autisme, 1 500 places devaient être créées pour accueillir les adultes, seules 150 places ont été créées. Alors plusieurs milliers d’autistes adultes sont encore pris en charge dans des établissements réservés aux enfants, les instituts médico-éducatifs, grâce à l’amendement Créton de 1989, le temps de trouver un placement approprié. Aglaé est maman d’un jeune homme de 25 ans sur liste d’attente depuis sept ans pour un établissement pour adultes. «On n’a pas de places justement pour les adultes handicapés. Mon fils bénéficie de l’amendement Créton et actuellement on me menace de le mettre dehors de l’IME. Je suis dans l’obligation de les menacer du tribunal européen et y a que comme ça que j’arrive à avoir gain de cause parce que sinon on mettrait mon fils à la porte », dénonce Aglaé, la voix légèrement cassée.

« Mon fils était enfermé (…) une couche au cul »

Albert Algoud, chroniqueur à France Inter, est père d’un jeune autiste de 27 ans, Bonaventure. « On l’appelle Boni », précise Albert Algoud avec tendresse. « Depuis un an, mon fils est de retour à la maison. Pendant un an et demi, il a été placé dans une institution du Sud-Ouest de la France avec une très très très bonne réputation, des gros moyens, une ferme pédagogique. Et de tout cela, ils ne font  rien. Les résidents sont gavés de médicaments, il y a des sevrages scandaleux de médicaments prescrits auparavant. J’ai les preuves d’un enfermement qui a duré six mois dans sa chambre et le pire il subissait une contention complète : les pieds, les genoux, le torse, attachés, sur un fauteuil dans la journée, sur son lit, la nuit, avec une couche au cul alors qu’il est propre depuis qu’il est enfant. C’est une honte absolue. C’est en France aujourd’hui et il n’est pas le seul dans une indifférence royale. Des pratiques qui tendent à se généraliser », affirment le chroniqueur. Albert Algoud, Aglaé, Laure et d’autres parents dénoncent un manque scandaleux de structures en France en espérant être entendus par les pouvoirs publics.

Stéphanie Sérac

24 novembre 2017

L'approche globale en santé mentale & autisme : une nécessité !

 

L'APPROCHE GLOBALE EN SANTÉ MENTALE : UNE NÉCESSITÉ | Grandes Conférences du SIDIIEF | En Webdiffusion

INSCRIPTION DE GROUPE Djéa SARAVANE, médecin Directeur, Centre régional douleur et soins somatiques en santé mentale et autisme, Établissement Public de Santé Barthélemy Durand FRANCE Détenant un doctorat en biologie humaine et un doctorat d'État en médecine, Djéa Saravane est directeur du Centre régional douleur et soins somatiques en santé mentale et autisme à l'Établissement Public de Santé (EPS) Barthélemy Durand (France).

http://grandesconferencessidiief.org

 

3 novembre 2017

Le monde de l’autisme, divisé, s’accorde sur la nécessité d’études sur le sommeil

logo club de mediapartarticle publié dans Médiapart

3 nov. 2017
Par Blog : Le blog de Jean Vinçot

Un point d'accord entre les associations de parents et celles de personnes autistes : les troubles du sommeil. Un point de vue des USA.

Aujourd'hui, le CIRCADIN (médicament à effet retard de la mélatonine) est remboursé par la Sécurité Sociale pour les enfants (moins de 18 ans) avec un diagnostic de TED, grâce à une ATU (autorisation temporaire d'utilisation).. 

Mais les troubles du sommeil ne disparaissent pas miraculeusement à 18 ans.

Le cycle circadien se met en place à 9/12 mois, avec un pic de sécrétion de la mélatonine qui prédispose à l'endormissement. Il y a un déficit dans ce pic pour les personnes autistes, et d'ailleurs pour certains de leurs parents.

Rétablir un cycle d'endormissement est essentiel pour avoir une vie normale dans le monde NT. C'est ce que défend cette personne autiste.

Voir aussi  Mélatonine - Est-il sûr de prendre de la mélatonine pour le décalage horaire ?  en complément de Mélatonine - Remboursement ou non pour les personnes autistes  et de  Mélatonine - La prison circadienne - Michelle Dawson

Le monde de l’autisme, pourtant divisé, s’accorde sur la nécessité d’études sur le sommeil

Par Sara Luterman  /  17 Octobre 2017

Chez Spectrum, nous préférons parler de « personnes avec autisme » plutôt que d’ « autistes » mais nous avons fait une exception pour cet article dans la mesure où l’auteur est très attaché au fait que l’autisme est une partie à part entière d’elle-même. 

Le monde de l’autisme se divise autour de nombreux sujets tels que décrire l’autisme comme une simple différence ou un trouble, préférer dire « autiste » plutôt que « personne avec autisme » ou la façon dont la génétique et l’environnement contribuent à l’autisme, pour n’en citer que quelques uns. Mais il y a un point sur lequel nous nous rejoignons : il faut plus d’études sur le sommeil.

Le 4 mai, j’ai participé à une commission au siège de la Food and Drug Administration (FDA) américaine à Rockville, Maryland. Lors de cette rencontre, des représentants de l’industrie, des militants (dont je fais partie) et des parents d’enfants autistes ont échangé sur la question des traitements préconisés pour l’autisme.

Comme lors de la plupart des réunions sur l’autisme, les tensions ont parfois été importantes : les adultes autistes, les militants comme moi et les parents d’enfants autistes n’ont souvent pas la même opinion. J’ai levé les yeux au ciel en entendant une mère affirmer avec conviction que l’autisme est une maladie auto-immune et que des doses élevées de vitamines avaient permis de guérir son fils. Et je suis certaine que certains parents ont du eux aussi lever les yeux au ciel quand j’intervenais : après tout j’ai fait des études supérieures, comment pourrais-je savoir ce qu’est le « vrai » autisme ?

Mais quelque chose d’étonnant a eu lieu lors de la prise de parole libre en fin de réunion. La pièce a semblé s’éclairer lorsque les parents et les militants ont parlé d’une même voix au sujet de l’autisme et des problèmes de sommeil. C’est quelque chose qui nous pose problème à tous.

Encore plus étonnant : l’absence totale de recherche sur l’autisme et le sommeil. Une simple recherche sur PubMed montre qu’il n’y a eu que neuf essais cliniques sur l’autisme et le sommeil ces cinq dernières années. Si l’on compare avec les 400 essais cliniques publiés sur la même période concernant le traitement des principales caractéristiques de l’autisme tels que les habiletés sociales, c’est insensé quand on sait le besoin cruel de solutions pour les troubles du sommeil chez les personnes autistes. Les troubles du sommeil sont au moins deux fois plus élevés chez les autistes que chez l’ensemble de la population.

Si le but de la recherche sur l’autisme est d’améliorer le quotidien de ceux d’entre nous qui sont concernés par les TSA, les scientifiques qui travaillent sur le sujet devraient se focaliser sur les troubles du sommeil et leurs conséquences multiples sur la santé, l’humeur et le comportement.

Une nation privée de sommeil

Les autistes sont concernées par des troubles du sommeil divers. Une amie d’université a un trouble du rythme circadien du sommeil si important (un cycle du sommeil irrégulier ou inversé) qu’elle est incapable de garder un emploi stable bien qu’elle soit excessivement intelligente. Un autre ami a décidé de vivre dans sa camionnette afin d’essayer de réguler son cycle de sommeil grâce à la lumière du jour.

En ce qui me concerne, je n’ai jamais réussi à passer une bonne nuit de sommeil. J’ai souvent du mal à m’endormir. J’ai des sueurs nocturnes si importantes que j’ai du acheter un protège-matelas. Mon bruxisme nocturne est si prononcé que j’en ai fait tomber un plombage.

Les problèmes de sommeil touchent aussi les parents et soignants d’autistes, en particulier lorsque ceux-ci nécessitent un accompagnement important. Si l’un d’eux doit être surveillé et qu’il est encore réveillé à 3 heures du matin, son aidant devra forcément rester éveillé lui aussi. Je suis convaincue que les parents neurotypiques d’enfants autistes souffrent d’un manque cruel de sommeil. Nous sommes tous épuisés.

Lors de la réunion au FDA, les parents ont décrit les problèmes de sommeils de leurs enfants et les représentants autistes ont parlé des leurs. Nous avons donc logiquement réclamé d’une seule voix de meilleurs traitements pharmaceutiques possibles pour traiter les troubles du sommeil.

J’ai essayé une longue liste de traitements qui vont de compléments en vente libre tels que la mélatonine à des somnifères plus forts tels que le Stilnox. La mélatonine me faisait l’effet d’une gueule de bois. Le Stilnox me faisait faire des choses complètement farfelues dont je ne me souvenais plus le lendemain. Un matin, quand je me suis réveillée, je me suis rendu compte que j’avais créé une adresse email pour le chien que j’avais lorsque j’étais petite. C’est la dernière fois que j’ai essayé de prendre un médicament sur ordonnance pour dormir.

J’ai fait une thérapie cognitivo-comportementale qui s’est révélée efficace pour m’endormir mais n’a pas amélioré la qualité de mon sommeil. Et elle ne peut rien faire pour les personnes qui se réveillent plusieurs fois par nuit ou qui ont un cycle de sommeil anormal. J’utilise une couverture lestée qui m’aide un peu, bien que l’unique étude pour savoir si c’est une aide efficace au sommeil pour les autistes ait conclu qu’elle ne servait à rien. Ma couverture lestée n’est peut-être que mon placebo préféré.

Des questions sans réponses

Il y a fort probablement une différence entre les troubles du sommeil chez les autistes et chez les personnes neurotypiques mais nous n’en savons pas beaucoup plus. Nous avons besoin de comprendre pourquoi les autistes métabolisent différemment la plupart des médicaments.

Chez les personnes non autistes, les troubles du sommeil sont fréquemment associés à des troubles de l’humeur tels que la dépression et l’anxiété, et ces troubles sont encore plus courants chez les autistes. Nous devons donc savoir si les perturbations du sommeil contribuent aux taux élevés de dépression et d’anxiété chez les autistes ou si elles sont une conséquence de ces pathologies.

Il n’y a aucun doute sur le fait que le manque de sommeil nous rend encore plus irritables. De ce fait, un sommeil de mauvaise qualité pourrait-il contribuer à augmenter les problèmes sensoriels ou les difficultés d’attention ?

Ce sont autant de questions sans réponses, alors je lance un appel aux scientifiques et aux organisations qui financent leurs recherches : s’il-vous-plait, faites votre maximum pour trouver des réponses.

Sara Luterman est la créatrice de NOS Magazine, le premier site en ligne de culture et d’information par et pour les partisans de la neurodiversité.

Traduction par Isabelle Besnier-Pachot

2 novembre 2017

Autisme Témoignage -> Jean, Dominique & Jérôme Eyssartier

Un article qui date de 2012 intéressant à plus d'un titre.
Jean-Jacques Dupuis

article publié sur le site Proche de malade

À travers l'oeil du photographe Mat Jacob, un moment de l'histoire de Dominique et Jean autour de leur fils Jérôme, jeune autiste de 20 ans.

Sous le regard de Mat Jacob, photographe
Mat Jacob est membre du collectif Tendance Floue. Après avoir observé l'école dans le monde entier durant une décennie, il entame une réflexion sur le rapport entre l'intime et l'universel. Un terrain d'étude qui l'a naturellement amené à explorer le rapport indicible entre l'aidant et le proche dépendant dans le cadre de Génération Proches. En août 2012, il a rencontré Jérôme et ses parents
En cette rentrée 2012, Dominique et Jean Eyssartier se préparent à voir leur fils cadet moins souvent qu'auparavant. Hébergé dans un foyer d'accueil médicalisé pour autistes « de haut niveau », à Créteil, Jérôme ne rentrera à la maison qu'un week-end sur deux. Parce qu'ils sont un peu inquiets de son moral, ce couple soudé et solidaire multiplie les projets pour offrir à leur fils une vie en dehors des structures d'accueil et des hôpitaux de jour.

Des solutions pour que Jérôme ait une vie meilleure malgré sa maladie 
À 60 ans, Jean Eyssartier pense sérieusement à créer une entreprise après sa retraite de la banque où il travaille. Il s'imagine dans sa région natale des Landes, rachetant une activité qui offrirait plusieurs postes aménagés, notamment pour son propre fils, Jérôme.
De son côté, Dominique, la maman, est restée en contact avec une orthophoniste installée à l'île d'Oléron, qui s'est beaucoup occupée de Jérôme. Les deux femmes voudraient créer sur l'île une structure d'accueil où les jeunes autistes pourraient sortir et travailler. Chacun épaule et conseille l'autre dans cette quête de solutions pour que Jérôme ait une vie meilleure malgré sa maladie.
Depuis que leur fils a été diagnostiqué autiste à 4 ans et demi, ses parents se sont beaucoup mobilisés. Mais la majorité des médecins et des organismes ne leur ont pas facilité la tâche.

« Nous aimerions créer une structure où les autistes pourraient sortir et travailler. »

Dominique, la maman de Jérôme

D'hôpital de jour en centre médico-psychologique, les Eyssartier se sont souvent sentis pris pour des imbéciles. Et culpabilisés par des psychiatres qui n'avaient pas encore compris que l'autisme est une maladie d'origine génétique et rendaient les parents responsables. Dominique et Jean n'ont toutefois pas l'habitude de se laisser enfoncer sans rien dire et de baisser les bras. Avec une bonne dose d'ingéniosité et grâce à des rencontres précieuses, ils ont permis à leur fils d'aller beaucoup plus loin que ce que pouvaient prédire les médecins.

Prendre les choses en main et devenir des aidants astucieux
La famille Eyssartier habite dans un appartement coquet perché sur les hauteurs du Kremlin-Bicêtre. Avec leurs trois enfants, Hélène, Lise et Jérôme, qui est leur petit dernier, il leur fallait de la place. Infirmière scolaire à Paris, Dominique a toujours été une aidante astucieuse. Elle aime son métier et a appris à jongler avec les emplois du temps. 
« L'hôpital de jour fermait à 15h30. J'ai trouvé une ambulance pour ramener Jérôme au lycée où je travaillais, raconte-t-elle. Des élèves infirmiers et un surveillant s'en occupaient dans la cour, le temps que je termine ma journée. »
Depuis que l'autisme s'est invité chez eux, Dominique et Jean ont choisi de prendre les choses en main. En s'informant au mieux, en s'investissant dans des associations et en tenant tête aux médecins quand ils jugeaient leurs décisions inadaptées, ils ont fait front ensemble, sans faillir.

« J'ai dû apprendre à jongler avec les emplois du temps. »

Dominique, la maman de Jérôme

« Quand des gens se plaignent des handicapés mentaux, je ne peux que réagir. »

Hélène, 25 ans, la soeur aînée de Jérôme

Dans leur cercle amical, les Eyssartier ne se sont jamais sentis rejetés. Couple soudé et dynamique, ils ont toujours été reçus, même avec un enfant déconcertant. Et ont invité de nombreux amis dans leur maison des Landes. Cette bonne étoile amicale, ils l'expliquent en rappelant que Jérôme est un autiste facile à côtoyer, car il parle et communique. Ils ont aussi bénéficié de leur force de caractère, de leur humour et de leur refus absolu de s'apitoyer sur leur sort.

Une maladie qui pose des questions d'intelligence sociale et de tolérance 
De retour du Japon et de Chine où elle vient de passer un an à affiner son trait sur les mangas, Hélène, l'aînée, a réussi son diplôme d'arts graphiques. Un accomplissement pour cette jeune femme de 25 ans qui a toujours adoré le dessin, loin devant les autres matières scolaires. Avec le recul, elle estime avoir longtemps vécu « dans sa bulle » sans se sentir vraiment concernée par la maladie de son frère. « Quand on était jeunes, confie-t-elle, j'ai surtout regretté de n'avoir pas joué au foot ou aux jeux vidéo avec lui comme on le fait avec un frère. »

Dominique et Jean n'ont jamais poussé leurs filles à se mobiliser sur l'état de Jérôme, estimant qu'elles devaient « faire leur vie ». Mais aujourd'hui, Hélène est devenue très sensible sur le sujet. « Lorsque j'entends des gens se plaindre de l'attitude de handicapés mentaux dans le métro, je ne peux pas m'empêcher de réagir. »

« Jérôme est un autiste facile à côtoyer car il parle et communique. »

Jean, le papa de Jérôme

Par Florence Pinaud, journaliste
1 novembre 2017

Formation Autisme : Soins somatiques & douleur avec le Docteur Djea Saravane 13.12.2017 à Paris

Information publiée sur la page Facebook de RIAU (Rencontres Internationales de l'Autisme)

Professions médicales à vos agendas ! Ne pas manquer la formation sur la douleur et les soins somatiques pour les personnes non verbales ou en difficulté d'expression, le 13 décembre de 9 h à 17 H au 6 cours st Eloi à Paris, inscriptions : riau.paris@outlook.fr

formation riau 13

28 octobre 2017

Mortalité précoce des personnes autistes

27 oct. 2017

Par
Cet article d'Amélie Tsaag Varlen fait le point sur cette question, notamment du fait du suicide et de l'épilepsie, ce qui se traduit par une réduction de l'espérance de vie. Dans son article, elle formule des propositions pour une société plus inclusive.

Données-clé :

  • 17 ans de réduction d'espérance de vie en moyenne ; 30 ans chez les personnes non-verbales ou jugées « déficitaires ».

  • Autisme + épilepsie = espérance de vie 39 ans (Hirkivoski et al. 2016).

  • Forte mortalité par maladies et attaques cardio-circulatoires

  • Suicide = première cause de mortalité précoce chez les personnes autistes « à haut niveau de fonctionnement », sous-entendu, fonctionnelles dans la société. Taux de suicide environ 9 fois supérieur à la moyenne. La discrimination est la première cause citée (Segers et Rawana 2014)

  • Pistes d'évolution proposées : renforcer l’évolution vers une société inclusive ; former les accompagnants et familles des personnes autistes concernées à la gestion de la crise d'épilepsie ; créer une boite mail et (éventuellement) une ligne téléphonique dédiée à l'écoute (sans jugement) des problèmes des personnes autistes ; améliorer l'accès aux soins somatiques ; encourager les personnes autistes à adopter un mode de vie moins sédentaire.

Il n'existe pas une étude en langue française pour fournir des clés de prévention du suicide des personnes autistes, ni de statistiques de mortalité. Ces études sont essentiellement menées aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Suède et au Danemark, ces deux derniers pays figurant parmi les plus avancés en matière de société inclusive, et utilisant pleinement les classifications scientifiques internationales de l'autisme, la CIM et le DSM.

Une initiative mérite d’être soulignée, celle du Dr Djéa Saravane, qui a insisté sur l’importance d’un accès aux soins somatiques. Cette initiative est, à notre connaissance, la seule engagée en France pour tenter de réduire cette mortalité précoce.

De quoi meurent les personnes autistes ?

Les études cohorte sur le sujet, entre autres celle des Suédois Hirkivoski et al. publiée en 2016, citent :

  • Les maladies cardiaques et circulatoires (dues notamment au mode de vie sédentaire et à la détérioration des artères par l’anxiété chronique)

  • Les tentatives de suicide réussies (représentant la première cause de mortalité précoce)

  • Les crises d’épilepsie

  • Les maladies respiratoires (pneumonie, asthme)

  • Les néoplasmes (cancers)

  • Les blessures que des personnes autistes s’infligent elles-mêmes, en particulier à la tête.

 © adaptation de Spectrum News © adaptation de Spectrum News

Personne ne « meurt de l’autisme ». L’autisme, le trouble du spectre de l’autisme, le trouble envahissant du développement, le syndrome d’Asperger (catégorie en passe de disparaître des classifications internationales l'an prochain) ne sont pas des « altérations transitoires de la santé susceptibles d’une guérison », mais des conditions générant une situation de handicap plus ou moins importante, et perdurant toute une vie. Les études suggèrent que l'autisme n'est pas en lui-même une cause de mortalité (Bilder et al. 2013), en accord avec la perception de la plupart des personnes autistes.

Les causes de mortalité citées ci-dessus sont propres aux pays dans lesquels ont été menées ces études. En France, où nous détenons le triste record du plus haut taux d’enfants et d’adolescents institutionnalisés du monde occidental (108 000 personnes concernées en 2007 d’après l’étude de Eyal 2010, p.62, soit le double de la moyenne de l’Union Européenne), le nombre de morts par surdoses de neuroleptiques est sans doute très élevé. Il n’est guère besoin de chercher longtemps pour constater que des établissements de soins, même réputés, cachent pudiquement les morts par neuroleptiques ou par blessures auto-infligées sous le tapis, s’abritant derrière l’explication d’une « folie » supposée ou celle, plus légitime, d’un manque de moyens financiers. Un recueil de témoignages ainsi que d'articles de la presse française est en constitution.

Comment la mort des personnes autistes est-elle perçue ?

La mort et les tentatives de meurtres sur des personnes autistes en institution rejoignent la rubrique des « faits divers ». Dans le cas de cet adulte empoisonné par une soignante en juin 2017 pour faire accuser l’une de ses collègues (http://www.courrier-picard.fr/38035/article/2017-06-17/le-patient-autiste-t-il-ete-empoisonne ), l’article se focalise sur la rivalité entre deux femmes, et ne dit rien du « patient » victime d’une tentative d’assassinat. Sinon qu’« il ne peut rien exprimer mais refuse désormais d’ouvrir la bouche, il a la mémoire de ce traumatisme  ». Quel est son centre d’intérêt ? Quels sont ses rêves ? A peine est-il considéré comme un être humain... Comme le soulignent de nombreuses études sociologiques, plus une personne est considérée comme en situation de handicap « lourd », comme un « cas désespéré », plus sont favorisés sa déshumanisation et l'usage de violence à son encontre.

Lorsqu’en 1996, une mère infanticide fut acquittée par un tribunal français, le rapporteur de la loi Chossy eut cette phrase lapidaire : « Chacun comprendra que lorsqu’on est seul et désespéré, c’est quelquefois la mort de l’être cher qui apparaît comme la solution la plus douce ».

Au motif qu’un être humain n’use pas de parole, son droit à la vie peut être nié, son meurtre faire l’objet d’une exception judiciaire. La vision du meurtre comme « solution » est directement corrélée aux difficultés que rencontrent les parents pour faire progresser leurs enfants autistes vers l'autonomie.

Causes de suicide

Le suicide est la seconde cause de mortalité chez les personnes autistes considérées comme fonctionnelles (souvent des personnes diagnostiquées « Asperger » ou « haut niveau de fonctionnement »), après les maladies et attaques cardio-circulatoires. C'est la première cause de mortalité précoce. C’est aussi la seule qui soit plus élevée chez la population autiste vivant en société que chez les personnes moins fonctionnelles. Ce taux de suicide est environ 9 fois supérieur à la moyenne (Autistica, 2016).

En tant qu’adultes autistes vivant en France, nous apprenons régulièrement le suicide d’amis ou de connaissances, souvent au terme d’une longue série de violences et d’exclusions.

Les facteurs de suicide sont en cours d’étude, aussi, les données restent peu nombreuses. La revue de littérature scientifique effectuée par Magali Segers cite, dans l'ordre :

  • La discrimination par les pairs

  • Les problèmes de comportement

  • L’appartenance à une minorité ethnique

  • Le statut socio-économique inférieur

  • Le niveau d’éducation inférieur.

La notion de « souffrance psychique » n'est jamais évoquée dans ces études. La condition de personne autiste ne génère pas per se de « souffrance psychique », et donc d'envies suicidaires. En revanche, la discrimination régulière dont les personnes autistes sont victimes en génère. L'absence de prise en compte de la situation de handicap générée par un environnement difficile ou hostile (modèle social du handicap), qui est pourtant la réalité quotidienne des personnes autistes hors institution, est extrêmement dommageable. Ainsi, il n'est jamais précisé que le haut niveau d'anxiété sociale, considéré comme une « comorbidité de l'autisme » d'ordre psychiatrique, puisse être le résultat de ces situations de harcèlement et d'exclusion.

L'institutionnalisation préventive n'est en aucun cas une mesure de protection acceptable pour la prévention des suicides, mais plutôt une négation supplémentaire des droits fondamentaux des personnes autistes : toutes les personnes autistes consultées pour la rédaction de ce document rejettent le placement forcé en institution.

Les études déjà menées n’explorent pas les facteurs d’intersectionnalité. Par exemple, nous savons que les personnes homosexuelles, particulièrement à l’adolescence, ont entre 4 et 7 fois plus de risques de tenter de se suicider que les hétérosexuelles. On peut être autiste et homosexuel. On peut même être autiste, homosexuel, épileptique, et issu d’une minorité ethnique. Les parcours de vie des personnes se situant à l'intersection d'une pluralité de minorités doivent être étudiés et mis en lumière, ainsi que les facteurs de risque du suicide.

Les rares informations recueillies en France (Schovanec, 2017) tendent à indiquer que le risque suicidaire est le plus élevé au début de l'âge adulte. Un autre moment délicat est celui du décès des parents de la personne autiste, qui trop souvent se retrouve alors sans solution.

Pistes d'évolution

Il n'existe actuellement rien, ou presque, pour réduire la mortalité des personnes autistes, en dehors des contributions publiques du Dr Djéa Saravane. De plus, les facteurs de protection contre le suicide restent méconnus, et pourraient être très différents de ceux de la population générale. Nous préconisons cinq mesures à plus ou moins long terme, dont certaines très simples à mettre en place :

  1. Accélération de l'évolution vers une société inclusive, dans laquelle les comportements des personnes autistes seront jugés plus favorablement, réduisant de fait les situations génératrices de pensées suicidaires. Cela commence dès l’accueil scolaire, et justifie donc pleinement le rôle des assistantes de vie scolaire (AVS) qui, en sensibilisant les classes au handicap, contribuent à l'émergence de cette société inclusive.

  2. L'épilepsie devrait faire l'objet d'une attention particulière, du fait de sa fréquence (un tiers des personnes autistes) et de la possibilité de diffuser des consignes de gestion de la crise épileptique (formation pouvant être assurée, par exemple, par la Croix-Rouge). Ces gestes sont relativement simples à acquérir.

  3. Les témoignages de personnes autistes qui reviennent sur les réseaux sociaux et les forums font état soit d'un manque / d'une absence d'écoute neutre (c'est à dire sans jugement), d'une réduction à la condition d' « autiste » réduisant l'accès aux soins somatiques, et du sentiment que leurs droits fondamentaux sont bafoués (jusqu'au droit à un accès aux soins somatiques ou à un lieu public tel qu'une école, une salle de sport, ou une bibliothèque). Les situations d'exclusion des lieux publics et des soins somatiques ne devraient plus être tolérées.

  4. Création puis officialisation d'une boîte mail (et, éventuellement, d'une ligne téléphonique) dédiée à la réception des messages de personnes autistes qui rencontrent des problèmes médico-sociaux graves, associée ou non à la diffusion de conseils, permettant à la fois d'aider ces personnes et d'agir pour réduire les tentatives de suicide (TS).

  5. Encouragement auprès de personnes autistes à adopter un mode de vie moins sédentaire, et à pratiquer notamment la marche à pieds (par exemple sur le modèle de la campagne 10 000 pas par jour, qui s'adresse à tous ?), pour réduire la mortalité cardio-vasculaire. Cela ne pourra se faire que dans un environnement dont les sources de stress seront réduites au maximum. Un recensement ou une création de lieux sans surcharges sensorielles (moins de lumières vives, de bruits, etc.) est à ce titre nécessaire. Il est possible également de privilégier des marches dans des lieux calmes et sécurisants (forêts aménagées, jardins, etc).

L'écoute d'un professionnel de santé seul n'est pas suffisante. Les personnes autistes expriment et concrétisent souvent le besoin d'échanger sur leurs expériences avec d'autres personnes au vécu similaire. Le succès des forums et groupes de discussion sur les réseaux sociaux en témoigne. Cette réalité ne devrait pas leur valoir d'accusation de « communautarisme », et encore moins de la part de professionnels de la santé. Comme l'exprime la sociologue Sylvie Tissot à ce sujet : « Le discours anticommunautariste tend ainsi à réduire tout phénomène de repli ou d’entre-soi, parmi les groupes minoritaires, à une manifestation, socialement inexplicable et moralement inacceptable, de fermeture, d’asocialité, voire de racisme ! Or ces comportements peuvent tout simplement être analysés comme des manières de s’adapter ou de résister face à une situation difficile ou un déni de droit ».

Amélie Tsaag Valren

Ont relu ce document et/ou contribué à son contenu :

  • Dr Fabienne Cazalis (CNRS, EHESS)
  • Dr Julie Dachez (Université de Nantes), sociologue et personne autiste
  • Adeline Lacroix, étudiante en master de recherche en neuropsychologie et neurosciences (Université Grenoble Alpes) et personne autiste
  • Dr Josef Schovanec (EHESS), philosophe et personne autiste
  • Jean Vinçot, co-président de l'association Asperansa

Publié sous licence Creative Commons by NC-SA 3.0 FR

Sources :

  • Gil Eyal, The Autism Matrix, Polity, 2010

  • Deborah Bilder, Elizabeth L. Botts, Ken R. Smith et Richard Pimentel, « Excess Mortality and Causes of Death in Autism Spectrum Disorders: A Follow up of the 1980s Utah/UCLA Autism Epidemiologic Study », Journal of Autism and Developmental Disorders, vol. 43, no 5,‎ 1er mai 2013, pp. 1196–1204

  • Christopher Gillberg, Eva Billstedt, Valter Sundh et I. Carina Gillberg, « Mortality in Autism: A Prospective Longitudinal Community-Based Study », Journal of Autism and Developmental Disorders, vol. 40, n°3,‎ 2010, pp. 352–357

  • Tatja Hirvikoski, Ellenor Mittendorfer-Rutz, Marcus Boman et Henrik Larsson, « Premature mortality in autism spectrum disorder », The British Journal of Psychiatry, vol. 208, n° 3,‎ 2016, pp. 232–238

  • Magali Segers et Jennine Rawana, « What Do We Know About Suicidality in Autism Spectrum Disorders? A Systematic Review », Autism Research, vol. 7,‎ 2014, pp. 507–521

  • Josef Schovanec, « Rapport présenté à la Secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion sur le devenir professionnel des personnes autistes », Ministère des affaires sociales et de la santé, mars 2017

  • « Personal tragedies, public crisis : The urgent need for a national response to early death in autism » [« Tragédies personnelles, crise publique : Le besoin urgent d'une réponse nationale aux morts précoces dans l'autisme »], Londres, Autistica, mars 2016. Traduction française par M. Jean Vinçot.

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Voir aussi : Wikipedia : mortalité des personnes autistes - Soins et douleur chez les personnes autistes - Djéa Saravane   -  Interview du Dr Djéa Saravane - Une grande étude suédoise relie l’autisme aux décès prématurés - Les personnes autistes meurent trop tôt

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